samedi 4 avril 2015, par
Voici ce qu’on peut lire dans la presse bourgeoise :
« Ça y est, c’est décidé c’est la fin des 35 heures légales, vieille demande du Medef. A compter du 1er juillet prochain, chaque entreprise (ou branche) pourra fixer par accord le seuil de déclenchement du mécanisme des heures supplémentaires. Ce seuil pourra donc être remonté de 35 heures actuellement à 36, 37 heures où même au-delà. "Une décision qui va significativement abaisser le coût du travail" se serait félicité Emmanuel Macron. D’ailleurs, le ministre de l’Economie "buvait du petit lait et était comme un poisson dans l’eau durant toute la tenue de la réunion" explique notre "taupe" à La Tribune.
Par ailleurs, la procédure de licenciement est considérablement simplifiée. Toute entreprise jugeant son chiffre d’affaires insuffisant pourra procéder au licenciement de salariés, sans avoir d’autres justifications à fournir. Le salarié percevra une indemnité préalablement fixée et ne pourra pas contester son licenciement aux prud’hommes.
"Une mesure destinée à redonner confiance aux chefs d’entreprise et qui va faciliter les embauches" aurait déclaré Pierre Gattaz qui a très apprécié le ton de cette réunion.
Cependant, Michel Sapin s’est inquiété de la réaction des "frondeurs" du PS face à cette annonce. "Les frondeurs, j’en fais mon affaire lui aurait répondu Manuel Valls, je vais les aplatir comme des limandes".... Ambiance !
Enfin, mais là ce n’est pas encore totalement bouclé, sur les recommandations d’Emmanuel Macron et de Denis Kessler, le Premier ministre songerait à ne plus rendre obligatoire l’affiliation des entreprises et des salariés à la Sécurité sociale . "Les assurances privées feront beaucoup mieux le boulot pour un moindre coût" à lancé Denis Kessler. Sensible à l’argumentation, Manuel Valls aurait mordu à l’hameçon. Le même Denis Kessler, connu pour son franc parler, aurait d’ailleurs envoyé quelques missiles sol-sol à François Rebsamen, très circonspect face à ce projet.
Dernière mesure choc, le gouvernement va rédiger un décret lui permettant de reprendre en gestion directe l’assurance chômage, jusqu’ici de la responsabilité des organisations patronales et syndicales. "On va se faire harponner" s’est inquiété le ministre du Travail, qui a rappelé que les partenaires sociaux géraient l’assurance chômage depuis 1958. "J’en ai rien à faire, lui aurait rétorqué Emmanuel Macron, à cette époque je n’étais pas né".
L’idée du gouvernement est d’instaurer une dégressivité des allocations chômage (qui seraient également plafonnées) tous les trimestres. "Afin d’inciter les demandeurs d’emploi à sortir des filets du chômage" aurait expliqué Jean Tirole.
Autant de mesures qui vont faire grand bruit. Même si Emmanuel Macron a estimé que "ce n’est pas la mer à boire non plus".
Manuel Valls a déjà informé qu’il entendait "poursuivre" la réforme du marché du travail. Il veut notamment "réformer les contrats de travail" dans les petites et moyennes entreprises pour "lever" la "peur de l’embauche" rapportée par de nombreux patrons, mais assure que "la remise en cause du CDI" n’est pas dans ses projets.
Ce sujet fera l’objet d’une autre conférence en juin en vue d’une nouvelle loi Macron pour l’été.
Le Medef a de grandes ambitions. Le patron de l’organisation Pierre Gattaz appelle à des mesures "chocs" et dit attendre "beaucoup de la loi marché du travail que Manuel Valls doit mettre en place".
Dans son bilan de la réforme de 2013, il plaide pour un "CDI sécurisé" pour l’employeur, plus facile à rompre en insérant dans le contrat de travail des "motifs incontestables" de rupture. Cette piste est rejetée en bloc par les syndicats.
Le Medef réclame aussi un assouplissement des accords de maintien de l’emploi devant permettre aux entreprises d’adapter temporairement travail et salaires en cas de difficultés. Au vu de l’échec (9 accords ont été signés selon le gouvernement depuis 2013), l’organisation patronale voudrait qu’ils ne soient plus limités aux entreprises "en graves difficultés conjoncturelles".
Reconnaissant que ces accords ont peut-être été assortis de "trop de contraintes", le gouvernement n’est pas favorable à de tels accords "offensifs" - comme les syndicats -, mais se dit prêt à augmenter leur durée d’application, une évolution qui a l’aval notamment de la CFDT.
La réunion de vendredi sera l’occasion de passer en revue les nombreux points de la loi de 2013 : réforme des procédures de licenciements, droits rechargeables pour les chômeurs, temps partiels de 24 heures minimum, compte de formation, mobilités encadrées ou encore complémentaire santé pour tous à compter de 2016, etc.
Un autre domaine où l’attaque prend de l’ampleur : l’hôpital public ! « Libération » a eu accès à un texte confidentiel qui prévoit des économies drastiques, des coupes dans les effectifs, et accroît la centralisation.
C’est un document à usage confidentiel. Il répond au nom de « Kit de déploiement régional du plan Ondam à destination des ARS ». C’est un plan opérationnel sur trois ans, distribué le mois dernier aux directeurs des agences régionales de santé (ARS), avec mention explicite : « diffusion restreinte ». La semaine dernière, le magazine Challenges avait fait état d’une version de ce document qui aurait été débattu avec la ministre de la Santé, Marisol Touraine. En tout cas, voilà un plan global décliné en 69 pages, comportant une succession de tableaux et d’indicateurs de performance, avec un seul objectif : 10 milliards d’économie à l’horizon 2017. Et, dans ce lot, la part des restrictions pour l’hôpital tourne autour de 3 milliards d’euros.
En conséquence, les budgets des hôpitaux vont baisser fortement de plusieurs centaines de millions d’euros. « Si les hôpitaux ne veulent pas augmenter leur déficit, ils doivent faire des économies. Et le premier poste, ce sont les salaires, la masse salariale représentant 65% des charges des établissements de santé, donc de l’emploi », explique sans faux-fuyant un ancien directeur des hôpitaux. Et on arrive à la question sensible de l’emploi. Le chiffre de 22 000 postes supprimés a été évoqué pour les trois années à venir dans les hôpitaux.
Le directeur des Hôpitaux de Paris presse les syndicats d’accepter de revoir l’accord sur les 35 heures signé en 2002. Martin Hirsch souhaite ouvrir des discussions avec les syndicats à qui il propose de réviser le protocole de 2002 sur le temps de travail à l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP). Une refonte de l’organisation qui permettrait selon l’ancien président d’Emmaüs France d’économiser 20 à 25 millions d’euros par an, a-t-il indiqué dans une interview aux Echos. L’accord de 2002 sur le temps de travail « n’est plus adapté aux enjeux d’aujourd’hui. La majorité des personnels travaillent aujourd’hui 7h36 ou 7h50 par jour, dépassant 35 heures hebdomadaire. Les minutes accumulées font des milliers de jours à rattraper, en récupérations, en RTT », explique-t-il. « Mais la rigidité de nos organisations fait que souvent, les RTT sont annulées au dernier moment pour faire face au manque d’effectifs, des mensualités de remplacements sont alors dépensées en catastrophe et au final, personne n’est content ! D’où aussi un absentéisme élevé, de l’usure.... », poursuit-il. »
La radio publique n’est pas mieux traitée que l’hôpital public. Mathieu Gallet, homme de droite nommé à sa tête par le gouvernement « de gauche » a un langage clair. « Si ressources propres rapportent 10 ME, rationalisations, diffusions rapportent 15 ME, trouver 25 ME sur la masse salariale… », écrit-il. Il cite également une mention d’« effectifs non opérationnels » à « identifier » et des « projets de mutualisation concernant les rédactions et les journalistes ». En interne, la direction accrédite l’idée qu’un plan de départs est inéluctable. Sa volonté affichée de « diminuer les dépenses inutiles ». Le budget 2015 du premier groupe radiophonique français prévoit un déficit de 21,3 millions d’euros, du jamais vu, et Radio France doit économiser 50 millions d’euros, selon son p.-d.g. Mathieu Gallet.
Manuel Valls a affiché son intention d’"approfondir" les réformes avec de "nouveaux chantiers". Il doit s’agir de mesures de soutien à l’investissement et aux PME. Manuel Valls, annoncera mercredi prochain, à la demande de François Hollande, de nouvelles mesures de « soutien à l’économie », c’est-à-dire d’aides aux patrons des entreprises…
Ces nouvelles mesures, promises par l’exécutif au soir même de la défaite dimanche, seront présentées par Manuel Valls dans la foulée d’un Conseil des ministres et d’un séminaire gouvernemental "exceptionnels", a annoncé mercredi le porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll. Elles viseront, a-t-il précisé, à "soutenir et conforter la croissance avec l’investissement" mais aussi à "valoriser le travail et l’égalité territoriale". Le gouvernement entend élargir l’« accord de 2013 » sur la « sécurisation de l’emploi ». Ce dernier a créé des accords « de maintien dans l’emploi » permettant aux entreprises en grande difficulté de modifier, pour deux ans maximum et par accord majoritaire, les salaires et/ou le temps de travail en échange de maintien d’emplois. Ce dispositif n’a pas convaincu : moins de dix accords ont été signés depuis. Le patronat explique cet échec par la « rigidité » du dispositif et préconise trois corrections : allonger la durée ; ne pas le cantonner aux seules entreprises au bord du gouffre afin d’en faire aussi un outil « offensif » pour doper la compétitivité ; sécuriser le licenciement des salariés refusant l’accord (le licenciement est qualifié d’économique, avec le risque de devoir faire un plan social s’il y a dix refus ou plus). L’exécutif est sensible à ces arguments et prêt à des gestes. « On pourrait passer à 3 ou 4 ans et supprimer le caractère économique du licenciement », confie un proche du dossier. « On peut aussi assouplir l’accès au dispositif, mais sans non plus le généraliser, ce qui serait une trop forte remise en cause des 35 heures », complète un ministre. Les arbitrages restent délicats : d’une part, l’exécutif doit accorder ses violons, Matignon et Bercy étant sur une ligne plus offensive que l’Elysée et le ministère du Travail ; d’autre part, même les syndicats réformistes se montrent très méfiants. Or l’exécutif y réfléchira à deux fois avant de passer outre leurs réticences.
Manuel Valls a admis mardi matin sur RMC et BFMTV que, sur le plan économique, « la plus grosse erreur, c’est peut-être de ne pas avoir intégré encore plus rapidement, mais notamment depuis trois ans, la question de l’impôt ». En somme, contrairement à ce qu’elle a longtemps affirmé, l’actuelle majorité reconnaît qu’elle aurait dû baisser les impôts plus tôt. Cette prise de conscience s’appuie sur un constat partagé par beaucoup d’observateurs : « La hausse cumulée des impôts depuis des années, et la droite y a pris une part très importante, a créé un effet de ras-le-bol qui a étouffé l’économie française pour les entreprises, et qui a mis très en colère les Français », a reconnu le premier ministre. Il fait notamment allusion au poids de la fiscalité et des charges sur les entreprises françaises, plus élevé qu’en Allemagne, qui a entamé leurs marges, et donc leur capacité à investir, si cruciale pour le redémarrage de l’économie. Quant aux ménages, ils ont été légion à pester en ouvrant leurs avis d’imposition ces dernières années, victimes de la baisse du plafond du quotient familial ou de la fiscalisation de la majoration de pension pour les retraités, ce qui a pesé sur leur consommation. »
Les considérations précédentes sont celles de journaux bourgeois dont le ton satisfait en dit long…