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Mossoul - Terrorisme et dictature : les deux prétextes d’une offensive impérialiste dont les civils sont les premières victimes
lundi 19 juin 2017, par
L’aviation de la coalition occidentale vient encore de frapper des civils
Mossoul : les civils, victimes de toutes les armées, aussi terroristes les unes que les autres…
Mi-juin, l’ONU estime à plus de 860.000 le nombre d’Irakiens qui ont été déplacés à un moment ou à un autre par la bataille de Mossoul.
Au moins 4.000 civils ont ont été tués par les troupes américaines. Plus de 200.00 habitants ont pu fuir Mossoul-Ouest depuis un mois, d’après les autorités irakiennes. Mais environ 600.000 personnes se trouvent encore dans les secteurs tenus par l’EI, dont les deux tiers dans la vieille ville, un réseau dense de rues étroites, selon l’ONU.
Daesh massacre, Saddam massacre, les USA, l’Angleterre, la France et les autres puissances massacrent !!!! Et ils ne tuent pas que des combattants !!!
L’offensive dirigée par Washington pour reprendre Mossoul de l’Etat islamique (EI) fait de plus en plus de morts et de blessés parmi les civils irakiens, piégés dans la ville, qui craignent les représailles à la fois de l’EI et des milices fidèles à Bagdad.
Selon Abdul-Ghani Asadi, le chef du contingent antiterroriste de l’armée irakienne, l’artillerie irakienne s’était assez rapprochée de Mossoul lundi pour pilonner systématiquement la ville, autrefois la deuxième métropole du pays, et qui compte toujours plus d’un million d’habitants. L’EI l’a capturée en 2014, quand des troupes irakiennes formés par les Etats-Unis se sont enfuis devant l’avancée de combattants islamistes bien moins nombreux.
Si cette milice islamiste brutale et réactionnaire a pu tenir la ville si longtemps, c’est en grande partie à cause de l’hostilité populaire à Mossoul envers l’Etat central à Bagdad. Les forces gouvernementales, dominées par les chiites, ont systématiquement réprimé les sunnites à travers l’Irak.
L’offensive contre Mossoul aggrave ces divisions sectaires, produites par les destructions causées la guerre américaine lancée en 2003 et la stratégie de diviser pour mieux régner employée par Washington pendant huit années d’occupation. Les civils en font les frais.
Selon certains reportages, des civils sunnites, qui ont risqué la mort aux mains de l’EI en fuyant Mossoul, auraient été emprisonnés et torturés par les forces gouvernementales.
Mardi, le Washington Post a décrit une femme qui, avec ses six enfants, a fui Mossoul vers sud et les forces irakiennes.
Alors qu’elle « parlait dans un camp pour les nouveaux réfugiés au sud de Mossoul, surveillée par des hommes armés, sans électricité et sans nourriture dans sa tente, ses enfants jouant dans la poussière, son évasion semblait avoir été le prélude à une autre épreuve misérable ».
Dans le même camp, un groupe de bergers a dit « qu’ils avaient été battus par des soldats après s’être échappés de l’Etat islamique ».
Dans un autre camp à l’est de Mossoul, selon le Post, « on gardait des dizaines de jeunes qui avaient fui la ville et ses alentours derrière une porte cadenassée, séquestrés de familles qui se déplaçaient librement dans d’autres parties du camp. Certains y étaient depuis 40 jours sans aucune indication du moment où ils seraient autorisés à partir, ont-ils expliqué ».
« ’Nous avons fui une prison pour nous retrouver dans une autre,’ dit Mohamed Asad, qui était assis avec un groupe de jeunes dans une tente. »
Lors des offensives antérieures pour chasser l’EI de Falloujah et de Ramadi, des centaines de sunnites ont été massacrés, et les troupes gouvernementales irakiennes et les milices chiites ont maintes fois eu recours à la torture.
A Kirkouk – la ville riche en pétrole au sud de Mossoul où les Peshmergas kurdes contrattaquent l’EI, qui avait attaqué afin d’attirer des forces gouvernementales depuis Mossoul – on inflige des punitions collectives à l’importante population d’Arabes sunnites.
L’ONU et des habitants de la ville ont dit au New York Times que les responsables kurdes à Kirkouk « ont réagi en chassant des centaines de familles arabes qui y cherchaient refuge ».
« Des habitants arabes de Kirkouk interviewés mardi ont rapporté que des agents de sécurité kurdes armés avaient enlevé les familles pour les forcer à regagner les camps », écrit le Times. « Selon eux, plusieurs maisons ont également été détruites, dans ce qui semblait être une tentative méthodique de chasser autant d’Arabes que possible ».
A Kirkouk et à Mossoul, l’offensive soutenue par Washington menace de déclencher une guerre sectaire qui impliquerait les puissances régionales, dont la Turquie et l’Iran.
Des informations émergent également de Mossoul, selon lesquelles l’EI organiserait des représailles brutales contre ceux qu’ils soupçonnent de contester son pouvoir.
A Genève, le porte-parole de l’ONU sur les droits de l’homme Rupert Colville a dit que les forces irakiennes avaient découvert les corps de 70 civils, criblés de balles, à Tuloul Naser, près de Mossoul, le 20 octobre. 50 anciens policiers détenus à l’extérieur de la ville auraient également été massacrés.
Dans un incident signalé dans un autre village, Safina, 15 civils ont été assassinés et leurs corps jetés dans la rivière ; six hommes attachés à un véhicule avaient été traînés à travers le village, afin de terroriser la population.
Selon Colville, l’EI a également abattu trois femmes et trois filles et blessé quatre autres enfants, quand ils ont pris du retard au cours d’un déplacement forcé.
Vu le passé de l’EI, ces informations sont très crédibles, comme celles selon lesquelles l’EI utilise les civiles comme « boucliers humains ». Le fait qu’elles sont largement rapportées rend d’autant plus frappant le silence que font les médias sur les atrocités similaires commises par les « rebelles » soutenus par Washington en Syrie, les milices liées à Al Qaïda tout à fait semblables à l’EI.
Cela fait longtemps que les médias adoptent la pratique de deux poids, deux mesures. L’EI ne posait aucune problème à Washington avant qu’il n’envhaisse une grande partie de l’Irak, dévoilant au grand jour la dégenerescence de l’Etat bâti par les Etats-Unis dans ce pays.
Plusieurs reportages suggèrent que l’un des objectives de Washington dans l’offensive actuelle contre Mossoul serait de pousser les combattants de l’EI vers la Syrie pour qu’ils y continuent de combattre le régime du président syrien, Bachar al-Assad.
Sheikh Abdullah Alyawer, un chef tribal à Rabia, à la frontière syrienne, a dit à CNN que des centaines de combattants de l’EI traversaient la frontière avec leurs familles à un endroit contrôlé par l’EI à Ba’aaj, au sud de Sinjar.
Ceci confirmerait les accusations formulées par Damas et Moscou, selon lesquelles les Etats-Unis et leurs alliés laissent ouvert un couloir à l’ouest de Mossoul volontairement, afin de faciliter la fuite des combattants islamistes vers la Syrie. Ceci renforcerait les forces islamistes qui servent de truchement à l’OTAN dans leur guerre pour renverser Assad.
Lors d’une réunion des ministres de la défense de 13 pays à Paris, le président français François Hollande a souligné le transfert de combattants de l’EI de Mossoul assiégée à Raqqa en Syrie.
Le commandement militaire russe a déclaré mardi qu’il surveillait la frontière irako-syrienne et se tenait prêt à mener des frappes contre les forces de l’EI. Une telle intervention mettrait à mal tous les objectifs des États-Unis et augmenterait encore le danger d’une confrontation entre les deux principales puissances nucléaires.
Dans un éditorial mardi sur Mossoul, le Wall Street Journal a souligné l’un des principaux objectifs de Washington en envoyant des milliers de soldats américains appuyer l’offensive.
« Vaincre l’EI à Mossoul est un intérêt américain vital, mais la seule façon pour le prochain gouvernement d’empêcher une résurgence de l’EI ou la domination iranienne de la région est d’envoyer plusieurs milliers de soldats américains à long terme en Irak, à la fois en tant que force de réaction rapide régionale et pour exercer une pression politique sur l’Irak », affirme l’éditorial. En clair, la bataille pour Mossoul n’est qu’un préparatif pour des guerres beaucoup plus larges, au Moyen-Orient et au-delà. WSWS
L’offensive de la coalition menée par les États-Unis qui vise à reprendre Mossoul a continué mardi tandis que les principaux participants ont reconnu que les combats pourraient prendre des mois. Les organismes d’aide ont émis de graves avertissements quant à l’impact de cette offensive sur plus d’un million de civils vivant dans la deuxième plus importante ville d’Irak.
Depuis que les opérations au sol ont été lancées lundi à l’aube par l’armée irakienne, les combattants peshmergas kurdes sous le contrôle du gouvernement régional du Kurdistan (GRK) et diverses milices ethniques, les troupes ont capturé 20 villages de l’État islamique (aussi connu sous le nom de Daech). Des forces peshmergas ont capturé une partie de la route reliant Erbil, la capitale de la région autonome du Kurdistan (RAK), à Mossoul mardi.
L’opération militaire menée par les États-Unis prépare le terrain pour un crime de guerre aux proportions énormes. Une agression doit être menée sur une ville avec une population estimée à 1,3 million, dont 600.000 enfants, par une force de 30.000 au sol, appuyée par des avions des États-Unis et d’autres puissances impérialistes, dont la France, la Grande-Bretagne, l’Allemagne et le Canada. Pour ceux qui ont eu la chance de survivre à l’assaut initial, pratiquement aucun plan n’a été préparé pour faire face au million de personnes qui deviendront des réfugiées, et encore moins comment Mossoul et ses environs d’origines ethniques diverses seront régis après sa récupération des mains de Daech.
Le président américain Barack Obama a fait ses premiers commentaires publics sur l’offensive de Mossoul mardi, reconnaissant lors d’une conférence de presse conjointe avec le premier ministre italien Matteo Renzi que « Mossoul sera un combat difficile et il y aura des avancées et des reculs ». Évitant de parler de la destruction causée par les précédentes opérations anti-Daech, telles que les sièges de Ramadi et Falloujah, qui ont laissé les deux villes en grande partie en ruines, il a fait remarquer benoîtement l’impact sur les civils : « L’exécution sera difficile et sans doute il y aura des circonstances déchirantes... C’est difficile de quitter sa maison. »
La couverture complète et continue dans les médias occidentaux sur l’utilisation par Daech de civils comme des boucliers humains dissimule le fait que la crise humanitaire qui se développe à Mossoul est la création des puissances impérialistes. L’invasion américaine de 2003 et la fomentation subséquente par Washington des divisions ethniques entre chiites et sunnites ont coûté la vie à des centaines de milliers de personnes et ont créé les conditions dans lesquelles Daech pourrait prospérer et prétendre être le libérateur les zones sunnites de l’ouest de l’Irak. Les États-Unis et leurs alliés de la coalition lâchent maintenant des tracts sur Mossoul, exhortant les civils à fuir dans des conditions où le gouvernement irakien soupçonnerait tout garçon ou homme âgé de 14 ans ou plus quittant la ville d’être un partisan potentiel de Daech.
Au-delà de l’Irak, l’intervention américaine en Syrie et les opérations militaires dirigées par l’Arabie saoudite au Yémen que Washington a soutenues ont aggravé les conflits régionaux et plongé le Moyen-Orient dans un bain de sang qui menace d’entraîner les grandes puissances dans une guerre plus large.
Ces conflits sont exacerbés par l’offensive de Mossoul. Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov et des sources de l’armée syrienne ont accusé la coalition menée par les États-Unis de vouloir permettre à des milliers de combattants de Daech basé à Mossoul de fuir à travers la frontière vers la Syrie. Notant que l’ouest de la ville est resté sans surveillance, Lavrov a averti que la Russie serait forcée d’adopter des mesures « politiques et militaires » si cette éventualité survient. « Pour autant que je sache, la ville n’est pas complètement encerclée », a déclaré Lavrov. « J’espère que c’est tout simplement parce qu’ils ne pouvaient pas le faire, et non pas parce qu’ils ne le voulaient pas. Mais ce corridor pose le risque que les combattants de l’État islamique puissent fuir Mossoul et aller en Syrie. »
Alors que d’autres sources ont signalé que les milices chiites tenues à l’écart de l’offensive en raison de la crainte de représailles sectaires ont été déployées à l’ouest de Mossoul pour couper la voie de la fuite, il ne peut en aucun cas être exclu que les États-Unis aient conclu un tel arrangement. Washington a travaillé en étroite collaboration avec des extrémistes islamistes en 2011 pour renverser le régime de Kadhafi en Libye, et beaucoup de ces éléments ont ensuite été transportés vers la Syrie avec l’aide de la CIA avant de former Daech. En outre, l’administration Obama a montré qu’elle était prête à collaborer avec les forces djihadistes dans la guerre civile de cinq ans pour renverser le régime Assad à Damas.
En plus de risquer d’aggraver la guerre en Syrie, la reprise de Mossoul menace d’approfondir les divisions ethniques, régionales et religieuses déjà amères en Irak même.
La plupart des milices ethniques qui ont été armées et entraînées par les puissances occidentales se sont engagées dans des combats sectaires sanglants dans le sillage de l’invasion américaine de 2003 et poursuivent des intérêts antagonistes qui pourraient bien aboutir à la partition ethnique de l’Irak, ce qui aurait des conséquences dévastatrices pour la population déjà désespérée.
Même les commentateurs dans les médias bourgeois ont été contraints de constater que la reprise de Mossoul ne résoudra aucun des problèmes qui ont conduit essentiellement à la partition de l’Irak en enclaves kurdes, chiites et sunnites et pourrait, en fait, préparer une nouvelle effusion de sang.
David Gardner écrivant dans le Financial Times a observé que l’espoir du premier ministre irakien, Haider al-Abadi, que les Irakiens s’unissent autour de la capture de Mossoul était « optimiste ». Il a écrit que les diverses milices impliquées dans l’offensive « s’entre-déchiraient » et il a averti que la bataille pour le contrôle de la région, qui est riche en réserves énergétiques et abrite une population ethniquement diversifiée, y compris les sunnites, les chiites, les Kurdes et les chrétiens, pourrait être « explosive ».
Les combattants peshmergas, qui ont déjà été accusés d’atrocités contre les villageois sunnites, seront gardés à l’extérieur de Mossoul, dans le but d’éviter la violence ethnique, mais le GRK est déterminé à utiliser leur participation à l’offensive pour renforcer sa position avec le gouvernement central à Bagdad. Tel est le message contenu dans une interview publiée mardi par Al-Jazeera avec le ministre des Affaires étrangères du GRK, Falah Mustafa Bakir. Interrogé sur le rôle du GRK après la reconquête de la ville : « Nous avons des intérêts dans Mossoul », a-t-il déclaré. « Mossoul est important et a un impact direct sur Erbil et Dohouk, et le GRK dans son ensemble en termes de sécurité, d’économie et d’impact social. Par conséquent, il faut que nous y soyons. »
Il n’a également laissé aucun doute que le GRK n’aurait que très peu de pitié pour des civils fuyant les combats parce que tous seraient soupçonnés d’être des sympathisants de Daech. « Sur la question des personnes déplacées internes [des personnes forcées de fuir leur maison] qui se présentent à nous, nous avons un problème de sécurité », a déclaré Bakir al-Jazeera. « Ceux qui ont vécu sous Daech ont une histoire. Certains ont été recrutés. Par conséquent, nous devons être en mesure de faire la distinction entre les personnes déplacées authentiques et celles qui font semblant d’être des personnes déplacées. »
Des divisions très nettes existent également entre Bagdad et Ankara. Le gouvernement turc a déployé environ 700 soldats au nord-est de Mossoul et a également formé une milice locale turkmène pour le soutenir. Le gouvernement irakien dominé par les chiites a dénoncé la présence d’Ankara, et une démonstration de plusieurs milliers de partisans de l’ecclésiastique chiite Moqtada al-Sadr a eu lieu en face de l’ambassade de Turquie à Bagdad mardi. Certaines des milices chiites, qui sont fortement soutenues par l’Iran, ont juré de se battre contre une intervention turque.
La Turquie a refusé de reculer, clamant qu’elle avait le droit de participer aux opérations de Mossoul et aux discussions ultérieures sur son statut final. Ce faisant, elle vise à restreindre les activités du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) dans le nord de l’Irak et à étendre l’influence d’Ankara dans les zones sunnites. Mentionnant la frontière de 350 kilomètres entre la Turquie et l’Irak, le président Recep Tayyip Erdogan a déclaré lundi : « Nous ne serons pas responsables des conséquences négatives résultant de toute opération menée sans la Turquie. Nous serons impliqués à la fois dans l’opération et à la table [de négociation] après. C’est impossible pour nous d’être exclus. »
L’impérialisme américain, qui a dévasté l’Irak dans sa quête effrénée de l’hégémonie régionale et mondiale, est le principal responsable de l’état désastreux de la situation dans ce pays.
Mais l’implication de toutes les grandes puissances impérialistes dans la région ne fera qu’aggraver les conflits sectaires et accroître les rivalités interimpérialistes. Aux côtés d’environ 5000 soldats des forces spéciales américaines impliquées dans l’assaut sur Mossoul, des troupes de l’Australie, de la Grande-Bretagne, du Canada, de la France, de l’Allemagne et de l’Italie sont également déployées en Irak. Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Marc Ayrault, qui a été à l’avant-garde des accusations des crimes de guerre envers la Russie pour son implication à Alep au cours du dernier mois, a annoncé une réunion planifiée organisée conjointement avec le gouvernement irakien le 20 octobre pour discuter des plans pour l’avenir de Mossoul.WSWS
L’offensive pour reprendre la ville de Mossoul dans le nord de l’Irak aux forces de Daech, planifiée de longue date par Washington, a commencé. Lundi matin, le Premier ministre irakien Haider al-Abadi a déclaré à la télévision nationale : « Aujourd’hui, je déclare le début de ces opérations victorieuses ».
L’assaut sur Mossoul démontre l’hypocrisie sans bornes des résolutions américaines et européennes à l’ONU, et l’acharnement des médias qui accusent sans cesse les forces syriennes soutenues par Moscou de « crimes de guerre », lors de leurs assauts sur l’est d’Alep contrôlé par les milices islamistes. En Irak, les États-Unis, leurs alliés et leur gouvernement fantoche à Bagdad lancent une attaque sauvage contre une ville bien plus grande, où seraient piégés 1,5 million de civils, dont 600 000 enfants.
Lise Grande, coordinatrice humanitaire de l’Organisation des Nations Unies pour l’Irak, a déclaré au New York Times ce week-end : « L’ONU est profondément préoccupée, car, dans les pires scénarios, l’opération à Mossoul pourrait être la plus complexe et le plus grande au monde en 2016, et nous craignons que jusqu’à un million de civils puissent être contraints de fuir leurs foyers ».
L’éditorial du 14 octobre du New York Times se félicite néanmoins de « la bataille à venir pour Mossoul ». Selon le Times, la ville doit être « libérée » du « régime terroriste », quel que soit le coût en vies humaines. Il y a à peine deux semaines, son éditorial traitait la Russie d’« États hors-la-loi » parce qu’il participait à l’assaut sur Alep qui « menace la vie de 250 000 personnes de plus ».
La différence entre les deux batailles, en ce qui concerne les hypocrites impérialistes, est que Washington et les puissances européennes soutiennent les groupes extrémistes islamistes visés par l’assaut à Alep, pour tenter de renverser le gouvernement syrien soutenu par la Russie. Les pertes civiles à Alep sont donc des « crimes de guerre ».
Par contre, l’ÉI présente un obstacle pour Washington, car il a utilisé les armes et les recrues récoltées des intrigues américaines en Syrie pour saisir de vastes parts du nord et de l’ouest de l’Irak en 2014, menaçant les régimes fantoches pro-américains à Bagdad et dans la région kurde. Les civils tués lors de la reconquête de Mossoul seront relégués au rang de « dommages collatéraux ».
En Syrie et en Irak, les objectifs américains sont les mêmes : affirmer leur domination sur la région qui produit le plus de pétrole du monde.
20 000 soldats irakiens et 10 000 peshmergas kurdes donnent l’assaut sur Mossoul. Ils sont renforcés par quelque 6000 policiers irakiens ainsi que des milliers de soldats de milices chrétiennes, turkmènes et sunnites fidèles aux partis de confession chiite qui contrôlent le régime de Bagdad.
En coulisses, l’armée américaine surveille et dirige l’assaut. Des chasseurs et des hélicoptères américains, britanniques, français, australiens et jordaniens fournissent un appui aérien aux forces gouvernementales disparates. Des unités des Marines américains et de l’Armée française fournissent l’artillerie. Des centaines de « conseillers » et de forces spéciales américaines, britanniques, australiennes, allemandes et italiennes participent à la bataille, conseillant les unités irakiennes et kurdes et dirigeant des attaques aériennes et les bombardements de l’artillerie.
Chaque atrocité commise par le régime russe ou son protégé syrien à Alep, sera égalée et sans doute dépassée, par les forces soutenues par les États-Unis en Irak. Des expériences passées, y compris l’assaut plus tôt cette année sur la ville irakienne de Fallujah, laissent peu de doute quant à l’issue de l’attaque sur Mossoul. Des banlieues entières seront réduites à néant depuis l’air et le sol, quel que soit le nombre de civils désespérés qui s’y cachent dans leurs maisons. Les systèmes d’électricité, d’eau et d’assainissement de la ville seront détruits. Les services médicaux et les réseaux de transport fonctionneront à peine.
La destruction potentielle de Mossoul et les victimes civiles à grande échelle sont justifiées à l’avance comme inévitables, en raison de la résistance de l’État islamique (ÉI – Daech) fanatique. Les estimations sur le nombre de militants de l’ÉI encore dans la ville sont dans une fourchette de quelques milliers à plus de 10 000. Des récits affreux sont apparus sur de grands préparatifs par l’ÉI pour de longs combats rue par rue. Les responsables américains et irakiens, citant des résidents de Mossoul, ont déclaré aux médias que les bâtiments et les voitures ont été chargés d’explosifs, des champs de mines posés et des barrages érigés sur les principales artères. Un réseau de tunnels airait été construit reliant divers secteurs de la ville.
Mossoul, pour rappeler la déclaration attribuée à l’armée américaine en 1968 à l’égard de la ville vietnamienne de Bến Tre, doit être détruit « pour la sauver ».
L’indifférence pour la vie et le bien-être de la population de la ville se révèle dans les tracts qui ont été largués dessus en des dizaines de milliers d’exemplaires le samedi soir. Selon un reportage de Reuters, un dépliant conseillait : « Garder le calme, et dire à vos enfants que ce n’est [les bombardements] qu’un jeu ou le tonnerre avant la pluie […] Les femmes ne devraient pas crier afin de préserver l’esprit des enfants ». Un autre tract avertissait de façon sinistre : « Si vous voyez une unité de l’armée, rester au moins à 25 mètres et évitez les mouvements brusques ».
Les Irakiens qui survivent à leur « libération » de l’ÉI par les forces américaines seront contraints de fuir les ruines invivables de la ville pour les camps de réfugiés surpeuplés et inadéquats. Aucune préparation sérieuse, telle que des villes de tentes avec des hôpitaux ou un approvisionnement en nourriture et en eau, n’a été déployé pour faire face à une telle situation. Les organismes d’aide craignent que des dizaines de milliers de personnes meurent de blessures, d’exposition aux éléments, de maladie, de déshydratation ou de faim.
L’assaut sur Mossoul rejoindra la longue liste des horreurs et des crimes qui ont été infligés au peuple irakien par l’impérialisme américain et sa machine militaire depuis plus de 25 ans dans sa quête de l’hégémonie sur l’une des régions du monde les plus riches en ressources et les plus importante stratégiquement.
Les milliers de personnes qui mourront se joindront à ceux qui ont perdu la vie à la suite de la guerre du Golfe de 1991 ; des sanctions imposées à l’Irak par la suite ; des suites de la contamination à l’uranium appauvri ; de l’invasion de 2003 ; de la guerre sectaire et meurtrière entre sunnites et chiites qui a été délibérément provoquée par l’occupation américaine ; et des opérations des forces gouvernementales irakiennes soutenues par les États-Unis après que la plupart des troupes américaines ont été retirées en 2010-2011.
Des estimations crédibles situent le nombre de morts cumulé sur une période de 25 ans à plus de 1,5 million, voir deux millions. Rien que depuis 2003, au moins quatre millions d’Irakiens ont été déplacés ou ont fui le pays en tant que réfugiés.
La défense des masses de l’Irak et du Moyen-Orient contre l’oppression impérialiste doit être à l’avant-garde de la lutte pour un mouvement international anti-guerre de la classe ouvrière qui s’appuye sur une perspective révolutionnaire et socialiste. WSWS
La bataille de Mossoul tourne au carnage pour les civils
Les civils piégés dans le dédale de la Vieille ville
Les civils, pris entre tous les assassins
L’assaut sur la vieille ville de Mossoul n’en est qu’au début
La bataille de Mossoul en 2004 (en anglais)
La bataille de Mossoul en 2014
La bataille de Mossoul en 2016-2017
Les habitants soumis à la faim, la soif et la pression des combattants
Le Pentagone reconnaît un massacre de civils
Bombardés dans leur maison, des civils de Mossoul accusent les forces de la coalition occidentale
Massacre suivi de l’hypocrisie
La deuxième ville d’Irak, prise entre les feux de tous les assassins armés
Les bombes tombent de toutes parts sur les civils
4000 civils tués par les seules frappes aériennes de la coalition américaine
Messages
1. Mossoul - Terrorisme et dictature : les deux prétextes d’une offensive impérialiste dont les civils sont les premières victimes, 21 juin 2017, 07:35
Les avions de guerre américains ont largué des dizaines de milliers de munitions sur Raqqa et ses environs, tuant et mutilant des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants syriens. Les unités des Marines américains, qui ont régulièrement renforcé les forces terrestres déployées illégalement sur le sol syrien, ont lâché une puissance de feu mortelle supplémentaire, tirant avec des obusiers de 155 mm dans des quartiers urbains bondés et envoyant des hélicoptères d’attaque Apache pour fournir un soutien aérien rapproché aux soi-disant Forces démocratiques syriennes. Cette force par procuration de Washington est dominée par les milices des YPG kurdes et « conseillée » par les troupes américaines des Opérations spéciales.
Le siège sanglant de Raqqa se déroule alors même que le Pentagone est en train de commettre un massacre similaire, commencé en octobre dernier, à Mossoul, une ville irakienne à 373 kilomètres à l’est qui, dans le temps, pouvait afficher une population de plus de 2 millions d’habitants. La majeure partie de Mossoul a été pulvérisée par des bombes américaines, des fusées et des obus. Des milliers de personnes ont été tuées et blessées, alors que beaucoup restent encore enterrées sous les décombres.
L’étendue des crimes de guerre commis par le Pentagone se voit plus clairement grâce aux reportages vérifiés selon lesquels les unités d’artillerie américaines tirent des obus au phosphore blanc dans Raqqa et Mossoul. Ces armes chimiques incendiaires, que le droit international interdit d’utiliser dans les zones peuplées, enflamment la chair humaine par simple contact, la brûlent jusqu’à l’os, tandis que ceux qui respirent les gaz dégagés par les obus étouffent et brûlent de l’intérieur. Les blessures horribles causées par ces armes rouvrent lorsqu’elles sont exposées à l’air. Le phosphore blanc est utilisé pour terroriser ceux qui sont attaqués.
Une autre arme cruelle employée contre les populations de Raqqa et de Mosul est la roquette MGM-140B. Tirée d’un lance-roquettes mobile, l’arme détonne en plein air, dispersant quelque 274 grenades antipersonnel, dont chacune est capable de tuer toute personne dans un rayon de 15 mètres.
Le mois dernier, le secrétaire américain à la défense, James Mattis, a déclaré aux médias que le Pentagone adoptait des « tactiques d’annihilation » dans sa campagne anti-ÉI, ajoutant : « Les victimes civiles sont une simple réalité de la vie dans ce genre de situation ». Mattis, général des Marines récemment retraité, que l’armée a surnommé Mad Dog (chien enragé), sait de quoi il parle. En 2004, il a dirigé les deux sièges meurtriers de Falloujah qui ont coûté la vie à des milliers d’Irakiens et, comme pour les dernières atrocités américaines, il y a utilisé des obus au phosphore blanc contre une population civile.
2. Mossoul - Terrorisme et dictature : les deux prétextes d’une offensive impérialiste dont les civils sont les premières victimes, 24 juin 2017, 15:23
Ce sont les civils, cependant, qui ont souffert le plus. Avant juin 2014, Mossoul comptait près de 2 millions d’habitants. Alors que des centaines de milliers de personnes ont fui lorsque l’EI a capturé la ville, les déplacements et le nombre de victimes ont augmenté de façon exponentielle depuis le début de l’assaut soutenu par les États-Unis.
On estime à environ 860.000 le nombre de résidents de Mossoul qui ont été faits réfugiés. Beaucoup d’entre eux survivent dans des campements surpeuplés ou ont rejoint des membres de leur famille ailleurs au pays.
Encore 500.000 personnes vivent la misère et une situation extrêmement difficile dans la banlieue est contrôlée par le gouvernement de la ville. On estime qu’environ 100.000 personnes sont toujours piégées dans les zones contrôlées par l’EI.
Il n’y a pas de nombre total exact de victimes civiles. Il est presque certain que des dizaines de milliers de personnes ont été tuées ou blessées, à la fois par les forces soutenues par les États-Unis et par les extrémistes de l’EI.
Une seule attaque aérienne américaine du 17 mars a massacré au moins 105 hommes, femmes et enfants. L’armée américaine a révélé qu’entre octobre 2016 et le 3 juin sa coalition avait bombardé la ville avec quelque 24.464 missiles et bombes.
Lorsque l’offensive a commencé il y a neuf mois, la coalition dirigée par les États-Unis estimait généralement qu’il n’y avait pas plus de 5.000, et au maximum 10 000, combattants de l’EI dans la ville. Au début de mai, les commandants irakiens ont affirmé en avoir tué plus de 16.000. Dans les semaines qui ont suivi, ils ont prétendu en avoir tué des centaines d’autres.
Le nombre gonflé de combattants de l’EI qui auraient été abattus suggère que des personnes sont faussement qualifiées de combattants pour dissimuler l’ampleur réelle des décès de civils.
Un article du 22 juin du journaliste britannique indépendant Tom Westcott, qui se trouve à Mossoul, décrit des aspects troublants du traitement que subissent des hommes et des garçons qui parviennent à traverser les lignes de combat des zones détenues par l’EI jusqu’à celles sous contrôle gouvernemental.
Un médecin français a parlé à Westcott de plusieurs hommes dont les blessures par des éclats d’obus ont été traitées. « Évidemment, a déclaré le médecin, ces opérations ont été faites par des médecins de l’EI et nous savons qu’ils ne s’occupent que des leurs, alors ces hommes étaient probablement partisans de l’EI. Il a noté que les troupes gouvernementales leur feraient subir au moins deux « examens ».
3. Mossoul - Terrorisme et dictature : les deux prétextes d’une offensive impérialiste dont les civils sont les premières victimes, 24 juin 2017, 15:24
Westcott a également raconté comment un homme était soupçonné de faire partie de l’EI parce qu’il avait des bleus sur son épaule – qui auraient pu être causés par le recul d’un fusil.
Tout au long de l’opération, tout homme âgé de plus de 15 ans qui est accusé d’être un partisan de l’EI a été emmené pour interrogatoire et détention. Des preuves ont vu le jour depuis octobre que des combattants présumés d’EI à Mossoul ont été soumis à une horrible torture ou exécutés sommairement par des forces gouvernementales.
À mesure que les derniers secteurs de la ville passent aux mains du gouvernement, des milliers d’hommes et d’adolescents sont confrontés à un avenir incertain. Un officier de l’armée irakienne a déclaré à Westcott : « La plupart des jeunes hommes encore à l’intérieur sont avec Daesh [EI]. Nous sommes 100% certains qu’ils font partie de Daesh ».
Le secrétaire américain à la Défense, James Mattis, avait qualifié la politique des États-Unis en Irak de « tactiques d’annihilation ». Il a implicitement approuvé l’exécution extrajudiciaire de non Irakiens qui sont capturés à Mossoul et qui seraient des combattants de l’EI. Il a déclaré le mois dernier dans une interview : « Notre intention est que les combattants étrangers ne survivent pas pour rentrer chez eux en Afrique du Nord, en Europe, en Amérique, en Asie, en Afrique. Nous ne leur permettrons pas de le faire. »
Les remarques de Mattis ne font que souligner que toutes les atrocités commises par les forces du gouvernement irakien se déroulent en toute connaissance de cause et avec la complicité des États-Unis et des autres États impérialistes qui fournissent des troupes aux opérations anti-EI.
4. Mossoul - Terrorisme et dictature : les deux prétextes d’une offensive impérialiste dont les civils sont les premières victimes, 3 septembre 2017, 09:35
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