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Des articles sur la guerre en Ukraine

mercredi 2 mars 2022, par Robert Paris

Prolétaires en Russie et en Ukraine ! Sur le front de la production et sur le front militaire… Camarades !

A nouveau, les bruits de bottes résonnent bruyamment en Europe, les canons s’affutent, les bombardiers regorgent de dragées meurtrières, les missiles dardent leurs pointes nucléaires sur leurs futurs objectifs.

Ces mots que nous avons rédigés en 2014 sont plus que jamais d’actualité à propos du conflit entre la Russie et l’Ukraine. Si le capitalisme est viscéralement fauteur de misère, de crises climatique et sanitaire, on avait presque « oublié » qu’il était et reste indubitablement fauteur de guerres !!! Aujourd’hui, l’offensive militaire est lancée : on signale des bombardements dans le Donbass, à Odessa, Kiev, Marioupol, Kharkov…

Prolétaires en uniforme russe. Depuis des années, vous êtes envoyés dans le monde entier pour protéger les intérêts de « la nation russe ». Cela a commencé par la « défense de l’intégrité territoriale de la Russie » contre les séparatistes du Caucase du Nord, cela s’est poursuivi par la « protection des Ossètes en Géorgie », pour aboutir à la « protection des frères et sœurs russes contre les hordes de Bandera en Ukraine » et du « gouvernement légitime de la Syrie, contre les terroristes islamistes ».

La même histoire a été racontée à des générations de prolétaires, aux « soldats » comme aux « civils », dans tous les conflits capitalistes précédents partout dans le monde, pour qu’ils aillent se faire saigner sur le front militaire ou dans les usines à l’arrière, sur le front de la production, sur le front intérieur… Ils se battaient pour « le Tsar » ou « le Socialisme » ou « la Nation » ou « la Démocratie » ou « le Lebensraum » ou « le Christianisme » ou « l’Islam ». Et le même conte de fées est raconté aux prolétaires en uniforme des Etats-Unis, de Turquie, du Royaume-Uni, d’Israël, d’Ukraine, de la Syrie sous contrôle d’Assad, de Daech, du Rojava, de Géorgie, de Donetsk et Lougansk, d’Iran, des régions gérées par le Hezbollah, le Hamas… et de toute autre fausse communauté nationale, régionale, religieuse ou autre.

Prolétaires en uniforme ukrainien. Votre propre bourgeoisie vous fait croire que vous avez une patrie à défendre contre « l’agresseur russe », que vous devriez faire corps avec vos propres exploiteurs et réclamer votre adhésion à l’Union européenne ou à l’OTAN. Mais comme tous les prolétaires partout dans le monde, vous n’avez que vos chaînes d’esclaves salariés à perdre.

Prolétaires sur le front intérieur. Encore une fois, on vous dit de vous sacrifier, d’être « plus productifs », d’être « plus flexibles », de « remettre à plus tard » la satisfaction de vos besoins immédiats (même jusqu’au point d’avoir faim plutôt que de manger « la nourriture provenant de l’ennemi »), etc. Tout cela pour le plus grand bien de la Nation. On vous dit de soutenir sans discuter telle ou telle « Guerre Sainte », de ne plus penser aux grèves ni de perturber la production de matériel de guerre, d’envoyer de plein gré vos fils, frères, maris et pères devenir des martyrs pour le profit de vos maîtres bourgeois.

Le Capital et son Etat ont toujours trouvé le moyen de transformer les prolétaires en chair à canon et de les laisser s’entretuer sous le drapeau de telle ou telle « patrie ». Comme si nous, le prolétariat, la classe exploitée, avions un quelconque pays à défendre. Comme si les « intérêts nationaux » ne représentaient rien d’autre que les intérêts de la classe dirigeante. La guerre et la ruée pour la reconstruction qui s’ensuit ne sont rien d’autre qu’une forme concrète de concurrence entre les différentes fractions capitalistes. C’est l’expression de leur besoin d’élargir leur marché afin de compenser la baisse du taux de profit. En même temps, la guerre sert à diviser notre classe selon des critères nationaux, régionaux, religieux, politiques, etc. afin de réprimer la lutte des classes et de briser la solidarité internationale du prolétariat. En fin de compte, la guerre sert à se débarrasser physiquement de la force de travail excédentaire. En d’autres termes, elle sert à nous massacrer…

Soldats « russes », vous êtes en poste en Syrie ou en Ukraine pour tuer et être tués par des gens qui tout comme vous et vos proches au pays sont obligés de vendre leur force de travail au Capital afin de survivre, des gens qui font partie de la même classe exploitée que vous, des gens qui sont vos frères et sœurs prolétaires de « l’autre camp ». Toutes ces aventures militaires, ces exercices et ces courses aux armements commencent à paralyser la capacité du Capital d’apaiser le prolétariat en lui jetant des miettes de pain provenant du festin de la bourgeoisie.

Le capitalisme ne peut nous apporter qu’exploitation, misère, aliénation, guerre et destruction comme il l’a toujours fait. Le prolétariat mondial se trouve à la croisée des chemins : se soulever contre le capitalisme ou tomber dans le plus grand hachoir à viande humaine de l’histoire. Partout dans le monde, des conflits militaires plus ou moins ouverts et des affrontements entre différentes fractions bourgeoises éclatent. Des alliances et des contre-alliances se forment et sont rompues, avec une centralisation de plus en plus évidente en quelques super-blocs. L’Ukraine est au centre de tout cela et la guerre menace de dégénérer en conflit mondial, qui risque de mettre fin à toute vie sur cette planète.

Tout comme en Iran, en Irak, au Chili, au Liban, en Colombie, et au Kazakhstan très récemment, la seule alternative du prolétariat en Russie et en Ukraine, c’est d’intensifier la confrontation avec l’Etat et d’attaquer directement ses institutions et d’exproprier les marchandises et les moyens de production. Ne nous contentons pas de protester dans les rues, mais étendons et généralisons les grèves et développons la lutte de classe sur le front de la production ! Transformons la lutte des proches des soldats, qui ont affiché à maintes reprises dans le passé de fortes positions antiguerre, en une lutte défaitiste révolutionnaire généralisée sans les limites d’une quelconque idéologie légaliste !

Le défaitisme révolutionnaire signifie l’organisation de toute action visant à saper le moral des troupes ainsi que d’empêcher l’envoi de prolétaires à la boucherie…

Le défaitisme révolutionnaire signifie l’organisation de la désertion la plus massive possible et la cessation des hostilités entre les prolétaires sous l’uniforme des deux côtés du front de guerre, ce qui signifie la transformation de la guerre entre prolétaires en une guerre entre les classes, c’est-à-dire la guerre de classe, la guerre dans les centres des superpuissances guerrières…

Le défaitisme révolutionnaire signifie l’encouragement à la fraternisation, à la mutinerie, au retournement des fusils contre les organisateurs de la guerre carnassière, c’est-à-dire « notre » bourgeoisie et ses laquais…

Le défaitisme révolutionnaire signifie l’action la plus décidée et la plus offensive en vue de transformer la guerre impérialiste en guerre révolutionnaire pour l’abolition de cette société de classe, de misère et de guerre, pour le communisme…

Vous, « soldats russes » et « soldats ukrainiens », prolétaires dans les armées des bourgeoisies russe et ukrainienne, vous n’avez pas d’autre alternative (si vous voulez vivre plutôt que de continuer à survivre, voire de crever sur les prochains champs d’horreur !) que de refuser de servir une fois de plus d’exécuteurs des basses œuvres de leurs intérêts ! Comme beaucoup de vos prédécesseurs lors de la guerre en Tchétchénie, rompons les rangs et cessons les combats ! Tout comme les soldats de l’« Armée Rouge » en Afghanistan ou les soldats américains au Vietnam, vous pouvez buter vos propres officiers ! Tout comme les prolétaires avec ou sans uniforme pendant la Première Guerre mondiale, mutinons-nous et soulevons-nous ensemble et transformons la guerre capitaliste mondiale en guerre civile pour la révolution communiste !

Nous ne voulons bien sûr pas nous limiter à nous adresser uniquement aux prolétaires en uniforme russe ou ukrainien mais aussi à nos frères et sœurs de classe en lutte dans le monde entier et nous les invitons à poursuivre et à développer les exemples de défaitisme déjà existants comme les soldats en Iran qui ont exprimé leur refus d’être utilisés dans la répression contre nos mouvements de classe en 2018, les policiers et les miliciens en Irak qui ont fait la même chose quelques mois plus tard pendant les émeutes qui ont ravagé la moitié du pays, de Bassora à Bagdad, ainsi que les policiers et les militaires au Kazakhstan au début de cette année qui ont refusé de réprimer le soulèvement prolétarien obligeant ainsi le gendarme russe à intervenir pour restaurer l’ordre capitaliste…

Prolétaires avec et sans uniforme, organisons-nous ensemble contre le système capitaliste d’exploitation du travail humain qui est à l’origine de toute la misère, de toute l’oppression étatique et de toutes les guerres !

Prolétaires, n’oubliez jamais, au grand jamais, que ce sont nos frères et sœurs de classe de l’époque qui ont arrêté la Première Guerre mondiale en désertant massivement, en se mutinant collectivement et en faisant la révolution sociale !!!

A bas les exploiteurs ! De Moscou à Téhéran en passant par Washington et Kiev, et le monde entier !

Contre le nationalisme, le sectarisme, le militarisme, nous opposons la solidarité prolétarienne internationale et internationaliste !

Transformons cette guerre en guerre de classe pour la révolution communiste mondiale !

Guerre de Classe – 24 février 2022


Non à l’invasion de l’Ukraine par le gouvernement Poutine et au bellicisme des États-Unis et de l’OTAN ! Pour l’unité des travailleurs russes et ukrainiens !

1. Le Comité international de la Quatrième Internationale et le World Socialist Web Site dénoncent l’intervention militaire russe en Ukraine. Les socialistes et les travailleurs conscients doivent s’opposer à l’invasion de l’Ukraine par la Russie, malgré les provocations et les menaces des États-Unis et des puissances de l’OTAN. La catastrophe qui a été déclenchée par la dissolution de l’Union soviétique en 1991 ne peut être évitée sur la base du nationalisme russe, une idéologie profondément réactionnaire qui sert les intérêts de la classe dirigeante capitaliste représentée par Vladimir Poutine.

2. Ce qu’il faut, ce n’est pas un retour à la politique étrangère du tsarisme d’avant 1917, mais plutôt une renaissance, en Russie et dans le monde entier, de l’internationalisme socialiste qui a inspiré la révolution d’Octobre 1917 et a conduit à la création de l’Union soviétique en tant qu’État ouvrier. L’invasion de l’Ukraine, quelles que soient les justifications données par le régime de Poutine, ne peut que diviser la classe ouvrière russe et ukrainienne et, en outre, servir les intérêts de l’impérialisme américain et européen.

3. Dans les deux grandes déclarations qu’il a faites la semaine dernière, Poutine a justifié ses actions en énumérant les provocations et les crimes des États-Unis. Il y a, sans aucun doute, beaucoup de choses qui sont factuellement vraies dans sa dénonciation de l’hypocrisie de Washington. Mais l’idéologie violemment anticommuniste et xénophobe qu’il invoque et les intérêts qu’il prétend défendre sont tout à fait réactionnaires et incapables d’attirer la grande masse de la classe ouvrière en Russie, sans parler de l’Ukraine et du monde entier. Une partie importante de la classe ouvrière en Russie et en Ukraine sera rebutée par le cynisme de Poutine qui glorifie la lutte héroïque menée par l’Union soviétique contre l’Allemagne nazie lors de la Seconde Guerre mondiale tout en dénonçant la révolution d’Octobre et l’existence de l’URSS en tant qu’État multinational.

4. Le gouvernement Biden, en refusant de discuter des objections de la Russie à l’intégration de l’Ukraine dans l’OTAN, a utilisé l’Ukraine comme appât. Elle a incité à l’invasion, qui servira maintenant de prétexte à une escalade de la confrontation avec la Russie.

5. Biden a annoncé cet après-midi une nouvelle série de sanctions paralysantes qui, selon lui, visent à imposer « des coûts sévères à l’économie russe ». Poutine a choisi cette guerre, a déclaré Biden, « et maintenant lui et son pays en subiront les conséquences ».

6. L’affirmation, répétée par Biden, selon laquelle « nos forces ne sont pas et ne seront pas engagées dans un conflit avec la Russie en Ukraine », n’a aucune crédibilité. Les États-Unis et les puissances de l’OTAN ont déversé des milliards de dollars d’équipement militaire en Ukraine et ont armé ses forces paramilitaires fascistes dans le but de prolonger les conflits et d’infliger des pertes importantes à la Russie. « L’histoire a montré à maintes reprises, a déclaré Biden, comment les gains rapides de territoires finissent par céder la place à des occupations cuisantes, à des actes de désobéissance civile massive et à des impasses stratégiques. »

7. Les États-Unis et l’OTAN ont d’ailleurs déjà envoyé des milliers de soldats en Europe de l’Est, qui seront concentrés dans les États baltes (Estonie, Lituanie et Lettonie), ainsi qu’en Pologne et en Roumanie, tous membres de l’OTAN. Le Pentagone a ordonné aujourd’hui le déploiement de 7.000 soldats supplémentaires en Europe.

8. Les menaces extérieures croissantes, combinées aux efforts pour étrangler l’économie russe, augmentent la probabilité d’une extension de la guerre au-delà de l’Ukraine. Biden a de nouveau déclaré qu’en cas de confrontation entre la Russie et un pays de l’OTAN, les États-Unis utiliseront « toute la puissance américaine ».

9. Cela signifie que non seulement la guerre nucléaire est possible, mais que le danger est très avancé et plus grand qu’à n’importe quel moment de l’histoire. Biden a déclaré aujourd’hui que les relations entre les États-Unis et la Russie sont complètement rompues, déclarant que, face au danger d’une guerre européenne et mondiale catastrophique, il n’a pas l’intention d’appeler Poutine.

10. Tout au long du 20e siècle, la rupture des relations a été identifiée au déclenchement d’une guerre armée. La rupture des relations diplomatiques entre les États-Unis et l’Union soviétique n’a jamais eu lieu pendant la guerre froide. Même pendant la crise des missiles de Cuba en 1962, le président américain John F. Kennedy et le premier ministre soviétique Nikita Khrouchtchev ont maintenu une ligne de communication. La remarque rageuse de Biden selon laquelle il ne parle pas à Poutine est profondément irresponsable. L’une des principales innovations techniques dans les relations américano-soviétiques, après la crise de 1962, a été l’installation d’une « ligne directe » qui reliait la Maison-Blanche et le Kremlin. L’objectif était d’éviter une mauvaise interprétation des intentions de la partie adverse, source de désastre.

11. Le fait que les États-Unis et l’OTAN soient prêts à mener le monde au bord de la guerre nucléaire, avec toutes ses horribles conséquences, témoigne du niveau stupéfiant d’imprudence et d’agressivité qui prévaut aujourd’hui dans tous les centres de l’impérialisme mondial.

12. Comment expliquer cela ? Comme toujours, les médias américains projettent l’image du mal absolu sur l’ennemi qui tombe dans ligne de mire de Washington. Cela n’explique rien. La confrontation actuelle avec la Russie est le résultat d’une stratégie géopolitique poursuivie par les États-Unis depuis la dissolution de l’URSS il y a 30 ans. Son objectif est l’hégémonie mondiale des États-Unis, en utilisant la puissance militaire pour compenser le déclin économique. C’est la source des nombreuses et interminables séries de guerres lancées par les États-Unis, impliquant l’invasion ou le bombardement de l’Irak, de la Somalie, de la Serbie, de l’Afghanistan, de la Libye et de la Syrie. Bien sûr, cette série de guerres illégales n’est pas mentionnée dans les médias aujourd’hui.

13. Ces guerres se sont toutes soldées par des défaites tactiques et stratégiques, sapant ainsi les efforts des États-Unis pour l’hégémonie mondiale. Ces échecs ont accru l’anxiété des États-Unis face à la montée de plus grandes puissances, notamment la Russie – qui occupe une vaste portion de l’Eurasie stratégiquement critique et convoitée par les États-Unis – et, surtout, la Chine.

14. Mais l’impulsion majeure de cette crise a été la pandémie de COVID-19, qui a porté la crise sociale et politique aux États-Unis à un point d’ébullition. Le nombre de victimes de la pandémie aux Etats-Unis approche le million. Le variant Omicron a causé le deuxième plus grand nombre de décès de toutes les vagues aux États-Unis, avec plus de 2.000 morts par jour au cours du dernier mois.

15. Au niveau mondial, au cours des deux derniers mois, plus de 150 millions de personnes ont été, selon les chiffres officiels, infectées par Omicron et 500.000 en sont mortes. Les États-Unis, la Russie et l’Allemagne figurent parmi les cinq premiers pays sur le plan des infections. Les chiffres officiels ne reflètent toutefois pas la réalité. L’agence de statistiques sur la santé (Institute for Health Metrics and Evaluation) estime qu’il y a eu au moins 2 milliards de personnes infectées depuis la mi-décembre, et le magazine britannique The Economist estime qu’il y a eu au moins 2,2 millions de décès supplémentaires au cours de la même période.

16. L’intensification de la pression imposée par la pandémie à une société déjà déchirée par des tensions sociales extrêmes a amené le système politique au point de rupture, comme en témoigne la tentative de coup d’État du 6 janvier 2021. Le gouvernement Biden, qui a publiquement exprimé sa crainte que la démocratie américaine ne survive pas à la décennie, espère fabriquer artificiellement une unité nationale et projeter les tensions sociales vers l’extérieur par le biais de la guerre. Il veut changer de sujet.

17. La crise américaine n’est que la manifestation la plus extrême de la crise du capitalisme mondial. La Russie capitaliste, ainsi que les puissances impérialistes d’Europe, sont confrontées à une crise politique de plus en plus profonde et se tournent vers la guerre comme moyen de détourner les tensions internes vers l’extérieur.

18. Le danger d’une catastrophe ne peut être écarté que par l’action de la classe ouvrière, aux Etats-Unis et dans le monde entier, sur la base d’un programme socialiste révolutionnaire.

19. Un principe fondamental de ce programme est le rejet de la défense de « l’État national », une structure politique historiquement obsolète, dont l’existence est en contradiction avec la domination de l’économie mondiale et l’interdépendance globale des forces productives.

20. Comme l’expliquait Léon Trotsky, le grand révolutionnaire russe et fondateur de la Quatrième Internationale, en 1934, dans les années de crise entre la Première et la Deuxième Guerre mondiale :

« La défense de l’État national, d’abord et avant tout dans l’Europe balkanisée – le berceau de l’État national – est dans le plein sens du terme une tâche réactionnaire. L’État national, avec ses frontières, ses passeports, son système monétaire, ses douanes et l’armée pour la protection des douanes est devenu un obstacle terrible au développement économique et culturel de l’humanité. La tâche du prolétariat n’est pas de défendre l’État national, mais de le liquider complètement et définitivement. »

21. Trotsky ajoute : « Ne pas se lier à l’État national en temps de guerre, suivre la carte, non de la guerre mais de la lutte des classes, n’est possible que pour un parti qui a déjà déclaré une guerre irréconciliable à l’État national en temps de paix ». Suivre « la carte de la lutte des classes » signifie enraciner l’opposition à l’impérialisme dans la lutte pour unir la classe ouvrière internationale en opposition à l’exploitation, aux inégalités sociales et au système capitaliste.

22. Le CIQI appelle à une fin immédiate de la guerre. En nous opposant à l’invasion de l’Ukraine, nous dénonçons la politique de l’impérialisme américain et de l’OTAN, dont les prétentions à défendre la démocratie et les droits de l’homme sont noyées dans le sang et l’hypocrisie.

23. L’humeur du public n’est pas la même que dans les années 1990. Des masses de gens ont fait l’expérience des trois dernières décennies de guerre sans fin. Le sentiment dominant dans la classe ouvrière du monde entier est l’opposition à la guerre. La politique criminelle de la classe dirigeante pendant la pandémie, qui a entraîné la mort de près de 6 millions de personnes, ainsi que la croissance massive des inégalités et l’inflation galopante, alimente la colère sociale et l’opposition dans le monde entier.

24. Cette opposition, cependant, doit être articulée dans un mouvement politique conscient pour le socialisme. Cela signifie la construction du Comité international de la Quatrième Internationale et de ses Partis de l’égalité socialiste affiliés dans chaque pays.

Guerre en Ukraine : Rivalités impérialistes dans la crise économique globale

Pas de guerre mais guerre de classe ! Ni l’OTAN, ni Poutine !

(Déclaration de la Tendance Communiste Internationaliste)

L’invasion de l’Ukraine se poursuit. Malgré quelques hésitations de la part de l’Allemagne, de la France et de l’Italie, Poutine a calculé que les Etats-Unis (OTAN) et les alliés occidentaux ne renonceraient pas à leurs
sanctions économiques et financières, ni ne reconnaîtraient l’acquisition de la Crimée par la Russie via un
"référendum". Plus important encore, il a reconnu le désir de Biden (et de Zhelensky) d’incorporer
l’Ukraine dans l’OTAN. Si cela se produisait, la Russie aurait des missiles dans son arrière-cour. C’est un
risque que Poutine n’était pas prêt à prendre, non seulement au nom de la sécurité nationale, mais aussi
pour conserver sa présidence "à vie", ainsi que le rôle de fournisseur de gaz et de pétrole de la Russie pour
l’Europe. Enfin, et surtout, Poutine ne veut pas donner l’impression d’avoir perdu sur toute la ligne, sans
même se battre.

Le plan A consistait à utiliser des "armes" diplomatiques parallèlement à la dissuasion militaire (mouvement de troupes aux frontières de l’Ukraine) pour effrayer le gouvernement Zhelensky tout en poussant
vers l’autodétermination les deux républiques séparatistes de Donetsk et Luhansk dans le Donbas, avec
leurs ports stratégiques dans la mer d’Azov et leurs riches mines de charbon.

Le plan B (l’invasion réelle de l’Ukraine) a été mis en œuvre de manière spectaculaire lorsque toutes les hypothèses du plan A ont échoué en raison de la réponse négative de Biden à toutes les demandes de Poutine.

En outre, même si cette invasion est marginale par rapport à la compétition stratégique entre les deux impérialismes, nous devons également nous rappeler que le président américain est à la veille des élections
de mi-mandat et que sa cote de popularité a considérablement baissé. Par conséquent, pousser la Russie à
cet acte "extrême" est une sorte de victoire qui rapprochera inévitablement la vieille Europe, l’éloignant
du chantage énergétique russe et la rapprochant des États-Unis grâce au renforcement des liens militaires
au sein de l’OTAN. Mais dans le même temps, elle contraint la Russie à étendre ses liens croissants avec la
Chine. Les affrontements impérialistes sont donc aujourd’hui d’autant plus dangereux.

Nous faisons la chronique d’une guerre qui était largement anticipée et que le simple bon sens aurait pu
éviter. Mais le bon sens n’est pas une catégorie économique. Il ne fait pas partie des intérêts inaliénables
des impérialistes en question et des intérêts du moment qui, pour être atteints, peuvent tout à fait
conduire à la guerre. Le bon sens ne régit pas non plus les actions d’un capitalisme qui est de plus en plus
en crise, et encore moins l’impérialisme dans son ensemble qui s’exprime sous une forme inévitablement
agressive.

Une nouvelle étape historique

Dans cette phase historique, nous devons faire face à trois aspects qui font dramatiquement partie de toute
guerre, qu’elle soit ou non au Moyen-Orient, qu’il s’agisse de guerres pétrolières, de conquêtes stratégiques ou de guerres par procuration.

Le premier aspect concerne l’absence d’un mouvement politique suffisamment fort pour contrer les crises
du capitalisme et les guerres qui en découlent, qui sont la "solution" temporaire à ses contradictions. Les
organisations révolutionnaires éparpillées ne constituent pas, à l’heure actuelle, une référence politique
suffisamment forte pour poser une alternative à la barbarie du capitalisme.

Le deuxième aspect est inextricablement lié au premier. En l’absence d’un parti politique révolutionnaire,
en l’absence d’une mobilisation de masse contre la guerre et les crises du capitalisme qui génèrent les
guerres et l’idéologie de la classe dominante qui les justifie, le massacre des prolétaires, des salariés, utilisés comme instruments de guerre eux-mêmes, devient une conséquence inévitable.

Le troisième point concerne les armes que la bourgeoisie utilise pour obliger les masses de travailleurs -
dont la force de travail en temps de paix est exploitée jusqu’à la dernière goutte - à devenir de la "chair à
canon" en temps de guerre. D’une manière ou d’une autre, les masses se rallient aux intérêts du capital qui
sont, par définition, opposés aux leurs. Ces armes sont nombreuses et variées : elles vont de l’utilisation de
la religion organisée jusqu’à l’idée désormais abusive d’"exporter la démocratie" afin de renverser des dictatures que, paradoxalement, les mêmes puissances ont financées et soutenues politiquement, si elles ne
les ont pas armées jusqu’alors.

Enfin, et surtout, l’impérialisme joue la carte du nationalisme. Dans le cas présent, le nationalisme de la variété "Grande Russie". Avant la guerre, le jeu avait parfaitement fonctionné. Poutine a toujours fait appel à
l’unité des peuples slaves de la "Grande Russie" en tant que groupe ethnique unique sous une seule patrie
symbolique. Les Russes, les Biélorusses et les Ukrainiens, jusqu’aux soulèvements de Maïdan (2014) qui ont
fait tomber le pro-russe Ianoukovitch, étaient des frères de sang pour Poutine. Ils devaient être traités
comme faisant partie d’un nationalisme ethnique aussi faux que son promoteur, mais fonctionnant dans
l’intérêt de l’impérialisme russe.

Une fois la guerre commencée, la même carte nationaliste est utilisée pour les populations russophones du
Donbas, les incitant à faire sécession avec l’Ukraine grâce au soutien militaire de la "Mère Patrie russe"
pour punir l’Ukraine renégate.

Les forces de l’OTAN ont répondu par des sanctions accrues dans le but d’embarrasser davantage la Russie,
mais ce faisant, il va également embarrasser d’importants membres de l’OTAN comme l’Allemagne, la
France et l’Italie. Le secrétaire de l’OTAN, M. Stoltenberg, menace d’intervenir militairement si un pays al -
lié est menacé. Entre-temps, l’axe Moscou-Pékin est renforcé. Les sanctions pétrolières de Nordstream aboutiront à des exportations de pétrole et de gaz de la Russie vers la Chine et le projet chinois de "route
de la soie" continuera à avoir la Russie elle-même comme l’un de ses terminaux.

La réponse révolutionnaire

Ces événements ont été créés par l’impérialisme. Leurs mouvements, leurs objectifs. Il n’y a pas de choix
pour les révolutionnaires. Nous ne nous rangeons pas du côté de l’OTAN pour la défense d’une fausse liberté démocratique. Nous ne soutenons pas la Russie au nom d’intérêts stratégiques vitaux ou d’une nostalgie
idéologique qui voudrait faire revivre les gloires d’un socialisme inexistant malgré une première révolution prolétarienne de 1917 qui a inspiré un temps les prolétaires. Les années 1920 connurent l’échec de la
révolution internationale en raison du total isolement de la Russie. À cet égard, il ne faut pas oublier que
des franges de pseudo-communistes ou de gauche du monde entier "acclament" la Russie lorsque les forces
impérialistes en viennent aux mains, simplement parce qu’ils s’opposent à l’impérialisme américain. Ils ne
se demandent jamais ce qu’est devenue la Russie aujourd’hui, ni ne se posent la question de l’internationalisme et de la guerre de classe, et de son éventuelle renaissance. En termes de perspectives pour la classe
ouvrière internationale, actuellement les choses ne vont pas bien. Bien que les grèves augmentent, elles
sont rares et espacées. Beaucoup sont sectorielles et donc facilement contrecarrées par le rôle des syndicats pour éviter une remise en question plus profonde du capitalisme en crise. Il existe des organisations
politiques capables de mettre en avant une alternative sociale au capitalisme, mais elles n’ont pas encore la
force d’affecter la classe ouvrière dans son ensemble qui, pour le moment, supporte passivement l’idéologie dominante de leurs bourgeoisies nationales respectives. Mais la crise continue. Son impact crée déjà
une nouvelle vague d’attaques partout contre les travailleurs. Ces attaques et le danger croissant d’une
guerre totale créent un terrain fertile pour la relance de la guerre de classe.

La réponse révolutionnaire à la barbarie impérialiste est de consacrer notre énergie à la construction du
parti révolutionnaire international afin qu’il puisse apporter tactiques et stratégie à l’ensemble de la classe
ouvrière et ainsi lutter contre l’emprise mortelle du nationalisme, la renaissance de l’idéologie démocratique bourgeoise et les faux mythes "socialistes" (tels que la possibilité du "socialisme dans un seul pays").
De cette façon, la classe ouvrière internationale sera en mesure de reprendre la voie révolutionnaire vers le
socialisme authentique, contre tous les exploiteurs capitalistes, tous les impérialismes et leurs guerres. En
attendant, l’impérialisme ne nous offre que des tragédies toujours plus barbares : guerres, famine, mort,
nettoyage ethnique, génocides, réfugiés à la recherche d’un monde meilleur qui n’existe pas mais qui reste
à construire. C’est la tâche de la classe ouvrière mondiale. Notre guerre est la guerre de classe pour débarrasser le monde de ces atrocités.

Tendance Communiste Internationaliste

Messages

  • Prolétaires en uniforme russe. Depuis des années, vous êtes envoyés dans le monde entier pour protéger les intérêts de « la nation russe ». Cela a commencé par la « défense de l’intégrité territoriale de la Russie » contre les séparatistes du Caucase du Nord, cela s’est poursuivi par la « protection des Ossètes en Géorgie », pour aboutir à la « protection des frères et sœurs russes contre les hordes de Bandera en Ukraine » et du « gouvernement légitime de la Syrie, contre les terroristes islamistes ».

    La même histoire a été racontée à des générations de prolétaires, aux « soldats » comme aux « civils », dans tous les conflits capitalistes précédents partout dans le monde, pour qu’ils aillent se faire saigner sur le front militaire ou dans les usines à l’arrière, sur le front de la production, sur le front intérieur… Ils se battaient pour « le Tsar » ou « le Socialisme » ou « la Nation » ou « la Démocratie » ou « le Lebensraum » ou « le Christianisme » ou « l’Islam ». Et le même conte de fées est raconté aux prolétaires en uniforme des Etats-Unis, de Turquie, du Royaume-Uni, d’Israël, d’Ukraine, de la Syrie sous contrôle d’Assad, de Daech, du Rojava, de Géorgie, de Donetsk et Lougansk, d’Iran, des régions gérées par le Hezbollah, le Hamas… et de toute autre fausse communauté nationale, régionale, religieuse ou autre.

    Prolétaires en uniforme ukrainien. Votre propre bourgeoisie vous fait croire que vous avez une patrie à défendre contre « l’agresseur russe », que vous devriez faire corps avec vos propres exploiteurs et réclamer votre adhésion à l’Union européenne ou à l’OTAN. Mais comme tous les prolétaires partout dans le monde, vous n’avez que vos chaînes d’esclaves salariés à perdre.

    Prolétaires sur le front intérieur. Encore une fois, on vous dit de vous sacrifier, d’être « plus productifs »

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