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Comment les travailleurs peuvent s’organiser par eux-mêmes et décider de l’avenir de toute la société

mercredi 25 octobre 2023, par Alex, Waraa

Comment les travailleurs des entreprises peuvent s’organiser en comités et le peuple travailleur des quartiers en conseils pour se coordonner et mener la lutte contre inflation, misère, et... capitalisme.

Quand la société dominante fait faillite, s’auto-organiser devient pour le peuple travailleur une nécessité vitale et pas un simple slogan des plus radicaux ou des révolutionnaires. Tous les épisodes historiques le démontrent et l’auto-organisation a généralement précédé l’insurrection. On retrouve cela dans de multiples situations, de nombreuses époques et pour des luttes de classes variées, mais toujours aux moments critiques pour la domination des exploiteurs. Tout ce que le système dominant compte d’agents, de soutiens, ouverts ou cachés, s’oppose alors, combat, tente de discréditer ou de détourner ce mouvement spontané d’auto-organisation du peuple travailleur et sinon essaie de l’écraser dans le sang. Les révolutionnaires tentent au contraire de lui donner sa véritable perspective : devenir la nouvelle classe dirigeante de la lutte générale contre l’exploitation et l’oppression et la conduire au pouvoir.

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La population auto-organisée faire face à une crise catastrophique où l’Etat bourgeois l’abandonne à son triste sort : l’exemple du Covid

La question de l’auto-organisation s’est notamment posée lors de l’épisode du Covid, en Chine à Wuhan, épicentre de l’épidémie. Les travailleurs de France peuvent s’informer à ce sujet non pas grâce à leurs media bourgeois habituels qui ont présenté la gestion de l’épidémie de Covid-19 en Chine comme celle d’un Etat totalitaire bureaucratique tout puissant, critiquant cette action sur le thème de l’anti-commnunisme, tout en la louant pour justifier ici les mesures policières comme le confinement.

L’Etat français a profité du Covid pour, au nom de "la Science", réhabiliter ce que les militants du collectif chinois Chuang dénoncent comme "mythe de l’efficacité fasciste", que ce soit contre les virus ... ou les travailleurs immigrés.

La réalité de l’épidémie du Covid en Chine comme ici va dans le sens contraire.
L’Etat chinois comme l’Etat français n’ont fait que masquer derrière des mesures autoritaires leur incapacité, ou manque de volonté immédiate de réagir face une épidémie, comme leur négligence criminelle des questions de santé publique qui se posent à long terme, et qui les rend responsables en grande partie des épidémies qu’ils prétendent combattre. Le collectif de militants du mouvement ouvrier Chuang écrit

cette impuissance fondamentale du gouvernement chinois l’a contraint à traiter le virus comme s’il s’agissait d’une insurrection, jouant à la guerre contre un ennemi invisible (...) La mise en branle de la répression offre donc une étrange leçon pour celles et ceux qui ont en tête la révolution mondiale, puisqu’il s’agit essentiellement d’une répétition générale de la réaction de l’Etat.(...)

La gestion du début de l’épidémie a créé un sentiment de révolte contre l’Etat chinois :

La mort du docteur Li Wen-liang, l’un des premiers lanceurs d’alerte sur les dangers du virus, le 7 février 2020, a secoué les citoyens confinés à travers le pays. Li était l’un des huit médecins arrêtés par la police pour avoir diffusé de "fausses informations" début janvier, avant de contracter lui-même le virus. Sa mort a déclenché la colère des citoyens du net et des excuses publiques du gouvernement de Wuhan. Les gens se sont rendus compte que l’Etat était composé de fonctionnaires et de bureaucrates maladroits ne sachant pas comment s’y prendre mais jouant toujours les durs.

Une habitante de Wuhan décrit :

ils ont juste nié tout ce que les médecins affirmaient depuis des semaines, pour ensuite admettre qu’il y avait de quoi s’inquiéter, et pour finalement mettre la ville en quarantaine trois jours plus tard. Tout ça ressemblait ... à un désastre ! On avait le sentiment que quelqu’un, quelque part, avait été incroyablement irresponsable.

Les manquements de l’Etat ont été compensés par une "auto-organisation parmi les gens ordinaires" :

La crise sanitaire du Covid-19 a vu l’émergence d’une entraide auto-organisée parmi les habitants et les étudiants. (...) Les plus emblématiques sont les "groupes de distribution de masques", qui acheminaient du matériel de protection aux travailleurs du nettoyage comme les balayeurs. Les principaux participants à ces groupes étaient des étudiants, qui ont fait un travail d’enquête autour des conditions de travail dangereuses dans l’industrie du nettoyage (...) La formation de ces groupes de distribution de masques à travers plusieurs régions n’était aucunement le résultat d’un plan déterminé d’avance. (...) lorsque les bus ont arrêté de circuler, beaucoup de gens qui avaient besoin de se rendre au travail ne pouvaient plus se déplacer, notamment les médecins et les infirmières. A ce moment-là, de nombreuses personnes se sont portées volontaires pour les conduire sur leurs lieux de travail. C’étaient des gens ordinaires qui spontanément, se sont proposés pour aider, sans aucune compensation financière.

Ces comités auto-organisés n’étaient pas forcément contestataires :

les groupes de distribution de masques chirurgicaux ont principalement opéré sur internet, le processus était ouvert et transparent, et leurs activités n’affichaient aucun objectif ou coloration politique. (...) Ils ont donc joué un rôle d’auxiliaire dans l’effort contre-pandémique de l’Etat, plutôt que celui d’opposants.

C’est le premier degré de l’auto-organisation : pallier l’absence de l’Etat.

Mais ces comités sont potentiellement toujours dangereux :

le gouvernement a considéré que ces petits groupes indépendants seraient difficiles à contrôler (...) un comité d’habitant les a approchés, pour qu’ils cessent leurs distribution d’équipement et de nourriture.

L’Etat veut faire disparaitre en France les germes de l’auto-organisation qu’ont semés les Gilets jaunes

Cette contradiction dans un phénomène d’auto-organisation existait chez les Gilets jaunes, qui ont démontré leur volonté de s’auto-organiser, pour certains contre l’Etat, pour d’autres dans le but de restaurer une "véritable démocratie", une utopie petite-bourgeoise.

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Cette auto-organisation des prolétaires, ou des classes moyennes en voie de prolétarisation est combattue par les Etats bourgeois, au moyen des bureaucraties syndicales dans les pays impérialistes. Le mouvement contre la réforme des retraites a servi à remettre les salariés sous la tutelle des organisations syndicales pour faire oublier les Gilets jaunes. L’épisode de l’assassinat d’un enseignant au lycée d’Arras a servi à mettre ces organisations syndicales sous la tutelle de l’Etat.

Faire disparaitre toute lutte de classe dans une discussion des travailleurs sur leurs conditions de travail face à une guerre, a été réalisé par le gouvernement dans l’Education nationale. Il n’y avait plus d’Etat-patron, de hauts-fonctionnaires face a des petits et moyens fonctionnaires, plus de patron face à des travailleurs, mais une "communauté éducative". La dirigeante du Snes, principal syndicat d’enseignants, s’est félicitée d’une "émotion partagée" après son entrevue avec Macron. Ces syndicats qui vociféraient contre l’utilisation "antidémocratique" du 49.3, triomphaient en parlant de "l’isolement" de Macron après le mouvement des retraites, se sont affichés docilement à ses côtés, tête baissée et silencieux sous les ordres d’Attal lors de la minute de silence imposée. La gauche et l’extrême-gauche, du PS, au PC, à LFI, le NPA et LO, dont les enseignants forment une grande partie, ont tous prêtés leur concours à cette minute de silence ! Ils sont tous dans l’Union sacrée, Nathalie Arthaud en tant qu’enseignante s’illustrant particulièrement par son silence.

Que des travailleurs de l’Education aient voulu se recueillir après la mort d’un des leurs, c’est bien normal. Et l’auto-organisation des travailleurs de l’Education ne consiste pas forcément à boycotter les minutes de silence officielles. Mais pourquoi ne feraient-ils pas "leur" minute de silence, ou toute autre cérémonie. Pourquoi ne discuteraient-ils pas de leurs conditions de travail ? Se placer sous la tutelle de l’Etat, aux côtés d’Attal et sa rhétorique anti-islam, ne les mènera qu’à de nouvelles catastrophes ! L’auto-organisation des enseignants serait le début de leur auto-défense contre les bandes de fascistes religieux.

Cette mise au pas de tout embryon d’auto-organisation dans le secteur de l’Education sous prétexte de conditions exceptionnelle est à l’image de ce qu’exigera de plus en plus l’Etat avec les "conditions exceptionnelles" de la marche à la guerre.

Le langage concernant la "communauté éducative" soudée, terme reprit par les organisations syndicales, testé à grande échelle dans un secteur précis, celui de l’Education, est une copie du "corporatisme", un des points de la mystique du fascisme ou de la Révolution nationale de Pétain. La gauche réformiste dont provient Macron n’a pas lutté contre le fascisme ou Pétain, mais lui a ouvert la voie. Un des porte-parole du maréchal Pétain à ce sujet fut un politicien de gauche, Gaston Bergery, directeur des affaires étrangères du Cartel des gauches (pendant la Guerre du Rif menée contre les Marocains par le général Pétain), qui se rallia au régime de Pétain en 1940 déclarant :

Les métiers seront organisés, et leur organisation s’imposera à tous. Les organisations professionnelles traiteront de tout ce qui concerne le métier, mais se limiteront au seul domaine professionnel.

Le secteur de l’Education fut un des vecteurs de l’antisémitisme de Pétain, contrairement à ce que Macron veut nous faire croire aujourd’hui. Le Recteur de l’académie de Paris sous Pétain, Jérôme Carponino, appliqua avec zèle les lois de Pétain contre les Juifs. Il était était dit "républicain progressiste", fut secrétaire avant 1914 du président du conseil Poincaré. Ce recteur d’Académie qui persécuta les Juifs de France retrouva après 1945 sont statut de "républicain progressiste", récompensé par une élection à l’Académie française en 1955.

"Epidémies", "terrorisme" ne sont pas des "événements exceptionnels" qui temporairement font disparaitre la lutte des classes sans dommages. La bourgeoisie est une classe dirigeante, elle s’obstine, même lorsque son système s’effondre, à vouloir prouver aux exploités que sans doute elle les exploite, mais qu’elle est garante du maintien d’une certaine vie sociale. Alors que les réformistes ont joué à "la lutte de classe" pendant le mouvement des retraites, ils montrent leur vrai visage pendant le Covid et l’assassinat d’un enseignant : faire disparaitre la moindre trace d’auto-organisation pendant ces épisodes politiques.

Mais l’Etat bourgeois détruit le système de santé, et entraîne tous les travailleurs dans la guerre. Des germes d’auto-organisation apparaitront dans ces domaines comme ce fut le cas à Wuhan.

Face à ces phénomènes d’auto-organisation, incarnée par des ronds-points de Gilets jaunes, des comités de grève, des soviets, les tâches que Lénine fixait aux militants communistes restent d’actualité :

1° Eclairer le plus largement les masses de la classe ouvrière sur la signification historique de la nécessité politique et pratique d’une nouvelle démocratie prolétarienne, qui doit prendre la place de la démocratie bourgeoise et du parlementarisme ;

2° Elargir et organiser des Soviets dans tous les domaines de l’industrie, dans l’armée, dans la flotte, parmi les ouvriers agricoles et les petits paysans ;

3° Conquérir, à l’intérieur des Soviets, une majorité communiste, sûre et consciente.

Pour conclure :

Une classe ouvrière divisée, désorganisée, promenée à droite et à gauche, dans des actions elles-mêmes divisées et désorganisées, menées par des « directions » qui ne veulent surtout pas diriger un véritable soulèvement en masse de la classe des salariés, des directions d’une classe dont elles ont même honte de prononcer le nom : le prolétariat !!! Et qui ne veulent surtout pas donner une perspective à cette lutte car cette perspective mettrait nécessairement en cause le système d’exploitation lui-même, le sacro-saint droit de quelques propriétaires sur les entreprises et les capitaux, ainsi que sur le pouvoir d’Etat. Voilà ce que sont ces pseudo-directions qui veulent conserver le monopole sur les luttes sociales ! Alors, les membres de ces syndicats et de ces organisations politiques réformistes, y compris gauche de la gauche et extrême gauche opportuniste, doivent eux-mêmes remettre en question les vieilles méthodes périmées qui ont montré toute leur inefficacité !

Ce qu’il nous faut, c’est l’organisation en masse, sans aucun respect des barrières corporatistes ! Ce qu’il nous faut c’est des collectifs démocratiquement de coordination et d’initiative interprofessionnels, discutant de tout, décidant de tout, élus et révocables, préparant les luttes, préparant les revendications, diffusant les projets, les mettant partout en discutant, organisant les liaisons inter-entreprises !

Ce qu’il nous faut c’est : une classe organisée et en lutte, menant sa propre politique !

Rompons avec des années de passivité politique et sociale des prolétaires et l’avenir est devant nous !

Ne nous interdisons pas de nous réunir sur les lieux de travail et d’habitation et personne ne pourra nous l’interdire !

Ne nous interdisons pas de prendre nous-mêmes les décisions sur nos luttes, nos revendications et nos moyens d’action et personne ne pourra nous l’interdire !

Ne nous limitons pas aux frontières de notre entreprise, de notre secteur d’activité, de notre corporation et personne ne pourra plus nous y enfermer !

Organisons-nous par-delà des divisions sociales, politiques, des boutiques syndicales et politiques et nous agirons en tant que classe, comme prolétaires, c’est seulement ainsi que nous retrouverons la confiance en nous-mêmes et en notre avenir et que nous ferons perdre leur confiance aux nos ennemis patronaux et gouvernementaux.

Croyez-le ou pas, les classes possédantes ne craignent cela par-dessus tout : un prolétariat qui s’organise lui-même pour préparer son avenir, sans attendre que personne ne le fasse à sa place, sans remettre son propre sort entre les mains de quelconques sauveurs !!!

Le monde du Travail peut-il organiser par lui-même, en se passant de ses encadreurs sociaux réformistes que sont les bureaucraties syndicales, la lutte insurrectionnelle contre le monde du Capital ?

Face à l’effondrement actuel du capitalisme, la politique de classe du prolétariat le mène à prendre la tête du peuple travailleur

Lettre de Karl Marx à F.Bolte (23 novembre 1871 :

« Le mouvement politique de la classe ouvrière a naturellement pour objectif la conquête, pour elle, du pouvoir politique. Il va sans dire que, pour y parvenir, il faut une organisation préalable, suffisamment développée, de la classe ouvrière, organisation qui surgit des luttes économiques mêmes des ouvriers. En outre, tout mouvement dans lequel la classe ouvrière s’oppose, en tant que classe, aux classes dominantes, et s’efforce d’exercer sur celles-ci une pression du dehors, est un mouvement politique. (…) Là où le prolétariat n’est pas encore suffisamment organisé pour tenter une campagne contre le pouvoir politique de la classe dominante, il a besoin d’être éduqué à cette fin par une agitation incessante contre l’attitude politique hostile des classes dominantes. Sans quoi le prolétariat reste un jouet entre les mains de cette classe. » Lire ici

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