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Comment nous allons-nous défendre les retraites, les aides sociales, la sécu, les emplois et les services publics ?

vendredi 27 septembre 2019, par Robert Paris

Comment nous allons-nous défendre les retraites, les aides sociales, la sécu, les emplois et les services publics ?

Le gouvernement affirme que la nouvelle réforme des retraites n’aurait rien à voir avec les multiples précédentes « réformes » et que, cette fois, les caisses seraient pleines : il s’agirait « seulement d’un souci d’égalité » ! Egalité de qui avec qui ? Des retraités les plus démunis avec les retraites chapeaux des PDG, d’accord ! Des plus pauvres avec les milliardaires qui sont plus riches que jamais ? Pensez-vous ! Des salariés retraités avec ceux qui gagnent les pensions les plus élevées ? Pas du tout ! Le souci d’égalité, c’est vers le bas qu’il se fait ! On uniformise vers le minimum de pension, vers le maximum de trimestres nécessaires, vers la réduction des dates de départ. Ces contre-réformes cachent mal qu’il s’agit de vider des caisses de retraites pour financer l’effondrement du capitalisme en distribuant des milliards aux marchés financiers ! On videra ainsi les caisses particulières comme celle de la RATP ou les caisses complémentaires, pour donner l’argent aux spéculateurs, d’ailleurs sans que cela empêche le système capitaliste de chuter après-demain au lieu de demain. Et le but est le même que pour les privatisations qui cassent les services publics afin de renflouer les caisses de l’Etat et que celui-ci distribue l’argent aux marchés financiers…

Du coup, il ne peut y avoir d’un côté une lutte à la RATP et de l’autre une lutte à la SNCF, ni d’un côté une lutte pour les retraités et de l’autre pour les chômeurs, d’un côté pour les travailleurs de Renault et de l’autre de PSA, d’un côté l’hôpital et de l’autre la psychiatrie. Votre bras gauche ne peut pas ignorer l’existence de votre bras droit, ni votre cerveau gauche, votre cerveau droit. La classe ouvrière non plus ne peut se dissocier ainsi à moins de se détruire.

Les réformes des retraites, en réalité toutes des contre-réformes, se sont succédé : 1993, 2003, 2007, 2010, 2013 et maintenant les projets de 2019. A chaque fois, les gouvernants ont prétendu négocier, entendre les avis des syndicats et de la population et… « résoudre le problème ». Mais, à part leurs prétendues « réformes », où est en fait le problème, sinon que la classe possédante ne se voit pas maintenir un niveau social des inactifs dans les années à venir comme il était dans le passé. Elle réclame une désindexation des pensions, une augmentation de la durée légale de cotisation et un recul de l’âge légal, une baisse du poids fiscal des retraites sur le grand capital et une hausse pour la population, etc.

La démographie est présentée comme la cause première de la nécessité de ces réformes. En réalité, c’est la crise historique du système capitaliste qui rend ces contre-réformes, avec un recul social considérable, indispensables aux classes possédantes. C’est pour cette raison que tout le système social s’effondre progressivement, les retraites n’étant en cela pas différentes des allocations chômage, des aides sociales et de tous les services sociaux qui, tous, chutent lamentablement d’année en année. Les hommes nés en 1940 sont partis en retraite à 60 ans avec 80% de leur salaire, ceux nés en 1950 sont partis à 61 ans avec 70% de leur salaire, ceux nés en 1980 devraient partir, si le système ne s’est pas définitivement effondré d’ici là, à 64 ans avec un revenu amputé d’un tiers.

La logique, devant de telles annonces, aurait dû être un mouvement général des salariés, une véritable explosion de révolte, relançant le mouvement des gilets jaunes. Ne comptez pas sur les appareils réformistes pour cela !

Vendredi de la semaine dernière, les syndicats appelaient à une journée de grève de la RATP. Elle était très suivie, mais à quoi sert une seule journée de grève d’une seule corporation même si elle est très suivie ? Sinon à faire en sorte que la colère ouvrière ne mène à rien !!! Les agents du métro étaient suivis par bien d’autres professions du public et du privé. Comment ne pas unir tous les salariés contre la réforme des retraites ? Les syndicats ont la réponse : la RATP c’est juste un jour le 13 septembre. Puis c’est EDF le 19 septembre. Seulement un jour. Puis c’est FO tout seule le 21 septembre. Puis c’est la SNCF le 24 septembre. Une seule journée d’inaction et d »inefficacité,. etc. etc... Devant une telle stratégie de la division, le patronat et le gouvernement ne tremblent pas !!!

En même temps que les Urgences se battent, seules, que l’hôpital public se défend seul, la psychiatrie seule, les EPHAD seules, les salariés d’EDF contre le démantèlement seuls, les aéroports seuls contre la privatisation, les attaquent, elles, sont générales, mettent en cause les retraites de tous, les emplois de tous, les services publics de tous !

Pourtant, ce n’est pas demain que les appareils syndicaux lanceront la lutte des classes !!! Il faudra le faire nous-mêmes comme les Gilets jaunes !!! Les appareils syndicaux ne se contentent pas d’appeler à des journées d’inaction alors que celles-ci ont démontré que les classes dirigeantes ne les craignent pas. Ils ne se contentent pas de diviser les luttes et même de les saucissonner. Ils font plus : ils combattent de manière active et militante contre… l’auto-organisation des travailleurs ! Les assemblées interprofessionnelles (qu’ils avaient acceptées contraints et forcés en 1995) ou toute autre forme de coordination inter-entreprises et inter-secteurs (comme celle des Urgences), ils sont virulemment contre. Les comités de grève, les conseils de travailleurs ou toute forme de décision ne passant pas par les syndicats, ils affirment qu’elles seront manipulées par les patrons et le gouvernement, ou par l’extrême droite ou par l’extrême gauche. En tout cas, ils restent persuadés, ces appareils bureaucratiques, d’être la seule existence possible d’une organisation des travailleurs. Mais il y a belle lurette qu’ils ne le sont plus. Leurs dirigeants passent leur vie dans des réunions d’organismes d’Etat, avec les patrons et les gouvernants et ne parlent jamais aux travailleurs du rang. Cela ne les empêche pas de décider, à la place des travailleurs, ce qui est négociable et ce qui ne l’est pas. C’est cela, entre autres, que le mouvement des gilets jaunes a contesté en s’organisant par lui-même en comités de ronds-points, en assemblée de discussions et de décisions. Que les travailleurs en lutte ou en révolte décident d’élire eux-mêmes des délégués ou des représentants dans le feu de l’action, contrôlables et révocables, ils sont ouvertement contre. Que les travailleurs eux-mêmes puissent décider ce qui est négociable et ce qui ne l’est pas, comme avaient tenté de l’imposer les personnels de l’hôpital public en lutte, ils se dressent contre et on les a vus négocier avec Hirsch alors que les personnels manifestaient que « ce n’est pas négociable » !!

Alors que les attaques contre les salariés dépassent largement le secteur public, l’unité public/privé n’est pas réalisée par les appareils syndicaux. Les travailleurs de toute l’Automobile se menacés en cette rentrée : Renault, Nissan, PSA ou Ford et bien d’autres s’apprêtent à attaquer mais aucun plan d’ensemble n’est proposé pour lutter alors que des travailleurs américains de l’Automobile ont commencé la lutte, y compris en s’organisant de manière indépendante des appareils syndicaux bureaucratiques et corrompus des USA. Les enseignants américains en font de même.

La nouvelle attaque contre les retraites n’a pas amené ces appareils réformistes à proposer une lutte générale ni une forme nouvelle d’organisation des travailleurs par eux-mêmes. Si le gouvernement y va prudemment sur la question des retraites, c’est parce qu’il craint non pas les réactions des directions syndicales mais celles des travailleurs eux-mêmes : les gilets jaunes n’ont pas désarmé et il suffit de peu de chose pour que toutes les colères fusionnent en une large révolte, avec aussi la perspective de hausse des carburants, avec la crise financière et bancaire également menaçante pour tous les travailleurs et les milieux populaires. C’est bel et bien une révolte du type des gilets jaunes que les gouvernants craignent sur la question des retraites, de l’hôpital public, de l’Automobile, d’EDF, des Aéroports et on en passe…

Les dizaines de milliards de dollars qui sont déversés par les banques centrales sur les marchés financiers depuis l’effondrement de mardi dernier nous montrent que tous les sacrifices sociaux imposés aux travailleurs n’ont nullement permis d’en finir avec la menace d’une crise finale du capitalisme. Au contraire, elle se profile plus que jamais. Le fossé entre des riches de plus en plus riches et des pauvres de plus en plus pauvres se creuse plus que jamais. La réforme des retraites, pas plus que la réforme des impôts, ou les privatisations des services publics ne vont certainement pas combler ce fossé grandissant.

Alors, la vraie question à discuter entre nous, travailleurs, est bien celle-ci : comment allons-nous nous organiser pour débattre de la situation, des revendications, des moyens de lutter, des liens avec les autres secteurs en lutte ou qui envisagent de s’y mettre.
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