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Jacques Prévert et la religion
lundi 24 août 2020, par
Jacques Prévert dans « La Crosse en l’air » :
"Je ne suis pas libre penseur dit le veilleur
je suis athée
Hein quoi dit le Saint-Père
et l’autre dans le tuyau de son oreille
l’autre se met à gueuler
Allô allô Saint-Père vous m’entendez
athée
A comme absolument athée
T comme totalement athée
H comme hermétiquement athée
é accent aigu comme étonnement athée
E comme entièrement athée
pas libre penseur
athée
il y a une nuance."
Jacques Prévert, "Pater Noster" :
"Notre Père qui êtes au cieux
Restez-y
Et nous nous resterons sur la terre
Qui est quelquefois si jolie
Avec ses mystères de New York
Et puis ses mystères de Paris
Qui valent bien celui de la Trinité
Avec son petit canal de l’Ourcq
Sa grande muraille de Chine
Sa rivière de Morlaix
Ses bêtises de Cambrai
Avec son océan Pacifique
Et ses deux rrabasssins aux Tuileries
Avec ses bons enfants et ses mauvais sujets
Avec toutes les merveilles du monde
Qui sont là
Simplement sur la terre
Offertes à tout le monde
Éparpillées
Émerveillées elles-mêmes d’être de telles merveilles
Et qui n’osent se l’avouer
Comme une jolie fille nue qui n’ose se montrer
Avec les épouvantables malheurs du monde
Qui sont légion
Avec leurs légionnaires
Avec leurs tortionnaires
Avec les maîtres de ce monde
Les maîtres avec leurs prêtres leurs traîtres et leurs reîtres
Avec les saisons
Avec les années
Avec les jolies filles et avec les vieux cons
Avec la paille de la misère pourrissant dans l’acier des canons."
Jacques Prévert, "Je vous salit ma rue" :
(Je vous salit ma rue pleine de graisse est une imitation satirique de "Je vous salue Marie pleine de grâce")
"Je vous salis ma rue
et je m’en excuse
un homme-sandwich m’a donné un prospectus
de l’Armée du Salut
je l’ai jeté
et il est là tout froissé
dans votre ruisseau
et l’eau tarde à couler
Pardonnez-moi cette offense
les éboueurs vont passer
avec leur valet mécanique
et tout sera effacé
Alors je dirai
je vous salue ma rue pleine d’ogresses
charmantes comme dans les contes chinois
et qui vous plantent au cœur
l’épée de cristal du plaisir
dans la plaie heureuse du désir
Je vous salue ma rue pleine de grâce
l’éboueur est avec nous."
"Quand le diable fait la cuisine le bon dieu se met à table
et le pauvre monde nettoie les fourneaux."
"Les religions ne sont que les trusts des superstitions."
Jacques Prévert / Spectacle
"Bref, le peuple se met à hurler "Barabbas, Barabbas, mort aux vaches, à bas la calotte" et, crucifié entre deux souteneurs dont un indicateur, il rend le dernier soupir, les femmes se vautrent sur le sol en hurlant leur douleur, un coq chante et le tonnerre fait son bruit habituel.
Confortablement installé sur son nuage amiral, Dieu le père, de la maison Dieu-père-fils-Saint-Esprit-&-Cie, pousse un immense soupir de satisfaction, aussitôt deux ou trois petits nuages subalternes éclatent avec obséquiosité et Dieu père s’écrie : "Que je sois loué, que ma sainte raison sociale soit bénie, mon fils bien-aimé a la croix, ma maison est lancée. "Aussitôt il passe les commandes et les grandes manufactures de scapulaires entrent en transes, on refuse du monde aux catacombes et, dans les familles qui méritent ce nom, il est de fort bon ton d’avoir au moins deux enfants dévorés par les lions."
dans Paroles - "Souvenirs de famille ou l’ange garde-chiourme"
"J’ai toujours été intact de Dieu et c’est en pure perte que ses émissaires, ses commissaires, ses prêtres, ses directeurs de conscience, ses ingénieurs des âmes, ses maîtres à penser se sont évertués à me sauver. […]
Et je m’en allais, là où ça me plaisait, là où il faisait beau même quand il pleuvait, et quand, de temps à autre ils revenaient avec leurs trousseaux de mots-clés, leurs cadenas d’idées, les explicateurs de l’inexplicable, les réfutateurs de l’irréfutable, les négateurs de l’indéniables, je souriais et répétais : « C’est pas vrai ! » et « C’est vrai que c’est pas vrai ! ».Et comme ils me foutaient zéro pour leurs menteries millénaires, je leur donnais en mille mes vérités premières."
dans "Choses et autres"
"Dans chaque église, il y a toujours quelque chose qui cloche. "
dans "Spectacle"
Avec les jolies filles et avec les vieux cons
Avec la paille de la misère pourrissant dans l’acier des canons."
Extrait de "Paroles"
« L’enfant qui verse, histoire de rire, son encrier dans le bénitier, est plus drôle et plus vrai que Luther qui disait avoir jeté le sien au diable. »
« La théologie, c’est simple comme Dieu et dieux font trois. »
« La révolution est quelque fois un rêve, la religion toujours un cauchemar. »
« Dieu a besoin des hommes, mais les hommes n’ont pas besoin de lui. »
Prévert, "Tentative de description d’un dîner de têtes à Paris-France" :
"Ceux qui pieusement
Ceux qui copieusement
Ceux qui tricolorent
Ceux qui inaugurent
Ceux qui croient
Ceux qui croient croire
Ceux qui croa-croa…"
« La France est la fille aînée de l’église et Jésus-Christ le cadet de mes soucis. »
« Un seul Dieu tu abhorreras.
Ce lapsus déi est un exemple typique d’automasochisme divin. »
« Luther et Calvin
Calvin et Luther
Calvaire et lutins. »
« Il y a des gens qui s’amusent d’un rien, faites comme eux, amusez-vous de Dieu. »
« Satan est l’âme damnée de Dieu. »
« Le premier jour, Dieu n’a pas fermé l’œil de la nuit et de cette insomnie, la lune encore en rit. »
« Enfin, tant bien que mal nous vivons, Dieu merci !
Dieu : « Il n’y a pas de quoi. »
« Dictionnaire : maladie qui existe par elle-même et ne dépend d’aucune autre affection. Voir « Déisme ».
« C’est sans doute celui qui n’a jamais pêché qui lui a jeté la première pierre. »
Jacques Prévert, "Ecritures saintes" :
A
Paul et
Virginie
au tenon et à la mortaise
à la chèvre et au chou
à la paille et à la poutre
au-dessus et au-dessous du panier
à
Saint-Pierre et à
Miquelon
à la une et à la deux
à la mygale et à la fourmi
au zist et au zest
à votre santé et à la mienne
au bien et au mal
à
Dieu et au
Diable
à
Laurel et à
Hardy.
Dieu est un grand lapin
Il habite plus haut que la terre
tout en haut là-haut dans les cieux
dans son grand terrier nuageux.
Le diable est un grand lièvre rouge
avec un fusil tout gris
Pour tirer dans l’ombre de la nuit
mais
Dieu est un gros lapin
il a l’oreille du monde
il connaît la musique
une fois il a eu un grand fils
un joyeux lapin
et il l’a envoyé sur la terre
pour sauver les lapins d’en bas
et son fils a été rapidement liquidé
et on l’a appelé civet.
Évidemment il a passé de bien mauvais moments
et puis il a repris du poil de la bête
il s’est remis les os en place
les reins le râble la tête et tout
et il a fait un bond prodigieux
et le voilà maintenant rude lapin
bondissant dans les cieux
à la droite et è la gauche
du grand lapin tout-puissant.
Et le diable tire dans l’ombre
et revient bredouille chaque nuit
rien dans son charnier
rien à se mettre sous la charnière
et il pique de grandes colères
il arrache sa casquette de sur sa tête
et il piétine dans la poussière
et après il est bien avancé
et il est obligé de mettre
tous les jours que le lapin fait
son chapeau des dimanches.
Mais son chapeau des dimanches
c’est un fantôme de lapin
un feu follet des fabriques
et il fait des facéties
c’est pour cela que le diable
n’a jamais son chapeau sur la tête
pas même les jours de fête
mais à côté de sa tête
au-dessus de sa tête
ou même comme ça derrière la tête
oui
exactement à dix ou quinze centimètres
derrière sa tête
et il attrape tout le temps des migraines
de la grêle du vent
et des otites dans les oreilles.
Quand il rencontre
Dieu
il est très embêté
parce qu’il doit le saluer
c’est réglementaire
puisque c’est
Dieu le fondateur
du ciel et de la terre
lui il est seulement l’inventeur
de la pierre à feu
et
Dieu lui dit
Je vous en prie mon ami restez couvert
mais le diable ne peut pas
mettez-vous à sa place
puisque son chapeau ne tient pas en place
alors il se rend compte
qu’il est légèrement ridicule
et il s’en retourne chez lui en courant
il allume un grand feu en pleurant
et il se regarde dans son armoire à glace
en faisant des grimaces
et puis il jette l’armoire dans le feu
et quand l’armoire se met à pétiller
à craquer à crier
Il devient tout à coup très joyeux
et il se couche sur le brasier
avec une grande flamme blanche
comme oreiller
et il ronronne tout doucement
comme le feu
comme les chats quand ils sont heureux
et il rêve aux bons-tours qu’il va jouer au bon Dieu.
Dieu est aussi un prêteur sur gage
un vieil usurier
il se cache dans une bicoque
tout en haut de son mont-de-piété
et il prête à la petite semaine
au mois au siècle et à l’éternité
et ceux qui redescendent avec un peu d’argent
en bas dans la vallée le diable les attend
il leur fauche leur fric
il leur fout une volée
et s’en va en chantant la pluie et le beau temps.
Dieu est aussi un grand voyageur
et quand il voyage
pas moyen de le faire tenir en place
il s’installe dans tous les wagons
et il descend dans tous les hôtels à la fois
à ces moments-là
tous les voyageurs marchent à pied
et couchent dehors
et le diable passe
et crie
Oreillers couvertures
et tous appellent
Pst...
Pst...
Pst...
mais lui dit ça simplement comme ça
pour les emmerder un peu plus
il a autre chose à faire
que de s’occuper vraiment de ces gens-là
il est seulement un peu content
parce qu’ils prennent froid.
Dieu est aussi une grosse dinde de Noël qui se fait manger par les riches
pour souhaiter la fête à son fils.
Alors les coudes sur la sainte table
le Diable regarde
Dieu en face
avec un sourire de côté
et il fait du pied aux anges et Dieu est bien embêté."
"Il nous lisait toujours la même histoire, triste et banale d’un homme [Jésus] d’autrefois qui portait un bouc au menton, un agneau sur les épaules et qui mourut cloué sur deux planches de salut après avoir beaucoup pleuré sur lui-même dans un jardin, la nuit. C’était un fils de famille qui parlait toujours de son père - mon père par-ci, mon père par-là, le royaume de mon père - et il racontait des histoires aux malheureux qui l’écoutaient avec admiration, parce qu’il parlait bien et avait de l’instruction. Il guérissait les hydropiques, et il leur marchait sur le ventre en disant qu’il marchait sur l’eau, et l’eau qu’il leur sortait du ventre, il la changeait en vin ; à ceux qui voulaient bien en boire, il disait que c’était son sang. Assis sous un arbre, il parabolait : "heureux les pauvres d’esprit, ceux qui ne cherchent pas à comprendre, ils travailleront dur, ils recevront des coups de pied au cul et ils feront des heures supplémentaires qui leur seront comptées plus tard dans le royaume de mon père."
(Paroles - Souvenirs de famille ou l’ange garde-chiourme)
"J’ai toujours été intact de Dieu et c’est en pure perte que ses émissaires, ses commissaires, ses prêtres, ses directeurs de conscience, ses ingénieurs des âmes, ses maîtres à penser se sont évertués à me sauver. […] Et je m’en allais, là où ça me plaisait, là où il faisait beau même quand il pleuvait, et quand, de temps à autre ils revenaient avec leurs trousseaux de mots-clés, leurs cadenas d’idées, les explicateurs de l’inexplicable, les réfutateurs de l’irréfutable, les négateurs de l’indéniables, je souriais et répétais : « C’est pas vrai ! » et « C’est vrai que c’est pas vrai ! ». Et comme ils me foutaient zéro pour leurs menteries millénaires, je leur donnais en mille mes vérités premières." (dans "Choses et autres")
"Quand le diable fait la cuisine le bon dieu se met à table et le pauvre monde nettoie les fourneaux."
"Les religions ne sont que les trusts des superstitions." (dans "Spectacle")
"Bref, le peuple se met à hurler "Barabbas, Barabbas, mort aux vaches, à bas la calotte" et, crucifié entre deux souteneurs dont un indicateur, il rend le dernier soupir, les femmes se vautrent sur le sol en hurlant leur douleur, un coq chante et le tonnerre fait son bruit habituel. Confortablement installé sur son nuage amiral, Dieu le père, de la maison Dieu-père-fils-Saint-Esprit-&-Cie, pousse un immense soupir de satisfaction, aussitôt deux ou trois petits nuages subalternes éclatent avec obséquiosité et Dieu père s’écrie : "Que je sois loué, que ma sainte raison sociale soit bénie, mon fils bien-aimé a la croix, ma maison est lancée. "Aussitôt il passe les commandes et les grandes manufactures de scapulaires entrent en transes, on refuse du monde aux catacombes et, dans les familles qui méritent ce nom, il est de fort bon ton d’avoir au moins deux enfants dévorés par les lions."
dans Paroles - "Souvenirs de famille ou l’ange garde-chiourme’
"J’ai toujours été intact de Dieu et c’est en pure perte que ses émissaires, ses commissaires, ses prêtres, ses directeurs de conscience, ses ingénieurs des âmes, ses maîtres à penser se sont évertués à me sauver. […] Et je m’en allais, là où ça me plaisait, là où il faisait beau même quand il pleuvait, et quand, de temps à autre ils revenaient avec leurs trousseaux de mots-clés, leurs cadenas d’idées, les explicateurs de l’inexplicable, les réfutateurs de l’irréfutable, les négateurs de l’indéniables, je souriais et répétais : « C’est pas vrai ! » et « C’est vrai que c’est pas vrai ! ».Et comme ils me foutaient zéro pour leurs menteries millénaires, je leur donnais en mille mes vérités premières."
dans "Choses et autres"
"Dans chaque église, il y a toujours quelque chose qui cloche. "
dans spectacle
Avec les jolies filles et avec les vieux cons
Avec la paille de la misère pourrissant dans l’acier des canons."
Extrait de "Paroles"
« L’enfant qui verse, histoire de rire, son encrier dans le bénitier, est plus drôle et plus vrai que Luther qui disait avoir jeté le sien au diable. »
« La théologie, c’est simple comme Dieu et dieux font trois. »
« La révolution est quelque fois un rêve, la religion toujours un cauchemar. »
« Dieu a besoin des hommes, mais les hommes n’ont pas besoin de lui. »
« La France est la fille aînée de l’église et Jésus-Christ le cadet de mes soucis. »
« Un seul Dieu tu abhorreras. Ce lapsus déi est un exemple typique d’automasochisme divin. »
« Luther et Calvin
Calvin et Luther
Calvaire et lutins. »
« Il y a des gens qui s’amusent d’un rien, faites comme eux, amusez-vous de Dieu. »
« Satan est l’âme damnée de Dieu. »
« Le premier jour, Dieu n’a pas fermé l’œil de la nuit et de cette insomnie, la lune encore en rit. »
« Enfin, tant bien que mal nous vivons, Dieu merci ! Dieu : « Il n’y a pas de quoi. »
« Dictionnaire : maladie qui existe par elle-même et ne dépend d’aucune autre affection. Voir « Déisme ».
« C’est sans doute celui qui n’a jamais pêché qui lui a jeté la première pierre. »
« Bref, le peuple se met à hurler "Barabbas, Barabbas, mort aux vaches, à bas la calotte" et, crucifié entre deux souteneurs dont un indicateur, il rend le dernier soupir, les femmes se vautrent sur le sol en hurlant leur douleur, un coq chante et le tonnerre fait son bruit habituel.
Confortablement installé sur son nuage amiral, Dieu le père, de la maison Dieu-père-fils-Saint-Esprit-&-Cie, pousse un immense soupir de satisfaction, aussitôt deux ou trois petits nuages subalternes éclatent avec obséquiosité et Dieu père s’écrie : "Que je sois loué, que ma sainte raison sociale soit bénie, mon fils bien-aimé a la croix, ma maison est lancée. "Aussitôt il passe les commandes et les grandes manufactures de scapulaires entrent en transes, on refuse du monde aux catacombes et, dans les familles qui méritent ce nom, il est de fort bon ton d’avoir au moins deux enfants dévorés par les lions. »
(Jacques Prévert / Paroles - Souvenirs de famille ou l’ange garde-chiourme)
« Notre Père qui êtes aux cieux
Restez-y
Et nous nous resterons sur la terre
Qui est quelquefois si jolie
Avec ses mystères de New York
Et puis ses mystères de Paris
Qui valent bien celui de la Trinité
Avec son petit canal de l’Ourcq
Sa grande muraille de Chine
Sa rivière de Morlaix
Ses bêtises de Cambrai… »
(Jacques Prévert / Paroles - Pater noster)
« Le paon fait la roue
Le hasard fait le reste
Dieu s’assoit dedans
Et l’homme le pousse »
(Jacques Prévert/ Paroles - La brouette ou les grandes inventions)
« Ils sont à table
Ils ne mangent pas
Ils ne sont pas dans leur assiette
Et leur assiette se tient toute droite
Verticalement derrière leur tête. »
(Jacques Prévert / Paroles - La Cène)
« Quand [le Diable] rencontre Dieu
il est très embêté
parce qu’il doit le saluer
c’est réglementaire […]
alors il se rend compte
qu’il est légèrement ridicule
et il s’en retourne chez lui en courant
il allume un grand feu en pleurant […]
et il se couche sur le brasier
avec une grande flamme blanche
comme oreiller
et il ronronne tout doucement
comme le feu
comme les chats quand ils sont heureux
et il rêve aux bons tours
qu’il va jouer au bon Dieu. »
(Jacques Prévert / Paroles - Ecritures saintes)
« Les paris stupides :
un certain Blaise Pascal
etc… etc... »
(Jacques Prévert / Paroles)
« … mais le pape l’interrompt
Ah ! Foutez-moi la paix à la fin
je ne suis tout de même pas arrivé à mon âge et à la haute situation pour me laisser emmerder par un malheureux petit libre penseur de rien du tout
venu je ne sais d’où
Je ne suis pas libre penseur dit le veilleur
je suis athée
Hein quoi dit le Saint-Père
et l’autre dans le tuyau de son oreille
l’autre se met à gueuler
Allo allo Saint-Père vous m’entendez
athée
A comme absolument athée
T comme totalement athée
H comme hermétiquement athée
E accent aigu comme étonnement athée
E comme entièrement athée
pas libre penseur
athée
il y a une nuance »
(Jacques Prévert / Paroles - La crosse en l’air [feuilleton])
« Il y a des gens qui dansent sans entrer en transe et il y en a d’autre qui entrent en transe sans danser. Ce phénomène s’appelle la Transcendance et dans nos régions il est fort apprécié. »
(Jacques Prévert/ Spectacle / 1951)
"Les religions ne sont que les trusts des superstitions."
(Jacques Prévert/ Spectacle / 1951)
"Oh ! Raison funèbre !"
(Jacques Prévert / Spectacle / 1951)
"Dieu est un petit bonhomme sans queue qui fume sa pipe au coin du feu."
(Jacques Prévert/ Spectacles)
"Quand la vérité n’est pas libre, la liberté n’est pas vraie."
(Jacques Prévert/ Spectacles)
"Dans chaque église, il y a toujours quelque chose qui cloche."
(Jacques Prévert / Fatras)
"Je vous salis, ma rue
Et je m’en excuse"
(Jacques Prévert / Fatras)
"Martyr, c’est pourrir un peu."
(Jacques Prévert / Paroles)
"Dieu est formidiable !"
(Jacques Prévert / Soleil de nuit)
"J’ai toujours été intact de Dieu et c’est en pure perte que ses émissaires, ses commissaires, ses prêtres, ses directeurs de conscience, ses ingénieurs des âmes, ses maîtres à penser se sont évertués à me sauver. […]
Et je m’en allais, là où ça me plaisait, là où il faisait beau même quand il pleuvait, et quand, de temps à autre ils revenaient avec leurs trousseaux de mots-clés, leurs cadenas d’idées, les explicateurs de l’inexplicable, les réfutateurs de l’irréfutable, les négateurs de l’indéniables, je souriais et répétais : « C’est pas vrai ! » et « C’est vrai que c’est pas vrai ! ».
Et comme ils me foutaient zéro pour leurs menteries millénaires, je leur donnais en mille mes vérités premières."
(Jacques Prévert / Choses et autres)
"C’est connu, Eve n’avait pas de pomme d’Adam."
(Jacques Prévert / Le Fruit défendu)
"Dieu est un grand lapin
il habite plus haut que la terre
tout en haut là-haut dans les cieux
dans son grand terrier nuageux.
Dieu est aussi un prêteur sur gage
un vieil usurier
il se cache dans une bicoque
tout en haut de son mont de piété
et il prête à la petite semaine
au mois au siècle et à l’éternité.
Dieu est aussi un grand voyageur
et quand il voyage pas moyen de le faire tenir en place
il s’installe dans tous les wagons
et il descend dans tous les hôtels à la fois
à ces moments-là
tous les voyageurs marchent à pied
et couchent dehors
Dieu est aussi une grosse dinde de Noël
qui se fait manger par les riches
pour souhaiter la fête à son fils.
Alors les coudes sur la sainte table
le Diable regarde Dieu en face
avec un sourire de côté et il fait du pied aux anges
et Dieu est bien embêté."
(Jacques Prévert )
"Quand le diable fait la cuisine le bon dieu se met à table
et le pauvre monde nettoie les fourneaux."
(Jacques Prévert)
"Saint Martin a donné la moitié de son manteau à un pauvre : comme ça, ils ont eu froid tous les deux."
(Jacques Prévert)
"La meilleure façon de ne pas avancer est de suivre une idée fixe."
(Jacques Prévert)
"La théologie, c’est simple comme dieu et dieu font trois."
(Jacques Prévert)