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Lénine combattait radicalement contre l’antisémitisme tout en ne cautionnant pas l’isolement nationaliste des Juifs ni le sionisme

dimanche 19 novembre 2023, par Robert Paris

Lénine combattait radicalement contre l’antisémitisme tout en ne cautionnant pas l’isolement nationaliste des Juifs ni le sionisme

Lénine et la lutte contre l’antisémitisme

https://cahiersdumouvementouvrier.org/lenine-et-la-lutte-contre-lantisemitisme/

Lire aussi :

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article1535

Après la prise du pouvoir d’Octobre 1917

Vers la fin de l’été, les soviets entreprirent une vaste campagne contre l’antisémitisme. Le soviet de Moscou, par exemple, organisa des conférences et des meetings dans les usines au cours des mois d’août et de septembre. Dans l’ancienne Zone de Résidence [espace de l’Empire russe, à l’ouest, dans lequel étaient cantonnés les Juifs par le pouvoir tsariste], les soviets locaux contribuèrent à endiguer l’éruption de pogroms. A Tchernihiv (en Ukraine), à la mi-août, les accusations des Cents-Noirs [formation d’extrême-droite qui fit son apparition lors de la révolution de 1905] selon lesquelles les Juifs stockaient le pain entraînèrent une série de violents troubles antisémites. Fait décisif, c’est à une délégation du soviet de Kiev qu’est revenue la tâche d’organiser une troupe locale pour mettre un terme à ces agitations.

Le gouvernement provisoire tenta de mettre en place sa propre réponse à l’antisémitisme. A la mi-septembre, il passa une résolution promettant de prendre « des mesures drastiques contre tous les pogromistes ». Une position similaire fut adoptée deux semaines plus tard ordonnant aux ministres du gouvernement d’user de « tous les pouvoirs à leur disposition » pour mettre fin aux pogroms. Cependant, alors que le transfert de pouvoir au profit des Soviets était déjà en cours, l’autorité du gouvernement provisoire déclinait. Un éditorial du journal pro-gouvernemental Russkie Vedomosti daté du 1er octobre traduit bien la situation :

« la vague de pogroms grandit et s’étend […] des montagnes de télégrammes arrivent quotidiennement […] le gouvernement provisoire est débordé […] l’administration locale est impuissante […] les moyens de coercition sont complètement épuisés. »

Il n’en allait pas de même pour les soviets. Alors que la crise politique s’approfondissait et que le processus de bolchevisation suivait son cours, un grand nombre de soviets mettaient sur pied leurs propres campagnes contre l’antisémitisme. A Vitebsk, une ville à 560 kilomètres de Moscou, le soviet local forma une unité militaire au début du mois d’octobre afin de protéger la ville des pogromistes. La semaine suivante, le soviet d’Orel vota une résolution pour prendre les armes contre toute forme de violence antisémite.

En Russie orientale, un meeting du Soviet Pansibérien publia une résolution contre l’antisémitisme, déclarant que l’armée révolutionnaire locale prendrait « toutes les mesures nécessaires » pour empêcher un tout pogrom. Cela révèle à quel point la lutte contre l’antisémitisme était ancrée au sein d’une partie du mouvement socialiste organisé : même en Extrême-Orient, où il y avait comparativement bien moins de Juifs et moins, encore, de pogroms, les soviets locaux s’identifièrent aux Juifs souffrants entre les mains des antisémites sur le front occidental.

Les soviets étaient sans aucun doute devenus, à la mi-1917, l’opposition politique principale à l’antisémitisme en Russie. Un éditorial du journal Evreiskaia Nedelia (La semaine juive) le résumait bien :

« Il faut dire, et nous devons le leur reconnaître, que les soviets mènent une lutte énergique contre [les pogroms]. Dans bien des lieux, c’est grâce à leur seule force que la paix a pu être rétablie. »

Il est cependant important de noter que ces campagnes contre l’antisémitisme étaient destinées aux ouvriers dans les usines et, parfois, aux militants du mouvement socialiste dans son ensemble. En d’autres termes, l’antisémitisme était reconnu comme problème existant au sein de la base sociale de la gauche radicale et d’éléments du mouvement révolutionnaire lui-même. Révélant ainsi que l’antisémitisme n’était pas seulement une émanation d’« en haut », de l’ancien personnel tsariste ; il disposait d’une base organique au sein de fractions de la classe ouvrière, et devait être affronté en tant que tel.

L’ennemi intérieur

Pour la direction bolchevik, la politique révolutionnaire n’était pas simplement incompatible avec l’antisémitisme ; elle était antinomique. Ainsi qu’on pouvait le lire en 1918 sur la une du principal journal du parti, la Pravda, en 1918 : « Être contre les Juifs c’est être pour le Tsar ! » Mais ce serait une erreur de prendre les positions de Lénine et Trotsky et d’y « lire » les pensées et sentiments de la base. Comme les évènements de 1917 l’ont montré, révolution et antisémitisme ne s’opposèrent pas toujours.

Des articles de presse de l’été et l’automne 1917 révèlent que les bolcheviks locaux furent souvent accusés par d’autres socialistes de perpétuer et parfois d’entretenir cet antisémitisme au sein de la base sociale du parti. Si l’on en croit, par exemple, le journal de Gueorgui Plekhanov, Edinstvo, lorsque, à la mi-Juin, les mencheviks tentèrent de prendre la parole dans la caserne Moscou (située dans le district de Vyborg – à forte concentration d’usines et d’ouvriers – à Petrograd), des soldats, apparemment poussés par les Bolcheviks, crièrent : « A bas les mencheviks ! Ce sont tous des youpins ! » Il faut noter que Plekhanov, à la mi-1917, était obsessionnellement anti-bolchevik [1856-mai 1918]. Cette source doit donc être prise avec précaution.

Ces affirmations étaient toutefois répandues. A la même période, le journal menchevik Vpered rapporta que des bolcheviks à Moscou, huant les mencheviks, les accusèrent d’être des « youpins » qui « exploitent le prolétariat ». Alors que des centaines de milliers d’ouvriers prenaient les rues de Petrograd le 18 juin, certains bolcheviks auraient arraché les banderoles bundistes [Union générale des travailleurs juifs, parti socialiste antisioniste favorisant l’autonomie organisationnelle et culturelle des Juifs] et crié des slogans antisémites. En réponse, le bundiste Mark Liber accusa les bolcheviks d’être « en faveur des pogromistes ».

A l’approche d’octobre, de telles accusations se firent plus fréquentes. Dans l’édition du 29 octobre de Evreiskaia Nedelia, un éditorial alla jusqu’à affirmer que les Cent-Noirs antisémites « grossissaient les rangs des bolcheviks » à travers le pays.

De telles affirmations étaient évidemment bien loin de la réalité. La direction bolchevik s’opposait à l’antisémitisme et la plupart des membres du parti prirent part à la mise en place d’une réponse unitaire à l’antisémitisme, au sein des usines comme des soviets. Malgré tout, l’idée que le bolchevisme pouvait exercer un attrait sur les antisémites d’extrême-droite n’était pas entièrement dénuée de fondement. Le 29 octobre, un éditorial surprenant publié dans le très antisémite journal d’extrême droite Grosa (Orage) déclarait :

« Les Bolcheviks ont pris le pouvoir. Le Juif Kerensky, laquais des Britanniques et des banquiers internationaux, ayant effrontément pris le titre de commandant en chef des forces armées et s’étant autoproclamé Premier ministre du Tsarat Orthodoxe de Russie, sera chassé du palais, où, par sa simple présence, il profanait la dépouille d’Alexandre III. Le 25 Octobre, les bolcheviks unirent tous les régiments qui refusaient de se soumettre à un gouvernement composé de banquiers juifs, de généraux félons, de propriétaires terriens perfides et de marchands roublards. »

Le journal fut immédiatement interdit par les bolcheviks, mais ce soutien malvenu alarma la direction.

La mobilisation des masses et de leur ressentiment de classe par les bolcheviks renforça l’inquiétude que les socialistes modérés avaient devant la tendance à se chevaucher de l’antisémitisme et de la révolution. Le 28 octobre, en pleine poussée révolutionnaire, le comité électoral menchevik de Petrograd publia un appel désespéré aux ouvriers de la capitale, avertissant que les bolcheviks avaient séduit « les ouvriers et les soldats ignorants » et que le cri de ralliement « Tout le pouvoir aux Soviets ! » pouvait rapidement se retourner en « abattons les Juifs, abattons les boutiquiers ». Pour le menchevik L’vov-Rogachevskii, la « tragédie » de la révolution russe découlait du fait apparent que « les masses obscures (temnota) sont incapables de distinguer le provocateur du révolutionnaire, ou le pogrom juif de la révolution sociale. »

La presse juive se fit l’écho de ces craintes. Selon un article publié en première page de l’Evreiskaia Nedelia :

« le camarade Lénine et ses compagnons bolcheviks appellent le prolétariat à “passer des paroles aux actes”, mais, où que s’assemblent les foules slaves, le “passer de la parole aux actes” signifie, en réalité, “s’attaquer aux youpins”. »

Néanmoins, et contrairement à ces prédictions alarmistes, dans les heures et les jours qui suivirent la prise de pouvoir des bolcheviks, il n’y eut aucun pogrom de masse à l’intérieur de la Russie. L’insurrection ne se traduisit pas par la violence antisémite annoncée. Ce que les avertissements cités plus haut révèlent n’est autre que la méfiance, enracinée parmi certaines sections de la gauche socialiste, des « masses obscures » au nom desquelles elles prétendaient parler. Ce qui était particulièrement vrai de l’intelligentsia, qui envisageait généralement avec horreur l’idée d’un soulèvement prolétarien, en raison de la violence et de la barbarie qui, croyaient-ils, ne manqueraient pas de suivre.

Ce qui caractérisait les bolcheviks durant cette période était précisément leur proximité avec les masses de Petrograd, tant redoutées par l’intelligentsia.

Malgré tout, la porosité entre antisémitisme et politique révolutionnaire était réelle. Quelques jours seulement après la révolution d’octobre, l’écrivain Ilya Ehrenbourg [1891-1967], bientôt l’un des plus célèbres et prolifiques auteurs juifs d’Union soviétique, s’assit pour rassembler ses pensées sur les évènements historiques qui venaient juste d’avoir lieu. Son récit reste peut-être la description la plus frappante de l’articulation entre antisémitisme et processus révolutionnaire en 1917 :

« Hier, je faisais la queue, attendant de voter pour l’Assemblée Constituante. Des gens disaient : “Ceux qui sont contre les youpins, votez pour le numéro 5 [les Bolcheviks]”, “ceux qui sont pour la révolution mondiale, votez pour le 5 !”. Le patriarche allait et venait, répandant de l’eau bénite ; tout le monde retira son chapeau. Un groupe de soldat passant par là se mit à chanter à tue-tête l’Internationale. Où suis-je ? Ou est-ce l’enfer, le vrai ? »

Dans ce souvenir saisissant, la distinction entre bolchevisme révolutionnaire et antisémitisme contre-révolutionnaire est floue. En fait, le récit d’Ehrenbourg préfigure l’obsédante question qui sera posée dans les histoires de la guerre civile d’Isaac Babel [1894-1940], Cavalerie Rouge : « où est la révolution et où et la contre-révolution ? »

Malgré l’insistance des Bolcheviks à le décrire comme un phénomène strictement « contre-révolutionnaire », l’antisémitisme échappe à une telle catégorisation, et se retrouve de part et d’autre du clivage politique, sous des formes hautement complexes et inattendues. C’est ce que révéleront brutalement 6 mois plus tard, à l’été 1918, les premiers pogroms dans l’ancienne Zone de Résidence. Dans certains villages et villes du nord-est de l’Ukraine, telle Glukhov, le pouvoir bolchevik a été consolidé par la violence anti-juive, perpétrée par les cadres locaux du parti et les gardes rouges. La confrontation bolchevik avec l’antisémitisme en 1918 était donc souvent une confrontation avec l’antisémitisme de sa propre base sociale.

Alors que nous marquons le centenaire de la révolution d’octobre, nous la célébrons à juste titre comme un moment de transformation sociale, quand un nouveau monde semblait possible. Cette révolution, pourtant, devrait aussi être remémorée dans toute sa complexité.

L’antiracisme doit être cultivé et renouvelé, continuellement. Un siècle plus tard, et tandis que nous sommes aux prises avec les dommages infligés par le racisme à la politique de classe, 1917 peut nous enseigner comment les idées réactionnaires s’implantent, mais aussi comment y faire face et les combattre.

https://www.contretemps.eu/bolcheviks-revolution-russe-antisemitisme/

Décret sur la lutte contre l’antisémitisme et les pogromes antijuifs

Lénine, VI. Bontch Brouievitch & N. Gorbounov

25 juillet 1918

D’après les renseignements qui parviennent au Conseil des commissaires du peuple dans de nombreuses villes, en particulier dans les régions proches du front (1) les contre-révolutionnaires développent une agitation pogromiste suivie par endroits d’excès contre la population travailleuse juive. La contre-révolution bourgeoise prend en main l’arme tombée des mains du tsar.

Chaque fois qu’il avait besoin de détourner de lui la colère populaire le gouvernement autocratique détournait cette dernière contre les juifs, en déclarant aux masses ignorantes que tous leurs malheurs viendraient des juifs. En même temps les juifs riches trouvaient toujours un moyen de se protéger et c’est la couche pauvre des juifs qui souffrait de la persécution et des violences et y trouvait la mort.

Aujourd’hui les contre-révolutionnaires ont renouvelé la persécution contre les juifs, utilisant à cette fin la famine, la lassitude et aussi l’obscurantisme des masses les plus arriérées et les résidus de la haine contre les juifs inoculée dans le peuple par l’autocratie.

Dans la République Fédérative de la Russie Soviétique où est proclamé le principe de l’autodétermination des masses populaires de tous les peuples, l’oppression nationale n’a pas de place. Le bourgeois juif est notre ennemi non en tant que juif, mais en tant que bourgeois. L’ouvrier juif est notre frère.

Toute persécution de toute nation quelle qu’elle soit est inacceptable, criminelle et honteuse.

Le conseil des commissaires du peuple déclare que le mouvement antisémite et les pogromes antijuifs sont un danger mortel pour la cause de la révolution ouvrière et paysanne ; il appelle le peuple travailleur de la Russie socialiste à combattre ce fléau par tous les moyens.

L’inimitié nationale affaiblit nos rangs révolutionnaires, divise le front des travailleurs unique, sans distinction de nationalités et ne sert que nos ennemis.

Le Conseil des commissaires du peuple ordonne à tous les Soviets de prendre des mesures décisives pour couper à la racine le mouvement antisémite. Il ordonne de déclarer hors-la-loi les pogromistes et ceux qui mènent une agitation pogromiste.

Le président du conseil des commissaires du peuple VI. Oulianov (Lénine),
le chef du service administratif du conseil des commissaires du peuple VI. Bontch Brouievitch,
le secrétaire du Conseil N. Gorbounov

(texte publié dans le tome III des Dekrety sovietskoï vlasti, Politizdat Moscou 1984, p 93-94)

(1) NDLR : “le front” désigne ici le front mouvant de la guerre civile.

https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1918/07/lenine%20antisemitisme.htm

Lénine

Pogroms anti-juifs

L’antisémitisme déverse constamment de l’hostilité envers les Juifs. Lorsque la maudite monarchie tsariste vivait ses derniers jours, elle essaya d’exciter les ouvriers et les paysans ignorants contre les Juifs.

La police tsariste, en alliance avec les propriétaires terriens et les capitalistes, organisa des pogroms contre les Juifs. Les propriétaires terriens et les capitalistes essayèrent de détourner la haine des ouvriers et des paysans torturés par la misère contre les Juifs. Dans d’autres pays aussi, on a vu souvent les capitalistes fomenter la haine contre les Juifs pour aveugler les ouvriers, pour détourner leur attention du véritable ennemi des travailleurs, le capital.

La haine envers les Juifs ne persiste que dans les pays où l’esclavage imposé par les propriétaires terriens et les capitalistes a maintenu une ignorance abyssale parmi les ouvriers et les paysans. Seules les plus ignorants et les plus opprimés peuvent croire aux mensonges et aux calomnies répandus sur les Juifs. C’est une survivance des temps féodaux antiques, quand les prêtres brûlaient les hérétiques sur le bûcher, quand les paysans vivaient en esclavage, et quand le peuple était écrasé et démembré. Cette ancienne ignorance féodale s’évanouit ; les yeux du peuple s’ouvrent.

Ce ne sont pas les Juifs qui sont les ennemis des travailleurs. Les ennemis des ouvriers sont les capitalistes de tous les pays. Parmi les Juifs, il y a des travailleurs, et ils forment la majorité. Ce sont nos frères, qui, comme nous, sont opprimés par le capital ; ce sont nos camarades dans la lutte pour le socialisme. Parmi les Juifs, il y a des koulaks, des exploiteurs et des capitalistes, comme il y en a parmi les Russes, et parmi les peuples de toutes les nations. Les capitalistes s’efforcent de semer et de fomenter la haine entre les travailleurs de différentes confessions, différentes nations et différentes races. Ceux qui ne travaillent pas sont maintenus au pouvoir par la puissance et la force du capital. Les Juifs riches, comme les Russes riches, et les riches de tous les pays, s’allient pour opprimer, écraser, voler et diviser les travailleurs.
Honte au tsarisme maudit qui a torturé et persécuté les Juifs. Honte à ceux qui fomentent la haine envers les Juifs, ceux qui fomentent la haine envers les autres nations.

Vive la confiance fraternelle et l’alliance combative des travailleurs de toutes les nations dans la lutte pour renverser le capital.

https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1919/03/pogroms.htm

Trotsky aussi...

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article5990

Avant la prise du pouvoir

https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1905/05/vil19050531.pdf

https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1913/10/vil19131000c.htm

https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1913/10/vil19131000e.htm

https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1914/03/vil19140328.htm

La révolte des Juifs était un ferment révolutionnaire, reconnaisaient les chefs des grandes puissances

Président Wilson : Un des éléments qui troublent la paix du monde est la persécution des Juifs. Vous savez qu’ils sont particulièrement mal traités en Pologne et qu’ils sont privés des droits de citoyen en Roumanie. (...) Rappelez-vous que, quand les Juifs étaient traités en hors la loi en Angleterre, ils agissaient comme des gens hors la loi. Notre désir est de les ramener partout dans la loi commune. (...) (Suite le 3 mai) Nos gouvernements, du moins les gouvernements britannique et américain, ont pris, vis-à-vis des Juifs, l’engagement d’établir en Palestine quelque chose qui ressemble à un Etat israélite, et les Arabes y sont très opposés.

(Suite le 17 mai) Ce n’est pas seulement un sentiment de bienveillance à l’égard des Juifs, mais par l’incertitude du danger que le traitement injuste des Juifs crée dans différentes parties de l’Europe. Le rôle des Juifs dans le mouvement bolcheviste est dû sans aucun doute à l’oppression que leur race a subi pendant si longtemps. Les persécutions empêchent le sentiment patriotique de naître et provoquent l’esprit de révolte. A moins que nous ne portions remède à la situation des Juifs, elle restera un danger pour le monde.

(Suite 6 juin) France, Italie, Grande Bretagne, Etats-Unis, ce n’est pas sur leurs territoires que l’on trouve cet élément juif qui peut devenir un danger pour la paix en Europe, mais en Russie, en Roumanie, en Pologne, partout où les Juifs sont persécutés.

Lloyd George : Cette difficulté subsistera jusqu’à ce que les Polonais deviennent assez intelligents pour savoir tirer parti de leurs Juifs, comme le font les Allemands.

(Suite 23 juin) Président Wilson Le plus important est d’apaiser les inquiétudes des Juifs. Je crains toujours de laisser subsister de ce côté un ferment dangereux. »

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article214

Lénine combattait radicalement contre l’antisémitisme tout en ne cautionnant pas l’isolement nationaliste des Juifs ni le sionisme

Lénine et la lutte contre l’antisémitisme

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Lire aussi :

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article1535

Après la prise du pouvoir d’Octobre 1917

Décret sur la lutte contre l’antisémitisme et les pogromes antijuifs

Lénine, VI. Bontch Brouievitch & N. Gorbounov

25 juillet 1918

D’après les renseignements qui parviennent au Conseil des commissaires du peuple dans de nombreuses villes, en particulier dans les régions proches du front (1) les contre-révolutionnaires développent une agitation pogromiste suivie par endroits d’excès contre la population travailleuse juive. La contre-révolution bourgeoise prend en main l’arme tombée des mains du tsar.

Chaque fois qu’il avait besoin de détourner de lui la colère populaire le gouvernement autocratique détournait cette dernière contre les juifs, en déclarant aux masses ignorantes que tous leurs malheurs viendraient des juifs. En même temps les juifs riches trouvaient toujours un moyen de se protéger et c’est la couche pauvre des juifs qui souffrait de la persécution et des violences et y trouvait la mort.

Aujourd’hui les contre-révolutionnaires ont renouvelé la persécution contre les juifs, utilisant à cette fin la famine, la lassitude et aussi l’obscurantisme des masses les plus arriérées et les résidus de la haine contre les juifs inoculée dans le peuple par l’autocratie.

Dans la République Fédérative de la Russie Soviétique où est proclamé le principe de l’autodétermination des masses populaires de tous les peuples, l’oppression nationale n’a pas de place. Le bourgeois juif est notre ennemi non en tant que juif, mais en tant que bourgeois. L’ouvrier juif est notre frère.

Toute persécution de toute nation quelle qu’elle soit est inacceptable, criminelle et honteuse.

Le conseil des commissaires du peuple déclare que le mouvement antisémite et les pogromes antijuifs sont un danger mortel pour la cause de la révolution ouvrière et paysanne ; il appelle le peuple travailleur de la Russie socialiste à combattre ce fléau par tous les moyens.

L’inimitié nationale affaiblit nos rangs révolutionnaires, divise le front des travailleurs unique, sans distinction de nationalités et ne sert que nos ennemis.

Le Conseil des commissaires du peuple ordonne à tous les Soviets de prendre des mesures décisives pour couper à la racine le mouvement antisémite. Il ordonne de déclarer hors-la-loi les pogromistes et ceux qui mènent une agitation pogromiste.

Le président du conseil des commissaires du peuple VI. Oulianov (Lénine),
le chef du service administratif du conseil des commissaires du peuple VI. Bontch Brouievitch,
le secrétaire du Conseil N. Gorbounov

(texte publié dans le tome III des Dekrety sovietskoï vlasti, Politizdat Moscou 1984, p 93-94)

(1) NDLR : “le front” désigne ici le front mouvant de la guerre civile.

https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1918/07/lenine%20antisemitisme.htm

Lénine

Pogroms anti-juifs

L’antisémitisme déverse constamment de l’hostilité envers les Juifs. Lorsque la maudite monarchie tsariste vivait ses derniers jours, elle essaya d’exciter les ouvriers et les paysans ignorants contre les Juifs.

La police tsariste, en alliance avec les propriétaires terriens et les capitalistes, organisa des pogroms contre les Juifs. Les propriétaires terriens et les capitalistes essayèrent de détourner la haine des ouvriers et des paysans torturés par la misère contre les Juifs. Dans d’autres pays aussi, on a vu souvent les capitalistes fomenter la haine contre les Juifs pour aveugler les ouvriers, pour détourner leur attention du véritable ennemi des travailleurs, le capital.

La haine envers les Juifs ne persiste que dans les pays où l’esclavage imposé par les propriétaires terriens et les capitalistes a maintenu une ignorance abyssale parmi les ouvriers et les paysans. Seules les plus ignorants et les plus opprimés peuvent croire aux mensonges et aux calomnies répandus sur les Juifs. C’est une survivance des temps féodaux antiques, quand les prêtres brûlaient les hérétiques sur le bûcher, quand les paysans vivaient en esclavage, et quand le peuple était écrasé et démembré. Cette ancienne ignorance féodale s’évanouit ; les yeux du peuple s’ouvrent.

Ce ne sont pas les Juifs qui sont les ennemis des travailleurs. Les ennemis des ouvriers sont les capitalistes de tous les pays. Parmi les Juifs, il y a des travailleurs, et ils forment la majorité. Ce sont nos frères, qui, comme nous, sont opprimés par le capital ; ce sont nos camarades dans la lutte pour le socialisme. Parmi les Juifs, il y a des koulaks, des exploiteurs et des capitalistes, comme il y en a parmi les Russes, et parmi les peuples de toutes les nations. Les capitalistes s’efforcent de semer et de fomenter la haine entre les travailleurs de différentes confessions, différentes nations et différentes races. Ceux qui ne travaillent pas sont maintenus au pouvoir par la puissance et la force du capital. Les Juifs riches, comme les Russes riches, et les riches de tous les pays, s’allient pour opprimer, écraser, voler et diviser les travailleurs.
Honte au tsarisme maudit qui a torturé et persécuté les Juifs. Honte à ceux qui fomentent la haine envers les Juifs, ceux qui fomentent la haine envers les autres nations.

Vive la confiance fraternelle et l’alliance combative des travailleurs de toutes les nations dans la lutte pour renverser le capital.

https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1919/03/pogroms.htm

Trotsky aussi...

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Avant la prise du pouvoir

https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1905/05/vil19050531.pdf

https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1913/10/vil19131000c.htm

https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1913/10/vil19131000e.htm

https://www.marxists.org/francais/lenin/works/1914/03/vil19140328.htm

La révolte des Juifs était un ferment révolutionnaire, reconnaisaient les chefs des grandes puissances

Président Wilson : Un des éléments qui troublent la paix du monde est la persécution des Juifs. Vous savez qu’ils sont particulièrement mal traités en Pologne et qu’ils sont privés des droits de citoyen en Roumanie. (...) Rappelez-vous que, quand les Juifs étaient traités en hors la loi en Angleterre, ils agissaient comme des gens hors la loi. Notre désir est de les ramener partout dans la loi commune. (...) (Suite le 3 mai) Nos gouvernements, du moins les gouvernements britannique et américain, ont pris, vis-à-vis des Juifs, l’engagement d’établir en Palestine quelque chose qui ressemble à un Etat israélite, et les Arabes y sont très opposés.

(Suite le 17 mai) Ce n’est pas seulement un sentiment de bienveillance à l’égard des Juifs, mais par l’incertitude du danger que le traitement injuste des Juifs crée dans différentes parties de l’Europe. Le rôle des Juifs dans le mouvement bolcheviste est dû sans aucun doute à l’oppression que leur race a subi pendant si longtemps. Les persécutions empêchent le sentiment patriotique de naître et provoquent l’esprit de révolte. A moins que nous ne portions remède à la situation des Juifs, elle restera un danger pour le monde.

(Suite 6 juin) France, Italie, Grande Bretagne, Etats-Unis, ce n’est pas sur leurs territoires que l’on trouve cet élément juif qui peut devenir un danger pour la paix en Europe, mais en Russie, en Roumanie, en Pologne, partout où les Juifs sont persécutés.

Lloyd George : Cette difficulté subsistera jusqu’à ce que les Polonais deviennent assez intelligents pour savoir tirer parti de leurs Juifs, comme le font les Allemands.

(Suite 23 juin) Président Wilson Le plus important est d’apaiser les inquiétudes des Juifs. Je crains toujours de laisser subsister de ce côté un ferment dangereux. »

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article214

Les pogroms antisémites ont été l’un des grands crimes des Blancs, provenant du fait que les Juifs étaient systématiquement considérés comme des alliés objectifs des Rouges.

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article4309

Le génocide des Juifs par les nazis avait un but anti-bolchevique et contre-révolutionnaire

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article85

Les Bolcheviks et l’antisémitisme

http://alencontre.org/societe/histoire/les-bolcheviks-et-lantisemitisme.html

https://lesnuitsrouges.com/produit/les-nuits-rouges/disponibles/lantisemitisme-dans-la-revolution-russe-1917-1920/

« Le tsarisme était amené à une lutte où son existence même était en jeu, il était amené à rechercher d’autres moyens de défense que sa bureaucratie complètement épuisée et son armée atteinte par la défaite militaire et la désagrégation interne. La seule issue qui restait à la monarchie tsariste dans cette situation était d’organiser les éléments Cent-Noirs de la population et de déclencher des pogromes. L’indignation vertueuse avec laquelle nos libéraux parlent de pogromes ne peut manquer de donner à tout révolutionnaire une impression de lâcheté lorsque nos libéraux, tout en portant cette condamnation vertueuse contre les pogromes, n’en envisagent pas moins l’idée d’engager des pourparlers et de passer des accords avec leurs auteurs. La monarchie devait forcément se défendre contre la révolution et la monarchie semi-asiatique, féodale, "russe" des Romanov, ne pouvait se défendre que par les moyens les plus grossiers, les plus répugnants, les plus cruels et les plus vils : la seule méthode de lutte contre les pogromes qui soit digne d’un socialiste et d’un démocrate, la seule qui soit raisonnable, ce n’est pas de prononcer des condamnations vertueuses, mais d’apporter une contribution entière et dévouée à la révolution, d’organiser la révolution capable de "renverser" une telle monarchie. Le pogromiste Stolypine s’est préparé à la charge ministérielle de la seule façon dont les gouvernements tsaristes pouvaient le faire : en sévissant contre les paysans, en organisant des pogromes et en sachant couvrir cette "pratique" asiatique de vernis et de phrases, de poses et de gestes "à l’européenne." »

Lénine, « Stolypine et la Révolution », oeuvres de Lénine, tome 17 decembre 1910-avril 1912., p.p. 252-253, 18 (31) octobre 1911, Éditions sociales, Paris, 1968.

« Pourquoi la lutte pour la république, est-elle une condition réelle de la conquête de la liberté en Russie ? Parce que l’expérience, la grande, l’inoubliable expérience de l’une des plus grandes décennies de l’histoire russe, je veux dire de la première décennie du XXème siècle, montre de façon claire, évidente, irréfutable, l’incompatibilité de notre monarchie avec les garanties les plus élémentaires de la liberté politique. L’histoire de la Russie, l’histoire séculaire du tsarisme font qu’au début du XXème siècle, il n’y a pas et il ne peut pas y avoir chez nous d’autre monarchie que celle des Cent-Noirs et des pogromistes. Dans la situation sociale, dans la situation de classes que nous connaissons, la monarchie russe ne peut faire autrement que d’organiser des bandes d’assassins pour abattre au coin des rues nos députés libéraux et démocrates, d’incendier les maisons où se réunissent les démocrates. La monarchie russe ne peut répondre aux manifestations du peuple en faveur de la liberté autrement qu’en organisant des détachements d’individus qui saisissent les enfants juifs par les pieds pour leur briser la tête contre les pierres, qui violent les femmes juives ou géorgiennes, qui éventrent les vieillards. Les ganaches libérales dissertent sur l’exemple d’une monarchie constitutionnelle de type anglais. Eh bien, si dans un pays aussi cultivé que l’Angleterre, qui n’a jamais connu le joug mongol, l’oppression de la bureaucratie, le déchaînement de la caste militaire, il a néanmoins fallu couper la tête à un bandit couronné pour apprendre aux rois à être des monarques « constitutionnels », en Russie il faudra couper la tête à cent Romanov au moins, pour enlever à leurs successeurs l’habitude d’organiser des bandes d’assassins Cent-Noirs et de déchaîner des pogromes. Si la social-démocratie a retenu quelque chose de la première révolution russe, elle doit maintenant bannir de tous nos discours, de tous nos tracts, le mot d’ordre de « à bas l’autocratie » qui s’est révélé inadapté et vague, et défendre exclusivement celui de "A bas la monarchie tsariste, vive la république". »

Lénine, « « A propos des mots d’ordre et de la conception du travail social-démocrate à la Douma et en dehors », "Social-Démocrate" », Oeuvres de Lénine tome 17 décembre 1910- avril 1912, p.341, 8/21 décembre 1911, Éditions Sociales, Paris, 1968.

« La première révolution et l’époque de contre-révolution qui l’a suivie (1907-1914) ont décelé le fond de la monarchie tsariste, l’on poussé à son extrême limite, en ont mis à nu toute la pourriture et toute la turpitude, ont démasqué tout le cynisme et la corruption de la clique tsariste avec le monstrueux Raspoutine à sa tête, toute la férocité de la famille Romanov - ces massacreurs qui inondèrent la Russie du sang des Juifs, des ouvriers, des révolutionnaires - ces propriétaires fonciers "les premiers entre leurs pairs", possesseurs de millions dedécatines de terres, et prêts à commettre toutes les atrocités et tous les crimes, à ruiner et étrangler autant de citoyens qu’il le faudrait pour conserver leur propre sacro-sainte propriété "et celle de leur classe". »

Lénine, « Lettres de loin », oeuvres de Lénine tome 23 aout-1916-mars 1917, p.326, 7/20 mars 1917, Éditions Sociales, Paris, 1959.

« On appelle antisémitisme le fait de semer la haine contre les Juifs. Lorsque la maudite monarchie tsariste vivait ses derniers jours, elle s’efforcait de dresser les ouvriers et les paysans ignorants contre les Juifs. La police tsariste, alliée aux grands propriétaires fonciers et aux capitalistes, organisait des pogroms antijuifs […] Seuls des gens complètement ignorants, complètement abrutis peuvent croire les mensonges et les calomnies déversés contre les Juifs […] Les ennemis des travailleurs, ce ne sont pas les Juifs. Ce sont les capitalistes de tous les pays. Il y a parmi les Juifs des ouvriers, des travailleurs : ils forment la majorité. Ce sont nos frères opprimés par le capital, nos camarades de combat pour le socialisme. Il y a parmi les Juifs des koulaks, des exploiteurs et des capitalistes, comme parmi les Russes, comme dans toutes les nations. Les capitalistes cherchent à semer et attiser la haine entre les ouvriers de croyances, de nationalités et de races différentes. Ceux qui ne travaillent pas, se maintiennent par la force et le pouvoir du capital. Les riches, Juifs et Russes, de même que les riches de tous les pays, alliés les uns aux autres, écrasent, oppriment, pillent et désunissent les ouvriers. Honte au tsarisme maudit qui torturait et persécutait les Juifs. Honte à ceux qui sèment la haine contre les Juifs, à ceux qui sèment la haine contre les autres nations. Vivent la confiance fraternelle et l’alliance de combat entre les ouvriers de toutes les nations dans la lutte pour le renversement du capital. »

Lénine, « "A propos des pogroms antijuifs" (discours enregistré sur disque). », Œuvres, tome 29-mars-août 1919, p.254-255, fin mars 1919, Éditions sociales, Paris, 1962.

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