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De la pandémie au fascisme, il n’y a qu’un pas…

mardi 4 mai 2021, par Alex, Waraa

De la pandémie au fascisme, il n’y a qu’un pas…

Des centaines de militaires, dont d’anciens généraux, ont signé un manifeste à caractère fasciste, sous la forme d’une lettre ouverte adressée au président Macron, à ses ministres et à tous les parlementaires. Ces destinataires, les hauts cadres de la République française, sont accusés de « louvoiement », de « manque de courage » face au « délitement qui frappe notre patrie ». En même temps ces militaires se déclarent prêts à soutenir ces politiques s’ils prennent la tête d’une guerre civile contre les « antiracistes » et les « hordes de banlieue ».

De nombreux travailleurs, en particulier originaires d’Afrique ou d’Asie ont longuementdiscuté de cet appel, car ils savent que c’est eux, ainsi que toute la classe ouvrière, qui sont visés avant tout dans cet appel raciste, pas les bourgeois de la Françafrique. Les travailleurs provenant des anciennes colonies connaissent bien l’armée française, et ses serviteurs de droite et gauche, de L. Blum, M. Thorez, à F. Mitterrand et son admirateur J.L. Mélenchon : la guerre du Rif organisée par le Cartel des gauches, les répression en Indochine sous le Front populaire, la chasse aux juifs sous le maréchal Pétain, les camps de torture en Algérie, au Cameroun sous la IVème république, le génocide Rwandais avec la participation de l’actuel chef d’Etat-major, le général Lecointre sous Mitterrand. L’armée française, armée de guerre civile contre-révolutionnaire, ce n’est pas nouveau. Ce qui l’est, c’est le climat de fin de règne du capitalisme dans lequel cette offensive d’extrême droite a lieu…

Pour montrer que la laïcité doit être utilisée contre les musulmans mais pas contre l’extrême droite ultra-catholique, les signataires de la lettre mentionnent le Cardinal belge Mercier, qui rappelons-le dénonçait le « modernisme », la loi de 1905, et plus généralement « les théories révolutionnaires mises en circulation par J. J. Rousseau et formulées dans la Déclaration des droits de l’homme de 1789, qui ont répandu dans les masses des idées irréfléchies ». Ces militaires se moquent ouvertement de la laïcité républicaine et ils se verraient bien remplacer la république par une dictature militaire « populaire » à la Pétain. Et ils aimeraient bien, pour cela, profiter de la révolte qui grimpe dans toute la population et qui touche aussi la petite bourgeoisie, les commerçants et artisans ayant été frappés par les mesures gouvernementales soi-disant sanitaires…

Mais surtout, ces militaires se posent en chefs potentiels de l’Etat, ou appellent, àun nouveau coup comme le 6 février 1934, émeute fasciste contre le Parlement qui avait entamé la marche de l’Etat français vers le pouvoir de Pétain et la collaboration avec le nazisme, de 1934 à 1940. Le Maréchal Pétain entra au gouvernement à la suite de cette émeute. Dénigrer, rabaisser le parlement et le gouvernement bourgeois est une des tâches des groupes fascisants pendant cette période de transition. Mais le danger n’est-il pas avant tout Le Pen aux élections présidentielles ? C’est ce que nous répèteront dans les mois à venir Macron, la gauche, et l’extrême-gauche électorale (PC, PS, LO, NPA). Or, bien qu’en Allemagne c’est formellement par la voie parlementaire (en pratique par le soutien des industriels comme Krupp, et de l’armée) qu’Hitler prit le pouvoir, en France, la voie militaire vers la dictature, de Napoléon 1er, à Napoléon III, au général Boulanger, au maréchal Pétain, a une longue tradition. Mais c’est la Chambre de gauche du Front populaire qui a transmis les pleins pouvoirs à Pétain, pas un vote d’extrême droite. Ce n’est donc pas sur le terrain électoral de la bourgeoisie, celui dit de la république, que les travailleurs pourront se défendre, mais plutôt ils ne doivent pas s’y laisser piéger.

Pour se défendre, il est essentiel pour les travailleurs de comprendre la nature de la période actuelle, celle d’un capitalisme qui s’effondre. Or, c’est par des guerres, soi-disant entre peuples nationaux, en fait entre appareils capitalistes étatiques, qui sont avant tout des guerres civiles antisociales, que le capitalisme, au stade impérialiste qu’il a atteint depuis 1900, se déchaîne pour empêcher l’avènement d’une nouvelle société. Et cette guerre est toujours tournée, malgré les apparences, contre la classe sociale porteuse de cet avenir : la classe ouvrière. C’est l’existence de cette classe à l’échelle mondiale qui entraîne le caractère mondial des guerres impérialistes et des barbaries qu’elles entrainent, mais c’est le même facteur qui nous fournit les armes pour balayer ces militaires : ceux du Mali, ceux de Birmanie, ceux du Tchad, et maintenant ceux de France qui aspirent à imiter leurs amis. Les millions de travailleurs, armés politiquement et solidairement par l’internationalisme ouvrier, seraient bien plus fort que quelques milliers de cadres fascistes braillards. En Italie, en Allemagne, en Espagne et en France c’est la gauche syndicale et politique qui, en renonçant à la révolution, a ouvert la voie à Mussolini, Hitler, Franco et Pétain. Il était possible de les arrêter.

En France, c’est la direction de la CGT et du PCF, qui,en 1936, en répondant à l’appel du patronat pour mettre fin à la révolution qui avait commencé sous forme de grèves avec occupation, ont désarmé, avec le PS, les travailleurs face au futur pouvoir du Maréchal Pétain. En 1936 eut aussi lieu la conversion définitive de la CGT, entamée en 1914, au drapeau français, au patriotisme, à la fin de la propagande anticoloniale, antimilitariste. Face aux manifestes fascistes de l’époque, la CGT abandonna son internationalisme, et cela dure jusqu’à aujourd’hui. C’est renouer avec ce programme internationaliste ouvrier qui est la seule réponse au manifeste des généraux. Ni la CGT ni SUD, n’ont appelé à une quelconque grève de solidarité avec les travailleurs de Birmanie, contre l’armée birmane, alors que la raffinerie Total Grandpuits a récemment été en grève. Le 1er mai, qui au départ était une journée de solidarité internationale des travailleurs, n’a vu aucune de ces organisations mettre en avant des slogans internationalistes proclamant notre solidarité avec par exemple les travailleurs de Birmanie, du Tchad, du Mali qui meurent sous les balles de régimes soutenus par l’impérialisme français.

Pour l’instant, ce n’est pas l’armée que nous affrontons quotidiennement, c’est la police. Mais l’armée se tient prête à intervenir pour impressionner la population et imposer l’ordre capitaliste en cas de nouvelle révolte type gilets jaunes face à un effondrement économique et social violent…

La pandémie s’est révélée comme une arme plus efficace contre les Gilets jaunes comme contre les révolutions sociales dans le monde que les répressions policières violentes !!! Les classes dirigeantes pourraient difficilement s’en passer, y compris se passer du terrorisme des variants !!! Cela leur est nécessaire pour casser physiquement moralement, politiquement et organisationnellement la classe ouvrière. Prendre les travailleurs en étau entre la crainte de perdre son emploi et la crainte de la mort est indispensable à un capitalisme qui ne peut plus que chuter définitivement et qui doit faire accepter aux populations non pas quelques sacrifices mais la perte de tout, de l’emploi, de la sécurité, de la paix et… de la santé !

Dans les conditions d’un capitalisme qui veut à tout prix empêcher les risques révolutionnaires prolétariens, toute la politique prétendument sanitaire a pour seul but de démolir le prolétariat et de construire des forces contre-révolutionnaires.

Certains ont ironisé sur le faux coup d’état de Trump mais les mêmes auraient plaisanté sur la tentative de Hitler en 1923. Elle préparait celle réussie de 1933…
Peut-on voir aujourd’hui des préparatifs fascistes dans les démocraties occidentales ? La réponse est clairement oui depuis la publication de la lettre des généraux !
Mais on peut aussi le voir tout particulièrement à travers la politique d’Etat vis-à-vis de la petite bourgeoisie et de la jeunesse qui sont les deux terreaux traditionnels où le fascisme avait puisé. L’une des méthodes consiste à les frapper durement, à les démoraliser, à les déboussoler, tout en leur laissant croire qu’ils sont les seuls sacrifiés, que ce n’est pas juste, que c’est seulement par solidarité avec les travailleurs, avec les anciens, avec les pauvres… Ils leur laissent en même temps espérer des aides, des soutiens, un faux avenir… Ils mettent sur le devant de la scène les extrémistes de droite, en faisant comme s’ils étaient la seule opposition au pouvoir. C’est le but de la propagande anti-complotiste qui fait croire que tous ceux qui dénoncent la manipulation de la situation sanitaire par le pouvoir seraient d’extrême droite. Ils tiennent le discours selon lequel si vous êtes contre la politique actuelle de faux confinement, de fausses protections contre la pandémie, de fausses mesures barrière, c’est que vous êtes du côté de l’extrême droite, de Le Pen, sinon pire, « complotiste »…
On peut le voir aussi à la politique du gouvernement à l’égard de l’université. Alors que, de la crèche au lycée, le présentiel était obligatoire, le gouvernement maintenait une très grande part de distanciel à l’université. Et ce n’est pas parce qu’il serait plus facile aux étudiants de travailler en distanciel. Au contraire, c’est très difficile et pour plusieurs raisons. L’absence de liens normaux entre étudiants en fait partie. La difficulté de discuter et de poser des questions aussi. La difficulté de disposer d’un matériel suffisant joue encore : de nombreux étudiants sont contraints de suivre des cours sur des téléphones portables !!! Les connexions sont souvent coupée sou perturbées. Les média l’ont souligné seulement pour les collèges et lycées mais c’est encore plus difficile à l’université !

Du coup, un très grand nombre d’étudiants qui déjà faisaient d’énormes sacrifices financiers pour ne pas trop travailler et étudier ne pourront plus le faire, le soutien familial faisant aussi de plus en plus défaut. Ces étudiants qui vont démissionner de plus en plus nombreux vont faire partie des sacrifiés qui peuvent se tourner vers l’extrême droite si le camp prolétarien ne leur offre pas des perspectives révolutionnaires. Et d’autant plus que le gouvernement leur chante la chanson selon laquelle ils ne sont pas directement menacés par la Covid mais doivent faire tous ces efforts pour le bien des plus âgés !! Ils répètent partout que c’est une classe d’âge sacrifiée qui n’aura ni études, ni emploi, ni avenir, ni jeux, ni joie, ni rien !!! Ils leur disent qu’ils sont stressés, qu’ils sont démoralisés, qu’ils sont déprimés et, un beau jour, on sera étonnés qu’ils mettent le feu à l’huile bouillante.
Toute la petite bourgeoisie est ciblée par les extrêmes droites, électoralistes ou putschistes, qui espèrent bien que la crise de la société capitaliste tourne au fascisme. La meilleure aide à ces fascistes provient du soutien des réformistes politiques, syndicaux et associatifs et des fausses extrêmes gauches, au système capitaliste. En refusant d’opposer une perspective de révolution sociale au capitalisme en déliquescence, ils livrent les révoltés à l’extrême droite…

Aucune des organisations politiques ou syndicales qui se réclament des travailleurs ne met en avant des motsd’ordre internationalistes, anti-dictature sanitaire, de formation de milices ouvrières de défense contre le fascisme à venir. C’est à nous de le faire. Au bout du compte, si nous attendons, nous aurons tout de même la guerre sociale, mais dans des conditions infiniment plus défavorables : elle se mènera seulement contre nous.

N’attendons pas la fin de la pandémie pour développer des perspectives de révolution sociale, pour construire nos comités de travailleurs et de quartiers, nos milices d’autodéfense, nos conseils de santé et de sécurité et autres formes d’auto-organisation construits à la base, ne se soumettant qu’aux travailleurs et à leurs assemblées.

Il n’y a pas d’avenir au capitalisme ni à la soumission à celui-ci, et notamment à sa soi-disant démocratie électorale, et les seules élections qui ont de l’importance pour nous est celle de nos délégués des comités de travailleurs, s’unissant par ville, par région, par pays, dans le monde entier !!!

Messages

  • Les gouverne-ments ont menti…

    … sur la dangerosité du virus…

    … sur la nécessité d’interrompre les liaisons aériennes internationales…

    … sur leurs déclarations selon lesquelles les équipements et personnels de l’hôpital public étaient suffisants…

    … sur la nécessité des masques pour le grand public…

    … sur l’origine naturelle du virus…

    … sur les modes de propagation du virus…

    .. sur les tests, sur les appareils respiratoires…

    … sur les risques pour les jeunes, pour les enfants, pour les personnes qui ne sont ni asthmatiques, ni âgées, ni ayant d’autres maladies, pour les femmes enceintes et les enfants à naître, etc…

    … sur le risque de maintenir ouverts les crèches, les écoles, les lycées…

    … sur les prétendues mesures de confinement qui confinent plein de chose sauf le virus…

    … sur le nombre de morts et de blessés en plus comme en moins, selon que cela les arrangeait …

    … sur les connaissances scientifiques sur le virus…

    … sur les connaissances scientifiques sur l’efficacité et la dangerosité des vaccins…

    … sur les risques de propagation liées aux asymptomatiques…

    … sur le moment et les causes de démarrage de la pandémie…

    … sur les raisons de mises en place de la dictaure sanitaire…

    … sur les vraies raisons de leur laisser-faire en matière de covid, sur la crise historique du capitalisme qui les amène à choisir d’attaquer la population mondiale à coups de meurtre à grande échelle…

    Un simple virus aurait fait basculer notre monde dans l’effondrement économique, dans l’effondrement social, dans l’effondrement politique, et dans l’obéissance au plus répugnant des despotismes. N’ayons pas la stupidité d’imaginer que c’est pour notre bien.

    Ils mentent aussi bien sur la prétendue menace islamiste en France et sur la nécessité d’un ordre de type militaire pour des raisons sécuritaires comme militaires !!!

  • Les prétendues menace du gouvernement Macron ont porté leurs fruits ; une 2eme tribune de militaires, essentiellement des généraux qui pointent une guerre civile qu’ils veulent mener en France contre l’Islam !!!

    « Une guerre hybride a commencé contre l’Europe et la France, énonce le texte, il faut forger les armes psychologiques, sociologiques, morales, éducatives, juridiques et pénales pour la conduire et la gagner ».

    https://www.valeursactuelles.com/societe/une-guerre-hybride-a-commence-contre-la-france-ce-nouvel-avertissement-lance-par-des-generaux/

  • Comment peut se produire un coup d’État fasciste en France ?

    Il ne faut pas toutefois penser que le fascisme doive nécessairement devenir un puissant parti parlementaire, avant qu’il se soit emparé du pouvoir. C’est ainsi que cela se passa en Allemagne, mais en Italie ce fut autrement. Pour le succès du fascisme il n’est pas du tout obligatoire que la petite bourgeoisie ait rompu préalablement avec les anciens partis "démocratiques" : il suffit qu’elle ait perdu la confiance qu’elle avait en eux et qu’elle regarde avec inquiétude autour d’elle, en cherchant de nouvelles voies.

    Aux prochaines élections municipales, la petite bourgeoisie peut encore donner un nombre très important de ses voix aux radicaux et aux groupes voisins, par l’absence d’un nouveau parti
    politique, qui réussirait à conquérir la confiance des paysans et des petites gens des villes. Et en même temps un coup de force militaire du fascisme peut se produire, avec l’aide de la grande bourgeoisie, dès quelques mois après les élections et par sa pression attirer à lui les sympathies des couches les Plus désespérées de la petite bourgeoisie.

    C’est pourquoi ce serait une grossière illusion de se consoler en pensant que le drapeau du fascisme n’est pas encore devenu populaire dans la province et dans les villages. Les tendances antiparlementaires de la petite bourgeoisie peuvent, en s’échappant du lit de la politique parlementaire officielle des partis, soutenir directement et immédiatement un coup d’État militaire, lorsque celui-ci deviendra nécessaire pour le salut du grand capital. Un tel mode d’action correspond beaucoup plus à la fois aux traditions et au tempérament de la France.

    Les chiffres des élections ont, bien entendu, une importance symptomatique. Mais s’appuyer sur ce seul indice serait faire preuve de crétinisme parlementaire. Il s’agit de processus plus profonds, qui, un mauvais matin, peuvent prendre à l’improviste messieurs les parlementaires. Là, comme dans les autres domaines, la question est tranchée non pas par l’arithmétique, mais par la dynamique de la lutte. La grande bourgeoisie n’enregistre pas passivement l’évolution des classes moyennes, mais prépare les tenailles d’acier à l’aide desquelles elle pourra saisir au moment opportun les masses torturées par elle et désespérées.

    Léon Trotsky dans Où va la France

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