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Connaissez-vous les pamphlets de Paul-Louis Courier ?

vendredi 28 juin 2019, par Robert Paris

P-L. Courier, « Lettre II au rédacteur du Censeur » :

« Pour Dieu, n’engagez point (le gouvernement) à se mêler de nos affaires. Souffrez, s’il ne peut nous oublier, qu’il pense à nous le moins possible. Par une fatalité qui ne se dément jamais, tout ce qu’il (le gouvernement) encourage languit, tout ce qu’il dirige va mal, tout ce qu’il conserve périt »

P-L. Courier, « Livret de Paul-Louis, vigneron » :

« Ce matin, me promenant dans le Palais Royal, M…ll…rd passe, et me dit : Prends garde, Paul-Louis, prends garde ; les cagots te feront assassiner… »

(Ses assassins ont été trouvés, jugés et… acquittés. Leurs commanditaires sont restés inconus.)

P-L. Courier, « Lettre au rédacteur du Censeur » :

« Ce manant devinait les droits de l’homme. Il fut pendu, cela devait être. »

P-L. Courier, « Pétition aux deux chambres » :

« Je suis Tourangeau ; j’habite Luynes, sur la rive de la Loire, lieu autrefois considérable, que la révocation de l’edit de Nantes a réduit à mille habitants, et que l’on va réduire à rien par de nouvelles persécutions, si votre prudence n’y met ordre.

J’imagine bien que la plupart d’entre vous, messieurs, ne savent guère ce qui s’est passé à Luynes depuis quelques mois. Les nouvelles de ce pays font peu de bruit en France, et à Paris surtout. Ainsi, je dois, pour la clarté du récit que j’ai à faire, prendre les choses d’un peu haut.

Il y a eu un an environ à la Saint-Martin, qu’on commença chez nous à parler de bons sujets et de mauvais sujets. Ce qu’on entendait par là, je ne le sais pas bien ; et si je le savais peut-être ne le dirais-je pas, de peur de me brouiller avec trop de gens…

On vient d’arrêter dernièrement comme séditieux dix de nos plus paisibles habitants, gens craignant Dieu et monsieur le maire, pères de famille, la plupart vignerons, laboureurs, artisans, de qui nul n’avait à se plaindre : bons voisins, amis officieux, serviables à tous, sans reproche dans leur état, dans leurs mœurs, leur conduite ; mais mauvais sujets… L’affaire de Mauclair mis en prison pour n’avoir pas ôté son chapeau en passant, au curé…

Ce fut le jour de la mi-carême, le 25 mars, à une heure du matin, tout dormait : quarante gendarmes entrent dans la ville… ils se répandent dans toutes les maisons. Luynes, messieurs, est en grandeur la moitié du Palais-Royal. L’épouvante fut bientôt partout…

L’autorité, messieurs, voilà le grand mot en France. Ailleurs, on dit la loi, ici l’autorité… Point de raison, l’autorité…

On enleva donc ces malheureux, sans leur dire de quoi ils étaient accusés, ni le sort qui les attendait, et on défendit à leurs proches de les conduire, de les soutenir jusqu’aux portes des prisons… Des dix arrêtés cette fois, il n’y en avait point que ne laissât une famille à l’abandon…

Tous ces pauvres gens, arrêtés comme je viens de vous raconter, furent conduits à Tours, et là mis en prison. Au bout de quelques jours, on leur apprit qu’ils étaient bonapartistes ; mais on ne voulut pas les condamner pour cela, ni même leur faire un procès. On les renvoya ailleurs avec grande raison : ceux qui les accusaient et ceux qui devaient les juger comme bonapartistes se trouvaient être justement ceux qui avaient juré fidélité à Bonaparte… »

P-L. Courier, « Simple discours de Paul-Louis, vigneron de la Chavonnière » :

« Si nous avions de l’argent à n’en savoir que faire, toutes nos dettes payées, nos chemins réparés, nos pauvres soulagés, notre église d’abord (car Dieu passe avant tout) pavée, recouverte et vitrée ; s’il nous restait quelque somme à pouvoir dépenser hors de cette commune, je crois, mes amis, qu’il faudrait contribuer, avec nos voisins, à refaire le pont de Saint-Avertin, qui, nous abrégeant d’une grande lieue le transport d’ici à Tours, par le prompt débit de nos denrées, augmenterait le prix et le produit des terres dans tous ses environs ; c’est là, je crois, le meilleur emploi à faire de notre superflus, lorsque nous en aurons. Mais acheter Chambord pour le duc de Bordeaux, je n’en suis pas d’avis, et ne le voudrais quand nous aurions de quoi, l’affaire étant, selon moi, mauvaise pour lui, pour nous et pour Chambord. »

P-L. Courier, « Pétition à la Chambre des Députés » :

« Messieurs,

« L’objet de ma demande est plus important qu’il ne semble : car bien qu’il s’agisse, au vrai, que de danse et d’amusements, comme d’une part ces amusements sont ceux du peuple, et que rien de ce qui le touche ne peut vous être indifférent ; que, d’autre part, la religion s’y trouve intéressée, ou compromise, pour mieux dire, par un zèle mal entendu, je pense, quelque peu d’accord qu’il puisse y avoir entre nous, que tous vous jugerez ma requête digne de votre attention.

Je demande qu’il soit permis, comme par le passé, aux habitants d’Azai de danser le dimanche sur la place de leur commune, et que toutes défenses faites, à cet égard, par le préfet, soient annulées…

Nous dansons au son du violon ; mais ce n’est que depuis une certaine époque. Le violon était jadis réservé aux bals des honnêtes gens ; car d’abord il fut rare en France…

Les gendarmes se sont multipliés en France, bien plus encore que les violons, quoique moins nécessaires pour la danse. Nous nous en passerions aux fêtes de village, et à dire vrai ce n’est pas nous qui les demandons ; mais le gouvernement est partout aujourd’hui, et cette « ubiquité » s’étend jusqu’à nos danses, où il ne se fait pas un pas dont le préfet ne veuille être informé, pour en rendre compte au ministre. De savoir à qui tant de soins sont plus déplaisants, plus à charge, et qui en souffre davantage, des gouvernants ou de nous gouvernés, surveillés, c’est une grande question et curieuse, mais que je laisse à part, de peur de me brouiller avec les classes, ou de dire quelque mot tendant à je ne sais quoi…

Le peuple est sage, quoiqu’en disent les notes secrètes. Nous travaillons trop pour avoir temps de penser à mal ; s’il est vrai ce mot ancien que « vice naît d’oisiveté », nous devons être exempts de vices, occupés comme nous le sommes six jours de la semaine sans relâche, et bonne part de septième, chose que blâment certains… Ainsi, pourrions-nous employer, avec très grand profit pour l’Etat et pour nous, des moments perdus à la danse.

Nos dévots toutefois l’entendent autrement. Ils voudraient que ce jour-là on ne fit rien du tout que prier et dire ses heures… Les fêtes d’Azai étaient célèbres entre toutes celles de nos villages, attiraient un concours de monde des champs, des communes alentour. En effet, depuis que les garçons, dans ce pays, font danser les filles, c’est-à-dire depuis que nous commençâmes d’être à nous, paysans des rives du Cher, la place d’Azai fut toujours notre rendez-vous de préférence pour la danse et pour les affaires. Nous y dansions comme avaient fait nos pères et nos mères, sans que jamais aucun scandale, aucune plainte en fut avenue, de mémoire d’homme…

On nous signifia cette défense (de danser) quelques jours avant notre fête, notre assemblée de la Saint-Jean…

Qu’arriva-t-il ? La fête eut lieu, triste, inanimée, langussante. L’assemblée se tint, peu nombreuse, et comme dispersée, ça et là. Malgré l’arrêté, on dansa hors du village, au bord du Cher, sur le gazon, sous la coudrette…

Le curé d’Azai est un jeune homme bouillant de zèle, à peine sorti du séminaire, conscrit de l’Eglise militante, impatient de se distinguer. Dès son installation, il attaqua la danse, et semble avoir promis à Dieu de l’abolir dans sa paroisse, usant pour cela de plusieurs moyens, dont le principal, et le seul efficace jusqu’à présent, est l’autorité du préfet… »

P-L. Courier, « Pamphlet des pamphlets » :

« Vous voulez gouverner le peuple par la morale et la religion. Pour le gouverner, on sait bien qu’il ne faut pas lui dire vrai. La vérité est populaire, populace même, s’il peut se dire, et sent tout à fait la canaille, étant l’antipode du bel air, diamétralement opposée au ton de la bonne compagnie. Ainsi, le véridique auteur d’une feuille ou brochure un peu lue a contre lui, de nécessité, tout ce qui ne veut pas être peuple : c’est-à-dire tout le monde chez vous. Chacun le désavoue, le renie. S’il s’en trouve toujours néanmoins, par une permission divine, c’est qu’il est nécessaire qu’il y ait du scandale. Mais malheur à celui par qui le scandale arrive, qui sur quelque sujet important et d’un intérêt général dit au public la vérité ! En France, excommunié, maudit, enfermé par faveur à Sainte Pélagie : mieux lui vaudrait de n’être pas né. Mais c’est là ce qui donne créance à ses paroles, la persécution. Aucune vérité ne s’établit sans martyrs, excepté celles qu’enseigne Euclide. »

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