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L’écrit, comme arme d’oppression et de domination, comme arme de mensonge, pas comme moyen scientifique

vendredi 18 août 2017, par Bianco, Robert Paris

« L’histoire est écrite par les vainqueurs. »

« Les vainqueurs sont ceux qui écrivent l’Histoire. C’est celle-là qui est rédigée dans nos livres d’école, pas la vraie Histoire telle qu’elle s’est déroulée, mais une Histoire qui caresse le camp des gagnants. L’Histoire a cessé, depuis longtemps d’être la somme des humanités aujourd’hui elle n’appartient qu’à une poignée d’individus. »

« Les vaincus n’ont pas besoin d’avoir une histoire, les vainqueurs leur imposent toujours la leur. »

« L’écriture, c’est comme la partie émergée d’un iceberg, l’essentiel est en dessous et plus difficile à percer. »

Celui qui s’est complètement planté sur cette question, c’est le philosophe allemand Hegel, en déclarant : « La véritable histoire objective d’un peuple commence lorsqu’elle devient aussi une histoire écrite. »

L’histoire des sociétés humaines dépasse largement l’histoire écrite, qui n’a été instituée comme seule Histoire que par les sociétés occidentales colonialistes pour mieux enfoncer et discréditer les peuples colonisés

L’histoire a commencé bien avant l’écriture et on peut même dire que l’histoire non écrite des sociétés civilisées de l’oral représente cent fois plus de durée et de richesses que l’histoire écrite.

En cultivant… l’idée que l’histoire a commencé avec l’écriture, la société occidentale tient à montrer qu’elle seule est maîtresse de la science, pardon de la Science avec un grand S. C’est une manière de dire qu’il n’y aurait eu de science, de civilisation qu’occidentale ou devant mener à la société occidentale, avec comme apothéose le capitalisme. Mais elle va plus loin qu’attaquer les vieilles civilisations de la culture écrite du Moyen-Orient, d’Asie et d’Afrique. Elle nie l’existence de toute histoire des peuples sans histoire écrite, c’est-à-dire de l’immense majorité des peuples. Or, n’en déplaise à ces menteurs, cette histoire a existé, et parfois même existe encore.

Ces peuples ne se sont pas transmis ces trésors par écrit mais ils se les sont transmis par oral. « Un vieux qui meurt est une bibliothèque qui brûle » a été une philosophie de nombreux peuples et ils se sont fait passé le témoin, bien avant que le vieux soit mort. La mémoire orale peut être énorme, surtout quand elle est cultivée.

Eh bien, les puissance coloniales se sont ingéniées non seulement à nier mais à détruire cette mémoire orale, pour mieux démontrer que ces peuples n’étaient rien, n’avaient qu’une mentalité d’enfants, ou même moins, quasiment une mentalité de singes. Et certainement ni poésie, ni histoire, ni art, ni culture, ni pensée, ni science, ni médecine et on en passe…

Tout cela était mensonger. Les peuples qui vivaient dans chacune de ces régions y avaient accumulé des trésors de connaissance, de pensées, de modes de vie, d’expérience, de science, de culture que les monstres colonialistes ont détruit irrémédiablement et consciemment, en même temps qu’ils démolissaient physiquement ces peuples, les détruisaient aussi moralement, intellectuellement, politiquement. Ils n’ont pas ainsi démontré leur supériorité humaine mais seulement une supériorité en moyens de destruction, en moyens de guerre, en moyens d’assujettissement, certainement pas une supériorité culturelle, sociale, humaine.

Et, en affirmant que leur histoire, que leurs capacités, que leurs civilisations n’existaient pas, ils ont renié leur prétention à agir dans le sens d’une société scientifique, qui ne cherche que la vérité scientifique, que la recherche scientifique, que la connaissance scientifique. Ils ont ainsi piétiné leurs prétentions démocratiques, puisque les exactions coloniales n’étaient justifiées que par l’affirmation que ces peuples étaient intermédiaires entre l’homme et l’animal, et ces colonialistes savaient qu’ils mentaient en affirmant cela.

Les explorateurs, les archéologues, les scientifiques, les historiens, les anthropologues, tous ces scientifiques savaient qu’en laissant dire cela, ils reniaient leur prétendu idéal scientifique.

Après eux, il y a eu les médecins qui ont laissé euthanasier des peuples entiers, supprimer des naissances pour faire s’éteindre des peuples était une manière plus moderne d’exterminer.

Et cela s’est fait jusque dans des années très récentes, y compris avec la caution de l’OMS, le mépris des peuples colonisés s’étant transformé en pseudo-darwinisme, appelé darwinisme social, en sélection des plus aptes !

D’autres, pédagogues, enseignants, psychologues, etc., se sont chargés d’enfants enlevés à leurs peuples, pour leur apprendre à renier leurs origines. Et ainsi de suite, des civilisations entières, en particulier toutes les civilisations orales ont été assassinées.

Non, le capitalisme, ce n’est pas la société de la science, la société de la recherche de la vérité, la société de la démocratie. Ce n’est pas le sommet de la civilisation humaine. C’est la société du mensonge, la société de l’exploitation et de l’oppression, la société du mensonge.

La tradition orale quechua

Contes quechuas

La tradition orale du Nordeste brésilien

L’enfant, une civilisation humaine de l’oral

La transmission orale des esclaves

Les berbères, culture de l’oral

L’oral actuel au Burundi et au Rwanda

L’histoire des sociétés humaines civilisées ne commence pas à l’écriture

On continue à faire croire que l’histoire commence à l’écriture

L’histoire chez les peuples sans écriture

L’absence d’écriture n’est pas absence de société civilisée

La « pensée sauvage »

La conception de l’homme
chez les peuples sans écriture

Le point de vue de Lévi-Strauss

L’écriture : instrument d’asservissement des peuples...

Les peuples sans écriture ne sont pas des peuples sans histoire

Peuples sans écriture

L’histoire méconnue des peuples sans écriture

Entre oralité et écriture
Les San, peuple de tradition orale

Les contes des pygmées Baka

Culure orale en pays Mâa

Inuits, peuple de l’oral

Aborigènes, sans écritue mais pas sans culture ni sans histoire

Comment les cultures à tradition orale peuvent-elles mémoriser autant d’informations ?

La Grèce antique, d’une civilisation orale à une civilisation écrite

Socrate ne voulait pas transmettre par l’écriture, mais il a influencé toute la philosophie grecque après lui

Littérature orale

La grande duperie de la prétendue « civilisation occidentale »

Civilisations antiques

Commencements de l’écriture et impacts civilisationnels

De l’oral vers l’écrit ou l’inverse

L’écrit sous-tend l’oral

Les armées coloniales ont été souvent battues et, pourtant, la bourgeoisie occidentale l’a emporté transformant les peuples en esclaves coloniaux…

La science au service du colonialisme

La racisme « scientifique »

La bourgeoisie a peur de la science

Pas de philosophie scientifique pour la bourgeoisie

La Science peut-elle se tromper lourdement du fait de préjugés sociaux, d’intérêts économiques ou de pressions du pouvoir ?

La science n’est pas objective, pas neutre, elle est une des formes de la pensée humaine, pas une expression directe d’une réalité certaine et indiscutable

Pas de marche pour la science sans combat contre un monde capitaliste

Quand la Mésopotamie démontre que la philosophie antique n’est pas née en Grèce…

La science, pour justifier le racisme colonial

On tue bien la société inuit

On supprime les aborigènes

C’était une société sans écriture

Littérature orale de la Haute-Bretagne

Lire sur le colonialisme

Souvenirs des "belles colonies"

Entre la parole et l’écrit… en Afrique

Tradition orale kanak

Coloniser et exterminer

L’oral sert aussi comme plaidoyer contre les peuples

Lire encore

Messages

  • Lévi-Strauss, dans « Tristes tropiques » :

    « C’est une étrange chose que l’écriture. Il semblerait que son apparition n’eût pu manquer de déterminer des changements profonds dans les conditions d’existence de l’humanité ; et que ces transformations dussent être surtout de nature intellectuelle. La possession de l’écriture multiplie prodigieusement l’aptitude des hommes à préserver les connaissances. On la concevait volontiers comme une mémoire artificielle, dont le développement devrait s’accompagner d’une meilleure conscience du passé, donc d’une plus grande capacité à organiser le présent et l’avenir. Après avoir éliminé tous les critères proposés pour distinguer la barbarie de la civilisation, on aimerait au moins retenir celui-là : peuples avec ou sans écriture, les uns capables de cumuler les acquisitions anciennes et progressant de plus en plus vite vers le but qu’ils se sont assigné, tandis que les autres, impuissants à retenir le passé au-delà de cette frange que la mémoire individuelle suffit à fixer, resteraient prisonniers d’une histoire fluctuante à laquelle manqueraient toujours une origine et la conscience durable du projet.

    Pourtant, rien de ce que nous savons de l’écriture et de son rôle dans l’évolution ne justifie une telle conception. Une des phases les plus créatrices de l’histoire de l’humanité se place pendant l’avènement du néolithique : responsable de l’agriculture, de la domestication des animaux et d’autres arts.

    Pour y parvenir, il a fallu que, pendant des millénaires, de petites collectivités humaines observent, expérimentent et transmettent le fruit de leurs réflexions. Cette immense entreprise s’est déroulée avec une rigueur et une continuité attestées par le succès, alors que l’écriture était encore inconnue. Si celle-ci est apparue entre le 4e et le 3e millénaire avant notre ère, on doit voir en elle un résultat déjà lointain (et sans doute indirect) de la révolution néolithique, mais nullement sa condition. À quelle grande innovation est-elle liée ? Sur le plan de la technique, on ne peut guère citer que l’architecture. Mais celle des Égyptiens ou des Sumériens n’était pas supérieure aux ouvrages de certains Américains qui ignoraient l’écriture au moment de la découverte. Inversement, depuis l’invention de l’écriture jusqu’à la naissance de la science moderne, le monde occidental a vécu quelque cinq mille années pendant lesquelles ses connaissances ont fluctué plus qu’elles ne se sont accrues. On a souvent remarqué qu’entre le genre de vie d’un citoyen grec ou romain et celui d’un bourgeois européen du XVIIIe siècle il n’y avait pas grande différence. Au néolithique, l’humanité a accompli des pas de géant sans le secours de l’écriture ; avec elle, les civilisations historiques de l’Occident ont longtemps stagné. Sans doute concevrait-on mal l’épanouissement scientifique du XIXe et du XXe siècle sans écriture. Mais cette condition nécessaire n’est certainement pas suffisante pour l’expliquer.

    Si l’on veut mettre en corrélation l’apparition de l’écriture avec certains traits caractéristiques de la civilisation, il faut chercher dans une autre direction. Le seul phénomène qui l’ait fidèlement accompagnée est la formation des cités et des empires, c’est-à-dire l’intégration dans un système politique d’un nombre considérable d’individus et leur hiérarchisation en castes et en classes. Telle est, en tout cas, l’évolution typique à laquelle on assiste, depuis l’Égypte jusqu’à la Chine, au moment où l’écriture fait son début : elle paraît favoriser l’exploitation des hommes avant leur illumination. Cette exploitation, qui permettait de rassembler des milliers de travailleurs pour les astreindre à des tâches exténuantes, rend mieux compte de la naissance de l’architecture que la relation directe envisagée tout à l’heure. Si mon hypothèse est exacte, il faut admettre que la fonction primaire de la communication écrite est de faciliter l’asservissement. L’emploi de l’écriture à des fins désintéressées, en vue de tirer des satisfactions intellectuelles et esthétiques, est un résultat secondaire, si même il ne se réduit pas le plus souvent à un moyen pour renforcer, justifier ou dissimuler l’autre. […]

    Si l’écriture n’a pas suffi à consolider les connaissances, elle était peut-être indispensable pour affermir les dominations. Regardons plus près de nous : l’action systématique des États européens en faveur de l’instruction obligatoire, qui se développe au cours du XIXe siècle, va de pair avec l’extension du service militaire et la prolétarisation. La lutte contre l’analphabétisme se confond ainsi avec le renforcement du contrôle des citoyens par le Pouvoir. Car il faut que tous sachent lire pour que ce dernier puisse dire : nul n’est censé ignorer la loi.

    Du plan national, l’entreprise est passée sur le plan international, grâce à cette complicité qui s’est nouée, entre de jeunes États - confrontés à des problèmes qui furent les nôtres il y a un ou deux siècles - et une société internationale de nantis, inquiète de la menace que représentent pour sa stabilité les réactions de peuples mal entraînés par la parole écrite à penser en formules modifiables à volonté, et à donner prise aux efforts d’édification. En accédant au savoir entassé dans les bibliothèques, ces peuples se rendent vulnérables aux mensonges que les documents imprimés propagent en proportion encore plus grande. »

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