Accueil > 16- EDITORIAUX DE LA VOIX DES TRAVAILLEURS > Vers un nouveau Mai 1966, Mai 1968... ou Mai 1906 ?

Vers un nouveau Mai 1966, Mai 1968... ou Mai 1906 ?

mardi 21 février 2023, par Alex, Waraa

Les révolutionnaires ont-ils leur place dans un mouvement dirigé par une intersyndicale réformiste

Un des caractères frappants de la série de « journées d’action », avec grève et défilés syndicaux, initiées par l’intersyndicale le 10 janvier 2023, c’est le caractère massif des manifestations qui ont lieu dans de nombreuses communes petites ou moyennes où l’on n’avait jamais vu de manifestation depuis des années.

Ce seul caractère fait que les révolutionnaires et les travailleurs conscients ont leur place dans ces journées d’action, auxquelles une masse de travailleurs participent. Cela est d’autant plus important que l’extrême gauche opportuniste, favori des grand media comme Poutou et Besancenot pour le NPA, Arthaud et J-P Mercier pour LO, Kazibe pour RP jouent aux côtés de la gauche réformiste de LFI, l’opposé d’une politique révolutionnaire, se contentant d’appeler les travailleurs à être les participants les plus actifs de ces journées, tout en restant complètement passifs politiquement. Les travailleurs conscients ont autant de raisons de vouloir participer aux manifestations que de les boycotter.

Un mouvement de type Mai 1966

Le premier mensonge de ces faux révolutionnaires de LO, NPA, et RP, est de présenter ce mouvement comme LA guerre de classe qui aurait démarré, que la classe ouvrière aurait déclenchée, « forçant » l’intersyndicale à prendre des initiatives. En « offrant » sous forme de flatteries, la paternité de ce mouvement à la classe ouvrière, au « monde du travail » et non aux bureaucrates qui s’expriment en son nom, ces révolutionnaires, fidèles à un procédé stalinien, attribuent d’avance l’échec possible du mouvement aux travailleurs, car d’eux seuls, de l’ampleur de leur mobilisation, dépendrait le succès du mouvement

N. Arthaud écrivait les 8 et 13 février : « Depuis le 19 janvier, nous sommes engagés dans un bras de fer pour empêcher le report de l’âge de la retraite à 64 ans », puis « Aussi unitaires soient-ils, les appels des centrales syndicales ne sont rien si les travailleurs n’en font pas leur combat. Alors, dès mardi, profitons-en pour constituer des équipes de travailleurs combatifs capables d’entraîner les autres » L’intersyndicale, qui de fait dirige le mouvement, n’est jamais nommée ! Le fait que c’est cette intersyndicale, par son communiqué du 10 janvier, et non pas « Nous », le 19 janvier qui a déclenché le mouvement, est noyé dans un verbiage guerrier qui culmine dans la formule du 13 février, faussement radicale, de N. Arthaud : « La seule guerre que nous avons à mener, c’est la guerre pour nos intérêts de travailleurs ! » Mensonge, une autre guerre, contre les directions réformistes de tout mouvement, sera aussi à mener ! La guerre contre le réformisme, c’est-à-dire contre les agents bourgeois du mouvement ouvrier (les sommets des CGT, CFDT, SUD, PS, PC,LFI, EELV).

Cette « défense des intérêts des travailleurs », le slogan phare de Lutte Ouvrière, n’est que l’article 1 des statuts de tout syndicat de salariés. Par cette formule, LO comme toute l’extrême gauche laisse entendre qu’elle n’est pas candidate pour contester le caractère purement syndical réformiste qu’a pris jusqu’à ce jour ce mouvement, dont la physionomie est bien plus modérée que celui des Gilets jaunes.

Les esclaves de Rome derrière Spartacus ne défendaient pas les "intérêts des esclaves", mais l’abolition de l’esclavage. Lors de grandes Jacqueries du Moyen-âge les serfs ne défendaient pas les "intérêt des serfs", mais se battaient pour l’abolition du servage. La CGT d’avant 1914, dont se réclame fallacieusement J-P Mercier à propos des retraites, revendiquait l’abolition du salariat, la défense des intérêts immédiats des travailleurs n’ayant de sens que dans cette perspective.

Au lieu de s’extasier devant l’« unité syndicale » et un mouvement qui serait « inédit », « historique », la véritable « guerre de classe », termes qui ont tous pour but d’effacer la mémoire de l’histoire des mouvements ouvriers, les révolutionnaires, qui savent que toute intersyndicale est un ramassis de bureaucrates qui trahiront le mouvement qu’ils lancent, est de rappeler les précédents.

Un précédent du 10 janvier 2023 (appel de l’intersyndicale à la journée du 19 janvier), est un autre 10 janvier, celui de 1966. La CGT et la CFDT conclurent un accord d’unité d’action, qui aboutit à des grèves et manifestations similaires à celles d’aujourd’hui, culminant le 17 mai 1966. C’est bien à un mai 1966 que ressemble le mouvement de l’intersyndicale contre la réforme des retraites.

Cette alliance inter-syndicale CGT-CFDT n’a donc rien de nouveau, c’est une constante, voire un trait fondateur de la république bourgeoise de France depuis 1945. Elle remonte au Comité inter-confédéral d’Entente entre la CGT et la CFTC en 1944. Plus loin, elle remonte à l’Union sacrée de 1914 : c’est la participation des syndicats à la prétendue "démocratie sociale", le maintien de la classe ouvrière sous la tutelle de l’Etat bourgeois, par l’intermédiaire des ouvriers réformistes. Cette « démocratie sociale » ou « économique » est la démocratie bourgeoise qui eut besoin d’embrigader la classe ouvrière dans la guerre impérialiste, dixit Léon Jouhaux : : « De la guerre doit sortir non seulement un développement de la démocratie politique dans le monde mais une diminution des inégalités économiques dans ce pays ; la fin des hostilités doit marquer l’avènement de de la démocratie économique en France. La classe ouvrière a conquis le droit de faire entendre sa voix dans l’institution des règlements et conditions qui régiront demain le travail. » Faire entendre sa voix dans les institutions de la bourgeoisie, telle est l’illusion proposée par les réformistes aux travailleurs, inaugurée dans un bain de sang, mais en échange de postes et de médailles. C’est cette pseudo démocratie économique qui est mise en œuvre par l’intersyndicale. Les révolutionnaires peuvent y participer, comme aux institutions bourgeoises, mais dans le seul but de s’en servir de tribune .... pour dénoncer ces institutions.

P. Martinez l’a bien résumé lors d’une manifestation à Albi : « Ce n’est pas la rue qui s’exprime, c’est le monde du travail qui fait pression sur les députés ». Ce type de mouvement est donc un appel aux travailleurs à participer au « crétinisme parlementaire ». C’est en s’opposant à ce type de mouvement, que s’est formée la CGT avant 1914 : n’attendant rien des "pouvoirs publics", des "lois ouvrières", le mouvement ouvrier opposa à ce type de mouvement l’« action directe », la lutte de classe menée directement contre les patrons, sans passer par l’intermédiaire du gouvernement ou du parlement.

Besancenot et Arthaud à l’école des staliniens

De « chair à manif » pour les organisations syndicales, les travailleurs participant aux mouvement syndicaux sont également destinés à servir de « chair à élection » pour les organisations politiques de gauche.

L’éminent stalinien G. Seguy l’expliquait sans fard lors du Congrès 1972 de la CGT : « il est bien connu que l’évocation de l’unité sur le plan syndical ne peut être, dans un pays comme le nôtre, séparée des questions de l’unité sur le terrain politique et plus concrètement de l’unité de la gauche. Cela ne procède pas d’un choix, mais de la reconnaissance d’une réalité. Les progrès de l’unité syndicale favorisent l’évolution positive de l’unité politique et réciproquement »

Cela motivait l’accord de 1966 avec la CFDT car Krasucki déclarait dès 1967 : « Pour l’immédiat, il est évident que l’action syndicale pour les grands objectifs, tels que la Sécurité sociale ou l’Emploi, sera plus efficace si elle s’accompagne d’un puissant mouvement populaire et si les syndicats s’entendent à cet effet avec l’ensemble des formations politiques de gauche. » Le 24 février 1968 était publiée une « plate-forme minimum d’action commune » que François Mitterrand (FGDS) et Waldeck Rochet (PC) présentent ensemble. Cette alliance politique du PC et du futur parti socialiste, mise en place à partir de 1966, était le double de l’alliance de la CGT avec la CFDT.

Sur cet accord du 24 février, le PCI, ancêtre de la LCR puis du NPA, écrivait à juste titre un article intitulé : « Un accord pour duper le mouvement ouvrier ».

Le retournement de l’extrême gauche d’aujourd’hui est illustré par son ralliement à une sorte de grand parti de gauche émanant du mouvement syndical. Par la formule suivante dans un communiqué, le NPA montre qu’il a bien compris la leçon, et répète sans les citer les mots de Séguy et de Krasucki : « Contre Macron et ses amis capitalistes, le NPA défend l’unité de toute la gauche sociale et politique. » Finie la dénonciation du PCI de 1968

N. Arthaud évoque de même ce « parti des travailleurs » qui devrait émerger d’un mouvement : « nous avons à poursuivre notre combat contre la retraite à 64 ans, le recul de nos salaires et des droits ouvriers.. Il faut le faire en ayant en tête la nécessité de reconstruire une force politique pour pouvoir, demain, refuser de servir de chair à canon dans la guerre que fomentent les capitalistes. » Mais cette formule est un piège pour la classe ouvrière si l’on ne lui ajoute pas : un des objectifs de ces mouvements de type « 1966 » est pour les intersyndicales de participer à la construction d’un courant politique réformiste, un parti dont l’objectif est de nous faire justement « servir de chair à canon dans la guerre que fomentent les capitalistes. » En 1914 la CGT avait joué ce rôle de soutien syndical au gouvernement d’Union sacrée, où entrèrent des socialistes. Si les révolutionnaires font leur travail, ce sont deux partis qui émergeront à l’issue de grands mouvements : l’un réformiste, l’autre révolutionnaire. Ce dernier ne pourra conquérir la majorité de la classe ouvrier qu’en formant les organes de « front unique » que sont des soviets, des comités de travailleurs auto-organisés, souverains.

Appeler à construire un parti révolutionnaire mais ne pas faire de l’agitation et de la propagande pour des soviets dans tout mouvement, c’est construire l’aile gauche d’un parti réformiste. C’est ce que fait le NPA de Besancenot ouvertement par son ralliement à LFI, LO de manière hypocrite derrière un verbiage anti-réformiste, mais tout autant anti-soviets.

Mai 1906 : un précédent à méditer

Certes, Mai 68 a balayé le souvenir de Mai 66 pour la majorité des travailleurs. L’extrême-gauche rappelle Mai 68 lors de tout mouvement, mais sans jamais fixer les tâches politiques qui en découlent. N’est-ce pas le 1er mai 1906 qui est un épisode qui peut le plus nous inspirer actuellement ? Le slogan « A partir du premier mai 1906, nous ne travaillerons que 8h » affiché sur la façade de la bourse du travail parisienne incarnait l’action directe : les ouvriers prenaient eux-mêmes leurs droits, sans attendre une loi du gouvernement. La journée de 8 heures ne fut accordée qu’en 1919, mais ce mouvement de 1906 marqua l’apogée de la CGT d’avant-guerre, fut un succès. Ce 1er mai 1906 fut préparé pendant près de deux ans, il est l’exemple d’une campagne syndicaliste révolutionnaire, que les syndicats ne mènent plus pour des mouvements comme celui des retraites. Avec l’adoption de la Chartes d’Amiens au congrès du même nom, la victoire, contre les socialistes parlementaires, des syndicalistes révolutionnaires. Pourtant, 1906 maque le début du déclin de la CGT, sans que la raison soit claire à l’époque.

Après coup, les raisons en sont claires. En 1907, les viticulteurs du Languedoc se soulèvent, la CGT ne réussit pas à créer une alliance avec le prolétariat agricole. En 1908, une révolution démocratique soulève l’Iran, elle est réprimée par les britanniques et les russes, ces derniers soutenus par la Bourse de Paris. En 1912, les guerres balkaniques éclatent, prélude à 1914 où la CGT tombe massivement dans l’union sacrée.

Ces tâches que la CGT ne sut résoudre, liées à l’avènement d’une nouvelle époque, celle du stade impérialiste du capitalisme, elles le furent par les révolutionnaires russes, qui s’adressaient aux paysans, avaient intégré la lutte contre les oppressions nationales dans leur programme, ainsi que la dénonciation de leur impérialisme.

Ces trois problèmes sur lesquels butta la CGT se posent à nouveau à nous : celui du lien avec la révolution en Iran, le lien avec les paysans et travailleurs indépendants lors du mouvement des Gilets jaunes, et l’actuel mouvement sur les retraites. La guerre en Ukraine est l’analogue de celle de Balkans il y a 110 ans : un prélude à une plus vaste guerre. Or, ni la CGT ni la gauche politique, ni l’extrême gauche ne prépare la classe ouvrière à une aucune de ces tâches.

Alors qu’attendre du mouvement présent ? Un des dirigeants du grand mouvement de 1906, Griffuelhes, donnait à ce mouvement le but apparemment modeste, mais en fait le plus élevé : « Il suffirait qu’au 1er Mai un fort mouvement se produisît sans trop de résultats appréciables. ce serait la première fois qu’un parti, en France, aurait pu poursuivre pendant dix-huit mois, une agitation et une propagande capables de mettre debout un nombre considérable de travailleurs. ce serait la démonstration de notre force. »

Le contenu de la propagande et de l’agitation indispensable pour que puisse s’exercer cette force, Lénine et Trotsky le donnèrent dès le premier congrès fondateur de la IIIème internationale. Se réclamant de la tradition de l’action directe, ils ajoutaient leur expérience des soviets : « Une des tâches les plus importantes pour les camarades des pays de l’Europe Occidentale consiste à expliquer aux masses la signification, l’importance et la nécessité du système des Soviets. » Puis « en qualité de fraction organisée des ouvriers et du Parti, nous tendons et devons tendre à obtenir la majorité dans les Soviets. Alors notre victoire sera assurée et il n’y aura plus de force en mesure d’entreprendre quoi que ce soit contre la révolution communiste. Autrement la victoire ne sera pas si facile à atteindre et ne sera pas de longue durée. »

Pour conclure

Il ne suffit pas de participer aux actions dirigées par des réformistes, il ne suffit pas de les faire réussir au-delà même des souhaits des réformistes pour que les travailleurs ouvrent de vraies perspectives de la lutte des classes. Car, dans cette dernière, les appareils syndicaux, même les plus "à gauche" ne sont pas seulement timides ou timorés, ce sont carrément des adversaires de classe. Nos luttes sont donc dirigées par nos ennemis ! Et ils sont directement liés à l’Etat capitaliste et à les patrons, notamment parce que ces derniers financent les appareils syndicaux.

Il ne faut se faire aucune illusion sur les possibilités de pousser des adversaires ou des ennemis. On ne les bat pas ainsi.

Pour les battre, il faut déployer ce qui fait notre force. L’essentiel n’est pas le nombre mais l’organisation sur des bases POLITIQUES de classe, c’est-à-dire les comités comme embryon et signe avant-coureur du pouvoir prolétarien.

Pour les battre, il faut aussi mettre sur la table ce qui fait que nous devons nous révolter, sans oublier la guerre mondiale qui menace, la guerre pandémique qui continue (même si on a cessé de faire des statistiques), la guerre sociale qui n’a pas comme seule couleur les retraites, mais aussi les salaires, les emplois, la santé, et aussi l’alliance que le prolétariat peut mener avec tous les opprimés et les exploités.

Alors oui, se contenter d’être nombreux à se promener derrière les centrales syndicales, c’est donner du crédit à nos ennemis de classe !

Les prétendus "radicaux" au sein des syndicats prétendent que l’essentiel serait de pousser à bloquer momentanément l’économie.

La force de la classe ouvrière n’apparaît que si elle menace la direction politique de la société par les capitalistes et pas seulement qu’elle arrête momentanément une économie qui menace de s’arrêter par ses propres contradictions.

Cette force prolétarienne, ce sont les gilets jaunes qui l’avaient car, en permettant aux prolétaires de s’auto-organiser, ils menaçaient justement la direction politique des capitalistes, les comités et les assemblées du peuple étant des organes potentiels de double pouvoir. Si cela ne s’est pas produit, c’est parce que le rempart syndical et de gauche a empêché les gilets jaunes d’entrer dans les entreprises et de s’y implanter.

Les classes dirigeantes ont plus peur de cent travailleurs auto-organisés que de mille et même dix mille travailleurs qui se promènent sagement derrière les sonos syndicales.

De nombreux travailleurs posent la question : comment faire reculer le gouvernement ? La réponse des syndicats, de la gauche et de l’extrême gauche opportuniste est : en leur faisant payer cher leur refus par le coût de la grève. Notre réponse : en leur faisant payer infiniment plus cher, en leur faisant craindre de perdre le pouvoir, la grève renforçant les potentialités révolutionnaires du prolétariat en construisant les débuts du pouvoir autonome des travailleurs, des comités de travailleurs qui ne se contentent pas de « faire payer les patrons » mais contestent leur pouvoir.

Messages

  • Que suggérons nous, que proposons nous, qu’exigeons nous des appareils syndicaux et des réformistes politiques, quels buts, quels moyens, quels méthodes, quels modes d’action, quelle radicalité ? Aucun ! Nous ne discutons de leurs méthodes et moyens que pour souligner que le peuple travailleur doit s’auto-organiser et ne pas suivre ces faux amis, pas pour les conseiller, ni les pousser et surtout pas laisser croire que, sous la pression, ils peuvent agir dans le bon sens !

  • Un caractère à souligner dans la prétendue "mobilisation syndicale", c’est son caractère national et nationaliste alors que le problème est international et que la mobilisation réelle l’est aussi !

  • Lutte Ouvrière profite de l’unité syndicale pour participer à l’union politique. Les critiques contre LFI ont disparu, JP Mercier défend le député LFI Portes :

    https://www.lutte-ouvriere.org/multimedia/interventions-tv-et-radio/jean-pierre-mercier-sur-la-reforme-des-retraites-et-lexclusion-du-depute-portes-497360.html

    Au lieu de cela, il aurait pu dire : Portes et Woerth, c’est une dispute entre amis, entre serviteurs de la bourgeoisie française. Lorsque de vraies têtes étaient coupées au Rwanda en 1994 avec des machettes fournies par le gouvernement français, ni cette gauche ni cette droite ne s’y sont opposés. Portes a une écharpe tricolore, tant mieux, ce drapeau n’est plus celui des travailleurs, Blanqui avait déjà expliqué qu’il était couvert du sang ouvrier.

    Mais Mercier est délégué syndical pour SUD, une partie de ceux qui l’ont nommé sont à LFI, il n’a pas le droit de critiquer le patron, c’est dans son contrat. Au lieu d’écrire "les bureaucrates de SUD n’accepteraient pas", LO écrira : “les travailleurs ne comprendraient pas.”

  • Alors que le NPA-Poutou se vautre en public dans l’union politique avec la gauche parlementaire, le NPA-Fraction l’Etincelle le fait à la manière de LO, de façon masquée. Quand la Fraction écrit :

    Les politiciens tentent de faire diversion

    En attendant, la machine parlementaire est lancée. On connait la chanson : une pluie d’amendements, des effets de manche, des négociations en coulisses… et la loi immigration bientôt présentée par le ministre de l’Intérieur, Darmanin, pour allumer un contre-feu raciste à notre mobilisation. Ça ne prendra pas ! L’arme des travailleurs, c’est la grève !

    Il n’y a rien à attendre des palabres au Parlement

    https://www.convergencesrevolutionnaires.org/On-ira-jusqu-au-bout

    un paragraphe dénonçant la gauche politique serait de rigueur.

    La formule "Il n’y a rien à attendre des palabres au Parlement" permet à la Fraction d’éluder cette discussion. Est-ce que la majorité des travailleurs pense vraiment que "Il n’y a rien à attendre des palabres au Parlement." ? Cela voudrait dire que la majorité des travailleurs ne croient plus dans ce régime, une partie des illusions réformistes seraient tombées. Or c’est faux !

    L’objectif de l’intersyndicale est ouvertement de peser sur les "palabres" du parlement. Une grande partie des manifestants sont des travailleurs qui ont voté Mélenchon, ils veulent croire encore dans ces palabres parlementaires en élargissant à "la rue" la scène où elles ont lieu, en y participant eux-mêmes. Tant qu’elles sont menées par l’intersyndicale, ces manifestations sont elles-même des palabres parlementaires.

    La Fraction prétendait que ce qui distingue son NPA de l’autre, c’est le refus de s’allier avec LFI, mais la Fraction le fait seulement de manière hypocrite, centriste, au moyen du "mensonge par omission", ce qu’il y a de pire concernant la conscience des travailleurs.

  • L’intersyndicale se gargarise qu’elle va « mettre la France à l’arrêt » mais elle ne promet en réalité qu’une journée de blocage. Les capitalistes n’en tremblent pas. Et on les comprend. Tant que les capitalistes ne tremblent pas, Macron n’a aucune raison de céder, même s’il y a follement de monde dans les rues ou en grève.

    https://www.liberation.fr/economie/social/lintersyndicale-appelle-a-mettre-la-france-a-larret-le-7-mars-20230221_BA7NWNW4Q5EWRAMFZFHLX2EMZY/

  • Mais quelle raison de penser que les travailleurs pourraient faire autrement peur aux capitalistes ?

  • Eh bien, la meilleure preuve, c’est que le patronat n’est pas chaud partisan de cette contre-réforme des retraites, contrairement aux précédentes.

    https://www.latribune.fr/economie/france/retraites-pourquoi-le-patronat-soutient-si-peu-la-reforme-du-gouvernement-947211.html

  • Pourquoi penser que Martinez (CGT) ne peut pas mener à bon port une lutte pour la défense des retraites ?

    • Toto, pourquoi le chef de la CGT ne peut rien pour le prolétariat ? Car c’est la bourgeoisie qui le contrôle et lui dicte ses choix...pas les travailleurs en lutte.
      Martinez n’a jamais rien dirigé et surtout pas ses propres luttes quand il était lui même grèviste chez Renault...alors dirigée celle en 2013..si mais dans le mur .
      Ce n’est pas Martinez le problème mais l’outil syndical..qui est cassé depuis bien longtemps !

  • En programmant deux manifestations consécutives, les directions syndicales sont quasiment sures d’obtenir deux résultats :

    1. L’assèchement financier progressif des manifestants puisque trois journées de salaires auront été perdues

    2. La certitude d’obtenir, pour l’une des manifestations, moins de monde que pour la précédente !

    Ce que l’intersyndicale évite soigneusement, c’est de provoquer une montée de la lutte : on défile, et point barre. Le gouvernement refuse de céder ? C’est qu’il est méchant, on n’y peut rien ! :) C’est la fatalité ... etc.

    Une fois la dynamique de la mobilisation affaiblie nous entrerons dans une spirale descendante. En 2010 il avait fallu pas moins de six très grandes grèves avant d’en arriver là. Il nous en reste encore trois avant que la loi ne soit votée et les gens définitivement découragés.

    Et on peut compter sur la propagande bourgeoise pour accélérer ce phénomène à coups de "moins de grévistes", "les salarié.es se résignent", "des manifestations en baisse", etc.

    Deux évènements pourraient annihiler ce processus mortifère ce serait :

    • L’irruption de la jeunesse dans la rue, mais avec la multiplication des examens partiels et une répression omniprésente la chose n’est pas si simple.

    • L’apparition de plusieurs grandes grèves reconductibles simultanément, ce qui donnerait un signal clair pour tous les secteurs qui hésitent ou qui sont dans la difficulté pour mobiliser.

    Et je crois aussi que gouvernement et intersyndicale vont se surpasser pour essayer d’empêcher que cela arrive. Notamment en agissant secrètement pour dissuader les directions syndicales sectorielle de se coordonner (dans l’intérêt des travailleurs bien évidemment lol)

  • Fantastiques, ces bureaucraties syndicales qui prétendent ne pas faire de politique, empêchent que les luttes des travailleurs jouent un rôle politique, et ont toutes appelé à voter Macron !

  • Philippe Martinez appelle à la grève "partout, partout, partout" le 7 mars...

    https://www.bfmtv.com/economie/retraites-philippe-martinez-appelle-a-la-greve-partout-partout-partout-le-7-mars_VN-202302130275.html

    Comme si une journée sans travail était autre chose qu’un jour officiel de fête, c’est-à-dire rien de bien gênant pour la bourgeoisie !

    • Nous n’avons pour l’instant donner qu’une, deux ou 3 journées aux patrons , rien de plus.
      Tant que les centrales sont à l’initiative, il n’y aura aucun mouvement sérieux de lutte, de grève, ni même de protestation.
      Défiler, n’est qu’une autre manière de rester sous le contrôle des syndicats qui n’ont jamais voulu renverser le pouvoir, ni même lui faire peur.
      Pour ces pro de la journée d’action que l’on devrait renomer d’emblée "inaction", il faut au contraire respecter l’idée de la domination d’une classe sociale, celle de la bourgeoisie , sur le prolétariat.
      Tout le rôle des syndicats est de protéger la sacrosainte "entreprise capitaliste" des risques d’un mouvement ouvrier indépendant, de type gilet jaune.
      Le rôle des révolutionnaires en entreprise n’est pas absolument de "construire le syndicat" mais au contraire d’en relever les contradictions actuelles qui durent depuis plus d’un siècle !
      La CGT avant la 1ere guerre mondiale se battait pour la libération du prolétariat et surtout ne battait pas en retraite devant le patronat : il n’était pas question de payer avec l’argent des ouvriers pour une retraite qu’ils ne toucheraient jamais !
      La CGT actuelle se bat pour que les ouvriers creusent leur propre tombe...et se couche devant le cadavre capitaliste.
      Les révolutionnaires doivent revenir aux fondamentaux et pas seulement une fois par an dans un stage entre eux, mais au quotidien avec nos camarades, nos collègues, avec nos frères et soeurs de lutte.
      Chaque discussion, chaque prise de parole, de position, chaque tract, bulletins, echo, journal , doit être l’occasion de contrer la propagande et l’agitation réformiste procapitaliste qui est un poison mortel à long terme.

  • Pour la Fraction l’Etincelle (qui garde son nom de Fraction, alors qu’elle n’en est plus une), c’’est seulement la CFDT qui est "réformiste" et veut limiter la journée du 7 mars, contrairement à la CGT :

    Alors il va falloir un mouvement qui ne soit pas « maitrisé », contrairement à ce que dit Laurent Berger, c’est-à-dire corseté par les directions syndicales. Il va falloir un peu de « bordel » mis par des millions de travailleurs qui ont la rage. Le 7 mars ne pourra pas en rester à une grève « carrée », un simple baroud d’honneur, il devra être un début de grève générale. N’en déplaise à Laurent Berger et à ses nombreux adeptes dans une gauche soumise – toutes tendances confondues – aux intérêts du patronat.

    Olivier Belin, le 22 février 2023

    https://www.convergencesrevolutionnaires.org/La-gauche-et-la-reforme-des-retraites-une-guerre-en-paroles?navthem=1

    Comment se donner un révolutionnaire, en ne faisant que suivre l’intersyndicale, par la magie du verbe ? La Fraction donne le procédé : parler d’un mouvement "corseté par les directions syndicales" au lieu de dire clairement : un mouvement "initié, organisé et donc naturellement corseté par les directions syndicales".

  • Le NPA-Fraction l’Etincelle, est un des groupes de l’extrême-gauche opportuniste qui aurait dû recevoir le César de "la meilleure fantaisie", en présentant le mouvement contre les retraites comme de la "pure lutte de classe" (dixit son NPA jeunes), mais en expliquant l’absence de "profondeur" du mouvement (AG de grévistes), par son caractère ... trop profond :

    En contraste avec le raz-de-marée de cette mobilisation marquée aussi par la participation de jeunes, la situation a accusé un net déficit de participation à des assemblées générales et piquets de grévistes. Les difficultés pour se déplacer, du fait de la profondeur de la grève elle-même, en étaient certainement une cause

    Vers la grève générale :

    https://www.convergencesrevolutionnaires.org/Retraites-salaires-chomage-on-ne-crevera-pas-pour-le-patronat-Vers-la-greve

    Après la phrase de Chirac : "trop d’impôt tue l’impôt", "trop de grève tue la grève" devrait rendre célèbre l’auteur Michelle Verdier, qui, se cachant derrière des artifices littéraires, ne veut pas nommer le caractère réformiste, bourgeois des directions syndicales.

  • Ils parlent de « mobilisation syndicale » mais nulle part ils n’organisent de vraies assemblées générales et encore moins des assemblées décisionnelles élisant des représentants dans des comités de lutte !

  • De « chair à manif » pour les organisations syndicales, les travailleurs participant aux mouvement syndicaux sont également destinés à servir de « chair à élection » pour les organisations politiques de gauche.

    L’éminent stalinien G. Seguy l’expliquait sans lors du Congrès 1972 de la CGT : « il est bien connu que l’évocation de l’unité sur le plan syndical ne peut être, dans un pays comme le nôtre, séparée des question de l’unité sur le terrain politique et plus concrètement de l’unité de la gauche. Cela ne procède pas d’un choix, mais de la reconnaissance d’une réalité. Les progrès de l’unité syndicale favorisent l’évolution positive de l’unité politique et réciproquement "
    Si Seguy le dit alors ..

  • Les centrales syndicales se moquent du monde en prétendant qu’une journée d’inaction, aussi massivement suivie soit-elle, suffira à faire reculer Macron et les classes possédantes !

    Par contre, une reprise des gilets jaunes serait la crainte principale que les classes dirigeantes voient dans le projet retraites de Macron.

  • C’est la convergence réactionnaire depuis les GJ..avec les gentils syndicats qu’il faut aider à se radicaliser.
    La convergence réformiste et opportuniste est en route depuis plus de 10ans suite à un refus de comprendre dans quelle situation sociale, politique et économique, le capitalisme nous place. Le capitalisme a chuté depuis 2008 et ne se relèvera jamais . L’illusion du fonctionnement "sans limite" du capitalisme est basée sur une économie de prédation du capital vers le travail. L’endettement à tous les niveaux des impérialismes est intenable et l’économie de guerre est l’unique perspective pour la bourgeoisie.
    Détruire les moyens industriels, les patrons le font depuis presque 1/2 siècles, mais l’accélération de la désorganisation interne du capitalisme avec un déplacement permanent des capitaux vers la finance et ses rendements en dents de scie , n’a jamais été aussi profond. Le capitalisme est dans le mur et même pour faire la guerre , il est presque chaos.
    L’économie de guerre est presque à l’arrêt quoi qu en dit la propagande d’Etat : les usines tournent au minimum victime de désinvestissement de l’outil de production et de la fuite des salariès jeunes et très qualifiés mais tout à fait sous payés comme les ouvriers et les techniciens.
    Il y a de belles machines mais pas grand monde pour les faire fonctionner..
    Le COVID est venu bien-sûr renforcer ce bordel mais les problèmes perdurent et deviennent récurrents.
    Il n y a pas que l’hopital qui est sous l’eau, et il n y aucune raison de distinguer les entreprises publiques et privés.
    L’avenir de nos luttes n’est lié à celle des "retraites". Nos luttes doivent mettre la chute du capitalisme au coeur de l’ organisation de celles ci. Il ne s’agit plus d’agiter le spectre de la révolution sociale car celle ci est en cours depuis 2011. Aucun groupe "révolutionnaires" d’E.G. n’y voient une internationale des mouvements des exploités car ces groupes sont eux même en prise avec des forces réactionnaires, réformistes ou bureaucratiques. Ils ne veulent pas voir la généralisation des mouvements révolutionnaires comme ils n’ont pas voulu voir la gilet jaunisation des luttes.
    Les syndicats ont donc repris "la main" grace à l’Etat bourgeois qui a réprimé comme jamais mais grace aussi à des syndicalistes et des militants d’EG pour qui l’autonmie des luttes est quelque chose de suspect surtout qu’eux n’en parlent que très peu et servent la soupe aux luttes dirigés dans le mur de l’intersyndicale des journées d’inaction.
    La convergence de ce point de vue est atteinte mais par contre elle conduira à nouveau ces militants au pire des échecs sur le terrain de la LDC.

  • À la CGT, Marie Buisson n’appelle pas les salariés à la grève reconductible : « Certains salariés vont faire une heure de grève à la prise de poste ou au changement d’équipe, une journée de grève puis reprendre le travail deux jours avant de refaire grève une journée, etc. Ce n’est pas la même grève partout, mais tous vont vers le même but : bloquer suffisamment l’économie pour que les patrons disent stop au gouvernement. »

  • Les syndicats prétendent que le peuple a montré sa force et que maintenant Macron devrait les recevoir ! Pour négocier quoi ? Puisqu’ils réclament le retrait pur et simple !

    Macron n’a aucune raison de les satisfaire sachant qu’ils n’ont que peu de marge de manœuvre, maintenant que leurs cartouches sont épuisées, ayant annoncé d’avance qu’ils n’iraient pas plus haut que l’« action » du 7 mars.

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.