Nous sommes tous des travailleurs antillais,
Nous sommes tous des travailleurs chinois, maliens, grecs, islandais et lettons
Les travailleurs de Guadeloupe et de Martinique ont raison de se révolter contre la vie chère, contre les bas salaires, contre l’exploitation et contre l’Etat qui ne défend que les patrons békés, ces familles d’anciens esclavagistes qui monopolisent toutes les richesses des Antilles et tous les circuits de distributions ! Ainsi, en Guadeloupe, le MEDEF refuse de payer 50€ d’augmentation des salaires pendant que l’Etat et les collectivités locales paieraient 150€. Cela n’empêche pas l’Etat d’exiger que le mouvement s’arrête, alors qu’il n’impose rien aux patrons békés. Il dénonce le mouvement syndical qu’il prétend violent, mais ne dit rien sur les milices privées des békés. L’occupation militaire des îles par les gendarmes mobiles et le couvre-feu imposés ne visent que le mouvement des travailleurs. Ce qui préoccupe patronat et gouvernement c’est que cette mobilisation ne s’étende pas à la métropole.
Que d’efforts ont été fournis de tous côtés pour nous démontrer que la mobilisation des Antilles contre la vie chère et l’exploitation, pour la défense des locataires, des services publics et pour une augmentation de 200€ des salaires, des retraites et des prestations sociales ne concernait pas les travailleurs de la métropole. La première des méthodes a été le silence médiatique et politique, Sarkozy allant jusqu’à « oublier » d’en parler dans une émission sur la crise sociale en France. Ou encore jusqu’à décider de n’en parler que sur la chaîne RFO de l’Outre-mer !
Mais les adversaires du mouvement des travailleurs aux Antilles et en métropole ne sont pas seulement du côté du gouvernement. Les partis de gauche, aux Antilles et en France, ne sont pas vraiment du côté de la révolte. Martine Aubry, la dirigeante du PS, a présenté ce qu’elle a appelé la « contagion » à la métropole comme un risque ! Comme s’il s’agissait de la contagion d’une maladie venue d’ailleurs… Comme s’il n’y avait pas de quoi se révolter, aussi en métropole, contre un chômage qui grandit par centaines de milliers par mois, contre des salaires et des retraites misérables. Il ne faudrait pas se révolter quand un trust comme Continental, qui a engrangé des profits fabuleux, menace de licenciement plus de mille salariés ? Pas révoltant que les caisses d’épargnes Ecureuil soient mangées par les trous des banquiers et financiers ? Pas révoltant que les revenus de Ghosn, le patron de Renault, soient l’équivalent de la totalité des salaires perdus par les 1300 salariés de Sandouville au chômage technique qui sont ponctionnés en moyenne de 700€ par mois ? Pas révoltant que l’Etat distribue 450 milliards aux banquiers et aux capitalistes pendant que le même Etat réduit l’hôpital public, les transports, l’enseignement à la portion congrue ?
Certains syndicalistes pensaient que les dirigeants syndicaux de métropole seraient du côté de la révolte des Antilles et souhaiteraient l’étendre en métropole. Pas du tout ! Ils ne veulent pas de la contagion guadeloupéenne, pas plus qu’ils n’avaient voulu qu’il y ait contagion des mouvements des cheminots, de ceux des hospitaliers, de ceux des enseignants et de bien d’autres… Eh bien, ils ont été jusqu’à ne pas diffuser d’appel à une manifestation en faveur des travailleurs antillais, manifestation à laquelle officiellement ils appelaient … Leur rôle, ils le comprennent justement comme celui de tampons sociaux faits pour éviter les explosions. Endormir les travailleurs, c’est tout l’objectif de leur stratégie négociations/journées d’actions. Le 19 mars après le 29 janvier, pour faire peur au patronat et au gouvernement, ce n’est pas la stratégie du lion : c’est celle de l’escargot !
Ce n’est pas seulement de la révolte des Antilles que ces dirigeants ne sont pas vraiment solidaires. Quand l’explosion sociale a gagné la Grèce, l’Islande, la Lettonie, la Bulgarie, la Lituanie, ces gens-là n’ont jamais risqué le plus petit geste de solidarité. Sans même parler de nous rapporter les grandes mobilisations ouvrières en Chine. En présentant les suppressions d’emplois comme des délocalisations vers les pays pauvres, ils opposent les travailleurs de France et ceux de ces pays. Pourtant, le chômage frappe encore plus l’Inde, la Chine ou les pays de l’Est que la France.
La conscience internationale des travailleurs d’être une même classe ayant les mêmes intérêts par delà les secteurs, les catégories et les frontières, leur capacité à s’unir dans la lutte, voilà l’espoir d’avenir face au capitalisme pourrissant et agonisant.