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La meilleure défense, c’est l’attaque

lundi 11 septembre 2023, par Karob, Robert Paris

« Il serait bon de rappeler à ceux qui prônent une politique de défense toute passive que, même si l’Allemagne devait mener une défensive avec des contre-coups offensifs, la défensive la plus efficace est celle que l’on mène activement et en sens offensif. »

Karl Marx

« Les deux erreurs consistent dans le manque d’offensive, de conscience et de résolution pour briser la machine bureaucratique et militaire de l’État et le pouvoir de la bourgeoisie. » Et qu’est-ce qui provoque l’admiration de Marx pour la Commune de Paris ? C’est la souplesse, l’initiative historique, l’esprit de sacrifice dont sont doués ces Parisiens « qui montent à l’assaut du ciel ». »

Lénine dans « Le marxisme et l’Etat »

« Un parti dont « le travail d’agitation sera éclairé dans un esprit révolutionnaire constant et sans la moindre concession aux déformations, volontaires ou non, du marxisme ; en ce que cette ample agitation politique sera menée par un parti unissant en un tout indissoluble l’offensive contre le gouvernement au nom de tout le peuple, l’éducation révolutionnaire du prolétariat en même temps que la sauvegarde de son indépendance politique, la direction de la lutte économique de la classe ouvrière, l’utilisation des collisions spontanées avec ses exploiteurs, collisions qui dressent et amènent sans cesse dans notre camp de nouvelles couches du prolétariat. »

Lénine dans « Que faire »

« La meilleure défense, c’est l’offensive et parfois même l’attaque brusquée. »

Léon Trotsky

Edito

La meilleure défense, c’est l’attaque, pour les classes dirigeantes capitalistes comme pour le peuple travailleur !

C’est tous les jours et sur toutes les questions que les classes dirigeantes accusent les travailleurs pour ne pas être accusés : ils les jugent pour manque de solidarité climatique, pour attitudes antisociales, pour égoïsme corporatiste, pour soutien de thèses réactionnaires antiscientifiques, pour complotisme, pour soutien du fascisme, pour nuisances à la collectivité, pour refus de l’intérêt collectif, pour ignorance et arriération, pour inaptitude à voir les perspectives d’avenir, pour racisme, pour violences, pour machisme, pour diffusion de fausses informations alarmistes, pour défense d’intérêts purement personnels au détriment de la collectivité, pour soutien ou sympathie à l’égard du terrorisme, pour incapacité dans l’éducation des enfants, etc…

Et toutes ces accusations doivent être retournées contre les classes dirigeantes elles-mêmes !

Ainsi, les classes possédantes ont renversé toutes les accusations qu’on pouvait légitimement leur adresser pour leur prétendue gestion de la pandémie covid. Elles ont successivement accusé les populations de trop vouloir se protéger puis de ne pas vouloir se protéger. Elles ont prétendu que c’est les populations qui étaient cause de la propagation de la maladie. Elles ont désigné du doigt les personnels de santé, accusés de ne pas vouloir se vacciner, alors qu’ils étaient les premières victimes de leur politique (on ne leur fournissait même pas les masques FFP2 indispensables). Pour ne pas être accusés d’incapacité ou de refus d’assistance, les gouvernants ont accusé les non-vaccinés, ceux qui ne respectaient pas le confinement (avec des mesures parfaitement absurdes et arbitraires, particulièrement sévèrement appliquées aux populations les plus pauvres). Pour ne pas être accusés d’avoir détruit l’hôpital et la santé publics, ils en accusent les non-vaccinés.

Pour ne pas être accusés de faire monter les prix de l’énergie et de diminuer les fournitures en cette matière à la population, cette dernière est accusée par les gouvernants de trop consommer, de trop se chauffer, de trop se baigner, de trop allumer la lumière, en somme de sacrifier la planète et le climat et autres blabla…

Pour ne pas être accusés de violences policières meurtrières, les gouvernants ont accusé les gilets jaunes, les grévistes, les manifestants, les jeunes de banlieues de violences meurtrières et ont prétendu ne faire que se défendre.

Il est extrêmement courant que les classes possédantes et leurs suppots gouvernementaux, qui se gobergent et vivent aux dépens de la population laborieuse, accusent les exploités d’être cause de leur propre misère, être responsables du chômage en refusant des emplois sous-payés, en refusant des conditions de travail inadmissibles, en revendiquant au détriment de la santé du capitalisme, et autres balivernes…

Pour ne pas être accusés de fomenter des guerres aux quatre coins du monde, les impérialismes accusent le terrorisme, les dictatures, les musulmans et accusent les peuples de cautionner les premiers !

Pour ne pas être accusés de misérabiliser la population afin de mieux faire des cadeaux aux capitalistes, les gouvernants prétendent que les travailleurs ne comprendraient rien à l’économie et qu’ils tueraient les emplois si on satisfaisait leurs revendications.

Pour ne pas être accusés de faire monter l’extrême droite et le fascisme, les gouvernants prétendent que ce sont les travailleurs qui seraient les soutiens de celui-ci alors que ce sont des capitalistes qui financent Le Pen et Zemmour.

Pour ne pas être accusés de piller les pays pauvres, par exemple en Afrique, les gouvernements accusent ces pays de mauvaise gouvernance, d’incapacité de gérer leurs richesses de mauvais choix de leurs alliés et ennemis, etc.

Ce n’est pas seulement pour les classes possédantes et leurs gouvernements, média ou partis, que « La meilleure défense, c’est l’attaque » ! Cette idée commune à Marx, Trotsky, Clausewitz et Napoléon est exactement l’inverse de celle des réformistes politiques et syndicaux. Ceux-là prétendent qu’une classe laborieuse qui ne parvient pas à se défendre ne pourrait pas attaquer les exploiteurs et leurs gouvernants ! Les syndicats et partis réformistes n’ont que la défense à la bouche et, agissant ainsi, ils ne parviennent à défendre que leurs intérêts de boutique.

Même les fausses extrême-gauches prétendent la même chose. Ainsi, Lutte ouvrière affirme que c’est seulement en se défendant que la classe ouvrière peut regagner des forces et une conscience de classe.

LO déclare ainsi : « On nous promet le pire, donnons-nous les moyens de nous défendre. » Et LO prétend que se défendre, c’est bien voter aux élections bourgeoises !

https://journal.lutte-ouvriere.org/2002/06/07/nous-promet-le-pire-donnons-nous-les-moyens-de-nous-defendre_4822.html

L’expression fétiche de LO est « faire reculer » capitalistes et gouvernement et pas « attaquer » la classe capitaliste et le gouvernement. Leurleitmotiv est on est attaqués, on se défend :

https://journal.lutte-ouvriere.org/2010/11/03/nous-nous-sommes-fait-respecter-nous-saurons-les-faire-reculer_23476.html

Mais l’Histoire démontre le contraire. Ce n’est pas en étant pacifistes mais offensifs, c’est en allant à l’attaque contre les grandes puissances capitalistes que les prolétaires d’Europe, de Russie et d’Allemagne notamment, ont imposé à celles-ci la fin de la première guerre mondiale et donc la défense de la paix. Pour défendre la paix, oui, il a fallu faire la guerre aux impérialismes ! Il en va de même pour défendre les emplois, les retraites, les services publics, les salaires, la santé, l’éducation, etc.

Que diraient et que feraient les syndicats et les partis politiques, du moins ceux qui prétendent défendre les travailleurs, s’ils alliaient sans cesse la défensive et l’offensive, au lieu de les opposer comme deux périodes complètement séparées, s’ils les accouplaient sans cesse dans un programme de transition, au lieu de considérer que le programme réformiste et le programme de l’offensive révolutionnaire sont complètement disjoints ?

Lorsqu’ils élaborent des luttes partielles, locales, limitées, dans une entreprise qui ferme ou licencie, dans un seul secteur, des luttes sur un point limité, ils chercheraient toujours toutes les possibilités d’élargissement, toutes les occasions de s’adresser à d’autres fractions de la classe ouvrière, d’élargir le champ et le thème de la lutte, de la relier à d’autres luttes, de faire grimper le niveau de conscience et d’organisation. C’est cela « passer de la défensive à l’offensive ».

Jamais ils n’affirmeraient que bloquer un secteur suffit à faire reculer les forces adverses. Jamais ils n’affirmeraient que certains secteurs sont vitaux et suffisent à bloquer l’économie. Jamais ils n’affirmeraient que l’essentiel est d’ « être nombreux dans la rue » ou de « gagner la bataille de l’opinion » ! Jamais ils ne prétendraient que la lutte n’est qu’économique, ni qu’elle peut être « gagnée par en haut au parlement ». Jamais ils n’affirmeraient que les travailleurs ne sont pas solidaires des autres révoltes et combats, ceux des jeunes, des femmes, des migrants, des professions libérales, des paysans, des pêcheurs, des commerçants, des artisans, etc.

Au contraire de toutes ces politiques classiques des réformistes, ils n’affirmeraient jamais que l’on peut réformer les politiques capitalistes sur tel ou tel point mais seulement qu’il faut casser l’assurance des classes exploiteuses, les menacer au cœur même de leur système, par exemple boycotter les banques quand elles sont menacées, faire couler les secteurs qui prétendent licencier, s’en prendre au pouvoir d’Etat, à sa police, à sa justice, se solidariser avec les manifestants réprimés, etc.

Passer de la défensive à l’offensive, c’est frapper la classe capitaliste là où ça fait mal, casser la confiance dans la finance et les banques quand elles sont menacées, s’en prendre aux capitalistes d’un secteur quand il est affaibli, demander aux travailleurs de retirer leurs épargnes quand des secteurs bancaires sont ébranlés, ne jamais se solidariser avec « son entreprise », «  »son pays », ne jamais marcher dans les « reprises d’entreprises en difficulté », ne rien négocier dans le dos des travailleurs.

L’offensive n’est pas seulement économique, elle est d’abord sociale et politique. Ce qui est offensif, c’est une classe d’avenir qui affirme posséder un programme de société futur, une perspective pour tout le peuple travailleur, et que cette classe s’auto-organise dans ce but.

L’offensive prolétarienne, c’est de toujours menacer de transformer la crise, la guerre, l’attaque anti-sociale en révolution qui remettra fondamentalement en cause la propriété privée des capitaux et des moyens de production, c’est-à-dire les fondements du système.

Ce qui est offensif, c’est l’affirmation d’une classe qui se prépare à se passer du système d’exploitation et de l’Etat au service de ce système.

Ce qui est offensif, c’est ce qui permet de passer d’une lutte dans un pays à une lutte internationale.

Ce qui est offensif, c’est une classe qui non seulement s’organise en assemblées générales mais leur donne tout pouvoir de décision, indépendamment des appareils réformistes, leur permet d’élire des délégués de la lutte, les coordonne avec les délégués des autres secteurs, leur permet de décider non seulement des modes d’organisation et des objectifs et moyens de la lutte mais aussi du programme d’avenir que propose leur classe, de ses prises de position internationales, face à l’impérialisme, faux guerres, face aux fascismes des classes dirigeantes, face à toutes les politiques capitalistes.

Ce qui empêche la classe ouvrière de mener une politique passant de la défensive à l’offensive, c’est tout le discours réformiste selon lequel quand on n’arrive pas à défendre un petit secteur on n’arrivera pas à en défendre un gros, quand on perd on petite lutte on perdra nécessairement une grande, quand on ne peut pas se battre pour des centimes on ne peut pas rafler la totalité du capital des exploiteurs !

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