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Quand l’église catholique brûlait le père Noël paien
samedi 19 décembre 2020, par
Quand l’église catholique brûlait le père Noël païen
Noël, fête païenne animiste puis polythéiste romaine, par la suite récupérée par l’église catholique
En 1951, l’Eglise a fait brûler le père Noël, "dernier dieu païen"
D’où vient donc le Père Noël ?
23 décembre 1951, le jour où le Père Noël a été envoyé au bûcher
Non, le sapin n’est pas un symbole catholique, Jésus n’est pas né le 25 décembre
Voltaire, « Dictionnaire philosophique » :
« NOËL.
« Personne n’ignore que c’est la fête de la naissance de Jésus. La plus ancienne fête qui ait été célébrée dans l’Église après celle de la Pâque et de la Pentecôte, ce fut celle du baptême de Jésus. Il n’y avait encore que ces trois fêtes quand saint Chrysostome prononça son homélie sur la Pentecôte. Nous ne parlons pas des fêtes de martyrs, qui étaient d’un ordre fort inférieur. On nomma celle du baptême de Jésus l’Épiphanie, à l’exemple des Grecs, qui donnaient ce nom aux fêtes qu’ils célébraient en mémoire de l’apparition ou de la manifestation des dieux sur la terre, parce que ce ne fut qu’après son baptême que Jésus commença de prêcher l’Évangile.
On ne sait si vers la fin du ive siècle on solennisait cette fête dans l’île de Chypre le 6 de novembre ; mais saint Épiphane[1] soutenait que Jésus avait été baptisé ce jour-là. Saint Clément d’Alexandrie[2] nous apprend que les basilidiens faisaient cette fête le 15 de tybi, pendant que d’autres la mettaient au 11 du même mois, c’est-à-dire les uns au 10 de janvier, et les autres au 6 ; cette dernière opinion est celle que l’on suit encore. À l’égard de sa naissance, comme on n’en savait précisément ni le jour, ni le mois, ni l’année, elle n’était point fêtée.
Suivant les remarques qui sont à la fin des œuvres du même Père, ceux qui avaient recherché le plus curieusement le jour auquel Jésus était né disaient, les uns, que c’était le 25 du mois égyptien pachon, c’est-à-dire le 20 de mai, et les autres, le 24 ou le 25 de pharmuthi, jours qui répondent au 19 ou 20 d’avril. Le savant M. de Beausobre[3] croit que ces derniers étaient les valentiniens. Quoi qu’il en soit, l’Orient et l’Égypte faisaient la fête de la nativité de Jésus le 6 de janvier, le même jour que celle de son baptême, sans qu’on puisse savoir, au moins avec certitude, ni quand cette coutume commença, ni quelle en fut la véritable raison.
L’opinion et la pratique des Occidentaux furent toutes différentes de celles de l’Orient. Les Centuriateurs de Magdebourg[4] rapportent un passage de Théophile de Césarée, qui fait parler ainsi les Églises des Gaules : Comme on célèbre la naissance de Jésus-Christ le 25 décembre, quelque jour de la semaine que tombe ce 25, on doit célébrer de même la résurrection de Jésus-Christ le 25 mars, quelque jour que ce soit, parce que le Seigneur est ressuscité ce jour-là.
Si le fait est vrai, il faut avouer que les évêques des Gaules étaient bien prudents et bien raisonnables. Persuadés, comme toute l’antiquité, que Jésus avait été crucifié le 23 mars, et qu’il était ressuscité le 26, ils faisaient la pâque de sa mort le 23, et celle de sa résurrection le 25, sans se mettre en peine d’observer la pleine lune, ce qui était au fond une cérémonie judaïque, et sans s’astreindre au dimanche. Si l’Église les avait imités, elle eût évité les disputes longues et scandaleuses qui pensèrent diviser l’Orient et l’Occident, et qui, après avoir duré un siècle et demi, ne furent terminées que par le premier concile de Nicée.
Quelques savants conjecturent que les Romains choisirent le solstice d’hiver pour y mettre la naissance de Jésus, parce que c’est alors que le soleil commence à se rapprocher de notre hémisphère. Dès le temps de Jules César, le solstice civil politique fut fixé au 25 décembre. C’était à Rome une fête où l’on célébrait le retour du soleil : ce jour s’appelait bruma, comme le remarque Pline[5], qui le fixe, ainsi que Servius[6], au 8 des kalendes de janvier. Il se peut que cette pensée eût quelque part au choix du jour ; mais elle n’en fut pas l’origine. Un passage de Josèphe, qui est évidemment faux, trois ou quatre erreurs des anciens, et une explication très-mystique d’un mot de saint Jean-Baptiste, en ont été la cause, comme Joseph Scaliger va nous l’apprendre.
Il plut aux anciens, dit ce savant critique[7], de supposer premièrement que Zacharie était souverain sacrificateur lorsque Jésus naquit. Rien n’est plus faux, et il n’y a plus personne qui le croie, au moins parmi ceux qui ont quelques connaissances.
Secondement, les anciens supposèrent ensuite que Zacharie était dans le lieu très-saint, et qu’il y offrait le parfum, lorsque l’ange lui apparut et lui annonça la naissance d’un fils.
Troisièmement, comme le souverain sacrificateur n’entrait dans le sanctuaire qu’une fois l’année, le jour des expiations, qui était le 10 du mois judaïque tisri, qui répond en partie à celui de septembre, les anciens supposèrent que ce fut le 27, et ensuite le 23 ou le 24, que Zacharie étant de retour chez lui après la fête, Élisabeth sa femme conçut Jean-Baptiste. C’est ce qui fit mettre la fête de la conception de ce saint à ces jours-là. Comme les femmes portent leurs enfants ordinairement deux cent soixante et dix ou deux cent soixante et quatorze jours, il fallut placer la naissance de saint Jean au 24 juin. Voilà l’origine de la Saint-Jean : voici celle de Noël qui en dépend.
Quatrièmement, on suppose qu’il y eut six mois entiers entre la conception de Jean-Baptiste et celle de Jésus, quoique l’ange dit simplement à Marie[8] que c’était alors le sixième mois de la grossesse d’Élisabeth. On mit donc conséquemment la conception de Jésus au 25 mars, et l’on conclut de ces diverses suppositions que Jésus devait être né le 25 décembre, neuf mois précisément après sa conception.
Il y a bien du merveilleux dans ces arrangements. Ce n’est pas un des moindres que les quatre points cardinaux de l’année, qui sont les deux équinoxes et les deux solstices, tels qu’on les avait placés alors, soient marqués des conceptions et des naissances de Jean-Baptiste et de Jésus. Mais voici un merveilleux bien plus digne d’être remarqué. C’est que le solstice où Jésus naquit est l’époque de l’accroissement des jours, au lieu que celui où Jean-Baptiste vint au monde est l’époque de leur diminution. C’est ce que le saint précurseur avait insinué d’une manière très-mystique dans ces mots où, parlant de Jésus[9] : Il faut, dit-il, qu’il croisse et que je diminue.
C’est à quoi Prudence fait allusion dans une hymne sur la nativité du Seigneur. Cependant saint Léon[10] dit que de son temps il y avait à Rome des gens qui disaient que ce qui rendait la fête vénérable était moins la naissance de Jésus que le retour, et, comme ils s’exprimaient, la nouvelle naissance du soleil. Saint Épiphane[11] assure qu’il est constant que Jésus naquit le 6 de janvier, mais saint Clément d’Alexandrie, bien plus ancien et plus savant que lui, place cette naissance au 18 novembre de la vingt-huitième année d’Auguste. Cela se déduit, selon la remarque du jésuite Petau sur saint Épiphane, de ces paroles de saint Clément[12] ; Depuis la naissance de Jésus-Christ jusqu’à la mort de Commode, il y a en tout cent quatre-vingt-quatorze ans un mois et treize jours. » Or Commode mourut, suivant Petau, le dernier décembre de l’année 192 de l’ère vulgaire ; il faut donc que, selon Clément, Jésus soit né un mois et treize jours avant le dernier décembre, et par conséquent le 18 novembre de la vingt-huitième année d’Auguste. Sur quoi il faut observer que saint Clément ne compte les années d’Auguste que depuis la mort d’Antoine et la prise d’Alexandrie, parce que ce fut alors que ce prince resta seul maître de l’empire.
Ainsi l’on n’est pas plus assuré de l’année que du jour et du mois de cette naissance. Quoique saint Luc déclare qu’il[13] s’est exactement informé de toutes ces choses depuis leur premier commencement, il fait assez voir qu’il ne savait pas exactement l’âge de Jésus, quand il dit[14] qu’il avait environ trente ans lorsqu’il fut baptisé. En effet, cet évangéliste[15] fait naître Jésus l’année d’un dénombrement, qui fut fait, selon lui, par Cirinus ou Cirinius, gouverneur de Syrie, tandis que ce fut par Sentius Saturnius, si l’on en croit Tertullien[16]. Mais Saturnius avait déjà quitté la province la dernière année d’Hérode, et avait eu pour successeur Quintilius Varus, comme nous l’apprenons de Tacite[17] ; et Publius Sulpitius Quirinus ou Quirinius, dont veut apparemment parler saint Luc, ne succéda à Quintilius Varus qu’environ dix ans après la mort d’Hérode, lorsque Archélaüs, roi de Judée, fut relégué par Auguste, comme le dit Josèphe dans ses Antiquités Judaïques[18].
Il est vrai que Tertullien[19] et avant lui saint Augustin[20], renvoyaient les païens et les hérétiques de leur temps aux archives publiques où se conservaient les registres de ce prétendu dénombrement ; mais Tertullien renvoyait également aux archives publiques pour y trouver la nuit arrivée en plein midi au temps de la passion de Jésus, comme nous l’avons dit à l’article Éclipse, où nous avons observé le peu d’exactitude de ces deux Pères et de leurs pareils en citant les monuments publics, à propos de l’inscription d’une statue que saint Justin, lequel assurait l’avoir vue à Rome, disait être dédiée à Simon le Magicien, et qui l’était à un Dieu des anciens Sabins[21].
Au reste, on ne sera point étonné de ces incertitudes, si l’on fait attention que Jésus ne fut connu de ses disciples qu’après qu’il eut reçu le baptême de Jean. C’est expréssement à commencer depuis ce baptême que Pierre veut que le successeur de Judas rende témoignage de Jésus ; et, selon les Actes des apôtres[22], Pierre entend parler de tout le temps que Jésus a vécu avec eux. »
Voltaire, « Dictionnaire philosophique »
1• Hérésie 51, n. 17 et 19. (Note de Voltaire.)
2• Stromates, livre I, page 340. (Id.)
3• Histoire du Manichéisme, tome II, page 692. (Id.)
4• Cent. 2, col. 118. (Note de Voltaire.)
5• Histoire naturelle, livre XVIII, chapitre xxv. (Id.)
6• Sur le vers 720 du septième livre de l’Énéide. (Id.)
7• Can. Isagog., liv. III, page 305. (Id.)
8• Luc, chapitre i, v. 36. (Note de Voltaire.)
9• Jean, chapitre iii, v. 30. (Id.)
10• Sermon 21, tome II, page 148. (Id.)
11• Hérésie 51, n. 29. (Id.)
12• Stromates, livre 1, page 340. (Note de Voltaire.)
• • Chapitre i, v. 3. (Id.)
• • Chapitre iii, v. 23. (Id.)
13• Chapitre ii, v. 2. (Id.)
14• Livre IV, chapitre xix, contre Marcion. (Id.)
15 • Histoire, livre V, section 9. (Note de Voltaire.)
16• Livre XVII, chapitre xv. (Id.)
17• Livre IV, chapitre vi, contre Marcion. (Id.)
18• Seconde Apologie. (Id.)
19• Voyez les articles Adorer et Éclipse.
20• Chapitre i, v. 22. (Note de Voltaire.)
Messages
1. Quand l’église catholique brûlait le père Noël paien, 22 décembre 2020, 08:35, par hé hé !
Le Père Noël : entre mythologie païenne et culture de consommation
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