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Haine des immigrés, rééducation des jeunes et des parents : une tromperie pour diviser les opprimés, les transformer en source de peur, et pour faire oublier le meurtre de Nahel par un policier le 27 juin, celui d’Amara Dioumassy (ouvrier malien du BTP) le 16 juin par la gauche patronale

jeudi 20 juillet 2023, par Alex, Waraa

Le gouvernement veut faire oublier la cause des émeutes urbaines : le meurtre de Nahel par un policier

Le gouvernement et les partis politiques ont fait semblant d’essayer de "comprendre" la cause du "malaise des banlieues". Or tout le monde sait que c’est l’assassinat par les forces de l’ordre d’un "jeune de banlieue", "issu de l’immigration" qui a mis le feu aux poudres. Mais ni le gouvernement ni ces partis ne veulent toucher à la police.

Car il n’y a pas que le gouvernement et les politiciens du pouvoir qui cherchent un dérivatif à la dénonciation des crimes de la Police. Toute la gauche et l’extrême-gauche, politique ou syndicale, réformiste, au lieu de répondre au problème posé par la jeunesse des quartiers ouvriers, met en avant des programmes électoraux déjà écrits avant les événements ou des considérations générales sur "la société". Toute cette gauche et extrême gauche a donc abandonné le programme du mouvement ouvrier : dissolution des armées et polices bourgeoises, armement du peuple. Les bals des pompiers sont respectables, mais, en cette prériode de 14 juillet, tous ceux qui font la leçon aux jeunes de banlieue devraient se souvenir que le 14 juillet 1789 fut une manifestation violente, avec décapitation en cours de route, pour trouver des armes aux Invalides et à la Bastille, contre les violences policières que préparait Louis XVI contre le peuple. Et cette émeute fit reculer le roi : armement du peuple, désarmement des policiers, c’est la seule solution contre les violences policières en période de crise politique et économique !

C’est le droit de vivre, bafoué par la police, que ces émeutes urbaines ont avant tout proclamé, par des moyens révolutionnaires, illégaux : attaques ciblées contre les institutions et les portes-parole de l’Etat-assassin (police, mairies) ... et réquisition de marchandises sans paiement, ces coopératives éphémères de consommateurs étant appelé pillage par les possédants (les émeutes-soldes de 2023, résume à juste titre une sénatrice). Ce fut une lutte pour le pouvoir d’achat, bien plus efficace que les processions syndicales.

C’est bien un épisode de lutte de classe révolutionnaire, impliquant une section de la classe ouvrière (la jeunesse des quartiers-ghettos) que constituent ces émeutes urbaines ! Et la limite de cette révolte provient bien plus des freins réformistes dans la classe ouvrière que d’elle-même.

Il n’est pas étonnant que les deux idéologies qui historiquement rivalisent pour écraser la révolution prolétarienne mondiale, au service de la contre-révolution bourgeoise : le fascisme et le réformisme politique et syndical de gauche, hurlent contre ce début de révolution.

Le fascisme

Les métropoles impérialistes comme l’UE et les USA entretiennent une police et une idéologie appelant au meurtre des étrangers en situation irrégulière.

Des violences policières avec meurtres à grande échelle sont l’oeuvre de Frontex - l’Agence européenne pour la gestion de la coopération opérationnelle aux frontières extérieures des États membres de l’UE - en bref la police des frontières de l’UE, créée en 2004, qui revendique quasi publiquement régulièrement ses crimes. Un media bourgeois anti-immigrés comme BFM est obligé de les reporter, comme le 15 juin dernier : Le naufrage d’un bateau de pêche sur lequel transitaient des migrants a fait au moins 79 morts mercredi en mer Ionienne, en faisant l’un des pires drames de ce type survenus en Méditerranée. "Il pourrait s’agir de la pire tragédie maritime de ces dernières années en Grèce", a affirmé Stella Nanou, du Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR)

La population américaine, de souche comme celle récemment installée, est soumise à une campagne contre les nouveaux migrants, notamment mexicains. On prétend qu’ils vont envahir les USA ! Mais ce n’est pas le seul pays qui s’arme contre une prétendue menace de migration massive, les guerres, la faim, les dictatures sanglantes poussant des peuples entiers à migrer. Aux quatre coins du monde, on entend à nouveau des cris : à bas les nouveaux migrants ! Les derniers colons des pays les plus riches (les USA par exemple mais aussi la France ne sont-ils pas le produit de migrations ou de colonisations successives ?) deviendraient ainsi les manipulés d’un nouveau fascisme, les nouveaux gardiens de camps de vastes camps de concentration que deviennent les pays les plus pauvres. L’exemple d’Israël montre bien que cette politique mène au fascisme y compris des victimes juives du fascisme.

Cette haine de "l’étranger", avec extermination si nécessaire, est un des moyens utilisé spar la bourgeoisie depuis les débuts de l’ère impérialiste pour diviser la classe ouvrière.

Cette idéologie raciste bourgeoise est condamnable non seulement parce qu’elle est raciste ... mais aussi parce qu’elle est totalement erronée comme explication du monde ! La gauche qui prétend éduquer la jeunesse se garde pourtant bien de tirer cette première leçon positive des émeutes : ceux qui comme Zemmour annoncent un "guerre civile" préparée par des "hordes musulmanes" dirigée par des imams, à la tête de ces jeunes qui "se sentent plus algériens ou marocains" que français, cette "anti-France" .... on ne l’a pas vue pendant les émeutes ! Les émeutiers n’ont tué personne selon sa couleur de peau ou sa nationalité, il n’ont brandi aucun drapeau national ou politique, distribué aucun tract islamique ! On a surtout vu des jeunes avides de consommer.

L’éducation que la bourgeoisie peut donner à la jeunesse en cette période de déclin irrémédiable du capitalisme, c’est la haine raciale comme substitut de la lutte des classes. Cette idéologie peut être adoptée pour ceux-la même qui en seront les victimes : le racisme noir anti-blanc, la haine religieuse peuvent devenir des ciments idéologiques pour recruter des bandes fascistes parmi les pauvres.

Les réformistes de gauche qui dénoncent les idéologies racistes, voire les violences policières, pour ne pas se couper de leur électorat, ne le font que d’un point de vue électoraliste, en tirant de la peur un argument électoral contre l’extrême-droite, oubliant que le racisme bourgeois et sa violence n’ont pas que leur variante fasciste. Il existe un racisme républicain qui est diffusé non seulement par l’extrême-droite mais par tous les partis ou syndicats gouvernementaux dont la CGT, PS, PC, et donc LFI, dont le chef Mélenchon fut ministre PS il y a 20 ans.

La jeunesse a bien fait de ne pas attendre l’autorisation de ces partis ou syndicats réformistes de gauche avant de manifester ! En cela cette jeunesse ne fait qu’imiter les Gilets jaunes, et c’est un des aspects révolutionnaires de ces mouvements que les réformistes combattent, comme ils ont combattu les Gilets jaunes, c’est la mission que leur confie la bourgeoisie. La jeunesse émeutière a reçu exactement les mêmes insultes que les Gilets jaunes.

C’est une haine de classe bourgeoise dont une partie de la gauche ou de l’extrême-gauche s’est faite porteuse en dénonçant la "violence", la "rage" des émeutiers.

C’est le cas de Nathalie Arthaud de Lutte Ouvrière (LO), car elle a dénoncé les émeutes faussement au nom de la classe ouvrière, alors qu’elle n’a fait comme d’habitude que dénoncer toute lutte, ouvrière ou non, qui n’est pas dirigée par la bureaucratie de la CGT, cette dernière n’étant pourtant qu’un agent de la bourgeoisie dans le mouvemement ouvrier.

Certes LO se cache derrière l’argument de bon sens qu’il faut une "conscience révolutionnaire" pour "faire la révolution". Mais le fait que la jeunesse soit sortie indépendamment de toutes les organisations qui se prétendent son porte-parole ou son guide, est dénoncé à tort par N. Arthaud, comme une absence de conscience révolutionnaire : cette jeunesse a le sentiment justifié que ces organisations pseudo-révolutionnaires rejettent la jeunesse des banlieues, comme en 2005.

Le parti Révolution Permanente dont le chef Anasse Kazibe met en avant d’être "des quartiers", "musulman", "contre l’anti-islamophobie", n’a joué aucun rôle éminent de porte-parole dans ces émeutes ; idem pour Assa Traoré, que seul un hasard de calendrier a fait apparaitre pendant les émeutes ; et elle a choisi de le faire aux côtés de LFI, un des partis de gauche qui encense Mitterrand organisateur du génocide de 1994 au Rwanda, avec Coquerel drapé dans son écharpe bleu-blanc-rouge d’élu : un mouvement anti-raciste mais patriotique bleu-blanc-rouge ! La bourgeoisie française peut dormir tranquille lorsque ceux qui dénoncent les violences policières s’allient ouvertement avec l’aile gauche du racisme républicain, à savoir LFI.

En fait, les organisations syndicales ont rejeté à l’avance tout soutien à une révolte de la jeunesse de banlieues. N’oublions pas que ces émeutes ont en effet eu lieu juste à la fin du "grand mouvement" contre la réforme des retraites initié le 10 janvier dernier par l’intersyndicale. Or ce mouvement est resté corporatiste : défense des retraites pour les salariés. Pas question de se mélanger avec les petits paysans pauvres, les petits travailleurs indépendants (artisans et commerçants). Aucune revendication concernant la jeunesse des quartiers populaires, contre les violences policières (une CGTistes vient d’être nommée Préfette !) Toutes les organisations syndicales, apuyées par les pseudo-révolutionnaires de LO, du NPA, de RP ont présenté ce mouvement comme grandiose, historique, épisode majeur de la lutte des classes. Ce mouvement a été en réalité une défaite complète, surtout pour les travailleurs assez naïfs pour y croire, défaite déguisée en "défaite de Macron".

Pourquoi la jeunesse se tournerait-elle donc vers un "mouvement ouvrier" dont le plus grand exploit serait une défaite complète, déguisée en victoire, et qui de plus ne posa jamais la question du désarmement de la police bourgeoise, n’a rien proposé à cette jeunesse pendant 6 mois ? Heureusement ce n’est pas la lutte des classes auto-organisée par la classe ouvrière que fut ce mouvement, mais une parodie de ce type mouvement organisé par les syndicats. Ce type de parodie isole dangereusement la classe ouvrière des alliés dont elle a besoin pour vaincre.

Révoltes spontanées des salariés et de la petite-bourgeoisie appauvrie (Gilets jaunes), de la jeunesse des "quartiers" : ces deux soulèvements sont avant-coureurs d’une prochaine révolution et ont été ignorés par le mouvement ouvrier : ils le seront tant que les syndicats et partis réformistes seront à la tête de ce mouvement ouvrier.

16 juin : la mort sur un chantier d’Austerlitz de l’ouvrier malien du BTP Amara Dioumassy

Amara Dioumassy, un maçon malien de 51 ans est mort sur un chantier des JO, un chantier "écologique" visant à nettoyer la seine, avec le sang des travailleurs s’il le faut.

La classe ouvrière dans un des secteurs les plus exploités a donc été touchée par la mort d’un des siens. Silence complet des confédérations syndicales : car c’est sur un chantier des JO-2024 qu’un chef d’équipe de la société SADE (filiale de VEOLIA) a tué accidentellement le chef d’équipe Amara Dioumassy de la société Urbaine des travaux (filiale de FAYAT). C’est une marche arrière effectuée par une camionnette (pas autorisée comme véhicule de chantier !) qui a tué l’ouvrier. Le chantier a été arrêté les jours suivants pour, à la va-vite, le mettre aux normes de sécurité qui, si elles avaient été respectées auraient évité cet accident : la marche arrière d’un véhicule doit s’accompagner d’un signal de recul, et les itinéraires des piétons ne doivent pas croiser ceux des véhicules.

Le donneur d’ordre de ce chantier est la Mairie de Paris d’Anne Hidalgo, un de ces pauvres maires qui comme celui de l’Hay-les-roses seraient victime de violence, alors qu’ils incarnent tous les jour l’Etat-patron assassin ! PCF et EELV sont dans l’équipe d’Anne Hidalgo, la Nupes fait partie de ce patronat-voyou qu’est l’Etat.

Les confédérations syndicales sont associées à ces chantiers au nom de la sécurité des travailleurs. Les détails de cette affaire ont été révélés, grâce à des délégués syndiqués CGT de base secouant l’inertie de leur fédération, par Médiapart ; la CGT sans cela aurait sans doute étouffé complètement l’affaire. Après les morts du chantier du Grand Paris, le scandale des valises de billets du Qatar, le premier mort des JO ferait désordre, pour les fédérations syndicales du BTP qui collabore avec le patronat du BTP.

Nahel Merzouk a été assasiné par un policier le 27 juin. Mais Amara Dioumassy, ouvrier du BTP, l’a été 11 jours avant. Ceux qui "au nom de la classe ouvrière" comme N. Arthaud ont donné des leçons à la jeunesse à partir du 27 juin, étaient aux abonnés absents entre le 16 et le 27 juin.

Grève de solidarité, dénonciation des JO dont le promoteur Pierre de Coubertin était un admirateur de Hitler, appels à la jeunesse ? Nathalie Arthaud qui dénoncera la "colère stérile" des jeunes à partir du 27 juin, a observé un "silence contructif" entre le 16 et le 27 juin en ne consacrant pas un seul article des numéros de son hebdomadaire Lutte Ouvrière, datés des 23 et 30 juin, des 7 et 14 juillet, à la mort d’Amara Dioumassy, à la complicité des dirigeants syndicaux avec le patronat, B. Thibault en tête, qui se paye une retraite dorée au service de l’OIT.

De nombreuses organisations de gauche ont signé en réaction à l’assassinat de Nahel le texte "Notre pays est en deuil et en colère" appelant à une manifestation le 8 juillet. C’est un appel de type union sacrée car "Notre pays" est un euphémisme pour "Notre patrie", et les signataires (quasiment toute la gauche) appellent à un "apaisement durable", qui n’est que synonyme d’arrêt de la lutte des classe. Pas un mot des ouvriers mort au travail, dont le plus récent Amara Dioumassy.

LO n’a pas signé cet appel patriotique à l’Union sacrée "Notre pays est en deuil et en colère" du 5 juillet, mais a appelé sans aucune critique à participer à la marche du 8 juillet toujours sans mentionner la mort d’Amara Dioumassy. Sans doute car SUD est signataire de cet appel du 5 juillet, J-P Mercier porte parole de Lutte Ouvrière a obtenu son reclassement à SUD après exclusion de la CGT, il ne veut pas perdre son poste de délégué syndical central nommé par SUD, en se démarquant du patriotisme de SUD ; Paris vaut bien une messe ! Le NPA contrairement à LO s’est déclaré sans restriction solidaire de la révolte des banlieues ... mais s’est bien gardé de déclencher une telle révolte dans le BTP, LFI ne le lui pardonnerait pas.

Toute l’extrême gauche a volontairement pieds et poings liés en misant tout sur son intégration dans les syndicats ou un parti comme LFI.

On comprend l’indignation de la journaliste de Mediapart (Marie Desgars) qui dénonce la conspiration du silence autour de la mort d’un ouvrier du BTP sur un chantier des JO, en plein Paris, pas au Qatar.

Une action de protestation digne de ce nom dénonçant le patronat assassin aurait pu donner un véritable exemple, voire converger avec la dénonciation de la mort de Nahel.
Certes des prises de position correctes de militants ouvriers révolutionnaires n’auraient peut être rien donné. Mais donner à chaque occasion aux travailleurs l’idée de ce qu’est une politique révolutionnaire fera qu’ils mettront eux-mêmes ces idées en pratique (ainsi que d’autres que les révolutionnaires n’auront jamais), le jour où ils le souhaiteront.

Mais ceux qui comme la gauche et l’extrême gauche ont fait l’apologie des valeurs sportives lors de la précédente coupe du monde de football ne seront jamais en mesure d’organiser la dénonciation des Jeux olympiques. Ceux qui ont soutenu sans aucune critique les directions syndicales pendant des mois sont incapables de les dénoncer aujourd’hui. Les militants qui se pensent révolutionnaires mais baissent la tête en permanence devant les bureaucraties syndicales au nom des "positions" conquises dans les bureaucraties syndicales par leurs "vedettes" Mercier-Poutou-Besancenot n’ont rien à proposer aujourd’hui à la jeunesse qui se soulève.

Engels et l’éducation des prolétaires

Engels définissait le communisme comme l’enseignement des conditions de l’émancipation du prolétariat. Le communisme n’était donc pas la description d’une société idéale, mais un enseignement, on voit donc que les révolutionnaires sont les premiers à ne pas négliger le rôle de l’éducation ! Mais ce n’est pas à l’éducation dont parlent l’extrême-droite (exterminez les Arméniens, les Juifs, les Musulmans !) ou l’extrême gauche réformiste (vous n’avez pas besoin de polos et casquettes Lacoste, de costumes Hugo Boss, arrêtez de piller, respectez la propriété, obéissez à la CGT !) qu’il pensait.

Les deux géants de la pensée révolutionnaire Engels et Marx se mirent d’abord modestement à l’école des Sans-culottes de la Révolution française, de la classe ouvrière révolutionnaire du mouvement Chartiste en Angleterre. Marx en retour enseigna au mouvement ouvrier, sans lequel il n’aurait été qu’un démocrate bourgeois, la dialectique de Hegel à travers son livre le Capital qui explique le mécanisme d’extraction de la plus-value. Avant d’enseigner à la classe ouvrière mondiale le rôle irremplaçable des soviets dans la révolution prolétarienne, Lénine se mis à l’école de la révolution de 1905 qui créa les soviets auxquels Lénine n’avait pas pensé, ayant même dénoncé leur apparition.

En mai 68 c’est la jeune génération qui donna des leçons à toute la société, surtout aux parents. La révolte étudiante en France commença par une révolte contre le système éducatif, l’université. Le plus frappant face au mouvement actuel, c’est la défense générale des "écoles" de la part des révolutionnaires.

L’éducation bourgeoise : le pire exemple pour la jeunesse

Oui, il est normal et sain que l’école capitaliste soit l’objet de haine lors de soulèvements de la jeunesse. Combien de jeunes des banlieues, élèves sérieux, finissent par comprendre que tous ces idéaux enseignés à l’école sont des mots qui restent sans actes. Martin Luther King expliquait que pire que les blancs racistes étaient les démocrates blancs anti-racistes, qui créaient des espoirs et les trahissaient.
C’est tout un symbole que le jeune Nahel se soit fait tuer place Nelson Mandela, à deux pas du boulevard du 17 octobre 1961.

Nelson Mandela est un des modèles, une des idoles que promeut la bourgeoisie française auprès des jeunes noirs. Or contrairement au mythe qui entoure Mandela, il ne fut que l’homme de paille qui servit à l’impérialisme à faire que la lutte des noirs contre l’Apartheid ne se transformât pas en révolution prolétarienne.

La bourgeoisie française baptise "17 octobre 1961" une artère de Nanterre, en souvenir des centaines d’assassinats d’Algériens par les policiers de M. Papon, mais c’est un policier, disciple de ceux de 1961, qui assassine à nouveau. Toutes les révolutions dignes de ce nom ont vu la jeunesse se révolter contre l’école au service des exploiteurs. L’école française est digne d’une telle révolte. L’anarchiste Kropotkine influença une génération de révolutionnaires de Russie par son "Appel aux jeunes gens" où il leur disait : dans une société de classe basée sur l’exploitation, étudier la médecine ne sert à rien : devenez révolutionnaire, socialistes !

Est-ce les parents qui doivent éduquer leurs enfants ou l’inverse ?

Une révolte de la jeunesse contre la famille féodale confucéenne eut lieu en Chine au début du XXème siècle. La dénonciation des rites familiaux, du respect des aînés, du culte des ancêtres permit à ces centaines de millions de chinois de se débarrasser du féodalisme.

Le signal de cette révolte fut donnée par un "ancien", un Lettré professeur d’université futur fondateur du parti communiste chinois en 1921, dénonçant la politique stalinienne qui mena à l’échec la révolution du prolétariat chinois en 1927, Chen Du-xiu, nom que tout ouvrier conscient devrait connaitre. Chen Du-xiu s’adressait en ces termes incendiaires à la jeunesse à qui il demandait non pas d’obéir aux parents mais de se débarrasser du carcan de la famille traditionnelle. A bas les professeurs ! A bas la famille ! C’est le cri du coeur d’un des contingents de toute vraie révolution. Son appel comme celui de Kropotkine s’adresse à la jeunesse d’aujourd’hui :

Nous devons abattre les vieux préjugés, la vielle façon de respecter les choses en place, avant de chercher à espérer un progrès social. Nous devons nous débarrasser de nos vielles méthodes. Nous devons assimiler les idées des grands penseurs de l’histoire, ancienne ou contemporaine, à notre propre expérience, pour poser les bases de nouvelles conception politiques, morales et économiques. (...) Nous voyons que le monde actuel est hypocrite, conservateur, négatif, répressif, injuste, étriqué, laid, faux, déchiré par les guerres, cruel, mou, triste pour le plus grand nombre ; heureux pour une minorité. Ce monde, nous le regarderons tomber en ruines, jusqu’à ce qu’il disparaisse de notre vue.
Oh ! Jeunes gens de Chine, serez-vous capable de me comprendre ? (...) Pour survivre, il nous faut la jeunesse qui nous débarrassera de la corruption. C’est la que réside l’espoir pour notre société. (1915)

L’historien qui cite Chen Duxiu conclut : Cet appel mémorable fut le manifeste qui ouvrit l’ère de la seconde révolution chinoise (1919-1927). On s’arrachait la revue de Chen dans toutes les facultés et dans toutes les écoles du pays. Un étudiant écrivait : "Lorsque cette revue fut publiée, ce fut pour nous comme si un coup de tonnerre nous réveillait au milieu d’un rêve agité. Plus de 200 000 exemplaires furent vendus."

En 1917 suite à la Révolution d’Octobre, Chen Duxiu devint disciple de Lénine, puis contre Staline et Mao, disciple de Trotsky en 1929.

Conclusion

La jeunesse des quartiers pourris s’est soulevée contre l’assassinat d’un des siens, sans attendre un appel des partis ou syndicats qui ne serait jamais venu. Ce n’est pas que les bas salaires qui sont le problème de ces quartiers : ils sont les lieux de France dont la jeunesse est apte à comprendre le plus vite que ce monde capitaliste est, selon les mot de Chen Du-xiu : hypocrite, conservateur, négatif, répressif, injuste, étriqué, laid, faux, déchiré par les guerres, cruel, mou, triste pour le plus grand nombre ; heureux pour une minorité.

Mettons nous donc en premier à l’école de cette jeunesse qui a nous donné une leçon !

Mettons ensuite cette jeunesse à l’école de la révolution socialiste !

C’est en s’adressant à la jeunesse de Chine que Chen Duxiu fit naitre une génération de cadres de la future révolution prolétarienne. Les appels de Kropotkine et Chen Duxiu à la jeunesse restent d’actualité, en Chine comme en France et en Russie !

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