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Abu-l-Ala al-Maari (973-1057), grand poète syrien athée

dimanche 31 janvier 2021, par Robert Paris

Les meilleurs écrits athées – Vingt-et-troisième partie - Abu-l-Ala al-Maari (973-1057), grand poète syrien athée

« Toutes les religions se valent dans l’égarement. »

« Les habitants de la terre se divisent en deux : Ceux qui ont un cerveau et pas de religion et ceux qui ont une religion mais pas de cerveau. »

En février 2013 mourrait une deuxième fois, quelques 956 ans plus tard et dans sa ville natale et mortelle de Maarat al-Nou’man, le grand poète syrien « islamophobe », « judéophobe », « christianophobe » et « autoritarophobe », Abu-l-Ala al-Maari, décapité par les cannibales sociaux de Jabhat al-Nosra (Al-Qaeda -le Grand Frère du terrorisme djihadiste- en Syrie).

« Les hommes sont poèmes récités par leur destin

Parmi eux le vers libre et le vers enchaîné, »

Réveillez-vous, réveillez-vous, ô égarés !

Vos religions sont subterfuges des Anciens.

Ils disent que le Temps mourra bientôt,

Que les jours sont à bout de souffle.

Ils ont menti – ils ignorent son échéance.

N’écoutez pas ces champions de fourberie.

Les gens voudraient qu’un imam se lève

Et prenne la parole devant une foule muette.

Illusion trompeuse – il n’est d’imam que la raison,

Notre guide de jour comme de nuit.

Peut-être dans les temples se trouvent-ils des gens

qui procurent la terreur à l’aide de versets,

Comme d’autres dans les tavernes

Procurent le plaisir.

Les lois divines ont semé parmi nous la rancune

Et nous ont apporté toutes sortes de malheurs,

Les corps vont à la poussière.

Aucun savant ne sait où va l’âme.

Malgré moi, je suis sorti en ce bas monde,

Et mon voyage est pour un monde ailleurs.

Cela malgré moi aussi, et Dieu m’en est témoin !

Suis-je prédestiné, entre ces deux mondes,

A accomplir une tâche,

Ou suis-je libre de mes choix ?

Raison - demeures laissées à l’abandon

Ignorance - solides demeures habitées.

La religion - commerce de morts.

Pour cette raison, c’est un objet invendable parmi les vivants.

L’ égaré appelle impie celui qui ne partage pas sa foi.

Malheur à lui ! Quel homme n’a pas connu l’impiété ?

Le Livre est devenu trompettes des égarés,

Et les versets, mélodies.

Ils en ont joué, puis, dans leur infamie,

Les ont agitées comme des épées

Sur l’homme paisible qui veille

Au clair de lune.

Je ne blâme pas l’athée ?

Mais plutôt celui qui, craignant l’enfer,

Persiste dans sa furie.

La raison ne peut que s’étonner des lois,

Qu’elles soient païennes, musulmanes,

juives ou chrétiennes.

Vos temples et vos bordels se valent.

Loin de moi, Ô genre humain !

Puissé-je rester sous terre et ne pas me lever

Quand Dieu vous appellera à la résurrection !

Quant à la certitude, elle n’existe pas.

L’apogée de mes efforts se trouve

Dans l’intuition et les pressentiments.

J’ai poussé loin mes recherches

Et mes investigations.

J’affirme, malgré cela,

Que je suis perdu et ignorant.

Le mensonge a détruit

Les habitants de la terre.

Leurs descendants se sont groupés en sectes

Qui ne peuvent fraterniser.

Si l’inimitié n’avait été dans leur nature,

Dès l’origine,

Mosquée, église et synagogue

N’auraient fait qu’une.
La vérité est soleil recouvert de ténèbres –

Elle n’a pas d’aube dans les yeux des humains.

La raison, pour le genre humain

Est un spectre qui passe son chemin.

Foi, incroyance, rumeurs colportées,

Coran, Torah, Évangile

Prescrivant leurs lois …

A toute génération ses mensonges

Que l’on s’empresse de croire et consigner.

Une génération se distinguera-t-elle, un jour,

En suivant la vérité ?

Deux sortes de gens sur la terre :

Ceux qui ont la raison sans religion,

Et ceux qui ont la religion et manquent de raison.

Tous les hommes se hâtent vers la décomposition,

Toutes les religions se valent dans l’égarement.

Si on me demande quelle est ma doctrine,

Elles est claire :

Ne suis-je pas, comme les autres,

Un imbécile ?

Les hommes sont paroles du temps,

Il est inévitable qu’elles subissent

modification et changement

Les destins m’ont dépassé sur la route et s’en sont allés.

Me voici éternel, à en lasser l’éternité.

Dans l’exil et l’éloignement,

L’homme est à l’image d’une étincelle

Se séparant de son feu.

Si elle tombe sur une terre lisse,

Elle te montrera son extinction.

Si elle rencontre des brindilles,

Tu verras son embrasement.
O homme, tu es pareil à la fourmi

Levée de bon matin pour chercher

Un grain de blé à traîner.

Le temps est un oiseau qui prend l’espace –

Attrape-le ! Toute la sagesse tiendra dans ta main.

c’est au milieu de la foule

Que je m’ensauvage –

Ma solitude n’est autre

Que livre de mon humanité.

Ces nuits nous emportent

Comme vaisseaux au large

Naviguant sans amarres.

Comme si la tristesse n’était que cendres

Répandues sur ton front,

Mais c’est ton cœur qui brûle.

La pensée est une corde.

Si on en saisit un bout,

Ce même bout sera relié

Aux pléiades.

La pensée voit que la lumière

Est créée dans l’éternité

Et que l’essence du temps n’est autre

Que son obscurité.

Des gens prétendent diriger leurs semblables,

Cette direction, pour moi, est tyrannie.

Pareils vos mosquées et bordels

Gens infréquentables !

Ni bonne plante, ni palmier

Ni gommier vous êtes

Mais épine que nul ne cueille

Nuisible, délétère.

Ho ! imbéciles, réveillez-vous ! Les sites que tu crois sacrés

ne sont qu’impostures inventées par les anciens

Avides de pouvoir, qui vécurent dans la luxure

Et moururent dans la bassesse et leur loi n’est que poussière.

Les gens viennent des contrées les plus lointaines

pour jeter des cailloux (à Satan) et pour baiser la Pierre Noire.

Combien étranges sont les choses qu’ils disent !

Est-ce que l’humanité tout entière devient aveugle à la vérité ?

Parmi les ruines croulantes de la religion

L’éclaireur sur son chameau joua de la flûte

Et appela les siens : « Restons ici !

La pâture regorge de mauvaises herbes. »

Les musulmans trébuchent, les chrétiens sont égarés

Les juifs sont dévoyés, les mages sont dans l’erreur.

Nous les mortels nous répartissons en deux catégories

Les crapules initiées et les dévots stupides.

Le mensonge a tant corrompu le monde

Que jamais nulle dispute n’aura divisé de vrais amis

Comme les sectes l’ont fait

Mais la haine étant dans la nature humaine

Les églises et les mosquées se sont élevées côte à côte.

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