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Conflits de classe aux USA

mercredi 1er août 2018

Pendant qu’UPS et les entreprises de l’acier et des télécommunications exigent un gel des salaires...

Les travailleurs des États-Unis confrontent une montée de batailles de classes

Par Jerry White

Un conflit majeur se prépare entre les travailleurs et les entreprises aux États-Unis, alors que les employeurs résistent à toute augmentation de salaire substantielle malgré l’envolée des profits, des rachats d’actions et des dividendes versés aux patrons et aux investisseurs.

Les conventions collectives ont expiré ou expireront au cours des prochains jours et des prochaines semaines pour des centaines de milliers de travailleurs de United Parcel Service (UPS), de US Postal Service et des industries de l’acier, des télécommunications et du divertissement. En même temps, les enseignants seront de retour en classe dans des conditions où aucun des problèmes qui ont déclenché les grèves en Virginie-Occidentale, en Oklahoma, en Arizona et dans d’autres États n’a été résolu. De nouvelles batailles se préparent à Los Angeles et Oakland en Californie et dans d’autres centres urbains.

Dans toutes ces situations, les employeurs résistent non seulement aux augmentations des salaires, mais ils redoublent leurs efforts pour obtenir de nouvelles concessions sur la santé, les pensions et les normes du travail. De plus, les entreprises américaines, avec l’entière assistance des syndicats, accélèrent leur purge des travailleurs mieux rémunérés, et la transformation de leur main-d’œuvre en travailleurs à temps partiel et temporaires privés de droits.

Depuis des décennies, les syndicats ont dans les faits banni les grèves, surtout depuis la crise financière de 2008. En 2017, les arrêts de travail majeurs aux États-Unis sont tombés à sept, le deuxième niveau le plus bas depuis 1947, tandis qu’au Royaume-Uni, ils sont tombés au niveau le plus bas depuis les années 1890. Ceci a permis une restructuration historique des rapports de classe, la part du revenu national non agricole revenant à la classe ouvrière aux États-Unis étant passée de 66,4% en 2000 à 58,9% en 2018 – un transfert de richesse qui atteindra 1400 milliards de dollars en 2018 seulement.

Mais depuis le début de l’année, le nombre de grèves a fortement augmenté dans le monde entier. Au cours des six premiers mois de 2018, il y a eu 12 arrêts de travail majeurs aux États-Unis, impliquant 444.000 travailleurs, soit plus que le nombre total de grévistes au cours des six dernières années combinées.

L’opposition à l’alliance patronale, gouvernementale et syndicale augmente.

* Après un puissant vote progrève, 230.000 travailleurs d’UPS ont été non seulement confrontés au géant de la livraison, mais aussi aux Teamsters. Le syndicat appuie les revendications de l’entreprise pour une nouvelle classe de chauffeurs de camions de livraison « hybrides » moins bien rémunérés avec un salaire horaire de 15 $ pour les travailleurs à temps partiel, qui constituent la majorité de la main-d’œuvre de l’entreprise. Le syndicat des Teamsters a accepté de prolonger indéfiniment la convention au-delà de la date d’expiration du 31 juillet, afin d’épuiser l’opposition et faciliter l’adoption de l’entente de trahison.

* Bien qu’ArcelorMittal ait réalisé 5,4 milliards de dollars de profits l’an dernier, soit 30% de plus que l’année précédente, le géant de l’acier exige des coupes dans le régime de santé, ce qui pourrait obliger les métallurgistes à payer jusqu’à 8.000 $ de plus par an à leurs frais. L’entreprise, qui possède des usines dans le nord-ouest de l’Indiana et dans d’autres États, veut également réduire les pensions et réduire les primes d’encouragement, les vacances et les congés familiaux et médicaux. Les contrats du syndicat des Métallos couvrant 30.000 travailleurs de l’acier chez ArcelorMittal et US Steel expirent le 1er septembre.

* La semaine dernière, des milliers de travailleurs de Fiat Chrysler à Kokomo, en Indiana, ont voté à 99% pour autoriser la grève dans les usines de transmissions de l’entreprise, ce qui stopperait rapidement les activités du troisième constructeur automobile américain.

* Plus de 8.000 travailleurs d’AT&T Midwest en Illinois, en Ohio, au Michigan et d’autres États, ainsi que les travailleurs d’AT&T Legacy, travaillent sans nouveau contrat depuis le 14 avril. Le géant des télécommunications, qui a récemment finalisé l’acquisition de Time Warner pour 84,5 milliards de dollars, a refusé de renoncer à ses demandes de réduction des soins de santé et des pensions et à l’éviscération de la sécurité d’emploi.

* Empêchant toute grève des travailleurs d’AT&T, le syndicat des Communications Workers of America (CWA) vient d’annoncer qu’il prolongerait le contrat de 39.000 travailleurs de Verizon de quatre ans, soit plus d’un an avant l’expiration du contrat actuel. La prolongation représente en fait de nouvelles concessions qui minent encore plus l’assurance maladie.

* Plus de 98% de travailleurs de l’animation, membres du Screen Actors Guild-American Federation of Television and Radio Actors (SAG-AFTRA), ont voté en faveur d’une grève pour obtenir de meilleurs salaires et des paiements résiduels de Disney et d’autres studios qui produisent des émissions d’animation très rentables pour les plateformes par abonnement comme Netflix et Amazon.

La colère sociale croissante ne concerne pas seulement les 14,8 millions de travailleurs encore piégés dans les syndicats corporatistes, qui ne représentent que 10,7% des travailleurs des secteurs privé et public, comparé à 20,1% en 1983. Des dizaines de millions de travailleurs de plus, en particulier parmi la jeune génération, sont traités comme des esclaves industriels et peinent à subvenir à leurs besoins.

Bien que le taux de chômage officiel soit tombé à son niveau le plus bas depuis 2000, il n’y a pas eu d’augmentation correspondante des salaires. La rémunération hebdomadaire médiane au deuxième trimestre n’a augmenté que de 2,0% par rapport à la même période l’an dernier, alors que l’indice des prix à la consommation a augmenté de 2,7%. Il s’agit du troisième trimestre consécutif au cours duquel l’inflation a dépassé la croissance des salaires.

L’augmentation du coût de la nourriture, du carburant, du logement et des soins de santé force les travailleurs à s’endetter davantage pour joindre les deux bouts. Des études récentes du Joint Center for Housing Studies de l’Université Harvard ont révélé que les jeunes – dont beaucoup sont aux prises avec des dettes insoutenables – vivent avec leurs parents ou demeurent plus longtemps locataires avant d’acheter leur première maison.

Il y a une immense colère grandissante contre l’administration Trump, qui a remis des milliers de milliards de dollars en réductions d’impôts aux riches et accélère l’attaque contre les coupons alimentaires, les soins de santé et d’autres programmes essentiels.

Les démocrates, qui défendent Wall Street et les grandes entreprises aussi impitoyablement que les républicains, se gardent d’attaquer le président Donald Trump pour son assaut contre les immigrants ou pour ses nouvelles menaces de guerre contre l’Iran. Au lieu de cela, ils accusent Trump d’être un pion de Moscou.

Dans les coulisses, c’est l’appareil de renseignement et l’armée qui mettent pression pour une confrontation plus agressive avec la Russie, un pays doté de l’arme nucléaire. En même temps, les dénonciations de « l’ingérence russe » sont utilisées pour censurer l’Internet et criminaliser toutes les formes de dissidence, y compris l’opposition de la classe ouvrière à l’inégalité sociale et à la guerre.

Comme soutient le Parti de l’égalité socialiste dans sa déclaration du 13 juin 2017, « Révolution de palais ou lutte des classes : la crise politique à Washington et la stratégie de la classe ouvrière », « Un troisième conflit, tout à fait différent, se développe – entre la classe dirigeante et la classe ouvrière, la vaste masse de la population, qui souffre de diverses formes de détresse sociale et est complètement exclue de la vie politique ».

Afin de lutter, les travailleurs doivent se libérer de l’emprise des Teamsters, des United Auto Workers et des autres syndicats, qui ne sont rien d’autre que des instruments des sociétés. De nouvelles organisations de lutte – des comités d’usine, de lieu de travail et de quartier – doivent être formées, élues et contrôlées par les travailleurs de la base, et dédiées aux méthodes de la lutte de classe, et non à la collusion entre les patrons et les syndicats.

Ces comités devront établir les réseaux les plus larges pour unir tous les travailleurs et surmonter les divisions imposées par les syndicats pour diviser et affaiblir la classe ouvrière. En opposition au nationalisme économique des syndicats, ces comités serviront à unir les travailleurs américains avec leurs frères et sœurs de classe à l’échelle internationale.

Toutes les luttes – pour des emplois bien rémunérés et stables, des soins de santé et des pensions ; pour le droit des travailleurs immigrés de vivre et de travailler où ils le souhaitent avec tous les droits de citoyenneté ; pour une éducation publique de qualité, l’accès aux loisirs et à la culture ; et pour que les jeunes aient un avenir sans guerre, sans meurtres policiers et sans inégalité sociale – doivent être unies dans une contre-offensive industrielle et politique commune.

Ce combat posera la question la plus décisive : quelle classe doit être au pouvoir ? Si les besoins de la classe ouvrière doivent prévaloir, les travailleurs seront amenés à lutter politiquement pour s’emparer du pouvoir, exproprier les fortunes de l’oligarchie patronale et financière et réorganiser la vie économique et politique sur une base socialiste.

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