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Qu’est-ce que la révolution permanente ?

dimanche 6 juillet 2008, par Robert Paris

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Qu’est-ce que la révolution permanente ?

« La théorie de la révolution permanente (...) démontrait qu’à notre époque l’accomplissement des tâches démocratiques, que se proposent les pays bourgeois arriérés, les mène directement à la dictature du prolétariat, et que celle-ci met les tâches socialistes à l’ordre du jour. (...) » « C’est ce que Lénine appelait la transformation de la révolution démocratique en révolution socialiste. Ce n’est pas le pouvoir bourgeois qui se transforme par hypertrophie en pouvoir ouvrier et paysans et, ensuite, prolétarien : non, le pouvoir d’une classe ne se « transforme » pas en pouvoir d’une autre classe, mais on l’arrache l’arme à la main. » « A propos du saut par dessus les étapes historiques « Savoir distinguer entre la révolution bourgeoise et la révolution prolétarienne, c’est l’abc politique. Mais, après avoir appris l’alphabet, on apprend les syllabes qui sont formées de lettres. L’histoire a réuni les lettres les plus importantes de l’alphabet bourgeois et les premières lettres de l’alphabet socialiste. (...) Il est absurde de dire qu’on ne peut jamais sauter par dessus les étapes. Le cours vivant des événements historiques saute toujours par dessus les étapes qui sont le résultat d’une division théorique de l’évolution prise dans sa totalité, c’est-à-dire dans son ampleur maximale et, aux moments critiques, il exige le même souci dans la politique révolutionnaire. On peut dire que la capacité de reconnaître et d’utiliser ces moments distingue avant tout le révolutionnaire de l’évolutionniste vulgaire. »
Léon Trotsky dans « La révolution permanente »

La notion de révolution permanente s’oppose à celle de révolution par étapes. Cette dernière laisse entendre qu’il va d’abord falloir obtenir la démocratie ou d’abord l’indépendance, d’abord la naissance d’un Etat ou d’abord telle ou telle revendication de tel ou tel groupe social. Pour l’étapisme, on posera plus tard les autres problèmes. La révolution permanente suppose au contraire que toutes les questions sont liées, qu’elles le seront concrètement au sein d’une même révolution ayant une perspective socialiste et dirigée par le prolétariat révolutionnaire.

Il y a une véritable opposition : celle entre les perspectives des deux classes fondamentales : bourgeoisie et prolétariat. Cela ne signifie pas qu’il existe une barrière hermétique entre la révolution prolétarienne et la révolution bourgeoise. La révolution prolétarienne pose souvent d’abord des questions démocratiques, qui traditionnellement étaient attribuées à la révolution bourgeoise, et qu’elle s’avère incapable, ou craintive, de réaliser. Cela ne signifie pas que les tâches bourgeoises aient changé en soi de caractère social. Ce sont les prolétaires qui changent le caractère des tâches qu’ils accomplissent, quand il s’agit des tâches de type bourgeois, du fait de rôle qu’ils ont dans la société et des perspectives que représente leur intervention. C’est le programme révolutionnaire qui est le premier impliqué par la question de la révolution permanente. Il s’agit de rendre consciente la liaison entre les revendications démocratiques et la question sociale telle qu’elle est posée par le prolétariat révolutionnaire. Cette liaison doit être mise en évidence par le programme qu’il s’agisse d’un pays impérialiste, d’un pays développé ou d’un pays pauvre ayant des restes féodaux plus ou moins marqués. Dans tous ces cas, le programme prendra un tour différent et cependant il sera indispensable de marquer, dans tous ces cas, le caractère permanent de la révolution. La révolution ne s’arrête pas à la révolution dans un seul pays. Elle ne s’arrête pas à telle ou telle étape. Elle change fondamentalement la société. Jusqu’à la destruction de l’Etat. Jusqu’à la suppression des classes. Jusqu’à la suppression du système d’exploitation.

La révolution permanente, stratégie du prolétariat

Messages

  • Aux staliniens qui prétendaient que le léninisme avait toujours combattu la théorie de la révolution permanente de Trotsky, ce dernier répondait notamment ceci :

    Le Komintern au temps de Lenine et la Révolution permanente
    15 juin 1931

    En 1921, parut en langue anglaise l’une des nombreuses éditions de l’ancien ouvrage de Trotsky "Bilans et perspectives", qui contient la présentation complète de la Révolution permanente.

    L’édition anglaise était précédée d’une introduction de l’auteur, datée "Kremlin, 12 mars 1919" et tirée de l’édition russe de la brochure, parue en 1919. Entre l’édition russe et l’édition anglaise de 1921, il y a eu maintes rééditions en diverses langues. Dans l’introduction de 1919, l’auteur traite des divergences qui le séparaient jadis du bolchevisme. Il indique entre autres : "une fois qu’il s’est emparé du pouvoir de cette façon, le prolétariat ne peut pas se contenter de la démocratie bourgeoise. Il est contraint d’adopter la tactique de la Révolution permanente, c’est-à-dire de détruire la barrière entre le programme minimum et le programme maximum de la social-démocratie, d’introduire de plus en plus de réformes radicales, et de passer au soutien direct de la révolution européenne. C’est cette position qui est développée dans la présente brochure, écrite dans les années 1904-1906."

    "La destruction de la barrière entre programme minimum et programme maximum", telle est bien la formule de la transformation de la révolution bourgeoise démocratique en révolution socialiste. La condition d’une telle transformation est la conquête du pouvoir par le prolétariat, lequel, déterminé par la logique de sa situation, est contraint d’"introduire de plus en plus de réformes sociales radicales".

    Qui donc a publié cette brochure ? L’éditeur n’a même pas considéré nécessaire de tenir secret son nom criminel. La page de garde porte la mention "published by the Communist International - 1921" [1] . Sur la dernière page figure le nom de l’imprimerie : "Imprimerie du Komintern". Le président du Komintern était Zinoviev. Le collaborateur permanent du Komintern était Boukharine. Cette édition ne pouvait leur avoir échappé, d’autant plus qu’il y avait de nombreuses autres éditions du même ouvrage. L’édition russe ne pouvait pas échapper à l’attention du C.C. du parti, puisque c’est lui qui l’éditait, et encore moins à l’attention de Lenine : à l’époque, la question de l’interprétation et du sens de la révolution d’Octobre était très présente à l’esprit de tous les membres du parti, et particulièrement de ses dirigeants.

    Il faut donc bien reposer la question : comment a-t-il été possible que non seulement le C.C. mais aussi le Komintern diffusent sur une question aussi importante et brûlante une brochure entièrement consacrée à la défense et à l’explication de la théorie de la Révolution permanente, alors même que l’auteur prétendait, dans la préface à la nouvelle édition, que le cours des événements venait confirmer sa théorie ? Ou bien faut-il en conclure qu’il n’y a eu, jusqu’en 1924, à la tête du parti bolchevique et du Komintern, que des aveugles, des ignorants ou, pire encore, des mencheviks et des contre-révolutionnaires ? Que l’on nous réponde à cette question, une parmi des centaines, des milliers du même genre !

  • « La perspective de la révolution permanente peut être résumée de la façon suivante : la victoire complète de la révolution démocratique en Russie est inconcevable autrement que sous forme d’une dictature du prolétariat appuyée sur la paysannerie. La dictature du prolétariat qui mettra inévitablement à l’ordre du jour, non seulement des tâches démocratiques mais aussi des tâches socialistes, va en même temps donner une puissante impulsion à la révolution socialiste internationale. Seule la victoire du prolétariat en Occident garantira la Russie d’une restauration bourgeoise et lui assurera la possibilité de mener à bonne fin l’édification socialiste. »

    Léon Trotsky

    Trois conceptions de la révolution

    août 1939

  • « Les ouvriers savent que le mouvement révolutionnaire de la bourgeoisie contre les castes féodales et la monarchie absolue ne peut qu’accélérer leur propre mouvement révolutionnaire, et que leur propre lutte contre la bourgeoisie ne pourra éclater que le jour où la bourgeoisie aura triomphé… Ils peuvent et doivent accepter la révolution bourgeoise comme une condition de la révolution ouvrière. Mais ils ne peuvent la considérer un seul instant comme leur but final. »

    Karl Marx, novembre 1847, Deutsche-Brüsseler-Zeitung

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