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La persécution des réfugiés à l’échelle mondiale

mardi 9 juin 2015, par Robert Paris

La persécution des réfugiés à l’échelle mondiale

De l’Europe à l’Asie en passant par les Amériques, le monde est témoin d’une augmentation importante du nombre de réfugiés et d’une vague de répression et de violence étatiques qui vise à les priver de leurs droits démocratiques fondamentaux.

Cette semaine, l’Union européenne a mis de l’avant une stratégie en deux volets afin de confronter la vague de réfugiés en provenance d’Afrique du Nord qui a mené, seulement pour cette année, à près de 2000 noyades parmi ceux qui tentent la traversée dangereuse de la Méditerranée.

Le premier volet, divulgué mercredi, est de diviser un quota de 20.000 réfugiés parmi les États membres de l’Union européenne dans les deux prochaines années. Le nombre est pathétique si on le compare au demi-million de réfugiés qui se trouveraient, selon les estimations, en Afrique du Nord en attente de se déplacer vers l’Europe. Et c’est sans parler des 170.000 réfugiés qui se sont rendus en Europe seulement l’année dernière.

Malgré tout, la proposition a déclenché une crise aiguë au sein de l’UE. Le Royaume-Uni, l’Irlande et le Danemark ont choisi de ne pas participer au système de quotas de réfugiés. La proposition a provoqué des dénonciations de la part du gouvernement conservateur britannique. Selon la ministre de l’Intérieur, Theresa May, le système de quota est un « facteur d’attraction » en encourageant les gens à tenter la traversée de la Méditerranée. Selon elle, les migrants devraient plutôt être renvoyés en Afrique par la force.

Malgré le système de quota, toute l’Union européenne travaille à renforcer la Forteresse Europe et même à préparer des actions militaires pour mettre fin au flot de réfugiés.

Comme le quotidien britannique Guardian l’a révélé mercredi, l’Union européenne a rédigé un document stratégique de 19 pages qui appelle à l’utilisation de forces navales, aériennes et même terrestres afin d’empêcher les réfugiés de quitter la Libye. Ce n’est pas seulement un blocus naval qui est envisagé, mais des frappes aériennes contre les bateaux et les quais impliqués dans le trafic de migrants en Méditerranée ainsi qu’un déploiement potentiel de forces spéciales en sol libyen.

Le document reconnait que de telles opérations comportent un « grand risque de dommages collatéraux, incluant la perte de vies humaines ».

Il est crucial de noter que les puissances impérialistes d’Europe menacent d’utiliser la force militaire en réponse à une crise qu’elles ont elles-mêmes créée avec leurs alliés américains, aidés et appuyés par les champions de « gauche » de « l’impérialisme humanitaire ».

Le flot de réfugiés est provoqué par la décimation de sociétés entières aux mains des États-Unis et de leurs alliés, d’abord en Irak et en Afghanistan par l’invasion directe et l’occupation, et ensuite en Libye par la campagne de bombardement de l’OTAN, menée par les États-Unis, et le soutien en sous-main à des forces islamistes dans la guerre pour renverser et assassiner Mouammar Kadhafi en Libye. Simultanément à l’intervention en Libye, les États-Unis et leurs alliés d’Europe de l’Ouest ont appuyé une guerre en sous-main, menée par des islamistes, pour un changement de régime en Syrie. Ils ont cherché le renversement du gouvernement d’Assad, un allié de la Russie et de l’Iran. Ces guerres ont produit des millions de réfugiés, incluant un grand nombre de travailleurs migrants africains qui tentent de fuir le chaos sanglant créé par l’impérialisme en Libye.

Amnistie internationale a publié un rapport cette semaine qui montre que les réfugiés qui sont piégés en Libye font face à des « abus de toutes sortes par des groupes armés, des passeurs, des trafiquants et des groupes criminels en Libye ainsi qu’à de l’exploitation systématique, l’illégalité et des conflits armés ». L’infrastructure sociale du pays est détruite et des milices rivales ainsi que deux gouvernements se font la guerre. Les migrants dans les centres de détention sont torturés, agressés sexuellement, roués de coups, soumis à l’esclavage et victimes d’exécutions sommaires. Voilà vers quelles conditions les puissances européennes veulent retourner les réfugiés.

Simultanément au sort tragique auquel font face les réfugiés en Méditerranée, une crise similaire se produit en Asie. Environ 8000 réfugiés sont entassés dans des petits bateaux en mer d’Andaman et dans le détroit de Malacca. La plupart de ces réfugiés sont des membres de la minorité musulmane Rohingya qui fuient la persécution en Birmanie (Myanmar) ou des Bangladais qui tentent de fuir les conditions de misère de leur pays.

Les gouvernements de Malaisie et d’Indonésie forcent ces bateaux à rester en mer (une politique qui a d’abord été lancée par l’Australie dans la région). Beaucoup de ces réfugiés sont en mer depuis mars et risquent de mourir de faim et de maladie.

Finalement, aux États-Unis, où le gouvernement se présente régulièrement comme le défenseur des « droits de l’homme » pour justifier ses interventions militaires sans fin à l’étranger, l’administration Obama met en œuvre une nouvelle politique d’immigration qui est digne d’une dictature.

Suite à un jugement des tribunaux qui exige la fermeture de nouveaux et vastes camps de détention créés par l’administration Obama pour emprisonner les enfants et les familles de réfugiés qui tentent de fuir la violence endémique de l’Amérique centrale, le gouvernement a déclaré que sa réponse allait être de séparer les mères de leurs enfants. Sous cette politique, les mères demeureraient incarcérées tandis que leurs enfants seraient confiés à des familles d’accueil.

Comme les réfugiés qui quittent l’Afrique du Nord, les populations d’Amérique centrale sont forcées de quitter leur pays d’origine en raison des conditions meurtrières qui ont été créées par des décennies d’interventions impérialistes des États-Unis, des « sales guerres » des années 1970 et 80 à la violence de la « guerre de la drogue » qu’elles ont entraînée. Le résultat est qu’aujourd’hui ces pays ont les plus hauts taux d’homicides au monde et ceux qui tentent d’atteindre la frontière des États-Unis cherchent littéralement à sauver leur peau.

Comme ailleurs, la réaction des autorités américaines à cette crise qu’elles ont elles-mêmes créée est d’exercer une répression inhumaine et illégale. En mettant sur pied ses vastes centres de détention – qui sont possédés par de grandes sociétés du milieu carcéral – l’administration Obama a enfreint un règlement hors cours qui a rendu obligatoires certains soins et traitements pour les enfants migrants et interdit leur détention dans de tels centres.

L’affaire a été portée une fois de plus devant les tribunaux en raison de protestations, y compris des grèves de la faim, de mères emprisonnées avec leurs enfants dans ces camps illégaux et violents. Traiter les réfugiés qui recherchent l’asile comme des criminels et mettre des enfants traumatisés derrière les barreaux est la méthode qu’emploie Obama pour dissuader les autres habitants d’Amérique centrale d’atteindre les États-Unis. Un autre moyen dissuasif est la militarisation d’une grande partie de la frontière américaine, forçant ainsi les migrants à passer par des territoires de plus en plus hostiles, d’où beaucoup d’entre eux ne reviendront jamais. Ces morts, comme celles en Méditerranée, visent à « faire passer un message ».

La crise mondiale du capitalisme et le virage de plus en plus marqué des grandes puissances impérialistes vers le militarisme sont la cause fondamentale de la vague de réfugiés et des politiques de répression qui sont déchaînées contre eux. Au même moment, l’assaut contre les réfugiés est indissociable de l’attaque qui prend place dans tous les pays contre les droits démocratiques et les conditions sociales de l’ensemble de la classe ouvrière.

Une lutte contre la classe dirigeante et ses politiques de guerre et de contre-révolution est impossible sans la défense des immigrants et des réfugiés. Cela exige un combat acharné contre l’élite dirigeante de chaque pays qui tente de faire des boucs émissaires des couches les plus opprimées de la classe ouvrière pour la destruction des emplois et des salaires et qui essaie de diviser pour mieux régner en alimentant le chauvinisme anti-immigrant.

Le Parti de l’égalité socialiste et le Comité international de la Quatrième Internationale défendent sans réserve le droit des travailleurs de partout sur la planète de vivre et de travailler dans n’importe quel pays de leur choix, avec leurs pleins droits démocratiques et sans craindre la répression policière et la déportation.

La défense des droits des réfugiés et de la classe ouvrière dans son ensemble signifie se battre pour unir les travailleurs de tous les pays dans une lutte commune pour renverser le système capitaliste, abolir le système d’États-nations et établir les fondations d’une économie mondiale socialiste, organisée rationnellement pour satisfaire les besoins sociaux, pas les profits privés.

Par Bill Van Auken

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