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Pour quelles raisons le vieux monde ne peut pas durer ?

lundi 18 décembre 2017, par Robert Paris

Editorial

Pour quelles raisons le vieux monde ne peut pas durer ?

Bien sûr, on imagine les raisons qu’ont les gens de penser que le monde capitaliste peut changer mais ne peut pas disparaître : il a déjà subi tout ce qui est possible, crises, krachs, guerres civiles, révolutions, fascismes, dictatures, guerres, guerres mondiales, sans disparaître pour autant alors qu’il était plusieurs fois donné pour mort. Et chacun se souvient d’épisodes particulièrement tendus dans le monde, notamment le face à face de la « guerre froide » dont ils pensent que le monde capitaliste, appelé par lui-même « monde libre » s’est tiré vainqueur avec la « chute du mur de Berlin », le retour des pays de l’Est dans le giron capitaliste et la chute de l’URSS. Tout cela prouve que le capitalisme a su changer, a su se défendre, a évité les dangers. On fête actuellement le centenaire de la révolution d’Octobre qui a été le début de la vague révolutionnaire en Europe. Là encore, le capitalisme s’en est tiré comme il s’est tiré de tous les épisodes révolutionnaires, ceux qui ont précédé la révolution russe comme la Commune et ceux qui l’ont suivi comme la révolution espagnole de 1936.

Si le stalinisme a perduré, malgré le recul révolutionnaire des prolétaires russes, isolés dans un pays détruit par la guerre civile menée par toutes les armées capitalistes du monde, c’est parce que le stalinisme convenait au monde capitaliste comme force contre-révolutionnaire, disposée à mener partout dans le monde la guerre sanglante aux militants révolutionnaires, en particulier aux militants qui rejoignaient Trotsky.

Le capitalisme a fait mine de s’opposer violemment au stalinisme mais ne l’a jamais combattu directement ni n’a soutenu les travailleurs et les peuples qui se sont battus contre lui, à commencer par les travailleurs des pays de l’Est, de Hongrie et de Pologne notamment. Il n’a pas levé le petit doigt pour les aider dans leur lutte et a même craint qu’ils ne triomphent en 1956, dans les années 70 et 80. Parce que l’ordre stalinien faisait partie de l’ordre capitaliste mondial. Et aujourd’hui, l’ordre stalinien qui règne en Chine en fait toujours partie, sans que cela gène nullement le capitalisme américain ou mondial. Ils ne sont gênés ni par le monopole politique du parti stalinien (pour ne pas dire communiste) chinois, ni par la dictature militaire, ni par l’absence totale de liberté, ni encore par l’existence d’un goulag (véritable enfer où périssent des millions d’hommes et de femmes), ni par la totale absence de droits des travailleurs.

Les capitalistes occidentaux ne craignent en fait qu’une seule chose : la crise du capitalisme chinois car, si celui-ci chute, le monde capitaliste entier risque de chuter !!!!

Et ce n’est pas impossible, loin de là ! Lors de la dernière crise capitaliste en Chine, la seule manière qu’ait trouvé le pouvoir capitaliste chinois (eh oui ! capitaliste, même s’il se dit « communiste » !), a été d’interdire toute vente d’actions des sociétés menacées d’effondrement. Le fait que l’Etat chinois soit le plus grand capitaliste du pays et de loin, qu’il dispose d’une masse considérable de capitaux, lui a permis ensuite d’intervenir à la hauteur de la chute financière et de la retarder. Mais cela n’a pas réglé le problème pour autant et les organismes qui dirigent le monde capitaliste s’inquiètent à nouveau pour l’économie chinoise…

Et ils ont bien des raisons de le faire : banques en faillite, spéculations de toutes sortes, économie qui ne fonctionne plus que grâce à l’aide étatique, tout cela peut devenir explosif à la moindre étincelle. Et c’est vrai également de toute l’économie mondiale qui en est à craindre le « bitcoin », cette monnaie bidon qui connaît un énorme succès spéculatif.

Les spéculations en tous genres misent toujours essentiellement sur les dettes privées et publiques : dettes immobilières, dettes des communes, dettes des étudiants mais surtout dettes des Etats… Et l’aide publique à l’économie capitaliste qui n’a pas baissé ne permet pas une véritable reprise des investissements productifs même si les gouvernants font mine de le prétendre. Trump ou Macron ne peuvent, en y mettant tous les moyens financiers publics, que faire durer un peu l’illusion…

Le fait que la classe capitaliste soit sur le déclin se voit à bien des symptômes : le déclin du niveau de vie des plus pauvres, la chute de la santé publique, la baisse de tous les services publics, la hausse de toutes les violences, des guerres, des terrorismes. L’exemple le plus frappant est actuellement celui du Moyen Orient où les classes possédantes n’ont pu canaliser les printemps qu’à coups de barbarie comme au Yémen et en Syrie, de dictature sanglante comme en Egypte et en Turquie, de bombardements comme en Irak, au Pakistan et en Afghanistan. Le blocus et la guerre soutenus par le monde occidental sont particulièrement remarquable par leur horreur inhumaine : bombardements d’écoles et assassinats massifs d’enfants par la faim et l’absence de médicaments font frémir.

Une société qui est conduite à de telles horreurs organisées par sa classe dirigeante n’est pas une démonstration de force. L’exemple de la Libye est démonstratif, parlant d’un pays qui a connu une intervention armée de la France et des USA qui a réussi… à mettre en place un ordre des bandes armées terroristes qui exploite les migrants, les met en prison, les viole, les tue, les exploite, les vend… Les hommes politiques français, de Sarkozy à Hollande, ont tous cautionné l’intervention militaire en Libye et ils se gardent bien de rapporter ce qui s’y passe maintenant, même si les média ont montré un peu la situation des migrants.

La terreur monte dans le monde mais elle n’est pas le fait de bandes armées marginales : elle est nécessaire à la classe possédante et la raison est profonde, c’est la crise historique du fonctionnement de l’économie.

Le capitalisme n’a jamais eu aussi peur de la crise systémique. Il est sans cesse en train d’examiner l’état de ses banques et les rapports qu’il diffuse à ce sujet montre que la peur ne descend pas, malgré les discours rassurants des Trump et des Macron.

Qu’est-ce qui fragilise comme cela le capitalisme, alors que ce système a été jusque-là capable de tenir dans bien des tempêtes ? C’est le moteur qui est cassé depuis les années 2000 ! La dynamique du capitalisme a toujours été fondée sur l’investissement productif car c’est le fait que les capitaux se réinvestissent qui permet au système d’étendre sans cesse la taille de ses profits et des activités. Pour distribuer des revenus du capital sans cesse plus importants, le capitalisme n’a cessé que très épisodiquement d’investir, dans certaines phases de ses crises économiques. Mais, il n’y a jamais eu une période longue durant laquelle les capitalistes se détournaient de l’investissement productif. C’est pourtant ce qui se produit, durablement et à l’échelle mondiale !

Bien sûr, certains peuvent croire qu’on peut produire des revenus du capital ne investissant dans la spéculation, dans les entreprises financières, mais c’est faux : cela permet seulement de redistribuer les plus-values mais pour les produire, il est indispensable d’exploiter la main d’œuvre productive, les prolétaires.

Alors, qu’est-ce qui empêche de le faire si c’est là le moyen clef pour engranger des profits ? Les capitalistes sont-ils fous, sont-ils suicidaires, sont-ils à courte vue ? Non, ils se contentent de faire ce qu’ils ont toujours fait : rechercher la voie qui rapporte le plus et actuellement ce sont les spéculations financières. Et plus ils se livrent à celles-ci, plus elles deviennent rentables à court terme.

Pourtant, la spéculation n’est en rien une nouveauté et jamais jusque là elle n’avait été jusqu’à casser tout élan des investissements productifs ! Oui, mais intervient le point essentiel : le succès du système capitaliste a atteint un seuil. On ne parvient pas à dépasser un certain niveau d’investissements productifs sans perdre en taux de profit. Il n’y a pas une capacité du capitalisme de produire à l’infini, même si ses capacités de production actuelles sont très inférieures aux possibilités techniques. Le capitalisme a atteint ses limites qui ne sont pas celles des forces productives mais celles des investissements productifs. Il n’ira pas plus loin car les capitalistes individuels, même si la survie de leur système en dépend, n’ont pas vocation d’investir à perte et même pas d’investir dans un secteur un peu moins rentable. Au contraire, ils ont toujours couru après l’investissement le plus rentable. Cela a longtemps favorisé l’investissement productif qui a ainsi construit des richesses apparemment sans limites en capitalisant les plus-values extraites du travail humain, celui des prolétaires. Eh bien, aujourd’hui ce système a atteint son plus haut succès et ne peut que chuter !

Les violences sans nombre que le système de domination mondiale est en train de faire subir aux peuples est une preuve supplémentaire qu’il n’est plus capable que d’attendre le séisme économique et social, le tremblement de terre qui cassera la vieille baraque toute vermoulue. L’optimisme que les gouvernants font semblant d’afficher, faisant semblant de prendre la hausse des sommes distribuées au capital pour une reprise économique viable, n’efface pas les rapports alarmistes des institutions économiques et la peur panique des banques. La violence des bandes armées, étatiques ou pas, est aussi la marque de cette peur panique des classes dirigeantes devant la révolution sociale, comme l’est aussi l’empressement des Etats de casser les droits démocratiques et sociaux partout dans le monde, y compris dans les pays riches.

La véritable question n’est pas de savoir quand et comment le système capitaliste va chuter mais de combattre contre les thèses des réformistes, appuyés par tous les média et par l’opinion petite-bourgeoise, thèses selon lesquelles il y aurait bien des moyens de réformer le capitalisme, de résoudre les problèmes, en ayant la « bonne politique » au pouvoir d’Etat, en prenant les « bonnes mesures » politiques, économiques et sociales. Mais, bien entendu, aucun de ces réformismes ne nous dit ce qu’il proposera de faire face au prochain tsunami économique !

Eh bien, tant pis pour les réformistes, ne regrettons pas le passé prospère du capitalisme qui ne reviendra pas, et cherchons plutôt les voies et moyens de construire l’avenir prolétarien du monde. Certes, nombre de travailleurs n’entendent toujours pas un tel programme, mais c’est la réalité qui tranchera et qui démontrera ceux qui ouvrent des perspectives réelles et ceux qui n’ont qu’un discours idéologique.

Pendant que les bases de l’effondrement à venir s’approfondissent (diminution des investissements productifs privés, suppressions massives d’emplois, destruction de l’économie, hausse de la spéculation et des dettes privées et publiques, faillites des Etats et des banques centrales, etc.), celles de la crise sociale et politique le font également, rendant inévitable la révolution sociale : accroissement explosif des inégalités, discrédit des institutions, déstabilisation de tout l’édifice social.

La maladie qui frappe le système capitaliste n’est pas une maladie pour laquelle un médicament existe, c’est la mort due au caractère limité du développement enfermé dans les barrières étroites de la propriété privée des moyens de production.

La seule question qui se pose maintenant n’est pas : quelle solution vont-ils trouver pour pérenniser le système mais qui remplacera le capitalisme : socialisme ou barbarie ?!!!

Messages

  • L’agence Bloomberg a révélé lundi dernier son « Guide pessimiste » pour l’année 2018, une série de scénarios pour se préparer au pire. En 2015, l’agence avait ainsi prévu le Brexit et la victoire de Trump et ce, contre toute attente. Voici quelques unes des ses prédictions :

    En 2018, le président américain passe la seconde après sa réforme fiscale et dérégule massivement l’économie américaine.
    En 2018, les prêteurs régionaux américains annoncent qu’ils ont été piratés et que l’ensemble des épargnes ont disparues.
    En 2021, Trump, réélu, parvient à supprimer l’Obamacare sans la remplacer. Un chaos s’ensuit dans le système de santé américain alors que la bulle financière explose. Les Etats-Unis s’enfoncent dans une grave récession. Une écolière de 10 ans révèle un scandale de piratage mondial des banques. Une ruée s’ensuit, qui aboutit au crash des valeurs traditionnelles de Wall Street.

    Bien pessimistes les capitalistes en ce qui concerne l’avenir de leur système !!!

  • Panique sur le marché des cryptomonnaies avant les fêtes de fin d’année : le bitcoin et les autres devises électroniques enregistrent l’une des pires chutes de leur histoire.

    Il n’aura échappé à aucun investisseur en cryptomonnaies que ce 22 décembre ressemble en tout point à un vendredi noir. En une journée, le bitcoin a chuté de 17% à 12.000 euros alors qu’il avait enregistré son plus haut historique à 17.000 euros une semaine plus tôt. Du côté des autres monnaies virtuelles, le bain de sang est également constaté : -19% sur l’ethereum, -29% sur le bitcoin cash, -19% sur le litecoin, etc. Sur les 100 premières capitalisations recensées par CoinMarketCap, seules 3 devises électroniques se maintiennent dans le vert (dont l’étonnant Ripple).

    Autre mauvais signe : Lagarde se félicite de la reprise de l’économie mondiale. Elle avait affirmé qu’il n’y avait pas de crise en 2007 !!!!

  • Minneapolis a appelé mercredi à une forte augmentation des capitaux propres exigés pour les plus grandes banques américaines, soulignant qu’elles restaient "too big to fail" (à risque systémique), malgré les règles plus strictes mises en oeuvre à la suite de la crise financière de 2008.

    Cette étude théorique menée par les équipes de la Fed régionale conclut qu’il y a encore 67% de probabilité que le contribuable soit forcé de financer un sauvetage dans les 100 années à venir et que les fonds propres exigés pour les banques dont les actifs dépassent 250 milliards de dollars (environ 210 milliards d’euros) devraient être "drastiquement" augmentés.

  • Le bitcoin a été créé en 2009 en pleine crise financière. Est-ce la manifestation de la défiance à l’égard d’un système financier et bancaire qui avait failli ? Huit ans après, c’est une exceptionnelle victoire sur une forme « d’ancien monde ». En commençant l’année à 1 000 $ et la terminant à près de 16 000, après avoir dépassé 18 000 $, 2017 est « the bitcoin year » !
    Le succès du bitcoin est également une des nombreuses manifestations de la mondialisation qui fait de notre planète un grand village ; le bitcoin est devenu comme certaines expressions ou comportements un des éléments constitutifs du citoyen du monde.
    L’explosion du bitcoin n’a été possible que grâce à l’internet. Le bitcoin est le bébé de la toile, de la dématérialisation croissante de notre monde, de la gestion en temps réel des mouvements financiers en tout point de la planète.

  • L’époque dans laquelle nous vivons est marquée par un grand tournant historique. Après quarante années d’une croissance sans précédent, l’économie de marché est en train d’atteindre ses limites. Malgré ses crimes barbares, les premiers temps du capitalisme ont révolutionné les forces productives, posant les bases d’une nouvelle organisation sociale. La première guerre mondiale et la révolution russe indiquaient un changement décisif dans le rôle historique du capitalisme. De système permettant de développer les forces productives, il s’est transformé en un gigantesque obstacle au développement économique et social. La croissance économique qu’a connue l’Occident entre 1948 et 1973 semblait promettre un nouvel essor. Mais même alors, seule une poignée de grandes puissances capitalistes en a profité. Au cours de cette même période, le tiers-monde, où vivent les deux-tiers de l’humanité, a connu le chômage de masse, la pauvreté, des guerres et l’exploitation à une échelle inconnue jusqu’alors. Cette phase de croissance fut interrompue par la soi-disant « crise pétrolière » de 1973-74. Depuis, le capitalisme n’a jamais su retrouver les taux de croissance et d’emploi de la période d’après-guerre.

    Le déclin irréversible d’un système social s’exprime, entre autres, par une décadence culturelle. Cela se reflète de cent manières différentes. Un sentiment général d’angoisse et de pessimisme à l’égard de l’avenir se répand, tout particulièrement dans l’intelligentsia. Ceux qui, hier, parlaient de l’inéluctabilité de l’évolution et du progrès humain, ne voient plus aujourd’hui qu’incertitude et obscurité. Le XXe siècle tire péniblement à sa fin, après avoir assisté à deux terribles guerres mondiales, avec, dans l’intervalle, un effondrement économique et l’enfer du fascisme. Il s’agissait déjà d’avertissements sérieux : la phase progressiste du capitalisme était révolue.

    La crise du capitalisme s’insinue dans tous les aspects de la vie. Ce n’est pas seulement un phénomène économique. Elle se reflète dans la spéculation, la corruption, la toxicomanie, la violence, dans l’égoïsme omniprésent et l’indifférence à l’égard de la souffrance d’autrui, dans l’éclatement de la famille, la crise de la moralité, de la culture et de la philosophie bourgeoises. Comment pourrait-il en être autrement ? L’un des symptômes de la crise d’un système social réside dans le fait que sa classe dirigeante est de plus en plus gagnée par le sentiment qu’elle constitue une entrave au développement de la société.

    Marx soulignait que les idées dominantes d’une société sont toujours les idées de sa classe dominante. Dans ses beaux jours, non seulement la classe capitaliste jouait un rôle progressiste en repoussant les frontières de la civilisation, mais elle en avait en outre parfaitement conscience. Aujourd’hui, le pessimisme saisit les stratèges du capital. Ils sont les représentants d’un système historiquement condamné, mais n’arrivent pas à s’y résigner. Cette contradiction centrale est un facteur décisif qui marque de son empreinte le mode de pensée de la classe dirigeante. Pour reprendre l’expression de Lénine : un homme au bord du gouffre ne raisonne pas…

    L’époque où la classe capitaliste se réclamait d’une vision rationnelle du monde n’est plus qu’un vieux souvenir. A l’heure du déclin sénile du système capitaliste, les processus initiaux font marche arrière. Comme le disait Hegel, « la raison devient déraison ». Il est vrai que, dans les pays industrialisés, la religion « officielle » agonise. Les églises sont vides et en crise. Par contre, on assiste à une véritable prolifération de sectes religieuses bizarres, ainsi qu’au développement du mysticisme et de toutes sortes de superstitions. L’effrayante épidémie de fondamentalisme religieux - chrétien, juif, islamique, indou - est une manifestation patente de l’impasse dans laquelle se trouve la société. Au seuil d’un nouveau siècle, on observe la plus horrible régression vers ce que les Anglais appellent « the Dark Ages » - « l’Age des ténèbres ».

    Le sentiment dominant de pessimisme et de désorientation se reflète de mille manières, et pas seulement de façon directement politique. L’omniprésence de l’irrationalité n’a rien d’un accident. C’est le reflet, sur le plan psychologique, d’un monde où des forces terribles et apparemment invisibles contrôlent le destin de l’humanité. Regardez, lors des coups de panique sur les places boursières, ces hommes et ces femmes « respectables » qui s’agitent furieusement comme des fourmis dont on a brisé le nid. Les réactions de panique collective que provoquent ces spasmes périodiques sont une illustration criante de l’anarchie capitaliste. Et c’est cela qui détermine la vie de millions de personnes. Nous vivons dans une société en déclin. Cela se manifeste partout. De réactionnaires conservateurs se lamentent de l’éclatement de la famille ainsi que des ravages de la drogue, de la criminalité, de la violence aveugle, et de tout le reste. Leur seule réponse, c’est l’intensification de la répression : plus de police, plus de prisons, de plus sévères punitions, voire des investigations génétiques sur les soi-disant « types criminels ». Ils ne peuvent ou ne veulent pas voir que ces phénomènes sont des manifestations de l’impasse dans laquelle se trouve le système social qu’ils représentent.

    Jusqu’à récemment, il semblait que le monde de la science était épargné par le déclin général du capitalisme. Les merveilles de la technologie conféraient aux scientifiques un immense prestige. Ils semblaient presque dotés de pouvoirs magiques. La considération dont jouissait la communauté scientifique augmentait à mesure que leurs théories devenaient toujours plus incompréhensibles, y compris pour la majorité des gens éduqués. Et pourtant, les scientifiques sont des gens ordinaires qui vivent dans le même monde que les autres. A ce titre, ils subissent plus ou moins l’influence des idées, des philosophies, des opinions politiques et des préjugés dominants - sans parler d’intérêts matériels qui peuvent être considérables.

    Longtemps, on a tacitement présumé que les scientifiques - et en particulier les physiciens théoriques - étaient des personnes d’un genre particulier, coupés des réalités quotidiennes, et qui, à l’inverse du commun des mortels, ont accès aux mystères de l’univers. Ce mythe du XXe siècle est bien véhiculé par les vieux films de science-fiction dans lesquels la planète est menacée de destruction par des extra-terrestres (en réalité, la menace qui pèse sur le futur de l’humanité ne vient pas de si loin, mais ceci est une autre histoire). A chaque fois, au tout dernier moment, un homme en blouse blanche arrive, écrit une équation compliquée sur un tableau - et le problème est résolu en un rien de temps.

    La vérité est bien différente. Les scientifiques et les intellectuels en général ne sont pas à l’abri des tendances générales qui traversent la société. Le fait que la philosophie et la politique indiffèrent la plupart d’entre eux signifie seulement qu’ils sont plus facilement influencés par les préjugés qui les entourent au quotidien. Bien souvent, leurs idées sont utilisées pour soutenir les positions politiques les plus réactionnaires. C’est particulièrement évident dans le domaine de la génétique, où s’est engagée une véritable contre-révolution, en particulier aux Etats-Unis.

  • vous prônez la révolution sociale et vous y poussez, comme si c’était un avenir radieux et facile !

  • Nous sommes des révolutionnaires et, comme tels, nous affirmons que la société humaine se retrouve devant un saut à franchir, saut qui ne peut être réalisé sans choc, sans lutte radicale, sans rupture avec le passé, mais est-ce que cela signifie que nous considérons cette étape comme facile, sans problème, sans heurts, sans souffrances, sans peurs de toutes sortes. Non, bien entendu. Si la révolution était évitable, non seulement nous serions pour l’éviter mais il est certain que les sociétés humaines du passé l’auraient déjà évitée, ce qu’elles n’ont pas fait, que ces révolutions permettent ou pas de franchir les sauts qu’elles se proposaient de passer. Le seul résultat réel des politiques consistant à « éviter » la révolution est de faire échouer la révolution ! On n’évite pas l’augmentation critique des contradictions. On n’évite pas la réalité des affrontements de classe. On n’évite pas les impasses de la vieille société. On n’évite pas les crises économiques et sociales. On leur offre, ou pas, une issue. Nous ne sommes pas les derniers à avoir conscience que les classes possédantes ne vont pas se laisser faire devant une montée révolutionnaire et vont employer tous les moyens les plus sanglants et horribles pours s’accrocher au pouvoir. Mais nous avons aussi conscience que le seul fait que la crise s’aggrave les amènera à le faire et qu’ils le feront même préventivement, s’ils le peuvent, avant que la révolution sociale ne monte de manière critique. Cela signifie que le renoncement à la révolution n’est pas une manière d’éviter la contre-révolution ! Eviter les affrontements de classe sanglants, le réformisme n’y est jamais parvenu. On n’a jamais vu des pacifistes, sociaux et politiques, convaincre les classes possédantes de rester pacifiques ! Une fois encore, on ne change pas la réalité en se refusant de la voir…

    Plus la classe ouvrière sera organisée, consciente, dynamique et offensive, plus la révolution sociale sera pacifique, moins elle sera dure, sanglante, violente. Le seul rôle du discours réformiste, c’est de lier les mains aux travailleurs, de détourner une grande part de ses forces militantes, d’affaiblir le camp des travailleurs, et donc de renforcer celui de la contre-révolution, et pas du tout d’éviter celle-ci.

    Ceci dit, nous ne prétendons nullement dire aux travailleurs : « allez-y, n’attendez pas, faites la révolution ! » Ce n’est pas cela, la politique des révolutionnaires ! Ce n’est pas du moralisme pro-révolution à deux balles ! Non, le rôle des révolutionnaires, c’est de développer et diffuser largement la conscience de la situation, la situation objective des classes possédantes, ses contradictions mortelles, la force et la faiblesse des classes dirigeantes, la force et la faiblesse des prolétaires, les politiques possibles des uns et des autres et les résultats vraisemblables de telles politiques. C’est sur cette conscience de la situation objective que les révolutionnaires entendent appuyer leur appel aux travailleurs. Appel non pas pour lutter, non pas pour manifester, non pas pour faire grève. Non, appel à s’organiser, à s’exprimer, à se lier, à fonder son programme, à le diffuser, à donner une large publicité aux initiatives ouvrières, à soutenir toute action de classe, à dénoncer toute collaboration de classe. Nous n’avons pas à pousser la classe ouvrière à avancer. On ne fait pas avancer un train en le poussant : il a un moteur ! La lutte des classes a un moteur, autonome, qui n’a pas besoin d’exhortations ou d’appels. Ce moteur est celui des contradictions de classe. Elles ne proviennent pas du discours, que ce soit celui des militants révolutionnaires, ni du discours de qui que ce soit ! Elles proviennent de la réalité économique, sociale et politique de la vieille société bourgeoise. Pas de possibilité de révolution sociale profonde si ces classes possédantes sont solidement attachées au sol de la réalité économique. Pas de possibilité d’éviter la révolution sociale dans le cas inverse. Pas plus que les changements de phase de la matière, ceux de la réalité sociale ne proviennent d’un discours.

    Le scientifique n’imagine pas que ce soit sa théorie qui crée la réalité. La matière n’est pas quantique parce que les théoriciens ont convaincu les physiciens. Une situation n’est pas révolutionnaire parce que les militants révolutionnaires en ont convaincu les travailleurs ! Par contre, refuser d’étudier les lois de la matière ne mène qu’à des catastrophes : celui qui refuse la loi de la gravitation chute comme les autres. Celui qui refuse les lois de la lutte des classes ne peut faire en sorte d’en tirer profit et ne fait qu’en subir, de manière inconsciente, les effets, aussi funestes soient-ils. On ne se prépare pas à une situation en répétant qu’il ne faut pas qu’elle se produise !

  • Les crypto-monnaies n’ont pas de valeur intrinsèque. Quelques centaines de dollars, tout au plus. Le reste n’est que spéculation. Les crypto-monnaies n’ont pas d’utilité fondamentale. Et le coût de transaction, c’est-à-dire le coût de la consommation électrique pour les produire, devient problématique. Lorsqu’on regarde où elles sont produites, c’est en Chine, au Venezuela… Les crypto-monnaies se sont développées sur l’économie noire, là où il y a une nécessité d’effectuer des transferts discrets, rapides. C’est là le seul intérêt des crypto-monnaies. Et cela coûte de plus en plus cher d’effectuer une transaction. Cela n’a pas de sens, à terme.

  • Le milliardaire américain Warren Buffett, deuxième fortune mondiale, vient de révéler que son entreprise, Berkshire Hathaway, a enregistré, en 2017, 29 milliards de dollars (23,5 milliards d’euros) de bénéfices supplémentaires… grâce à Donald Trump.

    Techniquement, la réforme fiscale adoptée fin décembre 2017 a conduit à une baisse des provisions pour impôts, les profits ne devant plus à l’avenir être imposés qu’à 21 % contre 35 % auparavant. Résultat, le bénéfice net de Berkshire Hathaway a doublé, passant de 24 à 45 milliards de dollars entre 2016 et 2017. Comme l’écrit pudiquement Warren Buffett, « une large part de nos profits ne viennent pas de quoi que ce soit que nous ayons réalisé ».

    Faire du fric sur fonds publics, sans rien faire, n’est pas seulement un joli cadeau à un homme déjà extrêmement riche, c’est une démonstration : le capital s’enrichit aujourd’hui sans rien faire...

    Une preuve qu’il va à sa perte, puisque même le capitaliste Warren Buffet s’en étonne...

  • Qu’est-ce qui menace tout le système sans que celui-ci parvienne à s’en défendre ? Des monnaies bidon, fondées sur rien, contrôlées par aucun Etat, basées sur du vent !!! Les bitcoins !!!

    Une voix de plus s’est élevée pour réclamer une meilleure régulation du marché des crypto-devises. Ainsi, la Banque de France a publié une note concernant l’émergence du bitcoin et des autres crypto-actifs, adoptant, comme on pouvait s’en douter, une posture plus que prudente.

    Les crypto-actifs, tels que le Bitcoin, l’Ether ou le Ripple, sont nés au début des années 2010, dans le sillage du développement à l’échelle mondiale de communautés ’virtuelles’, c’est-à-dire rassemblant des internautes au moyen d’outils d’interaction numériques (chat, forum, etc.).

    Initialement conçus comme des instruments d’échange dans le monde numérique, les crypto-actifs ont progressivement pris pied dans l’économie réelle, au travers de services permettant leur achat ou vente contre des monnaies légales, leur conservation, leur utilisation comme instrument d’échange ou encore plus récemment instrument de placement et de financement avec l’apparition des fameuses Initial Coin Offering (ICO), ces levées de fonds en monnaie numérique.

    Ces évolutions récentes, ainsi que le développement rapide de ce que la Banque de France qualifie de "bulle spéculative", appellent aujourd’hui les régulateurs et superviseurs du système financier à s’interroger sur "une évolution du cadre réglementaire adaptée à l’essor de ces actifs, dans une démarche concertée à l’échelle européenne et internationale". La Banque de France plaide donc pour une action concertée et une régulation globale.

    Il suffit de pas grand chose, dans un monde essentiellement spéculatif, pour tout dérégler !!!

  • Les marchés financiers n’ont plus de moteurs pour les porter vers l’avant à court et moyen termes :

    • La croissance économique a dépassé son niveau d’accélération maximum. L’indicateur « Citi Europe economic surprises » est négatif pour la 1ere fois depuis près de 2 ans.

    • Les estimations de résultats des sociétés américaines du 1er trimestre ont d’ores et déjà été révisées fortement à la hausse. D’une hausse de 11.1% prévue fin décembre, elles sont désormais attendues en hausse de 17.3%. Il s’agira de la plus forte progression depuis le 1er trimestre 2011, au sortir de la crise. Il y a peu de chance qu’elles surprennent très favorablement. L’accélération bénéficiaire du début d’année est le reflet de la baisse d’impôt de Trump. Il s’agit donc d’un pistolet à un coup. La base de comparaison des trimestres suivant sera défavorable.

    • Les valorisations demeurent tendues, malgré leur baisse récente. En général, les valorisations se dégonflent durant des phases de resserrement monétaire.

    • Depuis les plus bas de 2016, les marchés américains avaient progressé de 50%. Des excès ont été commis tant en terme de performance que de volatilité. Ils doivent être corrigés.

    • Le secteur technologique adulé hier suscite maintenant le doute. Facebook, Tesla, Amazon subissent des remises en cause qui justifie des prises de bénéfices. Le secteur pèse près de 25% du S&P 500. 5 titres – donc 1% du nombre de titres – pèsent 14.4%, c’est-à-dire autant que la totalité du secteur industriel américain.

    • D’un point de vue graphique, la rupture de la moyenne mobile 200 jours par l’indice S&P 500 est de mauvaise augure. Cela n’était pas arrivé depuis mai 2016.

    • Le marché avance sans le filet de la Fed. Désormais contraint par sa logique de normalisation monétaire, la Banque Centrale américaine ne modifiera pas la trajectoire de sa politique sauf en cas de chute des marchés. Force est de constater que la baisse de 10% du S&P500 depuis les records atteints le 26 janvier ne l’a pas fait broncher.

  • Dans la croissance parasitaire de la bourse américaine, alors que des économies s’écroulent comme l’Argentine, la Vénézuélienne, la Turque et bien d’autres, les principales entreprises qui dominent les indices financiers. Avant le déclenchement de la crise financière, les sociétés ayant le plus de valeur étaient ExxonMobil, General Electric, Microsoft et AT&T. Maintenant, les quatre entreprises ayant le plus de valeur sont les géants technologiques Apple, Amazon, Alphabet (Google) et Microsoft avec Facebook à la cinquième place, alors que les géants du passé tels IBM et les grandes entreprises industrielles comme General Motors sont à la traîne.
    Le fait que l’une des activités les plus rentables des géants de la technologie consiste à concevoir de nouvelles méthodes de collecte de données sur les activités sociales et les habitudes de consommation des consommateurs, transformant ces données en produits vendables est un symptôme de la transformation du capitalisme américain. Ils voient d’autres voies de croissance en s’associant avec l’appareil répressif de l’État, en construisant des armes de guerre et en aidant les agences de renseignement à censurer le discours politique sur Internet.

    Un autre indicateur clé de la croissance du parasitisme financier qui sous-tend le marché boursier est le recours sans cesse croissant aux rachats d’actions par les grandes entreprises pour accroître la valeur de leurs actions.

    Le parasitisme financier soutenu par l’État n’est pas la seule cause de la hausse boursière. Un autre facteur critique a été le rôle des appareils syndicaux dans la répression de la lutte des classes. Ce processus, qui s’est développé au moins à partir du début des années 80 parallèlement à la montée du parasitisme financier, s’est accéléré au lendemain de la crise financière de 2008.

    En conformité avec son coup de pouce aux banques et aux institutions financières, l’administration Obama a organisé la « restructuration » de General Motors et de Chrysler, en collaboration avec la bureaucratie syndicale. Elle a entamé d’importantes réductions des salaires et des avantages sociaux grâce à la mise en œuvre de mesures telles que le système tristement célèbre des salaires à deux vitesses, qui s’est maintenant répandu dans toute l’industrie américaine. Ces mesures ont à leur tour créé les conditions du développement des nouveaux systèmes de surexploitation conçus par Amazon et d’autres grandes entreprises.
    En conséquence, alors que le marché boursier atteint de nouveaux sommets, les salaires et les conditions de travail continuent à baisser.

    Les réformistes disent que la baisse des salaires signifie que le capital se porte bien mais c’est le pire des contresens ! La plus-value industrielle cède le pas à la plus-value parasitaire, c’est tout !

  • Krach du peso argentin, chute de la devise turque, chute de l’Iran, chute de la monnaie et de l’économie vénézuélienne, chute du dinar algérien, chute du bitcoin, chute de la devise chinoise, déstabilisation de l’euro, les monnaies mondiales reflètent l’accroissement de la guerre économique.

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