jeudi 20 juillet 2017, par
Tableaux de Romeyn de Hooghe représentant les scènes de massacre des soldats français assassins du peuple hollandais : « Qui détruit le plus fera le plus d’honneur au Roi » dit le commentaire du tableau.
Le Code Noir contre les esclaves des Antilles
Louis XIV, la révocation de l’Edit de Nantes, des droits des Protestants et les dragonnades
Déclarations connues de Louis XIV :
« J’étais né roi, et né pour l’être. »
« Mon intention n’est pas de partager mon autorité. »
« Tenant, pour ainsi dire, la place de Dieu, nous semblons être participants de sa connaissance, aussi bien que de son autorité, par exemple, en ce qui concerne le discernement des esprits, le partage des emplois et la distribution des grâces… »
« Je parus enfin à tous mes sujets comme un véritable père de famille qui fait la provision de sa maison, et partage avec équité les aliments à ses enfants et ses domestiques. »
Un pamphlet intitulé « Soupirs de la France esclave » :
« Le roi a pris la place de l’Etat. »
Massillon :
« Vous leur rappellerez un siècle entier d’horreur et de carnage… des villes désolées, des peuples épuisés… le commerce languissant… la guerre. »
Un témoignage de curé, cité par Joël Cornette dans « La mort de Louis XIV » :
« Le roi est passé par-dessus toutes les lois pour faire sa volonté ; »
Témoignage cité par Joël Cornette dans « La mort de Louis XIV » :
« On n’entend que les cris des pauvres habitants, on ne voit que villes brûlées, chemins couverts de morts. »
Vauban, dans son rapport au roi Louis XIV intitulé « Projet de la dime royale » :
« Après le paiement des impôts (taille, capitation, gabelle, aides, traites), et de la nourriture, qui absorbe les deux tiers du revenu, les travailleurs ne disposent en tout et pour tout que de 15 livres 5 sols pour les dépenses courantes. Avec cette somme, il faudrait payer le loyer et les réparations de la maison, l’achat des meubles, quand cela ne serait que quelques écuelles en terre, des habits et du linge et fournir à tous les besoins de la famille… D’où il est manifeste que pour peu que le travailleur soit surchargé, il faut qu’il succombe… »
Lettre d’un évêque au père Le Tellier, confesseur du roi Louis XIV en 1710 :
« Tout est renversé, la justice ne se rend plus ; l’iniquité domine, les lois sont presque abolies ; tout se fait par brigue ou pour de l’argent… Tyrannie plus dure que tout ce que nous voyons dans l’histoire… Et on alourdit les impôts pour enrichir une troupe de vautours qui ne sont jamais rassasiés… Tout souffre, tout murmure ; une populace au désespoir est à craindre ; on n’ose dire ce qu’on prévoit… »
Fénelon dans sa « lettre au roi Louis XIV », dénonçant la guerre de Hollande :
« Tant de troubles affreux qui ont désolé l’Europe depuis plus de vingt ans, tant de sang répandu, tant de scandales commis, tant de provinces saccagées, tant de villes et villages mis en cendres, sont les funestes suites de cette guerre de 1672, entreprise pour votre gloire et pour la confusion des faiseurs de gazettes et de médailles pour l’Europe…Vous avez détruit la moitié des forces réelles du dedans de votre Etat pour faire et pour défendre de vaines conquêtes au dehors… La France entière n’est plus qu’un grand hôpital désolé et sans provisions… La sédition s’allume peu à peu de toutes parts… »
Fénelon dans « Les aventures de Télémaque », publié en 1694 et massivement lu avant d’être saisi par l’Etat :
« N’oubliez pas que les rois ne règnent point pour leur propre gloire, mais pour le bien de leurs peuples. »
Le pamphlet « J’ai vu », attribué par le pouvoir à Voltaire :
« J’ai vu la liberté ravie… J’ai vu le peuple gémissant… crever de faim, de soif, de dépit, de rage… Un démon nous faire la loi. »
Pour ce pamphlet, Voltaire est exilé puis enfermé à la Bastille en 1717…
Voltaire dans le « Siècle de Louis XIV » :
« La guerre rend le vainqueur presque aussi malheureux que le vaincu. C’est un gouffre où tous les canaux de l’abondance s’engloutissent. L’argent comptant, ce principe de tous les biens et de tous les maux, levé avec tant de peine dans les provinces, se rend dans les coffres de cent entrepreneurs, dans ceux de cent partisans qui avancent les fonds, et qui achètent, par ces avances, le droit de dépouiller la nation au nom du souverain. Les particuliers alors, regardant le gouvernement comme leur ennemi, enfouissent leur argent ; et le défaut de circulation fait languir le royaume… On fit du pain de disette avec de l’orge et de l’avoine. On en fit avec des fougères, du chiendent, du chou-navet, etc. Enfin on mangea de l’herbe et des écorces. Les valets des châteaux royaux mendiaient dans Versailles… »
Mémoires de Monsieur de la Colonie :
« On ne parlait que de guerre ; toute la jeunesse du royaume étant dans une si grande émulation qu’elle ne respirait plus qu’à suivre le torrent des nouvelles levées qui se faisaient chaque jour. »
Un pamphlet intitulé « L’inquisition française ou l’Histoire de la Bastille » :
« J’ai vu les oppressions qui se font sous le Soleil… Et j’ai préféré l’état des morts à celui des vivants. »
Pierre-Ignace Chavatte, décrivant l’action des troupes françaises à Tongre, dans le pays de Liège :
« Ils ont violé femmes et filles et brûlé hommes et enfants et puis les ont abandonnés. »
Adresse de Louis XIV à la tête de ses troupes aux populations capagnardes des Flandres :
« Apportez-nous votre argent, sous peine d’être pillés et brûlés. »
Déclarations de Louis XIV peu avant sa mort :
« Je m’en vais, mais l’Etat demeurera toujours… »
A son fils, le futur Louis XV :
« Ne m’imitez pas dans les guerres. »
Joël Cornette dans « La mort de Louis XIV » :
« Plus que tout autre, Louis XIV fut un roi de guerre… Pendant ces deux seules années (1693 et 1694), il y a eu 2.836.800 victimes de la guerre et de la misère, soit autant de victimes que de la guerre mondiale de 1914-1918 mais en deux ans et dans une France moitié moins peuplée. Quand on mesure les pertes humaines, la France n’avait jamais connu, depuis trois siècles, de calamité démographique analogue à celle de cette sombre fin du XVIIe siècle. Et plus tard, ni les guerres de la Révolution et de l’Empire, ni la guerre de 1870, ni encore moins celles de 1939-1945 n’ont provoqué autant de morts en si peu de temps. Dans la seule année 1693, il y eut, peut-être, 20% de vies fauchées sur le total de la population adulte. »
« Le tour de France du roi Louis XIV en 1659-1660 fut une prise de possession de l’espace du royaume marquée par quelques coups d’éclat comme la punition spectaculaire de Marseille. L’épisode, mémorable, a valeur de symbole. Dans la ville phocéenne, des troubles complexes, mêlant intérêts locaux et opposition aux représentants du roi, avaient mis aux prises différentes factions concurrentes ; des barricades avaient été dressées, un ordre royal lacéré… Mazarin voulut une réplique royale exemplaire. Il incita Louis XIV à se charger lui-même du châtiment d’une ville qui se prenait pour une république : c’était là une manière de parfaire son apprentissage politique. La punition se déroula en quatre étapes, méthodiquement préparées et exécutées. D’abord en janvier 1660, vingt compagnies d’élite occupèrent la ville après avoir désarmé la population. Puis une chambre de justice fut mise en place pour juger des « séditieux », cependant que le conseil municipal était suspendu. Versant symbolique de la sanction royale, le jeune monarque, en personne, ordonna de faire abattre (à coups de canons) la porte Royale avec une partie des murailles, symboles des libertés urbaines et, le 2 mars, il entra solennellement dans la ville par la brèche. La construction d’une forteresse, la citadelle Saint-Nicolas, destinée à surveiller la cité, fut ordonnée. Enfin, le régime municipal subit un profond remaniement : la noblesse était déclarée exclue du conseil de ville au profit des marchands, et le pouvoir royal se réservait le droit de regard sur les nominations futures des magistrats municipaux, lesquels perdaient en même temps leur prestigieux titre de consuls pour celui, plus modeste, d’échevins ; il leur était ordonné de ne plus ajouter à leur titre, comme le faisaient leurs prédécesseurs, celui de « gouverneurs et défenseurs des libertés, franchises et privilèges de la ville ». Désormais, Marseille, pacifiée, sera administrée par des échevins soumis à la volonté du prince. La révolte de Marseille tout comme le châtiment spectaculaire qu’elle allait subir constituent une exception… »
Un pamphlet après la mort du roi :
« A peine de Louis la course est terminée, ses sujets déchainés vomissent mille horreurs. »
L’acte d’accusation du « Roi-Soleil », malgré la prétention de celui-ci d’avoir construit l’unité nationale et l’intégrité territoriale, comprend les guerres de conquêtes violentes et inutiles (Hollande et Espagne), dans lesquelles les actes de barbarie de l’armée française ont été nombreux et impressionnants, et où le roi dirigeait en personne les généraux, des violences aussi contre les populations civiles, mais aussi les dépenses outrancières de luxe et de parure, au moment même où le peuple mourait en nombre sous les coups de la misère, du froid, de la faim, de la maladie, de l’absence de logement, du déclin économique, des guerres, du banditisme, etc.
Cet acte d’accusation comprend aussi les violences contre les minorités religieuses, notamment les protestants, mais aussi d’autres minorités catholiques, les violences contre tous les opposants, le simple acte de critique publique pouvant mener à la Bastille ou à la pendaison, les lettres de cachet devenant un mode de gouvernement.
La royauté est alors devenue monarchie absolue, cumulant tous les pouvoirs, ayant cassé le pouvoir des grands nobles, mais aussi le pouvoir des parlements, le pouvoir judiciaire, ayant mis à son service tous les pouvoirs administratifs, policier, militaire, financier, fiscal, politique…
L’acte d’accusation du roi-Soleil, malgré la prétention de celui-ci d’avoir construit l’unité nationale et l’intégrité territoriale, comprend les guerres de conquêtes violentes et inutiles (Hollande et Espagne) dans lesquelles les actes de barbarie de l’armée française ont été nombreux et impressionnants, et où le roi dirigeait en personne les généraux, les violences aussi contre les populations civiles, mais aussi les dépenses outrancières de luxe et de parure, au moment même où le peuple mourait en nombre sous les coups de la misère, du froid, de la faim, de la maladie, de l’absence de logement, du déclin économique, des guerres, du banditisme, etc.
Cet acte d’accusation comprend aussi les violences contre les minorités religieuses, notamment les protestants, mais aussi d’autres minorités catholiques, les violences contre tous les opposants, le simple acte de critique publique pouvant mener à la Bastille ou à la pendaison, les lettres de cachet devenant un mode de gouvernement.
La royauté est alors devenue monarchie absolue, cumulant tous les pouvoirs, ayant cassé le pouvoir des grands nobles, mais aussi le pouvoir des parlements, le pouvoir judiciaire, ayant mis à son service tous les pouvoirs administratifs, policier, militaire, financier, fiscal, politique…
Louis XIV est d’abord et avant tout le roi de la contre-révolution : son enfance est marquée par la lutte contre la révolution de la Fronde, puisqu’il lui faut quitter Paris avant de battre la capitale et de l’écraser, il combat la révolution de Hollande et d’Angleterre, il combat la révolte de Marseille, il combat la révolution des esclaves des Antilles. Il combat toute forme d’opposition sociale, idéologique, politique ou religieuse, écrase les jansénistes, les quiétistes, les protestants, les républicains, les démocrates, etc.
Autant Louis XIII étant réticent à employer l’esclavage, autant le règne de Louis XIV est un sommet de l’oppression des esclaves noirs des Antilles, exploités pour la production de sucre et de tabac. La traite est organisée officiellement par le pouvoir d’Etat au travers d’abord de la Compagnie des Indes Occidentales.
L’explosion du nombre d’esclaves correspond aux décisions prises à Versailles par Louis XIV entre 1671 et 1674 pour favoriser la culture du sucre au détriment de celle du tabac. Entre 1674 et 1680, le nombre d’esclaves en Martinique double. Entre 1673 et 1700, il a déjà sextuplé. Louis XIV abolit donc en 1671 le monopole de la Compagnie des Indes occidentales. La traite négrière est alors ouverte à tous les ports français, pour la doper par la concurrence. La Compagnie des Indes occidentales, en faillite, est dissoute en 1674. La Guadeloupe et la Martinique passent sous l’autorité directe du roi Louis XIV, qui pousse la culture de la canne à sucre, plus gourmande en capitaux mais beaucoup plus rentable, en donnant des terres à des officiers supérieurs en Martinique, où le sucre est alors moins développé qu’à la Guadeloupe.
Déjà dès le XVIIe siècle, les esclaves paraissent plus nombreux que les Blancs dans les colonies, mais peut-être pas encore assez pour leur faire peur, tant que la mise en valeur des terres l’exige. Ainsi en 1671 on comptait en Guadeloupe 7578 habitants repartis comme suit : 3203 Blancs dont 1499 hommes adultes, 603 femmes et environ une centaine de gens de couleur, puis 4267 Esclaves dont 1677 adultes et 1513 femmes En 1707, cette population prit du volume, atteignant jusqu’à 13213 individus parmi lesquels on comptait 4140 Blancs pour 8626 esclaves. Sept années plus tard, on y dénombrait 5541 Blancs pour 12512 Noirs. Les libres de couleur, eux, étant au nombre 741 individus. Mais à mesure que se développait en Europe le goût des produits “exotiques’’, notamment le sucre et le café, les importations d’esclaves elles, n’arrêtèrent pas de s’envoler. De 10000 à 20000 esclaves importés annuellement dans les colonies dans la première moitié du XVIIIe siècle, on passa quasiment entre 30000 à 40000 dans la seconde moitié du siècle. Ainsi, en 1726 sur une population totale de 130000 habitants, Saint-Domingue la dévoreuse de main-d’oeuvre servile, comptait à elle seule environ 100000 esclaves pour 30000 Blancs et hommes de couleur libres. Entre 1726 et 1763, la population esclave doubla. Le total des Noirs de la colonie y était de 206539. De 1763 au 1er janvier 1768, sur une rotation de 12O navires venus de Guinée, on y dénombrait 256776 esclaves, soit un apport de 5O247 Noirs en cinq années. En 1789, Benjamin Frossard rapportait le tableau suivant des habitants dans les colonies françaises pour l’année 1787.
Louis Sala-Molins :
« Le Code Noir est le texte juridique le plus monstrueux qu’aient produits les Temps modernes. Le Code, promulgué par Louis XIV en 1685, se compose de soixante articles qui gèrent la vie, la mort, l´achat, la vente, l´affranchissement et la religion des esclaves. Si, d´un point de vue religieux, les Noirs sont considérés comme des êtres susceptibles de salut, ils sont définis juridiquement comme des biens meubles transmissibles et négociables. Pour faire simple : canoniquement, les esclaves ont une âme ; juridiquement, ils n´en ont pas. »
Louis XIV s’est chargé lui-même de construire son mythe de « Roi-Soleil », car celui-ci lui était indispensable à son projet politique : mettre au pas la haute noblesse qui contestait la royauté. N’oublions pas qu’enfant, il avait été contraint de fuir la révolte parisienne et des Grands avec sa mère et son premier ministre. Dès 1661, Louis XIV fait construire un palais grandiose. C’est le château de Versailles. Il veut un palais somptueux à la mesure de son orgueil, pour prouver qu’il est le plus grand roi du monde.
Il faut 31 ans de travail et jusqu’à 30000 ouvriers pour le réaliser. Les meilleurs artistes dirigent ce gigantesque chantier et travaillent à sa décoration très luxueuse. Au château de Versailles, Louis XIV s’entoure d’une cour très nombreuse : il rassemble autour de lui des milliers de courtisans qui vivent de ses faveurs. Ainsi, il peut mieux les contrôler.
Le roi dépense beaucoup pour garder cette cour autour de lui.
Toute la vie de la Cour est organisée autour de la personne du roi. Chaque acte de la vie du roi est une cérémonie. Sa vie est un spectacle : son lever, sa toilette, ses repas, son coucher se font en public. C’est un honneur d’y assister.
« Toute puissance, toute autorité réside dans la main du roi. Tout ce qui se trouve dans l’étendue de nos Etats nous appartient. Les rois sont seigneurs absolus. J’ai décidé de ne pas prendre de Premier ministre, rien n’étant plus indigne que de voir, d’un côté, toutes les fonctions et de l’autre, le seul titre de roi. Il fallait faire connaître que mon intention n’était pas de partager mon autorité. » Louis XIV, 1661
Pour lui, la France doit être le pays le plus fort d’Europe. Alors, il se lance dans de nombreuses guerres contre les rois européens : espagnols, anglais, hollandais.
Louis XIV cherche sans arrêt à étendre son royaume par la guerre. Celles-ci ne s’arrêtent jamais tout au long de son règne.
Mais ces guerres coûtent très cher au royaume.
Pour pouvoir payer les nombreuses dépenses de Louis XIV (le château de Versailles, la cour, les guerres), les paysans sont accablés d’impôts :
taille , gabelle sur le sel , dîme au curé et au clergé , droits à payer au seigneur .
Un grand sentiment d’injustice s’installe : les nobles (les seigneurs) et le clergé (les religieux), eux, ne paient pas d’impôts, alors qu’ils sont les plus riches.
Le règne de Louis XIV connut plusieurs graves famines : la famine de 1693-1694 fut la plus grave. En partie due à de très mauvaises conditions météorologiques, elle entraîna près de 2 millions de morts.
Puis, en 1709, un terrible hiver gèle tous les cours d’eau et le sol sur un mètre de profondeur. La totalité de la récolte de l’année est perdue : pas de blé, de vin , pas de fruits . Les animaux meurent.
En cette dernière partie de règne, la popularité de Louis XIV a beaucoup baissé. Les critiques et les injures deviennent courantes. Le peuple français perd confiance et même le respect envers son roi.
Fénélon, un écrivain, tente d’informer le roi sur l’état de son royaume :
« Votre peuple meurt de faim, la culture des terres est abandonnée, les villes et les campagnes se dépeuplent. Au lieu de tirer de l’argent de ce pauvre peuple, il faudrait lui faire l’aumône et le nourrir. Il est plein de désespoir. La France entière n’est plus qu’un grand hôpital désolé et sans provisions. La révolte s’allume peu à peu. »
Fénelon, Lettre à Louis XIV.
À partir des années 1660, une politique de conversion des protestants au catholicisme fut entreprise par Louis XIV à travers le royaume. Elle s’exerce par un travail missionnaire, mais aussi par diverses persécutions, comme les dragonnades. Les dragonnades consistent à obliger les familles protestantes à loger un dragon, membre d’un corps de militaires. Le dragon se loge au frais de la famille protestante, et exerce diverses pressions sur elle.
Pour achever cette politique importante, Louis XIV révoqua le versant religieux de l’édit de Nantes en signant l’édit de Fontainebleau, contresigné par le chancelier Michel Le Tellier, le 22 octobre 1685. Le protestantisme devenait dès lors interdit sur le territoire français (excepté l’Alsace, où l’édit de Nantes ne fut jamais appliqué, cette région n’étant intégrée au royaume qu’en 1648). Cette révocation entraîna l’exil de beaucoup de huguenots, affaiblissant l’économie française au bénéfice des pays protestants qui les ont accueillis : l’Angleterre et ses colonies de la Virginie et de la Caroline du Sud, la Prusse7, la Suisse, les Pays-Bas et ses colonies du Cap et de la Nouvelle-Amsterdam, cette dernière anciennement située sur le territoire du New York et du New Jersey d’aujourd’hui. On parle très approximativement de 300 000 exilés, dont beaucoup d’artisans ou de membres de la bourgeoisie. La révocation de l’édit de Nantes a aussi eu pour conséquences indirectes des soulèvements de protestants, comme la guerre des camisards des Cévennes, et une très forte érosion du nombre des protestants vivant en France, par l’exil ou la conversion progressive au catholicisme.
Cette politique de conversions plus ou moins forcées fut efficace, au moins officiellement, et on vit se développer une pratique clandestine du protestantisme, chez de nouveaux convertis au catholicisme. Le nombre de protestants « officiels » chuta fortement, et l’édit de Nantes, formellement toujours valide, fut vidé de son contenu.
Si le roi de France est le plus puissant d’Europe, c’est grâce aux ressources de son royaume. Son peuple est le plus nombreux avec environ 21 millions de sujets.
Quatre Français sur cinq vivent dans les campagnes, et deux sur trois sont des paysans, qui connaissent de rudes conditions d’existence.
Le climat est rigoureux. Les récoltes sont peu abondantes et les impôts nécessités par les nombreuses guerres du roi sont élevés.
Les révoltes de paysans, appelées Jacqueries, sont durement reprimées. La dernière importante eut lieu en 1675, mais il en éclate encore en 1707.
Le réseau des villes est déjà le nôtre. Là se pratiquent l’industrie et le grand commerce.
La bourgeoisie s’enrichit et achète des charges administratives, tandis que petits artisans et ouvriers subsistent plutôt difficilement.
Les rues, souvent sales et encombrées, n’ont pas de trottoirs et sont parfois envahies par des hordes de mendiants que l’on enferme régulièrement dans des « hôpitaux » créés à cet effet, ou que l’on condamne aux galères.
L’instruction, monopolisée par le clergé, n’est accessible qu’aux enfants de la noblesse et de la bourgeoisie.
Le Trésor royal doit faire face aux énormes frais des dernières guerres du règne.
Des impôts nouveaux sont créés ;
la capitation : qui pèse sur les personnes
le dixième : qui pèse sur le dixième des revenus.
Ils sont conçus pour toucher tous les sujets du roi, mais les privilégiés (clergé et nobles) trouvent rapidement le moyen de se faire exempter.
Le Trésor Royal recourt également à l’emprunt : en 1715, la dette équivaut à ce que rapportent les impôts pendant cinq ans.
Par l’intermédiaire de groupes financiers ou de grands banquiers, ce sont les classes aisées du royaume et de l’Europe qui avancent l’argent au Roi.
Par l’impôt et par l’emprunt, tous payent de plus en plus, alors même que les activités qui ne sont pas liées à la fourniture des armées, gênées par la guerre, marchent au ralenti.
En 1694, en plus des guerres, une terrible famine s’abat sur l’Europe et a de lourdes conséquences sur la population française. C’est la plus forte crise de mortalité du XVIIe siècle. Des printemps et étés pluvieux pourrissent les récoltes trois années de suite. Le blé manque, d’autant qu’il faut nourrir les armées, et le prix du pain est multiplié par quatre.
Des milliers de miséreux errent affamés le long des routes, déterrent les chevaux morts pour se nourrir. Ils sont à la merci de la moindre épidémie.
LE ROYAUME PERD A PEU PRES UN MILLION SIX CENT MILLE HABITANTS EN DEUX ANS.
Cependant, une vigoureuse reprise des naissances permet au pays de retrouver en 1707 ses vingt et un millions d’habitants de 1692.
Puis s’abat sur le royaume le « grand hiver » de 1709, accompagné d’une nouvelle famine. Le froid paralyse toute l’activité.
On allume de grands feux dans les villes pour les sans-logis. L’hiver 1710 est également glacial. Le royaume perd environ huit cent mille habitants et il faut attendre 1719 pour retrouver à nouveau le niveau de vingt et millions d’habitants.
L’observation de la misère conduit certains à critiquer l’action du roi et l’organisation de la société française. Les idées de paix et de réforme progressent à la fin du règne de Louis XIV, loin des rêves de gloire de sa jeunesse.
1640 : prise par l’armée de Arras, Casal et Turin
1642 : prise par l’armée de Perpignan et Salas
1643 : victoire de Rocroi
1648-1651 : guerre civile (la Fronde) dans laquelle le roi quitte la capitale pour ensuite « châtier la capitale par ses bouches à cânons ». La Fronde est synonyme de dénuement, de malnutrition, d’épidémies, de meurtres, de violences de toutes sortes contre la population… A la fin, le peuple est à bout, les campagnes ne cultivent plus, les villes ne commercent plus, l’artisanat est arrêté. La capitale est aux mains de la révolte. Le roi n’oubliera jamais ceux qui l’ont contesté et toute sa politique sera dictée par la pensée de la nécessaire contre-révolution, de la guerre intérieure et extérieure. C’est un roi liberticide, dès son plus jeune âge. La guerre contre les peuples voisins et la guerre contre les minorités religieuses vont lui servir à éradiquer la révolution politique et sociale qui l’a menacé au début de son règne, à occuper sa noblesse, à se faire craindre de son peuple.
Février 1651, la bourgeoisie et le peuple, révoltés contre le roi, assiègent le palais royal (comme ils le feront aux meilleures heures de la révolution de 1789).
1654 : colonisation de l’Acadie et du Canada
1658 : Louis XIV dirige les armées à vingt ans, le 23 juin 1658 à Dunkerque, lors de bataille des Dunes
1658 : révolte des sabotiers de Sologne
1659 : colonisation du Sénégal
1659-1660 : tour de France royal de Louis XIV, victorieux de la Fronde
1661 : pouvoir absolu de Louis XIV
1662 : révolte du Boulonnais (ou « révolte des Lustucru »)
1664 : colonisation de la Guyane
1665 : colonisation de Madagascar, de la Guadeloupe et de la Martinique et formation de la Compagnie des Indes
1667 à 1668 : guerre de Dévolution
1668 : fin de la guerre de dévolution
1672 : l’armée française envahit la Hollande et prend ses villes (la république des Provinces-Unies qui a commis le crime de lèse-majesté de gouverner sans rois et de critiquer publiquement la royauté française, ainsi que de se fonder sur le culte protestant). Le peuple des Provinces-unies, révolté, casse les digues, le plat pays est envahi par les eaux, les troupes françaises ne passent plus. La révolte antifrançaise et protestante gagne l’Angleterre.
1673 : bataille de Maastricht
1674 : l’armée française est défaite en Hollande, et évacue le pays, en mettant à sac systématiquement villes et villages, en tuant, en brûlant, en violant, avec un sommet de l’horreur à Seneffe où l’armée française commet un véritable carnage général…
1674 : faillite de la Compagnie des Indes
1674 : conquête de la Franche-Comté
1675 : Louis XIV prend en personne la tête de ses troupes dans les Pays-Bas
1677 : bataille de Cassel
1678 : campagne militaire
1679 : fin de la guerre de Hollande
1679 : dragonnades des Protestants
1683-1684 : guerre des Réunions
1685 : révocation de l’Edit de Nantes et début de la chasse violente aux Protestants dans tout le pays
1685 : promulgation du Code Noir qui instituionnalise l’esclavage et les sévices contre les Noirs, pour répondre aux révoltes
1688 : guerre de la ligue d’Augsbourg (ou guerre de Neuf Ans)
1688 : la révolution anglaise est bourgeoise, protestante, favorable aux Provinces-Unies et antifrançaise
1691 : siège de Mons
1691 : crise économique dans les campagnes
1692 : sur les mers, début de la guerre de course
1692 : crise économique dans les campagnes ; la misère dans Paris est telle que la royauté doit, pour éviter l’émeute populaire, prendre l’initiative de construire une trentaine de fours à pain dans la cour du Louvre
1692-1694 : guerre de la ligue d’Augsbourg
1693-1694 : la pire période de l’Histoire de France pour le peuple : faim, maladies, épidémies (typhoïde, scorbut, ergotisme, etc.) La crise agricole se transforme en crise de l’artisanat et du commerce. Un peu moins de trois millions de morts en deux ans !!!
1693 : bataille des Flandres, Louis XIV commande en personne ses armées
1695 : impôt de capitation
1697 : colonisation d’Haïti
1698 : paix de Ryswick
1701-1713 : guerre de Succession d’Espagne
1704 : bataille de Höchstadt
1706 : bataille de Ramillies
1708 : prise de Lille et Douai, bataille d’Audenarde
1708-1709 : le froid est terrible (moins 20°C en Ile de France), la neige recouvre le royaume, les animaux meurent dans les étables, les hommes, les femmes et les enfants chutent raides morts dans les rues des villes et villages. Nombreuses séditions en province. Une manifestation de femmes se rend à Versailles au château royal pour exiger la fin de la guerre et le pain. Des émeutes particulièrement violentes ont lieu à Tours et à Coulonges-le-Royal. La répression est violente.
1709 : crise des subsistances. Le roi n’arrête pas ses guerres… Montée des émeutes : 10 mouvements en février, 19 mouvements en juillet, 11 mouvements en août, 8 mouvements en septembre.
1709 : bataille de Malplaquet, perte de Tournai
Hiver 1709-1710 à nouveau très dur. Et à nouveau les morts en masse…
1710 : perte de Douai, Aire-sur-Lys et Béthune
1712 : bataille de Denain
1713 : paix d’Utrecht
1709 : crise économique et sociale. Le ras-le-bol de la guerre atteint un sommet…
1710 : impôt du dixième
1715 : mort du roi Louis XIV
1720 : peste à Marseille
Révocation de l’édit de Nantes, un crime de Louis XIV
Les guerres de Louis XIV, racontées par ses adversaires
La répression de la révolte des Antilles
Les dragonnades contre les protestants
L’écrasement de la ville de Marseille, révoltée
La lettre de cachet et l’embastillement
Versailles, symbole de la dictature
Les mystères du peuple, Eugène Sue
Louis XIV dans « Le Vicomte de Bragelonne » de Alexandre Dumas
Commentaire de « Le Vicomte de Bragelonne » de Alexandre Dumas
Voltaire dans « Le siècle de Louis XIV
L’affaire des poisons, scandale de la cour de Louis XIV
Un attentat terroriste contre le roi
Louis XIV, auteur du « code noir », édit de l’esclavage des Noirs