mercredi 2 mars 2016, par
Les lois scélérates se multiplient actuellement en France sous un gouvernement dit « de gauche » : loi El Khomri (loi ouvertement libérale qui casse systématiquement le code du travail), loi Hollande sur la déchéance de la nationalité (inscrite en plus dans la constitution et qui désigne du doigt, même sans le dire, les français ayant la double nationalité), loi Valls (loi sur l’ « état d’urgence », du type Patriot Act, c’est-à-dire exploitant les attentats pour instaurer l’Etat policier), loi Macron (introduisant le libéralisme tous azimuts), loi sur le Renseignement (attentat organisé aux libertés et mise en place de l’Etat aux mains des policiers et des espions sans aucun contrôle), loi Touraine (dite « de santé »), loi CICE (sur le Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi), loi Cazeneuve (sur l’immigration et l’asile), loi Hollande (sur le chômage, dite « boite à outils »), loi Ayrault (ou loi retraites 2014 aggravant les dispositifs de Sarkozy), et bientôt loi chômage, loi privatisation de la SNCF, loi destruction de l’hôpital public sous prétexte d’en finir avec le « tout hôpital », loi à venir sur la réforme de la procédure pénale, etc…, les lois scélérates se multiplient et elles ne vont certainement pas s’arrêter, qui que ce soit qui remplace le tandem Hollande-Valls.
Et, sans faire voter aucune loi, le gouvernement envoie les troupes françaises tous azimuts, bombardant, tuant, aux quatre coins du monde. Des violences qui nous reviennent en boomerang ! Il n’y a jamais eu autant de guerres où la France est impliquée et, alors que tous les services publics suppriment des emplois, les jeunes sont embauchés sans limite pour participer à cette grande tuerie mondiale des puissances occidentales.
Saisissant !!! Que ce soit un gouvernement qui se dit de gauche qui soit le premier à oser des mesures radicalement libérales et antisociales, qui se permette de casser le code du travail, le contrat CDI, la défense des salariés en prud’hommes, les 35 heures et autres droits sociaux, en même temps qu’il casse les services publics et multiplie les cadeaux au patronat ? Et que cela se passe dans un pays où la droite n’osait pas se dire ouvertement libérale ! Le journal de droite « Le Figaro » se félicite qu’enfin, grâce à la gauche, la droite qui lui succédera au pouvoir, une fois la gauche discréditée et ayant déçu tous ses soutiens à gauche, pourra être « libérale décomplexée ».
Les travailleurs, les militants socialistes, les militants syndicalistes, les militants du Front de gauche et notamment ceux du PCF, qui ont tous appelé à voter pour Hollande, ne comprennent encore pas ce qui leur est arrivé et comment ce gouvernement de gauche qui était censé rompre avec la politique de Sarkozy mène à une politique qu’Aubry elle-même considère comme pire que celle de son prédécesseur Sarkozy. Cela ne signifie pas que tous ne soient rien d’autre que des naïfs, loin de là. Mais ils sont pourtant aussi étonnés que le commun du public de voir un gouvernement élu comme gouvernement de gauche, même si Hollande avait seulement promis d’être « un président normal » et pas un président de gauche, casser toutes les orientations classiques de la gauche. Ils oublient qu’on a vu dans le passé toutes les gauches du monde en faire autant et devenir des fanatiques du « libéralisme ». Oh, il ne s’agit de l’ancien libéralisme selon lequel l’Etat ne devait nullement se mêler des affaires mais du nouveau libéralisme entamé par les droites de Reagan et Thatcher, suivi ensuite par les gauches de Blair et Schroeder, un libéralisme selon lequel l’Etat devait se débarrasser de ses services publics en faveur du privé pour utiliser tous ses fonds en faveur des aides au grand capital.
Certes, dans le monde entier la social-démocratie s’est noyée dans le social-libéralisme et que le PS le veuille ou pas, c’est une tendance générale. Mais l’essentiel n’est pas encore là. Il ne s’agit pas seulement d’une évolution interne des partis socialistes qui étaient déjà passés des premiers dirigeants marxistes aux premiers ministres « socialistes » de la guerre mondiale et aux principaux leaders de la contre-révolution sanglante. Il ne s’agit pas seulement du fameux débat entre le capitalisme libéral et le capitalisme étatiste. En effet, les prétendus « libéraux », s’ils sont pour le « moins d’Etat » en matière de santé, de transports ou d’énergie, sont partisans de l’intervention massive de l’Etat dans l’économie pour aider les trusts et les banques. Et, à nouveau malgré les expériences de deux guerres mondiales, ils sont aussi partisans de faire basculer le monde dans la violence contre-révolutionnaire sous prétexte de lutte contre le terrorisme. La France multiplie ses interventions armées aux quatre coins du monde. Et, dans ces pays lointains, il suffit d’un groupe de terroristes dans un village ou une ville pour que les troupes françaises ou occidentales la bombardent, les civils étant les premières victimes. Le terrorisme des grandes puissances non seulement n’a fait que soutenir les terroristes à leurs débuts. Il contribue à terroriser les peuples, les contraignant à la migration massive avant de les rejeter à leurs frontières de manière barbare.
Souvenez-vous de la grande boucherie mondiale de 1914-18 dont on fête actuellement l’anniversaire de Verdun (plus de 500.000 morts), qui a démarré sous prétexte d’un attentat terroriste, celui d’un archiduc autrichien à Sarajevo. Rappelez-vous aussi que c’est sous prétexte d’attentats attribués aux anarchistes (en réalité organisés par la police française) que le gouvernement avait imposé les fameuses « lois scélérates » contre le mouvement ouvrier en 1883 et les années suivantes.
Ce n’est pas la politique politicienne française qui est en cause, même si les média ne nous parlent que de ça. C’est le système qui est en faillite. C’est le monde entier qui chute économiquement et qui, du coup, bascule dans la violence guerrière et c’est le monde entier qui développe une politique violente anti-ouvrière, casse les droits sociaux, remet en cause la démocratie sous prétexte d’anti-terrorisme. Cela signifie qu’avec la crise de 2007-2008 dont le capitalisme est incapable de se sortir, les classes dirigeantes n’ont d’autre choix que de préparer une violence mondiale pour prévenir tout risque révolutionnaire quand il sera avéré que le capitalisme s’effondre définitivement.
Nous entrons dans une époque où il n’y a plus qu’une seule politique bourgeoise possible, où tous, de l’extrême droite à la gauche bourgeoise convergent inéluctablement. Il a existé des situations où toutes les variantes des politiques bourgeoises fleurissaient, se multipliaient et il existe d’autres périodes, comme celle où nous entrons, où toutes les politiques bourgeoises convergent comme dans un entonnoir, des politiques social-démocrates aux politiques fascistes. Des situations comme cela, le monde en a connu quelques unes, en particulier celles des crises mondiales et celles des guerres mondiales.
Dans ces situations, les classes dirigeantes, sous prétexte de défense nationale, de crise ou de terrorisme, peu importe, interdisent tout droit social, tout droit politique, toute liberté des peuples. Les lois scélérates de Hollande-Valls sont symptomatiques d’une telle situation.
On l’a vu à Radio France, on l’a vu à la SNCF, on l’a vu à l’Hôpital public, on l’a vu à Air France, on l’a vu à Goodyear : les luttes sociales ne peuvent plus déboucher sur des accords entre gouvernants, classes dirigeantes et syndicats. Ils débouchent inéluctablement sur l’affrontement de classe dans lequel l’Etat et le gouvernement sont inévitablement tout entier du côté des patrons. Le gouvernement ne parle de réforme que pour cacher des attaques anti-sociales d’ampleur.
Ce n’est pas lié à tel ou tel homme politique. Ce n’est pas lié à telle ou telle politique politicienne. Ce n’est même pas une question particulière à la France. La crise du capitalisme est mondiale. On ne s’en sortira pas par des politiques gouvernementales et bourgeoises. Le capitalisme est foutu, pas l’humanité ! Mais cette humanité n’aura d’avenir que si elle ne reste pas attachée au vieux système d’exploitation qui prend l’eau de partout. Ce n’est pas l’Europe qui nous coule, contrairement à ce que croient les paysans ou certains ouvriers. C’est le système économique mondial qui a atteint ses limites et qui n’ira pas plus loin, malgré les aides financières massives des Etats et des banques centrales. Quand un ressort est cassé, aucun réformateur ne pourra le réparer. Il faut en changer ! Inutile de nous contenter de protester contre les lois de la bourgeoisie : il faut que les travailleurs se décident à faire la loi eux-mêmes et ne craignent pas, pour cela, de passer par-dessus les réformistes de tous poils !
Mais, puisque les classes dirigeantes se sentent des âmes de grands révolutionnaires dès qu’il s’agit de détruire tous les droits du monde du travail, eh bien prenons-les au mot et supprimons effectivement les lois sociales qui sont dépassées, surannées, qui pèsent sur l’économie, qui l’empêchent de repartir, qui empêchent les investissements, à savoir les lois fondamentales de l’économie capitaliste qui prévoient que les entreprises appartiennent aux possesseurs de capitaux.
Alors oui, n’hésitons pas à nous débarrasser des vieilleries sociales qui pèsent inutilement sur toute la société et la première de ces vieilleries est la loi du capital qui impose qu’une infime minorité de moins d’un pourcent détienne 99% des richesses du monde et empêche maintenant de plus en plus d’êtres humains de trouver un travail et donc de vivre décemment. Supprimons le droit du capital, voilà comment nous défendrons le droit du travail !