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La révolte des esclaves de Tyr (Phénicie-Canaan) en 355-353 avant J.-C.

jeudi 24 octobre 2019, par Robert Paris

La révolte des esclaves de Tyr (Phénicie-Canaan) en 355-353 avant J.-C.

Ivar Lissner écrit dans « Civilisations mystérieuses » :

« Tu te souviens peut-être de Tyr, ville phénicienne établie sur une île, forteresse puissante sur les rivages de la Méditerranée. 25.000 humains y habitaient, alimentés en eau par un aqueduc. Tu as peut-être travaillé dans les hauts fourneaux du roi Salomon, comme esclave, sur le bord du désert, dans la chaleur accablante. (…) Tyr était l’une des plus célèbres villes phéniciennes. La forteresse, située sur une île, avait deux ports, le port sidonien au nord, le port égyptien au sud. (…) Poidebard a pris des photos aériennes. Il envoya ensuite des scaphandriers. Ils virent à leur grand étonnement les archaïques murailles de Tyr. Sur le côté sud de la ville, ils découvrirent un môle long de 750 mètres, large de 8 mètres environ, immergé au fond de l’eau. Ils reconnurent même l’entrée du port, située au milieu et solidement renforcée. (…) La ville était bâtie sur une île. Elle aurait eu, selon les indications de l’historien Arrien qui vécut au deuxième siècle de notre ère, des murailles hautes de 50 mètres et se dressait sur un sol rocheux. Comme sa surface était limitée, ses habitants vivaient dans des immeubles de quatre ou cinq étages. (…) De nos jours, 6.000 habitants peuplent la ville de Sour, mais la ville antique hébergeait 25.000 hommes dans ses murs ! (…) Le littoral en face de l’île appartenait aux rois de Tyr et fournissait à la ville des céréales, des fruits, des légumes. On est étonnés d’apprendre que les Phéniciens érigèrent il y a 3.000 ans un aqueduc pour approvisionner la ville en eau. Sur la terre ferme, à 7 kilomètres au sud de Tyr, se trouve une fontaine, Ras el-Aïn. Elle jaillit encore de nos jours. Les Phéniciens établirent une conduite d’eau jusqu’à un point en face de l’île. Ils irriguèrent de cette manière les champs qui les approvisionnaient en vivres. Un service de bateaux transportait régulièrement l’eau fraiche jusqu’à l’ile. C’était un « pont d’eau potable » pour 25.000 individus. Les réserves d’eau de la ville, les citernes, ne servaient qu’en cas de siège. Les habitants de Tyr étaient si bien pourvus en eau potable que Nabuchodonosor assiégeait la ville en vain pendant treize ans, de 585 à 572. »

TYR, AU PLUS HAUT DE SA FORTUNE, S’EFFONDRE SOUS SA PROPRE REVOLTE

« Tyr, c’est toi qui as dit Moi je suis parfaite en beauté ! Tes frontières étaient au cœur des mers. Tes constructeurs avaient parachevé ta beauté. Ils avaient construit pour toi en cyprès de Senir tous tes bordages. (…) Tous les navires de la mer et leurs marins étaient chez toi pour assurer ton commerce. La Perse, Loud et Pout faisaient partie de ton armée ; ils étaient tes hommes de guerre. (…)
Edom était ton fournisseur ; à cause de l’abondance de tes produits il pourvoyait tes marchés en malachite, pourpre rouge, broderies, byssus, corail et rubis. Judas et le pays d’Israël trafiquaient avec toi ; ils pourvoyaient ton commerce en blé de Minnith, en millet, en miel, en huile et en résine. (…)
Tu t’es emplie et tu es devenue très pesante au cœur des mers. Tes richesses, tes réserves, ton commerce, ceux qui réparaient tes avaries et qui assuraient ton commerce et tous tes hommes de guerre qui étaient chez toi, avec toute la foule qui était au milieu de toi, tomberont au cœur des mers quand tu couleras.
Au son des clameurs de tes marins les vagues seront soulevées. Alors descendront de leurs navires tous ceux qui manient les rames ; les mariniers et tous les matelots de la mer s’arrêteront à terre. Ils feront entendre leur voix à ton sujet et crieront amèrement ; ils lanceront de la poussière sur leur tête et se rouleront dans la cendre. (…)
Ils entonneront à ton sujet un chant funèbre : qui a été réduit au silence comme Tyr au milieu de la mer ? Quand tes réserves étaient débarquées des mers, tu rassasiais des peuples nombreux. Par l’abondance de tes richesses et de tes produits commerciaux, tu enrichissais les rois de la terre.
A présent (…) les rois sont secoués d’un frisson et les visages sont accablés. Les marchands parmi les nations sifflent à cause toi : tu es devenue un objet d’épouvante ; à jamais tu seras abolie » EZECHIEL XXVII

Prophétie d’Ezéchiel :

« La onzième année, le premier jour du mois, la parole de l’Éternel me fut adressée, en ces mots : Fils de l’homme, parce que Tyr a dit sur Jérusalem : Ah ! ah ! Elle est brisée, la porte des peuples ! On se tourne vers moi, Je me remplirai, elle est déserte ! A cause de cela, ainsi parle le Seigneur, l’Éternel : Voici, j’en veux à toi, Tyr ! Je ferai monter contre toi des nations nombreuses, Comme la mer fait monter ses flots. Elles détruiront les murs de Tyr, Elles abattront ses tours, Et j’en raclerai la poussière ; Je ferai d’elle un rocher nu ; Elle sera dans la mer un lieu où l’on étendra les filets ; Car j’ai parlé, dit le Seigneur, l’Éternel. Elle sera la proie des nations. Ses filles sur son territoire Seront tuées par l’épée. Et ils sauront que je suis l’Éternel. Car ainsi parle le Seigneur, l’Éternel : Voici, j’amène du septentrion contre Tyr Nebucadnetsar, roi de Babylone, le roi des rois, avec des chevaux, des chars, des cavaliers, et une grande multitude de peuples. Il tuera par l’épée tes filles sur ton territoire ; il fera contre toi des retranchements, il élèvera contre toi des terrasses, et il dressera contre toi le bouclier. Il dirigera les coups de son bélier contre tes murs, et il renversera tes tours avec ses machines. La multitude de ses chevaux te couvrira de poussière ; tes murs trembleront au bruit des cavaliers, des roues et des chars, lorsqu’il entrera dans tes portes comme on entre dans une ville conquise. Il foulera toutes tes rues avec les sabots de ses chevaux, il tuera ton peuple par l’épée, et les monuments de ton orgueil tomberont à terre. On enlèvera tes richesses, on pillera tes marchandises, on abattra tes murs, on renversera tes maisons de plaisance, et l’on jettera au milieu des eaux tes pierres, ton bois, et ta poussière. Je ferai cesser le bruit de tes chants, et l’on n’entendra plus le son de tes harpes. Je ferai de toi un rocher nu ; tu seras un lieu où l’on étendra les filets ; tu ne seras plus rebâtie. Car moi, l’Éternel, j’ai parlé, dit le Seigneur, l’Éternel. Ainsi parle à Tyr le Seigneur, l’Éternel : Au bruit de ta chute, Quand les mourants gémissent, Quand le carnage est dans ton sein, Les îles tremblent. 16 Tous les princes de la mer descendent de leurs trônes, Ils ôtent leurs manteaux, Et quittent leurs vêtements brodés ; Ils s’enveloppent de frayeur, et s’asseyent sur la terre ; A chaque instant l’épouvante les saisit, Et ils sont consternés à cause de toi. Ils prononcent sur toi une complainte, et te disent : Eh quoi ! tu es détruite, Toi que peuplaient ceux qui parcourent les mers, Ville célèbre, qui étais puissante sur la mer ! Elle est détruite avec ses habitants, Qui inspiraient la terreur à tous ceux d’alentour ! Maintenant les îles tremblent au jour de ta chute, Les îles de la mer sont épouvantées de ta fin. Car ainsi parle le Seigneur, l’Éternel : Quand je ferai de toi une ville déserte, Comme les villes qui n’ont point d’habitants, Quand je ferai monter contre toi l’abîme, Et que les grandes eaux te couvriront, Je te précipiterai avec ceux qui sont descendus dans la fosse, Vers le peuple d’autrefois, Je te placerai dans les profondeurs de la terre, Dans les solitudes éternelles, Près de ceux qui sont descendus dans la fosse, Afin que tu ne sois plus habitée ; Et je réserverai la gloire pour le pays des vivants. Je te réduirai au néant, et tu ne seras plus ; On te cherchera, et l’on ne te trouvera plus jamais, Dit le Seigneur, l’Éternel. (…) »

« Histoire de la Phénicie » de Josette Elayi :

« La révolte des esclaves de Tyr

(…) La multiplication des guerres des Perses, auxquelles Tyr est contrainte de participer, entraîne une grosse augmentation des frais militaires, surtout les défaites navales qui nécessitent la reconstruction de la flotte de guerre. par rapport à Sidon, Tyr a subi en outre l’expédition d’Evagoras 1er de Salamine et les préparatifs militaires perses en vue des campagnes d’Egypte, qui ont lieu surtout dans son territoire. Mais c’est un autre événement, survenu au cours de la même période, qui est la principale cause des difficultés de Tyr : une sanglante révolte d’esclaves.

Elle est racontée en détails par Justin. Bien que cet historien latin ait vécu plusieurs siècles après l’événement, son récit contient des détails précis qui tendent à prouver son authenticité. De plus, il est confirmé par un oracle grec, une inscription phénicienne et des légendes monétaires.

La révolte éclate pendant la première moitié du IVème siècle, alors que les Tyriens sont las d’avoir si longtemps combattu pour les Perses. Les esclaves sont nombreux dans la cité, et entraînés à se battre car ils ont sans doute suivi leurs maîtres à la guerre. Ils profitent de la fatigue de ces derniers pour les massacrer. Aussitôt libres, ils s’emprèssent de se marier et de procréer des enfants de condition libre, ce qui leur était interdit en tant qu’esclaves. Ils s’emparent des maisons de leurs maîtres, eux qui n’avaient auparavant pas de biens propres.

Un seul maître nommé Abdashtart (Straton) est épargné et dissimulé par son esclave, ainsi que son jeune fils… Il est déigné roi de Tyr par les esclaves… L’épisode de la révolte des esclaves de Tyr et l’élection d’Abdashtart a sans doute eu lieu entre 354 et 350, d’après les légendes monétaires. »

Dans « Histoire universelle », le récit de l’historien Justin

Dans « Histoire de la Phénicie » de Josette Elayi

La révolte des esclaves de Tyr dans « Histoire du peuple : lutte et triomphe de la démocratie »par Thavenet-Bellevue

Dans « Carthage et les Grecs » de Véronique Krings

Dans « Géographie ancienne de Mentelle Edme

Le récit de la révolte des esclaves de Tyr contre leurs maîtres (chapitres 49 et 50) dans la « Première chronique générale d’Espagne » d’Alphonse X (par Ménendez Pidal)

Dans « Discours sur la constitution de l’esclavage » de P. de Saint-Paul

Dans « Les mythes et les légendes de l’Inde et de la Perse » par Eugène Lévêque

Dans « Mémoires de littérature » de l’Académie Royale des inscriptions et belles lettres

Dans « Encyclopédie méthodique »

Dans « Recueil des voyages et de mémoires » par la Société de géographie

Dans « Révolutions en Palestine (Canaan) et en Israël antiques »

Dans « Révoltes et révolutions chez les Phéniciens et Cananéens »

Dans l’histoire de l’antique Tyr

Dans « La Revue Phénicienne »

Messages

  • Carthage, cité punique, fut fondée au IXème siècle avant Jésus Christ par les phéniciens. Ce n’est un mystère pour personne, tous nous le savons. Mais, ce que nous savons moins c’est : qui étaient ces Phéniciens. D’où venaient-ils et pourquoi ?
    Les Phéniciens, lorsqu’ils apparaissent dans l’Histoire, sortent de l’Arabie. C’est la bible qui la première nous les signale : ils habitaient alors chanaan et sont donc nommés chananées. Apparentés aux Hittiles, ils sont groupés, avec les Egyptiens, les Ethiopiens et les chaldées sous le nom de chamites, « fils de Cham ». Tandis que les Sémites ou fils de Sem réunissent les Assyriens, les Bédouins et les Hébreux sous la catégorie des Israelites et Ismaélites.

    • Le mythe Biblique est a reconstruire autour de sources fiables
      Les hebreux sont autant cananéens que les Chamites car ils descendent de la meme famille
      le dieu d Israel est un dieu Obscur cananéen de la tribu du Sinai Kenites descendant de Cham aussi
      Lire La Forge de Dieu de Nissim Amzallag
      Sem en effet est un fils de Noe comme Cham

      mais ce mythe est a déconstuire car il n’a fait que diviser.
      La réalité se trouve dans l’archeologie

      L’alep Bet Gimel
      Le plus vieux texte de l’alef bet a été trouvé dans le Sinai
      la stele de BAALAT

  • Cher lecteur, voici quelques éléments sur les Phéniciens et les Cananéens : lire ici

    Il semble que la division entre sem et cham oppose noirs en blancs dans l’Ancien Testament mais on n’est pas très sûrs.

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