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Le réarmement et les conflits pour préparer la guerre qui vient...

samedi 13 décembre 2014, par Robert Paris

Des dizaines d’incidents ont failli provoquer la guerre entre l’OTAN et la Russie cette année

Par Alexandre Lantier

Selon un rapport publié lundi par l’institut European Leadership Network (Réseau de Direction Européenne, ELN) à Londres, au moins 40 incidents ont failli provoquer des accrochages militaires entre la Russie et les forces de l’OTAN envoyées en Europe de l’est depuis le putsch de février à Kiev, soutenu par l’OTAN.

Selon l’ELN, depuis mars 2014 les relations entre la Russie et l’Otan sont caractérisées par « la méfiance, la crainte, et des délais de temps réduits pour prendre des décisions dans une confrontation volatile entre un Etat doté d’armes nucléaires et une alliance dotée d’armes nucléaires ». Le rapport ajoute que « Perpétuer cette réalité dans les circonstances décrites dans ce rapport est pour le moins risqué. Au pire, cela pourrait conduire à la catastrophe ».

L’ELN est composé de hauts responsables de la sécurité de plusieurs pays impérialistes européens. Siègent à son comité directeur le dirigeant de la Conférence de Sécurité de Munich Wolfgang Ischinger, l’ancien secrétaire général de l’OTAN Javier Solana, les anciens secrétaires à la Défense Des Brown et Malcolm Rifkind (Grande-Bretagne), Volker Ruehe (Allemagne) et Alain Richard (France), et l’ancien Commissaire de l’ONU sur l’Irak Rolf Ekeus. L’ELN choisit donc avec soin les incidents qu’il rapporte pour dépeindre faussement la Russie comme agresseur de l’OTAN.

Néanmoins, les incidents qu’il rapporte indiquent clairement les dangers immenses pour la survie de l’humanité posés par l’escalade irresponsable de l’OTAN en Europe de l’est, après le changement de régime qu’elle a imposé en Ukraine.

Les armées du monde entier sont en état d’alerte, les avions de l’OTAN patrouillent au-dessus des républiques baltes, de la Pologne et d’autres Etats européens à quinze minutes de vol de grandes villes russes. Des malentendus entre les forces russes et les troupes, avions de chasse et navires de l’OTAN qui déferlent sur la région – ou en Amérique du nord ou dans le Pacifique où le rapport fait état d’autres incidents – pourraient rapidement provoquer une escalade nucléaire à travers le monde.

Un incident « à haut risque » s’est produit le 5 septembre, deux jours après qu’Obama a visité l’Estonie et y a juré que ce pays aurait le « soutien éternel » de Washington contre la Russie. « Le 5 septembre 2014, un membre des services de sécurité estoniens, Eston Kohver, fut kidnappé par des agents russes d’un poste de frontière estonien. Emmené à Moscou, il fut accusé d’espionnage », écrit l’ELN. « S’il y avait eu des morts, il aurait pu y avoir une escalade dangereuse et incontrôlée ».

Comme la plupart des incidents cités par l’ELN, cet événement démontre que le principal risque de guerre provient de la politique agressive de l’OTAN. L’Estonie est un petit pays de 1,3 millions d’habitants, sans armes nucléaires et proche de St Pétersbourg. Elle utiliserait des voies diplomatiques pour résoudre une affaire pareille et éviterait une escalade militaire inégale contre la Russie, si elle n’était pas encouragée par des assurances fermes de soutien militaire contre la Russie par l’OTAN et par Washington.

Un autre incident « à haut risque » fut la campagne belliqueuse mais infructueuse lancée par la Suède le mois dernier pour trouver un sous-marin russe dans les eaux territoriales suédoises. « Le Commandant Suprême Général Sverker Goranson a souligné que la Suède utiliserait ‘la force armée’ pour faire monter le vaisseau à la surface », écrit l’ELN. « Si les autorités suédoises avaient trouvé le sous-marin et utilisé la force, ceci aurait pu provoquer des victimes et des représailles russes ».

Le dernier incident « à haut risque » était la collision évitée de justesse entre un avion de passagers SAS et un avion de surveillance russe qui ne transmettait pas sa position aux autorités civiles. Selon l’ELN, l’OTAN aurait réagi à une collision mortelle en classifiant « tout activité aérienne non identifiée ou aveugle comme une menace mortelle potentielle nécessitant une interdiction préventive par la force ».

Ainsi, l’OTAN aurait pris la décision incendiaire de rechercher et de détruire tout objet volant non identifié au-dessus de l’Europe, risquant rapidement une guerre avec la Russie.

Les conflits et le danger d’une guerre nucléaire soulignent les dangers catastrophiques soulevés par la crise du capitalisme mondial. Un quart de siècle après la chute du mur de Berlin, suivi par la dissolution de l’URSS par la bureaucratie stalinienne et la restauration du capitalisme, les puissances impérialistes exploitent les divisions ethniques de l’ex-URSS pour encercler et diviser la Russie. Elles préparent ainsi une nouvelle guerre mondiale.

Le principal danger que confronte la classe ouvrière est la politique agressive de l’OTAN, dirigée par Washington et Berlin. Ils ont soutenu un putsch à Kiev dirigé par la milice fasciste ukrainienne, le Secteur droit. Ils ont ensuite utilisé la guerre civile qui s’est déclenchée entre le nouveau régime à Kiev et les zones ethniquement russes de l’est ukrainien pour dénoncer la Russie et envoyer des forces en Pologne, dans les républiques baltes, dans la mer Noire et en Ukraine.

Dans les pays de l’OTAN, les médias ont justifié cette offensive en prétendant que l’alliance militaire dirigée par Washington intervenait pour défendre la liberté. Par contre, on dissimula soigneusement le risque d’une guerre nucléaire aux travailleurs en Amérique et en Europe.

Le fait de reconnaître le rôle central de l’agression de l’OTAN en Ukraine n’implique aucun soutien pour les aventures militaires que le Kremlin pourrait lancer pour tenter de rétablir ses relations avec l’impérialisme. Représentant une couche d’oligarques milliardaires qui se sont enrichis en pillant la propriété publique en URSS, le régime du président russe Vladimir Poutine est incapable de faire appel aux sentiments anti-guerre largement partagés par les travailleurs de toute la planète.

Le nationalisme russe qu’il véhicule est réactionnaire, aidant les puissances impérialistes à attiser les divisions entre les travailleurs russes et ukrainiens et à l’intérieur du prolétariat mondial en général.

Il est remarquable que le rapport de l’ELN ne dise rien sur les armes nucléaires dans les incidents qu’il cite. Cependant, et l’OTAN et la Russie préparent leurs forces nucléaires à la guerre.

Washington n’a jamais fait de garantie de « no-first-use », c’est-à-dire de ne pas être la première puissance à utiliser des armes nucléaires lors d’une guerre. Quant à l’armée russe, elle pousse le Kremlin à définir les conditions sous lesquelles il lancerait des attaques nucléaires contre l’OTAN.

Au mois de mai, les forces stratégiques nucléaires américaine et russe ont toutes deux mené des exercices à grande échelle. Selon les médias officiels anglophones russes, les exercices russes « ont démontré comment les missiles, l’artillerie, l’aviation, et la DCA peuvent servir – par exemple, pour détruire des troupes au sol ou contrer des attaques de missile, aériennes, ou nucléaires par un ennemi. En plus, on a démontré comment infliger une frappe launch-through-attack avec des missiles nucléaires », c’est-à-dire, des représailles nucléaires russes lancées alors qu’une attaque nucléaire de l’OTAN contre la Russie est en cours.

Au mois de septembre, lors de nouveaux exercices nucléaires russes, le général Yury Yakoubov a dit à Interfax : « Je crois que notre ennemi principal est les Etats-Unis et le bloc atlantique ... Il faut décider des conditions sous lesquelles la Russie pourrait mener une frappe de préemption avec les forces stratégiques nucléaires russes ».

Malgré son silence sur ces questions, l’ELN rapporte néanmoins l’incident suivant : « Au début de septembre 2014, des bombardiers stratégiques russes dans la mer du Labrador près du Canada se sont exercés à des frappes de missile de croisière contre les Etats Unis. Les avions russes ont évité la zone de défense aérienne canadienne, mais c’était quand même un geste provocateur en vue du sommet de l’OTAN qui se déroulait à l’époque. Des missiles lancées de la mer du Labrador pourrait atteindre Ottawa, New York, Washington, Chicago, et la base navale de Norfolk ».

Les missiles que les bombardiers russes pourraient tirer sur ces villes peuvent être armés d’ogives nucléaires.

Avant le rapport de l’ELN, ceci n’avait été rapporté que dans un article paru dans le Washington Free Beacon et écrit par le journaliste Bill Gertz. A part cela, cet événement – qui démontre que trop clairement les risques que pose la politique américaine en Ukraine—avait été passé totalement sous silence par les médias américains.

L’Espagne augmente ses dépenses militaires

Par Alfie Cook et Alejandero Lopez

Après six années de coupes budgétaires qui ont détruit des dizaines de milliers d’emplois dans le secteur public, le gouvernement espagnol mené par le Parti populaire (PP) se prépare à augmenter les dépenses militaires à coup de milliards d’euros.

La dernière version du budget 2015 comprend une hausse de 1,1 pourcent pour le Ministère de la Défense, bien que cette hausse se rapproche plus des deux pour cent si l’on y inclut les dépenses militaires des « crédits spéciaux » — qui comprennent les programmes spéciaux d’armements (PEA) et les déploiements militaires à l’étranger. Le rapport récent d’une fondation pour la paix, Centre Delàs, indique que les dépenses militaires atteindront en 2015 €17 milliards.

La hausse de ces dépenses est le résultat du sommet de l’OTAN tenu au Pays de Galles en septembre et qui fut dominé par les intrigues montées contre la Russie, les préparations d’action militaire en Iraq et en Syrie, et l’exigence que tous les pays membres de l’OTAN augmentent leurs dépenses de façon à atteindre au moins 2 pour cent du PIB. Pour l’instant, seulement quatre pays – les Etats-Unis, le Royaume-Unis, la Grèce et l’Estonie – le font.

Le nouveau programme militaire espagnol prévoit l’achat de cinq frégates F-110 anti sous-marins conçues pour des missions de combat de haute intensité, de jusqu’à 400 véhicules blindés, de trois avions de ravitaillement A330-MRTT, de 4 drones capables de porter une charge de 1500 kilos d’armements et de 2 centres de contrôles au sol. Il est prévu aussi d’acheter quatre S-80 sous-marins de fabrication espagnole, qui utilisent la technologie de pointe pour naviguer en silence et à haute vitesse.

Citant le danger du terrorisme islamiste, le ministre de la Défense, Pedro Morenés du Parti populaire (PP) a dit qu’« il n’y a pas de possibilité de garantir la sécurité intégralement si nous ne garantissons pas les équipements nécessaires. »

Cependant, l’ancien ministre PP de la Défense et actuel président de l’Association atlantique espagnole, Eduardo Serra, a attiré l’attention sur les préoccupations sous-jacentes de l’élite dirigeante espagnole, insistant pour dire que l’Espagne devait augmenter son budget de la Défense « si elle voulait être écoutée dans le monde, » bien que cela soit « impopulaire » ou même « pas nécessaire ».

Le problème confronté par l’impérialisme espagnol est que ce dernier a depuis longtemps perdu son rayonnement mondial. Il y a plus d’un siècle, en 1898, il perdit le reste de ses territoires coloniaux dont Cuba, Porto Rico et les Philippines les abandonnant après une guerre humiliante de dix semaines, aux USA.

En dehors d’engagements au Maroc et de l’emploi de sa Division bleue fasciste contre l’Union soviétique dans la Deuxième guerre mondiale, l’armée espagnole a été utilisée presque uniquement à la répression interne contre la population – le plus brutalement pendant la guerre civile déclenchée par le coup militaire fasciste du général Francisco Franco en juillet 1936.

Pendant la guerre froide, les USA ont conclu une alliance commerciale et militaire avec l’Espagne de Franco à cause de son emplacement géostratégique important à la croisée de quelques-unes des principales routes maritimes, terrestres et aériennes dans le monde. On commença la construction d’infrastructures militaires encore en opération aujourd’hui.

L’expérience de la guerre civile et la dictature qui l’a suivie, le soutien des USA pour Franco, les sentiments socialistes et l’affinité populaire pour l’Union soviétique ont laissé une profonde opinion anti-impérialiste, antimilitaire au sein de la classe ouvrière espagnole. Dans les années 1980, les manifestations contre l’intégration de l’Espagne dans l’OTAN furent si importantes que la promesse de tenir un référendum sur un retrait de l’OTAN devint un point majeur du manifeste électoral du Parti socialiste (PSOE) en 1982. Le référendum fut constamment retardé quand le PSOE prit le pouvoir, après une victoire écrasante. Lorsqu’ il fut finalement tenu en 1986, le PSOE a fait vigoureusement campagne en faveur d’une adhésion continue de l’Espagne à l’OTAN. Pourtant, seulement 52,6 pourcent des votants furent pour.

Après l’adhésion de l’Espagne à l’OTAN, des gouvernements successifs ont participé aux guerres menées par les USA en Iraq, en Bosnie, en Afghanistan et en Libye, malgré l’opposition publique. Une étude réalisée en 2003 par le Centre des enquêtes sociologiques (financé par l’Etat) a conclu que 91 pourcent des espagnols étaient opposés à un engagement de l’Espagne dans l’action militaire contre l’Iraq.

L’année suivante, le gouvernement PP du premier ministre José Maria Aznar fut battu dans les élections après avoir essayé de faire porter la responsabilité au groupe séparatiste basque ETA des attentats d’Al-Qaida à Madrid en 2004. Les électeurs étaient furieux de ce qu’Aznar avait essayé de cacher le fait que les attentats islamistes étaient des représailles pour le rôle impopulaire de l’Espagne dans la guerre en Iraq. Le PSOE fut le bénéficiaire par défaut de ce sentiment et une fois élu, il a fait rentrer les troupes espagnoles de l’Iraq dans le seul but de les réexpédier en Afghanistan.

Aujourd’hui, dix ans plus tard, le PSOE s’est aligné derrière le soutien du PP à l’agression renouvelée de Washington en Iraq et en Syrie dont le but est d’asseoir l’hégémonie américaine sur un Moyen-Orient stratégiquement vital et riche en pétrole.

Madrid va déployer 300 instructeurs pour l’entrainement de l’armée iraquienne à Tallil, juste au sud de Diwaniya où les soldats espagnols furent basés pendant l’occupation de l’Iraq en 2003. L’Espagne permet aussi l’utilisation de ses bases militaires par ses alliés, ainsi que l’espace aérien et les eaux territoriales, et fournit armes et équipement à l’armée iraquienne et aux Peshmergas kurdes. Elle déploie un escadron de missiles Patriot sol-air et 130 soldats sur la frontière turque.

Félix Arteaga, un analyste de la défense au prestigieux Real Instituto Elcano, a écrit que la présence militaire de l’Espagne « n’y est pas pour mettre fin à un conflit qui, en toute certitude, n’a pas de solution, du moins à court terme » mais « parce que d’autres groupes djihadistes, à présent fidèles à l’Etat islamique, sont en train d’errer à travers l’Afrique du Nord et du Sahel, mettant en danger la stabilité des pays limitrophes, un risque qui touche directement l’Espagne. Et lorsque ces pays cherchent de l’aide, comme l’a fait l’Iraq, l’Espagne sait qu’elle devra répondre à l’appel, et chercher l’aide de ceux qui sont maintenant dans la Coalition. Aujourd’hui c’est pour vous, demain ce sera pour moi. »

Caché derrière le prétexte du terrorisme se trouve la tentative de l’Espagne de retrouver son influence en Afrique, où elle maintient encore deux enclaves, Ceuta et Melilla, au Maroc. Les paroles d’Arteaga, « demain ce sera pour moi » peuvent mieux être comprises dans les mots qui figurent dans un rapport récent, « Vers un Renouvellement stratégique de la Politique étrangère de l’Espagne », aussi publié par Real Instituto Elcano, qui insiste sur le fait que l’Espagne « doit élaborer une action de stratégie intégrale pour la région du Sahel, du Golfe de Guinée à la mer Rouge et à la Corne de l’Afrique….en considération des liens commerciaux entre l’Afrique subsaharienne et l’Espagne qui s’intensifient rapidement. »

La région était au centre des discussions au forum du Crans Montana ‘Homeland et Global Security Forum’ tenu à la mi-octobre en Suisse et où Stephen O’Brien, représentant spécial pour le Sahel du premier ministre britannique, David Cameron, a expliqué que la région faisait partie d’une « zone globale d’instabilité, » qui s’étendait depuis l’Afghanistan à l’est jusqu’au Mali à l’ouest et que la communauté internationale devait intervenir pour empêcher que les cinq pays du Sahel ne deviennent un autre Afghanistan.

La crise mondiale de 2008 a fait monter les ambitions de tous les pouvoirs impérialistes rivaux pour un nouveau partage et repartage du monde. De plus, avec un niveau d’inégalités qui, selon Oxfam, est au deuxième rang de l’Union européenne, le militarisme grandissant de l’Espagne exprime aussi une manière de projeter les tensions sociales vers l’extérieur.

L’armée allemande se prépare à la guerre civile

Par Denis Krassnin et Peter Schwarz

La deuxième « International Urban Operations Conference » a eu lieu à Berlin du 20 au 22 octobre. Quatre cents délégués venus de quarante pays différents, nombre d’entre eux jouissant de traditions démocratiques douteuses, se sont réunis pendant trois jours pour discuter de la répression des soulèvements et d’autres formes de troubles civils en zones urbaines.

« Dans le monde d’aujourd’hui, les régions urbaines sont des zones clé, » déclarait le programme de la conférence. « Le maintien et la création de la stabilité en milieu urbain représente une lourde tâche pour les forces de sécurité d’aujourd’hui… Des scénarios allant de l’assistance de routine et de la démonstration de force jusqu’au combat de rue à grande échelle peuvent changer rapidement, quelque fois même d’une minute à l’autre… De nouvelles menaces d’insurrection, de terrorisme et de guerre de guérilla ne peuvent être combattues que par une technologie de pointe mise au service du renseignement, des moyens de reconnaissance et de surveillance. »

L’objectif de la conférence était de « proposer des solutions aux défis mentionnés ci-dessus. Le programme offrira une plateforme permettant un échange d’expériences tirées des missions en cours et il présentera une synthèse du nouveau concept militaire de l’armée allemande relatif aux opérations urbaines. »

Le programme poursuit en disant : « Les représentants de l’industrie ont la possibilité d’exprimer leurs idées, leurs concepts et leurs solutions à de hauts représentants de l’OTAN et autres hauts gradés de l’armée. »

La conférence fut présidée par le chef du Centre d’instruction (Amt für Heeresentwicklung der Bundeswehr) de l’armée allemande, le brigadier général Erhard Drews. Elle fut conjointement organisée par l’Association allemande pour la technologie de défense (Deutsche Gesellschaft für Wehrtechnik, DWT), une organisation charitable créée en 1957 à l’initiative du ministère de la Défense et qui sert de groupe de pression à l’industrie de l’armement.

Elle fut financée par l’industrie de l’armement. Ses promoteurs comprennent le premier fabricant au monde d’armes à feu portatives, Heckler&Koch, le fournisseur d’armes antichars Dynamit Nobel Defence, Kärcher Futurtech et le groupe d’armement israélien Rafael. Bien d’autres fabricants d’armes ont présenté leurs marchandises dans des stands d’exposition.

Après une réception ‘brise-glace’ au bar de l’hôtel Maritim, les participants ont écouté deux jours durant des dizaines de conférences sur la guérilla urbaine.

Le général de division Drews a parlé sur la « Perspective de l’armée allemande lors d’interventions urbaines, » le brigadier général Bob Bruce (Grande-Bretagne) sur les « Forces terrestres dans l’environnement urbain, » le général de réserve israélien et représentant de Rafael, Rami Ben Efraim, sur « Rafael et le défi urbain. » Le député du Bundestag allemand et président de l’Association des réservistes des forces armées allemandes, Roderich Kiesewetter (Union chrétienne-démocrate) a parlé des « Défis politiques et stratégiques des opérations urbaines et le colonel britannique Mark Kenyon du « Combat urbain – rapports d’un commandant de bataillon. »

Au cours de douze séminaires, une soixantaine de conférences furent tenues par des militaires, des membres de groupes de pression de l’industrie d’armement et des scientifiques. Un représentant de Heckler&Koch a parlé de la « famille des systèmes d’armes à feu de poing pour l’infanterie dans les opérations urbaines modernes, » et un représentant de Securiton a parlé de la « Surveillance mobile : la reconnaissance et le contrôle. »

La Conférence sur les opérations urbaines qui s’est déroulée pratiquement sans commentaire de la part des médias, a donné un aperçu de ce qui est actuellement mis en œuvre dans le cadre de la réforme de l’armée allemande. Depuis l’annonce faite au début de l’année par les représentants du gouvernement de la fin de la ‘retenue militaire’ ceux-ci n’ont cessé de planifier non seulement des interventions contre des ennemis extérieurs, mais aussi des opérations de guerre civile.

Un rapport officiel concernant la première conférence de ce type, qui eut lieu à Berlin début 2012, le confirme. Ce rapport déclare « Les opérations de crise de nos jours sont de plus en plus marquées par des interventions et des combats se déroulant dans des zone densément peuplées et en partie aussi dans des villes. Cette approche difficile et pour de nombreux pays de l’OTAN nouvelle, s’éloignant du champ de bataille classique pour s’orienter vers des opérations de crise en zone urbaine, est la base d’une restructuration fondamentale de leurs forces armées. De par son recentrage, la Bundeswehr elle aussi réagit précisément à ces conditions modifiées. »

Par zones urbaines l’on n’entend pas seulement les régions de crise en Ukraine orientale ou au Moyen-Orient. Confrontée à des tensions sociales croissantes, l’armée allemande se prépare à une intervention contre les mouvements protestataires et la résistance à l’intérieur du pays. La base juridique en a déjà été posée par l’introduction en 1968 d’une législation sur l’état d’urgence.

Le fait que des commandants possédant une expérience du combat au Kosovo, en Afghanistan, en Irak et en Israël se soient exprimés à la conférence de Berlin est un avertissement clair. Les opérations militaires contre les Taliban, l’Etat islamique et les Palestiniens sont étudiées pour servir de modèles afin de venir à bout de la résistance sociale à l’intérieur du pays.

Un général allemand de l’OTAN annonce des plans pour des manœuvres militaires visant la Russie

Par Johannes Stern

Soixante-quinze ans après le début de la Seconde Guerre mondiale qui est allée vers une guerre d’annihilation contre l’Union soviétique, l’état-major allemand est une fois de plus en train de préparer une guerre avec la Russie. C’est ce qui ressort clairement d’un article publié vendredi dernier dans le quotidien Die Welt et dans lequel le général allemand de l’OTAN Hans Lothar Domröse exprime ses opinions.

Les remarques faites par ce général quatre étoiles, commandant suprême du Commandement des forces alliées interarmées de l’OTAN à Brunssum (Pays-Bas), l’une des trois composantes de l’OTAN en Europe au sein de la direction opérationnelle, reviennent à une menace de guerre ouverte contre la Russie.

Dans cet article, Domröse dit que l’alliance occidentale prépare pour la première fois des manœuvres à grande échelle dans des régions frontalières de la Russie. « Jusque-là, nous n’avons mené des manœuvres de grande envergure comportant 25.000 à 40.000 hommes que dans des pays occidentaux de l’OTAN, » a-t-il dit. Il a ensuite ajouté, « Je suis tout à fait certain qu’à l’avenir nous le ferons en Europe de l’Est et dans la région de la Baltique. »

Près de 25 ans après la dissolution de l’Union soviétique, l’OTAN envisage de masser des dizaines de milliers de soldats près des frontières de la Russie.

En février dernier, Washington et Berlin ont orchestré un coup d’Etat dirigé par des fascistes à Kiev afin de mettre en place un régime pro-occidental et viscéralement antirusse. A présent, les puissances de l’OTAN poursuivent l’encerclement militaire de la Russie, une politique qui comporte un réel danger de conflit militaire avec une puissance disposant de l’arme nucléaire. Même ceux qui, parmi la presse bourgeoise, ont fait des mois durant de la propagande anti-russe, ont décrit ce plan comme une « décision provocatrice contre Moscou » (Spiegel Online).

« Nous mettrons en place une force de réaction rapide de l’OTAN comptant entre 5.000 et 7.000 soldats et qui pourra être déployée dans une région dans les deux à cinq jours », a dit le général Domröse. « Conformément à nos plans, la force de réaction rapide participera aux exercices de grande ampleur ‘Trident Juncture’ qui se dérouleront en septembre 2015 en Italie, en Espagne et au Portugal. Si tout se passe comme prévu, la force d’intervention rapide pourrait être prête à être déployée fin 2015. »

Seuls les pays de l’OTAN disposant de suffisamment d’équipements militaires de haute technologie et de soldats bien entraînés peuvent participer à cette force fer de lance, aux dires de Domröse. L’Allemagne assumera un rôle de premier plan.

« Nous projetons, » a-t-il dit, « que chacune des six à dix nations forme le fer de lance pendant un an pour être ensuite remplacée. D’après les plans actuels, chaque cycle aura une nation cadre qui inclura certainement l’Allemagne à un moment donné. Mais cette force hautement mobile doit avoir accès à une force aérienne de grande envergure et pouvoir atteindre rapidement les zones opérationnelles. » Le plus grand défi des Etats de l’OTAN est la fourniture des moyens de transport nécessaires, a fait remarqué le général.

Domröse et la direction de l’OTAN sont en train de planifier une nouvelle forme de guerre éclair (Blitzkrieg). La conférence de l’OTAN qui avait eu lieu au Pays de Galles au début de l’année avait approuvé un projet visant à accroître la volonté de déployer des forces militaires.

« L’OTAN a reconnu que nous devions être plus rapides et plus flexibles, mais aussi mieux équipés, » a dit Domröse. La précédente force de réaction rapide était trop lente.

« Il nous faut bien trop de temps pour atteindre une zone de déploiement au sein des frontières de l’OTAN, » a précisé le général. « Il s’agit de rassembler rapidement à un moment donné une force bien entraînée issue de plusieurs pays et prête à être déployée. »

Le général a parlé sans ménagement. Les plans de guerre nécessitaient une augmentation des budgets militaires et coûteraient beaucoup d’argent.

« La force doit être bien armée et bien entraînée », a-t-il dit. « Elle doit en permanence être prête au déploiement, même les week-ends. Cela ne sera pas donné. Un plus grand effort d’investissement dans la préparation de la défense de l’OTAN est requis. »

Il a ajouté que l’OTAN avait un besoin urgent de modernisation. « L’OTAN doit être prête pour une guerre potentielle au 21ème siècle. Ceci inclut la défense contre des attaques conventionnelles mais aussi la capacité de repousser des cyber-attaques et la capacité de contrôler des déstabilisations locales par des forces ennemies subversives difficilement identifiables. »

Domröse mentionna la réaction de la Russie au coup d’Etat provoqué par l’Occident en Ukraine comme justification pour de nouveaux préparatifs de guerre. « L’annexion de la Crimée et la rupture d’avec toutes les normes internationales nous a tous surpris, » a-t-il dit. « Nous ne nous y attendions pas. Nous avons vu comment le président Poutine a rendu l’armée russe encore plus combative et les troupes russes sont incroyablement rapides. »

Ces déclarations faites par l’un des généraux allemands les plus gradés soulignent le fait que l’armée allemande actuelle s’inscrit dans la tradition de l’état-major et de la Wehrmacht durant la Seconde Guerre mondiale. Sous le nom de code « Opération Barbarossa, » le Troisième Reich avait attaqué l’Union soviétique le 22 juin 1941, lançant une terrifiante guerre de destruction qui a coûté la vie à 27 millions de citoyens soviétiques. Après la défaite de l’Allemagne nazie, l’impérialisme allemand a été contraint pendant plusieurs décennies d’adopter une attitude plus pacifiste. A présent politiciens, journalistes, universitaires et hauts responsables militaires allemands lancent des diatribes bellicistes contre la Russie.

Les antécédents familiaux de Domröse rendent ses déclarations encore plus sinistres. Son père, Lothar Domröse, avait combattu dans la Seconde Guerre mondiale en tant que commandant d’une unité de la Wehrmacht sur le front Est. Dans le cadre du réarmement de l’armée allemande, il lui fut permis de réintégrer l’armée allemande en 1956 et de faire une belle carrière dans l’armée.

En 1973, il fut promu major général et commandant du Groupe d’Armée Nord. En 1975, il prit les fonctions de chef des commandants divisionnaires des forces armées. Son fils s’est à présent donné pour tâche d’accomplir ce que son père n’avait pu faire au cours de la Seconde Guerre mondiale et de la Guerre froide – l’assujettissement militaire de la Russie.

Le gouvernement allemand est conscient de la signification historique des déclarations de Domröse. Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Martin Schäfer, a tenté de désamorcer la situation en affirmant que des exercices de cette envergure en Europe de l’Est n’étaient pas planifiés pour un avenir proche. Il a dit, « Nous prenons très au sérieux le maintien de relations bonnes et constructives avec la Russie. »

Quelle hypocrisie ! Le fait est que les déclarations de Domröse correspondent à la nouvelle politique étrangère agressive du gouvernement allemand et qu’elles ont été discutées au plus haut niveau.

Domröse a des liens étroits avec le président allemand Joachim Gauck qui a joué un rôle de premier plan dans la relance du militarisme allemand. Lors de la dernière fête officielle du Nouvel An, le général était apparu de façon démonstrative devant les médias aux côtés de Gauck et de sa compagne, Daniela Schadt, à la résidence officielle du président à Berlin.

Quelques semaines plus tard à peine, lors de la Conférence sur la sécurité à Munich, Gauck, le ministre des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, et la ministre de la Défense, Ursula von der Leyen, avaient annoncé la fin de la ‘retenue militaire’ allemande. Depuis lors, les événements ont évolué rapidement. Le coup d’Etat en Ukraine fut suivi de la participation allemande à l’intervention militaire au Moyen-Orient et maintenant on procède de plus en plus ouvertement à des préparatifs de guerre contre la Russie.

Si les élites allemandes parviennent à leurs fins, le militarisme, la dictature et la guerre deviendront la norme, tout comme lors de la période de la Première et de la Seconde Guerre mondiale. Dans une récente interview accordée au magazine Die Zeit sous le titre « Rester à l’écart n’est pas une option, » le ministre des Affaires étrangères Steinmeier a fait cette mise en garde : « Nous devons planifier le fait que des crises vont devenir chose courante dans les prochaines années. »

Lorsque Die Zeit l’interpella en disant que « contrairement à l’élite politique, les citoyens allemands n’étaient pas intéressés à entendre parler de davantage d’engagements internationaux, et encore moins d’interventions militaires, le ministre des Affaires étrangères a déclaré de manière provocatrice : « Et quand bien même, l’abstention n’est pas une option. La conviction que nous pouvons vivre sur une île tranquille en Europe et que nous serons laissés en paix par le monde ne fonctionnera pas. »

Les entretiens entre Obama et Xi soulignent la menace de guerre américaine en Asie

Par Patrick Kelly

Hier à Pékin, le président américain Barack Obama s’est vanté que les accords qu’il avait signés avec son homologue chinois, Xi Jinping, dans les domaines militaire, commercial, et écologique avaient amené leur « coopération bilatérale, régionale et mondiale à un nouveau niveau. ». En fait, les deux jours de discussions entre Obama et Xi ont souligné les tensions géostratégiques et les risques de guerre engendrés par le « pivot vers l’Asie » de Washington.

Depuis son entrée en fonction, Obama a dirigé un effort pour maintenir la domination impérialiste américaine de la région Asie-Pacifique en encerclant la Chine avec des alliés diplomatiques et militaires des Etats-Unis. Le « pivot », officiellement annoncé en novembre 2011, a aussi vu Washington attiser les contentieux territoriaux entre la Chine et ses voisins, y compris le Japon au sujet des îles Senkaku/Diaoyu et plusieurs Etats d’Asie du Sud-Est au sujet de la Mer de Chine méridionale.

Pendant les 18 mois depuis l’accueil de Xi Jinping en Caroline du Sud par Obama pour leur première rencontre, une série d’incidents ont menacé de déclencher un conflit régional susceptible de dégénérer en une guerre ouverte entre les Etats-Unis et la Chine.

L’impérialisme américain se prépare activement à mener une guerre contre la grande puissance asiatique, en recentrant 60 pour cent de ses ressources aériennes et navales dans la région et en développant sa stratégie « Air-Sea Battle », qui prévoit un bombardement aérien dévastateur ainsi qu’un blocus naval de la Chine.

Cependant, le gouvernement Obama veut pouvoir choisir le moment qu’il lancera la guerre, et aussi le prétexte qu’il citera. C’est pourquoi Washington a exhorté le premier ministre japonais Shinzo Abe, qui a rencontré Xi pour la première fois lundi, d’apaiser les tensions avec Pékin au sujet des petites îles Senkaku/Diaoyu, revendiquées par les deux pays.

Ces calculs sont à la base des nouveaux protocoles entre les armées américaine et chinoise entérinés cette semaine. Ben Rhodes, un conseiller à la sécurité nationale américain, a dit aux journalistes avant le sommet : « Il est extrêmement important que nous évitions une escalade intempestive et une situation où des circonstances accidentelles déboucheraient à nouveau sur quelque chose susceptible de provoquer un conflit. »

Ces remarques constituent une condamnation accablante des provocations irresponsables de la part du gouvernement Obama en Asie de l’Est au cours de ces deux dernières années, qui menacent de déclencher une guerre ouverte entre deux puissances nucléaires.

Le Wall Street Journal a écrit que Pékin s’était « longtemps opposé à un accord sur les conflits militaires avec les Etats-Unis, au motif que ceci impliquait une relation antagoniste comme celle entre les Etats-Unis et l’ancienne Union soviétique. » Le Journal a toutefois précisé que ceci avait « changé depuis l’année dernière, car les deux camps ont reconnu ne pas pouvoir concilier leurs interprétations de la loi internationale sur les questions maritimes, et qu’ils ne pouvaient pas non plus permettre que des affrontements militaires imprévus fassent dérailler leurs relations générales. »

Le nouveau « mécanisme pour développer la confiance » ne résout aucun des problèmes qui sous-tendent les confrontations sino-américaines. L’une des mesures comporte une notification mutuelle d’« activités militaires majeures » ; une autre couvre les « règles de comportement pour la sécurité en cas de rencontres maritimes ou aériennes. » Un communiqué de la Maison Blanche a ajouté que les deux parties s’engageaient à développer davantage de « mécanismes pour développer la confiance, » Washington donnant la priorité à la transmission d’informations relatives aux lancements de missile balistique.

Les accords impliquent une concession significative de la part de Pékin à l’appel incessant de Washington pour « plus de transparence » sur les affaires militaires chinoises. Par cette demande qui gonfle la propagande américaine contre la « menace chinoise, » le Pentagone veut particulièrement obtenir plus de connaissances des capacités de son ennemi potentiel.

A Pékin, Rhodes a réitéré l’insistance de longue date du gouvernement Obama que Pékin se soumette totalement au cadre géostratégique de la domination américaine de l’Asie développé après la Seconde Guerre mondiale, ou du moins ce qui en reste. « Nous serons très clairs lors d’incidents où nous estimerons que les actions de la Chine dépassent les limites de ce que nous pensons être les normes internationales indispensables pour régir les relations entre des nations et la façon avec laquelle nous réglons les conflits, » a-t-il dit.

Lorsd’une conférence de presse avec Xi, Obama a tenté de minimiser les tensions sino-américaines en déclarant qu’ « alors même que nous sommes en concurrence et en désaccord dans certains domaines, je crois que nous pouvons continuer de faire progresser la sécurité et la prospérité de nos peuples et des populations de par le monde. »

Obama a proposé de nouveaux accords sur diverses questions. Un accord commercial supprimera des tarifs évalués à 1 millier de milliards de dollars de ventes annuelles de semi-conducteurs et autres produits technologiques. Selon le Washington Post, l’accord « profiterait aux entreprises américaines en quête d’un accès plus grand vers la Chine ainsi qu’aux usines en Chine destinées à produire pour le marché américain. » Un autre accord élabore de nouveaux visas touristiques et d’affaires pour les ressortissants américains en Chine.

Les nouvelles promesses de réductions d’émission de gaz à effet de serre furent tout particulièrement promues par la Maison Blanche et les médias américains. Obama a annoncé un « accord historique » qui engagerait les Etats-Unis à diminuer leurs émissions de 26 à 28 pour cent pour 2025. La Chine a promis de se donner « jusqu’autour de 2030 » pour atteindre le pic de ses émissions nets et de tirer éventuellement 20 pour cent de l’énergie du pays de source sans émission de CO2.

L’idée que ces nouveaux objectifs atténueront la crise climatique est un mensonge. Le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE, United Nation’s Intergovernmental Panel on Climate Change) avait précédemment conclu que les émissions des économies avancées devaient d’ici 2020 être inférieures de 25 à 40 pour cent par rapport à leurs niveaux de 1999 et de 80 à 95 pour cent d’ici 2050. Ces chiffres ont de plus été contestés par de nombreux scientifiques spécialistes du climat comme étant une sous-estimation de ce qui serait nécessaire pour empêcher des niveaux dangereux et éventuellement irréversibles du réchauffement mondial.

Pékin a égalé la modicité de la promesse tout à fait insuffisante d’Obama de réduire les émissions de 26 à 28 pour cent d’ici 2025 par rapport à leur niveau de 2005. Plusieurs rapports ont montré que les émissions de gaz carbonique de la Chine devaient déjà atteindre leur pic autour de 2030 et l’engagement de Xi ne prévoyait que peu ou pas du tout d’action supplémentaire pour réduire la pollution résultant des émissions de gaz à effet de serre.

Après une série de fiascos lors de sommets internationaux pour élaborer un traité sur le climat prenant suite au protocole de Kyoto, dont le sommet de Copenhague de 2009, une autre série de pourparlers doit se dérouler à Paris l’année prochaine. Loin d’ouvrir la voie lors de ce sommet à un accord efficace, l’accord sur les émissions de gaz carbonique entre Obama et Xi souligne l’impossibilité de résoudre la crise du changement climatique au sein du cadre du système capitaliste d’Etat-nation.

L’impérialisme australien joue le rôle de chien d’attaque politique dans la marche des Etats-Unis vers la guerre.

Par Nick Beams

Les récents propos tenus par le premier ministre australien Tony Abbott selon lesquels il avait l’intention de « tomber sur » (« shirtfront ») le président russe Vladimir Poutine lors du prochain sommet des dirigeants du G20 à Brisbane le mois prochain (au sujet de la destruction en vol de l’avion MH17 de Malaysia Airlines) pourrait paraître à première vue un peu étrange.

Mais loin d’être un étrange accès de colère des antipodes, les remarques d’Abbott sont l’expression de tensions géopolitiques grandissantes, en particulier des pressions exercées par les Etats-Unis contre la Russie et de la substitution de plus en plus fréquente de la diplomatie par le militarisme et les bruits de bottes.

Le terme « shirtfront » est tiré des règles du football australien. Il s’applique à un joueur qui fonce tête baissée sur son adversaire dans le but de le plaquer au sol en le blessant éventuellement.

Il se peut qu’Abbott ait fait le choix de se servir de cette expression et que dans ce sens elle soit accidentelle, mais l’agressivité de sa remarque elle, ne l’est pas. C’est là l’expression du rôle de plus en plus en vue joué au niveau mondial par l’impérialisme australien en tant que fer de lance d’une politique guerrière américaine qui vise tant la Russie que la Chine. Le gouvernement russe a clairement dit avoir compris que si la voix était celle d’Abbott, le message lui, venait de Washington.

L’Australie est déjà totalement intégrée dans le « pivot vers l’Asie » des Etats-Unis contre la Chine. Cette intégration fut préparée par le renversement de l’ancien premier ministre travailliste Kevin Rudd lors d’un coup de main politique interne au Parti travailliste en juin 2010, orchestré par des éléments factionnels entretenant des liens étroits avec l’ambassade américaine. L’éviction de Rudd, qui jugeait nécessaire de s’adapter au pouvoir économique croissant de la Chine en Asie orientale, faisait suite à l’éviction du premier ministre japonais Yukio Hatoyama quelques semaines plus tôt, après que ce dernier eut signalé qu’il voulait une politique étrangère orientée vers la Chine.

Depuis les événements de juin 2010, la politique étrangère australienne se fait de concert avec les Etats-Unis. Le pivot vers l’Asie, qui fut annoncé par le président américain Obama devant le parlement australien en novembre 2011, a été suivi par une intégration toujours plus grande de l’Australie dans l’offensive militaire et politique à l’encontre de la Chine. En novembre dernier, après la déclaration faite par la Chine sur une Zone d’identification de défense aérienne (ADIZ) comprenant le pourtour des îles Senkadu/Diaoyu, au sujet desquelles elle est en litige avec le Japon, la ministre australienne des Affaires étrangères, Julie Bishop, avait dénoncé de la façon la plus véhémente les actions de Beijing.

En janvier, Bishop, contrairement à la sagesse politique conventionnelle prévalente qui constate que l’Australie dépend économiquement de la Chine, avait insisté pour dire que, vu l’étroitesse des liens financiers et le niveau d’investissement américain, les Etats-Unis étaient non seulement le plus important partenaire stratégique de l’Australie mais encore son plus important partenaire économique.

On a assisté cette année à la recrudescence d’une activité politique, diplomatique et militaire de l’Australie conforme aux intérêts américains et qui prend un caractère de plus en plus belliqueux.

Lorsque le vol MH17 fut abattu le 17 juillet, la première réaction d’Abbott avait été relativement prudente en indiquant que l’origine de la catastrophe n’était pas claire. Mais quelques heures plus tard, suite à une discussion avec Washington et sans qu’aucun changement ne soit intervenu quant aux faits établis, Abbott publia des communiqués dénonçant la Russie – une position défendue par l’ensemble de l’establishment politique australien au cours des trois derniers mois.

La question fut posée quasiment dès le début de savoir si l’Australie, le pays hôte du prochain sommet du G20, devait annuler l’invitation envoyée au président russe. Cette question fut réglée en marge du Fonds monétaire International durant le week-end du 11 au 12 octobre où les Etats-Unis ont clairement fait savoir qu’ils n’étaient pas en faveur d’une exclusion de Poutine. Le facteur de leur motivation avait été l’opposition claire et nette des autres membres du groupe des BRICS (Brésil, Inde, Chine et Afrique du Sud) à l’encontre d’une telle décision. Précédemment, la Russie avait été écartée des réunions du G8 mais les Etats-Unis ont décidé que ceci n’était pas possible pour le G20.

Washington est toutefois déterminé à ce que le discours antirusse soit intensifié chaque fois que l’occasion s’en présente. L’Australie joue un rôle unique à cet effet. En qualité de puissance de taille moyenne, totalement tributaire sur le plan stratégique des Etats-Unis et sans liens, économiques ou autres, avec la Russie, elle est libre d’agir en chien d’attaque pour Washington dans sa marche pour établir une domination mondiale des Etats-Unis. Le seul domaine où il pouvait y avoir un conflit c’était à propos de la Chine. Mais cette question fut réglée il y a quatre ans par le coup politique mené contre Rudd.

Le nouveau rôle mondial joué par l’impérialisme australien fut également illustré par son plein appui d’une nouvelle intervention militaire américaine au Moyen-Orient. L’Australie fut l’un des premiers pays à signer la nouvelle « coalition des volontaires » d’Obama et s’engagea à fournir des avions militaires pour les opérations de bombardement en Irak et à utiliser des forces spéciales de l’armée australienne dans ce pays.

Conformément à son rôle sur le front politique et militaire, l’Australie est aussi aux avant-postes pour ce qui est d’étouffer toute opposition antiguerre et de fabriquer en série des alertes à la terreur pour gonfler la prétendue menace émanant de l’Etat islamique (EI). La plus vaste opération policière de l’histoire de l’Australie, menée le 18 septembre soi-disant pour déjouer un complot de l’EI visant à organiser une décapitation publique fut volontiers saisie par le secrétaire d’Etat américain John Kerry au moment où celui-ci cherchait à obtenir le soutien du congrès et sur le plan international pour une action militaire américaine. Les raids conduisirent à l’arrestation de tout juste une personne pour des motifs hautement douteux, liés au terrorisme.

Il existe un autre aspect clé du militarisme croissant du gouvernement australien, qui exprime aussi avec force les processus mondiaux : la tentative de projeter vers l’extérieur des tensions sociales grandissantes.

En raison de ses liens économiques avec l’économie chinoise, le capitalisme australien avait, dans une certaine mesure, été à l’abri de l’impact initial de l’effondrement financier de 2008. Mais maintenant, les effets de la crise mondiale se font sentir dans toute leur intensité et dans certains cas, avec une force redoublée en raison du retard.

Le boom du secteur minier, d’importance cruciale pour soutenir l’économie australienne, est bel et bien révolu. Des licenciements de masse ont lieu dans les mines de charbon et les recettes, provenant de la vente du minerai de fer qui constitue un cinquième des exportations du pays et sont un élément clé de l’impôt sur le revenu du gouvernement, ont été touchées cette année par une chute des prix de l’ordre de 40 pour cent.

L’inégalité sociale est en hausse, les salaires réels continuent de stagner ou sont réduits tandis que la pauvreté ne cesse de croître. Conformément à la situation générale que connaissent les principales puissances capitalistes, l’establishment politique officiel est considéré d’une façon de plus en plus hostile par une partie de plus en plus grande de la population.

Placée dans ce contexte, la confrontation genre « shirtfront » d’Abbott avec Poutine est une nouvelle expression de la montée du militarisme à l’échelle internationale, qui conduira à une nouvelle guerre mondiale à moins d’être stoppée par une intervention politique de la classe ouvrière internationale.

Messages

  • Hollande réarme et Sarkozy affirme vouloir encore plus... réarmer...

    "La dissuasion nucléaire nous imposera de consacrer 2 milliards d’euros supplémentaires chaque année à partir de 2021."

    "Un effort sans précédent pour le budget de la défense est donc indispensable. Nous prévoyons de le porter à 1,85 % du PIB, contre 1,5 % aujourd’hui, soit 35 milliards d’euros en 2018 et 41 milliards en 2022. Cela représente près de 32 milliards d’euros cumulés supplémentaires sur l’ensemble du prochain quinquennat. Notre objectif est d’atteindre les 2 % du PIB en 2025."

  • DE l’argent il y en a ..dans les caisses des Etats..enfin surtout grâce à la machine à produire de l’endettement.
    Le nouveau "rafale" européen doit être financé par l’Allemagne et la France . Ce matin les 2 ministres de la Défense respectifs étaient en visite dans l’usine de production de pièces de moteur d’avion à la Snecma Gennevilliers, pour annoncer un 1er contrat de recherche de 115 millions d’Euros jusqu’à 2024 pour Safran. Les Etats voient loin quand il s’agit de préparer les guerres car ils misent sur une sortie d’un nouvel avion de chasse en 2040...et comme le dit le journal économique Les Echos , "les chèques signés ne sont toutefois que des hors d’œuvre. Paris et Berlin devraient consacrer au moins 3 milliards d’Euros aux futurs démonstrateurs".

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