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L’humanisme est plus que jamais incompatible avec l’exploitation, l’oppression, la barbarie et la violence du capitalisme moribond en soins palliatifs et sous perfusion

mardi 19 mars 2024, par Robert Paris, Tiekoura Levi Hamed

L’humanisme est plus que jamais incompatible avec l’exploitation, l’oppression, la barbarie et la violence du capitalisme moribond en soins palliatifs et sous perfusion

Placer l’homme au premier rang de nos préoccupations (une définition classique de l’humanisme), qui le prétend sérieusement dans les gouvernants et les possédants du monde capitaliste, dans les partis capitalistes (qui travestissent leur nom en démocratiques) ? Personne ! Il n’y a que les les partis et syndicats de gauche, les réformistes, pour le prétendre de manière hypocrite mais, comme ils cautionnent le système d’exploitation et sont à la solde de ses Etats, on n’a pas de raison de les croire, pas plus les ex staliniens que les autres car, en matière d’humanisme, le stalinisme repassera…

Il n’est pas besoin d’être communistes et révolutionnaires, comme nous le sommes, pour reconnaitre que le seul objectif de la société capitaliste est l’accroissement du profit pour l’inifme minorité de possesseurs de capitaux aux dépens de l’immense majorité. Le fait que le monde capitaliste, depuis 2007, se soit heurté à une barrière infranchissable, la limite de la capacité d’investir les nouveaux capitaux accumulés, n’y change rien : pas question pour le monde capitaliste de distribuer les richesses excédentaires aux peuples ! Au contraire, le fossé entre le peuple travailleur et les capitalistes est plus grand que jamais, tout l’argent des Etats servant dès lors à permettre aux capitalistes de continuer à recevoir des profits même si ceux-ci sont de moins en moins tirés de la production.

Quelle est la place de l’homme dans cette société morte qui s’accroche aux vivants : réduite à la portion congrue. La vie humaine compte bien peu et on l’a bien vu dans la dernière épidémie covid comme on le voit dans les conflits guerriers qui se multiplient comme dans les répressions sanglantes des manifestations de révolte et les révolutions qui éclantent aux quatre coins du monde. Mais silence, on tue, est, plutôt que « l’homme d’abord », le nouveau slogan de ce monde.

Même les courants critiques vis-à-vis des dérives environnementales de la société capitaliste accusent d’abord l’homme, coupable selon eux de détruire la nature. Y compris l’individu qui n’est qu’un exploité, qui est privé de tout pouvoir réel de décision dans cette société, est considéré par la plupart de ces prétendus environnementalistes, écologistes, militants climatiques, dénonciateurs de l’anthropocène et du réchauffement anthropique de toutes sortes. Dans leur bouche, « anthropo » (c’est-à-dire l’homme) doit être mis en accusation et pas seulement le système social dominant, les exploiteurs et les gouvernants à leur solde.

Ces gens-là en sont à dénigrer de grandes découvertes de l’être humain comme la culture des plantes et l’élevage sous prétexte que l’agriculture a finalement mené à l’exploitation de la terre. Ils ne songent même pas qu’elle a mené aussi à l’exploitation de l’homme par l’homme, à l’esclavage, au servage, à la venue au pouvoir de classes possédantes ! C’est ceux qui en ont été victimes qu’ils accusent d’avoir nui à la planète ! Mais ce n’est pas seulement le stade néolithique qui leur déplait. La chasse et la ceuillette aussi. Ils dénoncent le fait de s’en prendre aux animaux et aux plantes. Comme si la nature elle-même n’était pas dévoreuse et destructrice ! Et comme si ce n’était pas le stade capitaliste qui avait mené à l’exacerbation de toutes les destructions dues aux sociétés de classes mais « l’homme » en général !

Bien sûr, le capitalisme et son système politique de domination s’y entendent à personnaliser la dictature du grand capital, qui est pourtant le système le plus impersonnel de toute l’histoire des sociétés humaines. Même si on nous présente comme déterminante la personnalité de ceux qui dirigent la société, qu’ils soient président, premier ministre, ministre, préfet, président-directeur-général, juge, maire, parlementaire, chef de parti ou de syndicat, chef religieux, chef de média, en fait le remplacement d’un pion par un autre ne change pas grand-chose au système. Le trust ne meurt pas quand la PDG décède ou démissionne, pas plus que l’Etat ne disparait avec son ancien chef. Le capital est tout à fait anonyme et se moque des êtres humains, y compris ceux des classes dirigeantes ou possédantes. Il n’y a aucun risque qu’un dirigeant se retourne contre le système. Aucun membre de ces classes dominantes ne pourrait prendre une décision s’attaquant si peu que ce soit au système sans en subir des conséquences… fatales. Et, bien entendu, tout son intérêt personnel rime avec l’intérêt général de la classe dominante. Contrairement aux apparences, les personnes individuelles n’ont pas plus d’importance au sommet qu’à la base de la société.

La société capitaliste a dénigré, manipulé, sali, démoli, discrédité toutes les grandes valeurs humanistes que les générations passées avaient pu édifier : philosophie, science, poésie, théâtre, amour, beauté, respect, amitié, pour les remplacer par un monde froid, égoïste, cynique, grossier, violent, sans valeurs profondément humaines, ne respectant qu’argent et pouvoir. Le sort des femmes et des enfants, qui s’aggrave follement, en témoigne. Même les plus petits enfants en sont les victimes. L’oppression des femmes et des enfants, loin de diminuer, s’accroit sous toutes les formes, de l’exploitation tout court à l’exploitation sexuels et aux divers crimes. On impose des « cahiers de la réussite » même aux enfants des petites sections des maternelles et cette « réussite » ne consiste pas à parvenir à développer son propre caractère, à s’épanouir au contact des autres mais à réussir contre les autres, en concurrence avec eux. Tout cela parce que la société capitaliste a besoin de la concurrence comme mode de fonctionnement, comme règle, comme mesure, comme moyen d’échange.

L’effondrement du capitalisme ne fait pas disparaitre ses traits hideux anti-humains. Il ne fait que les exacerber, les rendre plus criants, plus violents, plus contraignants, plus horribles et ils n’ont plus de contrepartie positive quelconque. Le progressisme bourgeois prétendait civiliser le monde en le colonisant, l’impérialisme propage partout la barbarie, dans les métropoles impérialistes aussi bien que dans les pays pauvres. La répression violente est maintenant partout. Le mensonge éhonté et officiel aussi. La dictature ouverte, au plan social comme politique, a gagné les pays riches. La préparation de la guerre mondiale accroit encore le niveau des mensonges officiels, du pouvoir, des média, des institutions, des partis, des syndicats.

L’absence de droits réels, individuels comme collectifs, est plus criante que jamais, comme on l’a vu en temps de covid comme en temps de révolte sociale. En fait, on s’en aperçoit tous les jours même s’il ne se passe rien de spécial. Le peuple travailleur n’a aucun mot à dire sur le fonctionnement de la société.

Qu’il s’agisse de la manière de soigner les peuples, de la manière de les transporter, de la manière de les faire travailler, de la manière de les enseigner, de la manière de les loger, de la manière de les payer, de la manière de faire fonctionner leurs relations entre eux, les peuples travailleurs n’ont pas droit à la parole. Les élections à tous les niveaux ne sont qu’une vaste hypocrisie sociale.

Au sein du système politique aussi bien qu’au niveau de l’entreprise, au plan économique, comme sur celui des idées, l’être humain (individuel ou collectif) n’a pas plus le droit d’influencer les décisions que le prisonnier dans sa cellule ! La seule pensée autorisée est celle issue du système, s’il est permis d’appeler « pensée » le salmigondis qu’on nous impose au nom de l’ordre établi, qu’il se cache derrière des scientifiques, des prétendus spécialistes, experts ou techniciens, des média, des hommes politiques, des « entrepreneurs » qui n’entreprennent souvent plus grand-chose que spéculer sur des mensonges et des balivernes.

Le développement des techniques n’est nullement synonyme de progrés puisqu’on a perdu des bases simples de compréhension des choses. Il suffit de quelques exemples simples pour le relever. En virologie, on prétend avoir fait un grand pas en avant avec les vaccins ARN (qui ne sont même pas des vaccins puisque leur effet est plus grand que la maladie contrairement à de vrais vaccins) et, en même temps, on ignore maintenant la règle de base de la virologie : on ne vaccine jamais en masse en période de pandémie. Face à covid, on a réalisé un confinement de masse, imposé de force, absurde autant que barbare, mais on n’est pas capable d’expliquer correctement l’utilisation des masques et leur nécessité (covid se propage par aérosols et on a laissé croire que c’est par goutelettes). On affirme que l’intelligence artificielle est un grand pas en avant de l’humanité mais on nous dit qu’elle va nous rendre plus intelligents ou qu’elle va nous rendre esclaves, deux mensonges et deux absurdités symétriques.

Oui, les morts en masse du covid et l’ambiance de froideur qui les ont entourés dans les hautes sphères de la société ont révélé combien la vie humaine n’est plus considérée, y compris dans les pays les plus riches. Tuer un homme fait du bruit, en tuer des millions engendre un grand silence. Les responsables de millions de morts ne sont pas attaquables, pas critiquables, pas condamnables, même pas renversables de leurs postes…

La mortalité était déjà en hausse dans le monde, avant la pandémie covid et, bien entendu, elle a battu des records avec le virus. Les morts des accidents du travail ne font qu’augmenter, montrant aussi que le travail ne protège pas du tout des risques, bien au contraire. La mortalité ouvrière est au plus haut niveau, un exemple de plus qui montre que la vie humaine vaut de moins en moins cher dans ce monde capitaliste moribond.

Ce que l’on prétend être la civilisation moderne devrait plutôt s’appeler banditisme, pourriture et barbarie.

La valeur de la créativité humaine est remise en cause non par le développement de l’intelligence artificielle mais par la prétention que la machine est capable de remplacer l’homme dans sa capacité de comprendre, de réfléchir, de raisonner, de définir des concepts, de philosopher sur le monde. La science, qui est devenue pure technologie ou pure mathématique ou pure informatique, est dépouillée de son contenu philosophique profond.

Les classes possédantes, quand elles prétendent défendre une culture, ne le font que par opposition à d’autres cultures humaines, parlant de culture chrétienne par opposition à culture musulmane, bien que ni l’une ni l’autre n’existe réellement. C’est tout le contraire de ce qu’était l’humanisme de la Renaissance. On se souvient par exemple de Pico de la Mirandola qui, face à l’inquisition, proposait de puiser dans toutes les cultures du monde.

Ce qu’il y avait dans l’humanisme, ce n’était pas seulement l’ouverture sur les cultures du monde mais aussi la haine de l’obscurantisme, la haine de la guerre, le combat contre les pandémies, la conscience de l’importance de l’être humain, de la préservation de sa vie, de ses droits mais aussi de sa créativité, de son art, de sa science, de sa poésie, de sa littérature, de sa poésie. Toutes ces valeurs sont aujourd’hui au plus bas et on sent que ce qui va suivre va nous plonger encore plus dans la barbarie, si on ne met pas fin à ce système d’exploitation qui n’a plus rien de bon à nous apporter.

En tout cas, de l’humanisme le capitalisme mort (sans aucune dynamique réelle) n’a plus rien du tout, pas même de vieilles références. Même à l’université, on n’apprend plus à se cultiver. L’école ne forme plus des hommes et des femmes mais des élèves obéissants, qui ne doivent pas chercher pas à comprendre mais à suivre les autorités, comme au Moyen-Age ! Le but affiché, par exemple, de l’école française est « l’ordre républicain », pas la recherche du dévelopement humain de chaque individu. Quant à « l’humanitaire », une notion développée dans les périodes récentes par les impérialismes, ce n’est nullement un humanisme mais une justification pour les grandes puissances afin d’intervenir militairement de manière barbare aux quatre coins du monde, soi-disant pour sauver les peuples contre des terrorismes et des dictatures, en réalité pour les écraser davantage, comme on l’a vu de l’Afghanistan à l’Irak, de la Syrie au Yémen…

Seuls Marx et Engels ont eu comme souci premier l’homme, toute leur oeuvr en témoigne. Ils n’ont vu dans le combat politique et social qu’ils menaient, non une lutte pour imposer une régime particulier qu’ils auraient iméginé eux, mais une grande lutte pour libérer l’homme des chaînes de l’exploitation et ainsi lui rendre sa liberté.

Marx : « Pour le capital, l’homme n’est qu’une machine à consommer et à produire… La production capitaliste ne produit pas l’homme seulement en tant que marchandise, que marchan¬dise humaine, l’homme défini comme marchandise, elle le produit, conformément à cette défi¬nition, comme un être déshumanisé aussi bien intellectuellement que physiquement - im¬mo¬ralité, dégénérescence, abrutissement des ouvriers et des capitalistes. Son produit est la marchandise douée de conscience de soi et d’activité propre... la marchandise humaine... »

Engels : « Non seulement le communisme n’est pas contraire à la nature, à la raison et au cœur de l’homme mais il n’est pas non plus une théorie détachée de la réalité qui ne serait que le fruit de l’imagination. »

Marx et Engels : « La bourgeoisie a fait de la dignité personnelle une simple valeur d’échange ; elle a substitué aux nombreuses libertés, si chèrement conquises, l’unique et impitoyable liberté du commerce. En un mot, à la place de l’exploitation que masquaient les illusions religieuses et politiques, elle a mis une exploitation ouverte, éhontée, directe, brutale. »

Contrairement à ce qui est souvent dit, Marx et Engels ne cultivaient pas la division des hommes en classes sociales mais luttaient pour son abolition ! Leur but n’était pas cette étape de pouvoir des travailleurs, mais la fin de la division entre exploiteurs et travailleurs et la mise en place d’une société véritablement humaine.

Le but de Marx et Engels était l’ « homme total ».

Tel est aujourd’hui, alors que le capitalisme ne possède plus de perspective, le but des véritables marxistes révolutionnaires…

Lire encore :

https://www.contrepoints.org/2016/01/15/235513-lhumanisme-est-il-mort

https://www.cairn.info/revue-cites-2013-3-page-95.htm

https://fr.wikipedia.org/wiki/Critique_de_l%27humanisme

https://fr.wikipedia.org/wiki/Humanisme

https://www.cairn.info/revue-humanisme-2009-2-page-72.htm

Contre l’humanisme

https://journals.openedition.org/essais/516

https://coteboudreau.com/2014/08/11/humanisme-comme-arme-destruction-massive/

https://books.openedition.org/editionsmsh/1738?lang=fr

Le faux humanisme de Sartre

https://www.cairn.info/revue-archives-de-philosophie-2010-2-page-297.htm

https://www.persee.fr/doc/phlou_0035-3841_1946_num_44_2_4055

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article3585

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article3825

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