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Fierté de prolétaires
mardi 20 septembre 2016, par
Edito
Fierté de prolétaires
Tous les jours dans les média, les PDG se pavanent, décrivant fièrement leur travail, que ce soit pour produire des automobiles Renault ou Peugeot, pour produire des yaourts ou autres produits laitiers Danone, pour faire fonctionner des banques comme la Société Générale ou pour faire rouler des trains, des métros, des bus, des cars ou encore pour soigner des malades, accueillir des personnes âgées dépendantes ou distribuer le courrier. Nous ne pensons pas dévoiler un secret en disant que le PDG de Renault ne connaît absolument rien à la fabrication d’un véhicule, quel que soit le stade de sa production, n’a jamais reçu la moindre formation en ce sens et pourrait tout aussi bien être un simple spéculateur en bourse ou un PDG de banque. De même, le patron de Danone n’a jamais mis son nez dans les phases de la production et le patron de La Poste ignore tout de la distribution du courrier dont il se moque d’ailleurs comme le patron de l’APHP se moque des soins aux malades et n’envisage l’hôpital que du point de vue rentable. Le patron de Radio France n’est pas plus concerné par la musique ou la culture que le patron de la SNCF par le fait de faire rouler des trains en sécurité et à l’heure, par le travail de ses cheminots et le bien-être de ses passagers. Tous ces patrons ne s’intéressent au « produit » que comme producteur de profits ! S’ils interviennent dans les média, c’est pour dire que les salaires, les retraites, les conditions de travail des salariés ponctionnent les profits de l’entreprise quand ils n’affirment pas tout bonnement que les salariés, en prétendant être payés, menacent la pérennité et l’activité de l’entreprise en réduisant ses profits !!!
Pendant ce temps, les fameux « produits » qui promènent partout la publicité des patrons d’entreprises, la pub de Renault, Danone, La Poste ou la SNCF, sont quand même, ne l’oublions pas, produits par… des producteurs. Il n’y a pas de chemises produites par des robots, pas plus que de bateaux, de trains, de maisons ou de routes. Ce sont toujours des producteurs qui réalisent les produits alimentaires, mêmes ceux de l’industrie, qui fabriquent les vêtements, les médicaments comme les émissions de télé. Mais ces producteurs ne sont pas les patrons. Qui sont-ils ? Eh bien, leur véritable nom lui-même est masqué par bien d’autres fausses appellations comme « technicien de surface » ou « conducteur » ou encore « agent d’entretien », « opérateur », « agent de maintenance » et bien d’autres. Leur vrai nom, les prolétaires, on se garde bien de l’utiliser car il a un parfum de soufre, comme s’il était toujours rattaché à la barricade et au son du canon, comme si les sons et les odeurs de la Commune de Paris de 1871 menaçaient toujours d’être d’une cruelle actualité.
Et pourquoi ne pas dire en effet que tous ces producteurs sont bel et bien des prolétaires ? Pourquoi faire croire qu’un pilote d’avion ou de train se serait élevé bien au-dessus d’une hôtesse ou d’un mécanicien au sol et qu’un conducteur de trains serait bien plus respectable qu’un agent de nettoyage des trains ? Pourquoi sinon, bien sûr, pour casser la conscience et l’organisation de classe qui risquerait, sinon, de les unir et de leur ouvrir une voie de succès dans leurs luttes et leurs mobilisations ?
Pourquoi ne verrait-on pas dans les rues, à la place de la publicité des firmes capitalistes, celle des travailleurs, des exploités, des prolétaires ? A l’arrière d’un véhicule, on pourrait lire : « produit par des travailleurs exploités par Renault ». Sur la façade d’un train : « Train produit et conduit par des salariés exploités par la SNCF qui organise les retards, les pénuries de personnel et les hausses de tarif ». Sur les enveloppes et les cartes postales : « Courrier acheminé par des travailleurs exploités par La Poste qui retarde, renchérit et diminue les prestations ».
Pourquoi devrait-on laisser tous les jours les patrons déverser leur mensonges dans le grand public, en se plaignant sans cesse de leurs salariés, comme si ce qui avait plombé l’économie mondiale capitaliste en 2007, c’étaient les exigences exagérées des travailleurs du monde !!!
Ne faudrait-il pas faire cesser cette situation où média, patrons et politiciens, la main dans la main, diffusent les mensonges sur des « revendications exagérées » des salariés, qu’il s’agisse de Renault, de la SNCF ou de l’hôpital public et prétendent faire passer les travailleurs pour des profiteurs et des casseurs, les présentant comme des « éléments radicalisés » au même titre que les terroristes ? Et aussi cette situation où les travailleurs de chaque entreprise devraient se défendre seuls contre les attaques comme ont été contraints de le faire les ouvriers de Peugeot, les salariés d’Air France comme de Radio France, les travailleurs de l’hôpital public comme de la SNCF !
Le but de tout le cirque médiatique, politique et publicitaire est justement de faire oublier que les richesses qu’a accumulé le monde capitaliste proviennent du vol du temps de travail salariés que l’on appelle la plus-value et que cela n’est possible que parce qu’on a volé préalablement la propriété des machines, des matières premières, des usines aux travailleurs, autrefois indépendants, aujourd’hui salariés c’est-à-dire esclaves des possesseurs de capitaux. Mais les prolétaires ne sont pas que les nouveaux esclaves, ils sont aussi les futurs maîtres de leur avenir et de celui de toute la société car le capitalisme a ses limites et il les a atteintes…
Oui, nous autres salariés du système capitaliste, ne sommes pas des « classes moyennes » ni des « classes bourgeoises », ni encore des « classes capitalistes » car le système qui domine encore en apparence la planète a, durant un petit nombre de centaines d’années, condamné une grande partie de la population à être dépossédés de la propriété des moyens de production. Certes, une petite partie des prolétaires peut posséder voiture, machine à laver ou matériels divers, vus la baisse du coût du travail, mais ils ne possèdent toujours pas, ni individuellement ni collectivement, la propriété de leurs moyens de production.
Quant au grand capital, sa domination, à l’inverse, ne provient ni de ses grandes capacités dans les techniques productives, ni de ses mérites dans la distribution et la commercialisation, mais du fait qu’il détient les masses de capitaux nécessaires pour posséder les entreprises, les machines, les matières premières, l’énergie, les moyens de transport, toutes choses qui ont été retirées aux mains des prolétaires. Ce n’était pas seulement vrai du temps de Karl Marx. C’est toujours vrai aujourd’hui.
Et même quand le patron ferme un usine, licencie tous les salariés, le système capitaliste prétend affirmer que l’usine continue à appartenir au patron, au possesseur de capitaux, pas aux salariés qui l’ont faite fonctionner et qui pourraient très bien continuer à le faire. Si ces derniers l’occupent, refusent de se laisser jeter à la rue, de perdre leur gagne-pain, on les traite de voleurs d’usines, de détourneurs de propriété, de bandits, de terroristes !
Pourtant, ce sont les salariés qui, par leur travail, produisent non seulement les produits industriels mais les machines, les usines, les matières premières et même les capitaux. C’est la plus-value extraite du travail humain qui est le sang et les veines du grand capital, qui l’enrichit sans cesse et en permet le fonctionnement dynamique.
C’est bien pour cela qu’en cessant d’investir dans le production et se contentant de spéculer, le grand capital privé est devenu une simple sangsue de la société, ne vit plus qu’aux crochets des fonds publics, des banques centrales et des Etats, et ne permet même plus aux prolétaires de trouver un travail, de gagner un salaire, de nourrir et loger leurs familles.
Alors, oui, il est grand temps de réaffirmer que nous sommes des prolétaires, une classe productive, qui enrichit la société de ses créations par le travail, qui n’exploite personne, qui ne vit sur le dos de personne, qui est capable de produire non seulement des chemises, des trains et des routes, mais toute une société qui n’exploitera plus personne, qui ne volera plus personne, qui ne mènera plus à des guerres, des fascismes, des terrorismes, des massacres, des migrations forcées et des répressions violentes comme le monde des exploiteurs d’aujourd’hui.
C’est de cette affirmation simple et fière que les organisations réformistes se sont détournées, même si elles prétendent que leur stratégie est la meilleure pour « défendre les acquis », ce que la lutte de tous les jours est bien loin de confirmer, allant de défaite en désillusion, de fausses mobilisations en journées d’action sans résultat. Qu’il s’agisse de bureaucrates syndicaux, de politiciens de la prétendue gauche, ou d’écolos de gouvernement, des leaders d’associations, tous avancent derrière « des solutions » pour sauver la durabilité du capitalisme et qui consisterait d’abord à donner les rênes du pouvoir à leurs petits copains, à « bien voter » sans toucher bien entendu au vrai pouvoir, celui qui consiste en la possession des moyens de production par l’infime minorité de possesseurs du grand capital.
Même les anciens révolutionnaires sont trop souvent devenus des chanteurs de sirènes réformistes, ne parlant plus que d’élections bourgeoises, ne visant plus que le rôle au sein des bureaucraties syndicales, ne contestant plus réellement les stratégies de la défaite que celles-ci développent sans cesse pour éviter que les prolétaires ne construisent de manière autonome leurs objectifs, leurs revendications et les moyens de les imposer, leurs organisations de base, leurs comités, leurs conseils, leurs assemblées, leurs coordinations, leurs liaisons par-delà les divisions d’entreprise, de catégorie, de profession et autres…
Aujourd’hui, avec le chômage de masse, avec les attaques en tous genres contre les salariés du privé comme du public, chaque salarié sait qu’il n’existe pas d’emploi protégé, pas de statut privilégié pour les prolétaires et que chacun peut, du jours au lendemain, se retrouver menacé et même jeté à la rue. Cette conscience doit nous servir à reconstruire note conscience de classe, celle de la classe des prolétaires, la classe d’avenir de l’humanité maintenant que le capitalisme ayant atteint son plus haut sommet, s’apprête à s’effondrer dans un fracas épouvantable de guerres, de terrorismes, de fascismes en tous genres.
Plus que jamais, affirmons haut et clair que l’avenir de l’humanité ne peut qu’être conduite par les prolétaires révolutionnaires et être guidée par la suppression de la propriété d’une infime minorité sur les capitaux et les entreprises et leur mise au service de toute la collectivité en supprimant la recherche du profit des capitalistes, des banquiers, des bourses et des spéculateurs.
Redresser le drapeau rouge des prolétaires tombé dans le ruisseau
Messages
1. Fierté de prolétaires, 20 septembre 2016, 09:05, par Robert Paris
« Quel mot profond « le prolétaire » ! Ce mot contient la race et contient le labeur. Les prolétaires ! Quel mot ! C’est le mot vrai. Ni un reproche, ni une injure. Le passé, qui était insolent parce qu’il était le petit nombre, appelait le grand nombre : « les manants ». La question politique est résolue : la République est faite, rien ne la défera, reste la question sociale. Elle est plus simple et plus terrible. La voici : pourquoi y a-t-il des propriétaires ? Avez-vous réfléchi à ce mot prolétaires ? Pas un mot plus profond… D’où vient un tel homme qui peut dire à la société humaine… cette terre est à l’homme. »
Victor Hugo, Choses vues
2. Fierté de prolétaires, 20 septembre 2016, 09:20, par Robert Paris
« Oui, pour réhabiliter les lapidés et les accablés, oui, pour conclure logiquement et marcher droit, oui, pour consoler, oui, pour secourir, pour relever, pour encourager, pour enseigner, oui, pour panser en attendant qu’on guérisse, oui, pour transformer la charité en fraternité, l’aumône en assistance, la fainéantise en travail, l’oisiveté en utilité, la centralisation en famille, l’iniquité en justice, le bourgeois en citoyen, la populace en peuple, la canaille en nation, les nations en humanité, la guerre en amour, le préjugé en examen, les frontières en soudures, les limites en ouvertures, les ornières en rails, les sacristies en temples, l’instinct du mal en volonté du bien, la vie en droit, les rois en hommes, oui, pour ôter des religions l’enfer et des sociétés le bagne, oui, pour être frères du misérable, du serf, du fellah, du prolétaire, du déshérité, de l’exploité, du trahi, du vaincu, du vendu, de l’enchaîné, du sacrifié, de la prostituée, du forçat, de l’ignorant, du sauvage, de l’esclave, du nègre, du condamné et du damné, oui, nous sommes tes fils, Révolution ! »
Victor HUGO