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La philosophie de Nietzsche

dimanche 12 septembre 2010, par Robert Paris

Nietzsche écrit dans sa préface à "Ecce Homo" :

"Le désaccord entre la grandeur de ma tâche et la petitesse de mes contem­porains s’est manifesté par ceci que l’on ne m’a ni entendu ni même vu. Je vis sur le crédit que je me suis fait à moi-même."

Il est dirigé par un sentiment profond de ne pas être jugé à sa juste valeur et sa haine du monde en découle. Mais il n’a aucune révolte contre le mode d’oppression et d’exploitation.

Ne penser qu’à soi peut être érigé en théorie et devenir à la mode et cela va faire de cet écrivain un auteur à la mode. Ce n’en est pas moins exécrable humainement et sur le plan des idées.

"Critère pour le quotidien. - On se trompera rarement si l’on ramène les actions extrêmes à la vanité, les médiocres à la coutume et les petites à la peur."

Voilà ce qu’écrit Nietzsche dans "Humain, trop humain".

C’est la bassesse personnelle et la petitesse théorisées.

Quand on ne veut pas de la beauté des idées, on disserte sur la noirceur du monde...

Ensuite la crainte des autres :

"La pleine nature. - Si nous nous trouvons tellement à l’aise dans la pleine nature, c’est qu’elle n’a pas d’opinion sur nous."

On ne vit pas de ce que les autres pensent quand on croit à la pensée. Elle est trop grande pour se ramener à soi.
Nietzsche affirme dans "Généalogie de la morale" :

"Ce n’est pas des plus forts que vient pour les forts
la calamité, mais au contraire des plus faibles."

"Cette tendance d’aller à sa perte se présente comme la volonté de se perdre, comme le choix instinctif de ce qui détruit nécessairement. Le symptôme de cette auto-destruction des déshérités c’est l’auto-vivisection, l’empoisonnement, l’enivrement, le romantisme, avant tout la contrainte instinctive à des actes, par quoi l’on fait des puissants ses ennemis mortels ( — se dressant pour ainsi dire ses propres bourreaux), la volonté de destruction comme volonté d’un instinct plus profond encore, l’instinct de l’auto-destruction, la volonté du néant."

Nietzsche se positionne sur la révolution française :

"Nous nous sommes révoltés contre la révolution"

Quelques autres citations de Nietzsche le montrent très clair sur sa position par rapport à l’oppression :

"Vivre, c’est essentiellement dépouiller, blesser, violenter le faible et l’étranger, l’opprimer, lui imposer durement ses formes propres, l’assimiler, ou tout au moins l’exploiter. "

"L’esclavage est la condition de toute civilisation supérieure, de tout progrès en civilisation. "

"Vous vous empressez auprès du prochain et vous exprimez cela par de belles paroles. Mais je vous le dis : votre amour du prochain, c’est votre mauvais amour de vous-mêmes. Vous ne savez pas vous supporter vous-mêmes et vous ne vous aimez pas assez : c’est pourquoi vous voudriez séduire votre prochain par votre amour et vous dorer de son erreur. Vous invitez un témoin quand vous voulez dire du bien de vous-mêmes ; et quand vous l’avez induit à bien penser de vous, c’est vous qui pensez bien de vous. L’un va chez le prochain parce qu’il se cherche, l’autre parce qu’il voudrait s’oublier. Votre mauvais amour de vous-mêmes fait de votre solitude une prison."

"Je vois beaucoup de soldats : puissé-je voir beaucoup de guerriers ! (...) Je vous dis : c’est la bonne guerre qui sanctifie toute cause. La guerre et le courage ont fait plus de grandes choses que l’amour du prochain. Ce n’est pas votre pitié, mais votre bravoure qui sauva jusqu’à présent les victimes."

dans "Ainsi parlait Zarathoustra" (1ere partie)

Prenons un exemple de la "grandeur" de la bêtise de Nietzsche, un extrait de son pamphlet contre Socrate dans "Le crépuscule des dieux" :

"Socrate appartenait, de par son origine, au plus bas peuple : Socrate était de la populace. On sait, on voit même encore combien il était laid. Mais la laideur, objection en soi, est presque une réfutation chez les Grecs. En fin de compte, Socrate était-il un Grec ? La laideur est assez souvent l’expression d’une évolution croisée, entravée par le croisement. Autrement elle apparaît comme le signe d’une évolution descendante. Les anthropologistes qui s’occupent de criminologie nous disent que le criminel type est laid : monstrum in fronte, monstrum in animo. Mais le criminel est un décadent. Socrate était-il un criminel type ? — Du moins cela ne serait pas contredit par ce fameux jugement physionomique qui choquait tous les amis de Socrate. En passant par Athènes, un étranger qui se connaissait en physionomie dit, en pleine figure, à Socrate qu’il était un monstre, qu’il cachait en lui tous les mauvais vices et désirs. Et Socrate répondit simplement : « Vous me connaissez, monsieur ! »

"Les dérèglements qu’il avoue et l’anarchie dans les instincts ne sont pas les seuls indices de la décadence * chez Socrate : c’en est un indice aussi que la superfétation du logique et cette méchanceté de rachitique qui le distingue. N’oublions pas non plus ces hallucinations de l’ouïe qui, sous le nom de « démon de Socrate ", ont reçu une interprétation religieuse. Tout en lui est exagéré, bouffon, caricatural ; tout est, ici en même temps, plein de cachettes, d’arrière-pensées, de souterrains. - Je tâche de comprendre de quelle idiosyncrasie a pu naître cette équation socratique raison - vertu - bonheur : cette équation la plus bizarre qu’il y ait, et qui a contre elle, en particulier tous les instincts des anciens Hellènes."

"Avec Socrate, le goût grec s’altère en faveur de la dialectique : que se passe-t-il exactement ? Avant tout c’est un goût distingué qui est vaincu ; avec la dialectique le peuple arrive à avoir le dessus. Avant Socrate, on écartait dans la bonne société les manières dialectiques : on les tenait pour de mauvaises manières, elles étaient compromettantes. On en détournait la jeunesse. Aussi se méfiait-on de tous ceux qui présentent leurs raisons de telle manière. Les choses honnêtes comme les honnêtes gens ne servent pas ainsi leurs principes avec les mains. Il est d’ailleurs indécent de se servir de ses cinq doigts. Ce qui a besoin d’être démontré pour être cru ne vaut pas grand-chose. Partout où l’autorité est encore de bon ton, partout où l’on ne « raisonne » pas, mais où l’on commande, le dialecticien est une sorte de polichinelle : on se rit de lui, on ne le prend pas au sérieux. — Socrate fut le polichinelle qui se fit prendre au sérieux : qu’arriva-t-il là au juste ? —"

etc, etc, etc.....

Faut-il en lire autant pour se persuader que Nietzsche est un personnage décadent, très symbolique d’une Europe noire qui va vers le fascisme. Certes, des gens louent son a-moralisme mais ils l’interprètent comme du courage face à la morale officielle alors que c’est juste le culte du petit-bourgeois arrivé au stade d’un certain Adolf....

Toujours de Nietzsche :

"L’idéal aristocratique

Type. - La vraie bonté, la noblesse, la grandeur d’âme qui jaillissent de l’abondance : qui ne donnent point pour prendre, - qui ne veulent point se relever par le bien qu’elles font ; - la prodigalité comme type de la vraie bonté, la richesse de personnalité comme condition première.

La purification du goût ne peut être que la conséquence d’un renforcement du type. Notre société d’aujourd’hui ne fait que représenter la culture ; l’homme cultivé fait défaut. Il nous manque le grand homme synthétique, chez qui les forces dissemblables sont assujetties sous un même joug, afin de viser à un but unique. Ce que nous possédons, c’est l’homme multiple, le chaos le plus intéressant qu’il y ait peut-être jamais eu ; mais ce n’est point là le chaos qui précède la création du monde, c’est le chaos qui suit : l’homme faible et multiple. - Goethe est la plus belle expression de ce type - (il n’est nullement un Olympien !).

Je voudrais que l’on commençât par s’estimer soi-même : tout le reste découle de là."

Nietzsche disait : « La démence est rare chez les individus, elle est la règle en revanche dans un groupe, un parti, un peuple, une équipe ».

Encore une perle du collier de Nietzsche :

"L’injustice ne se trouve jamais dans les droits inégaux, elle se trouve dans la prétention à des droits égaux."

Ce chantre de l’inégalité, du surhomme, de la supériorité, de la noblesse, de l’exploitation quand ce n’est pas du racisme, de l’esclavagisme a curieusement droit de cité chez les philosophes.

C’est de la noblesse de toilettes !

« L’homme supérieur au plus haut degré serait celui qui aurait la plus grande diversité d’instincts et avec la force la plus grande qu’il pourrait encore supporter. »

(Fragments posthumes de Nietzsche)

« Il y a chez l’homme comme dans les autres espèces animales, une surabondance de ratés, de malades, de dégénérés, d’infirmes nécessairement souffrants ; les cas réussis sont chez l’homme aussi toujours l’exception. »

Nietzsche (Par delà le bien et le mal)

"Peu de gens sont faits pour l’indépendance, c’est le privilège des puissants."

Messages

  • Michel Onfray, lui qui a traité Freud de fasciste de manière parfaitement mensongère, se réclame, depuis son essai sur Georges Palante, “nietzschéen de gauche.”

  • “Que chacun ait le droit d’apprendre à lire, cela gâte à la longue non seulement l’écriture mais encore la pensée.”

    Nietzsche dans "Ainsi parlait Zarathoustra"

  • “La terre a une peau, et cette peau a des maladies. L’une de ces maladies, par exemple s’appelle l’homme.”

    Nietzsche dans "Ainsi parlait Zarathoustra"

  • "Beaucoup trop d’hommes viennent au monde : l’Etat a été inventé pour ceux qui sont superflus."

    "La foule est une somme d’erreurs qu’il faut corriger."

    Friedrich Nietzsche

    Extrait de Mort parce que bête

  • "Plaisir : sensation d’un accroissement de puissance."

    Friedrich Nietzsche

    Extrait de La volonté de puissance

  • Nietzsche : Le crépuscule des idoles :

    « Rien n’y fait, il faut aller de l’avant, je veux dire avancer pas à pas dans la décadence (c’est là ma définition du progrès moderne). On peut gêner cette évolution, et, en la gênant, endiguer la dégénérescence, l’accumuler, la rendre plus véhémente et plus brutale : on ne peut rien de plus »

  • Nietzsche : Le crépuscule des idoles :

    « … les soit disant vérité de la Révolution, par lesquels ses effets se font sentir, gagnant à sa cause tout ce que l’humanité compte de plat et de médiocre. La doctrine de l’égalité »

  • Nietzsche, dans Par delà le bien et le mal :

    « Toute communauté rend, d’une manière ou d’une autre, à un endroit ou à un autre, à un moment ou à un autre, “commun”. »

  • Nietzsche dans Volonté de puissance :

    « La civilisation rend-elle l’homme meilleur ? Question comique, vu que le contraire est d’une évidence absolue et que c’est précisément là ce qui parle en faveur de la civilisation. »

  • NIETZSCHE : L’antéchrist -

    « Si l’homme d’exception manie précisé­ment les médiocres d’une main plus douce que lui-même et ses pairs, ce n’est pas seulement politesse du cœur, c’est tout simplement son devoir... Qui sont, parmi la canaille d’aujourd’hui, ceux que je hais le plus ? La canaille socia­liste, les apôtres tchandala, qui minent l’instinct, le plaisir, la modération du travailleur satisfait de sa modeste exis­tence, ceux qui le rendent envieux, qui lui enseignent la vengeance... L’injustice n’est jamais dans l’inégalité des droits, elle est dans la prétention à des droits “égaux”... Qu’est-ce donc qui est mauvais ? Mais, je l’ai déjà dit : tout ce qui vient de la faiblesse, de l’envie, du désir de ven­geance. — L’anarchiste et le chrétien ont une seule et même origine. »

  • Cependant, ne di-on pas que la thèse de Nietzsche est un nihilisme et donc destructeur pour l’édifice des classes dirigeantes ?

  • Tout dépend ce que l’on entend par nihilisme !

    Nietzsche écrit dans "La volonté de puissance" :

    « Le nihilisme, une condition normale. Nihilisme : le but fait défaut ; la réponse à la question "pourquoi ?" - Que signifie le nihilisme ? Que les valeurs supérieures se déprécient. Il peut être un signe de force, la vigueur de l’esprit peut s’être accrue au point que les fins que celui-ci voulut atteindre jusqu’à présent ("convictions", "articles de foi") paraissent impropres car une foi exprime généralement la nécessité de conditions d’existence, une soumission à l’autorité d’un ordre de choses qui fait prospérer et croître un être, lui fait acquérir de la force…) ; d’autre part le signe d’une force insuffisante à s’ériger un but, une raison d’être, une foi. Il atteint le maximum de sa force relative comme force violente de destruction : comme nihilisme actif. Son opposé pourrait être le nihilisme fatigué qui n’attaque plus : sa forme la plus célèbre est le bouddhisme, qui est un nihilisme passif, avec des signes de faiblesse ; l’activité de l’esprit peut être fatiguée, épuisée, en sorte que les fins et les valeurs préconisées jusqu’à présent paraissent impropres et ne trouvent plus créance, en sorte que la synthèse des valeurs et des fins (sur quoi repose toute culture solide) se décompose et que les différentes valeurs se font la guerre : une désagrégation… ; alors tout ce qui soulage, guérit, tranquillise, engourdit, vient au premier plan, sous des travestissements divers, religieux ou moraux, politiques ou esthétiques, etc. Le nihilisme représente un état pathologique intermédiaire (- pathologique est l’énorme généralisation, la conclusion qui n’aboutit à aucun sens -) : soit que les forces productrices ne soient pas encore assez solides, - soit que la décadence hésite encore et qu’elle n’ait pas encore inventé ses moyens. (...) « Voici venir la contradiction entre le monde que nous vénérons et le monde que nous vivons, que nous sommes. Il nous reste, soit à supprimer notre vénération, soit à nous supprimer nous-mêmes. Le second cas est le nihilisme. »

    Tout dépend ce qu’il s’agit de nier.

    Il ne s’agit pas de nier l’ordre social mais la morale en se niant soi-même, ce qui est très différent....

  • Et vis-à-vis des femmes quelle est la pensée de Nietzsche ?

  • Nietzsche écrit dans "Par delà le bien et le mal" :

    « Un homme profond, […] profond d’esprit autant que de désirs, doué par surcroît de cette bienveillance profonde capable d’une sévérité et d’une dureté qui se confondent facilement avec elle, un tel homme ne peut penser à la femme qu’à la manière d’un Oriental : il doit voir dans la femme une propriété, un bien qu’il convient d’enfermer, un être prédestiné à la sujétion et qui s’accomplit à travers elle. »

    "Tu vas chez les femmes ? N’oublie pas le fouet ! " (Zarathoustra)

    « Le bonheur de l’homme, dit Zarathoustra, a nom : je veux. Le bonheur de la femme a nom : il veut. »

    « l’homme doit être élevé pour la guerre, la femme pour le délassement du guerrier, tout le reste est folie »

    "Au fond du coeur, l’homme n’est que méchant ; mais au fond du coeur, la femme est mauvaise" (dans "Ainsi parlait Zarathoustra")
    "Ce sont les hommes les plus sensuels qui doivent fuir devant les femmes et torturer leur corps"

  • Quand Nietzsche avouait sa haine de toute conception historique : lire ici

  • « En vérité, les convictions sont plus dangereuses que les mensonges. »

    Friedrich Nietzsche

  • Friedrich Nietzsche était un des écrivains les plus misogynes :

    « Si tus vas chez les femmes n’oublies pas le fouet, ainsi parlait Zarathoustra. »

    « Le bonheur de l’homme est ; je veux : le bonheur de la femme est ; il veut. »

    « L’homme véritable veut deux choses : le danger et le jeu ; c’est pourquoi il veut la femme, le jouet le plus dangereux. »

    « Le guerrier n’aime les fruits trop doux, c’est pourquoi il aime la femme, une saveur amère.
    Friedrich Nietzsche »

    « L’homme est pour la femme un moyen : Le but est toujours l’enfant. »

    « Beaucoup de brèves folies, c’est là ce que vous appelez l’amour. Et votre mariage met fin à beaucoup de brèves folies par une longue sottise. »

    « La femme est une surface qui mime la profondeur. »

    « La femme est la seconde faute de Dieu. »

    « La femme apprend à haïr dans la mesure où elle désapprend de charmer. »

    « Où n’entrent en jeu ni amour ni haine, la femme n’est qu’une médiocre actrice. »

    citations de Friedrich Nietzsche ; dans « Ainsi parlait Zarathoustra » (1885)

    Un très sale type !!!

  • « L’égoïsme est la véritable essence d’une âme noble »

    Nietzsche

  • dans « Par delà le bien et le mal » (chapitre : qu’est-ce qui est noble ?)

  • Nietzche a publié lui-même son apologie parodique : « Ecce homo :

    « Je connais ma destinée. Un jour s’attachera à mon nom le souvenir de quelque chose de formidable, — le souvenir d’une crise comme il n’y en eut jamais sur terre, le souvenir de la plus profonde collision des consciences, le souvenir d’un juge ment prononcé contre tout ce qui jusqu’à présent a été cru, exigé, sanctifié. Je ne suis pas un homme, je suis de la dynamite. Et, avec cela, il n’y a en moi rien d’un fondateur de religion. Les religions sont les affaires de la populace. J’ai besoin de me laver les mains, après avoir été en contact avec des hommes religieux… Je ne veux pas de « croyants », je crois que je suis trop méchant pour cela, je ne crois même pas en moi-même. Je ne parle jamais aux masses… J’ai une peur épouvantable qu’on ne veuille un jour me canoniser. On devinera pourquoi je publie d’abord ce livre ; il doit éviter qu’on se serve de moi pour faire du scandale… Je ne veux pas être pris pour un saint, il me plairait davantage d’être pris pour un pantin… Peut-être suis-je un pantin… Et malgré cela — ou plutôt non, pas malgré cela, car, jusqu’à présent, il n’y a rien de plus menteur qu’un saint — malgré cela la vérité parle par ma bouche. — Mais ma vérité est épouvantable, car jusqu’à présent c’est le mensonge qui a été appelé vérité. Transmutation de toutes les valeurs, voilà ma formule pour n n acte de suprême détermination de soi, dans l’humanité, qui, en moi, s’est faite chair et génie. Ma destinée veut que je sois le premier honnête homme, elle veut que je me sache en contradiction avec des milliers d’années… Je fus le premier à découvrir la vérité, par le fait que je fus le premier à considérer le mensonge comme un mensonge, à le sentir comme tel. Mon génie se trouve dans mes narines. Je proteste comme jamais il n’a été protesté, et pourtant je suis le contraire d’un esprit négateur. Je suis un joyeux messager comme il n’y en eut jamais, je connais des tâches qui sont d’une telle hauteur que la notion en a fait défaut jusqu’à présent. Ce n’est que depuis que je suis venu qu’il y a de nouveau des espoirs. Avec tout cela je suis nécessairement aussi l’homme de la fatalité. Car, quand la vérité entrera en lutte avec le mensonge millénaire, nous aurons des ébranlements comme il n’y en eut jamais, une convulsion de tremblements de terre, un déplacement de montagnes et de vallées, tels que l’on n’en a jamais rêvé de pareils. L’idée de politique sera alors complètement absorbée par la lutte des esprits. Toutes les combinaisons de puis sances de la vieille société auront sauté en l’air — elles sont toutes appuyées sur le mensonge. Il y aura des guerres comme il n’y en eut jamais sur la terre. C’est seulement à partir de moi qu’il y a dans le monde une grande politique. »

  • vous n’avez strictement rien comprit .... Un de plus ;...

  • Dispose-t-on d’un texte qui témoigne clairement du fait que Nietzsche serait antisémite ?

  • Tout à fait, il y en a plusieurs et je n’en donne qu’un dans un court extrait suffisamment parlant.

    Il s’agit de « La Généalogie de la morale ».

    Citons-le :

    « Les Juifs, ce peuple sacerdotal qui a fini par ne pouvoir trouver satisfaction contre ses ennemis et ses dominateurs que par une radicale transmutation de toutes les valeurs, c’est-à-dire par un acte de vindicte essentiellement spirituel. Seul un peuple de prêtres pouvait agir ainsi, ce peuple qui vengeait d’une façon sacerdotale sa haine rentrée. Ce sont des Juifs, qui, avec une formidable logique, ont osé le renversement de l’aristocratique équation des valeurs (bon, noble, puissant, beau, heureux, aimé de Dieu). Ils ont maintenu ce renversement avec l’acharnement d’une haine sans borne (la haine de l’impuissance) et ils ont affirmé : « Les misérables seuls qui souffrent, les nécessiteux, les malades, les difformes sont aussi les seuls pieux, les seuls bénis de Dieu ; c’est à eux seuls qu’appartiendra la béatitude – par contre, vous autres, vous qui êtes nobles et puissants, vous êtes de toute éternité les mauvais, les cruels, les avides, les insatiables, les impies, et, éternellement, vous demeurerez aussi les réprouvés, les maudits, les damnées ! »

  • N’est-ce cependant pas la traduction de sa soeur qui a fait de Nietzsche un faux précurseur idéologique des nazis ?

  • Comme on le sait, Nietzsche, victime d’une attaque cérébrale en 1889, s’effondre psychiquement et n’est plus capable de penser dans l’intervalle qui le sépare de la mort (1900). Sa sœur va d’abord profiter de la gloire montante de son frère en publiant, un an après sa mort, une Volonté de puissance que les spécialistes considèrent comme une falsification. Par la suite, ayant adhéré aux thèses nazies, elle publie une compilation qui va dans le sens des nouvelles idées. On a beaucoup insisté, les amis de Nietzsche en premier lieu, sur le fait qu’elle avait dénaturé la pensée de son frère. Un examen attentif permet d’affirmer qu’elle n’a pas eu à vraiment forcer les textes.

    Nous disposons aujourd’hui d’une bonne édition de La Volonté de puissance. Il s’agit de l’édition en deux volumes disponible dans la collection Tel. Ce livre, non écrit par Nietzsche, nous le rappelons, a été élaboré un peu comme le Journal de Stendhal dû à au professeur de Litto. Un spécialiste, Friedrich Würzbach, a recueilli et organisé, en les datant autant que possible, tous les aphorismes et développements en relation avec cette idée de la volonté de puissance qu’il a retrouvés dans les papiers du philosophe. Le résultat est affligeant.

    Tout y est. Par exemple, l’idée d’une race supérieure dirigeant l’humanité et écartant les faibles à défaut de les éliminer. Au profit de cette race supérieure, Nietzsche va jusqu’à préconiser la castration des criminels et des malades, l’interdiction du mariage pour les malades. La guerre et la colonisation seront des éléments favorables pour forger cette race de maîtres. Les textes sont nombreux. Lisons :

     Dans de nombreux cas, le devoir de la société est d’empêcher la procréation ; pour ce faire, elle a le droit, sans égard à l’origine, au rang et aux qualités de l’esprit, de prévoir les mesures coercitives les plus rigoureuses, les entraves de toutes sortes à la liberté, la castration dans certains cas. […] La vie elle-même ne connaît aucune solidarité, aucune « égalité » entre les parties saines et les parties dégénérées de son organisme ; il faut supprimer les dernières, faute de quoi tout périra. La pitié pour les décadents, l’égalité pour les dégénérés, ce serait la pire immoralité, ce serait la contre-nature promue au nom de la morale.

     Une société qui, pour satisfaire son instinct, répudie définitivement la guerre et la conquête, est en décadence.

     Du traitement à appliquer aux peuples grossiers. — La « barbarie » des moyens n’a rien d’arbitraire ni de facultatif, c’est évident, dès que l’on se trouve placé, avec toute sa sensiblerie européenne, dans la nécessité de soumettre des barbares — au Congo ou ailleurs.

     Contrarier la sélection de l’espèce, l’élimination de ses déchets, voilà ce qui a passé jusqu’à présent pour la vertu par excellence… Il faut respecter la fatalité ; cette fatalité qui dit au faible : « Péris ! »

    • Le quiproquo avec le nazisme est-il fondé ? La pensée de Nietzsche a-t-elle été manipulée ?

      « Bien sûr qu’elle a été manipulée, spécialement par sa sœur ! Le quiproquo n’est pourtant que partiel. Nietzsche était-il nazi ? Évidemment pas, et pour cause (il est mort après plusieurs années [ onze ] de démence, en 1900 : Hitler avait 11 ans !). Reste à savoir pourquoi les nazis ont cru reconnaître en Nietzsche une espèce de précurseur. La plupart des nietzschéens, surtout en France, voudraient nous faire croire que c’est un total contresens. Ce n’est pas si simple. Considérez par exemple ce passage de L’Antéchrist (&2) : “ Périssent les faibles et les ratés : premier principe de notre amour des hommes. Et qu’on les aide encore à disparaître ! ” Ou celui-ci du même ouvrage : “ Nous fréquenterions des “premiers chrétiens” tout aussi peu que des Juifs polonais : ce n’est pas qu’on ait besoin de leur reprocher même la moindre des choses… Tous deux sentent mauvais. ” Et que dire, dans la Généalogie de la morale (I, 11), de l’apologie de la “ superbe brute blonde, en quête de proie ou de victoire ” ? Cela n’empêchait pas Nietzsche de détester les antisémites, comme il aurait vraisemblablement détesté les nazis. Mais il détestait aussi les démocrates, les socialistes, les féministes, les progressistes… Une dernière citation, extraite de Zarathoustra, au livre IV : “ Les hommes efféminés, les fils d’esclaves et surtout la population métissée, tout cela veut à présent pendre en main le destin humain – ô dégoût, dégoût ! ” Bref, Nietzsche n’était pas nazi, mais ce n’est pas un hasard si les nazis se sont reconnus dans sa doctrine. Jankélévitch se scandalisait que le nazisme “ porte si visiblement l’empreinte de Nietzsche ” (L’Imprescriptible, Seuil, 1986, p. 52). Il est difficile de lui donner complètement tort. »

      Comte-Sponville

  • Nietzsche a déclaré que les femmes devraient avoir le droit d’avorter si des tests pouvaient déterminer que l’enfant à naître portait les « gènes » de l’homosexualité.

    Le même a écrit dans « L’Antéchrist » : "Périssent les faibles et les ratés !"

     !!!!

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