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Luttes ouvrières en Afrique 2003-2007

lundi 17 septembre 2007, par Robert Paris, Tiekoura Levi Hamed

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SOMMAIRE

Introduction
Mali
Niger
Guinée
Sénégal
Sao Tomé et Principe
Zambie
Cameroun
Togo
Burkina Faso
Afrique du sud

4-28-1 Introduction

Pour nombre de commentateurs, il n’y a pas de classes et de luttes de classes, seulement des ethnies ou encore des peuples face à des guerres civiles et à des pouvoirs corrompus.
Cela est inexact. Si "l’Afrique noire est mal partie", ce n’est pas parce qu’elle se situe en dehors du partage capitaliste du monde mais, au contraire, parce qu’elle en fait partie.
Des classes, il y en a en Afrique : bourgeoise, petite bourgeoise et prolétarienne. Une partie considérable de la population vit en dehors du système, mais ce n’est pas parce que l’Afrique n’est pas intégrée dans le système. Sans le fer de Mauritanie, le pétrole du Gabon, l’aluminium de la Guinée, l’or du Mali, pour ne citer que ceux-là,, le capitalisme français serait bien pauvre. Et ces richesses ne sortent pas toutes seules du sol. Il faut exploiter un prolétariat pour les extraire : prolétariat des mines, des bois, des ports, des chemins de fer, etc...
D’autre part, l’histoire de l’Afrique dépend, elle aussi, des luttes de classe. La menace prolétarienne a pesé bien des fois sur les choix des gouvernants, locaux comme impérialistes.Par exemple, lors de la vague de décolonisation, si le colonialisme français a préféré laisser des gouvernants africains comme Houphouet ou Senghor à la tête des ex colonies, c’était pour éviter un risque plus grand : celui d’une révolution sociale. Plue récemment, si l’impérialisme français a choisi, aux côtés des gouvernants rwandais, la voie du génocide, c’est face à un soulèvement social débuté quatre plus tôt, en 1990. Et, en Afrique du sud, si la bourgeoisie blanche du pays ety l’impérialisme ont choisi de supprimer l’apartheid et de mettre Mandela au pouvoir, c’est face au risque que faisait peser le prolétariat révolutionnaire d’Afrique du sud. Le risque de quoi ? le risque d’un pouvoir communiste révolutionnaire capable de s’étendre à tout le continent et de menacer les métropoles iméprialistes elles-mêmes.
En Afrique comme ailleurs, l’histoire est en train d’être écrite par les masses populaires elles-mêmes et pas par ceux qui prétendent diriger nos sociétés. Pour tous ceux qui l’ignoraient, les travailleurs africains sont en lutte. L’Afrique connaît d’autres événements que des guerres, des guerres civiles et des massacres. Les masses luttent pour se libérer des dictatures, de la misère, de l’exploitation et de l’oppression. Et elles ont une action autonome. Un « chef syndical » guinéen avouait : nous n’avons fait que suivre l’action des travailleurs. Quant à l’ « opposition politique » guinéenne n’osait même pas suivre les travailleurs dans leur lutte. Nous ne voulons tirer de ces événements aucune leçon à donner aux dirigeants africains ni occidentaux. Nous ne voulons nullement discuter avec les chefs politiciens, chefs d’Etat, chefs militaires, ni officiels ni des divers groupes armés, ni encore des partis bourgeois, des chefs ethniques, claniques, villageois ou familiaux. Ni même avec les chefs des oppositions politiques ou syndicales. Mais nous n’avons aucun conseil à donner à ces gens là. Nous n’avons rien de bon à attendre d’eux. Prétendre qu’ils peuvent nous défendre, ce serait nous mentir. Nous ne pouvons et nous ne devons compter que sur nous-mêmes, que sur ceux qui ne vivent que de leur travail, que sur les paysans pauvres, sur les pêcheurs, les petits vendeurs, les ouvriers, les petits fonctionnaires, les salariés et les chômeurs, en somme les prolétaires. Et, pour nous, tous les modes d’organisation que l’on nous a imposé, qu’il soit politique, syndical, qu’il soit familial, clanique, tribal, ethnique, religieux, régional, féodal, qu’il se fasse derrière la maffia politicienne, la maffia affairiste, la maffia des bandes armées n’ont rien à voir avec nos intérêts.
Nous ne nous adressons pas à tous ces gens là, nous n’avons aucune proposition à leur faire pour « mieux gérer » la société. Nous ne souhaitons qu’une seule chose : que les opprimés et tous ceux qui veulent choisir leur camp ne comptent que sur leurs propres forces, que sur leur propre mode d’organisation, sur nous-mêmes.
Et, tout d’abord, il nous faudra tirer des leçons du passé, nos propres leçons, pas celles de tous ces hommes de pouvoir, de tous ces hommes de la violence d’Etat, de tous ces hommes qui ont participé au vol des richesses et à l’exploitation des peuples.
Nous devons comprendre comment des vagues de lutte ont pu être détournées. Cela commence par le combat de l’indépendance, puis celui de la démocratie et du multipartisme, pour continuer par le combat des travailleurs d’Afrique du sud et cela doit aller jusqu’aux luttes actuelles. Nous devons comprendre comment la lutte des travailleurs et des jeunes d’Afrique du sud, des township et des mineurs, a pu mener à la fin de l’apartheid sans que le sort des noirs pauvres ne change, sans que les profiteurs cessent d’exploiter le pays à leur profit exclusif. Nous devons comprendre pourquoi la lutte des jeunes, des femmes et des travailleurs au Mali en 1991 a permis de faire chuter le dictateur Moussa Traore sans que la réalité de la misère, de l’exploitation et du chômage ne cesse de s’aggraver. Nous devons tirer le bilan des luttes actuelles en Afrique, par exemple de multiples grèves générales ouvrières en Guinée.
Encore une fois, il convient d’abord de ne pas faire de contresens. Ce ne sont pas les oppositions politiques, Ce ne sont pas les oppositions armées, ce ne sont pas les directions syndicales, ce ne sont pas les associations humanitaires, ce ne sont pas les humanistes qui vont tirer le continent de l’ornière. L’histoire est faite par les masses populaires. Comme elle l’a toujours été. Comme dans la révolution française de 1789. Comme lors de la révolution russe de 1917. Aucune transformation réelle de la société n’est possible sans l’action autonome des masses populaires, des travailleurs, des jeunes, des femmes et des chômeurs.
Il n’y a de changement réel que si ceux-ci décident de se donner à eux-mêmes des perspectives. Aucun sauveur ne peut nous tirer d’affaire. La question que nous posons est donc celle-ci : que les opprimés se donnent leur propre objectif, leur propre manière de s’organiser en vue de changer la société. Ce sont les idées communistes révolutionnaires qui doivent nous permettre d’étudier l’histoire et de gagner les combats à venir. Pour cela, il est inévitable que des militants révolutionnaires acquièrent une conception politique, une philosophie révolutionnaire, leur permettant d’ouvrir cette voie. Rien ne se fera simplement par la spontanéité.
Et d’abord, il convient de ne pas ignorer que la classe ouvrière existe et se bat …

4-28-2 Mali

Statistiquement l’un des pays les pauvres du monde, le Mali est pourtant l’un des plus riches en ressources naturelles. Il regorge de minéraux divers et variés, du phosphate à l’étain, et du fer à ce métal précieux qui fait rêver nos esprits occidentaux : l’or. Le pays a indéniablement le potentiel pour se développer économiquement, encore faut-il que les investisseurs s’y intéressent.

« Attention, périmètre protégé. Pas de caméras, pas d’armes ». En pleine brousse, la mine d’or de Morila, avec son imposant dispositif de sécurité et ses installations de pointe, tranche avec la pauvreté des villages alentours. Le contraste est saisissant : dans cette partie Sud du pays, ni électricité ni eau courante pour les populations, alors que non loin de là grouille un monde occidentalisé et de hautes technologies, qui concentre d’importants investissements.
Dans cette mine à ciel ouvert de 1200 mètres de long, 800 de large et 120 de profondeur, quelque 70 000 tonnes de pierres sont arrachées chaque jour au sol ocre par de gigantesques monstres aux mâchoires d’acier. Sur cette quantité, seules 10 000 tonnes sont estimées « exploitables », c’est-à-dire qu’elles contiennent du minerai. N’en sortiront finalement que 3 à 4 kilos d’or, après de multiples traitements à l’acide citrique et à l’ammoniac, le long de convoyeurs. Deux fois par semaine, l’or ainsi obtenu est fondu en lingots de 15 kilos dans la chambre forte, pièce interdite au public, où les employés n’entrent que dans le plus simple appareil pour empêcher tout vol. La mine, par sécurité, ne stocke pas le métal précieux, qui est évacué par voie aérienne vers la capitale et de là, vers l’Europe, où il sera vendu aux cours internationaux.
Principale denrée exportée par le Mali, l’or représente, en valeur, 66% des exportations du pays, et 96% des ressources dégagées par le secteur minier. « Ce potentiel aurifère remonte à des temps immémoriaux », précise Wally Diawra, directeur adjoint de la direction nationale de la géologie et des mines (DNGM). Dès le XIIIe siècle, on l’exploitait de manière traditionnelle, par orpaillage, avec des batées. Les rois offraient de l’or à leurs voisins, pour rester en bons termes. Puis l’Etat s’est approprié les mines, tout en continuant une pratique d’exploitation traditionnelle donc peu productive. Mais, depuis une vingtaine d’années, sous l’influence du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale, l’Etat s’est désengagé de ses mines, sous prétexte d’une mauvaise gestion.
Les géants aurifères sud-africains actionnaires des mines maliennes pratiquent désormais une exploitation industrielle intensive et rentable des gisements, faisant du pays le deuxième producteur d’or au monde. Toutefois, tous les capitaux ne fuient pas à l’étranger. En effet, si la participation de l’Etat est limitée à 20% du fait des règles du FMI, à Morila, les 24 tonnes d’or extraites chaque année (un peu plus des deux cinquièmes de la production totale) rapportent au gouvernement 45,6 millions d’euros. A cela s’ajoutent les divers charges et impôts, tels que la taxe sur la valeur dégagée par la mine (une taxe industrielle de 35%), ou la taxe sur le salaire des expatriés. En 2002, la production d’or a ainsi contribué pour 12,4% à la richesse nationale du Mali ! Et les populations locales, particulièrement déshéritées, ne sont pas oubliées : la direction de leur mine a mis en place un fond de développement à leur intention, et leur fournit gratuitement de l’électricité.
Wally Diawra regrette cependant que les gains dégagés ne soient pas directement réexploités par la DNGM pour financer ses autres activités comme la recherche de nouveaux gisements, plutôt que de « disparaître dans le budget global de l’Etat ». En effet, le DNGM a commencé à s’orienter vers une diversification de la production, pour « prévenir une chute des cours [de l’or] qui serait néfaste au budget et au fonctionnement de l’Etat ». Ainsi, elle prospecte actuellement des métaux à forte valeur ajoutée, tels que le plomb, le zinc, le nickel et l’étain, que le sous-sol abriterait. Une estimation des réserves pétrolières est également en cours. Il s’agit pour le Mali d’attirer les investisseurs étrangers qui pourraient faire fleurir ces projets, le pays, faute de moyens, ne pouvant assurer seul leur exploitation. L’administration s’efforce donc de mettre à dispositions de ces investisseurs potentiels des cartographies précises des substances minérales, a révisé le code minier de 1991 pour rendre l’exploitation plus attractive sur le plan fiscal et projette enfin de créer un site web pour faire connaître le Mali et ses potentialités.
Malgré ces efforts de diversification, l’or reste bien sûr la vedette, et les recherches de nouveaux gisements se concentrent en priorité sur le métal précieux. Sept nouvelles mines sont déjà en projet, pour remplacer d’ici à 2010, les exploitations actuelles, qui pourraient rapidement s’épuiser : l’avenir économique du Mali est appelé, pour longtemps encore, à rester placé sous le signe de l’or.

Juillet 2005 : Grève de la mine de Morila
L’or est le principal produit d’exportation (57 % des exportations) du Mali, qui en est le troisième producteur africain après l’Afrique du Sud et le Ghana.
Tout commence il y a quelques années quand la Banque Mondiale pousse le Mali - troisième plus grande réserve d’or d’Afrique - à privatiser son industrie aurifère. A Morila (région de Sikasso dans le sud du Mali), la société qui exploite la mine est confiée à deux grandes firmes sud-africaines, Anglogold Ashanti et Randgold Resources, qui se partagent 80% du capital de l’entreprise. L’Etat malien doit quant à lui se contenter des 20% restant, de maigres royalties et de quelques promesses de « développement » de la région. Une autre entreprise importante d’exploitation de l’or au Mali est la SEMOS appartenant à 38 % à AngloGold (Afrique du Sud, n° 2 mondial de l’or), 38 % à IamGold ( junior au Canada, et assez présent au niveau mondial), 18 % à l’État malien, 6 % à la Société Financière Internationale (SFI ou IFC en anglais, membre du Groupe de la Banque Mondiale, fondée en 1956 sur inspiration des États-Unis, elle se présente comme « la plus importante source de financement sous forme de prêts et de prise de participations pour les projets du secteur privé dans les pays en développement. Elle facilite un développement durable du secteur privé ». Cette répartition des parts sur la mine de Sadiola n’est pas la même sur celle de Yetela où est absente la SFI, ses 6 % étant repartis également entre les trois autres actionnaires. L’autre multinationale sud-africaine RandGold qui exploitait la mine de Syama l’a cédée à Resolute Mining d’Australie en 2004. L’exploitation de l’or au Mali se fait selon les experts à faible coût. Sur les conséquences sociales et écologiques de l’exploitation de l’or à Sadiola, on peut consulter le Rapport de la mission d’enquête des Amis de la Terre sur www.amisdelaterre.org
Satisfaites de cette belle répartition, les multinationales s’empressent de vider le site, inauguré début 2001, de son précieux métal. Ainsi, alors que les travaux d’excavation sont prévus pour durer jusqu’en 2011, les deux tiers des réserves - estimées à 120 tonnes - ont été extraites en seulement... quatre années. Une surproduction hâtive qui n’a aucun lien, on s’en doute, avec les exonérations fiscales dont bénéficient les multinationales pendant leurs trois premières années d’activité. Ce qui a permis, selon Jeune Afrique, Morila-SA de réaliser « un chiffre d’affaires de 295,9 millions de dollars en 2005 pour un bénéfice net de 117,4 millions de dollars ! Un résultat qui en fait la première société minière d’Afrique de l’Ouest par les revenus et l’une des plus rentables d’Afrique par le ratio résultat net sur chiffre d’affaires. » (« Mali, à qui profite l’or jaune ? », 30 juillet 2006).
C’est à une filiale du groupe Bouygues que l’on doit une grande partie de cet exploit productiviste : la Somadex, Société Malienne d’Exploitation (sic), qui recrute et « gère » la main d’œuvre locale pour le compte des compagnies sud-africaines. Une « gestion » stakhanoviste et pour le moins musclée, à en croire ceux qui ont travaillé pendant des années à l’ombre des barbelés inviolables de l’usine. Les griefs abondent : travail douze heures par jour, six jours sur sept ; précarité institutionnalisée ; non-paiement des heures supplémentaires, des congés, des primes de risque ; harcèlement continuel des responsables syndicaux ; surveillance permanente des employés ; vexations en tout genre ; accidents du travail à répétition ; etc. L’« efficacité » économique n’est rarement qu’une opération du Saint-Esprit.
SOMADEX (Société Malienne d’Exploitation), filiale du groupe Bouygues est chargée de la « gestion » de la « main-d’œuvre » : cadences infernales, surtout au regard des conditions particulièrement hostiles de la mine (les mineurs travaillaient 12 heures par jour, 6 jours sur 7, jusqu’à 2003 où un débrayage déjà a permis de ramener l’horaire quotidien à 8 heures), licenciements abusifs, falsifications de contrats de travail, heures supplémentaires non payées, harcèlement anti-syndicats, injures raciales de la part de l’encadrement...Tel serait le lot quotidien des mineurs. A cela s’ajoute les dégâts de l’exploitation de la mine sur son environnement : pollution des sols au cyanure et à l’arsenic, troupeaux intoxiqués, etc. Mais ce qui a mis le feu aux poudres, c’est le non-paiement de quatre années de primes prévues par la convention collective de la branche lorsque la production dépasse les prévisions. Or, depuis 2000, le site de Morila dépasse réguliérement les résultats attendus, au prix donc d’une exploitation humaine et écologique insensée, mais la direction de la SOMADEX refuse obstinément de partager la moindre miette du magot aurifère.
Dans ces conditions, il n’a pas fallu attendre longtemps pour que les ouvriers commencent à se rebeller contre les patrons zélés de la Somadex. Deux ans après une grève victorieuse qui avait permis de réduire les horaires de travail, le conflit larvé s’est transformé en opposition frontale à l’été 2005, lorsque les employés ont eu l’outrecuidance de réclamer leur dû : les primes de rendement, prévues par la convention d’établissement des mines en cas de surproduction, dont ils attendaient le versement depuis quatre ans.
La grève commence par un conflit de trois jours les 5,6 et 7 juillet 2005. Le lendemain de la reprise du travail, 17 mineurs sont licenciés. En solidarité avec les licenciés, tous les mineurs décident la grève illimitée. Malgré les pressions de la direction et l’attitude ambiguë du Syndicat National des Mines (SECNAMI), sensible aux pressions de la direction, le Comité syndical refuse d’arrêter l’action avant d’avoir obtenu la réintégration des licenciés. Plutôt que de faire marche arrière, la SOMADEX choisit la manière forte. Le 31 juillet, la direction raye 311 mineurs de ses effectifs pour « abandon de poste ». Ce nombre est rapidement porté à 530 car des ouvriers qui avaient accepté de reprendre le travail refusent les conditions de reprise que voudrait imposer la direction, c’est-à-dire la renonciation à leurs acquis. Le 12 août, la SOMADEX fait arrêter cinq dirigeants syndicaux pour « escroquerie ». Ils sont libérés sous caution mais le 14 septembre, deux bus servant au transport des mineurs ayant pris feu en pleine nuit, l’entreprise accuse les mineurs et 32 d’entre eux sont immédiatement arrêtés sans la moindre preuve. Ce dur conflit mériterait d’entrer dans les annales des grandes batailles ouvrières. Face à la grève, la Somadex répond par le lock-out et les licenciements massifs (plusieurs centaines de mineurs licenciés en août 2005). Pour contrer la détermination des grévistes et de leurs familles, les gendarmes du coin - subventionnés, heureux hasard, par les multinationales dans le cadre du contrat de « développement » local... - procèdent à l’arrestation des leaders syndicaux. Et quand, en septembre 2005, deux bus de la Somadex prennent mystérieusement feu, à quelques mètres de la gendarmerie, le mouvement de contestation est décapité : trente deux grévistes sont raflés, et emprisonnés. Une belle opération que les grévistes soupçonnent fort d’être une provocation. Neuf d’entre eux sont toujours détenus. Aucune preuve ne semble avoir été donnée de leur implication dans l’incendie des bus de la Somadex.
Ayant, depuis l’été dernier, écarté les gêneurs et remplacé la plupart des grévistes, Bouygues peut donc poursuivre tranquillement l’exploitation de la mine de Morila. Et ce n’est pas TF1, sa filiale télévisée, qui viendra l’en empêcher en enquêtant sur les agissements de la maison mère. Les chaînes concurrentes non plus d’ailleurs... Trop banal, sûrement.
Une vingtaine ont été par la suite relâchés, au moment où était arrêté (en octobre 2005), le secrétaire administratif du comité syndical, Karim Guindo. Pour échapper à cette répression, les autres dirigeants syndicaux, dont le secrétaire général, Amadou Nioutama, sont contraints à la clandestinité. Leur principal délit est d’avoir voulu perturber l’accumulation du surprofit néocolonial par cette entreprise se comportant comme en territoire conquis. Ce qui pouvait par ailleurs servir de mauvais exemple aux travailleurs des autres entreprises exploitant l’or au Mali qui ne sont pas plus soucieuses des droits des travailleurs et de l’environnement. Occupation d’autres mines d’or du Mali menant à la création d’écoles de villages.
Pourtant, cette arrogance a fini par lasser le gouvernement malien dont le projet de maintien au pouvoir à l’issue des prochaines élections pouvait être contrecarré par le non-respect, par Bouygues, à travers sa filiale Saur International, du contrat de partenariat d’Énergie du Mali (EDM) établi en 2000. En effet, Saur s’est avéré davantage intéressé par les profits à court terme (hausse des tarifs d’eau et d’électricité) que par les investissements qu’il s’était engagé à réaliser qui devaient favoriser l’extension des réseaux de distribution d’eau et d’électricité. Ainsi, l’État malien s’est vu obligé de lui retirer, en octobre 2005, son statut d’actionnaire majoritaire dans EDM, violant ainsi le sacro-saint principe néolibéral d’amaigrissement du patrimoine économique des États, alors que la réunion des ministres de l’Économie et des Finances de la Zone Franc (des 19 et 20 septembre 2005, à Paris) venait de lui recommander, entre autres, de « poursuivre la mise en oeuvre du programme économique et financier soutenu par le FRPC, notamment les réformes structurelles dans les secteurs cotonniers et de l’électricité ». Cet acte à motivation plutôt électoraliste lui a valu une mission spéciale de la Banque Mondiale et du FMI, dont le programme de lutte contre la pauvreté n’inclut pas la baisse des tarifs d’eau et d’électricité en faveur des pauvres, de surcroît par une entreprise majoritairement étatique.

Texte de la pétition des grévistes :
« À la mine d’or de Morila, dans le Sud du Mali, 530 mineurs employés par la société malienne SOMADEX, filiale de Bouygues, sont contraints à une grève ouvrière illimitée, radiés de leurs droits, sans autorisation de l’inspection du travail. Leurs familles restent privées de revenus, d’accès aux soins et d’éducation. Tombé à point nommé, l’incendie de deux bus au sein de la gendarmerie a permis de justifier l’accusation et l’emprisonnement de 32 mineurs innocents ; 9 d’entre eux sont encore incarcérés à la maison d’arrêt de Bougouni depuis le 14 sept 2005. Tous ces faits sont aussi l’oeuvre de la SOMADEX.
Les raisons de la grève sont légitimes : contrats falsifiés, conditions de travail inacceptables : salaires, primes de rendement, heures supplémentaires et congés non payés, accident de travail non pris en compte, licenciements abusifs, propos racistes et discriminatoires des expatriés français et cadres supérieurs africains, etc.
Les conséquences sociales et environnementales sont alarmantes : promesses non tenues concernant le développement des villages, construction de moulins, puits et barrages non fonctionnels, mare d’épandage des eaux usées de la mine, pollution des sols au cyanure et à l’arsenic, morts de troupeaux de moutons intoxiqués, etc. Nous appelons toutes les forces syndicalistes, progressistes, tous les mouvements citoyens, les défenseurs des droits humains, à la pression internationale sur la multinationale Bouygues pour :

 la réintégration des 530 mineurs dans l’entreprise Somadex aux postes qu’ils occupaient,

 la libération immédiate des 9 détenus et l’abandon des poursuites injustifiées à leur encontre,

 la réouverture de réelles négociations pour l’amélioration des conditions de travail et des salaires et sur le respect de l’environnement. »

Début novembre, c’est l’Union nationale des travailleurs du Mali (UNTM) qui a organisé une grève d’avertissement pour la « mise en application d’un plan social en faveur de tous les travailleurs licenciés des sociétés et entreprises d’État, la réintégration des syndicalistes mutés de manière illégale, la baisse des prix des produits de première nécessité ».

Publié le mercredi 12 octobre 2005
Historique de notre lutte

Le 10 mars 2005, nous avons adressé une lettre au directeur de l’entreprise Somadex. Nous y faisions état du comportement du chef du personnel Ballamourrou Diarra. Nous demandions également à ce qu’on le change de poste, sinon bien que nous ne le voulions pas, le chantier risquer de s’arreter un jour par sa faute, et le directeur serait responsable de l’arrêt éventuel.
La Secnami (Section Nationale des Mines et des Industries), l’UNTM (Union Nationale des Travailleurs du Mali), le ministère des mines, la primature, ainsi que la présidence de la république ont tous reçus une copie de cette lettre, mais personne n’a réagit pour condamner les actes de Ballamourrou Diarra que nous dénonçions.
Quand le comité syndical a demandé d’annuler les faux contrats de travail que le chef du personnel de la SOMADEX a falsifié en réaction à cette demande du syndicat, la direction de la SOMADEX a adressé une demande d’autorisation de licenciement du sécretaire général du syndicat auprès de l’inspecteur régional du travail. Demande refusée par l’inspecteur. En réaction, le chef du personnel a sorti une pétition contre le secrétaire général au nom des travailleurs. Cherchant à dissoudre le comité syndical depuis l’entreprise SOMADEX a un effectif de plus 700 employés, elle n’a guère d’ambulance, de clinique, et a négligé la présence d’un médecin pour les soins des travailleurs dans un environnement à haut risque comme une mine. Nos femmes accouchent parfois dans nos maisons. Les travailleurs rendent l’âme sur leurs lieux d’accident par faute d’évacuation par ambulance. Le directeur administratif et financier refusent la prise en charge par l’entreprise des personnes malades, qui décèdent par la suite. Devant cet abus et cette exploitation, les travailleurs ont demandé au directeur de projet d’arrêter la distribution de cette pétition contre le secrétaire général sinon la conséquence serait soldée par l’arrêt du travail. Le directeur resta passif a cette situation, alors le cumul de tout c’est évènement entraîna un préavis de grève de 72 heures le 21 juin 2005. L’incursion des agents des forces de l’ordre (2 camions remplis de gendarmes) au domicile de notre secrétaire général le 25 Octobre 2005, après une réunion conjointe tenue à Bougouni, du juge et des CBs (commandant de brigades) de Bougouni et de Koumantou. Le plan initial était d’attirer le secrétaire général dans un piège au camp 1 de la gendarmerie de Bamako afin de pouvoir l’arrêter. On lui a envoyé à cet effet un gendarme de Koumantou affecté a Bamako. Mais Nioumanta, fort d’une expérience précédente, ou il avait arbitrairement été arrêté le 12 aout 2005 par le CB de koumanou, Moussa Magassa, avec quatre camarades, a déjoué le piège en refusant de se rendre au camp 1. Les arrestations du mois d’Aout visaient le but manifeste d’empêcher le comité syndical de rencontrer alors le secrétaire général de la Présidence de la république qui est Modibo Sidibé. Et il se trouve que le 25 Octobre le comité Syndical avait rendez-vous avec le président ATT !
Le gendarme conduit est alors parti, et est revenu avec du renfort. Constatant que Nioumantan était absent, Les gendarmes qui opéraient sans le moindre mandat légal, on voulut prendre en otage sa femme et son fils en vue de le forcer à se rendre. Mais la résistance de la famille et des voisins a fait échec à ce plan machiavélique.
Après de vives altercations, les gendarmes ont arrêté le secrétaire administratif du comité, Karim Guindo qui était en train de prier. Ils l’ont enlevé manu militari et conduit de force en prison à Bougouni en procédant en outre à l’enlèvement : - de deux véhicules automobiles qui ont emporté une somme de trois millions quarante mille franc CFa pris dans la chambre - d’un cachet du comité syndical - de deux lettres de l’ex président à Alpha Oumar Konaré - et d’un dossier contenant 170 contrats falsifiés par Balamourou Diarra, Chef du personel de la SOMADEX
L’assaut prémédité du 25 Octobre représente a l’évidence une répétition des actes de banditismes des mêmes forces liberticides de Bougouni qui ont tout fait le 12 Aout pour empêcher une rencontre avec les pouvoirs publics nationaux, rencontre susceptible à leurs yeux de les démasquer. Mais le fait qu’ils aient trouvé au camp 1 les relais et renforts pour exécuter de Bougouni des forfaits à Bamako prouve suffisamment qu’il s’agit d’une provocation encore plus étendue au moment ou le comité syndical devait rencontrer le Président ATT. Sans cesser un instant de se demander jusqu’ou remonte cette provocation le comité syndical a réussi à rencontrer le conseiller (Mr Boue Siby) du président de la république, chargé de rencontrer le comité syndical le 26 Octobre 2005 et l’a informé de tous les faits.
Nous rappelons également que la déclaration de Mr Morange Cristophe Directeur de la communication de Bouygues est inexact, dans laquelle il écrit que la seule revendication des mineurs portait sur le départ du chef de personnel, M. Balamourou Diarra.
Il s’agit d’un combat que nous menons, nous les mineurs, depuis 2001, nous avons été licenciés pour fait de grève en juillet 2005 suite à des revendications légitimes concernant les droits fondamentaux du travail : contrats falsifiés, salaires, congés et heures supplémentaires non versés, licenciement systématique, corruption du syndicat des mines, conditions de travail déplorable, aucune protection santé, accidents de travail non reconnus, nombreuses promesses pour le développement du village non tenues, etc.
32 d’entre nous ont été arrêtés entre le 14 et le 16 septembre 2005 pour des motifs non prouvés, et aujourd’hui 9 grévistes sont encore détenus dans des conditions déplorables et illégales à la maison d’arrêt de Bougouni (région de Sikasso- sud du Mali).
 : Nos revendications

 Libération immédiate et inconditionnelle de tous les détenus de Bougouni et radiation des forces de l’ordre liberticides du Chef de Brigade de Bougouni et Koumantou et du juge de Bougouni.

 Halte aux lock-outs frauduleux des patrons voyous et racistes qui visent à licencier des salariés et réviser à la baisse des accords pour ensuite reprendre une activité à moindres coûts.

 Reprise immédiate et inconditionnelle de tous les mineurs licenciés.

 Paiement intégral des salaires de toute la période d’interruption.

 Paiement par la SOMADEX-BOUYGUES des primes de rendement des années 2000, 2001, 2002, 2003, 2004, 2005 conformément á l’annexe 4 de la convention d’établissement et du code minier.

 Révision inconditionnelle du code minier au profit du Mali, de ces communautés, et de ces mineurs.

 Journée de 8 heures réduite à 6 heures du fait des travaux insalubres et au fond de la mine.

 Reconnaissance par la SOMADEX-BOUYGUES et ANGLOGOLD du Comité syndical d’entreprise.

 Contre les licenciements en masse des ouvriers de Morila, de Huicoma, et Itema.

 Assurance chômage au frais de l’Etat et des entrepreneurs.

 Imposition des banques, des propriétaires d’entreprise et plantations, des hauts fonctionnaires au profit des chômeurs.

 Halte à l’ingérence policière dans les grèves. Création de commissions ouvrières élues pour le contrôle du travail, du paiement des salaires et de l’embauche des ouvriers.

 Dehors Balamourou Diarra et tous les dirigeants expatriés racistes !

 Reconnaissance du comité syndical de la SOMADEX dirigé par le camarade secrétaire général Amadou Nioumanta qui mène une lutte juste et légitime déjà reconnus par le SYNACOME (Syndicat national de constructions civiles des mines et de l’énergie)

 Établissement de contrat de travail réel aux lieux de faux contrats ou de contrats constamment falsifiés par le chef du personnel Balamourou Diarra.

 Restitution des 3.400.000 F Cfa

 Restitution des 2 mercedès et tous les documents et matériaux emportés la nuit du 25 Octobre

 Paiements des dommages et intérêts et tous les biens perdus lors de leur arrestation entre 0h et 03h du matin le 14 et 16 Septembre 2005 par les CBs de Koumantou et Bougouni suite à l’incendie de 2 bus à zero mètre des gendarmes dans la gendarmerie !

 Mise en place d’un comité syndical ouvrier affilié aux syndicats européens

 Une copie du marché pour l’amélioration de nos salaires

 Et le paiement des salaires et rappel (arriérés) des travailleurs par rapport au barème du cahier du marché

Un comité de soutien aux grévistes s’est constitué, pour exiger la libération des emprisonnés et la réintégration de tous les grévistes. Il dénonce les conditions de travail extrêmement dures : il a fallu une grève, en 2003, pour que la journée de travail soit ramenée de douze heures à huit heures ; les mineurs travaillent encore six jours sur sept et les accidents du travail sont nombreux ; le comité dénonce aussi le non-paiement des heures supplémentaires, les méthodes brutales et les propos racistes des expatriés français et des cadres supérieurs africains, le harcèlement des syndicalistes. Il rappelle enfin que l’exploitation de la mine a pollué les sols au cyanure et à l’arsenic et a intoxiqué des troupeaux de moutons.
Ici, Bouygues a fait ses profits sur la santé et la vie des travailleurs du bâtiment. Là-bas, il continue à détruire la vie des travailleurs, et avec des méthodes encore plus brutales. Bouygues doit réintégrer immédiatement les grévistes licenciés !

OU S’EN VONT LES RICHESSES DU MALI ?

Une situation économique et sociale catastrophique

Le pays est classé ? selon les critères des institutions du système des Nations Unies, parmi les
pays les plus pauvres du monde :

 753 dollars de PIB (produit intérieur brut) par habitant (identique au Niger, contre 1573 au Cameroun, 6024 au Gabon, 4676 à la Guinée Bissau et 9000 à l’Afrique du sud et au Mexique et surtout à comparer aux 23 000 de l’Angleterre et de la France, aux 35 000 des USA)

 plus de la moitié des Maliens ne savent ni écrire ni lire (contre 20% au Cameroun et 30% au Congo)

 une mortalité infantile de 13% (contre 10% au Centrafrique, 9% au Congo, 8% au Cameroun)

 une armée de 7300 soldats ( contre 2500 au Tchad en guerre permanente ou 7000 en Côte d’Ivoire qui a un PIB quatre fois supérieur)

 le service de la dette représente 12,2% des exportations

Pourtant les résultats économiques sont loin d’indiquer une telle catastrophe :
- une augmentation de 4,4% de croissance économique en 2000 pour contre 2,7% pour la période 1995-2000.

 une production céréalière record en 1999-2000 : 2 951 600 tonnes

 le Mali compte une production de coton de 600.000 tonnes, d’or de 55 tonnes

 un doublement de la part du secteur minier dans le produit national brut (PNB)

 90 millions de dollars de recettes touristiques

Pourtant , le Mali est un grand producteur d’or :
- une production d’or sans cesse en hausse : d’une production de 24,356 tonnes d’or en 1998 nous avons atteint 26,675 tonnes en 1999 ; 29,679 tonnes en 2000 et 51,306 tonnes en 2001. On annonce 55 tonnes en 2002.

 Après celle de Kaolack, les mines de Morila (la dernière en date et l’une des plus prometteuses), de Syama, Sadiola situées dans les régions Sud et Ouest du Mali ont dopé une production qui a presque doublé en moins de cinq ans, passant de 25 à 52 tonnes de production annuelle. La mine d’or de Morila représente un investissement de près
de 90 millions de dollars américains soit plus de 60 milliards de francs CFA.

 Modibo Coulibaly, le directeur national de la géologie et des mines, déclare : « Le Mali se place aujourd’hui au 3e rang des producteurs africains d’or après l’Afrique du Sud et le Ghana. Depuis 1999, l’or a d’ailleurs ravi au coton la première place des produits d’exportation. La production industrielle d’or au 31 décembre 2001 est de 51,307 tonnes. Si on ajoute à cela la production artisanale et semi-industrielle, on approche facilement les 55 tonnes. Ceci représente un chiffre d’affaire de près de 300 milliards de Fcfa . 36 à 40 % du chiffre d’affaires réalisé par les sociétés minières reviennent au pays. »

 « La diversification de la production minière est un des aspects important de la politique minière. Les substances concernées sont entre autres, les métaux de base -cuivre, nickel, plomb, zinc- les substances précieuses autres que l’or -diamant, grenats, améthyste, etc-, les substances énergétiques -pétrole, gaz, charbon, schistes bitumineux et tourbes. Il y a aussi l’étain, le manganèse, le fer, le calcaire pour la fabrication de chaux et les matériaux de construction (marbre, argile, calcaire, dolomite, gypse etc.). Il y a encore la découverte de pierres précieuses dans les localités de Sangafé, Sandaré et Nioro. »

 des mines comme celles de Kodiéran, Loulo, Ségala, Tabakoto et Kalana ne sont pas encore en exploitation

 sur143 titres miniers en vigueur dans des mines d’or, 55 titres appartiennent à des sociétés maliennes. Trois coopératives disposent de titre minier. Il s’agit de la coopérative des orpailleurs de Dialafara, celle des orpailleurs de Sitakili, et le GIE des orpailleurs de Dioulafoundouding. Pour tous les autres, il s’agit de grandes entreprises capitalistes. Par exemple, les actifs miniers de Semafo en Afrique de l’Ouest s’élèvent à fin 2001 à 61,5 millions de dollars. En trois années, ils ont pu augmenter de 49,5 millions de dollars. Ils se répartissent comme suit : 20,3 millions de dollars pour la Guinée ; 1,2 pour Ghana ; 3,5 pour Burkina Faso ; 7 pour Mali ; 0,33 pour la Côte d’Ivoire et 28,8 millions de dollars pour le Niger.

Le problème du coton
L’une des catastrophes nationales en termes de production est celle du coton dont la baisse des cours a catastrophiquement handicapé les paysans. Durant la campagne agricole 1999-2000, les paysans maliens avaient décidé de boycotter la culture du coton, pour manifester leur désaccord sur les prix proposés aux producteurs. La conséquence fut une chute de près de moitié de la production après la récolte record de 500.000 tonnes de coton graine réalisée une saison plus tôt.

Les chefs politiques

Le général à la retraite Amadou Toumani Touré, avait remporté le deuxième tour de l’élection présidentielle, avec 1.099.653 voix, soit 64,35% des suffrages. La participation a été faible. Elle était au premier tour de 38% des inscrits. Au second tour, elle n’était plus que de 30,17%.
Le ton mesuré et courtois du candidat de l’Adema, l’alliance des partis au pouvoir à Bamako, tranche d’avec le ton de ses interventions d’entre les deux tours : Cissé a félicité son adversaire, contribuant à faire croire à la validité du « processus de démocratisation » du pays.
Les biens des présidents entrant et sortant seraient de 52 millions de F CFA pour ATT et de 50 millions pour Konaré. Telles sont les déclarations des présidents entrant, Amadou Toumani Touré et sortant, Alpha Oumar Konaré qu’ils ont faites au président de la cour suprême conformément à l’article 37 de la constitution malienne.
Le Président malien âgé de 53 ans n’aurait aucune maison personnelle, mais est propriétaire de 3 terrains bâtis, à Bacadji Koroni, Lefiabougou et Magnamdougou, trois quartiers de Bamako. A Sévaré, ville à 200 Kms environ de la capitale malienne, ATT possède un verger. Comme biens meubles, le nouveau Président malien est propriétaire de deux véhicules 4x4 de marque NISSAN. D’ethnie peule, donc éleveur par nature, ATT élève des boeufs (15) et des moutons (10).
Au titre des valeurs mobilières, Amadou Toumani Touré est titulaire de 4 comptes dans des banques au Mali qui totalisent la somme de 31 995 112 F CFA. Il a aussi un compte à Paris en France, Créditeur à hauteur de 20 millions de F CFA.
Le Président sortant Alpha Oumar Konaré a révélé être propriétaire d’une maison située à l’Hippodrome d’un terrain non bâti à la "base aérienne", deux quartiers de Bamako. A Kati, à une trentaine de kilomètres de la capitale malienne, l’Ancien Président malien possède un terrain, alors qu’à Dakar, il est propriétaire d’une parcelle de 2 000 mettre carrés aux Almadies, un quartier huppé de la capitale sénégalaise.
Au titre des membres et valeurs mobilières Alpha Oumar Konaré possède deux véhicules, une Mercedes une Maxima, une importante collection de timbres du Soudan français, de la fédération du Mali, de l’Afrique Occidentale Française et du Mali. Ses comptes bancaires tous ouverts au Mali totalisant un montant de 50 602 075 F CFA.
A titre privé, l’Ancien Président malien est membre de la coopérative JAMANA, société d’édition qui public le quotidien bamakois "les Echos" ; il est également membre d’une mutuelle.

Ressources minières : 55 tonnes d’or et un secteur en expansion

Selon « Le Soleil » (Sénégal) du 15 Mars 2002, avec une production annuelle de près de 55 tonnes d’or, un chiffre d’affaires de près de 300 milliards de FCFA, le secteur minier occupe au Mali indiscutablement une place de choix -parfois méconnue- dans l’économie. Celle-ci s’est traduite en 2001 par trois faits majeurs : une amélioration de la balance commerciale du pays, un doublement de la part du secteur minier dans le produit national brut (PNB), la création de 2240 emplois.
Démonstration avec Modibo Coulibaly, le directeur national de la géologie et des mines.
Quel a été le niveau de production de l’or en 2001, son incidence sur l’économie nationale ?
Modibo Coulibaly : « La production industrielle d’or au 31 décembre 2001 est de 51,307 tonnes. Si on ajoute à cela la production artisanale et semi-industrielle, on approche facilement les 55 tonnes. Ceci représente un chiffre d’affaire de près de 300 milliards de Fcfa.
L’impact sur l’économie nationale est d’abord macro-économique.
Nous pouvons noter par là : - une amélioration de la balance commerciale car la totalité de la production est exportée - une augmentation du PNB car la part du secteur minier passe de 160
milliards à 300 milliards
Cet impact est aussi financier...

 En effet, une étude réalisée en 2001 sur la période allant du 1er janvier 1997 au 31 décembre 1999 par AIRD en collaboration avec GREAT montre que 36 à 40 % du chiffre d’affaires réalisé par les sociétés minières reviennent au pays. Pour l’année 2001, cela représente 108 à 120 milliards de FCFA. Ce chiffre se reparti entre les différents impôts et taxes payés à l’État, les impôts et taxes recouvrés sur les contrats fournisseurs et sous-traitants, les cotisations sociales, les achats locaux, le salaire du personnel malien les contributions aux fonds de développement local des communes rurales situées dans les zones minières, les dons etc. Il est aussi important de noter que les mines en exploitation courant 2001, ont crée 2240 emplois. Le Mali se place aujourd’hui au 3e rang des producteurs africains d’or après l’Afrique du Sud et le Ghana. Depuis 1999, l’or a d’ailleurs ravi au coton la première place des produits d’exportation.

Quelle évaluation faites- vous de l’application à mi-parcours de la politique minière adoptée par le gouvernement en novembre 1998 ?

 La politique minière adoptée par le gouvernement en novembre 1998 a pour objectif principal l’accroissement substantiel de la part des produits miniers dans le PIB. Au vu des résultats obtenus depuis cette date, je pense que cet objectif est largement atteint. En effet, d’une production de 24,356 tonnes d’or en 1998 nous avons atteint 26,675 tonnes en 1999 ; 29,679 tonnes en 2000 et 51,306 tonnes en 2001. Et comme je vous le disais plus haut, depuis 1999 l’or a ravi au coton la première place pour les produits d’exportation. La stratégie pour la mise en oeuvre de cette politique a été de laisser au secteur privé le rôle et la mission d’assumer les risques d’entreprise en apportant les moyens financiers matériels et humains nécessaires au
développement de l’industrie minière dans un cadre simple, clair et transparent, l’État se concentrant sur les missions fondamentales de mise en place des infrastructures de base, de création d’un environnement favorable à l’investissement et de promotion du secteur etc. Le plan d’action élaboré à cet effet est en cours d’exécution. Un Code minier attractif et incitatif a été élaboré et adopté en septembre 1999. Celui-ci a tenu compte de toutes les orientations prônées dans le document de politique minière notamment la clarté, la transparence, la participation de l’État, la stabilité des régimes fiscal et douanier, l’équité, l’incitation au réinvestissement, la protection de l’environnement, la compétitivité, l’emploi etc. Les documents relatifs à la reforme institutionnelle aussi sont en cours de finalisation. Les actions de promotion du secteur sont menées régulièrement, des documents promotionnels ont été élaborés et sont distribués lors des grands forums internationaux sur les mines. Le personnel de la Direction nationale de la Géologie et des Mines suit des cours de perfectionnement et certains agents bénéficient de cours de formation complète. Les opérateurs miniers nationaux aussi ont également bénéficié de formation. Pour attirer les investisseurs, il faut disposer d’informations sur le potentiel minier.
Dans ce cadre quatre grands projets sont en cours d’exécution. Il s’agit du Projet d’inventaire minier de l’Adrar des Iforas et du Gourma oriental sur financement BEI, du Projet SYSMIN sur financement FED, du Projet de coopération Mali- Japon sur financement du gouvernement japonais et du Projet promotion des indices sur financement du budget national, précisément du budget spécial d’investissement - BSI. D’autres projets entrant dans le même cadre démarreront au cours de cette année.

La crise du marché de l’or persiste encore. Quel est son impact sur les activités minières au Mali ?

 Elle s’est traduite par une baisse des investissements et un ralentissement des travaux de recherche, qui a eu comme conséquence l’arrêt des travaux sur 31 titres de recherche détenus
par des compagnies juniors et l’abandon par leurs titulaires de 7 autres titres. La persistance du phénomène retarde la mise en exploitation des mines de Kodiéran, Loulo, Ségala, Tabakoto et
Kalana. Pour les premiers, les études de faisabilité avaient été élaborées et adoptées avant la chute des cours sur la base de 330 dollars par once alors qu’aujourd’hui les prix oscillent toujours entre 270 et 290 dollars par once. Cela présente un grand risque pour les
investisseurs et constitue une situation pénalisante pour le développement des indices aurifères. C’est pourquoi la diversification de la production minière reste une priorité de la politique minière. Si l’on compare le coût de l’or d’avant 1997 à celui d’aujourd’hui, il y a manifestement un manque à gagner pour les différents actionnaires et pour l’État. Le FMI a même estimé qu’une chute du prix de 20 dollars coûtait au Mali et au Ghana 3 % de leurs recettes d’exportation. Enfin, une autre conséquence de cette baisse est le ralentissement des activités à Syama.

Vous avez parlé de diversification de la production minière. Quelles
dispositions avez vous prises en ce sens et quelles sont les substances concernées ?

 La diversification de la production minière est un des aspects important de la politique minière et fait l’objet d’actions actuellement en cours. Il s’agit entre autres des projets d’inventaire minier, de cartographie géologique et de promotion des indices. Les nouveaux
projets qui débuteront aux cours de cette année contribueront à faire de cette diversification une réalité. Les substances concernées sont entre autres, les métaux de base -cuivre, nickel, plomb, zinc- les substances précieuses autres que l’or -diamant, grenats, améthyste,
etc-, les substances énergétiques -pétrole, gaz, charbon, schistes bitumineux et tourbes. Il y a aussi l’étain, le manganèse, le fer, le calcaire pour la fabrication de chaux et les matériaux de construction (marbre, argile, calcaire, dolomite, gypse etc.). Les premiers seront développés en vue d’attirer les investisseurs potentiels tandis que le développement des matériaux de construction a pour but de satisfaire les besoins nationaux et de développer l’industrie minière locale.

Quel bilan faites-vous de l’implication des investisseurs privés nationaux dans le secteur
minier ?

 Les opérateurs nationaux sont bien impliqués dans les activités artisanales. Dans les activités industrielles, leur intervention reste limitée du fait des besoins financiers importants dépassant leur capacité de mobilisation. Au 31 décembre 2001, on dénombre 143 titres miniers en vigueur dont 55 titres appartiennent à des sociétés maliennes. Les structures techniques font de leur mieux pour les assister. C’est le lieu également de demander aux structures financières nationales de s’intéresser à la promotion du secteur.

Qu’en est-il de la recherche pétrolière au Mali ?

 La politique de diversification prévoit également la relance de la recherche d’hydrocarbure et dérivées. Nous sommes actuellement en train de finaliser la relecture du Code Pétrolier qui, de notre point de
vue, sera attractif et compétitif. Nous nous attachons à mettre en place une stratégie qui repose sur l’existence au Mali de 5 bassins
sédimentaires couvrant une superficie de 750.000 km2 (Taoudenit,
Nara, Gao, Iullemeden et Tamesna). D’une façon générale tous ces
bassins sont caractérisés par un faible niveau d’exploration. Les
actions prévues pour la relance de l’activité pétrolière prendront en
compte : - l’adoption d’un cadre législatif incitatif, attractif tenant
compte de l’évolution du marché international. - l’implication des
sociétés pétrolières étrangères - la réalisation de travaux significatifs
de géophysique aéroportée et de sismique dans les bassins
prospectifs - l’adoption et la mise en oeuvre de campagnes de
promotion agressive auprès de sociétés pétrolières dans les
capitales mondiales du pétrole telles que Londres. - la réalisation ou
la planification d’infrastructures de transport des hydrocarbures afin de
stimuler les investissements dans la recherche. Depuis quelques
mois, les départements des Mines et de l’Énergie d’Algérie et du Mali
discutent des termes d’un accord de coopération visant à stimuler la
relance de la recherche pétrolière. Des négociations sont aussi en
cours avec la PETRAD de la Norvège et avec Indigopools, un
promoteur qui est en relation avec plus de 300 investisseurs
potentiels du secteur. Les services techniques ont déjà procédé à une
collecte des données existantes et effectué des synthèses qui ont été
transmis aux différents partenaires. En ce qui concerne la tourbe, une
étude est en cours sur financement BEI et réalisé par le bureau
d’études finlandais Electrowatt. Nous avons bon espoir de mener ces
actions dans les meilleurs délais.

Quelles sont les mesures envisagées au Mali pour faire face aux problèmes environnementaux liés à l’exploitation minière ?

 La loi minière en son article 80 traite des dispositions relatives à la
protection de l’environnement. Toute demande d’autorisation ou de
permis d’exploitation doit être accompagnée d’une note ou d’une
étude d’impact environnementale. L’adoption de l’étude de faisabilité
est également conditionnée à celle de l’étude d’impact. Du côté de
l’administration, une équipe pluridisciplinaire effectue régulièrement
des missions de suivi des problèmes environnementaux sur les sites
en exploitation. Enfin, pour les besoins d’auto contrôle, chaque mine
dispose en son sein d’une équipe environnementale. Jusque là, nous
n’avons pas enregistré de problèmes majeurs par rapport à
l’environnement.

Quelle est la situation de l’exploitation artisanale et à petite échelle ?

 L’exploitation à petite échelle dans notre pays en est à ses début et
est représentée actuellement par quelques exploitations par dragues
de l’or -il y en a 8- dans certains cours d’eau et quelques unités
semi-mécanisées ou mécanisées d’extraction de matériaux de
construction -on n’en compte 4. C’est un créneau qui devrait intéresser
les investisseurs nationaux. Quant à l’exploitation artisanale, elle
existe toujours sous sa forme traditionnelle dans les zones ou elle était
pratiquée depuis des temps immémoriaux pour l’or et s’est élargie à
d’autres zones récemment avec la découverte de pierres semi
précieuses dans les localités de Sangafé, Sandaré et Nioro. Cette
activité est aussi régie par le Code minier qui la circonscrit dans les
couloirs délimités à cet effet. Nous apportons là également notre
assistance en amenant les orpailleurs à s’organiser afin de postuler à
des titres miniers. Déjà trois coopératives disposent de titre minier. Il
s’agit de la coopérative des orpailleurs de Dialafara, celle des
orpailleurs de Sitakili, et le GIE des orpailleurs de Dioulafoundouding.
Pour ce qui est des autres exploitations artisanales tels les carrières
artisanales, leur gestion relève de la compétence des autorités
locales.

Les signes de la relance et de la confiance

Selon « Le Soleil » (Sénégal) du 15 Mars 2002, le Mali compte une production de coton de 600.000 tonnes, d’or de 50 tonnes et surtout une Coupe d’Afrique des Nations dont la réussite a été unanimement reconnue. Le Mali engage l’année 2002 dans un climat de confiance et armé d’une foi qui devraient l’aider à relever les autres défis des prochains mois.

"Comme au lendemain de l’indépendance" ! C’est ainsi que des témoins de l’histoire politique du Mali ont qualifié l’ambiance des derniers jours qui ont précédé le coup d’envoi de la CAN quand la frénésie s’est emparée de tout le pays appelé à devenir pendant trois semaines la capitale du football africain pendant trois semaines.

Depuis quatre ans que tout le monde en rêvait, le moment tant attendu
était enfin arrivé. Le chemin fut parfois ardu, comme l’explique le
Premier ministre M. Mandé Sidibé dans l’interview qu’il nous a
accordée. La conjoncture économique, favorable au moment où la
candidature malienne avait été acceptée, avait fini par se retourner au
tournant de l’an 2000. Pour négocier ce cap délicat, le président
Alpha Oumar Konaré a confié les rênes du gouvernement à un
économiste avec pour mission de conduire l’effort de redressement,
indispensable au respect de ce que notre confrère L’Essor nomme
les "Grands rendez-vous de 2002". L’une des premières des priorités
du gouvernement dirigé par Mandé Sidibé fut la relance de la filière
coton dont les résultats catastrophiques en termes de production et
faiblesse des cours mondiaux avaient significativement affecté
l’économie malienne.

Durant la campagne agricole 1999-2000, les paysans maliens avaient
décidé de boycotter la culture du coton, pour manifester leur
désaccord sur les prix proposés aux producteurs. La conséquence fut
une chute de près de moitié de la production après la récolte record
de 500.000 tonnes de coton graine réalisée une saison plus tôt. Cette
diminution sensible d’un des principaux postes de recettes
d’exportation du Mali, en même temps que l’or dont les cours étaient
également orientés à la baisse, a un impact négatif sur les finances
publiques. La réponse du gouvernement de M. Sidibé arrive sous la
forme d’une loi de finances rectificative prenant en compte la nouvelle
donne économique ainsi que les remèdes pour remettre la
Compagnie malienne de développement textile (CMDT) à flot.

Plus qu’une revendication de quelques francs CFA de plus sur le
kilogramme de coton, la bouderie paysanne était le signe d’une crise
de confiance entre les producteurs et la société d’encadrement, qui
avait fêté, un an plus tôt et en grandes pompes, le record de
production de 500.000 tonnes et se retrouvait, quelques mois après,
dans des difficultés financières. Pour dissiper le malentendu et
re-motiver le monde paysan, le Premier ministre a pris l’initiative d’un
forum réunissant l’Etat et les producteurs pour débattre de tous les
problèmes de la filière coton et les mesures de relance dont la plus
significative a été le relèvement du prix d’achat au producteur à 200
F.CFA.

Cette décision, combinée à une bonne pluviométrie en 2001, place le
Mali dans la position de battre, cette année, son propre record de
premier producteur de coton en Afrique au Sud du Sahara avec une
prévision de récolte de 600.000 tonnes de coton graine. "La faiblesse
des cours mondiaux de la fibre ne permet pas de tirer tout le bénéfice
d’un tel résultat", note le chef du gouvernement malien, M. Mandé
Sidibé, qui se réjouit, toutefois, du nouveau consensus entre l’Etat et
les producteurs autour de la nécessité de la sauvegarde et du
renforcement de la filière coton. Tout autant que le coton, le bond
réalisé dans la production d’or, au cours des deux dernières années,
est une autre bonne nouvelle pour l’économie malienne.

Avec 50 tonnes du métal précieux extraites par an, le pays confirme
sa 3è place de producteur d’or en Afrique après l’Afrique du Sud et le
Ghana. Les mines de Morila (la dernière en date et l’une des plus
prometteuses), de Syama, Sadiola situées dans les régions Sud et
Ouest du Mali ont dopé une production qui a presque doublé en moins
de cinq ans, passant de 25 à 50 tonnes de production annuelle. Cette
montée en puissance du secteur aurifère aurait pu avoir un effet
d’entraînement plus substantiel sur les performances économiques
n’eût été là aussi l’éternel casse-tête de la chute des cours. Un signe
d’espoir a été noté ces dernières semaines avec, comme nous l’a
révélé le chef du gouvernement malien, un frémissement à la hausse
sur le marché mondial du prix de l’or. Mais comme d’une promesse
fragile, M. Sidibé en parle avec précaution, en attendant que
l’éclaircie se confirme.

Si cette tendance se confirmait, le Mali pourrait donner, dans les
prochaines années, un nouveau coup d’accélérateur à l’exploitation de
ses gisements d’or, avec l’atout supplémentaire que constitue
désormais un secteur de l’énergie (les mines en sont grandes
consommatrices) plus performant depuis la privatisation de Energie
du Mali (EDM). La fourniture de l’électricité en qualité et en quantité a
longtemps été une des entraves à la bonne marche de l’économie
malienne. La CAN 2002 a été un test grandeur-nature de la capacité
de EDM privatisée. Le pari a été tenu. Par ailleurs, l’éclairage public
est une réalité à Bamako et dans de nombreuses villes intérieures. La
société qui gère l’eau et l’électricité, après une expérience de
délégation de gestion peu concluante avec la Société Groupement
SHEC (consortium de sociétés françaises et canadiennes) a été
finalement privatisée, avec SAUR international comme repreneur pour
60% du capital, les privés nationaux et sous-régionaux se partageant
les 40% restants.

La filiale du groupe Bouygues, à l’adjudication, était arrivée devant les
groupes AES Sirocco limited, Vivendi et SNC Lavalin ESKOM. Les
télécommunications sont dans la même dynamique de réforme,
souligne le Premier ministre, l’objectif de la libéralisation du secteur
étant d’"offrir un service de qualité au plus grand nombre d’usagers et
au moindre coût possible". Dans le domaine de la téléphonie mobile,
la CAN a été l’occasion pour l’opérateur Malitel d’étendre sa
couverture aux villes de l’intérieur choisies pour abriter la compétition.
Au plan d’ensemble, le tableau de marche du Mali montre un pays prêt
à respecter " les grands rendez-vous de 2002 ". Le défi de la CAN a
été brillamment relevé. Le dernier pari à gagner par le gouvernement,
comme le demandait l’Assemblée nationale au nouveau Premier
ministre en février 2000, c’est la bonne organisation des élections de
2002, avec pour premier rendez- vous le scrutin présidentiel du 28
avril prochain.

L’ONA : chercheur d’or en Afrique

D’après « Libération » (Maroc) du 9 Avril 2002

Avec l’inauguration de la mine d’or de Kiniero (Gobelé) en Guinée le
04 avril, la filiale d’ONA/Managem, via Semafo-Guinée/Semafo
(Barbados) Ltd, passe du statut d’explorateur minier à celui du
producteur d’or. Le rythme de production prévu sera de 60.000 onces
d’or par an. La compagnie s’était déjà engagée à vendre une partie
de la production des cinq prochaines années, soit 160.000 onces d
’or, à un prix moyen de 292,50 dollars l’once. Le coût de cet
investissement est estimé à 18,4 millions de dollars dont 15,4 millions
de dollars concernent les frais d’exploration et de développement. La
construction des installations d’exploitation a été partiellement
financée, en septembre 2001, par un emprunt bancaire de 8 millions
de dollars contracté au taux de 12% à échéance de 2004. Cet
emprunt est garanti par Managem. En février 2002, la compagnie a
obtenu un autre financement de 4 millions de dollars.

Semafo est arrivée à devenir une compagnie minière grâce à
l’expertise technique et au support financier d’ONA/Managem,
rappelle son président et administrateur Benoit La Salle. La signature
d’une convention minière de 25 ans avec le gouvernement de la
Guinée lui permettra de bénéficier des avantages fiscaux qui auront
un effet important sur sa rentabilité.

Ce premier succès ouvre la voie à Semafo pour mettre en valeur ses
autres propriétés déjà acquises dans différents pays de l’Afrique de
l’ouest : Ghana, Burkina Faso, Mali et Niger. Elle poursuivra sa
stratégie qui a consisté, dans un premier stade, à concentrer ses
ressources financières et humaines sur les projets les plus avancés, à
savoir la mine de Kiniero (Gobelé) en Guinée, inaugurée cette
semaine, et la mine de Samira Hill au Niger. A elles deux, ces mines
ont mobilisé près de 64% des investissements miniers réalisés à ce
jour par le groupe. Comme on l’a cité plus haut, la mine de Kiniero en
Guinée a nécessité un investissement de 18,4 millions de dollars.

Celle de Samira Hill au Niger a nécessité une somme de 21,2 millions
de dollars. Avec le lancement du site aurifère Samira Hill au second
semestre 2002, l’investissement nécessaire atteindra 26 millions de
dollars pour une production annuelle de 1.135.000 onces. Le prix de
vente retenu de l’once est de 280 dollars.

Pour les autres mines, la compagnie compte les développer en
partenariat. Le total des investissements entrepris par Semafo en
Afrique de l’Ouest s’élève à fin 2001 à 61,5 millions de dollars. En
trois années, ils ont pu augmenter de 49,5 millions de dollars. Ces
investissements sont constitués des droits miniers détenus en
exclusivité, ou des participations indivises, sur des propriétés au
stade d’exploration et de développement. Par pays, les actifs miniers de Semafo en
Afrique de l’Ouest s’élève à fin 2001 à 61,5 millions de dollars. En
trois années, ils ont pu augmenter de 49,5 millions de dollars.
se répartissent comme suit : 20,3 millions de dollars pour la Guinée ;
1,2 pour Ghana ; 3,5 pour Burkina Faso ; 7 pour Mali ; 0,33 pour la
Côte d’Ivoire et 28,8 millions de dollars pour le Niger.

Le prix des ambitions aurifères de Semafo/Managem s’avère très
élevé. Les capitaux mobilisés pour financer cette activité dévoreuse
de fonds atteignent 76,8 millions de dollars desquels il faut déduire un
montant de 25,6 millions de dollars à titre de déficits cumulés des
trois dernières années. Il faut tenir compte, également, d’une perte de
702.549 dollars relative aux radiations des propriétés ne répondant
plus aux objectifs stratégiques de la compagnie. En plus des risques,
financiers et techniques, caractéristiques à toute activité minière, le
risque politique présenté par l’Afrique, sub-saharienne en particulier,
est un paramètre fondamental. Les filiales minières étrangères du
groupe marocain sauront-elles maintenir le cap pour rentrer dans leurs
fonds ? En tout cas, malgré le caractère aléatoire de ces opérations,
cela n’a pas empêché des sociétés internationales de tous bords,
spécialement celles cotées dans les bourses de Vancouver et
Toronto, de tenter la chance dans le continent des risques.

Le Mali pourrait devenir le 3eme producteur d’or en Afrique

Panafrican News Agency du 3 Août 2000

Bamako, Mali -
La production aurifère du Mali est estimée à 26,6 tonnes par an selon la direction nationale de la géologie et des mines, occupant ainsi la 4ème place après l’Afrique du sud, le Ghana et le Zimbabwe.

Mais avec la découverte récente et la mise en exploitation prochaine
de la mine de Morila dans le sud malien, le Mali pourrait d’ici la fin de
l’année prochaine, se hisser à la 3ème place a indiqué le directeur
national de la géologie et des mines M. Ibrahim A. Kantao.

Selon lui, la mine d’or de Morila représente un investissement de près
de 90 millions de dollars américains soit plus de 60 milliards de
francs CFA.

La mine d’or de Morila a un potentiel de 150 tonnes d’or et une durée
de vie estimée à plus d’une dizaine d’années pour un coût
d’exploitation de 130 à 150 dollars américains l’once contre un coût
réel mondial qui se situe entre 230 et 250 dollars des Etats unis.

Avec l’adoption récente d’un nouveau code minier plus attractif et des
réformes institutionnelles envisagées pour inciter les opérateurs
économiques à investir dans le secteur, le Mali deviendra dans les
prochaines années a précisé, M. Kantao, l’un des pôles importants du
négoce de l’or au niveau du continent.

Toutefois, le directeur national des mines a suggéré l’érection de sa
direction en établissement public à caractère administratif, un statut
qui lui confère une plus grande autonomie de gestion et un
dynamisme certain qui doit reléguer le rôle de l’Etat à un rôle de
régulateur.

Le secteur minier est aussi un des plus grands pourvoyeurs des
ressources financières de l’Etat malien avec près de 26 milliards de
francs CFA versés au titre des taxes et impôts par la mine d’or de
Sadiola au trésor public à partir de 1995.

Les prévisions de recettes pour l’Etat malien s’établissent à 150
milliars de francs CFA que doit générer durant ses 14 années de vie,
la mine de Morila dont les travaux de mise en exploitation sont en
cours.

Sur le plan de l’emploi et de l’appui aux communautés locales, la seule
mine de Sadiola a octroyé près de 800 emplois en plus d’un fonds de
80 millions de francs CFA mis en place par la société, pour financer
des petits projets de développement dans les villages situés dans sa
zone d’action.

La direction nationale de la géologie et des mines a procédé, le 1er
août dernier, au lancement d’une revue trimestrielle "info mines" pour
offrir aux utilisateurs et opérateurs économiques des informations
détaillées sur la situation des mines d’or au Mali.

Coton africain : hypothèques sur le futur

Le Soleil (Dakar)
12 Juillet 2002

Le coton africain a deux ennemis : les fibres synthétiques et les
subventions. Les premières sont produites dans les pays
industrialisés. Elles se substituent au coton quand les cours de celui-ci
vont mal. Les secondes sont également le fait des pays du Nord. En
l’an 2000, 70% de la récolte mondiale de coton a bénéficié de
subventions directes à la production. N’ayant pas les moyens
d’intervenir pour soutenir leur secteur cotonnier, les économies
africaines font face à une concurrence déloyale.

Ces faits et chiffres sont rapportés par Kazumi Seino, une
ressortissante japonaise dans un travail de fin d’études intitulé " la
mondialisation écrasera-t-elle les cotonniers de l’Afrique de l’Ouest ? "
et soutenu à la Chambre de commerce et d’industrie de Paris dans le
cadre d’un diplôme approfondi de Français des Affaires Si les cours
ne se relèvent pas rapidement et de façon durable, l’Afrique
francophone risque d’être exclue du marché du coton. Au grand dam
des 16 millions d’Africains qui vivent de revenus cotonniers.

Depuis le début de l’année 2001, les cours du coton sur le marché
international ne cessent de baisser. En 10 mois, le coton a perdu 42%
de sa valeur à la bourse de New York. Et en 6 ans, son prix a été
divisé par deux. Cette situation découle d’une mauvaise adéquation
entre l’offre et la demande. Alors que la première augmente fortement,
la seconde qui subit le ralentissement économique international,
ralentit. Le coton est donc trop abondant et moins de filateurs désirent
en acquérir. Automatiquement, l’ajustement se fait par la baisse de
son prix. La situation est inquiétante pour les pays africains dont
certains comme le Mali, le Burkina Faso ou le Bénin tirent la majorité
de leurs recettes d’exportation de l’exploitation cotonnière.

SURPRODUCTION ET SUBVENTIONS

La chute des cours du coton date de 1997. A cette date, l’Asie rentre
en crise et les importations chinoises se réduisent. Pour que la
consommation de coton progresse, il faudrait un taux de croissance
économique mondial de 2%. Or, en 2001, il n’a atteint que 1,5%. Les
prévisions du Comité consultatif international du coton indiquent un
cours moyen de 57,2 cents la livre en 2000-2001 et 46 cents en
2001-2002. Le prix de revient du coton africain, parmi les plus
compétitifs du monde, tourne autour de 50 cents. Le prix de vente est
donc inférieur au prix de revient. Si la crise s’installe durablement, les
producteurs africains se verront éjecter du marché. Les
conséquences économiques et sociales seraient désastreuses. En
Afrique francophone, ils sont près de 16 millions d’individus à vivre du
coton. La production internationale de fibres de coton a été multipliée
par près de 3 en 50 ans. La récolte 2001/02 avoisinera 21 millions de
tonnes de fibres, soit une augmentation de 10% par rapport à l’an
dernier. Le secteur a bénéficié des améliorations techniques et des
progrès technologiques en matière de ramassage, égrenage, intrants
Dans le même temps, la demande ralentie et, paradoxalement, la
baisse des cours ne pousse pas à la consommation. Il semblerait
qu’une rigidité du marché empêche celui-ci de s’ajuster à un niveau
raisonnable. Face à une telle situation, l’offre devrait se réduire pour
relancer la machine. Organisés, les pays producteurs de pétrole se
réunissent à chaque crise pour décréter des quotas de production à
ne pas dépasser afin que le marché s’ajuste de façon raisonnable. Le
secteur cotonnier désorganisé réagit à l’inverse du marché.
Confrontés à une crise due à une offre excessive, comme c’est le cas
depuis quelques années, les producteurs continuent de produire,
aggravant la crise !

La cause principale de cette surproduction, qui s’élèverait à 1 million de tonnes de fibres, provient des subventions accordées par les pays du Nord aux producteurs de coton. En 2000, le montant des subventions américaines au secteur cotonnier est estimé à 4,2 milliards de dollars, soit près de 3000 milliards de Fcfa ! Les producteurs américains reçoivent 52 cents par livre de coton de la part de l’Etat fédéral, l’équivalent du prix de revient du coton africain qui ne bénéficie, lui, d’aucune subvention ! En Europe, où la production est marginale (2% de la production mondiale), les producteurs grecs et espagnols reçoivent 60 cents par livre de l’Union européenne (Ue). En l’an 2000, 70% de la production mondiale bénéficiait de subventions directes à la production. Les producteurs des pays du Nord s’inquiètent peu de l’état du marché car ils en sont déconnectés. Ils ne produisent pas pour vendre mais pour recevoir les subventions de l’Etat. Ce qui fait dire au président Wade dans Le Monde du 14 novembre 2001 : " les cours mondiaux sont artificiellement bas ce qui aboutit à la marginalisation de l’agriculture des pays du Sud ".

LES QUINZE AU SECOURS DES AFRICAINS ?

En Afrique de l’Ouest où les subventions sont nulles, les coûts de production ont été maîtrisés, le coton est de qualité et les sous-produits sont valorisés. L’Afrique francophone, qui ne
consomme que 5% de sa production, est le 2e exportateur mondial en 2001, derrière les Etats-Unis.

La crise actuelle est injuste pour cette partie du monde et va à l’encontre des mesures internationales en matière d’organisation du commerce. Les pays d’Afrique de l’Ouest et du Centre ont d’ailleurs décidé récemment de saisir l’organe de règlement des différends de
l’Organisation mondiale du commerce (Omc). Ils entendent ainsi dénoncer le non-respect des réglementations internationales par les grands producteurs que sont les Etats-Unis, l’Europe, l’Australie et la Chine. Alors que le déficit cumulé estimé de la crise actuelle des filières cotonnières en Afrique francophone s’élève à 111,5 milliards de Fcfa, l’Ue subventionne son coton pour un montant cinq fois supérieur !

Pourtant l’Union européenne devrait jouer un rôle de soutien de la filière cotonnière africaine comme le suggère Kazumi Séino. Même si elle juge sa réalisation peu probable, elle estime que la bouffée d’air pourrait venir des Quinze. Avec l’appui des accords de coopération, les cotonniers africains pourraient disposer d’une partie de la manne offerte par l’Union européenne aux producteurs espagnols et grecs subventionnés au-dessus du prix actuel du marché. Bien ciblée, cette aide permettrait véritablement de faire progresser le développement
du continent. Mais il ne s’agit là que d’une hypothèse, qui pour l’instant paraît bien d’école.

Le paysage cotonnier international a énormément évolué depuis 50 ans. Premier producteur mondial avec 50% de la production et 40% des superficies cultivées, les Etats-Unis ne produisent plus que 21% de la production totale et se contentent de partager la 1ère place avec
la Chine. Ces chiffres rapportés dans l’étude, indiquent l’évolution vécue par l’Afrique francophone qui n’émerge en tant que producteur
que dans les années 90.

Du côté de la demande, les consommateurs ne sont plus les mêmes. Dans les années 50, l’Europe consommait 35% du marché et les Etats-Unis 30%. Aujourd’hui, la consommation, multipliée par 3, est le fait de la Chine, de l’Inde et du Pakistan. A eux trois, ils représentent
60% de la consommation mondiale de fibres de coton. Cette situation découle de la délocalisation des filatures, traditionnellement implantées en Europe, notamment en France, en Allemagne et au Royaume-Uni. Les pays asiatiques émergents où le coût des facteurs
de production est beaucoup plus faible se sont emparés du secteur à partir de la fin des années 60.

Moins de 30% de la production mondiale de coton est exportée. Les disparités sont énormes. Alors que l’Afrique francophone ne garde que 5% de sa production, les grands pays producteurs que sont la Chine, l’Inde et le Pakistan consomment la quasi-totalité de leur coton.
Les Etats-Unis sont le 1er exportateur de la planète avec 32% des ventes mondiales

Déclaration de Cocidirail
Grève unitaire chez Transrail s.a. sur l’initiative des Syndicats SYTRAIL (Mali) et FETRAIL (Sénégal)
http://www.liberationafrique.org/auteur.php3?id_auteur=Cocidirail - 13 juillet 2006
L’environnement du chemin de fer est sujet, depuis quelques mois, à une très forte effervescence, malgré l’attitude débonnaire des plus hautes autorités de Notre pays, caractérisée par une extrême gravité de la situation économique, sociale et simplement humaine.
La direction de Transrail dans le but suprême de dominer avec tous les moyens le personnel et les activités de transport dans les deux pays, a choisi de s’allier avec les milieux qui sont prêts à jouer leur va-tout pour servir sa cause. C’est ainsi que dans les deux pays, sur le plan social interne à Transrail, les premiers responsables des syndicats (SUTRAIL au Sénégal et SYTRAIL au Mali) ont été mis au service de la direction par divers moyens (lavage de cerveaux, corruption financière (ils ont été mensuellement arrosés par une manne de Un million de F. CFA chaque mois chacun) confiscation de l’information interne,... ) Ces deux exécutifs, soupçonnés, désavoués pour fait d’intelligence avec la direction de l’entreprise ont été mis en minorité par la création de FETRAIL (au Sénégal) et la pétition largement signée, le renouvellement des bases de SYTRAIL et la tenue d’un congrès (au Mali) qui a consacré le rejet définitif du Comité Exécutif mis en place le 05 août 2004.
Cette mesure n’aura pas suffit pour faire entendre raison à la direction Générale de Transrail et à ses suppôts du Comité Exécutif de SYTRAIL dirigé par Abdoulaye BERTHE. Une débauche d’énergie a été mise au service d’actions de diversion, de désinformation, d’obstruction de toutes sortes, de pressions policières et judiciaires, de menaces physiques et verbales, de séquestrations des responsables syndicaux régulièrement élus et déferrés par la gendarmerie devant le procureur de la république près le Tribunal de Première Instance de la Commune III de Bamako.
Encore au moment où s’écoule la première journée de grève réussie, les premiers responsables de SYTRAIL sont séquestrés par le Procureur de la République qui n’a pas hésité à leur intimer l’ordre de ne pas l’observer. La présente grève unitaire des 12, 13, 14 juillet a pour exigences :
Rejet de la nouvelle grille salariale ;
Rejet du protocole d’accord du 23 mai 2005 ;
Rejet de la relation de maîtres à esclaves instauré par la direction de Transrail ;
Application correcte de l’accord d’établissement ;
Respect des lois et règlements en vigueur au Mali et au Sénégal ;
Respect des clauses de la concession ;
Rejet du mépris affiché par la direction de Transrail face aux revendications des travailleurs ;
Reprise des travailleurs, victimes de licenciement en violation flagrante de la Convention de Concession ;
Prise en charge du mémorandum des cadres,
Départ du DG François LEMIEUX.
Ces motifs montrent bien l’état déplorable de la situation dont la responsabilité incombe entièrement à la direction de Transrail et aux gouvernements qui ont décidé la privatisation des réseaux ferroviaires. Ceci justifie « qu’en cas d’absence de compromis les 2 organisations se réservent le droit d’observer une grève générale illimitée jusqu’à l’obtention d’une solution satisfaisante. »
Nous tenons, au nom des Citoyennes et Citoyens et des associations et syndicats du Mali, de l’Afrique, de l’Europe et d’Amérique, membres de Cocidirail, à vous apporter tout Notre soutien et Notre solidarité agissante dans la lutte que vous menez, qui risque donc de prendre une nouvelle tournure dans les prochains jours.
La démarche internationaliste que vous êtes entrain de développer nous est très proche, elle est l’une des bases essentielles du syndicalisme et le socle de la solidarité et des futures victoires des forces du progrès sur celles de la régression sociale en général et du libéralisme.
Nous restons disposés à apporter à votre lutte particulière et à la Cause du Rail malien, en général, la contribution à la mesure de nos moyens, de même qu’au succès de votre combat. Nous assurerons le relais au tant au niveau national qu’international pour faire connaître votre grève auprès des cheminot-e-s et autres travailleur-ses du monde, auprès des syndicalistes de divers pays avec qui nous travaillons régulièrement.
Bamako, le 12 juillet 2006
Pour le Comité Exécutif du COCIDRAIL, le Président du Comité Exécutif, Dr Tiècoura TRAORE

Le pillage de l’or au Mali
311 mineurs de la multinationale Bouygues et sa société SOMADEX en grève depuis 8 mois - 9 mineurs incarcérés
Appel urgent à la solidarité internationale
13 février 2006
A la mine d’or de Morila - Sud du Mali, 311 mineurs, contraints à une grève ouvrière illimitée, sont radiés de leurs droits, sans autorisation de l’inspection du travail. Leurs familles restent privées de revenus, d’accès aux soins et d’éducation. L’incendie délibéré de deux bus au sein de la gendarmerie à des fins de déclencher une chasse à l’homme et arrêter 32 mineurs ; 9 d’entre eux sont encore incarcérés à la maison d’arrêt de Bougouni depuis le 14 sept 2005.
Toutes ces provocations sont orchestrées par la société française Bouygues et sa société SOMADEX SAU, dirigée par le PDG Jean-Pierre Juillien, sous-traitant d’Anglogold et Randgold, avec l’appui de l’Etat Malien, actionnaire à 20%.
Les raisons de la grève sont déterminantes : contrats falsifiés, conditions de travail inacceptables, salaires, primes, heures supplémentaires et congés non payés, accident de travail non pris en compte, licenciements abusifs, propos racistes et discriminatoires des expatriés français et cadres supérieurs africains, non respect de la constitution de la République Démocratique du Mali, trahison du syndicat des mines SYNACOME, etc...
Les conséquences sociales et sur l’environnement sont alarmantes : promesses non tenues concernant le développement des villages, construction d’un barrage à l’envers, pollution des sols au cyanure et à l’arsenic, mare d’épandage des eaux usées de la mine, morts de troupeaux de moutons intoxiqués, etc...
Nous appelons tous les syndicalistes, toutes les forces progressistes, tous les mouvements de base, les défenseurs des droits humains, à la pression internationale pour la libération immédiate des 9 prisonniers et à la prise en compte des revendications des grévistes.
Création du Comité de soutien pour interpeller la multinationale Bouygues « patrons voyous et racistes », leurs complices maliens au gouvernement et l’Etat français, responsables de ce désastre humain, social, écologique et du pillage plus largement de l’Afrique.
Réunion du Comité de soutien en vue de préparer les initiatives : lundi 20 février 20h30 au CICP - 21 ter, rue Voltaire - 75011 Paris Premiers signataires : No-Vox, Dal, CDSL

Morilla en lutte ! Soutenez notre combat pour obtenir nos droits
31 janvier 2006
Nous sommes les grévistes en lutte à Morila. Anciens travailleurs de la Somadex : Société Malienne d’Exploitation (de l’or...). Nous luttons pour nos droits : couverture sanitaire des travailleurs, régularisation des faux contrats et contrats falsifiés, le paiement des primes de rendements de 2000 (ouverture de la mine) jusqu’à nos jours...
Le 10 mars 2005, nous avons adressé une lettre au directeur de l’entreprise Somadex. Nous y faisions état du comportement du chef du personnel Ballamourrou Diarra. Nous demandions également à ce qu’on le change de poste, sinon bien que nous ne le voulions pas, le chantier risquer de s’arreter un jour par sa faute, et le directeur serait responsable de l’arrêt éventuel.
La Secnami (Section Nationale des Mines et des Industries), l’UNTM (Union Nationale des Travailleurs du Mali), le ministère des mines, la primature, ainsi que la présidence de la république ont tous reçus une copie de cette lettre, mais personne n’a réagit pour condamner les actes de Ballamourrou Diarra que nous dénoncions.
Il s’agit d’un combat que nous menons, nous les mineurs, depuis 2001, nous avons été licenciés pour fait de grève en juillet 2005 suite à des revendications légitimes concernant les droits fondamentaux du travail : contrats falsifiés, salaires, congés et heures supplémentaires non versés, licenciement systématique, corruption du syndicat des mines, conditions de travail déplorable, aucune protection santé, accidents de travail non reconnus, nombreuses promesses pour le développement du village non tenues, etc.
32 d’entre nous ont été arrêtés entre le 14 et le 16 septembre 2005 pour des motifs non prouvés, et aujourd’hui 9 grévistes sont encore détenus dans des conditions déplorables et illégales à la maison d’arrêt de Bougouni (région de Sikasso- sud du Mali).
Nos revendications :
Libération immédiate et inconditionnelle de tous les détenus de Bougouni et radiation des forces de l’ordre liberticides du Chef de Brigade de Bougouni et Koumantou et du juge de Bougouni.
Halte aux lock-outs frauduleux des patrons voyous et racistes qui visent à licencier des salariés et réviser à la baisse des accords pour ensuite reprendre une activité à moindres coûts.
Reprise immédiate et inconditionnelle de tous les mineurs licenciés.
Paiement intégral des salaires de toute la période d’interruption.
Paiement par la SOMADEX-BOUYGUES des primes de rendement des années 2000, 2001, 2002, 2003, 2004, 2005 conformément á l’annexe 4 de la convention d’établissement et du code minier.
Révision inconditionnelle du code minier au profit du Mali, de ces communautés, et de ces mineurs.
Journée de 8 heures réduite à 6 heures du fait des travaux insalubres et au fond de la mine.
Reconnaissance par la SOMADEX-BOUYGUES et ANGLOGOLD du Comité syndical d’entreprise.
Contre les licenciements en masse des ouvriers de Morila, de Huicoma, et Itema.
Assurance chômage au frais de l’Etat et des entrepreneurs.
Imposition des banques, des propriétaires d’entreprise et plantations, des hauts fonctionnaires au profit des chômeurs.
Halte à l’ingérence policière dans les gréves. Création de commissions ouvrières élues pour le contrôle du travail, du paiement des salaires et de l’embauche des ouvriers.
Dehors Balamourou Diarra et tous les dirigeants expatriés racistes !

Appel à soutien :
Nous appelons les organisations ou individus qui souhaitent se solidariser à notre combat à nous faire parvenir leurs messages de solidarité. Nous avons également besoin de soutiens financiers et morals, ainsi que de soutiens pour populariser et faire connaitre partout notre lutte.
Pour une pression internationale, voici le numéro de fax du procureur de Sikasso (la maison d’arrêt est à Bougouni - région de Sikasso) :
Depuis l’étranger : (+223) 262 00 05
et celui du président du tribunal : (+223) 262 02 69

Pétition de soutien aux grévistes de la mine d’or de Morila au Mali, licenciés et réprimés par Bouygues
Ré-intégration des 530 travailleurs licenciés - Libération immédiate des 9 grévistes emprisonnés et arrêt des poursuites - Ré-ouverture des négociations
28 février 2006
A la mine d’or de Morila - Sud du Mali, 530 mineurs employés par la société malienne SOMADEX, filiale de Bouygues, sont contraints à une grève ouvrière illimitée, radiés de leurs droits, sans autorisation de l’inspection du travail. Leurs familles restent privées de revenus, d’accès aux soins et d’éducation. Tombé à point nommé, l’incendie de deux bus au sein de la gendarmerie a permis de justifier, accuser et emprisonner 32 mineurs innocents ; 9 d’entre eux sont encore incarcérés à la maison d’arrêt de Bougouni depuis le 14 sept 2005 . Tous ces faits sont aussi l’oeuvre de la SOMADEX.
Les raisons de la grève sont légitimes : contrats falsifiés, conditions de travail inacceptables : salaires, primes de rendement, heures supplémentaires et congés non payés, accident de travail non pris en compte, licenciements abusifs, propos racistes et discriminatoires des expatriés français et cadres supérieurs africains, etc.
Les conséquences sociales et sur l’environnement sont alarmantes : promesses non tenues concernant le développement des villages, construction de moulins, puits et barrages non fonctionnels, mare d’épandage des eaux usées de la mine, pollution des sols au cyanure et à l’arsenic, morts de troupeaux de moutons intoxiqués, etc. Nous appelons toutes les forces syndicalistes, progressistes, tous les mouvements citoyens, les défenseurs des droits humains, à la pression internationale sur la multinationale Bouygues pour :
la re-intégration des 530 mineurs dans l’entreprise Somadex aux postes qu’ils occupaient,
la libération immédiate des 9 détenus et l’abandon des poursuites injustifiées à leur encontre,
la réouverture de réelles négociations pour l’amélioration des conditions de travail, de salaires et sur le respect de l’environnement.
Nous interpellons la multinationale Bouygues, responsable de ce désastre humain, social, écologique.

4-28-3 Niger

Confédération générale du travail - CGT - 31 mars 2005
Le gouvernement nigérien qui doit faire face depuis quelques semaines à un mouvement social sans précédent, ne trouve d’autre réponse que la répression.
Pour protester contre l’augmentation de la TVA sur les produits de première nécessité (lait farine, eau, etc.), plus de 70 000 personnes ont manifesté dans les rues de Niamey le 15 mars dernier. Une nouvelle manifestation, prévue le 22 mars pour la journée mondiale de l’eau, a été interdite par le gouvernement. La « coalition contre la vie chère », à l’origine du mouvement, a alors appelé à une grève générale et à une journée ville morte. Celle-ci a été massivement suivie à travers tout le pays, notamment à Niamey, Zinder ou Dosso.
Depuis, les arrestations se multiplient au sein des responsables de la coalition, qui rassemble organisations syndicales, mouvements de consommateurs et associations. Le gouvernement du Niger se retranche derrière les critères de convergence de l’Union économique et monétaire ouest Africaine (UEMOA) et les exigences du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale pour justifier ses choix fiscaux. Ceux-ci ne touchent que les travailleurs et les populations les plus pauvres.
La Cgt, en contact permanent avec ses partenaires syndicaux sur place, manifeste sa solidarité envers les mouvements sociaux nigériens. Elle exige la libération des personnes interpellées, l’arrêt des poursuites et l’ouverture de négociations.
Des voix de plus en plus nombreuses s’élèvent à travers le monde pour demander aux pays les plus riches et aux institutions financières internationales de respecter leurs engagements à lutter contre la pauvreté. La situation du Niger démontre une nouvelle fois que les politiques libérales imposées par le FMI et la Banque mondiale et le poids de la dette extérieure sont des entraves à la lutte contre la pauvreté et au développement des pays du Sud.

Le CADTM exige des mesures radicales pour sauver un Niger affamé et endetté
http://www.liberationafrique.org/auteur.php3?id_auteur=CADTM - 26 août 2005
Il est de notoriété publique que le Niger a faim. Plusieurs millions de personnes sont menacés par une famine pour laquelle les conditions climatiques ou les invasions de criquets sont loin d’être les seules causes.
A en croire les institutions financières internationales, le Niger est un élève modèle et docile. Il a atteint le point d’achèvement de l’initiative PPTE (Pays pauvres très endettés) en avril 2004, lui donnant droit théoriquement à une réduction de dette. Pour cela, le Niger a dû passer toutes les étapes habituelles imposées par le FMI et la Banque mondiale : réduction drastique des budgets sociaux et des subventions aux produits de base ; augmentation de la TVA ; privatisations ; libéralisation commerciale et mise en concurrence déloyale des producteurs locaux avec des sociétés transnationales... Le discours officiel était rassurant : les sommes libérées allaient servir au développement humain.
Les luttes sociales de mars 2005 ont prouvé le contraire. Les conditions de vie des populations continuent de se détériorer. Leur mobilisation a permis de faire reculer le gouvernement dans certains de ses funestes projets : la TVA à 19 % n’a pas été appliquée sur le lait et la farine, l’eau et l’électricité ne sont plus concernées que pour les tranches de consommation les plus fortes.
La logique de l’ajustement structurel, imposée via le mécanisme de la dette, continue de toucher le Niger de plein fouet. Les annonces tonitruantes sur l’allègement de la dette, comme celles de juin 2005 par les dirigeants des pays du G8, n’y changent rien car elles ne touchent pas aux fondements même du modèle économique.
Aujourd’hui, le Niger souffre plus que jamais de la faim et de la dette. A cause de la dette, la plupart des décisions économiques concernant le Niger ne sont plus prises à Niamey et servent les intérêts des grandes puissances du Nord et des potentats locaux. Le rôle de l’Etat a été réduit à la portion congrue avec la complicité du gouvernement nigérien. L’Etat n’est pas en mesure de garantir le respect des droits humains fondamentaux.

Face à la grève générale, propagande mensongère du gouvernement
Coordination démocratique de la société civile nigérienne (CDSCN) - 22 mars 2005
Le Bureau de la Coordination Démocratique de la Société Civile Nigérienne (CDSCN) a suivi avec beaucoup d’indignation la déclaration faite hier, 21 mars 2005, par le ministre Ben Omar Mohamed, porte-parole du gouvernement, en réaction au gigantesque mouvement citoyen de rejet des mesures anti-sociales contenues dans la loi des finances rectificative 2005.
Notre indignation est d’autant plus grande que le ministre, porte-parole du gouvernement qui, hier encore, demandait à la société civile de faire des propositions alternatives aux mesures contenues dans la loi des finances rectificative, n’a rien trouvé de mieux face à l’ampleur de la mobilisation citoyenne que de déclarer la guerre à la société civile nigérienne. Outre le ton désinvolte du discours du ministre Ben Omar, la Coordination Démocratique de la Société Civile Nigérienne a été particulièrement choquée par la propagande mensongère orchestrée par le gouvernement.
S’il est vrai que depuis longtemps le gouvernement en place s’est singularisé comme l’un des plus dévoués de la sous-région aux institutions financières internationales, notamment au Fonds monétaire international et à la Banque mondiale, on ignorait jusqu’à hier soir que l’imposition des tristement célèbres critères de convergence de l’UEMOA était pour lui "une question de vie ou de mort". Les propos du porte-parole du gouvernement ont le mérite de la clarté : les autorités en place ne sont pas prêtes à revenir sur les mesures adoptées dans le cadre de la loi des finances rectificative 2005, car tout recul sur la question de la TVA reviendrait pour lui à renoncer à l’appui financier du Fonds monétaire international. Comme si cet appui peut changer la vie des femmes et des hommes de ce pays dans le sens positif.
Face à cette attitude de mépris royal et aux entraves à la liberté de manifestation, la Coordination Démocratique de la Société Civile Nigérienne :
1- conteste les propos du porte-parole du gouvernement tendant à faire croire aux Nigériennes et aux Nigériens que l’application de la TVA sur les produits de première nécessité vise à mobiliser des ressources pour les secteurs sociaux, la construction des infrastructures routières et les 5èmes Jeux de la francophonie ;
2- rappelle que les dépenses auxquelles le porte-parole du gouvernement faisait allusion dans sa déclaration figuraient déjà dans la loi des finances adoptée avant les élections présidentielles de 2004 ;
3- constate que le porte-parole du gouvernement a soigneusement omis de souligner que les fonds politiques des principaux responsables de l’Etat ont aussi été gonflés dans le cadre de la loi des finances rectificative 2005 ;
4- constate que la mobilisation des ressources internes se fait seulement par le biais de la TVA et de l’IUTS, qui ne touchent que les pauvres et les travailleurs, alors que les plus riches échappent au fisc, du fait que les capitaux et les biens immobiliers ne sont pas assujettis à l’impôt ou le sont faiblement ;
5- constate également que les commerçants véreux liés au régime en place se soustraient allègrement au fisc et s’enrichissent sur le dos du contribuable, à travers des marchés de gré à gré, des surfacturations, et autres procédés dont les médias nigériens n’ont de cesse de nous révéler depuis l’an 2000 ;
6- se félicite du succès total, tant à Niamey qu’à l’intérieur du pays, du mot d’ordre de ville morte et de manifestation, lancé par les organisations de la société civile et les centrales syndicales et exhorte les citoyennes et les citoyens à persévérer dans la lutte ;
7- condamne énergiquement la confiscation par le Ministre de l’intérieur, les gouverneurs et les préfets des prérogatives légalement dévolues aux autorités locales élues en matière de la réglementation de la liberté constitutionnelle de manifestation ;
8- invite les autorités locales élues à défendre leurs prérogatives légales et à rejeter le coup d’état orchestré contre elles par le Ministre de l’intérieur et de la décentralisation ;
9- rappelle au gouvernement qu’aucune menace ou chantage ne saurait amener les citoyennes et les citoyens à accepter des nouveaux sacrifices, alors que les plus hautes autorités n’hésitent pas à renflouer leurs poches par toutes sortes de procédés scandaleux et honteux ;
10- estime que les critères de convergence de l’UEMOA et les prescriptions des institutions financières internationales ne sont pas opposables à l’aspiration légitime du peuple nigérien au bien-être et au respect des droits sociaux, économiques et culturels proclamés par la constitution ;
11- rappelle au gouvernement nigérien que notre adhésion à l’UEMOA et à ses critères de convergence n’ont jamais l’objet d’une consultation populaire, et que donc rien ne peut justifier que ces critères soient érigés en principes sacro-saints ;
12- tient à rappeler que l’adoption de la loi de finances rectificative 2005 est non seulement illégale dans sa forme, mais aussi déloyale vis-à-vis du peuple nigérien, vu que le gouvernement a attendu la fin des élections présidentielles et législatives pour prendre les mesures anti-sociales dont nous demandons l’abrogation ;
13- réaffirme sa détermination à poursuivre et à intensifier la lutte pour l’abrogation pure et simple des mesures à caractère fiscal contenues dans la loi de finances rectificative 2005 ;
14- invite l’ensemble de ses organisations membres à prendre toutes les dispositions utiles afin que, dans les plus brefs délais, les citoyennes et les citoyens manifestent dans les rues de toutes les villes du pays, avec ou sans l’autorisation des autorités ;
15- réaffirme que la lutte des organisations de la société civile est une action citoyenne résolument démocratique, dont le seul but est d’amener les gouvernants de ce pays à placer les préoccupations sociales au centre de toute réforme économique, conformément à leurs promesses électorales et aux dispositions de l’article 4 de la Constitution proclamant que la République du Niger est une "république démocratique et sociale" ;
16- tient le gouvernement responsable de tout ce qui adviendra du fait de sa décision d’entraver l’exercice par les citoyennes et les citoyens de leur droit constitutionnel de manifester et de son entêtement à maintenir les mesures anti-sociales contenues dans la loi des finances rectificative 2005.
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Vive la CDSCN ! Vive la démocratie ! Vive le Niger !

La lutte continue !
Fait à Niamey le 22 Mars 2005
Pour le Bureau de la CDSCN, Le Coordonnateur, Kassoum Issa

Le Niger est en grève, dénonçons la répression ! mardi 5 avril 2005
Depuis le 14 mars 2005, un mouvement social historique s’est développé au Niger contre l’augmentation de la TVA sur les produits de première nécessité. Il associe toutes les couches de la population. Le gouvernement est en crise et n’a trouvé d’autre réponse que d’arrêter les responsables des mouvements sociaux. Face à cette répression, nous devons apporter toute notre solidarité à la population nigérienne dans ses revendications légitimes et exiger la libération des militants interpellés.

Mobilisation générale contre la vie chère !
Le 14 mars 2005, conformément aux exigences aveugles du FMI et de la Banque mondiale, le gouvernement nigérien a décidé d’augmenter la TVA sur les produits de première nécessité. En réaction à cette nouvelle attaque néolibérale, la population nigérienne, soutenue par les mouvements sociaux, a exprimé de manière claire son mécontentement : manifestation de 150 000 personnes dans les rues de Niamey le 15 mars, opération " villes mortes " dans les grandes villes le 22, meeting le 31 et grève le 5 avril. Comme d’habitude, les responsables politiques ont tenté de justifier ces choix politiques, destructeurs d’un point de social et -humain, au nom d’une mondialisation inéluctable. Face à cette mobilisation historique associant toutes les couches de la population, le gouvernement est en crise. Il n’a trouvé d’autre réponse que d’arrêter les responsables des mouvements sociaux. Ces arrestations se sont faites sans le moindre mandat et au détriment des principes démocratiques élémentaires. Morou Amadou, Nouhou Arzika, Kassoum Issa, Moustafa Kadi, responsables de la Coalition Equité contre la vie chère, ainsi que Moussa Tchangari, responsable d’Alternatives Espace Citoyen, sont déjà sous les verrous. Les autres responsables de la coalition sont recherchés par les forces de l’ordre et les responsables syndicaux sous surveillance (le secrétaire général de la Confédération démocratique des travailleurs du Niger a été convoqué par la police). Le gouvernement a choisi son camp : il préfère s’aligner sur les politiques néolibérales préconisées par les gouvernements et les institutions du Nord, plutôt que d’écouter les revendications légitimes de sa population. Cela est inacceptable.

Une répression ciblée et " préventive"
Cinq dirigeants de la Coalition contre la vie chère au Niger, arrêtés entre les 25 et 27 mars, ont été inculpés mardi de " complot contre la sûreté de l’État et provocation d’attroupements non armés ", puis écroués dans deux prisons civiles près de la capitale. Nouhou Arzika, président de la Coalition, et Kassoum Issa, coordinateur de la CDSN et secrétaire général du Syndicat national des enseignants du Niger, ont été écroués au Camp pénal de Say (sud de Niamey), tandis que Morou Amadou, président de Croisade - une association de défense des droits de l’Homme -, Moustapha Kadi président de SOS Kandadji - une association de défense des consommateurs - et Moussa Tchangari - responsable d’Alternatives Espace Citoyen ?- ont été conduits au Camp pénal de Daïkaïna (ouest de Niamey). Cette condamnation fait suite aux " appels aux manifestations de rue et à des prières collectives", lancés par la coalition pour les jeudi 31 mars et le mardi 5 avril prochains, a annoncé le porte-parole du gouvernement nigérien, Mohamed Ben Omar. La coalition a, en effet, lancé un appel à observer le 5 avril prochain une grève générale dans tout le pays.

Appel à mobilisation et solidarité
Nous exigeons la libération immédiate des personnes interpellées et l’arrêt des poursuites
Nous exigeons l’abandon des politiques d’ajustement structurel qu’elle implique ;
Nous exigeons l’annulation de la dette extérieure publique du Niger ;
Nous exigeons la satisfaction des revendications légitimes du peuple nigérien.
Protestez auprès de la Présidence de la République du Niger :
Par Fax : (227) 72 33 96
Par mail : en envoyant vos noms, profession (et syndicats ou associations d’appartenance) à afrique21@altern.org
Afrique XX1 s’engage à diffuser, avec les associations intéressées et acceptant ces quatre revendications, cette liste de soutien afin de faire pression le plus largement possible sur le gouvernement nigérien.
Le Niger en quelques chiffres
Source : Banque mondiale 2004
Superficie : 1 267 000 km
Population : 11,8 millions d’habitants
Capitale : Niamey
Langue officielle : Français
Monnaie : Franc CFA (100 FCFA = 0,15€)
Espérance de vie : 46 ans
PIB : 2,7 milliards de dollars en 2003 (France : 1 ?520,8 milliards d’euros en 2002)
PIB par habitant : 200 dollars (France : 24 837 euros en 2002)

Pendant 2 mois au Niger (Niamey) mouvement « pays mort » contre la vie chère mai-juin-juillet 2006
Exigeant une baisse de 30 à 40% du prix des carburants, frais de scolarité et
Niger grévistes manœuvres, taxi-brousse transports étudiants petits commerçants étudiants enseignants infirmiers boulangers

NIGER : Le mouvement de grève contre la cherté de la vie paralyse la capitale

NIAMEY, le 23 juin (IRIN) - L’opération journée ville morte a largement été suivie jeudi à Niamey, la capitale nigérienne, après le mouvement de grève générale décrété par les syndicats pour protester contre la cherté de la vie.
A l’exception des banques, et des grandes sociétés privées qui fonctionnaient normalement, l’ensemble des activités économiques de la capitale était paralysé.
« Niamey a perdu de son animation quotidienne, les rues sont quasi désertes ; les gens, même quand ils veulent circuler, sont obligés de rester chez eux car les taxis ont massivement répondu au mot d’ordre de grève. Nous sommes vraiment satisfaits du suivi de la population de Niamey », a déclaré Moussa Idrissa, un dirigeant syndicaliste.
Selon la coalition « Equité-qualité contre la vie chère », initiatrice de l’opération journée ville morte, la politique économique du gouvernement rend certains services de base dont la santé, l’eau et l’électricité inaccessibles à bon nombre de Nigériens.
D’après l’indice de développement humain des Nations unies, le Niger est le pays le plus pauvre du monde, avec une espérance de vie de 44 ans, et seuls 14 pour cent de sa population adulte savent lire et écrire.
La coalition exige du gouvernement une baisse de l’ordre de 30 à 50% des tarifs de l’électricité, du téléphone, de l’eau ainsi que la réduction du train de vie de l’Etat et de ses dirigeants.
Ce mouvement de grève fait suite aux récentes manifestations qui ont eu lieu à l’université de Niamey où des étudiants ont accusé le gouvernement d’avoir détourner leurs bourses.
En Guinée, une grève illimitée déclenchée par des syndicats avait paralysé le pays pendant un peu plus d’une semaine. Les travailleurs exigeaient une augmentation des salaires et une réduction des prix du riz et du carburant.
La grève a pris fin après que le gouvernement se soit engagé à réduire le prix du riz et à augmenter de 25 pour cent les salaires de certaines catégories de fonctionnaires. En revanche, l’Etat s’est montré inflexible sur la question du prix du carburant.
Cette semaine, ce sont les fonctionnaires de la Guinée Bissau qui ont décidé de se mettre en grève pour protester contre le non paiement de trois mois d’arriérés de salaire.
Au Niger, le mouvement de grève a largement été suivi, en dépit de l’appel au boycott lancé par les autorités.
Jeudi, des forces de sécurité patrouillaient dans le centre-ville et dans certains quartiers de la capitale, mais aucun incident n’a été signalé.
L’année dernière, une coalition de travailleurs avait appelé la population à descendre dans la rue pour protester contre la nouvelle TVA de 19 pour cent imposée sur les marchandises et les services. Les manifestations avaient paralysé la capitale pendant un mois et contraint le gouvernement à augmenter de dix pour cent le salaire de 40 000 fonctionnaires.

Niger : Des milliers de personnes ont manifesté au Niger contre l’arrêt des expulsions des Arabes Mahamides tchadiens du Niger
NIAMEY, 31 oct 2006 - Plusieurs milliers de personnes ont manifesté mardi pour la seconde fois en moins d’une semaine à Diffa, dans l’extrême est du Niger, contre l’arrêt des expulsions des Arabes Mahamides du Niger, a rapporté la radio privée Anfani. Confirmée par une source proche de la gendarmerie, la marche s’est terminée dans le calme devant le gouvernorat de Diffa. Une déclaration, lue par les organisateurs et retransmise à la radio, demande "l’expulsion immédiate des Arabes Mahamides du territoire du Niger". "Les Arabes Mahamides doivent être expulsés, autrement les populations se verraient contraintes de prendre les mesures adéquates pour défendre leurs biens et leur territoire", déclare la pétition. La marche était organisée par l’association des producteurs agro-pastoraux de la région. Mercredi, le Niger avait annoncé son intention d’expulser rapidement quelques dizaines de milliers de nomades Arabes Mahamides, en majorité des éleveurs, vers le Tchad, pays dont ils sont originaires, en raison des tensions portant sur l’exploitation des points d’eau et des pâturages avec les populations nigériennes de la région frontalière désertique de Diffa, aux confins du Niger, du Tchad et du Nigeria. Le gouvernement a annulé cette décision vendredi, expliquant que les Mahamides seraient redirigés vers des zones pastorales plus vastes et plus aptes à alimenter leurs grands troupeaux de chameaux qui menacent l’écosystème dans la région de Diffa. Le gouverneur de Diffa Oumarou Yacouba a promis de faire "fidèlement" remonter les revendications des manifestants au gouvernement central et a appelé la population au calme. Une autre manifestation est prévue mercredi à Mainé Soara, petite ville dans la région de Diffa dont est originaire le président Mamadou Tandja. L’association Nigérienne des Droits de l’Homme, l’ANDDH, a dénoncé dans un communiqué la "politisation de la situation des Arabes Mahamides" et demande au gouvernement de "tout mettre en ouvre pour faciliter la cohabitation entre peuples".

Niger : Après rassemblement de soutien au Président nigérien samedi par ses partisans, des ONG et associations ont appelé une nouvelle fois à une grève générale pour dénoncer "la misère"
NIAMEY, 1 août 2006 - Des ONG et associations nigériennes ont appelé à une nouvelle "opération pays mort" ce mercredi au Niger, la deuxième en un mois, pour dénoncer "la misère" et les difficultés d’accés de la population aux services sociaux, selon un responsable associatif. "Nous avons appelé à une +journée pays mort+ pour dénoncer la misère et l’inaccessibilité aux services sociaux vitaux (...)", a déclaré Nouhou Arzika, président de la Coalition contre la vie chère au Niger, qui regroupe plusieurs ONG, associations et syndicats locaux. "Fonctionnaires, commerçants, paysans, chômeurs, tous les citoyens des villes, des villages et des hameaux sont invités à observer demain (mercredi) une journée sans travail", a poursuivi M. Arzika. Il a expliqué qu’"aucune manifestation de rue" n’était prévue, contrairement à d’autres mouvements déjà initiés par la Coalition, et a exhorté les Nigériens à rester chez eux "pour protester en silence contre le malaise social dans le pays". M. Arzika a précisé que ce mouvement avait été programmé conjointement avec la Coordination démocratique de la société civile (CDSN) du Niger. Ces deux organisations ont déjà organisé plusieurs grèves et manifestations ces derniers mois, ainsi que des "journées ville morte" bien suivies le 22 mars et le 6 juillet derniers, pour exiger la baisse des prix des hydrocarbures d’au moins 35%, des frais médicaux et de scolarité d’au moins 50%, des prix de l’eau et de l’électricité d’au moins 40%. Le gouvernement nigérien a rejeté à plusieurs reprises ces revendications, qu’il considère comme "irréalistes", et s’est contenté depuis de prôner le dialogue, tout en dénonçant les conséquences de ces mouvements sur l’économie et les revenus de l’Etat. Le président Mamadou Tandja a mis en place le 13 juillet un comité chargé de négocier avec ces organisations, qui de leur côté indiquent toujours "attendre l’invitation du gouvernement". Le 29 juillet, la CDSN avait annulé une "opération ville morte" à Niamey, son président Kassoum Issa ayant souhaité "éviter des affrontements" avec les militants de la coalition des partis au pouvoir, qui ont organisé le même jour une marche de soutien au régime ayant rassemblé des dizaines de milliers de personnes.

Niger : Pour soutenir le régime du Président Mamadou Tandja, des dizaines de milliers de manifestants ont tenu un rassemblement, ce samedi, devant le siège de l’assemblée nationale
NIAMEY, 29 juil 2006 - Des dizaines de milliers de personnes ont manifesté samedi à Niamey pour soutenir le régime du président Mamadou Tandja, confronté depuis deux mois à des mouvements de grèves contre la cherté de la vie, selon des estimations des organisateurs. Aucune autre estimation n’était disponible de source indépendante. Brandissant des pancartes et scandant des slogans favorables au régime, les manifestants, en majorité des militants des partis au pouvoir ont tenu un rassemblement devant le siège de l’assemblée nationale, avant de se rendre au palais présidentiel, où les attendait le président Tandja. "Nous avons pris l’engagement de travailler pour le bonheur des plus pauvres, qu’on nous laisse alors travailler", a lancé à la foule M. Tandja qui s’exprimait en langue haoussa. "J’ai besoin de votre soutien pour bâtir le Niger qui retrouve une crédibilité à l’extérieur", a ajouté le chef de l’Etat, tout en prônant "le dialogue et la concertation" pour "surmonter les difficultés du pays". Vendredi, une trentaine de formations favorables au chef de l’Etat, a appelé à des "manifestations de soutien" au régime, en réponse à la série de grèves lancée depuis juin par une coalition de société civile pour dénoncer "la misère grandissante dans le pays". Après l’appel de ces partis, Kassoum Issa, président de la Coordination démocratique de la société civile (CDSN) du Niger, a annulé un mot d’ordre "d’opération ville morte" prévu samedi à Niamey. "Pour éviter des affrontements inutiles avec les militants de ces partis (de la coalition au pouvoir), nous avons préféré annuler un mot d’ordre +d’opération ville morte+ que nous avions aussi prévue samedi", a indiqué M. Issa à l’AFP. Depuis le 15 juin, la société civile du Niger a lancé plusieurs grèves et organisé des marches et meetings pour "exiger" la baisse des prix des hydrocarbures d’au moins 35%, des frais médicaux et de scolarité d’au moins 50%, des prix de l’eau et de l’électricité d’au moins 40%. Le président Tandja a été élu en 1999 et réélu en décembre 2004 pour un second et dernier mandat de cinq ans à la tête du Niger, un des Etats le plus pauvre au monde.

Niger : En plus du pont Kennedy, seul passage existant pour se rendre du centre de Niamey à la rive droite du fleuve, la Chine va financer la construction d’un deuxième pont sur le fleuve Niger à hauteur d’un montant de près de 3 millions d’euros
NIAMEY, 25 juil 2006 - La République populaire de Chine va financer la construction d’un deuxième pont sur le fleuve Niger à Niamey, a-t-on appris mardi de source diplomatique nigérienne. L’accord pour la réalisation d’un second pont a été conclu le 18 juillet lors d’une visite à Pékin de la ministre nigérienne des Affaires étrangères Aïchatou Mindaoudou, selon le service de presse du ministère. D’après les termes de l’accord, la Chine a accordé une enveloppe de 20 millions de yuans (1,980 million d’euros) et un prêt sans intérêt de 30 millions de yuans (2,977 millions d’euros) pour financer la construction de ce deuxième pont sur le Niger, précise le ministère. Pékin va bientôt dépêcher au Niger des experts pour lancer les études de faisabilité de cette infrastructure, selon la même source. Le pont Kennedy, construit dans les années 1970 par les Etats-Unis, est le seul passage existant pour se rendre du centre de Niamey à la rive droite du fleuve, abritant de nombreux quartiers ainsi que plusieurs institutions, dont l’unique université du pays. Il est également incontournable pour les voyageurs désirant se rendre au Ghana et au Bénin (via le Burkina Faso), dont les ports maritimes sont indispensables au désenclavement du Niger. Etroit et vétuste, le pont Kennedy est victime d’embouteillages monstres aux heures de pointe. Le Niger, qui entretenait des relations diplomatiques avec Pékin dès son indépendance en 1960, les avait rompues en 1994 avant de les renouer en 1997 au détriment de Taiwan.

Niger : Pour aider le Niger à réduire la malnutrition, la mortalité infantile ou encore améliorer les soins médicaux pour les enfants en bas âge et leurs mères, la Commission de l’Union européenne a débloqué 10 millions d’euros d’aides humanitaire
BRUXELLES, 19 juil 2006 - La Commission européenne a décidé mercredi de débloquer 10 millions d’euros d’aide humanitaire pour les enfants nigériens, face à la crise alimentaire que traverse le pays depuis l’an dernier. Les fonds communautaires doivent aider à réduire la malnutrition, la mortalité infantile ou encore améliorer les soins médicaux pour les enfants en bas âge et leurs mères, a expliqué Bruxelles dans un communiqué. Depuis le début de l’année, plus de 150.000 enfants ont été admis dans des centres de nutrition, relève la Commission qui a déjà débloqué 8,3 millions d’euros depuis le début de la crise en 2005. Un demi-million d’enfants souffrent de malnutrition au Niger et plus de 10% d’entre eux de malnutrition grave, selon des chiffres relayés par l’exécutif européen. L’apparition de la grippe aviaire n’a fait qu’aggraver les choses : Nombre de familles nigériennes les plus pauvres dépendaient des volailles soit comme source de revenu, soit pour se nourrir.
Niger : Des anomalies ont été découvertes dans les bases de données des fichiers de la fonction publique nigérienne faisant ressortir plus de 4 milliards de F CFA payés par an, à titre de salaires à des agents fictifs ou comme indemnités à des fonctionnaires
NIAMEY, 16 juil 2006 - Quelque 7 millions d’euros sont versés annuellement de manière illégale à des fonctionnaires "décédés ou licenciés" au Niger, d’après de récentes investigations, a affirmé dimanche le gouvernement. "Un montant de 4.596.331.372 Fcfa (plus de 7 millions d’euros) sont payés par an, à titre de salaires à des agents +fictifs+, décédés ou licenciés ou comme indemnités à des fonctionnaires qui ne devaient pas en bénéficier", indique un communiqué du conseil des ministre. Le communiqué ne précise pas le nombre des fonctionnaires concernés par ces versements, ni depuis quand ces versements se font. Il indique que les anomalies" ont été découvertes par un comité technique chargé depuis le janvier "d’assainir les bases de données des fichiers" de la fonction publique. L’enquête a révélé que la Fonction publique nigérienne compte 33.253 agents (27.585 cadres, 692 contractuels et 4.976 auxiliaires), alors que ses effectifs sont estimés depuis des années à quelque 40.000 fonctionnaires. Les autorités nigériennes évoquent régulièrement le manque de ressources financières pour justifier leur incapacité à assurer le versement régulier des salaires aux agents de l’Etat. Confronté à des tensions de trésorerie, le gouvernement a lancé en mars dernier une "opération coup de poing" menée par les forces de l’ordre pour recouvrer quelque 26 milliards de francs CFA (environ 40 millions d’euros) d’arriérés d’impôts et taxes diverses accumulés depuis 1998.

Niger : La BAD a accordé au Niger un prêt de 15,1 millions d’euros pour le financement d’un projet visant à assurer une meilleure maîtrise des eaux en réalisant notamment dix ouvrages hydro-agricoles sur une durée de cinq ans
TUNIS, 6 juil 2006 - Le Niger va bénéficier d’un prêt de 19,23 millions de dollars (15,1 millions d’euros) d’aide du groupe Banque africaine de développement (BAD) pour financer un projet de valorisation des eaux pour l’agriculture dans le Sud-ouest du pays, a annoncé la BAD jeudi à Tunis. D’une durée de cinq ans, ce projet dans les régions de Dosso et de Tillabéri vise à assurer une meilleure maîtrise des eaux en réalisant notamment dix ouvrages hydro-agricoles. Il prévoit également de renforcer douze autres ouvrages, a indiqué la BAD dans un communiqué. Il doit permettre de développer 1.200 ha de cultures de décrue et 680 ha de cultures irriguées et de régénérer près de 9.500 ha de terres dégradées. Le groupe BAD, dont le siège est à Tunis, a effectué 61 opérations d’un montant global de 486,9 millions de dollars (382,43 millions d’euros) au Niger depuis 1970

Niger : Espérant réduire de 50% la mortalité des enfants et celle de leurs mères d’ici 2010, le Niger bénéficie d’une aide de la France de 15 millions d’euros pour la promotion du secteur de la santé
NIAMEY, 29 juin 2006 - La France a décaissé jeudi quelque 15 millions d’euros pour "promouvoir" le secteur de la santé au Niger, où la majorité de la population n’a pas accès aux soins de source diplomatique française. "La convention a été signée en mai 2006 et l’autorisation de décaisser a été faite aujourd’hui (jeudi)", a indiqué l’ambassade de France à Niamey. L’aide française vise "à promouvoir la présence d’un personnel médical mieux formé en zone rurale et à doter les formations sanitaires de moyens suffisants en médicaments et en matériels", a précisé la même source. D’après le ministère nigérien de la Santé, l’appui français est destiné au Programme quinquennal de développement sanitaire (PDS), qui doit élargir l’accès aux soins de santé principalement aux enfants et aux femmes, touchés par une très forte mortalité. L’insuffisance d’infrastructures sanitaires, les frais élevés des soins obstétricaux et les accouchements domestiques sont les principaux facteurs favorisant la mortalité infantile et maternelle au Niger. Le Niger détient un des plus forts taux de mortalité maternelle et néo-natales soit 7 pour 1.000 femmes et 278 pour 1.000 enfants, selon les statistiques officielles. Pour espérer "réduire de 50%" la mortalité des enfants et celle de leurs mères d’ici 2010, le gouvernement nigérien a décrété la gratuité des soins de santé pour tous les enfants âgés de 0 à 5 ans grâce un Plan appuyé par l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) et l’Unicef. Depuis octobre 2005, il a également annoncé la gratuité de la césarienne afin d’inciter les femmes à accoucher dans les maternités publiques.

Niger : Pays ne disposant que d’une saison des pluies et touché par une crise alimentaire due à la sécheresse, le Niger vient de bénéficier de 12 millions d’euros accordés par l’Union européenne pour reconstituer son stock de sécurité alimentaire
NIAMEY, 28 juin 2006 - L’Union européenne (UE) a accordé au Niger une enveloppe de plus de 12 millions d’euros pour reconstituer son stock de sécurité alimentaire, a-t-on annoncé mercredi de source officielle. En 2005, le gouvernement avait épuisé les réserves vivrières nationales pour nourrir les paysans victimes d’une sévère crise alimentaire due à la sécheresse et une invasion de criquets pèlerins qui ont dévoré les récoltes en 2004. La convention d’assistance a été signée mardi par Jeremy Lester, chef de la délégation de la Commission européenne et le ministre nigérien des Finances, Ali Lamine Zeine, selon la radio nigérienne. D’après M. Lester l’aide permettra au Niger de "reconstituer son stock de sécurité" et lui "éviter une reproduction" de la crise de 2005. Face à la rareté de l’eau, des séances de prières collectives ont été organisées mercredi dans tout le pays afin "d’implorer Allah pour qu’il fasse tomber la pluie". Pays sahélien, le Niger ne dispose que d’une saison des pluies (juin à septembre) et tout retard prolongé des pluies peut compromettre les récoltes céréalières dont dépendent plus de 80% de la population
Niger : Le ministre de l’Education et celui de la Santé ont été limogés pour leur implication présumée dans des malversations relatives à des fonds européens destinés à l’éducation selon un communiqué de la présidence nigérienne
NIAMEY, 27 juin 2006 - Le président nigérien Mamadou Tandja a limogé mardi par décret le ministre de l’Education et le ministre de la Santé pour leur implication présumée dans des malversations relatives à des fonds européens destinés à l’éducation, selon la radio nationale. Selon un communiqué lu à la radio nationale par Laouel Kader, secrétaire général du gouvernement, le ministre de l’Education, Hamani Harouna, est remplacé par Ousmane Samba Mamadou, tandis que celui de la Santé, Ari Ibrahim, cède son poste à Mahamane Kabaou. MM. Mamadou et Kabaou ne faisaient pas partie de l’équipe gouvernementale. Dans un bref commentaire, M. Kader a précisé que le départ des deux ministres devait leur permettre de préparer "des réponses" à un "rapport provisoire d’audit" récemment diligenté par l’Union européenne. Ce rapport évoque leur "responsabilité" présumée dans des détournements d’appuis financiers européens à l’Education nationale nigérienne entre 2000 et 2005. Ari Ibrahim avait occupé le poste de ministre de l’Education de 2000 à 2004 avant d’être remplacé par Hamani Harouna. "(...) Nous procèderons à la poursuite légale prévue afin que ceux qui seront éventuellement reconnus coupables de détournements soient sanctionnés", avait déclaré la semaine dernière le Premier ministre nigérien Hama Amadou dans un entretien paru dans l’hebdomadaire officiel Sahel-Dimanche. D’après l’hebdomadaire privé nigérien Le Républicain, l’audit a porté sur des appuis de Partenaires techniques et financiers (PTF, européens) de 4 milliards Fcfa (plus de 6 millions d’euros) pour la période 2004/2005 destinés au Programme décennal du développement de l’éducation (PDDE) au Niger. L’audit diligenté en mars a été publié le 6 juin dernier, et a mis en cause la mauvaise gestion des fonds grâce à des "passations des marchés de gré à gré" et des "surfacturations", selon le journal qui a eu accès au rapport

Niger : Une coalition d’ONG et d’association a organisé jeudi au Niger une journée "pays mort" qui a été largement suivi par la population
NIAMEY, 22 juin 2006 - L’opération "pays mort" organisée par une coalition d’ONG et d’associations locales au Niger, en lutte contre "l’inaccessibilité aux services vitaux" à la majorité des habitants, a été largement suivie jeudi à Niamey. L’appel de la coalition n’a cependant pas été suivi d’effets dans les principales villes de l’intérieur. A Maradi (sud-est), capitale économique, le mouvement n’a pas été observé en raison d’un deuil décrété par les autorités religieuses locales à la suite d’un accident de la route tandis qu’à Zinder (est), la seconde ville où ce jeudi est jour de marché, aucune perturbation n’a été constatée, selon un responsable syndical de la région, Mamane Galadima, L’appel n’a pas été suivi non plus à Diffa (extrême sud-est), région d’origine du président Amadou Tandja, selon des journalistes locaux. A Niamey, à l’exception des banques, sociétés d’assurance et grandes sociétés privées qui fonctionnaient normalement, la quasi totalité des activités commerciales était paralysée. "Les rues sont quasiment désertes : les taxis ne circulent pas, les commerces sont fermés, les unités de santé sont complètement paralysées", a déclaré Hassane Atamo, un dirigeant du Syndicat unique des agents de la santé et de l’action sociale (SUSAS). Les établissements scolaires étaient fermés. Les activités sont également suspendues à l’université de Niamey, théâtre de violents heurts entre étudiants et force de l’ordre il y a deux semaines. Dans les établissements sanitaires, où seul un service minimum était en vigueur pour les cas d’urgence, l’opération "pays mort" coïncide avec une grève de deux jours des personnels de santé de la capitale qui a débuté mercredi. Les personnels de santé protestent contre la "privatisation sauvage" des unités de soins à l’hôpital national de Niamey, "privant ainsi les plus pauvres de ses soins". Le mouvement de protestation coïncide avec une grève de quatre jour observée depuis mardi dans l’ensemble des services d’impôt du pays, dont les agents exigent des augmentations de salaires et l’annulation d’une campagne "forcée" de recouvrement de taxes et impôts par les forces de l’ordre. Des patrouilles des forces de l’ordre étaient visibles dans le centre-ville de la capitale. Nouhou Arzika, le président de la Coalition, initiateur de l’opération a appelé mercredi "toutes les couches sociales" du Niger "à rester chez elles pour protester en silence contre le malaise social dans le pays". L’ampleur de la contestation avait paralysé le Niger durant un mois, obligeant le gouvernement à annuler la Loi de finances et à consentir des hausses de 10% sur les salaires des 40.000 fonctionnaires à partir de janvier 2006.

Niger : Le gouvernement nigérien dément un rapport de l’Unicef estimant qu’au moins 50% des enfants nigériens de moins de 5 ans souffrent de retard de croissance
NIAMEY, 21 juin 2006 - Le Premier ministre du Niger Hama Amadou a rejeté mercredi des statistiques de l’Unicef indiquant qu’au moins 50% des enfants nigériens de moins de 5 ans souffrent de retard de croissance, en raison de carences alimentaires et en soins médicaux. "Je ne crois pas qu’on puisse dire 50% d’enfants (...) les 90% des enfants nigériens ne présentent pas cette morphologie", a nié Hama Amadou sur Radio France internationale (RFI). Il a estimé que la persistance de la malnutrition dans certaines régions de son pays est "liée à des tabous alimentaires plus qu’à l’absence d’aliments". Des tabous alimentaires persistent toujours dans certaines régions du Niger, où il est interdit aux femmes enceintes et aux nourrissons de consommer des aliments tels les oeufs ou les poissons, sous prétexte qu’ils "nuisent à leur santé", selon le ministère nigérien de la Santé. Fin mai, l’Unicef a publié un rapport affirmant qu’au moins 15% des enfants nigériens âgés de 0 à 5 ans souffrent de malnutrition sévère et 50% souffrent de retard de croissance", en raison de carences alimentaires et en soins de santé. Pour vaincre l’état de malnutrition, cette organisation onusienne a lancé un ambitieux programme de prise en charge de 15.200 enfants malnutris dans une vingtaine de centres de santé et quatre hôpitaux de la capitale nigérienne. Depuis la grave crise alimentaire qui a éprouvé plus de 3 millions de personnes en 2005 au Niger, les autorités de Niamey manifestent un véritable blocage sur ce sujet, et ont récemment interdit aux journalistes internationaux et locaux de faire des reportages sur la situation alimentaire. D’après le Programme alimentaire mondial (PAM), les pays du Sahel, et en particulier le Niger, risquent cette année de faire face à une pénurie alimentaire. Une éviter une répétition de la dernière crise alimentaire le gouvernement multiplie la création de banques céréalières afin de ravitailler les zones déficitaires, a assuré Hama Amadou

Niger : Après le récent soulèvement de touaregs maliens, qui ont attaqué fin mai trois camps militaires dans le nord-est et l’est du Mali, les autorités nigériennes redoutent que les quelque 3.000 anciens combattants touaregs nigériens, démobilisés et cantonnés depuis onze ans dans le nord désertique du pays, n’imitent leurs voisins, M. Tandja demande aux ex-rebelles touaregs de "préserver la paix"
NIAMEY, 17 juin 2006 - Le président Mamadou Tandja a demandé vendredi aux combattants de l’ex-rébellion touarègue de son pays, cantonnés dans le nord, de "continuer à préserver la paix", selon une source présidentielle. Après le récent soulèvement de touaregs maliens, qui ont attaqué fin mai trois camps militaires dans le nord-est et l’est du Mali, les autorités nigériennes redoutent que les quelque 3.000 anciens combattants touaregs nigériens, démobilisés et cantonnés depuis onze ans dans le nord désertique du pays, n’imitent leurs voisins. D’autant que ces anciens combattants touaregs attendant toujours la reconversion économique promise, conformément aux accords de paix conclus le 24 avril 1995 et qui ont mis fin à des hostilités entamées en 1991. Conscient du fait que les évènements au Mali peuvent avoir des répercussions au Niger, le président Tandja "nous a demandé de continuer à oeuvrer à la consolidation de la paix au Niger", a indiqué Ag Boula, représentant de la rébellion touarègue nigérienne lors de la signature des accords de paix de 1995 avec le gouvernement de Niamey. Une réunion de "consultation" a eu lieu le 2 juin à Niamey entre le président Tandja et Ag Boula, chef du plus radical des ex-fronts touaregs nigériens et qui dirige depuis août 2005 l’Union pour la démocratie et le socialisme (UPDS), proche de la communauté touarègue et prônant le fédéralisme au Niger. Des rebelles touaregs ont attaqué le 23 mai deux camps militaires de Kidal, dans le nord-est du Mali, avant de se retirer, relançant les craintes de violences dans cette région, déjà théâtre d’une rébellion touarègue dans les années 1990. Comptant de 1 à 1,5 millions d’individus, le peuple touareg se répartit de façon très inégale entre quatre Etats à l’intérieur desquels il occupe un territoire immense de 2 millions de km2. 30 000 en Libye, 50 000 en Algérie, 500 000 à 600 000 au Mali, 700 000 à 750 000 au Niger

Niger : Le Président Tandja a consulté Rhissa Ag Boula, représentant de la rébellion nigérienne en 1995 pendant la signature de l’accord de paix, pour qu’il apporte sa contribution dans la consolidation de la paix au Niger
NIAMEY, 8 juin 2006 - Le président nigérien Mamadou Tandja s’est entretenu avec Rhissa Ag Boula, figure de proue de l’ex-rébellion armée touarègue au Niger pour discuter du récent soulèvement de touaregs maliens, selon l’hebdomadaire privé Le Républicain. Dans sa parution de jeudi, Le Républicain, proche de la communauté touarègue nigérienne, précise que l’entretien entre le président Tandja et M. Ag Boula, également ancien ministre, a eu lieu le 2 juin au palais présidentiel à Niamey et est consécutif "à la tension née du réveil de la rébellion armée au nord du Mali voisin". "Le président Tandja a consulté Rhissa Ag Boula pour qu’il apporte sa contribution dans la consolidation de la paix au Niger et souhaite surtout l’intervention de son interlocuteur pour éviter la contagion, en raison particulièrement de la porosité de la frontière entre le Mali et le Niger", souligne Le Républicain. Des rebelles touaregs avaient attaqué le 23 mai deux camps militaires de Kidal, dans le nord-est du Mali, avant de se retirer, relançant les craintes de violences dans une région qui avait été le théâtre d’une rébellion touarègue dans les années 1990. Rhissa Ag Boula, représentait la rébellion touarègue nigérienne lors de la signature des accords de paix de 1995 avec le gouvernement de Niamey. Nommé ministre de l’Artisanat et du Tourisme en 1996, il avait été limogé en février 2004 et incarcéré près de Niamey pour "complicité" du meurtre d’un militant du parti au pouvoir à Agadez (nord), sa région d’origine. Sa libération en mars 2005 avait été négociée sous l’égide de la Libye. Rhissa Ag Boula a depuis démissionné du parti au pouvoir et été élu en août 2005 président de l’Union pour la démocratie et le socialisme (UPDS), proche de la communauté touarègue et prônant le fédéralisme au Niger. Une rébellion touarègue du Niger avait été déclenchée en 1991 dans le nord désertique du pays (frontalier de la Libye et de l’Algérie), par des jeunes touaregs ayant auparavant servi dans la Légion islamique en Libye, animée par Tripoli.

Niger : interdiction aux journalistes étrangers de couvrir des sujets comme la crise alimentaire au Niger
NIAMEY, 4 avr 2006 - Le gouvernement nigérien ne délivrera plus d’accréditations aux journalistes venant de l’étranger et désirant travailler sur le thème de la crise alimentaire, a annoncé mardi Aboubacar Foguié, secrétaire général du ministère de la Communication. "On ne veut plus qu’on se serve du Niger et nous n’accorderons plus d’accréditations pour couvrir ces sujets", a-t-il déclaré au lendemain de l’annonce par la BBC qu’une de leurs équipes s’était vue retirer ses autorisations d’enquêter sur la situation humanitaire au Niger. "La BBC n’a pas été chassée du Niger, et ils pouvaient très bien faire d’autres reportages sur des sujets autres que la crise alimentaire", a réagi M. Foguié. "On veut toujours présenter le Niger comme étant en état de crise, mais pour nous, la crise alimentaire c’est du passé", a-t-il poursuivi. Selon le site internet BBC Online, lundi, les autorités nigériennes ont retiré la semaine dernière à une équipe de la BBC l’autorisation de réaliser des reportages sur la malnutrition et les problèmes d’approvisionnement alimentaire. "Des responsables ont affirmé qu’il n’y avait pas problème avec notre reportage, mais que le gouvernement ne voulait pas que les médias locaux ou étrangers parlent de malnutrition ou d’approvisionnement alimentaire", a rapporté la journaliste Orla Guerin

Niger Opération « pays mort »

Après les manifestations et les grèves qui l’ont émaillé, le mois de juin tire à sa fin avec une opération « pays mort ». Jeudi, une très active Coalition d’ONG et d’associations avait en effet appelé les Nigériens à « rester chez eux pour protester en silence » contre les prix excessifs voire l’inexistence des « services vitaux » dans le domaine de l’eau, de la santé, de l’éducation ou du transport. Ulcérées, les autorités dénoncent « un complot » destiné à déstabiliser le pays. Pour occulter l’image internationale d’un Niger famélique, au dernier rang du développement humain, Niamey dénie tout fondement à la grogne sociale.
Jeudi, alors que les forces de l’ordre patrouillaient dans les rues désertées de la capitale, le porte-parole du gouvernement nigérien, Mohamed Ben Omar, assurait que l’opération était « un nouvel échec retentissant ». En fait, il reproche surtout à la société civile de descendre dans la rue « pour la moindre revendication ». Celle d’aujourd’hui est pourtant de taille puisque la société civile demande la baisse des prix des hydrocarbures d’au moins 35%, la réduction des frais médicaux et de scolarité d’au moins 50% et celle des prix de l’eau et de l’électricité d’au moins 40%. Mais le porte-parole juge ces revendications « irréalistes ». Il dénonce aussi des mouvements sociaux qui « distraient » les populations. Car pour Mohamed Ben Omar, « il n’y a que le travail qui libère ».

Niamey : «  l’Etat n’a rien à voir  »
Jeudi dernier, quelque 2 000 habitants de la capitale étaient descendus dans les rues de Niamey à l’appel de la Coalition. Aujourd’hui, celle-ci leur demandait de renoncer à utiliser leurs portables et de boycotter les stations d’essence. En réponse, le gouvernement dit tout net qu’il s’en lave les mains. L’eau et le téléphone sont du ressort du secteur privé, « l’Etat n’a rien à voir », répète le porte-parole du gouvernement. « Quant au carburant, le Niger n’étant pas pays producteur de pétrole, il n’a aucune influence sur le prix du baril », ajoute-t-il. D’ailleurs, plaide Mohamed Ben Omar, « demander aux sociétés et compagnies de consentir ces baisses, c’est leur demander purement et simplement de mettre la clé sous le paillasson et ce sont des milliers de personnes qui se retrouveraient en chômage ».
Le Niger, qui compte quelque 12 millions d’âmes dont une bonne moitié d’actifs virtuels, recensait seulement 70 000 salariés en 2002, parmi lesquels 60% d’employés dans le secteur public. Or ce dernier n’est pas plus florissant que ses clients. Selon Niamey, la société nigérienne d’électricité qui importe le courant du Nigeria, la Nigelec, serait incapable de supporter la réduction de 40% des prix exigée par les consommateurs. Le déficit immédiat se chiffrerait à quelque 12 milliards de francs CFA (plus de 18,2 millions d’euros), assurent les autorités. Celles-ci estiment d’ailleurs qu’en matière d’électricité les augmentations ont été raisonnables, à raison de 7 francs CFA depuis la dévaluation de la monnaie ouest-africaine en 1994.
En 2003, le Niger a importé chaque jour quelque 5 400 barils de pétrole. En dehors du minerai d’uranium, d’un peu de bétail ou d’oignons, il n’a pas exporté grand-chose. Plus de la moitié de son budget provient de l’aide extérieure. Et si les cours de l’uranium sont à la hausse ces dernières années, il devra encore compter sur les bailleurs de fonds internationaux pour boucler ses fins de mois. Et cela, malgré la remise totale de sa dette multilatérale consentie en décembre dernier par le Fonds monétaire international (FMI). En 2005, sécheresse et criquets ont affamé quelque 3 millions de Nigériens, au grand dam du président Tandja. Niamey interdit désormais tout reportage sur ce sujet.
Mercredi, alors qu’il était en France pour présenter des produits d’artisanat nigérien à la bourse du commerce de Paris, le Premier ministre, Hama Amadou a rejeté les dernières statistiques de l’Unicef qui font état d’un retard de croissance affectant un enfant nigérien sur deux, pour cause de carences alimentaires et de manque de soins médicaux. Selon Hama Amadou, ces chiffres sont faux. Et si la malnutrition perdure au Niger (à un niveau très sévère pour 15 % des moins de cinq ans selon l’Unicef), le Premier ministre l’attribue « à des tabous alimentaires plus qu’à l’absence d’aliments ». Ce n’est pas vraiment l’avis du Programme alimentaire mondial (PAM) qui estime que, cette année encore, le Niger court le risque d’une pénurie alimentaire.

Impossible de serrer davantage la ceinture
Hama Amadou entend donner du Niger « une autre image que celle de l’Etat le plus pauvre du monde » car, dit-il, « un pays peut être pauvre et choisir résolument le chemin du progrès et de la création de richesses ». En attendant ces jours meilleurs, les Nigériens font régulièrement savoir dans la rue qu’il leur est impossible de serrer leur ceinture d’un cran supplémentaire. En 2005, la Coalition contre la vie chère est parvenue à repousser un projet de taxe sur la valeur ajoutée (TVA) de 19% sur les produits de consommation courante. De leur côté, les 40 000 fonctionnaires ont arraché 10% d’augmentation à partir de janvier 2006. Mais les agents des impôts poursuivaient jeudi une « grève générale de quatre jours » lancée mardi contre la décision du gouvernement de faire lever l’impôt par les forces de l’ordre, c’est-à-dire, « par un autre corps que celui légalement désigné », selon eux.
Fin mars, le président Tandja avait lancé une « opération coup de poing » pour recouvrer quelque 26 milliards de francs CFA (environ 40 millions d’euros) d’arriérés fiscaux accumulés entre 1998 et 2005, selon le ministère des Finances. Cette méthode fiscale musclée aurait été payante, selon les autorités, rapportant au Trésor public près de dix milliards de francs CFA (plus de 15 millions d’euros) en mai 2006 et près de 9 milliards en avril. Mais les agents du fisc sont furieux et inquiets pour leur avenir. Ils ne sont pas les seuls. Etudiants, enseignants, syndicats et partis d’opposition se sont également mobilisés ces dernières semaines pour réclamer de meilleures « conditions de vie et de travail » à l’Université Abdou Moumouni Dioffo, l’unique université du pays.
Les activités académiques ont repris récemment dans la faculté et une vingtaine d’étudiants ont été relâchés après les violentes manifestations du 1er juin. Mais le campus est toujours fermé. Aujourd’hui, les universitaires réclament sa réouverture. Ils exigent aussi « l’arrêt du pillage des maigres ressources » affectées à l’éducation et la promotion d’une « école de qualité ». « Pour ramener le calme, le Premier ministre a ordonné le paiement des six mois d’arriérés de bourses à tous les étudiants bénéficiaires, soit quelque 182 millions de francs CFA », indiquent les autorités. Mais, « depuis la fermeture du campus, les étudiants sont réduits à la clochardisation, à la merci des moustiques et de la pluie », déplorent les syndicats.
A la mi-juin, ce sont les 5 000 infirmiers et agents de l’action sociale qui faisaient « une grève de deux jours dans tout le pays » pour obtenir le paiement de « 3 à 4 mois d’arriérés de salaires et d’heures supplémentaires datant de 2004 et 2005 et estimés à plus de 80 millions de francs CFA ». Le président de la Coalition contre la vie chère, Nouhou Arzika, ne désarme pas. Au nom des mal-payés et des sans-emploi, il demande au gouvernement de « créer les conditions pour rendre accessibles à tout le monde des biens et des services aussi vitaux que ceux qui concernent la santé, l’éducation et l’eau ». « La misère est accablante et indescriptible pour la grande majorité de mes concitoyens », renchérit un membre de la coalition.
L’année dernière, le gouvernement a dû faire des concessions. Aujourd’hui, il invoque la remontée des cours de l’uranium (de 10 dollars en 2003 à 45 en juin 2006) pour promettre une embellie. De son côté, la Banque mondiale a approuvé le 13 juin un crédit de 50 millions de dollars pour un projet de « réforme des politiques rurales et sociales » visant à « améliorer la gestion des ressources et les prestations de services en faveur des pauvres du Niger ». En attendant, la société civile demande des comptes à ses élus.
par Monique Mas
Article publié le 22/06/2006

Mali & Niger : la mondialisation néolibérale contre les plus pauvres
par Jean Nanga
L’une des caractéristiques de l’année qui s’achève est qu’elle a été riche de promesses concernant l’avenir de l’Afrique. Les grandes institutions des métropoles capitalistes ont presque rivalisé d’intentions généreuses à son égard, de la Commission pour l’Afrique de Tony Blair à la Société du Compte du Millénaire de G.W. Bush, de la Banque Mondiale sous la direction de Paul Wolfovitz au G8 réuni à Gleneagles, des Objectifs du Millénaire pour le Développement onusiens à l’engagement japonais lors du Sommet sur les Affaires Asie-Afrique (avril 2005, Djakarta). La manifestation la plus médiatisée de cette générosité a été l’annonce de l’effacement de 40 milliards de dollars de dette multilatérale, de 18 pays parmi les plus pauvres, presque tous africains.
Cependant toute cette générosité semble être sans effet sur la réalité. L’Afrique subsaharienne demeure soumise aux mécanismes ravageurs de la mondialisation néolibérale, que nous présentons à partir des cas du Niger et du Mali, deux pays des plus pauvres de la planète, selon le Programme des Nations Unies pour le Développement, dont les peuples ne font pas preuve de résignation.
Niger, pays le plus pauvre
Pendant le premier semestre 2005, trois millions de personnes de tous âges ont été exposées à la famine et abandonnées à leur sort au Niger. Des centaines de victimes - surtout parmi les enfants qui mourraient au rythme d’une dizaine par jour - de la sécheresse et de l’invasion des criquets ayant détruit les champs. Situation que le gouvernement de ce pays sahélien n’a pu contrecarrer par quelque dispositif préventif, hésitant même d’en accepter la réalité. Quant à la « communauté internationale », elle a attendu des mois et des morts, avant de se mobiliser, malgré l’alarme lancée par des associations locales et par maints observateurs [1].
L’invasion des criquets et la sécheresse de l’année n’ont fait qu’aggraver une situation déjà déplorable due aux politiques économico-sociales exécutées par les différents régimes néocoloniaux qui se sont succédés depuis l’indépendance. Le passage du néocolonialisme classique des trois premières décennies à la néolibéralisation présentée comme solution n’a nullement produit l’effet promis [2]. Bien au contraire, malgré sa mise sous tutelle des institutions de Bretton Woods, sous forme de Programme d’ajustement structurel, depuis 1981, le Niger est ainsi, de nos jours, le pays le plus pauvre de la planète, selon les Indicateurs du développement humain (IDH) du PNUD : 63 % de la population vit en dessous du seuil de pauvreté , environ 83 % sont analphabètes, la mortalité infantile atteint 121,69 ‰... Le fardeau de la dette publique extérieure, dont l’encours en 2005 s’élève à 832,1 milliards de Francs CFA (1,27 milliard d’euros), soit 66,3 % du PIB nominal est l’une des raisons de l’incapacité de l’État nigérien d’éviter ou de parer à cette catastrophe sociale. S’il était objectivement impossible d’agir sur la pluviométrie, au moins la lutte contre l’invasion des acridiens aurait été menée avec quelque efficacité, si l’État nigérien n’avait pour priorité le respect de l’échéancier du service de la dette publique extérieure, qui représentait 22,4 % des recettes budgétaires en 2004. Embarqué dans l’Initiative pays pauvre très endetté (PPTE), censée réduire le fardeau de la dette, l’État nigérien ne connaît, ces dernières années (à l’exception de l’an 2001), aucun arriéré de paiement du service de la dette. Ceci au détriment des secteurs sociaux, comme la santé et l’éducation dans lesquels l’économie des coûts a, par exemple, conduit au recrutement massif des “volontaires” sans formation et faiblement rémunérés, en remplacement d’une grande partie du personnel formé, qualifié [3]. Même pour répondre à l’urgence sociale d’éviter ou réduire l’impact de la crise alimentaire, il ne pouvait y avoir dérogation à l’exigence du « renforcement de la gestion publique pour aider à bien cibler et hiérarchiser les dépenses » [4] du programme de facilité pour la réduction de la pauvreté et pour la croissance, dont l’État nigérien est « bénéficiaire ».
Humanisme néolibéral
Les victimes de cette famine ne correspondaient pas, sans doute, au profil du pauvre dessiné par le FMI et la Banque Mondiale. Ainsi, a-t-il fallu attendre la mise en spectacle médiatique du drame pour que soit, en partie, entendue la revendication de la distribution gratuite des vivres aux affamés. Une revendication de bon sens qui semblait une énormité pour le gouvernement et ses partenaires de la « communauté internationale » (États-Unis Union européenne...), car leurs options c’était la vente des vivres à prix « modérés » aux affamés ou l’échange des vivres contre du travail.
Les familles qui avaient encore quelques têtes de bétail, décharnées, les vendaient à des prix on ne peut plus dérisoires. D’autres arrivaient à s’endetter, à défaut d’avoir la force de travailler. « Trade, not aid » [5], tel est le principe de la politique de « coopération » du gouvernement des États-Unis sur lequel veillait USAID, soutenu par l’Union Européenne et le Programme alimentaire mondial. Ce drame a été l’occasion de consolider les rapports marchands dans la société et l’individualisme qui les accompagne, amplifiés à l’époque néolibérale.
Il va de soi que cet humanisme néolibéral et spectaculaire ne pouvait que réduire l’ampleur du désastre, non lui apporter une solution radicale. Le projet de la « communauté internationale » tant répété est la « réduction de la pauvreté » à long terme, non pas son éradication, pourtant objectivement possible. Ainsi la crise alimentaire perdure : « Les prix sont toujours très élevés sur les marchés, ce qui empêche de nombreuses familles d’acheter la nourriture, à cause de la décapitalisation subie pendant la crise : pour rembourser les dettes contractées, les familles empiètent sur la récolte d’octobre, alors que seulement 2/3 de la terre ont pu être cultivés par manque de semences et de main- d’œuvre, ce qui accroît leur vulnérabilité et le risque de malnutrition. Les effets de la crise vont se prolonger pendant l’année 2006 » [6]. Dans certaines régions, la situation des enfants s’est même aggravée. La « communauté internationale » manque de volonté pour réunir les 80 millions de dollars qu’exige la situation : seulement 16 millions de dollars ont été réunis au premier semestre 2005, alors que « les guerres d’Irak et d’Afghanistan coûtent aujourd’hui 5,6 millions de dollars par mois, soit, à quelques décimales près, l’équivalent du produit intérieur brut du Niger ... en un an. Et une rallonge de 202 milliards (pour les six prochaines années) vient d’être accordée au Département de la sécurité intérieure, chargé de protéger le territoire et les intérêts américains » [7].
On est tenté de parler de « famine néolibérale » comme Mike Davis parle de « famines coloniales » [8]. Car, une famine déclarée c’est pour les généreux « donateurs » un futur marché possible. De façon classique, il s’agissait de faire changer les habitudes alimentaires des sinistrés. Par exemple, à une population traditionnellement consommatrice de mil, les « donateurs » offraient plutôt du maïs ou du riz qui deviendrait ainsi, subséquemment, un produit de consommation courante à importer.
Mais, de nos jours, il s’agit plus d’une opportunité à saisir pour faire accepter les produits génétiquement modifiés. Ainsi, la position du gouvernement nigérien en la matière a connu une évolution assez rapide depuis la reconnaissance officielle de la crise alimentaire. Alors que le Cadre national de biosécurité, élaboré en 2005, exprime une certaine prudence, en novembre 2005, Niamey, la capitale du Niger, est le lieu choisi pour organiser un séminaire régional sur « La couverture médiatique de la biotechnologie agricole - Contraintes et opportunités pour la presse en Afrique de l’Ouest ». Un séminaire organisé par l’Institut international de recherche sur les cultures en zones tropicales et semi-arides (ICRISAT), l’International Service for Acquisition of Agribiotech Applications (ISAAA) et l’UNESCO. L’ISAAA est un organisme qui a pour vocation la lutte contre la faim et la pauvreté dans les pays dits en développement, surtout par la promotion des cultures transgéniques. Ses principaux financiers sont Cargill, Dow AgroSciences, Monsanto, Pionneer Hi-Bred, Syngenta qui sont aussi les principales multinationales des OGM. A l’occasion de cette opération de consolidation de l’endoctrinement des journalistes [9], a été ôté le cache-sexe sur l’expérimentation des céréales génétiquement modifiées dans la station de recherche de l’ICRISAT, à quelques kilomètres de Niamey, visitée par les séminaristes. A quelque chose malheur est bon pour les marchands d’OGM. Ainsi, cette crise alimentaire va légitimer un processus de mise en dépendance agricole accentuée, en matière de semences, de la paysannerie nigérienne, voire de disparition des plus pauvres, en tant que petits agriculteurs et petites agricultrices indépendants qui iront grossir les rangs du lumpen-prolétariat.
Vu qu’il s’agissait d’une ancienne colonie française, restée dans le giron de la Françafrique [10], il y avait une générosité très intéressée. Celle de la Compagnie générale des matières nucléaires (Cogema, du groupe Areva) [11]. Celle-ci est en grande partie redevable à l’uranium nigérien, pillé de façon jalousement monopolistique pendant longtemps. Mais les forfaits de la Cogema-Areva sont désormais exposés publiquement, grâce à la relative « ouverture démocratique » locale et au développement de la conscience antinucléaire, par l’ONG locale Agherin’man (bouclier de l’âme), la Commission de recherche et d’information indépendante sur la radioactivité (CRIIRAD, France) et l’Association Sherpa (des juristes contre l’impunité dont jouissent les multinationales en matière de violation des droits des travailleurs en particulier, des droits humains et de l’écologie en général) [12]. Cette mise à nu des conditions de travail dans les mines (faible rémunération, exposition des travailleurs à la radioactivité sans véritable système de protection et de contrôle médical...), de la pollution de l’environnement aux conséquences fâcheuses sur les populations voisines et l’environnement risque d’aboutir à une réduction des profits en cas de conformité aux normes internationales.
La néolibéralisation s’est en grande partie déroulée dans le respect des rapports françafricains. C’est par exemple Vivendi qui a pris le contrôle de la distribution d’eau [13]. Cependant, la privatisation des télécommunications du Niger a plutôt bénéficié à la firme chinoise ZTE en progression sur le marché africain. Ce malgré l’appartenance du Niger à la zone monétaire du Franc CFA. Cette concurrence parfois défavorable risque de se reproduire concernant l’exploitation à venir de l’or, des phosphates et du pétrole. C’est sans doute pour maintenir les relations privilégiées, quelque peu érodées, que l’État français semble accorder une grande importance à la bonne organisation des 5ème Jeux de la Francophonie (7-17 décembre, Niamey). Alors que 2 millions de Nigériens risquent de manquer de « pain » pendant le déroulement des jeux [14]. La Francophonie, sauf pour les gogos, est en fait la vitrine culturelle d’une affaire plutôt politico-économique, pour l’État du capital français. Mais, avant ces jeux et pendant le calvaire des enfants et adultes malnutris, les projecteurs de l’actualité françafricaine vont être tournés sur le pays voisin, aussi bien géographiquement que dans le classement en matière sociale ou d’indifférence de la part d’une grande partie de l’humanité, comme le dit cet animateur d’Action contre la faim : « Le Mali et le Niger sont des pays oubliés par la Communauté internationale, qui réagit aux crises de manière ponctuelle et non sur le long terme. » [15]
Privatisations au Mali
Le Mali a été moins affecté par l’invasion acridienne et la faible pluviométrie dans la région. Toutefois, il partage avec le Niger presque les mêmes Indicateurs du développement humain, qui font de lui le 174ème pays sur 177 [16]. Ce qui s’explique aussi par le statut commun de pays pauvre très endetté [17] respectant aussi scrupuleusement l’échéancier, autrement dit sans arriérés de paiement. Ainsi, la mauvaise fiche sociale est aussi la conséquence de la politique de l’État malien pendant la phase néocoloniale précédente, l’ayant placé sous la coupe du FMI et de la Banque Mondiale. Une décennie de « démocratie » n’a nullement amélioré la situation sociale héritée de la période dite non-démocratique. Bien au contraire. La succession des gouvernements élus c’est aussi la continuité de l’État en matière d’Ajustement structurel néolibéral, malgré la différence des rythmes en ce qui concerne aussi bien la privatisation que la libéralisation des marchés et autres préceptes néolibéraux de la Banque Mondiale et du FMI. L’actuelle équipe gouvernante, dirigée par le général Amadou Toumani Touré, semble plus déterminée que la précédente à satisfaire les institutions gestionnaires de la néolibéralisation, malgré des conséquences sociales dramatiques. Ce au profit des investisseurs dits stratégiques qui prennent le contrôle des secteurs les plus rentables de l’économie dite malienne.
C’est en effet dans le cadre de cette néolibéralisation qu’a eu lieu la privatisation de la Régie des Chemins de Fer du Mali (RCFM). L’actionnaire majoritaire de la nouvelle entreprise Transrail SA est au départ un consortium canado-français Canac-Getma [18]. Une privatisation qui est assez caractéristique des rapports de domination impérialistes : la RCFM évaluée à 105 milliards de FCFA (160 millions d’euros) a été octroyée à 5 milliards (7,622 millions d’euros). La nouvelle entreprise ayant fait le choix du plus grand taux de profit, priorité a été accordée au transport des marchandises, sur celui des voyageurs [19]. Ce qui a entraîné la suppression de deux-tiers des gares (26 sur 36) alors que pendant un siècle la vie s’était organisée autour de ces 36 gares (qui sont aussi des villages). Les habitants sont ainsi désemparés : les voyageurs et les familles des cheminots constituaient la clientèle pour leurs produits. Transrail a ainsi contribué au développement de la pauvreté en milieu rural. De plus, 612 cheminots ont été licenciés et certains acquis sociaux des cheminots, par exemple les pensions de retraite versées aux veuves, ont été soit revus à la baisse soit supprimés. Ce qui a suscité l’indignation et une résistance citoyenne pour le retour à la régie du rail malien. Un Collectif citoyen pour la restitution et le développement intégré du rail malien (Cocidirail) a vu le jour. Mais la répression n’a pas tardé à s’abattre sur lui. Son principal animateur, un ingénieur, ancien directeur adjoint de l’École Supérieure Africaine des Chemins de Fer, Tiécoura Traoré, a été purement et simplement licencié, en violation flagrante de la législation du travail. Le Cocidirail ne s’est pas pour autant démobilisé.
Contre-réforme agraire
D’autres secteurs importants de l’économie malienne sont victimes de cette restructuration néolibérale, avec des graves conséquences sur la vie des populations paysannes. C’est le cas de l’Office du Niger [20], productrice de riz depuis la période coloniale, nationalisée après « l’indépendance », soumise à une privatisation rampante depuis 1984, sous l’égide de la Banque Mondiale, avec à la clef la libéralisation de la commercialisation du paddy dès 1985, et une compression des effectifs de 70 %.
Depuis quelque temps, il y est question d’une réforme foncière qui menace les paysans jouissant de l’usufruit sur les terres de l’ON, mais aussi par leur mise en concurrence avec de gros investisseurs. Ce contre quoi ils résistent : « On affirme que nous sommes dans un État de droit, mais nous, les cultivateurs, ne le savons pas. Nous sommes considérés comme des esclaves. A l’ON, il n’y a que la corruption, la magouille et l’injustice qui prévalent. Nous avons payé les redevances légalement dans le délai fixé par le Président de la République. Et voilà qu’on nous retire nos champs de riz pour les donner aux nouveaux bénéficiaires qui vont récolter nos produits. Nous préférons mourir que de perdre nos champs. Si les autorités ne prennent pas leurs responsabilités, advienne que pourra » [21], Ces paysans qui ont travaillé et habité légalement sur ces terres pendant des décennies refusent cette perte du droit d’exploitation des terres et leur remplacement par de gros investisseurs, sous le prétexte fallacieux de ne s’être pas acquittés à temps de la redevance eau. Ils sont par ailleurs confrontés à la hausse de plus de 200 % du coût des intrants agricoles. Seuls les plus pourvus financièrement survivront dans la jungle néolibérale.
Cette réforme foncière se réalise au moment où se développe la mobilisation des femmes paysannes pour l’accès à la terre. Ce qui rend plus difficile cette lutte ; c’est que les hommes tendent à la considérer secondaire, au lieu de s’y appuyer pour mieux faire avancer la cause commune. Mais, il ne suffit pas d’être victime d’une injustice pour être en mesure de perdre ses propres privilèges, même symboliques.
Avec l’ON, l’autre cible de la néolibéralisation dans le secteur agricole est la Compagnie malienne de développement et des textiles (CMDT ), l’ex-Compagnie française de développement et des textiles (CFDT). C’est la compagnie du coton, dont le Mali était le principal producteur de la sous-région. Sa privatisation est une pomme de discorde entre les institutions de Bretton Woods et le gouvernement malien qui en redoute les conséquences sociales et électorales, vu la place du coton dans la vie rurale et au-delà. Car, c’est plus du quart de la population malienne, soit environ 3,5 millions de personnes, qui vivent directement et indirectement du coton. Comme le disaient ces deux sexagénaires lors du Forum des Peuples de Fana (choisi comme site à cause de son statut de 2ème région productrice de coton), dans le cadre de la Conférence populaire paysanne (qui a aussi parlé de l’accès à la terre des femmes rurales) au cours de laquelle des échanges ont eu lieu avec des participant/es venu/es du Bénin, du Burkina... : « S’il faut maintenant vendre notre espoir en privatisant la CMDT, vraiment nous ne sommes pas d’accord. » [22] La vie quotidienne des petits paysans et paysannes producteurs de coton connaîtra ainsi le sort de leurs compatriotes des gares ferroviaires et de ceux confrontés à l’ON. C’est autour de la CMDT qu’est organisée la vie sociale et les infrastructures. Mais le partenaire français, Dagris, ex-CFDT (actuellement actionnaire à 60 %) est à l’affût, refusant de contribuer au financement du déficit de la CMDT, pour mieux en accélérer la privatisation complète. Car, si le prix du coton aux producteurs est en baisse ces dernières années, le coton de la région du FCFA, dont le Mali a été le principal producteur jusqu’en 2004, est absorbé à 60 % par le marché chinois. Ce qui est en soi une aubaine pour tout investisseur qui se débarrassera de maintes charges sociales, avec la privatisation complète, qui est un engagement pris par l’État malien dans le cadre de l’Initiative PPTE, d’allégement de la dette. L’actuel gouvernement malien a pu obtenir de la Banque Mondiale et du FMI son report en 2008 car l’année 2007 est une année électorale au Mali. La dernière mission de la Banque Mondiale au Mali a mis au point les modalités de privatisation. Pour satisfaire tous ceux, capitaux multinationaux et privés, qui salivent, pour les profits à réaliser, c’est la filialisation, inégalement rentable certes, qui a été retenue.
Un autre aspect de cette restructuration, libéralisation du secteur cotonnier qui est préjudiciable à la petite paysannerie, c’est l’introduction des semences génétiquement modifiées que les petits producteurs participant au Forum des Peuples à Fana ont vigoureusement dénoncée. En effet, en collaboration avec la Banque Mondiale, USAID, les multinationales productrices des semences génétiquement modifiées Dow AgroSciences, Monsanto, Syngenta (Novartis), ont initié un Projet COTI-2 de « Développement de la culture du coton génétiquement modifié au Mali ». Ainsi est programmée la dépendance de la petite paysannerie à l’égard des semenciers. Sous prétexte de mettre le progrès technologique au service des pauvres sont préparées en fait leur dépendance et la marginalisation des plus dépourvus ou leur transformation en simple prolétariat agricole, surexploité [23].
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Législation du travail en danger

En effet, en échange de l’allégement de la dette, comprenant l’effacement surmédiatisé de la dette multilatérale, le Mali est tenu, comme le Niger, d’améliorer les conditions de réalisation du profit. Comme l’a dit le porte-parole du gouvernement malien, Ousmane Thiam, lors de sa visite à Paris, en septembre 2005, le Mali prépare « une simplification des procédures et des formalités liées à la création d’entreprises le retoilettage du Code des investissements, qui est non seulement plus attractif, mais qui met l’entrepreneur étranger sur le même pied d’égalité que le malien ». Il s’agit non seulement de confronter le petit entrepreneur malien aux multinationales, mais aussi de réduire a minima la protection sociale des travailleurs. C’est ce qui est quasi-explicitement suggéré par le gouvernement des États-Unis, en disant que « les lois du travail sont restrictives au Mali et la difficulté de l’embauche et du licenciement sont des obstacles supplémentaires ». Le but est une généralisation de ce qui s’est produit à la RCFM contre les travailleurs organisés pour la défense de leurs droits.
La criminalisation de la défense des droits des travailleurs est un principe du néolibéralisme éprouvé aussi par les syndicalistes de la Société malienne d’exploitation (Somadex). Dans cette entreprise d’exploitation de l’or à Morila, appartenant à Bouygues, les travailleurs revendiquent principalement le payement de la prime de rendement indexée sur le taux de dépassement de la production. Car, par frénésie accumulatrice, la Somadex a produit, en trois ans, 83 tonnes d’or au lieu des 33 tonnes prévues par la convention d’exploitation. Ce qui signifie aussi une exploitation intensive de la force de travail. Les travailleurs revendiquent l’établissement de vrais contrat de travail, à la place des contrats de travail falsifiés, avec la complicité des nationaux, et qui ont causé le licenciement de trois cents travailleurs, sans paiement de leurs droits et indemnités. Des abus que les travailleurs n’ont pas admis, jusqu’à déclencher en juillet 2005 une grève face au refus de la direction de l’entreprise d’entendre leur demande de respect des droits. La réponse de la direction, avec la complicité de certaines autorités locales, a été la répression. Pour légitimer celle-ci aux yeux de l’opinion, divers actes de violence commis dans le village ont été attribués aux travailleurs en grève. Ainsi, une trentaine de travailleurs ont été emprisonnés par la gendarmerie. Une vingtaine ont été par la suite relâchés, au moment où était arrêté (en octobre 2005), le secrétaire administratif du comité syndical, Karim Guindo. Pour échapper à cette répression, les autres dirigeants syndicaux, dont le secrétaire général, Amadou Nioutama, sont contraints à la clandestinité. Leur principal délit est d’avoir voulu perturber l’accumulation du surprofit néocolonial par cette entreprise se comportant comme en territoire conquis. Ce qui pouvait par ailleurs servir de mauvais exemple aux travailleurs des autres entreprises exploitant l’or au Mali qui ne sont pas plus soucieuses des droits des travailleurs et de l’environnement.
Pourtant, cette arrogance a fini par lasser le gouvernement malien dont le projet de maintien au pouvoir à l’issue des prochaines élections pouvait être contrecarré par le non-respect, par Bouygues, à travers sa filiale Saur International, du contrat de partenariat d’Énergie du Mali (EDM) établi en 2000. En effet, Saur s’est avéré davantage intéressé par les profits à court terme (hausse des tarifs d’eau et d’électricité) que par les investissements qu’il s’était engagé à réaliser qui devaient favoriser l’extension des réseaux de distribution d’eau et d’électricité. Ainsi, l’État malien s’est vu obligé de lui retirer, en octobre 2005, son statut d’actionnaire majoritaire dans EDM, violant ainsi le sacro-saint principe néolibéral d’amaigrissement du patrimoine économique des États, alors que la réunion des ministres de l’Économie et des Finances de la Zone Franc (des 19 et 20 septembre 2005, à Paris) venait de lui recommander, entre autres, de « poursuivre la mise en oeuvre du programme économique et financier soutenu par le FRPC, notamment les réformes structurelles dans les secteurs cotonniers et de l’électricité ». Cet acte à motivation plutôt électoraliste lui a valu une mission spéciale de la Banque Mondiale et du FMI, dont le programme de lutte contre la pauvreté n’inclut pas la baisse des tarifs d’eau et d’électricité en faveur des pauvres, de surcroît par une entreprise majoritairement étatique.

Concurrence inter-impérialiste
C’est aussi une opération maladroite du gouvernement malien, organisateur du XXIIIème Sommet Afrique-France. Surtout en une période caractérisée par la poussée états-unienne sur le continent dans le secteur pétrolier en particulier et bien d’autres, dans le cadre de l’AGOA [31]. Le 4ème Forum Afrique-États-Unis (juillet 2005 à Dakar ) a été, entre autres, une phase de l’avancée des États-Unis sur le continent. Le Secrétaire américain à l’Agriculture, Mike Johanns, y a même prêché la communauté d’intérêts qui existerait entre les États-Unis d’Amérique et l’Afrique subsaharienne à l’OMC, contre l’Europe : « nous devrions serrer nos rangs pour dire aux Européens et aux autres qu’il est temps d’ouvrir leurs marchés à nos produits ». La promotion des OGM aussi s’inscrit dans le cadre de cette cause commune contre l’Europe, aussi peu soucieuse que les États-Unis du sort des pauvres et affamés d’Afrique subsaharienne [32]. Des délégations africaines du pré carré français y ont été sensibles. Déjà dans son discours d’ouverture, le chef de l’État sénégalais, l’économiste libéral Abdoulaye Wade, avait affirmé avec assurance : « L’AGOA symbolise une nouvelle vision des relations internationales (...) le chemin qui conduit l’Afrique vers la mondialisation » [33].
Sans qu’il soit déjà question de remise en cause du « partenariat » privilégié avec la métropole néocoloniale, le Mali et le Niger, font partie de ces pays sensibles à la poussée états-unienne [34]. Futurs producteurs de pétrole, ils entrent de ce fait dans ce qui est considéré à Washington comme le champ de la sécurité nationale... des États-Unis. Ainsi, le gouvernement américain les a-t-il intégrés, à travers par exemple « l’Opération Flintock 2005 » [35] dans son programme de « lutte contre le terrorisme ». Toutefois ces différents aspects de la « coopération » états-unienne demeurent basés sur le respect des préceptes du néolibéralisme par les États « partenaires » africains. La soumission au Consensus de Washington demeure la condition cardinale.

Résistances
La reproduction de la pauvreté n’est pas une fatalité. L’année qui s’achève a été aussi une année de résistance à l’ordre qu’imposent aux peuples les maîtres de la mondialisation néolibérale et leurs relais locaux. Dans l’indifférence générale de l’opinion publique internationale, certaines organisations de la société civile nigérienne se sont alliées pour mobiliser, malgré les intimidations et la répression, contre la vie chère symbolisée par l’instauration d’une TVA de 19 % sur les denrées de première nécessité. Une mesure antisociale inscrite dans le cadre de l’intégration régionale de l’Afrique de l’Ouest. Si l’actuel président en exercice de l’Union Africaine, le chef de l’État nigérien, le Général Olosegun Obasanjo, n’a pas la cynique franchise de son collègue sénégalais Abdoulaye Wade exprimant son adhésion aux valeurs du capital états-unien [36], il n’en est pas moins un partisan. Ce qu’il ne cesse de prouver non seulement en confiant le département de l’Économie et des Finances à une technocrate de la Banque Mondiale, mais aussi en persévérant dans le projet de hausse du prix de l’essence et du pétrole lampant. Ce, malgré le succès à répétition des appels à la mobilisation, lancés par certaines centrales syndicales alliées au mouvement démocratique [37], contre cette mesure résultant d’une aliénation des ressources pétrolières au profit des multinationales et de quelques capitaux privés nigerians et qui ne ferait qu’aggraver la pauvreté de la majorité de la population nigeriane. Quant à Thabo Mbeki, sa réélection en 2004 n’a pas empêché la contestation populaire de sa politique sociale, y compris par la centrale syndicale Cosatu, allié de l’ANC. Contre les revendications sociales dans les townships il a même envisagé d’envoyer la police. Ce qui n’aurait pas manqué de rappeler un passé récent. Ainsi, derrière son discours nationaliste sur la « Renaissance Africaine » se révèle plutôt un projet d’intégration d’une partie de l’élite noire dans les circuits du capital néolibéral [38].
Les élites gouvernantes africaines appliquent les préceptes du néolibéralisme aussi pour leurs intérêts privés. Elles préparent l’asphyxie de la petite paysannerie en articulant réformes foncières néolibérales et introduction des semences génétiquement modifiées. Ce que les associations paysannes présentes au Forum des Peuples à Fana, sommet alternatif au G7 (juin, Mali) ont vigoureusement dénoncé [39]. Malheureusement, la présence des associations paysannes d’autres régions d’Afrique, au-delà de l’Afrique de l’Ouest, a été faible. Il en a été autant des syndicats africains et d’autres composantes du Forum Social Africain, dont est pourtant membre le Forum des Peuples. Alors qu’il s’agit d’une occasion particulière : un forum à vocation continentale qui se tient toujours en zone rurale, qui permet aux paysans et paysannes de la localité choisie d’être présents plutôt que représentés, d’échanger avec ceux et celles d’ailleurs. Le voisinage du Mali et du Niger devrait être mis à profit pour consolider les solidarités permanentes, encore embryonnaires, à étendre dans la sous-région, pour commencer, où sévissent parfois les mêmes multinationales de distribution d’eau, d’électricité, d’exploitation minière, de vente des OGM. Ainsi, par exemple, entre cheminots du Mali et du Sénégal contre leurs États et les acquéreurs privés des chemins de fer nationaux. A l’instar des syndicats africains des dockers, de l’Afrique du Sud au Nigeria, se coordonnant pour la lutte contre les pavillons de complaisance.
L’organisation au Mali d’un sommet alternatif au 23ème Sommet France-Afrique est une initiative qui devrait se poursuivre. Non seulement contre la Françafrique, mais aussi contre les autres messes d’organisation de la paupérisation des peuples. Contre l’opinion favorable que semble avoir l’AGOA dans certains milieux, que semble illustrer le dialogue de la confédération des ONG du Sénégal (Congad) avec l’AGOA, il faut aussi rappeler la nature du capital états-unien, qui n’est ni moins impérialiste ni moins criminel socialement que le capital français. Pour mémoire, la récente intervention des États-Unis au Libéria, contre le régime oligarchique du seigneur de guerre Charles Taylor - qui bénéficiait du soutien du capital français - a favorisé l’exploitation par Firestone, en toute impunité, « de manière quasi-esclavagiste la main-d’œuvre employée dans sa plantation d’hévéas au Liberia », dont dix mille enfants [40].
C’est donc contre les différentes facettes de cet ordre qu’il faut s’organiser. Pour un autre monde possible débarrassé de l’exploitation des êtres humains par d’autres, de toutes les oppressions, il faut construire des solidarités permanentes, surtout avec les plus pauvres, pour une alternative radicale. Une radicalité altermondialiste africaine en solidarité avec les radicalités extra-africaines, sans les hiérarchies héritées des passés esclavagiste et colonial. Mais aussi sans négrisme, car l’alternative au racisme ne peut être un racialisme. Ainsi, un projet tel celui de l’African People’s Socialist Party, appelant à une Internationale Socialiste Africaine nous semble encore très marqué par le panégrisme de Marcus Garvey et risque de nourrir le racialisme, plutôt que le socialisme comme alternative démocratique à l’ordre multidimensionnel du Capital [41]. L’organisation du Forum social mondial polycentrique à Bamako, par la proximité géographique, est une opportunité à saisir, pour organiser la discussion collective et démocratique sur la solidarité permanente, pour une alternative africaine radicalement altermondialiste.
Jean Nanga est le correspondant d’Inprecor pour l’Afrique subsaharienne.
Notes :
[1] Cf. Jean Nanga, “Famine et marchandisation de la charité au Niger”, juin 2005, www.solidarites.ch/ ; Claude Quémar, “Niger : vraie crise, fausses réponses”, octobre 2005, www.cadtm.org/
[2] Cf. “Niger, La mondialisation capitaliste impose un nouvel internationalisme”, entretien avec Mamane Sani Adamou, Inprecor, n° 497, septembre 2004.
[3] ibid.
[4] http://www.imf.org/external/np/exr/facts/fre/prgff.htm
[5] « Commerce et non assistance »
[6] Amador Gomez (directeur technique d’Action contre la faim, Espagne), “Pas de répit pour le Niger : la malnutrition infantile continue d’augmenter”, Communiqué de presse du 14 novembre 2005.
[7] Claude Angeli, “La gênante franchise des généraux de Bush”, Le Canard enchaîné, mercredi 20 juillet 2005.
[8] M. Davis, Génocides tropicaux : catastrophes naturelles et famines coloniales (1870-1900), Aux origines du sous-développement, Paris 2003, éd. La Découverte. Ce qui peut aussi relativement s’appliquer à la situation dans le Darfour au Soudan
[9] En juin 2005, a été créé à Bamako (Mali) le Réseau des Communicateurs Ouest-Africains en Biotechnologie Agricole (RECOAB).
[10] Cf. Inprecor n° 497, op. cit.
[11] “Le Niger ou le devoir de négligence”, Le Canard enchaîné du 3 août 2005.
[12] CRIIRAD, “Impact de l’exploitation de l’uranium par les filiales de Cogema-Areva au Niger. Bilan des analyses effectuées par le laboratoire de la CRIIRAD en 2004 et début 2005” ; Almoustapha Alhacen, “Déclaration du président de l’ONG Aghirin’man aux participants du colloque international sur la prévision des risques, Contaminations radioactives et protection des populations” Lyon, avril 2005. Bien que principal actionnaire sur l’uranium du Niger, la Cogema est accompagnée par les entreprises espagnole ENUSA, japonaise OURD et l’État nigérien.
[13] Sur les conséquences de cette appropriation privée de la distribution d’eau on peut lire le Rapport de la Mission Internationale d’Enquête du FIDH, “Droit à l’eau potable au Niger”, octobre 2002.
[14] L’annonce persistante, ces dernières semaines, d’une nouvelle crise alimentaire dès le mois de décembre par des ONG et organismes de l’ONU est gênante pour le gouvernement nigérien qui tient à s’offrir en spectacle dans le monde francophone, à travers ces jeux. Selon certains observateurs, c’est, entre autres, pour empêcher que ne lui soit retirée l’organisation des dits jeux qu’il ne voulait reconnaître officiellement la situation de famine au début de l’année 2005. Alors que des enfants mourraient de faim... les villas devant héberger les sportifs étaient construites... Ainsi au moins 15 millions d’euros ont été investis pour la construction et la réfection des infrastructures !
[15] Action contre la faim, “Mali/Niger : un silencieux scandale”, Dossier de presse 2005.
[16] Population en dessous du seuil de pauvreté : 63,8 % ; espérance de vie à la naissance : 48,6 % ; mortalité infantile : 116,79 ‰ ; analphabétisme : 53,6 % (Source CIA, The World Factbook )
[17] Encours de la dette publique extérieure : 1746,1 milliards de francs CFA en 2002 ; 1646,7 en 2003 ; 1725 en 2004 ; 1802 en 2005. Rapporté au PIB nominal : 81,1 % ; 69,9 % ;70 % ; 65,9 % ; Service de la dette : 12 % des recettes budgétaires en 2005 contre 12,4 % en 2004 .
[18] Le consortium CANAC-GETMA a cédé ses actions au Français J. Lefebvre et à l’Américain Savage Companies.
[19] Les bénéfices mensuels du transport des marchandises sont d’un milliard de FCFA (1,524 million d’euros)
[20] Situé au centre du Mali, l’Office du Niger (ON) est un projet d’aménagement hydro-agricole. Créé en 1932 après la découverte au centre du Mali en 1925 d’un delta fossile, le Delta central nigérien, il prévoyait initialement l’aménagement d’environ un million d’hectares en cinquante ans. Ses objectifs principaux étaient : « de satisfaire le maximum des besoins en coton de l’industrie textile française et d’assurer la sécurité alimentaire en riz des régions sahéliennes de l’Empire Français d’Afrique de l’Ouest ».
[21] Oumar Traoré, 63 ans, porte-parole des paysans de Niono, dans la région de Ségou, lors de la Conférence de presse du 4 août 2005, au siège du parti SADI et de Radio Kayira, à Bamako.
[22] Awa et Kadia Coulibaly dans Le Messager de Fana, journal du Forum, juin 2005.
[23] Un argumentaire concis contre les OGM en Afrique : Zachary Majanya, du réseau d’Afrique australe et orientale de l’Association Participatory Ecological Land Use Management (PELUM), “12 raisons pour l’Afrique de rejeter les OGM”,
[24] “Les investisseurs seront toujours bien reçus au Mali”, Marchés tropicaux, n° 3122, du 7 octobre 2005.
[25] AGOA, Competitiveness Report, p. 23.
[26] L’or est le principal produit d’exportation (57 % des exportations) du Mali, qui en est le troisième producteur africain après l’Afrique du Sud et le Ghana.
[27] Cf. Marie-Eve Tejedor, “Mali : or, pillage et répression... des travailleurs résistent !” novembre 2005
[28] Début novembre, c’est l’Union nationale des travailleurs du Mali (UNTM) qui a organisé une grève d’avertissement pour la « mise en application d’un plan social en faveur de tous les travailleurs licenciés des sociétés et entreprises d’État, la réintégration des syndicalistes mutés de manière illégale, la baisse des prix des produits de première nécessité ».
[29] D’après certaines sources, la gendarmerie a pris en otage sa compagne et leurs enfants, afin de le sortir de sa cachette. Ce qui n’est sans rappeler les pratiques du temps colonial.
[30] Une autre entreprise importante d’exploitation de l’or au Mali est la SEMOS appartenant à 38 % à AngloGold (Afrique du Sud, n° 2 mondial de l’or), 38 % à IamGold ( “junior” au Canada, et assez présent au niveau mondial), 18 % à l’État malien, 6 % à la Société Financière Internationale (SFI ou IFC en anglais, membre du Groupe de la Banque Mondiale, fondée en 1956 sur inspiration des États-Unis, elle se présente comme « la plus importante source de financement sous forme de prêts et de prise de participations pour les projets du secteur privé dans les pays en développement. Elle facilite un développement durable du secteur privé... ». Cette répartition des parts sur la mine de Sadiola n’est pas la même sur celle de Yetela où est absente la SFI, ses 6 % étant repartis également entre les trois autres actionnaires. L’autre multinationale sud-africaine RandGold qui exploitait la mine de Syama l’a cédée à Resolute Mining d’Australie en 2004. L’exploitation de l’or au Mali se fait selon les experts à faible coût. Sur les conséquences sociales et écologiques de l’exploitation de l’or à Sadiola, on peut consulter le Rapport de la mission d’enquête des Amis de la Terre sur www.amisdelaterre.org
[31] African growth and opportunity act (AGOA, accord de croissance et d’opportunité africaine) est un accord commercial qui lie, jusqu’en 2015, une quarantaine de pays d’Afrique subsaharienne aux États-Unis.
[32] Avant le séminaire réservé aux journalistes sur la biotechnologie agricole à Niamey, le gouvernement états-unien, avec le soutien de la FAO, avait organisé en fin juin 2004 à Ouagadougou (Burkina Faso) une Conférence internationale intitulée « Maîtriser la science et la technologie en vue d’accroître la productivité agricole : perspective ouest-africaine ». Monsanto y avait déjà obtenu l’autorisation d’introduire des produits génétiquement modifiés. Le président de l’Association cotonnière africaine, Ibrahim Malloum, est favorable aux OGM. Cf. son interview : “Quels défis pour l’Afrique cotonnière en 2005-2006 ?”, Marchés tropicaux, n° 3121 du 30 septembre 2005.
[33] L’hebdomadaire français L’Express du 10 novembre 2005 publie un entretien avec le président sénégalais. A la question « En France, on sent poindre la crainte d’une distension du lien entre Dakar et Paris, au profit d’un flirt américano-sénégalais. Cette crainte est-elle fondée ? », Abdoulaye Wade répond : « J’ai toujours été un grand admirateur des États-Unis. Ils fournissent à l’Afrique un modèle de développement rapide que ni la France ni l’Europe ne peuvent lui procurer. Mais cela n’a rien à voir avec le lien traditionnel qui nous unit à la France, et qui demeure ».
[34] En guise d’illustration : à la veille du sommet France-Afrique, Ikatel (dont sont actionnaires France Télécom et la Sonatel du Sénégal ; France Télécom étant l’actionnaire majoritaire de Sonatel...) vient d’obtenir la licence GSM, accompagnée « d’exonération de TVA et de droits et taxes de douane », semble-t-il avec l’aide de France Télécom, selon la Revue de Presse du CEFIB, qui souligne « Inutile de revenir sur le caractère “illégal ” de cette faveur que les autorités compétentes ont tout de même tenu à souligner même si, pour des raisons obscures d’État, elles ont fini par accéder à cette requête. Ce qui est tout de même curieux dans cette affaire, c’est que cette demande d’exonération a été faite avant même que la jouissance de la licence d’exploitation ne soit effective, celle-ci étant intervenue en août 2002, deux mois seulement après l’élection du général Amadou Toumani Touré à la magistrature suprême en juin 2002. L’exonération était-elle la condition sine qua non pour l’installation d’Ikatel au Mali ou est-ce que, en la matière, il y eut délit d’initié pour lui accorder cette faveur par anticipation ? », Sékouba Samake et Seydina Oumar Diarra-Sod, “Licence d’exploitation : France Télécom n’est pas derrière Ikatel”, la Revue de Presse du CEFIB du 25 novembre 2005.
[35] Il s’agit de manœuvres militaires conjointes de l’armée états-unienne avec les armées de huit États sahéliens dont le Mali, le Niger, le Sénégal... Lors de la visite de Bush au Sénégal en 2003, il a été question d’y installer une base militaire états-unienne. Alors qu’au Mali a été ouvert le bureau le plus important de la CIA dans la région. Quant au Niger, la formation de ses officiers pilotes de chasse est depuis quelque temps effectuée aux États-Unis...
[36] Selon le Cocidirail, Abdoulaye Wade serait l’un des bénéficiaires de la privatisation de la RCFM, à travers un prête-nom français.
[37] La dernière mobilisation sociale organisée à la mi-septembre l’a été par la Labour and Civil Society Coalition (Lasco) regroupant les centrales syndicales (Nigeria Labour Congress, Trade Union Congress, Congress of Free Trade Union) et des organisations de la société civile (Joint Action Forum). Des organisations politiques, comme le Democratic Socialist Movement, section nigeriane du Comité pour une Internationale des Travailleurs, ont toujours soutenu les appels à la grève générale, à la mobilisation lancés principalement par le Nigeria Labour Congress. Le prix Nobel de littérature, Wole Soyinka, a aussi appelé et participé à cette mobilisation.
[38] La lecture de l’ouvrage de William Mervin Gumede, sur Mbeki (Thabo Mbeki and the Battle of the Soul of the ANC, éd. Zebra Press, Cape Town 2005 ) est instructive à ce sujet.
[39] Sekou Diarra, “Revendications citoyennes au Mali”, Manière de voir, « En lutte. État des résistances dans le monde », décembre 2005-janvier 2006.
[40] “Labour group sues Bridgestone on Liberia rubber plantation”, Reuters, 18 novembre 2005. www.za.today.reuters.com. Firestone sévit au Liberia depuis 1926.

4-28-4 Guinée

Opération « pays mort » en Guinée Conakry
Juin 2006
le 8 juin 2006 débutait la grève générale en Guinée ; deux mois de grève générale des dizaines de morts
Les forces de sécurité répondent aux manifestations par des meurtres. Le gouvernement doit enquêter sur les responsables d’abus et les traduire en justice.
Human Rights Watch - 6 juillet 2006
En réponse à une grève nationale dénonçant l’augmentation des prix du riz et de l’essence, les forces de sécurité ont commis des meurtres et des viols. Elles ont aussi frappé et détroussé manifestants et passants, a déclaré aujourd’hui Human Rights Watch.
Le gouvernement guinéen doit immédiatement enquêter sur les responsables de ces abus et les traduire en justice. Les faits se sont déroulés pendant la semaine du 12 juin, peu de temps après l’appel à la grève nationale lancé par les principaux syndicats guinéens. Human Rights Watch a interrogé plus de 50 victimes et témoins des abus commis dans la capitale guinéenne, Conakry et dans l’une des capitales régionales, Labé.
Les témoins de 13 meurtres à Conakry et Labé ont rapporté à Human Rights Watch comment les forces de sécurité avaient tiré directement sur la foule des manifestants non armés. La police et les gendarmes ont également battu d’autres manifestants avec des matraques et des crosses de fusil.
« Le gouvernement guinéen ne peut pas laisser ses forces de sécurité tuer des manifestants non armés et attaquer des passants, » a déclaré Peter Takirambudde, directeur de la division Afrique à Human Rights Watch. « Le recours à une force meurtrière contre les manifestants était totalement disproportionné et inadapté aux circonstances. »
Alors que les manifestants se dispersaient dans les quartiers avoisinants, la police et les gendarmes les ont poursuivis, saccageant les habitations et les commerces des habitants des alentours, frappant non seulement les manifestants mais aussi beaucoup d’autres personnes dont des femmes, des enfants et des vieillards qui n’avaient pas pris part aux manifestations. Deux femmes ont affirmé à Human Rights Watch qu’elles avaient été violées par des membres des forces de sécurité à leur domicile. De nombreux témoins ont décrit comment à la fois pendant les manifestations et au cours des jours qui ont suivi, la police et les gendarmes avaient dérobé des biens de valeur, à des manifestants et des passants, sous la menace de leurs armes dont des téléphones portables, de l’équipement électronique et de l’argent.
Nombre des personnes interrogées par Human Rights Watch ont été arrêtées et emmenées par la police dans des centres de détention dans lesquels elles ont déclaré avoir été battues avec des bâtons, emprisonnées pendant plusieurs jours et libérées seulement après le versement de pots-de-vin aux officiers de police par des membres de leur famille, en échange de leur libération.
Le lundi 12 juin, quatre jours après l’appel à la grève nationale lancé par les principaux syndicats guinéens pour protester contre la hausse des prix des biens de première nécessité, des étudiants du secondaire qui devaient passer l’examen du baccalauréat sont arrivés dans les écoles et ont découvert que personne n’était présent pour surveiller les examens parce le syndicat des professeurs s’était joint à la grève. En réponse, des milliers d’étudiants sont descendus dans les rues de Conakry, Labé, N’zérékore et d’autres villes dans tout le pays pour protester, en scandant des slogans anti-gouvernementaux et en appelant à la démission du gouvernement.
Dans certains endroits, des étudiants et d’autres civils ont monté des barricades, brûlé des pneus, jeté des pierres aux forces de sécurité et brûlé des voitures. A Labé, des étudiants ont commis des actes de vandalisme contre plusieurs installations gouvernementales, brisant des vitres et endommageant les murs des bureaux du gouverneur, du maire et du préfet. Un témoin interrogé par Human Rights Watch à Labé a décrit avoir vu un groupe de civils en colère frapper un soldat et débattre pour savoir s’ils devaient ou non brûler sa motocyclette.
Si le bilan officiel des victimes s’élève à 11 morts, un groupe d’organisations de la société civile affirme que 21 personnes ont été tuées par les tirs des forces de sécurité guinéennes pendant les démonstrations dans tout le pays. Lors d’une intervention radiophonique le 12 juin, le gouvernement guinéen a exprimé ses condoléances aux familles des victimes mais a accusé les partis d’opposition de tenter de déstabiliser le gouvernement en fournissant finances et équipement à des individus ayant participé aux manifestations.
Les abus commis début juin, cependant, ne sont que les derniers événements dans une série d’incidents au cours desquels les forces de sécurité guinéennes ont tiré sur des manifestants non armés. Human Rights Watch a interrogé des victimes et des témoins d’une manifestation à Conakry, en février, au cours de laquelle des soldats ont tiré sur des manifestants, faisant deux blessés et un mort, lors d’une grève nationale antérieure pour protester contre la hausse des prix des produits de première nécessité. En novembre, trois manifestants dans la ville de Télimélé, au centre du pays, auraient été tués après que des soldats eurent ouvert le feu sur des étudiants qui demandaient davantage de professeurs. En septembre, deux individus dans la ville de Kouroussa au Nord du pays auraient été gravement blessés après que les gardes du préfet eurent ouvert le feu sur une foule qui dénonçait la corruption du gouvernement.
« Le recours à une force meurtrière contre des manifestants est devenu un problème fréquent en Guinée, » a déclaré Takirambudde. « Le gouvernement guinéen doit montrer qu’il prend au sérieux la sécurité de tous les Guinéens en enquêtant rapidement sur ces abus. »
Récits en provenance de Conakry et Labé :
« Le lundi matin, on est parti pour passer nos examens nationaux. Le principal de notre lycée est venu et il a dit qu’ils auraient lieu mais il ne savait pas quand. On était tellement en colère qu’on a décidé de marcher vers le bureau du gouverneur. On criait : « On veut du changement » et « On en a marre de la mauvaise gouvernance. » Il y avait environ 50 soldats dans la cour du bureau du gouverneur. Ils ont commencé à fouetter les gens avec leur ceinture pour nous faire partir. On a quitté la cour en courant et on a commencé à brûler des pneus dans la rue. Puis on a tous marché vers la prison. Il y avait des soldats devant la prison. Ils tiraient en l’air avec leurs armes mais ils ont vu que cela ne nous faisait plus peur. Un soldat a visé et a tiré sur un étudiant et l’a touché au ventre. Il était dans ma classe. Avec six autres, j’ai pris le corps et on l’a emmené à l’hôpital. Un médecin a confirmé sa mort. » Lycéen, témoin des meurtres de manifestants par l’armée, à Labé le 12 juin.
« Les policiers étaient en tenue anti-émeute complète avec des boucliers et des casques. Quand ils sont arrivés, ils ont sauté de leurs véhicules et ont immédiatement commencé à frapper avec leurs matraques toute personne qu’ils pouvaient attraper. Les étudiants ont commencé à prendre la fuite. C’était la panique totale. Puis, certains étudiants sont revenus et ont commencé à jeter des pierres. La police a répliqué en tirant directement dans la foule. Je ne sais pas s’il y avait juste un policier qui tirait ou plusieurs. Les étudiants ont de nouveau pris la fuite et la police les a poursuivis, frappant ceux qu’elle pouvait et donnant des coups de pied à ceux qui étaient à terre. J’ai vu quatre morts. » Chauffeur de taxi à Conakry, témoin de meurtres et d’actes de brutalité commis par la police à Conakry, le 12 juin.
« Je préparais le repas de midi pour la famille lorsqu’un important groupe de policiers est entré dans notre cour. On pensait que parce qu’on était resté à la maison, on n’aurait pas de problèmes. Je les ai vus frapper certains de mes frères et j’ai couru à la maison. L’un des policiers est venu dans ma chambre. Comme les autres, il était habillé en noir et portait un gilet pare-balles. Il m’a poussée contre l’armoire. Avec sa main, il a déchiré le devant de ma chemise. Puis, il m’a violée. Son fusil appuyait contre mon épaule. Après, il est revenu et il a appuyé un couteau contre ma tête. J’ai pensé qu’il allait me tuer. » Lycéenne de 19 ans violée par un policier à Conakry, le 13 juin.
« J’étais assis à côté de la mosquée pour la prière du soir. J’ai vu un groupe de gamins qui m’a dépassé en courant. Deux policiers m’ont ensuite dépassé puis ils ont fait demi-tour quand apparemment ils ne pouvaient plus rattraper les gamins. L’un d’eux a commencé à me frapper avec une matraque. Un groupe de voisins est venu pour m’aider. L’autre policier a tiré en l’air et certains des voisins ont pris la fuite. La police m’a emmené dans son camion. L’un d’eux m’a frappé à l’œil avec son poing. Puis ma tante est venue et a donné 200 000 francs guinéens [environ 40 USD] à la police et ils m’ont laissé descendre du camion. Sinon, ils vous emmènent au poste de police. » Electricien de 45 ans battu par la police à Conakry, le 16 juin.

Guinée : Grève massive, incidents meurtriers
13 Juin 2006
Au moins dix personnes ont été tuées lors des incidents qui ont opposé lundi des jeunes manifestants aux forces de l’ordre à Conakry et dans d’autres villes guinéennes. Le gouvernement a regretté les pertes humaines et a accusé l’opposition, tandis que la grève générale se poursuivait dans le pays.
Des incidents violents ont éclaté à Conakry et dans plusieurs autres villes entre jeunes manifestants et forces de l’ordre. Ces incidents ont provoqué au moins dix morts, alors que la grève générale était très suivie, notamment dans les banques, les commerces, les écoles et l’administration. Le gouvernement a ainsi décidé d’annuler les épreuves du baccalauréat, ce qui a déclenché des mouvements de protestation des jeunes lycéens qui ont dégénéré. Les forces de l’ordre ont utilisé du gaz lacrymogène contre les jeunes qui avaient érigé des barricades et jeté des pierres. Ces incidents ont touché mardi plusieurs quartiers populaires de la capitale : Hamdalaye, Gbessia, Simbaya et Taouiyah.
Les incidents les plus graves s’étaient produits lundi à Enta, dans la banlieue sud de Conakry, quand un militaire de la garde présidentielle a tiré sur la foule tuant cinq personnes selon des témoins cités par l’AFP. De même source trois étudiants ont été abattus par des militaires dans la ville de Labé, située à 400 kilomètres au nord de la capitale.
Des incidents ont été aussi signalés à Nzerekore, à 970 kilométres au sud-est de Conakry, où selon Reuters un commissariat de la police a été attaqué par les étudiants qui ont libéré des détenus. A Conakry les forces de l’ordre étaient intervenues lundi pour disperser une manifestation d’étudiants qui ont tenté de gagner le centre-ville, se dirigeant vers le palais du président Lansana Conté.
Le porte-parole du gouvernement, Moussa Solano, a déclaré mardi que « le gouvernement regrette les incidents et les pertes en vies humaines », mais il a accusé l’opposition d’avoir « financé et armé des manifestants ». Un des principaux dirigeants de l’opposition, Jean-Marie Doré, secrétaire général de l’UPG (Union pour le progrès de la Guinée) a qualifié cette déclaration de « diversion » et de « manipulation », soulignant qu’ « il n’ y a eu qu’un ras-le-bol de la population éprouvée par toutes sortes de misères ». Huit militants d’un autre parti de l’opposition - l’UFR (Union des Forces Républicaines) de l’ancien Premier ministre Sidya Touré - ont été arrêtés dans la nuit de lundi à mardi à Conakry.
Dans un communiqué diffusé à Paris, mardi, la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) affirme que les forces de l’ordre guinéennes « ont tiré à balles réelles sur de jeunes manifestants faisant au moins 15 morts et plusieurs dizaines de blessés à travers le pays ». La FIDH considère que cette répression est « manifestement excessive et disproportionnée » et demande l’ouverture immédiate d’une enquête impartiale.
Crise sociale liée aux augmentations des prix des carburants
Les incidents enregistrés dans plusieurs villes guinéennes sont une conséquence de la crise sociale avec une grève générale très suivie qui paralyse le pays depuis cinq jours. Les deux principales centrales syndicales exigent de fortes augmentations de salaires, notamment des fonctionnaires de l’éducation nationale, ce qui a entraîné le report sine die des épreuves du baccalauréat. La Féderation syndicale professionnelle de l’éducation (FSPE) et le Syndicat libre des enseignants et chercheurs (SLECG) sont très actifs au sein de l’Intercentrale guinéenne qui accuse le gouvernement « d’ignorer systématiquement la misère de la population ». Les centrales syndicales exigent le quadruplement des salaires des fonctionnaires et une baisse du prix des carburants.
Les syndicats guinéens protestent depuis le jeudi 8 juin contre la hausse de 30% des prix des carburants qui avait été appliquée il y a un mois environ. Un litre d’essence coûte maintenant 1,20 dollar en Guinée, où plus de la moitié de la population vit avec moins d’un dollar par jour. Le président Lansana Conté, toujours souffrant, a reçu lundi soir les dirigeants de l’Intercentrale. Il leur a demandé de « travailler sur les revendications ».
En marge de la grève générale en cours en Guinée, des violents heurts entre jeunes manifestants et forces de l’ordre ont provoqué une dizaine de morts.

RFI : Par Antonio Garcia
13/06/2006

GUINÉE : Conakry retrouve son calme, mais la grève générale se poursuit
CONAKRY, le 14 juin (IRIN) - Deux jours après les incidents qui ont éclaté entre des élèves, des jeunes chômeurs et les forces de sécurité, le calme est revenu mercredi à Conakry, la capitale guinéenne, mais le mouvement de grève générale se poursuit.
Au septième jour de grève, seules quelques commerçantes sont revenues au marché pour vendre des denrées alimentaires et divers produits, mais les boutiques, banques et autres commerces sont restés fermés. Quelques voitures circulaient dans les rues de Conakry désertées par les véhicules de transport public.
Si les soldats ont disparu du centre ville, ils continuent en revanche à patrouiller dans les quartiers périphériques, notamment à Matoto et Bambeto où les émeutes ont éclaté lundi et mardi.
Certains témoins disent avoir vu treize corps de victimes des affrontements entre les soldats et les élèves manifestants.
Le secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan s’est dit très préoccupé par les informations faisant état de la mort d’une dizaine d’élèves pendant les manifestations. Et dans un communiqué publié mardi à New York, M. Annan a appelé les autorités guinéennes à faire preuve de retenue.
Les manifestations des élèves ont commencé lundi après que quelque 12 000 membres du syndicat des enseignants aient rejoint le mouvement de grève générale, empêchant ainsi les élèves de passer leurs examens de fin d’année. En réaction à cette décision des enseignants, le gouvernement a décidé d’annuler définitivement les examens.
M. Annan a également appelé toutes les composantes de la société guinéenne à engager un dialogue constructif pour mettre fin à la crise.
Les négociations ont repris entre le gouvernement du Président Lansana Conté et leaders de l’intersyndicale CNTG (Confédération des travailleurs guinéens) - USTG (Union syndicale des travailleurs guinéens) qui exigent entre autres la réduction des prix du riz et du carburant.
Le gouvernement pour sa part a accusé les partis de l’opposition de manipuler les jeunes manifestants et a mis en garde les leaders politiques contre toute tentative de déstabilisation.
Pour l’opposant Mamadou Ba, il ne s’agit pas d’infiltrer les élèves, parce qu’en réalité, les partis politiques sont déjà impliqués dans le mouvement qui manifeste contre le gouvernement.
« Nous faisons partie de ce mouvement de protestation ; nous travaillons avec les syndicats », a-t-il déclaré.
M. Ba a rappelé par ailleurs l’importance de la table ronde organisée en mars par une coalition de 5 partis politiques, des membres de la société civile et des organisations religieuses. Cette réunion a permis de passer en revue les problèmes de la Guinée et de trouver les voies et moyens pour y remédier. Elle a été l’amorce d’une action collective visant à exercer une pression sur le gouvernement.
Au pouvoir depuis 1984, le Président Conté est actuellement très malade. Et selon les observateurs internationaux, les élections présidentielles et législatives organisées en Guinée au cours des dernières années n’étaient ni transparentes, ni justes.

Juger et Punir les responsables de la répression sanglante du 12 juin 2006
http://www.liberationafrique.org/auteur.php3?id_auteur=RADDHO - 13 juin 2006
La Rencontre Africaine pour la Défense des Droits de l’Homme (RADDHO) exprime sa grave préoccupation par rapport à la rapide dégradation de la situation politique et sociale mais surtout la répression sanglante de la manifestation des élèves le 12 juin 2006 par les forces de l’ordre en Guinée.
Les forces de l’ordre ont réprimé sans ménagement et de façon aveugle la manifestation, faisant selon des sources dignes de foi, vingt et un (21) morts dont dix (10) à Conakry, et onze à l’intérieur du pays (Kankan, N’ Zerekore, Labé etc. ), des dizaines de blessés et de nombreuses arrestations.
Tout est parti de la grève générale et illimitée lancée par l’intersyndical CNTG - USTG le 08 juin 2006 qui estime que le gouvernement guinéen ignore systématiquement la misère de la population, aucune de leurs revendications n’ayant été satisfaite. C’est ainsi qu’ils ont décidé de boycotter l’examen du baccalauréat. Les élèves n’ayant pas de surveillant le premier jour des épreuves du BAC, ont vivement manifesté leur colère dans la rue.
La semaine dernière déjà, trois étudiants de l’université de Foulaya à Kindia avaient été tués et plusieurs autres blessés dans des incidents similaires. La passivité de la communauté africaine est scandaleuse, le Président de la CEDEAO Mamadou TANDJA et le Secrétaire Général Mohamed Ibn CHAMBAS doivent absolument rompre le silence.
Le Président de l’Union Africaine Denis Sassou Nguesso et Alpha Omar KONARE Président de la Commission de l’Union Africaine doivent sortir de leur réserve pour condamner la répression et trouver des solutions de sortie de crise pour la Guinée.
La RADDHO :
Condamne la répression sanglante et exprime son indignation et sa réprobation la plus totale face à cette situation ;
exige la création d’une commission d’enquête internationale, comme ce fut le cas lors du massacre des enfants de Berengo en 1979 sous le règne de Bocassa Ier (en Centrafrique). Les auteurs de cette répression doivent rendre compte devant la justice de leur pays ou à défaut la Justice Pénale Internationale.
en appelle une fois de plus à la communauté africaine et internationale pour créer les moyens d’une sortie de crise en Guinée avant qu’il ne soit trop tard ;
Aujourd’hui, les menaces de répression obligent les leaders syndicaux à vivre dans la clandestinité pour leur propre sécurité.
Il faut aider la Guinée à asseoir le dialogue national pour un Pacte Républicain réunissant les acteurs politiques et la société civile. Il est temps d’agir pour éviter le chaos en Guinée Conakry !

Menaces contre des syndicalistes
http://www.liberationafrique.org/auteur.php3?id_auteur=CMT, CISL - ICFTU - 8 juin 2006
Alors que l’intersyndicale CNTG-USLG appelle à une nouvelle grève générale, la situation se dégrade en République de Guinée. Les responsables syndicaux des deux centrales syndicales les plus représentatives sont menacés.
La situation se dégrade en République de Guinée. Les principes établis dans les conventions 87 et 98 de l’OIT en République de Guinée ont été violés alors que ces deux conventions ont été ratifiées par ce pays en 1959.
La CISL et la CMT sont extrêmement inquiètes de la situation des droits syndicaux dans ce pays. L’’intégrité de plusieurs syndicalistes est en danger. Les personnes concernées sont les principaux dirigeants des deux centrales syndicales les plus représentatives de Guinée (la Confédération nationale des Travailleurs de Guinée - CNTG- et l’Union syndicale des Travailleurs de Guinée -USTG-). Il s’agit en l’occurrence de Hadja Serah Rabiatou DIALLO, Secrétaire générale de la Confédération nationale des Travailleurs de Guinée - CNTG- et membre du conseil d’administration du BIT ; Ibrahima FOFANA, Secrétaire général de l’Union syndicale des Travailleurs de Guinée -USTG- ; Ahmadou DIALLO, premier Secrétaire général adjoint de la CNTG et Louis Mbemba SOUMAH, premier Secrétaire général adjoint de l’USTG et Secrétaire général du Syndicat libre des Enseignants et Chercheurs de Guinée (Slecg).
Les faits indiquent que le 24 mai dernier, Me Kanfy CAMARA a été assassinée. Cette personne se déplaçait à bord d’un véhicule semblable à celui de Mme Diallo, habitait à proximité du domicile de celle-ci et lui ressemblait. Au vu des circonstances de cet homicide, il y a lieu de craindre que Mme Diallo était en fait la personne visée. Il s’est également produit alors qu’elle venait de rentrer dans son pays à la suite d’une absence prolongée.
Par ailleurs, depuis les mobilisations du 1er mai dernier, Ibrahima Fofana a été suivi par un groupe d’individu. Deux de ces personnes sont même allées jusqu’au domicile du syndicaliste. Un d’entre eux, identifié comme Yacouba Camara, un agent de la DTS, s’est finalement rendu le 26 mai 2006 à la banque où M. Fofana travaille. Il a été appréhendé par les vigiles de la Banque alors qu’il attendait Mr. Fofana. Un pistolet automatique aurait été retrouvé sur lui.
Le jour précédent, M. Fofana, accompagné de Ahmadou Diallo et de Louis Mbemba Soumah, avait reçu des menaces de M. Fodé Bangoura, Ministre d’Etat chargé des Affaires présidentielles.
Ces faits se produisent après le déclenchement d’une grève générale en février dernier. La CNTG et l’USTG avaient alors lancé un mot d’ordre de grève en protestation contre la décision unilatérale du gouvernement de majorer le prix des produits pétroliers, une mesure qui a débouché sur l’augmentation de tous les prix dans un pays où le pouvoir d’achat est déjà très affaibli. Un accord avait été conclu entre le gouvernement et les partenaires sociaux, lequel avait ainsi permis de lever la grève. Le 22 mai dernier, l’Intercentrale CNTG-USTG avait demandé aux autorités de respecter l’accord signé quelques mois plus tôt en menaçant, le cas échéant, de lancer un nouveau mot d’ordre de grève, laquelle a débuté en date d’aujourd’hui en raison de l’absence de réaction positive. Ces faits permettent de mettre en relation les activités syndicales menées par les dirigeants de l’Intercentrale avec les faits de menaces contre leur intégrité.
Les 4 dirigeants syndicaux concernés par ces faits se trouvent à la Conférence de l’OIT qui se tient en ce moment même à Genève. La CISL et la CMT ont demandé à Juan Somavia, Directeur général de l’OIT, d’intervenir d’urgence auprès des autorités guinéennes afin d’obtenir de leur part la garantie que les menaces contre les quatre syndicalistes cessent immédiatement, qu’une protection spéciale soit accordée à ces quatre personnes et que les conventions 87 et 98 de l’OIT soient pleinement respectées et promues en Guinée.


La Guinée en transition

11 avril 2006
Depuis bien trop longtemps, les personnalités publiques en Afrique et ailleurs rechignent à examiner les profonds problèmes de la Guinée. La forte position anti-impérialiste que le pays a adoptée depuis les années 60 lui a fait gagner le respect des pan-africanistes, mais l’attitude de non-intervention qui en résultait a depuis longtemps laissé place à l’indifférence et au cynisme. Il est désormais fort probable que le mandat de Lansana Conté s’achèvera par un coup d’État militaire, que certains semblent déjà prêts à accepter avant même que celui-ci ne se produise, comme s’ils y voyaient un moyen de préserver la souveraineté de la Guinée. Cependant, certains membres de l’élite civile guinéenne commencent enfin à considérer l’avenir du pays comme un sujet de préoccupation collective les concernant directement et ne devant pas être laissée entre les mains de tiers, qu’il s’agisse de l’armée ou de diplomates étrangers. Ils devraient être encouragés sur cette voie, notamment par les acteurs internationaux concernés.
Le mélodrame du 4-5 avril demande encore à être pleinement éclairés. La seconde annonce sur les ondes de la radio nationales d’un remaniement profond du cabinet fut interrompue par des soldats, puis le décret présidentiel y référant fut annulé et le premier ministre congédié. D’aucuns racontent que le premier ministre aurait falsifié une partie ou tout de ce décret, visiblement signé par le président, et qui aurait renforcé la position du premier ministre face à un clan rival proche du président. D’autres pensent que le clan autour du secrétaire de la présidence, Fodé Bangoura, auraient simplement convaincu le président de faire volte-face. Il importe peu de savoir laquelle de ces versions est la bonne. Toutes deux illustrent la décrépitude fondamentale du centre du gouvernement, proche de l’anarchie, incapable de prendre des décisions autrement que par les décrets d’un individu au mieux inconstant et qui pourrait désormais ne plus être entièrement apte à gouverner.
Au milieu de cette lutte peu reluisante pour le pouvoir, la société civile commence à formuler une vision pour l’avenir de la Guinée qui se base sur une succession civile pacifique. Les bailleurs de fonds devraient avoir honte de ne pas avoir fait davantage. L’Agence américaine pour le développement international (USAID) a réduit de deux tiers son budget, le Canada a fermé son ambassade et l’argent de l’Union européenne (UE), après une suspension des aides de plusieurs années pour cause de mauvaise gouvernance, commence tout juste à arriver au compte-gouttes. Alors que la société civile avance, les Guinéens sont accablés par la faim, le manque d’électricité et d’eau, le délabrement des infrastructures de communication et l’absence de services de santé et de soins.
Afin de permettre à ce nouvel élan d’autonomie de se généraliser à l’ensemble de la population, les organisations de la société civile, la presse et les syndicats ont besoin de recevoir dès à présent un soutien des bailleurs de fonds. Ces derniers devraient immédiatement se mettre au travail pour corriger les problèmes rencontrés lors des élections municipales de décembre 2005. Celles-ci ont été bien préparées mais se sont mal déroulées, en particulier à cause des cartes d’électeurs inappropriées et de l’absence de pouvoir de la commission électorale.
Les propositions formulées à la fin du mois de février et au début du mois de mars 2006 par la Concertation nationale, qui rassemble les partis politiques, les organisations de la société civile, les syndicalistes, les groupes de femmes et les jeunes, doivent également mieux prendre en compte les réalités du terrain. Or, seule une transition civile permettra leur application. Les appels à l’abolition de toutes les institutions existantes, depuis la Cour suprême jusqu’à l’Assemblée nationale, risquent plus probablement de pousser les hommes politiques civils du gouvernement dans les bras de l’armée plutôt que de les inciter, ainsi que les généraux et les colonels, à envisager une transition légale. La clé de l’avenir réside dans l’aptitude à combiner une situation idéale avec la situation actuelle. Il faudra construire en s’appuyant sur les modestes réformes politiques réalisées en 2005 et faire la distinction entre les interventions techniques nécessaires pour une plus grande transparence des élections et un dialogue à plus long terme, indispensable pour effectuer des changements de taille dans les pratiques politiques, tels que la mise en place d’un pouvoir judiciaire plus indépendant, la réalisation de réformes constitutionnelles et une réflexion sur les injustices du passé qui hantent la société guinéenne.
Le fait que le Président Conté, gravement malade, se soit rendu en Suisse pour y recevoir un traitement médical pendant la Concertation nationale fut une nouvelle illustration d’un fait déjà avéré : depuis deux ans, le président se désengage de plus en plus de la gestion quotidienne du gouvernement. L’opportunisme et le désarroi que ce désengagement provoque apparurent au grand jour les 4 et 5 avril. La grève générale, en revanche, profila la société civile comme un possible contrepoids à la “guerre des clans” qui domine le gouvernement. Pour reprendre les termes qu’un observateur a utilisés récemment au sujet de la Guinée, “le génie est sorti de sa lampe”.
Afin d’aider les Guinéens, qui commencent pour la première fois depuis plusieurs années à se tourner vers l’avenir,
• les bailleurs de fonds devraient accompagner leurs subventions de signaux diplomatiques clairs visant à établir qu’un gouvernement issu d’un coup d’État militaire (même si celui-ci comprenait un élément civil), serait isolé, ne serait pas reconnu et ne recevrait aucune aide internationale ;
• les acteurs internationaux devraient soutenir le dialogue amorcé au cours de la Concertation nationale suivant deux axes distincts mais complémentaires : tout d’abord, la préparation d’élections dans la transparence, qu’il s’agisse d’élections présidentielles, ou des élections législatives prévues pour 2007 ; le deuxième axe de discussion viserait à mettre en place une Conférence Nationale pour définir des objectifs sociaux, politiques et de gouvernance, et notamment des recommandations en matière de réforme constitutionnelle ;
• le Vatican devrait autoriser Msgr Robert Sarah, prêtre engagé très respecté, à diriger la Conférence nationale, si celle-ci devait l’élire à sa tête ; et
• en cas de vacance soudaine de la présidence, les acteurs internationaux devraient faire pression sur le président de la Cour suprême pour qu’il prolonge la période transitoire de 60 jours d’une durée suffisante pour permettre la révision des listes électorales, la préparations de cartes d’identité avec photographie pour les électeurs, et pour permettre aux partis politiques d’organiser leur campagne électorale ; par ailleurs, l’UE devrait libérer des fonds provenant du Fonds de développement européen pour rendre tout cela possible.

Guinée : Un mouvement de grève générale paralyse la ville de Conakry

UN Integrated Regional Information Networks
17 Novembre 2005
Conakry
- Alors que la population manifeste de plus en plus son mécontentement face à la grave crise économique que traverse le pays, des affrontements ont opposé mardi des étudiants aux forces de l’ordre pendant la grève générale de 48 heures décrétée par la confédération nationale des travailleurs de Guinée (CNTG), le plus ancien syndicat du pays, et qui a paralysé les écoles et contraint les hôpitaux au service minimum.
« Depuis l’augmentation des prix de l’essence en mai dernier, qui a entraîné une augmentation des prix des produits et services de base, le salaire des travailleurs n’a pas été augmenté d’un centime », a déclaré à IRIN Yamoussa Touré, le secrétaire général adjoint de la CNTG.
La CNTG avait appelé mardi à une grève de 48 heures pour exiger que la multiplication des salaires et des pensions par quatre, l’instauration d’un salaire minimum interprofessionnel garanti et d’un tribunal administratif pour les travailleurs de la fonction publique, et une réduction du coût des transports publics.
Soutenue par un autre des trois syndicats du pays, l’Union syndicale des travailleurs guinéens (USTG), la grève a paralysé les écoles et services administratifs et contraint les hôpitaux à assurer un service minimum, de nombreux patients se trouvant obligés de faire la queue devant l’hôpital Donka, le plus important de la capitale, pour solliciter une assistance médicale.
« C’est maintenant notre dernier recours », a déclaré un fonctionnaire du ministère des Affaires sociales. « Il y a trop longtemps que le régime du président Lansana Conté ne nous prend pas au sérieux ».
Au pouvoir depuis 21 ans, le président Conté fait face depuis deux ans à la colère de la population qui doit composer avec une inflation galopante qui hypothèque les maigres revenus de ces quelques Guinéens qui peuvent s’estimer heureux d’avoir un emploi.
Et lorsque le prix de l’essence a augmenté de 55 pour cent, au mois de mai, entraînant une hausse importante du prix des transports publics, les syndicats ont exigé une multiplication par quatre de leurs salaires. Mais les négociations avec les autorités n’ayant pas abouti, la CNTG a décidé de déclencher cette semaine un mouvement de grève de 48 heures.
« Ce n’est pas une action politique », a déclaré El Hadj Mamadou Bah de la CNGT. « Nous défendons les intérêts moraux et matériels des travailleurs pour que nous puissions vivre décemment ».
Le prix du riz, la denrée de base de ce pays de 8 millions d’habitants, a presque doublé entre janvier 2004 et novembre 2005, le sac de 50 kg passant de 50 000 francs à environ 85 000 francs, soit environ la moitié du salaire moyen mensuel d’un fonctionnaire de l’Etat.
L’inflation, qui se situait juste en dessous des 28 pour cent en 2003, était de plus de 30 pour cent au second trimestre de 2005, selon le ministère de l’économie et des finances.
La grève de mardi s’est également étendue aux provinces de Leluma, Mali, Faranah, Dinguirai, Koubia et Fria où de nombreux travailleurs sont restés chez eux.
Selon certains témoignages, des étudiants en colère ont saccagé des véhicules et plusieurs jeunes manifestants ont été interpellés par la police dans les rues de Conakry. A Madina, des heurts ont également opposé les commerçants du centre commercial aux forces de l’ordre.
A en croire la centrale syndicale, le mot d’ordre de grève a été largement suivi et le mouvement prendra fin le 16 novembre, comme prévu. Toutefois, la centrale n’a pas écarté une possible reconduite du mouvement de grève si les exigences des travailleurs n’étaient pas satisfaites.
La Guinée détient un tiers des réserves mondiales de bauxite, le minerai utilisé pour produire de l’aluminium. Le pays possède également des réserves d’or, de diamants et de fer, largement inexploitées. Sa forte pluviométrie lui donne aussi un vaste potentiel agricole.
Mais selon les diplomates et les travailleurs humanitaires, la mauvaise gouvernance et la corruption ont précipité le déclin économique du pays et nombreux sont ceux qui se demandent ce qui arrivera lorsque le président Conté, qui a 71 ans et est diabétique, quittera finalement la scène politique.

Conjurer la descente aux enfers
International Crisis Group - 14 juin 2005
La Guinée court le risque de devenir le prochain État africain en faillite à moins que son gouvernement et la communauté internationale ne fassent de la mise en oeuvre des réformes la priorité de l’heure.
Le dernier rapport de l’International Crisis Group Guinée : conjurer la descente aux enfers, examine la situation d’un pays qui est au bord du gouffre. Pendant que des intrigues se nouent autour de la succession du Président malade et autoritaire, Lansana Conté, l’économie guinéenne s’effondre, les services publics ne sont quasiment plus assurés, le pays a été marqué par une série de manifestations isolées et il doit par ailleurs faire face à des menaces externes.
« La classe politique est préocuppée par la santé fragile de Conté, mais les mesures que le pays doit prendre dans les prochains mois restent les mêmes, que le Président se rétablisse ou non », explique Mike McGovern, Directeur du Projet Afrique de l’Ouest de Crisis Group. « Tous les acteurs doivent soutenir le programme convenu de réformes sans qu’il ne soit tenu compte des questions de personnes. »
L’ensemble des réformes politiques et économiques qui ont été récemment adoptées par le gouvernement exige des Guinéens qu’ils assument un niveau de responsabilité inédit dans la gestion de leur pays. Ils devraient s’assurer de la mise en place d’institutions solides et des indispensables contre-pouvoirs.
Ces réformes -qui comprennent la révision des listes électorales, la libéralisation des ondes, la garantie de la liberté de mouvement et d’association pour les partis d’opposition et la création d’une commission électorale indépendante- sont nécessaires et urgentes. Leur mise en œuvre devrait précéder la tenue des prochaines élections municipales et celle d’un éventuel scrutin présidentiel anticipé en cas de vacance du pouvoir.
Face à la résistance de ceux qui, agglutinés autour de la présidence, défendront farouchement leurs intérêts acquis, la voie des réformes sera difficile, lente et imparfaite. Il est improbable qu’elle réussisse si les militaires n’y trouvent pas leur intérêt, d’où la nécessité de se pencher sur les questions de salaires et d’évolution de carrière au sein de l’armée. L’opposition devra également adopter une nouvelle attitude, poser un acte de foi et participer au processus électoral même si le progrès ne se fera que par à coups.
Les forces de sécurité et les fonctionnaires peuvent se voir imposer de nouvelles règles, mais leurs activités au quotidien restent encore trop souvent dictées par des habitudes acquises au cours de 47 années de régime autoritaire. Plutôt que de se désengager au premier signe de répression, les partis de l’opposition doivent maintenir la pression et faire en sorte que le gouvernement tienne ses promesses. Les média et la société civile ont aussi un rôle important à jouer à cet égard.
« Si ces réformes sont mises en place, la bataille à venir pour la succession pourra être résolue de manière consensuelle, et la Guinée pourrait prendre un virage important au cours des 12 à 24 prochains mois », affirme Nancy Soderberg, Vice-Présidente de Crisis Group et Directrice intérimaire du Programme Afrique. « Sinon, la succession pourrait se révéler sanglante et la gestion catastrophique de ces 21 dernières années aurait toutes les chances de se poursuivre ».

Lansana Conté s’accroche au pouvoir
A quelques semaines des élections présidentielles prévues le 21 décembre 2003, la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) a mandaté une mission internationale d’enquête en Guinée-Conakry, du 8 au 15 novembre 2003. La mission a eu pour objectif de : dresser un état des lieux de la situation politique et sociale au regard des droits de l’Homme ; s’informer de la situation de l’administration de la justice ; s’enquérir de la situation des défenseurs des droits de l’Homme, ainsi que du sort des réfugiés.
Les chargés de mission ont rencontré les représentants des autorités officielles, les dirigeants des partis politiques d’opposition, les acteurs de la société civile et les représentants de missions diplomatiques.
Au cours de sa mission, la FIDH a pu constater de vives crispations et tensions à la veille des élections présidentielles :
Le 10 novembre, les enseignants sont entrés en grève après l’échec des négociations visant à la mise en œuvre des promesses signées en janvier 2002 par les autorités guinéennes compétentes. Il s’agissait d’une revalorisation salariale sensible pour faire face à l’augmentation du coût de la vie. Dès le premier jour de la grève, Louis M’Bemba Soumah, dirigeant syndical, a été interpellé par la police afin d’être entendu. Le lendemain, six dirigeants syndicaux (membres du SLECG et de la FSPE ont été interpellés. Ils ont passé une nuit au poste de gendarmerie avant d’être libérés.
Le 13 novembre 2003, Jean-Marie Dore, président de l’Union pour le Progrès , a été arrêté. Cette interpellation ade la Guinée (UPG - opposition fait suite à une interview sur Radio France International le matin même, lors de laquelle M. Jean-Marie Dore a évoqué la maladie du Président Lansana Conte et accusé ses médecins d’avoir produit un faux certificat médical pour son dossier de candidature. L’annonce de cette interpellation, illégale au regard du droit guinéen, a provoqué un début de rassemblement qui a été promptement dispersé par les forces de l’ordre. Le 14 novembre, une demande de levée d’immunité parlementaire de Jean-Marie Dore a été adressée au Président de l’Assemblée Nationale. Toutefois, cette question n’a pas été mise à l’ordre du jour de l’Assemblée. Jean-Marie Dore a été libéré dans la nuit du 14 au 15 novembre, à la suite d’une forte mobilisation.
S’agissant de la préparation des élections, la FIDH a constaté la décision des partis d’opposition de boycotter l’élection présidentielle. Cette situation est le résultat direct de la rupture du dialogue national, initié en juillet 2003, sur les questions électorales et générales. Ce dialogue, auquel avait pris part des membres du gouvernement, des représentants des partis politiques (mouvance présidentielle et et des représentants de la société civile, a étéopposition définitivement suspendu fin octobre après l’annonce unilatérale, par les autorités, de l’adoption d’un décret fixant la date des élections présidentielles pour le 21 décembre 2003.
Enfin, sur huit candidatures présentées (pratiquement , la Cour Suprême n’en atoutes issues de la mouvance présidentielle retenu que deux écartant les autres arguant de vices de procédure. Ainsi, cette élection se jouera uniquement entre Lansana Conte, président actuel, et Mamadou Boyhé Barry, député de l’Assemblée Nationale.
Cette situation confirme les craintes de la FIDH s’agissant de la volonté du pouvoir actuel de se maintenir en place à tout prix. Les quelques signes positifs que constituaient l’amorce de dialogue national et la loi d’amnistie du 9 novembre 2003 - au bénéfice des opposants politiques et notamment d’Alpha Condé, leader du Rassemblement du peuple de Guinée - seront restés au final lettre morte.
Les récents événements témoignent d’un climat de vive tension politique, aggravé par une situation économique préoccupante (pauvreté croissante, inflation en forte augmentation...) et un climat de violence lié la présence de groupes armés en Guinée forestière.
Cette situation est d’autant plus inquiétante qu’elle s’inscrit dans un contexte particulièrement tendu dans la sous-région, dû notamment aux conflits en Côte d’Ivoire, Libéria et Sierra Leone [, la Guinée devant en outre accueillir chaque jour un nombre croissant de réfugiés] (partie supprimée).
La FIDH craint, au regard des faits constatés au cours de sa mission, une dégradation de la situation à l’approche de l’élection présidentielle.
La FIDH appelle les autorités guinéennes à instaurer les conditions nécessaires à la reprise du dialogue national et à garantir le déroulement d’élections présidentielles libres et démocratiques dans le respect des valeurs inhérentes à un Etat de droit. La FIDH les appelle en outre à garantir, en toutes circonstances, le respect des droits de l’Homme et des libertés fondamentales en Guinée.

Les forces de sécurité doivent respecter le droit à la liberté d’expression et d’association
Amnesty International - 6 novembre 2001
A la veille du référendum constitutionnel, Amnesty International dénonce les arrestations arbitraires et les mauvais traitements dont sont victimes les opposants politiques.
« Il doit être mis fin aux arrestations arbitraires et aux mauvais traitements dont sont victimes les opposants politiques pacifiques », a déclaré Amnesty International aujourd’hui (mardi 6 novembre 2001) alors qu’un référendum constitutionnel doit avoir lieu en Guinée le 11 novembre. « Le gouvernement doit veiller à ce que ses forces de sécurité respectent pleinement le droit à la liberté d’expression et d’association ».
Plus l’échéance du référendum approche et plus Amnesty International est préoccupée par le recours excessif à la force et les autres violations des droits humains imputables aux forces de sécurité guinéennes. Selon certaines informations, le 3 novembre 2001 des membres des forces de sécurité ont arrêté et détenu pendant de courtes périodes des dirigeants de partis politiques de l’opposition et ont utilisé des matraques et du gaz lacrymogène contre des civils pour empêcher la tenue de manifestations pacifiques à Conakry, la capitale. Des manifestants auraient également été arrêtés de manière arbitraire et frappés dans la ville de Kankan située dans le nord-est du pays le 30 octobre 2001. Amnesty International craint que la situation des droits humains ne se détériore encore si des mesures préventives ne sont pas prises de toute urgence avant le référendum et au cours des semaines qui suivront.
Les forces de sécurité guinéennes ont régulièrement recours à la violence, y compris des actes de torture, et à d’autres manœuvres d’intimidation pour réprimer les membres de l’opposition politique. L’élection présidentielle de décembre 1998, à l’issue de laquelle le président Lansana Conté a été réélu, avait été entachée d’actes de violence imputables aux forces de sécurité. Les partis d’opposition avaient qualifié le scrutin d’irrégulier et avaient accusé le gouvernement d’avoir truqué l’élection. Des députés de l’opposition, des conseillers des gouvernements locaux et quantité d’autres personnes, dont des femmes et des jeunes filles, avaient été arrêtés. Un grand nombre d’entre eux avaient été torturés en détention, des femmes et des jeunes filles ont notamment été violées. Certaines des personnes arrêtées ont été détenues sans inculpation pendant des mois ou ont été condamnées à de longues peines d’emprisonnement à l’issue de procès iniques. Les allégations de violations des droits humains imputables aux forces de sécurité n’ont pas fait l’objet d’enquête formelle de la part des autorités et personne n’a été déféré à la justice pour ces infractions. Les forces de sécurité continuent d’agir en toute impunité.
« Il existe de toute évidence une pratique bien établie de violation des droits humains au sein des forces de sécurité guinéennes. Le gouvernement de la Guinée devrait donner immédiatement et publiquement des instructions claires à ses forces pour qu’elles cessent d’arrêter arbitrairement et de soumettre à des actes de violence des manifestants non violents. Le droit fondamental à la liberté d’expression et d’association doivt être pleinement respecté », a souligné Amnesty International.
L’organisation appelle également les pays donateurs et les organisations intergouvernementales telles que l’Union européenne à évoquer la question des droits humains avec le président Conté et son gouvernement. Le gouvernement des États-Unis, l’Union européenne et d’autres instances ont déjà exprimé leurs préoccupations en ce qui concerne le référendum qui, s’il est adopté, étendrait le mandat actuel du président Conté et lui permettrait de se faire élire pour un troisième mandat. Une coalition de partis d’opposition guinéens mène campagne contre le référendum depuis des mois et appelle les électeurs à boycotter ce scrutin.
Complément d’information
Le président Conté a pris le pouvoir en 1984 à la faveur d’un coup d’état militaire. Le bilan catastrophique de son gouvernement et des forces de sécurité en matière de droits humains a fait l’objet de plusieurs rapports de la part d’Amnesty International et d’autres organisations de défense des droits de la personne. Le gouvernement vient de reprendre les exécutions judiciaires après plus de quinze ans d’interruption. Alors qu’aucune exécution n’avait eu lieu depuis 1984, sept personnes ont été exécutées depuis février 2001. Vingt-deux autres personnes ont été condamnées à mort depuis le début de l’année. Amnesty International appelle le président Conté à commuer toutes les condamnations à mort déjà prononcées et à abolir ce châtiment dans la loi et la pratique.
Le dirigeant de l’opposition et ancien prisonnier d’opinion Alpha Condé se voit toujours empêché de reprendre ses activités de membre de l’Assemblée nationale. Amnesty International considère que cette situation constitue une nouvelle violation de son droit à la liberté d’expression. Alors que cet homme a été libéré en mai 2001, le gouvernement a invoqué le fait que son « passé criminel » lui interdisait de prendre part à la vie politique. Alpha Condé a été incarcéré pendant presque deux ans et demi à la suite de l’élection présidentielle de décembre 1998, à laquelle il était candidat.

Vive tension en Guinée Forestière
GUINÉE - 27 octobre 2006 - PANAPRESS
La Coordination des associations et groupements de N’Zérékoré, chef-lieu de la Guinée Forestière, dans le sud du pays, a organisé, jeudi, une marche pacifique au cours de laquelle les manifestants ont exigé des pouvoirs publics l’amélioration de leurs conditions socio-économiques.
Selon la Radio nationale guinéenne (RTG), la coordination a remis aux autorités locales une plate-forme revendicative s’articulant sur dix points, dont la réhabilitation "immédiate" de la Route nationale Sérédou-Kissidougou et de la voirie urbaine de N’Zérékoré, ainsi que la régularisation de la vente des produits pétroliers dans les stations service.
Les manifestants ont aussi demandé la suppression de la tarification éclatée des soins dans les hôpitaux, la réfection du Stade du 3 avril de N’zérékoré, l’alimentation de la ville en courant électrique, la construction d’une université, la normalisation du réseau téléphonique dans la région.
Les populations exigent aussi la révision des prix de l’essence, dont le litre est vendu à 17.000 Francs guinéens (1 dollar US = 7.000 FG) dans leur localité contre 5.500 FG à Conakry, du sac de riz vendu à 200.000 FG contre 85.000 à 120.000 FG dans la capitale.
Les manifestants ont décidé de procéder au blocage de toutes les voies de communication terrestres et aériennes et à la suspension de tout paiement d’impôt ou taxe, "si leurs revendications ne sont pas prises en compte dans les 72 heures".

4-28-5 Tchad

Du 5 juin au 20 juillet 2006 grève de tous les fonctionnaires et des gisements de pétrole

Grève générale des travailleurs tchadiens Tchad (14H16)
Les travailleurs tchadiens ont commencé ce lundi une grève générale, suite au mot d’ordre lancé par l’Union des syndicats du Tchad (UST), annonce Irin. Ils exigent les 5% d’augmentation de salaire promis par le Président de la République l’année dernière et des meilleures conditions de travail. Le gouvernement n’a pas encore réagi.

Publié le samedi 25 juin 2005
TCHAD : Grève générale des travailleurs tchadiens
NDJAMENA, le 5 juin (IRIN) - Suite au mot d’ordre de grève lancé par la plus puissante centrale syndicale du pays pour réclamer une augmentation de salaire, l’administration tchadienne tourne au ralenti depuis ce matin et les hôpitaux n’offrent qu’un service minimum.
« On nous a dit de ne laisser entrer que les cas de saignement ou d’accouchement. Pas de consultation », a indiqué un des gardiens de la maternité de Ndjaména.
Les commerces, l’administration et les banques ont ouvert, mais sans l’affluence qu’on leur connaît, après que l’Union des syndicats du Tchad (UST) ait demandé aux travailleurs d’observer une semaine de grève pour exiger les cinq pour cent d’augmentation de salaire promis par le président de la République l’année dernière.
La grève « sera renouvelable si le dialogue n’est pas établi avec le gouvernement », a indiqué Djibrine Assali, le secrétaire général de l’UST.
Michel Barka, président de l’UST a rappelé que sont syndicat avait demandé une augmentation de salaire de 50 pour cent pour les agents de l’Etat à cause des revenus pétroliers que le pays allait engranger en 2005.
« Le président nous a demandé d’attendre 2007 et entre temps, il a promis une augmentation de cinq pour cent qui n’est jamais arrivée », a expliqué M. Barka.
Le gouvernement n’a pas encore réagi à cette grève.
Le Tchad a connu une série de grèves cette année, les syndicats exigeant de meilleurs salaires et conditions de travail, les fonctionnaires demandant le règlement de plusieurs mois d’impayés, et les retraités, le règlement de près d’un an d’arriérés de pension.
En début d’année, le gouvernement tchadien avait débloqué 5,5 milliards de francs CFA (10,3 millions de dollars américains) pour régler les deux années d’arriérés de salaires des fonctionnaires.

TCHAD : Le parlement vote en faveur de la fin de la grève générale (8 jours)

NDJAMENA, le 20 juillet (IRIN) - Le parlement tchadien s’est prononcé mercredi en faveur de l’augmentation de salaire de cinq pour cent revendiquée par le principal syndicat du pays, mettant ainsi fin à la grève déclenchée le 12 juin dernier, qui a paralysé l’administration et les hôpitaux de N’djamena, la capitale.
« Le ministre des finances a partagé les préoccupations de la commission financière du parlement et compte tenu de l’environnement social malsain, il a accepté de concéder les cinq pour cent d’augmentation à partir de janvier 2005 », a annoncé le président de l’Assemblée nationale, Nassour Guélengdouksia.
« Il faut que les syndicalistes aient pitié du peuple qui souffre et reprennent le travail », a-t-il ajouté.
Le responsable de la branche médicale de l’Union des syndicats du Tchad (UST), François Djondang, a indiqué que sa base allait soigneusement examiner la proposition du gouvernement avant de donner son accord.
« Le gouvernement veut nous punir en payant les salaires seulement à ceux qui ont assuré le service minimum. C’est inadmissible et nous ne reprendrons pas le travail tant que tout le monde n’aura pas été payé », prévient-il.
La décision du parlement a été prise lorsque le budget adopté par les députés a révélé que le gouvernement a investi plus de 60 millions de dollars américains pour contenir l’attaque lancée sur N’Djamena par des rebelles hostiles au Président Idriss Deby qui avait modifié la constitution en mai pour briguer un troisième mandat consécutif.
Le 5 juin dernier, l’UST avait déclenché une grève d’une semaine pour exiger l’augmentation de salaire de cinq pour cent que le gouvernement avait, selon eux, promis aux fonctionnaires et au personnel hospitalier.
Les représentants syndicaux avaient demandé l’an dernier une augmentation de salaire de 50 pour cent. Le gouvernement leur ayant demandé de patienter jusqu’en 2007, les syndicats ont accepté, à condition de recevoir une première augmentation de cinq pour cent en 2006.
Le gouvernement a par la suite refusé d’appliquer la hausse de salaire promise, arguant que sa première priorité était la défense du pays et du gouvernement contre les attaques armées.
A la suite de la décision du parlement, le Premier ministre Pascal Yoadimnadji annonçait la bonne nouvelle sur les ondes de la radio nationale tout en fustigeant le comportement des grévistes.
« Ce que nous avons vu dans les hôpitaux est inadmissible et il faut que cela cesse », a-t-il exprimé.
Les mouvements de grève pour des revendications salariales sont fréquents au Tchad, cinquième pays le plus pauvre de la planète selon les Nations unies, compte tenu des faibles niveaux de l’accès aux soins de santé, de l’espérance de vie et de l’éducation.

Violations des droits syndicaux au Tchad
http://www.liberationafrique.org/auteur.php3?id_auteur=Union des Syndicats du Tchad (UST) - 5 août 2006
A l’appel de l’Union des Syndicats du Tchad (UST), les travailleurs et travailleuses des secteurs publics avaient observé une grève du 05 juin au 20 juillet 2006. Outre la revendication du paiement des arriérés de salaire, le refus du Gouvernement d’appliquer une augmentation générale des salaires promise par le Président de la République et qui devait prendre effet à compter du 1er janvier 2005, était à l’origine de cette grève.
Le fait que celle-ci avait été très bien suivie malgré un décret présidentiel qui avait réquisitionné bon nombre d’entre eux a provoqué la colère du Gouvernement qui, depuis lors, a pris une série de mesures aussi bien à l’encontre de l’UST que de ses militants. C’est ainsi qu’on peut, entre autres relever :
1° l’abrogation par un arrêté du 19 juillet 2006, de l’acte qui avait désigné l’UST comme seule centrale représentative pour l’année 2004, conformément aux dispositions de l’article 310 du code du travail ; D’après le Gouvernement, il va désormais considérer toutes les organisations syndicales, qu’il s’agisse des centrales syndicales ou des fédérations professionnelles selon la règle un syndicat, une voix. Autrement dit, il traitera dorénavant tous les syndicats sur le même pied d’égalité. Il s’agit là d’une violation flagrante des dispositions du code du travail qui ont expressément défini des critères de représentativité, critères que seule l’UST remplit jusqu’à ce jour ;
2° limogeage de leur poste de responsabilité deux responsables de l’UST en l’occurrence :
• a) Haroun Khagair, précédemment nommé Directeur de l’Office National pour la Promotion de l’Emploi (ONAPE) en application du point 19 du protocole d’accord conclu en 2002 avec l’UST par lequel le Gouvernement s’était engagé à réhabiliter les responsables de l’UST licenciés pour fait de grève ;
• b) Andekezou Vaïdandi Simon, qui était le greffier en chef de la Cour d’Appel et de ce fait, chargé de l’exécution d’une sentence arbitrale en vertu de laquelle une société sous-traitante de ESSO (EXXON) doit verser une somme de six milliards deux cent douze millions trois cent trente deux mille quatre cent cinquante un (6 212 332 451) francs CFA à ses ex-travailleurs ;
3° l’adoption dans la précipitation d’un projet de loi règlementant le droit de grève dans la fonction publique qui, s’il avait été adopté par l’assemblée nationale allait tout simplement rendre inopérant le droit de grève reconnu aux fonctionnaires et autres agents de l’Etat. Fort heureusement, les parlementaires ont été assez vigilants en prenant, lors de leur séance du 02 août 2006, une sage décision en rejetant purement et simplement ce projet inique ;
4° la suspension sine die des négociations sociales entamées depuis octobre 2004 en vue de conclure un nouveau protocole d’accord ;
5° la goutte d’eau qui a débordé le vase est la bastonnade dont ont été victimes le jeudi 03 août 2006, les ex-travailleurs de TCC qui observaient un sit-in pacifique devant les bureaux de la société ESSO pour réclamer les sommes qui leur sont dues en vertu de l’arrêt rendu par Cour Suprême confirmant la sentence arbitrale susmentionnée. Suite à cette bastonnade, sept (7) camarades ont été blessés. Il s’agit de :
• ATCHENEMBEL TAISSOU ;
• BOURA GUEDDOUI ;
• YAHOUDA GUILOUNA ;
• AHMAT MOUSSA ;
• AHMAT MOUSTAPHA ;
• WANA KOURTA ;
• BABA ELHADJ MALLOUM Il est à signaler que ce dernier avait été arrêté et conduit dans les locaux de la police avant d’être libéré à la suite de l’intervention de l’UST. Tous les blessés avaient été conduits par l’UST à l’hôpital où ils ont reçu les premiers soins avant de regagner leurs domiciles. Quatre autres blessés qui avaient disparus lors de la débandade se sont manifestés ce vendredi 04 août 2006 et dont les noms vous seront communiqués ultérieurement. Ainsi donc, il y a eu au total onze (11) blessés.
6° Enfin, il est à noter que le Gouvernement est en train de mener des démarches auprès des certaines organisations affiliées de la centrale en vue d’obtenir leur désaffiliation en leur promettant certains avantages. En effet un membre très influent du Gouvernement vient de contacter le Syndicat National des Travailleurs de la Santé et des Affaires Sociales pour lui faire des propositions dans ce sens. Il a du reste rappelé à cette occasion que le Gouvernement avait procédé de la même manière pour obtenir la désaffiliation du Syndicat des Enseignants du Tchad en 1997.
Voilà autant des violations graves des droits syndicaux que nous dénonçons et pour lesquelles nous comptons introduire une plainte auprès du Bureau International du Travail.

4-28-6 Sénégal

grèves étudiantes pendant un mois fac morte du fait que la rumeur disait qu’ils avaient vendu aux étudiants du poulet malade de la grippe aviaire
Février – mars

Sénégal : Rétention des notes dans les lycées et colléges - Les enseignants restent intransigeants
Wal Fadjri (Dakar)
14 Août 2006
Le Cusems a réitéré sa décision de retenir les notes et de boycotter les conseils de classe. La décision a été prise à l’issue de leur réunion d’évaluation. Ce qui semble, pourtant, laisser de marbre le gouvernement qui n’a pas daigné ouvrir les discussions.
Le cadre unitaire des syndicats de l’enseignement moyen secondaire (Cusems) n’est pas prêt à mettre fin, de sitôt, à sa lutte. Ceci, nonobstant sa rencontre du mercredi 9 août dernier avec une délégation gouvernementale. En réunion d’évaluation, vendredi dernier, Mamadou Mbodj et ses camarades restent plus que jamais intransigeants. Ils maintiennent la rétention des notes et le boycott du conseil de classe. A l’origine, la décision du gouvernement de reporter les discussions jusqu’au mois de septembre, suite à leur rencontre de mercredi dernier. ’Le report des discussions jusqu’en septembre, sous prétexte de vacances gouvernementales, montre la volonté manifeste du gouvernement de faire perdre du temps. Et ce, pour saper les fondements de la mobilisation’, explique Mbaye Fall Lèye, porte-parole du Cusems que nous avons joint, hier, par téléphone. Selon lui, le gouvernement fait du dilatoire. M. Lèye ne comprend pas que ’face à la gravité de la situation, il (le gouvernement, Ndlr) se cache derrière les vacances ministérielles pour ne pas engager des discussions avec le Cusems’.
Par ailleurs, le porte-parole de ce cadre renseigne qu’à l’issue de cette rencontre, ’mandat a été donné au directoire pour imaginer des stratégies efficaces pour bloquer systématiquement la rentrée des classes prochaine’. De l’avis de M. Lèye, les syndicats regroupés dans le Cusems ont déploré, par la même occasion, ’l’attitude méprisante’ du ministre de l’Education, Moustapha Sourang à l’égard de leur structure. A l’en croire, ’Sourang est dans une logique de vengeance. Il est le principal facteur de blocage des négociations entre le Cusems et le gouvernement’, accuse-t-il. A ce propos, le porte-parole du Cusems indique que sa structure est désormais déterminée à en découdre avec le Pr Sourang. ’Nous n’hésiterons plus un seul instant à le combattre. Des actions vont d’ailleurs être menées dans ce sens, à savoir des campagnes de pétition et d’autres formes d’actions’, menace Mbaye Fall Lèye. Qui, explique par ailleurs que malgré la menace de coupure des salaires, brandie par le ministre de l’Educatio, Moustapha Sourang, les enseignants, pour l’essentiel, n’ont pas rendu les notes. Pis, ’dans presque 80 % des lycées et collèges du Sénégal, il est presque quasi impossible de tenir les conseils de classe’, a-t-il ajouté.
Sur la décision du Cusems de traduire l’Etat devant le Bureau international du travail (Bit) et le conseil d’administration de l’Unesco, M. Lèye informe que la procédure sera enclenchée d’ici la semaine prochaine. Et d’indiquer, en outre, que le Cusems a pris langue avec la société civile et les partis politiques pour mettre sur pied un ’front de défense de l’école’.

4-28-7 Sao Tome et Principe

Ressources naturelles, mercenaires et pressions géopolitiques
Fièvre pétrolière à São-Tomé-et-Príncipe
Le vin blanc, un chardonnay Chamonix, vient de ses propres vignobles sud-africains. Et il se boit facilement dans la chaleur équatoriale de São-Tomé-et-Príncipe. Mais M. Christian Hellinger est amer : « Ici, ce n’est plus que corruption et jalousie parmi les responsables politiques. A cause du pétrole. » M. Hellinger sait de quoi il parle. A la tête de la compagnie Island Oil Exploration, une société enregistrée aux Bahamas, cet homme au passé trouble (1) fut l’un des premiers à en chercher à la fin des années 1980, en vain, sur l’archipel – l’un des plus petits pays d’Afrique : cent quarante mille habitants sur deux îles de la taille d’Andorre, au large du Gabon. Indépendante depuis le 12 juillet 1975 et dirigée par le président Manuel Pinto da Costa, l’ancienne colonie portugaise quittait alors le marxisme pour s’ouvrir au multipartisme, à l’issue d’une conférence nationale historique : la première du continent africain.
Les recherches effectuées dans les profondeurs des eaux territoriales du nord de l’archipel, à la lisière des hydrocarbures marins du Nigeria, ont porté leurs fruits au tournant des années 2000 : avec des réserves avérées de onze milliards de barils de brut, le pays pourrait devenir d’ici à 2010 le Brunei du golfe de Guinée et produire près de quatre-vingt mille barils par jour.
Mais le pétrole est en train de pourrir le climat national. Depuis l’élection du président Fradique de Menezes en 2001, le pays n’a cessé de s’enfoncer dans l’instabilité. Il y eut d’abord la tentative de putsch de juillet 2003, lorsque cet ancien entrepreneur en cacao, mis au pouvoir par son prédécesseur Miguel Trovoada, fut provisoirement renversé. Vinrent ensuite les crises à répétition sur fond de luttes de pouvoir souvent virulentes entre le chef de l’Etat et sa coalition gouvernementale menée par l’ex-parti unique, le Mouvement de libération de São-Tomé-et-Príncipe - Parti social-démocrate (MLSTP-PSD). Là aussi, chaque claquement de porte se fit dans une odeur d’or noir, autour de l’attribution des concessions pétrolières à des sociétés étrangères, dans le cadre de la zone de développement conjoint – la JDZ – cogérée depuis 2001 par l’archipel et par son puissant voisin nigerian (2).
Durant la dernière crise, où l’on sentit pour la première fois percer la colère des Santoméens – comme l’illustre la première manifestation de lycéens organisée en trente ans d’indépendance –, M. de Menezes perdit son cinquième gouvernement. Ce 2 juin 2005, le premier ministre Damião Vaz d’Almeida remit en effet sa démission au chef de l’Etat. Le parti jugeait « frauduleuse » la procédure d’attribution de milliers de kilomètres carrés d’océan à d’étranges compagnies dispensées des examens techniques préalables. Dans cette nouvelle page de la tragi-comédie santoméenne, réprimandes et noms d’oiseaux furent à la hauteur des enjeux : avant même que le pétrole coule, l’Etat allait recevoir 113,2 millions de dollars tirés de l’attribution des concessions, soit trois fois plus que son produit national brut (PNB), dépendant jusqu’alors de la culture de rente du cacao.
A cette ambiance délétère s’ajouta le désarroi d’une population qui vit avec moins de 300 euros par an. Depuis la fin 2004, les dividendes des premières adjudications – quelque 49 millions de dollars – demeurent bizarrement bloqués, et sans intérêts, dans les coffres de la filiale locale d’une banque d’Abuja (Nigeria), la banque Hallmark, liée à l’ancien président du Sénat nigerian remercié pour corruption. Le rappel à l’ordre musclé du président nigerian Olusegun Obasanjo, venu, lors d’une visite-éclair à São-Tomé, régler « des questions techniques transformées en problèmes politiques », plongea un peu plus le pays dans le désarroi et les rumeurs. Le 31 mai 2005, sur fond de demande d’augmentation de salaires du secteur public, une grève générale paralysait le pays.
A São-Tomé, il faut savoir lire entre les lignes. Dans ce micro-Etat du golfe de Guinée, colonisé par le Portugal dès le XVIe siècle, la petite élite politique constituée avec l’indépendance n’a cessé de s’enrichir sur le dos d’une population qui continue à manquer d’électricité et de routes sitôt qu’on sort de la très placide capitale São-Tomé (3). Après avoir contribué à détourner de larges parties de l’aide internationale – le pays demeure l’un des plus assistés de la planète –, la plupart des membres de la classe dirigeante n’ont pas mis longtemps à comprendre qu’il était de leur intérêt de jouer leurs poulains dans la course à l’or noir. Et qu’importe qu’on change de flacon, pourvu qu’on ait l’ivresse des pétrodollars.
Une société joue ici un rôle aussi trouble que déterminant : Environmental Remediation Holding Corporation (ERHC). En 1997, cette entreprise américaine signa des droits d’exclusivité particulièrement avantageux avec São- Tomé. Depuis, malgré les renégociations et le doute qui continue à planer sur sa viabilité, l’entreprise s’est incrustée dans les affaires de l’Etat, passant entre les filets techniques, éthiques, et surtout les vœux pieux de « transparence » prônés par la commission bilatérale gérant la JDZ. Jusqu’à s’attribuer la plus grosse part du gâteau des concessions d’exploration : associée à de petites compagnies américaines d’ores et déjà impliquées dans les gisements de la dictature équato-guinéenne, ERHC est désormais, sur les cinq blocs de concessions qui viennent d’être attribués, l’actionnaire majoritaire des deux plus prometteurs.
ERHC a été recapitalisée en 2001 par la société Chrome Energy du Nigerian Emeka Offor, millionnaire et « parrain » de la politique de l’Etat d’Anambra au Nigeria. Président d’un conseil d’administration où l’on retrouve aussi M. Howard F. Jeter, ancien ambassadeur des Etats-Unis à Lagos, M. Offor est par ailleurs l’un des principaux financiers de la réélection en 2003 du président nigerian Obasanjo... Alors que celui-ci termine son second et dernier mandat (les prochaines élections générales auront lieu en avril 2007), assisterait-on à un « hold-up nigerian » sur le pétrole santoméen via ERHC et plusieurs autres sociétés minoritaires ?

Confondante réussite
Un éditorial au vitriol du Washington Post, publié le 1er juin 2005, le laisse entendre : « Cette attribution des droits d’exploration sent mauvais. » Plus sèchement encore, M. Nicolas Shaxson, analyste britannique du Royal Institute of International Affairs, estime que « les Américains d’abord, et les Nigerians ensuite, ont berné cet étonnant petit pays avec ERHC. Pour débloquer l’argent tiré des premières adjudications, São-Tomé ne pouvait qu’accepter les propositions nigerianes concernant les secondes attributions de blocs ». M. Patrice Trovoada, fils de l’ancien président et qui a travaillé pour ERHC, raconte : « Au moment des négociations visant à établir la JDZ, les membres de la délégation nigeriane ne voulaient rien accepter. Nous avons commencé les discussions sur la base de 90 % des parts pour les Nigerians et 10 % pour nous. Mais on n’a pas lâché. Et leurs prétentions ont été finalement réduites d’un tiers [60 % pour les Nigerians, 40 % pour l’archipel]. De toute façon, 140 millions d’habitants contre 140 000... »
Il n’empêche. La confondante réussite d’ERHC, tout comme la gestion de la JDZ, semble on ne peut plus emblématique de l’appétit du voisin nigerian. La JDZ est gérée par une autorité commune (la Joint Developpment Authority [JDA]) qui siège à Abuja. Le Nigeria « semble de plus en plus se comporter avec nous comme l’Irak de Saddam le fit avec le Koweït, estime un journaliste de São-Tomé. Avec tout ce que cela sous-entend d’impatiences populaires ». La population ne comprend pas que l’argent du pétrole tarde à venir. « Comment voulez-vous expliquer ça au peuple, conclut M. Patrice Trovoada, lorsque vous-même vous ne suivez pas les mécanismes de transparence ? Maintenant, on en arrive à un point où un type un peu malin et démagogue peut très facilement installer une dictature ici. »
Avant de se plier aux diktats d’ERHC, le président de Menezes n’avait ainsi cessé de dénoncer les contrats signés avec cette dernière. C’était pourtant l’époque où le président semblait avoir les yeux de Chimène pour les compagnies américaines désormais très critiques de sa gestion. Au point que c’est une conseillère américaine installée dans le pays qui lui écrivit son discours historique prononcé devant le président George W. Bush, en 2003, à Washington. A cette époque, l’archipel paraissait sur le point d’accueillir une base de la marine américaine destinée à sécuriser les gisements offshore d’un golfe de Guinée dont Washington envisage d’importer 25 % de son brut d’ici à 2015. Cela ne semble plus d’actualité.
De son côté, le MLSTP-PSD est historiquement lié à la Sonangol, la compagnie nationale pétrolière angolaise, qui comptait elle aussi tirer son épingle du jeu. Il y a également les Brésiliens de Petrobras – le président Luiz Inácio Lula da Silva a déjà effectué deux voyages officiels à São-Tomé-et-Príncipe – et, bien sûr, dans les environs, un peu dépassés, les opérateurs français. Quant à la Chine populaire, elle est aux aguets, dans l’espoir que São-Tomé, qui reconnaît Taïwan depuis les années 1990, renoue prochainement avec elle, partenaire historique de l’après-indépendance. Cela ne devrait plus tarder, comme en témoigne la participation de représentants du Parti communiste chinois en 2005 au dernier congrès du MLSTP-PSD, et ce au grand courroux de l’ambassadeur de Taïwan.
« Ce pétrole devrait être pris pour un don des dieux. Mais, au lieu de nous unir, il nous sépare. » Auteur du coup d’Etat raté de juillet 2003, le major Fernando Pereira aimerait que le monde se rappelle d’un putsch « sans violence et destiné à envoyer un message à la communauté internationale concernant la réalité de São-Tomé : une démocratie de façade où l’Etat n’existe pas, avec une armée contrôlée par une classe d’hommes politiques faisant passer leurs intérêts avant ceux de la nation, où la corruption s’intensifie alors que le peuple s’appauvrit ». Mais c’est plutôt la junte entourant cet officier aujourd’hui âgé de 53 ans qui restera dans les mémoires. Menés par M. Alersio Costa, quatorze anciens « buffalos » santoméens – supplétifs des troupes de choc antimarxistes de l’Afrique du Sud de l’apartheid, et initialement engagés contre le régime communiste du président Pinto da Costa dans les années 1970 – faisaient partie du complot visant à renverser la IIIe République de São-Tomé.
« Formés par Pretoria et engagés en Namibie et en Angola, les “buffalos” sont de véritables professionnels de la guerre, poursuit l’officier, qui revendique 80 euros de solde pour vingt-neuf ans d’ancienneté. Et ils sont toujours aussi dangereux. Rien n’a été résolu depuis 2003. Plutôt que de s’attaquer aux problèmes de gestion, c’est comme si on avait cherché à se venger sur l’armée. Nos gardes-côtes n’ont même pas de bateaux ! Vous vous rendez compte... » Et d’avertir : « Maintenant que l’or noir arrive et que la classe politique se déchire autour des attributions de blocs, le prochain coup de force sera beaucoup plus sanglant. »
Réélu, devant M. Patrice Trovoada, le 30 juillet 2006, le président de Menezes a commencé par remercier le procureur de la république Adelino Pereira, qui enquêtait sur les malversations ayant entaché les attributions de concessions pétrolières, au grand courroux de Nigerians qui avaient boycotté les convocations du juge (4). Plus que de São-Tomé, c’est peut-être de Príncipe, la sœur jumelle, que pourraient surgir prochainement les premiers réels problèmes de l’archipel.
C’est de cette île, peuplée essentiellement de contradores (5) d’origine cap-verdienne, que partirent pour le Gabon la plupart des opposants au président Pinto da Costa, dans les années 1970-1980. C’est également Príncipe, cent cinquante kilomètres plus au nord, qui est baignée par les eaux de la JDZ. Pourtant, avec cinq mille habitants, Príncipe est encore plus oubliée que São-Tomé. Sur les 40 % des bénéfices de la JDZ que l’archipel empochera, 7 % seulement lui reviendront. A Santo Antonio, la plus grande ville de l’île, les rares Nigerians présents s’inquiètent de la montée de la xénophobie. Et la jeunesse grogne.
A l’instar de Cabinda, province pétrolière de l’Angola oubliée par le pouvoir central (6), Príncipe pourrait-elle chercher à faire sécession ? Début 2005, justement, un défenseur des droits civiques de Cabinda, M. Raul Danda, en visite à São-Tomé, mettait en garde ses hôtes : « Les hommes politiques feront de ce pétrole leur richesse personnelle, réservant à la population le cauchemar de la misère. » A São-Tomé-et-Príncipe, le brut ne devrait commencer à couler qu’à la fin de la décennie. Mais la mauvaise fièvre du pétrole s’y propage déjà.

4-28-8 Cameroun

Cameroun : Les syndicats s’attaquent aux privatisations
Le Quotidien Mutations (Yaoundé)
30 Juillet 2006

Le fait est suffisamment inhabituel pour être relevé. Pour dénoncer le processus de scissions, de liquidations et autres privatisations des sociétés d’Etat, en général, et particulièrement de la Camair, les présidents et secrétaires généraux des organisations syndicales des travailleurs du Cameroun ont décidé de taire leurs divergences.
Ce qui s’est d’ailleurs traduit par la signature de chacun d’eux sur le communiqué ayant sanctionné leur rencontre du 17 juillet 2006 avec le ministre du Travail et de la Sécurité sociale, Robert Nkili. Il s’agit notamment de Maximilien Ntone Diboti de la Confédération syndicale des travailleurs du Cameroun (Cstc), Flaubert Moussole de l’Union des syndicats libres du Cameroun (Uslc), René Bernard Ekedi de la Confédération générale des travailleurs-Liberté (Cgt-L), Isaac Bissala de l’Union générale des travailleurs du Cameroun (Ugtc), Oumarou Mougoue de la Confédération des syndicats indépendants du Cameroun (Csic ) et Louis Sombes de la Confédération des syndicats autonomes (Csac).

4-28-9 Togo

Publié le mercredi 12 octobre 2005
Grève d’avertissement de 24 heures le 30 novembre TOGO - 26 novembre 2006 - XINHUA Les fonctionnaires togolais ont décidé d’observer une grève d’avertissement de 24 heures le 30 novembre pour exiger notamment le paiement d’arriérés de salaire, a rapporté dimande le site web de la République togolaise citant une source syndicale.
"Nous doutons de la bonne foi du gouvernement six mois après la signature de l’accord que nous avons signé avec lui, car rien n’est encore réalisé", a déclaré le porte-parole de l’Intersyndicale des travailleurs du Togo (ISTT), Mathias Hlomador.
Le gouvernement avait pris en mai l’engagement d’apurer tous les arriérés de salaires et pensions des agents de l’Etat dans un délai de 12 mois à l’issue d’un dialogue social.
Les travailleurs réclament trois mois d’arriérés de salaires et six mois d’arriérés d’allocations familiales.
Outre le paiement des arriérés de salaire, l’Etat togolais s’est engagé à commanditer une étude, dont les résultats seront soumis au patronat, pour la réévaluation du salaire minimum interprofessionnel garanti (smig), fixé depuis plusieurs années à 13.875 FCFA (21,14 euros).
L’administration togolaise compte plus de 33 000 personnes.
Les travailleurs en grève de 24 heures le 30 novembre au Togo
TOGO - 24 novembre 2006 - PANAPRESS
L’Intersyndicale des travailleurs du Togo (ISTT), qui regroupe 5 organisations syndicales, a décidé d’observer une grève générale d’avertissement de 24 heures le 30 novembre courant, pour protester contre la non mise en oeuvre, par l’Etat des engagements pris dans le cadre du Protocole d’accord tripartite entre le gouvernement, le patronat et les organisations de travailleurs, indique un communiqué parvenu vendredi à la PANA à Lomé.
Ce préavis de grève concerne tous les secteurs public, parapublic, privé et informel, indique le communiqué, qui précise que la revendication porte sur le paiement "immédiat" de deux mois d’arriérés de salaires et de pensions et de six mois d’arriérés d’allocations familiales.
Outre ces points, les travailleurs demandent la réduction "rapide" du prix des produits pétroliers.
Lors d’une Assemblée générale tenue le 17 novembre dernier à Lomé, les travailleurs ont affiché leurs colères vis-à-vis de l’Etat à qui il est reproché de n’avoir pas pris en compte leurs doléances inscrites dans le Protocole d’Accord tripartite signé le 11 mai 2006, suite au Dialogue social qui a rassemblé Gouvernement, patronat et syndicats.
La dernière grande grève des travailleurs togolais, qui remonte à novembre 1992, avait duré 9 mois sans interruption.

L’Etat tente de désamorcer une grève des travailleurs au Togo
TOGO - 28 novembre 2006 - PANAPRESS
Le gouvernement togolais tente de désamorcer la grève générale des travailleurs prévu pour le jeudi 30 novembre en accordant quelques avantages aux fonctionnaires, à l’issue d’une rencontre, mardi, entre le président Faure Essozimna Gnassingbé et les responsables de l’Intersyndicale des travailleurs du Togo (ISTT), a appris la PANA de sources syndicales.
Lors de la rencontre, le chef de l’Etat togolais s’est notamment engagé à augmenter de 5% les salaires et à payer un mois d’arriérés de salaires et de pensions à partir de janvier 2007. Il s’est aussi engagé à réduire de 20 à 25 francs CFA le prix des produits pétroliers.
Outre ces mesures, le président Faure Gnassingbé a décidé de créer, dès la semaine prochaine, un Conseil national du dialogue social qui entretiendra un dialogue social permanent entre travailleurs, patronat et gouvernement.
Accusant le gouvernement de n’avoir pas respecté les engagements pris lors de la signature, dans le cadre du "dialogue social" le 11 mai dernier, d’un protocole d’accord tripartite entre le gouvernement, le patronat et les syndicats, cinq centrales syndicales regroupées au sein de l’ISTT ont lancé, le 20 novembre dernier, un préavis de grève de 24 heures pour le jeudi prochain.
Ces syndicats réclamaient notamment le paiement de deux mois d’arriérés de salaires et de pensions et 6 mois d’arriérés d’allocations familiales.
Les syndicats n’ont pas encore fait de déclarations sur l’annulation ou non de leur préavis de grève.
Prix des produits pétroliers : les syndicats toujours exigeants TOGO - 4 décembre 2006 - XINHUA Le Secrétaire général de la Confédération des Travailleurs du Togo (CSTT), Adrien Béliki Akueté a, dans une interview diffusée lundi par la presse locale, affirmé que les syndicats ne baisseront pas les bras sur la questiond des prix des produits pétroliers qui connaîssent depuis la semaine dernière une légère baisse suite à une grogne syndicale.
M. Akuété reconnaît d’ailleurs que les Togolais ne sont pas du tout satisfaits de cette baisse. En effet, l’essence super sans plomb qui coûtait 525 FCFA le litre par exemple n’a connu qu’une baisse de 20 FCFA, coûtant donc actuellement 505 FCFA.
Le carburant est devenu depuis ces trois dernières années presque un luxe pour le Togolais.
Les conducteurs de taxis et de moto-taxis se plaignent quotidiennnement de tourner à la perte en raison du coût élevé du carburant.
Grève d’avertissement de 24 heures le 30 novembre TOGO - 26 novembre 2006 - XINHUA Les fonctionnaires togolais ont décidé d’observer une grève d’avertissement de 24 heures le 30 novembre pour exiger notamment le paiement d’arriérés de salaire, a rapporté dimande le site web de la République togolaise citant une source syndicale.
"Nous doutons de la bonne foi du gouvernement six mois après la signature de l’accord que nous avons signé avec lui, car rien n’est encore réalisé", a déclaré le porte-parole de l’Intersyndicale des travailleurs du Togo (ISTT), Mathias Hlomador.
Le gouvernement avait pris en mai l’engagement d’apurer tous les arriérés de salaires et pensions des agents de l’Etat dans un délai de 12 mois à l’issue d’un dialogue social.
Les travailleurs réclament trois mois d’arriérés de salaires et six mois d’arriérés d’allocations familiales.
Outre le paiement des arriérés de salaire, l’Etat togolais s’est engagé à commanditer une étude, dont les résultats seront soumis au patronat, pour la réévaluation du salaire minimum interprofessionnel garanti (smig), fixé depuis plusieurs années à 13.875 FCFA (21,14 euros).
L’administration togolaise compte plus de 33 000 personnes.

4-28-10 Burkina Faso

Entre 1994 et 2004, les prix ont flambé : essence (+67,42%), pétrole lampant (+165%), huiles de cuisine (+50%), sucre (+54,92%), ciment (+96%). Le 30 décembre 2004, le gouvernement a annoncé des hausses de salaires de 4,5% à 8% des salaires des fonctionnaires, estimées dérisoires.
Manifestation des fonctionnaires : décembre 2004 et février 2005
Grève générale des fonctionnaires (60.000 grévistes) avec la capitale Ouagadougou complètement bloquée 10 mai 2005 pour exiger des hausses de salaires de 25%, la baisse des prix des hydrocarbures, de l’électricité, du ciment, des transports, et la réduction des taxes et des impôts.
Grève générale 27 septembre 2005 pour protester contre la vie chère (augmentation du coût des hydrocarbures, de l’eau, de l’électricité, des frais de scolarité, du sucre…) et contre le non-lieu dans l’affaire Norbert Zongo
Le gouvernement recule le 1er octobre 2005 : baisse du prix de l’essence mélange de 10 francs, subventions aux établissements scolaires pour baisser les frais de scolarité (alors que les syndicats appelaient à la grève générale pour les 26 et 27 septembre 2005
Les revendications liées au renchérissement des produits de première nécessité de grande consommation (céréales et pétrole notamment) : augmentation des salaires et pensions de 25% avec effet rétroactif depuis 2001, réduction des taxes sur les produits de grande consommation, notamment pétrole, eau et électricité, application au secteur privé des augmentations obtenues en 2004 pour le public.
Le climat d’agitation au Burkina Faso est lié à la fois à la dégradation sociale et à la dégradation politique. La première se manifeste, à partir de l’adoption du PAS (plan d’ajustement structurel imposé par le FMI et la banque mondiale) qui s’est traduit par privatisations et licenciements massifs. La seconde par les dérapages du régime comme l’assassinat de Norbert Zongo, directeur du journal L’Indépendant, assassiné en décembre 1998 alors qu’il enquêtait sur un assassinat dans lequel était impliqué le frère du dictateur Blaise Compaoré.
Les années 90 ont été marquées par des agressions patronales (milices cagoulées), l’extension de la précarité et du chômage, le retour des maladies endémiques (paludisme, méningite), de la soif et de la faim.

Soutien à la grève générale
http://www.liberationafrique.org/auteur.php3?id_auteur=CISL - ICFTU - 4 février 2005
La CISL soutient pleinement ses organisations affiliées burkinabés, à savoir la CSB et l’ONSL, dans leur appel à un arrêt de travail de 24h ce vendredi 4 février portant notamment sur une revendication de revalorisation salariale.
60.000 fonctionnaires participent à cette « grève d’avertissement » dans tout le pays, tandis que quelque 5.000 travailleurs et travailleuses ont défilé dans les rues de Ouagadougou transformée en ville morte ce matin pour protester contre la « vie chère » et l’attitude du gouvernement.
Lancé en front commun de six centrales syndicales et 12 syndicats autonomes, une unité dont se réjouit la CISL, ce mot d’ordre d’arrêt de travail est la suite logique des marches et meetings qui se sont tenues à travers tout le pays le 18 décembre dernier à l’appel des mêmes acteurs syndicaux pour revendiquer entre autres une augmentation de 25% des salaires et pensions, une diminution des impôts et taxes, notamment sur les produits pétroliers, ou encore la reconstruction rapide du marché central de Ouagadougou, ravagé par un incendie en 2003.
Suite à cette mobilisation syndicale du 18 décembre, le gouvernement avait annoncé le 29 décembre dernier diverses mesures, notamment en matière d’augmentation salariale. Mais les syndicats avaient jugé ces mesures vraiment dérisoires (de 4,5 à 8% d’augmentation salariale) en regard de leurs revendications basées sur le coût réel de la vie quotidienne auquel font de plus en plus difficilement face les travailleurs et travailleuses burkinabé.

Publié le samedi 25 juin 2005
Burkina. Appel à la grève générale.
Voici le texte d’appel à la grève des syndicats burkinabés pour les 26 et 27 octobre prochains.
Préavis de grève pour les 26 et 27 octobre 2005
Les Secrétaires généraux des centrales syndicales et des syndicats autonomes ont adressé le préavis de grève ci-dessous au président du Faso. Ils annoncent un arrêt de travail les 26 et 27 octobre 2005.
Excellence Monsieur le Président du Faso,
Le 20 mai 2005, s’est tenue au ministère du Travail, de l’Emploi et de la Jeunesse une concertation gouvernement/syndicats autour de la plate-forme minimale des organisations syndicales. Au terme de la rencontre, les deux parties avaient convenu : - de mettre en place immédiatement un comité paritaire chargé de la mise à plat de tous les dossiers de justice qui attendent d’être exécutés, - de se retrouver en début juillet autour d’un certain nombre de préoccupations exprimées par les syndicats. Il s’agissait notamment de la question des tarifs de l’ONEA et de la SONABEL, des taxes sur les hydrocarbures et des dossiers pendants en justice.
A ce jour, la rencontre prévue depuis juillet ne s’est pas encore tenue malgré les interpellations des organisations syndicales. Alors que le comité paritaire chargé de la mise à plat des dossiers de justice, a, depuis le 14 juin, déposé les conclusions de ses travaux, nous n’avons noté aucune réaction de la part des autorités. Une fois encore donc, le gouvernement fait fi des engagements qu’il prend avec les organisations syndicales et manifeste sa volonté de toujours gagner du temps. Pendant ce temps, la situation des travailleurs ne fait que se dégrader avec le renchérissement des prix des produits de grande consommation particulièrement ceux des céréales et des produits pétroliers. Par le présent préavis, nous portons à votre connaissance que nos organisations syndicales appellent les travailleurs des secteurs public et para- public à observer un arrêt de travail de 48 heures allant du mercredi 26 octobre 2005 à 00 heure au jeudi 27 octobre 2005 à 24 heures pour exiger du gouvernement et du patronat la satisfaction des cinq points de la plate-forme minimale ci-après : - L’augmentation des salaires et pensions de 25% et ce pour compter de janvier 2001. - Le traitement des différents dossiers pendants relatifs à la mise en œuvre des jugements et arrêts de juridiction ; - La réduction des taxes sur les produits de grande consommation notamment les produits pétroliers, l’eau et l’électricité ; - L’application au niveau du privé des augmentations de salaires décidées par le gouvernement en décembre 2004. - La reconstruction diligente du marché central de Ouagadougou Rood Woko) En cas de non- satisfaction, des actions se poursuivront pour l’aboutissement de nos légitimes revendications.
Ont signé :
Pour les Centrales syndicales : CGTB-B, CNTB, CSB, FO/UNSL, ONSL, USTB
Pour les Syndicats Autonomes : SAIB, SATEB, SNEAB, SYNATEB, SYNTRAPOST, SYNTAS, SYNAPAGER, SYNATIC, SYNATIPB, SYNATRAD, SYSFMAB

Burkina. Solidarité avec les ouvrières d’Yves Rocher
“La Gacilienne” est une filiale du groupe cosmétique Yves Rocher basée à Ouagadougou. 133 ouvrières y travaillaient. Elles fabriquaient et conditionnaient les billets de tombola pour les loteries publicitaires que le groupe distribue à ses clientes en Europe. En août dernier, le groupe Yves Rocher a prononcé la liquidation de l’entreprise et les ouvrières ont été licenciées sans préavis ni indemnités. Texte d’explication modalités de soutien
9 ans durant, elles ont été payées au rabais. Le droit à l’allaitement leur a été nié, alors que c’est le principal et le plus sûr moyen de nourrir un enfant en Afrique. Le code du travail du Burkina Faso n’était pas respecté. Ces femmes confectionnaient pendant des heures des rouleaux de tombola, sur des bancs de bois. Dans ces conditions difficiles, des gestes comme s’étirer, bâiller, lever le regard n’étaient pas tolérés. Plusieurs d’entre elles ont été sanctionnées par une mise à pied pour simple bavardage. Pour faire respecter leurs droits et défendre leurs intérêts, elles se sont organisées.
Aujourd’hui, le groupe Yves Rocher les licencie !
Premier leader mondial de la cosmétologie d’origine végétale, présent dans 88 pays, le groupe Yves Rocher affiche un chiffre d’affaires de 2 milliards d’euros en 2003. Le Burkina Faso est un des pays les plus pauvres du monde, en matière de développement humain. Il occupe la 172e place sur 174 pays (selon le CNUD). 45,3 % des ménages vivent en dessous du seuil de pauvreté. L’espérance de vie des femmes est de 47 ans.
Au Burkina Faso le chômage tue !
Les témoignages des syndicalistes burkinabè l’attestent, les premières années et même les premiers mois sont particulièrement meurtriers pour les travailleurs et les travailleuses qui perdent leur emploi. Alors que le groupe Yves Rocher sait qu’aucune couverture sociale n’existe au Burkina Faso, qu’il est pratiquement impossible pour ces ouvrières de trouver du travail ailleurs, que la survie de leurs familles est gravement compromise... Y Rocher condamne 133 ouvrières au chômage. Mais, déterminées, les ouvrières ne plient pas. Elles dénoncent leur licenciement comme étant abusif et exigent des indemnités conséquentes pour tous les dommages qu’elles ont subis. Alors que les moyens financiers de son groupe sont à des années lumière des exigences des ouvrières de La Gacilienne, Y. Rocher leur propose... 76 € d’indemnité de fin de contrat !
Au Burkina comme dans de nombreux pays d’Afrique
Ce sont les femmes qui constituent majoritairement le lot des travailleurs pauvres. C’est souvent seules, qu’elles doivent affronter la famine, la maladie et les conséquences des conflits militaires. C’est souvent seules, qu’elles doivent prendre en charge les parents et les enfants. En l’absence de travail dans le pays, leurs conjoints n’ont d’autre issue que l’expatriation pour chercher un emploi et des revenus. Ils sont confrontés à des situations de guerre en Afrique, comme c’est le cas dans plusieurs pays de la région. Quant à l’Europe qui s’érige en forteresse, elle les rejette aux frontières.
Le premier groupe de cosmétologie d’origine végétale dit construire son image de marque sur “le respect des femmes, l’attention et la confiance qu’elles méritent” ! Comment le groupe Yves Rocher peut-il se comporter de la sorte à l’encontre d’ouvrières africaines ?
Nous sommes solidaires des ouvrières de “La Gacilienne” qui exigent le paiement immédiat d’indemnités de licenciement, celui des indemnités de chômage technique non payées, ainsi que des dommages et intérêts. Le groupe Yves Rocher doit prendre ses responsabilités et satisfaire leurs revendications.


Communiqué de presse
Victoire des ouvrières de la Gacilienne
http://www.liberationafrique.org/auteur.php3?id_auteur=CGT-B - 24 janvier 2006
Le vendredi 19 janvier 2006, le dossier des ouvrières de la Gacilienne a connu un dénouement à travers la signature d’un procès-verbal de règlement à l’amiable.
L’accord signé à la Bourse du Travail de Ouagadougou entre d’une part les ex -travailleuses de la Gacilienne assistées de leur syndicat la CGT-B et d’autre part l’Employeur représenté par le Liquidateur et deux représentants des Laboratoires Yves Rocher prévoit :
le paiement en plus des six mois de salaires déjà consentis d’une somme de 700 000 FCFA ;
l’allocation d’une somme de 5 850 000F à répartir entre les sous-traitants, les ayants droit des travailleuses décédées et les travailleuses démissionnaires déclarées au cours des négociations ;
la mise en place d’une association dénommée Association Burkinabè pour la Promotion Economique et Sociale de la Femme impliquant les ex-employées et leur syndicat ;
La renonciation par les ex-employés de la Gacilienne à toute autre réclamation ou prétention à l’égard de la Gacilienne et de son associé le groupe Yves Rocher ;
L’information par la CGT-B de ses partenaires de la résolution définitive du différend de la Gacilienne.
Au plan matériel, cet accord équivaut à environ 30 mois de salaires, résultat presque inédit dans les négociations du genre ;
Au plan moral, la CGT-B considère cet accord comme une victoire de la lutte menée par les ex-travailleuses de la Gacilienne dans le cadre de leur comité syndical CGT-B mais aussi et surtout comme celle de la solidarité ouvrière internationale. En effet, la lutte des ex-travailleuses a été fortement soutenue par des partenaires de la CGT-B et des personnes de bonne volonté qui ont mené sans relâche une vaste campagne de soutien aux ouvrières de la Gacilienne, ainsi qu’une campagne d’interpellation du Groupe Yves Rocher, associé à la Gacilienne. A ce titre, nous nous devons de citer :
l’Association « Egalité » de France ;
l’Association Kebayina des Femmes du Burkina ;
la CGT/ France et ses structures professionnelles et locales ;
l’association « Peuples Solidaires » de France ;
des personnes individuellement engagées et tous les signataires des pétitions et des cartes postales dans cette lutte, en France notamment.
C’est le lieu pour le Comité Confédéral National de la CGT-B de remercier, au nom des ex-employées de la Gacilienne, des responsables de l’Union Provinciale CGT-B du Kadiogo (qui ont conduit le dossier), de l’ensemble des militant(e)s de la CGT-B, les organisations et toutes les personnes qui, de façon ouverte ou discrète, ont soutenu la lutte des ex - travailleuses de la Gacilienne et obligé le Groupe Yves Rocher à négocier et à conclure un accord désintéressant ces braves ouvrières.
Les résultats de cette lutte confirment s’il en était encore besoin, la justesse du slogan « seule la lutte paye ». Ils montrent toute l’importance de la solidarité internationale des travailleurs et de toute la classe ouvrière surtout en cette ère dite de la mondialisation, marquée par la mise en place progressive d’accords et autres instruments juridiques régionaux (OHADA) et internationaux (les règles de l’OMC, les conditionnalités de la Banque mondiale et du FMI,...) qui font tomber toutes les frontières, éloignent les centres de décisions des travailleurs et de leurs organisations, précarisent les emplois, et fragilisent les droits des travailleurs.
La CGT-B ne doute pas que toutes les organisations et personnes ayant pris une part active à cette lutte, sauront tirer les enseignements nécessaires pour poursuivre la lutte pour de meilleures conditions d’existence des travailleurs et des peuples.
Fait à Ouagadougou, le 24 janvier 2006
P/ le Comité Confédéral National de la CGT-B, Norbert OUANGRE, Secrétaire Confédéral, chargé des questions sociales

Une victoire emblématique
25 janvier 2006
4 mois de lutte des ouvrières de « La Gacilienne » 4 mois de campagne de solidarité : Yves Rocher a payé, la solidarité internationale a gagné !
Exploitées, méprisées pendant 9 ans, les ouvrières de « La Gacilienne », groupe Yves Rocher, usine de Ouagadougou, n’avaient pas baissé les bras après leur licenciement, en août dernier.
Grâce à une lutte exemplaire de ces femmes et à une campagne de solidarité internationale, elles ont obligé le groupe Yves Rocher à entendre leurs revendications. Le 19 janvier, un accord a été conclu entre les représentants des travailleuses (déléguées et représentants de la CGT-B) et les représentants du Groupe Yves Rocher. Ce dernier a dû revoir à la hausse ses premières propositions. Yves Rocher a dû négocier et payer ! Les ouvrières de « La Gacilienne » l’ont contraint à respecter leur dignité ! Avec elles, nous considérons cet accord comme une victoire !
Yves Rocher est un Groupe français : nous avions la possibilité et la responsabilité de soutenir leur lutte courageuse.
4 mois durant, nos organisations ont mené campagne ensemble pour informer l’opinion publique en France et créer un rapport de force capable de faire céder le Groupe Yves Rocher. Nos actions, notamment la signature des pétitions et des cartes postales, ont reçu un accueil massif : des milliers de personnes ont donné leur signature ou ont fait un geste de solidarité.
Les ouvrières de « La Gacilienne », qui vivent dans un des pays les plus pauvres du monde, se sont affrontées au mépris d’un groupe français, sûr de sa puissance. Elles ne se sont pas contentées de subir, elles se sont organisées pour l’obliger à les considérer.
Notre combat coude à coude, en France et au Burkina Faso, à des milliers de kilomètres de distance, nous a permis de faire entendre les revendications.
La solidarité internationale a gagné !
Signataires : Coordination des Groupes de Femmes « Egalité », Commission Genre, Femmes et Mondialisation ATTAC, , Collectif Féministe Ruptures, SOS Sexisme, Association Femmes Solidarité (Strasbourg), Femmes Solidaires (Nantes), MNPF 43, Marche Mondiale de Femmes, AFASPA, COFANZO, MBDHP, Peuples Solidaires, SURVIE, Réseau International CADTM, Centre d’Information Inter Peuples (Grenoble), Union des Familles Laïques, UL CGT Massy, Syndicat CGT Yves Rocher SA La Gacilly, UL CGT du Grésivaudan (38), CGT Tyco Electronics France, Sud ANPE Rhône Alpes CNT Interco de Nantes, SNAD CGT Pays de la Loire, Collectif Egalité - Mixité CNT (International)

Communiqué des secrétariats généraux des centrales syndicales
24 mai 2006
Faisant le bilan de la grève de 48 heures des 23 et 24 mai 2006, les secrétaires généraux des centrales et des syndicats autonomes se sont réjouis de la grande mobilisation des travailleurs des différents secteurs d’activités, sur l’ensemble du territoire national, et ce malgré la grande campagne d’intimidation et de démobilisation entreprise par le gouvernement, l’administration du travail et le patronat.
Ils saluent tout particulièrement la grande mobilisation à Ouagadougou, des taximen, des élèves et étudiants et des femmes. Ils saluent et remercient également les commerçants, les organisations de la société civile qui ont appelé leurs membres à soutenir les actions des syndicats et participé à la marche du 23 mai 2006. Le gouvernement n’ayant encore pas donné de réponse favorable à notre plate-forme, les secrétaires généraux invitent leurs militantes et militants, l’ensemble des travailleuses et des travailleurs de tous les secteurs d’activités, les commerçantes et commerçants, les actrices et les acteurs du secteur informel à maintenir et à renforcer leur mobilisation pour les actions qu’impose la situation. D’ores et déjà, les secrétaires généraux invitent tous les travailleurs, les élèves et étudiants, les travailleurs de l’économie informelle, les taximen, à descendre de nouveau dans les rues le samedi 10 juin avec des marches- meetings sur l’ensemble du pays en attendant l’organisation en fin juin début juillet d’une marche- meeting nationale. Cette marche- meeting rassemblera à Ouagadougou les militants et les travailleurs de Ouagadougou et des représentants des structures des provinces et départements.
Les responsables des structures à tous les niveaux sont invités à poursuivre le travail de sensibilisation et de mobilisation pour des actions encore plus massives et plus déterminées en juin et dans les mois à venir.
En avant pour des actions plus massives ! En avant pour la satisfaction de la plate-forme revendicative des organisations syndicales !
Les centrales syndicales du Burkina Faso : CGT-B - CNTB - CSB - FO/UNSL -ONSL - USTB
Les syndicats autonomes : SAIB -SNEAB -SATEB- SYNATEB - SYNTRAPOST SYNTAS SYNATIC- SNEP-SYNATIPB- SYNATRAD- SYSFMAB -SYNAPAGER-SYNATEL

Graves violations des normes fondamentales du travail au Bénin, au Burkina Faso et au Mali
http://www.liberationafrique.org/auteur.php3?id_auteur=CISL - ICFTU - 30 juin 2004
La CISL a publié aujourd’hui un nouveau rapport sur les normes fondamentales du travail au Bénin, au Burkina Faso et au Mali. Ce rapport pointe du doigt les problèmes auxquels sont confrontés les travailleurs et les syndicats dans ces trois pays.
Le rapport, dont la publication devait coïncider avec celle de l’examen des politiques commerciales de l’OMC cette semaine, souligne les violations répétées de droits fondamentaux des travailleurs tels que le droit de former des syndicats et de négocier collectivement. Des restrictions légales existent sur le droit de grève, notamment pour les fonctionnaires, qui se trouvent confrontés à de graves limitations quant à l’exercice de ce droit. On peut citer par exemple des restrictions excessives quant à la période de préavis exigée avant le lancement des grèves. La majorité de la population active dans ces trois pays est employée dans l’économie informelle, principalement dans l’agriculture de subsistance, et aucun des gouvernements ne prend les mesures nécessaires pour garantir le respect des droits fondamentaux des travailleurs concernés.
Au Bénin, au Burkina Faso et au Mali, les femmes sont généralement employées dans des emplois peu qualifiés et mal rémunérés. On les trouve souvent dans le secteur informel, en particulier dans l’agriculture de subsistance. Le rapport de la CISL dénonce les problèmes de discrimination et d’égalité des salaires. Les écarts de salaires sont de l’ordre de 30% dans le secteur public au Mali et de 15% dans le secteur privé. Le taux d’alphabétisation des femmes est très bas dans l’ensemble de ces trois pays : il se limite à 12% au Mali, 9% au Burkina Faso et 18% au Bénin.
Le travail des enfants est largement répandu dans l’ensemble des trois pays et la mise en application de la législation se limite souvent au secteur formel. La plupart des enfants travaillent dans le domaine informel, surtout dans l’agriculture (fermes et plantations familiales), mais aussi comme vendeurs et domestiques. Selon les statistiques provenant du ministère du Travail du Burkina Faso, 50% des enfants étaient employés dans l’une ou l’autre activité en 2000. Le taux de fréquentation scolaire est très faible dans les trois pays, en particulier chez les filles. Très peu d’enfants poursuivent leur scolarité au niveau secondaire, et les enfants qui habitent en zone rurale n’ont souvent qu’un accès limité à l’enseignement.
Bien que le Bénin, le Burkina Faso et le Mali aient ratifié les normes fondamentales sur le travail forcé, cette pratique continue à exister. De nombreuses femmes et enfants font l’objet de trafics et sont contraintes à la prostitution, au travail forcé dans les plantations et au travail domestique. En outre, beaucoup d’enfants sont vendus à des pays avoisinants (tels que le Togo et la Côte d’Ivoire) et contraints de travailler dans des plantations ou comme domestiques dans des conditions extrêmement précaires et dangereuses, en échange d’un salaire dérisoire ou en absence de toute rémunération.
Le rapport fait également état de l’importance vitale des exportations de coton pour les trois pays d’Afrique de l’Ouest, tant en termes de développement et de diminution de la pauvreté qu’en termes de stabilité sociale et politique. Il appelle à la suppression des subsides versés aux producteurs de coton par les USA et l’ Union européenne.
En conclusion, la CISL demande instamment aux gouvernements du Bénin, du Burkina Faso et du Mali d’appliquer les normes fondamentales du travail qu’ils ont ratifiées et d’adapter leur législation en vertu des conventions 87 et 138 de l’Organisation internationale du travail. De plus, les gouvernements doivent mettre en oeuvre des mesures effectives visant à augmenter la participation des femmes dans l’économie formelle, y compris pour les postes à responsabilité, et à améliorer le niveau de formation des femmes. La CISL met l’accent sur l’obligation des gouvernements d’abolir le travail des enfants tout en augmentant le taux de fréquentation scolaire et l’accès à l’enseignement. Les trois gouvernements doivent mettre en oeuvre les mesures nécessaires pour abolir le travail forcé (en particulier le trafic d’enfants contraints de travailler dans les plantations ou comme domestiques) et enregistrer des progrès significatifs dans l’éradication des trafics de femmes et d’enfants vers les pays voisins.

25/07/2006 : grève contre la privatisation des télécommunications (cession de 51% à un partenaire privé)

4-28-11 Afrique du sud

La police sud-africaine est intervenue violemment durant toute la fin du mois de mai 2005 pour disperser des manifestations massives d’habitants des townships, les anciens ghettos noirs devenus des ceintures de la misère. Cela fait plus de deux mois que des troubles ont lieu non seulement dans un grand nombre de townships de la ville du Cap (avec de véritables soulèvements à Blackheath, Khayelitsha et Gugulethu) et de l’Etat de Western Cape (Sud-Ouest du pays) dont la ville du Cap fait partie mais touchent également d’autres Etats comme l’Eastern Cape (région sud-est) ou de Free State (une région du centre). A Harrismith (Free State) et à Port Elisabeth (Eastern Cape) où les affrontements ont duré quatre jours, les forces de l’ordre ne peuvent plus circuler sans être prises à partie. Des responsables locaux ont été escortés vers la sortie par la population révoltée. La population pauvre, lasse d’attendre des logements décents et des services sociaux de base, s’est révoltée. A Kommitjie (un bidonville à 45 km au sud du Cap), les émeutes ont explosé le lundi 30 mai.
Le mouvement a débuté en février 2005 dans deux townships de la région de Free State, près de Ventersburg (région de Free State), avant de s’étendre à Harrismith, Warden et Vrede (townships également de Free State). Il n’a cessé de se développer, atteignant en avril les bidonvilles de la ville du Cap. Le 27 avril, des centaines d’habitants de plusieurs townships proches du Cap, dont Langa, Gugulethu et Nyanga, ont marché sur la ville. Un leader du bidonville de Gugulethu déclarait : « Des maisons maintenant ou des terres. Sinon, nous sommes prêts à mourir pour cette cause. » Les manifestants ont réussi à faire reculer le gouvernement local qui a proposé quelques logements et ont été suivis par de nombreux autres township qui ont affronté les forces de l’ordre dans de véritables batailles rangées impliquant parfois un grand nombre de gens. Pneus brûlés, jets de pierre contre les véhicules de police, barricades, tirs contre les émeutiers et arrestations massives, on se croirait revenu à l’époque où le parti raciste blanc imposait la dictature des blancs sur les noirs. Devant le Parlement du Cap, le président Thabo Mbeki déclarait que « ce n’est pas encore un danger immédiat pour notre démocratie. Mais ils (les mouvements) reflètent les failles dont nous avons hérité du passé et qui, s’ils s’enracinaient et gagnaient un véritable soutien populaire, ils représenteraient une menace pour la stabilité de l’Afrique du sud démocratique. »

27 juin manif nationale Cosatu contre le chômage et la pauvreté et mouvement sur plusieurs mois

COSATU condamne encore les actes de la police contre les manifestants
http://www.liberationafrique.org/auteur.php3?id_auteur=COSATU - 14 July 2006
La COSATU est choquée par la réaction de la police de Cape Town, qui a ouvert le feu sur des grévistes de Lithotech Africa Mail le 12 juillet et en a arrêté plus de 200.
Nous adressons nos meilleurs vœux de rétablissement aux quatre travailleurs qui sont encore à l’hôpital. Nous exprimons aussi notre solidarité et notre soutien à la CEPPWAWU avec le communiqué de pression ci-dessous.
La COSATU demande la libération immédiate de tous les travailleurs arrêtés et le retrait des accusations contre eux.
Ce n’est pas la première fois que les SAPS ont répondu avec une violence excessive contre les manifestations syndicales. Déjà à Cape Town, pendant la marche des agents de sécurité le 16 mai 2006, la police avait aussi ouvert le feu et arrêté les secrétaires provinciaux de la COSATU et de la SATAWU. A la frontière du Swaziland le 12 avril 2006, la police avait tiré sur des membres du COSATU et arrêté des dirigeants qui tentaient de négocier avec la poli e.
LA COSATU appuie l’appel de la CEPPWAWU à la Western Cape MEC for Safety & Security à prendre des mesures pour assurer la « sécurité des grévistes contre la brutalité de la police qui abuse de son pouvoir ». Le droit de faire grève et de manifester inscrit dans notre constitution démocratique est ainsi réduit, et nous n’accepterons pas que ces droits gagnés de haute lutte soient attaqués et niés par une police à la gâchette facile, pas plus que les arrestations massives de grévistes et manifestants.

La grève persiste en Afrique du Sud
Rédigé le 25-11-06 à 19:03
Malgré les négociations entre les dirigeants de Mines d’Or et le gouvernement d’Afrique du Sud, la grève persiste et s’étend dans tout le pays. La grève s’étend désormais à tous les secteurs d’activité du pays et plus seulement au secteur minier.

Pierre Detroit a décidé de fermer l’accès à la mine d’or de Gold Corporation, pour éviter tout dérapage.
Source : World Agency of Press

L’Afrique du Sud connaît la plus grande grève dans les mines d’or depuis 18 ans. 10 000 mineurs blancs affiliés au syndicat Solidarity se sont joints aux 100 0000 mineurs noirs du NUM qui ont commencé la grève, il y a trois jours. Les mineurs demandent une augmentation de salaires de 7 à 8%. La grève paralyse les mines des compagnies AngloGoldAshanti, GoldFields, Harmony et South Deep, soit près de 90% de la production d’or du pays. Source Cosatu

Les travailleurs de la mine Centurion Gold protestent par la grève
Johannesburg, South Africa
07 December 2006 04:15

Des centaines de mineurs de la mine Centurion Gold à Primrose, Germiston, ont posé les outils pour protester contre leurs conditions de travail.
Le syndicat national des mineurs (NUM) a dit jeudi dernier qu’environ 600 travailleurs s’étaient mis en grève à partir de mercredi. Cela parce que la nouvelle direction de la mine Centurion Gold est revenue sur des conditions de travail accordées par les précédents patrons quand la mine était encore aux mains de JC Mining.
Le porte-parole du NUM, Mike Fafuli, a dit les plaintes de mines concernent notamment l’annulation des allocations en cas de décès, de la diminution des jours de repos annuels et des indemnités amputées.
Fafuli dit que les travailleurs veulent une augmentation de salaire alors qu’actuellement ils sont payés avec un maigre salaire de 1000 R par mois.
« Quand la nouvelle direction est arrivée il y a trois ans, ils avaient promis de respecter tous les accords mis en place avec les anciens patrons, mais ils sont revenus sur leurs promesses”.
« Quand un travailleur mourait au travail, l’entreprise donnait 7400 R pour les funérailles. La nouvelle direction a supprimé cette pratique. Ils ont même réduit les jours de repos annuels de 24 à 18 jours. Les travailleurs demandent le rétablissement de ces accords ».
Fafuli ajoute qu’au lieu d’être ouverte à des négociations, la direction chasse les travailleurs de leur logement et leur coupe l’eau et l’électricité.
« La nouvelle direction ne reconnaît pas le syndicat et donc n’est pas prête à négocier avec lui. Demain vendredi nous allons prendre un avis juridique et déposer une plainte pour obtenir un arrêt interdisant l’expulsion des mineurs de leur logement” dit Fafuli.
La direction de la mince Centurion Gold Mine et CEO Keith Hart ont refusé tout commentaire au sujet de cette grève — Sapa

22 août 2005 ICEM InBrief Afrique du Sud
Grève sud-africaine d’extraction de l’or
La première grève industrielle dans le secteur sud-africain d’or en 18 ans a fini le 10 août quand une offre améliorée de salaire a été acceptée par les membres de l’union nationale de filiale d’ICEM des mineurs (NUMÉRIQUES) et de deux autres plus petits syndicats. Participant à une grève pour laquelle l’appui accablait ainsi qu’il n’y avait aucun besoin de piquet de grève, autour 110.000 ouvriers étaient restés du travail, affectant toutes les grandes entreprises dans le secteur, tel que Goldfields, harmonie et AngloGold Ashanti. Le compromis a été atteint entre la chambre sud-africaine des mines, négociant au nom des compagnies d’or, et les syndicats, convenant sur une élévation de salaire entre 6 et 7%.
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10 aout 2005
Près de 100000 mineurs sud-africains en grève illimitée : premier arrêt national depuis 18 ans.
Les grévistes, membres du syndicat national des mineurs (NUM) protestent à la fois contre les conditions de salaire et de travail dans l’industrie.
La direction propose d’augmenter les salaires de 5-6% mais le syndicat dit que cela ne prend pas en compte la hausse du prix de l’or.
Une entrevue mardi n’a pas comblé le fossé entre les deux parties même si on a rapporté une évolution.
800 000 travailleurs municipaux sont aussi en grève pour les salaires et s’affrontent à la police.
Des négociations entre le syndicat des travailleurs municipaux, Samwu et South African Local Government Association continuent malgré tout.
Le syndicat appelle à la grève illimitée après que trois journées d’action en août et une autre en juillet n’aient pas réussi à obtenir de meilleurs propositions.
Coûts
L’arrêt des mines coûte environ une perte de $12m par jour, selon un analyste.
C’est une des plus grandes luttes de travailleurs depuis la fin de l’apartheid.
« Je ne pense pas que l’industrie peut se permettre une grève, mais je suis absolument convaincu qu’elle ne peut pas se permettre une augmentation des salaires » a dit Bernard Swanepoel, PDG de Harmony Gold.
Mais selon le NUM, puisque les cours de l’or et du rand montent en flèche depuis deux ans, les mineurs – qui travaillent souvent à 40°C à 3 km sous terre – réclament une meilleure répartition des bénéfices.
Et un autre syndicat, Solidarity, semble se joindre à la lutte.
La plupart des membres de ce syndicat Solidarité sont blancs et c’est rare de sa part de prendre part à une action aux côtés du syndicat NUM, principalement noir.
Négociations
L’Afrique du Sud est encore le premier producteur d’or mondial, avec 15% de la production mondiale, et le secteur représente à peu près 8% du produit national brut.
Mais sa part dans le marché mondial a reculé fortement au cours des dernières décennies à cause de l’apparition d’autres producteurs dans les pays en voie de développement.
La grève a commencé dimanche après des négociations entre le NUM et la Chambre des Mines, représentant les employeurs.
Ce jour-là, la rencontre avait conduit à une meilleure proposition de salaire, plus que les précédents 4,5 – 5% ainsi que la promesses de primes au syndicat, pour prix de la hausse du cours de l’or. Mais les négociateurs du NUM ont dit que ce n’était pas assez. Le syndicat revendique une augmentation de salaire de 12%.
Hostels
Un élément majeur du mécontentement du syndicat, c’est que c’est aux grosses compagnies minières - AngloGold Ashanti, Gold Fields and South Deep – de prendre en charge le problème des conditions de vie des mineurs, qui se pose depuis longtemps.
Sous l’apartheid les mineurs étaient obligés de vivres dans des casernes et de laisser leurs famille loin d’eux dans les townships.
Même si les lois racistes ont été abolies en 1991, bien avant les fameuses élections multiraciales de 1994, les trois quarts des 200000 mineurs sud africains vivent encore dans des hôtels.
AngloGold Ashanti dit qu’il y a en moyenne 6 hommes par chambre dans ces hôtels, et que c’est bien moins que 12 il y a une décennie. Harmony dit qu’il y a une moyenne de 4,2 hommes par chambre dans ses hôtels.
Le syndicat demande maintenant un doublement de l’allocation de logement pour trouver un moyen de loger la famille, tandis que les compagnies ne proposent de l’augmenter que de 10%.
Les employeurs disent qu’ils améliorent les hôtels, mais qu’ils ne peuvent pas aller plus vite sans menacer des emplois.
« C’est une tâche terriblement coûteuse » a dit Mr Barkers à l’agence Reuters.
Le NUM dit que les hôtels surpeuplés sont un foyer pour la tuberculose.
Il attire aussi l’attention sur le fait que la pandémie de sida en Afrique du Sud est aggravé par le système, puisque les mineurs éloignés de chez eux sont plus enclins à aller voir des prostituées.

La vendetta des « privés » en Afrique du Sud
Article publié le 06 Juin 2006 Le Monde

Extrait : Une atmosphère de vendetta plane sur l’industrie de la sécurité, l’un des secteurs les plus prospères de l’économie sud-africaine. La grève des agents de sécurité, qui dure depuis deux mois, a déjà fait 21 morts parmi les non-grévistes et des centaines de milliers de rands de dégâts lors de manifestations qui ont dégénéré. Mardi 30 mai, un garde qui n’avait pas suivi le mouvement a été pendu, plusieurs agents chargés de la sécurité dans les trains ont été jetés sur les voies, d’autres ont été froidement abattus. Les non-grévistes ne portent plus leur uniforme de travail et évitent de se déplacer en train.

Nigeria

mi septembre 2005 : La dernière mobilisation sociale organisée à la mi-septembre l’a été par la Labour and Civil Society Coalition (Lasco) regroupant les centrales syndicales (Nigeria Labour Congress, Trade Union Congress, Congress of Free Trade Union) et des organisations de la société civile (Joint Action Forum).

Le Nigeria en grève
Lancée à l’appel du Nigerian Labour Congress (NLC) puissante confédération syndicale, mais aussi d’associations civiles, la grève générale s’est déroulée du 11 au 14 octobre. Un mouvement massivement suivi contre l’augmentation de 25 % des prix de l’essence à la pompe décrétée le 23 septembre par le gouvernement. Il s’agit de la sixième grève générale sur ce même motif depuis l’accession d’Olusegun Obasanjo à la tête de l’état le plus peuplé d’Afrique.
Sixième exportateur mondial de pétrole et cinquième fournisseur des États-Unis (15 %), le Nigeria a enregistré une hausse du prix de l’essence qui a créé une situation difficilement supportable pour les 130 millions de Nigerians, dont 80 % vivent selon l’Onu avec moins d’un dollar par jour. Le baril de pétrole flirta alors avec la barre des 50 dollars sur les marchés internationaux : un envol des prix du brut qui aurait dû profiter à la population. Or, il se traduisit une nouvelle fois par une hausse de l’essence qui affecta les transports de vivres, de matériels, entraînant l’inflation des prix des denrées et suscitant une incompréhension légitime de la population. Durant les trois jours de grève d’octobre, le secteur pétrolier fut épargné. S’en suivirent des négociations et des polémiques qui décidèrent les leaders syndicalistes, Adams Oshiomhole en tête, à poser un préavis de grève pour la mi-novembre. Le mot d’ordre fut retiré au dernier moment, le gouvernement jugeant la grève illégale. On peut penser toutefois que la question juridique ne fut pas au centre de ce mouvement. Le syndicat Pengassang, qui représente les cadres du secteur, et le syndicat des ouvriers du pétrole, le Nupeng, avaient en effet annoncé quelques jours avant son déclenchement qu’ils se joignaient à l’appel à la grève générale et illimitée du NLC, à partir du mardi 16 novembre. Ces deux structures auraient par conséquent touché l’un des secteurs clés du pays. Le président Obasanjo a finalement abaissé le prix de l’essence de 10 % et a créé un comité chargé de prendre des mesures afin d’amortir l’augmentation des prix des carburants. Selon lui, la croissance prévue pour 2005 mais aussi le niveau élevé du prix du baril de pétrole brut permettraient de résoudre la crise. Une cagnotte de 4,6 milliards de dollars serait mise de côté en cas de chute des cours. Des dispositions que les syndicats ont accueilli avec prudence, voire défiance. Il faut dire que le gouvernement a tout de même arrêté à plusieurs reprises des militants syndicaux et étudiants1. Les organisations de la société civile, dont le Lasco2, ont également dénoncé la mort d’un jeune manifestant à Kaduna (nord du pays) durant la grève d’octobre. Sans compter le fameux projet dénommé Trade union bill qui vise, selon la NLC et le Lasco, à restreindre l’activité syndicale sous couvert, selon le gouvernement, de respect de la démocratie ! Cette « démocratie » s’est d’ailleurs exprimée une fois de plus récemment pour réprimer les populations au Nigeria. Début décembre, neuf personnes ont trouvé la mort lors de violents affrontements avec les forces de l’ordre dans le delta du Niger, la principale zone de production du pétrole du pays. Les manifestants ont une nouvelle fois dénoncé les conditions d’extraction de l’or noir et ses ravages sur des indigènes qui ne profitent guère de cette exploitation. Le 7 décembre, près de 300 villageois du delta ont évacué des plates-formes pétrolières de Shell3 et de Chevron-Texaco qu’ils occupaient depuis trois jours. Des ravages terribles, donc, pour les populations... et des pertes d’argent momentanées pour les compagnies pétrolières qui ne les empêchent pas de se maintenir voire de se développer au Nigeria, comme l’atteste la signature récente d’un nouveau contrat entre Chevron-Texaco et l’état nigerian.
David, Afrique XX1
1. Le secrétaire général du NLC, fut arrêté au début du mois de novembre « par erreur », disent les autorités. 2. Le Labour and Civil Society Coalition (Lasco) est un rassemblement d’organisations, de tendances allant de l’extrême gauche au centre gauche, qui a appelé à la grève générale d’octobre. Elle organise par ailleurs une campagne pour l’amélioration des droits syndicaux et démocratiques. Voir le site : www.nigeriasolidarity.org 3. Shell exporte près de la moitié de la production de pétrole du Nigeria.

Publié le samedi 25 juin 2005
par afrique21

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Mercredi 12 mai 2004 :Environ 10 000 personnes ont manifesté mardi dans l’Etat de Kano dans le nord du pays pour protester contre les attaques perpétrées la semaine dernière par des Chrétiens contre des Musulmans dans le village de Yelwa dans le centre du pays. Les chefs religieux ont lancé un ultimatum de 7 jours au président Olusegun Obasanjo pour qu’il punisse les coupables. Des émeutes ont suivi faisant au moins 10 morts selon un bilan provisoire. Des magasins appartenant à des Chrétiens ont été brûlés. Le couvre-feu a été instauré.
Jeudi 13 mai 2004 : Des violences à l’encontre des populations chrétiennes ont éclaté dans la ville de Kano dans le nord du pays faisant au moins une trentaine de morts selon un bilan provisoire en réponse aux massacres de plus de 600 musulmans dans le village de Yelwa, dans le centre du Nigeria. Une quarantaine de personnes ont été également blessées. La police a procédé à une quarantaine d’arrestations. Environ 10 000 personnes ont fui les violences et se sont réfugiées dans le poste de police de Kano. La sécurité a été renforcée dans la capitale économique du pays, Lagos, dans la crainte de la propagation des violences.
Lundi 17 mai 2004 : Lors d’une manifestation à Lagos, la capitale, contre le gouvernement et en faveur de la démocratie, organisée dans le cadre des activités des partis d’opposition et de militants des droits de l’Homme qui contestent les résultats des élections générales d’avril 2003 dispersée à coups de gaz lacrymogènes par la police, le prix Nobel de Littérature 1986, Wole Soyinka, a été arrêté ainsi que Femi Aborisade, secrétaire général du Parti de la conscience nationale (NCP).
Mardi 18 mai 2004 : L’organisation de défense des droits de l’homme Human Rights Watch a accusé lundi la police nigeriane d’avoir fait un usage "intempestif de la force" lors d’une manifestation jeudi 13 mai à Kano dans le nord du pays, la police a ouvert le feu sur la foule tuant une quarantaine de personnes. ** Un collectif de partis d’opposition et d’associations réuni à Lagos a appelé lors d’une conférence de presse à la démission du président Olusegun Obasanjo dénonçant "la dictature civile" du président réélu en avril 2003 pour un second mandat de 4 ans.
Mercredi 19 mai 2004 : Dans un discours à la radio officielle, le président Olusegun Obasanjo a proclamé l’état d’urgence dans l’Etat du Plateau où le 2 mai dernier des Chrétiens avaient massacré les habitants musulmans du village de Yelwa. Voir notre édition du 6 mai 2004 (Nigeria). Il a annoncé le limogeage du gouverneur Joshua Dariye et la dissolution du parlement de l’Etat, estimant que les officiels de l’Etat du Plateau avaient "sciemment encouragé des actes mettant à mal la paix et la tranquillité". 10 000 personnes ont été tuées dans des violences interethniques ou interreligieuses depuis l’arrivée au pouvoir en 1999 du président Olusegun Obasanjo.
Jeudi 20 mai 2004 : Le Ministre des transports, Ojo Maduekwe, a rendu public mardi son numéro de téléphone portable (234 803 31 15 872) pour que ses concitoyens puissent, directement, lui faire des réclamations quant à l’état des routes du pays. Il a indiqué : "Notre réseau routier est fantastique. Nous avons réhabilité près de 12 000 km de routes en 6 mois. Nous sommes attachés au service public et nous considérons nos concitoyens comme des clients. L’Etat doit donc fournir des services appropriés. Et si c’est vraiment le cas, le ministre concerné doit être lui-même disponible si les usagers cherchent pour rapporter un accident ou un problème, de jour comme de nuit, même s’il s’agit d’un nid-de-poule sur la route ".
Vendredi 11 juin 2004 : Commencée mercredi, la grève générale de protestation contre la hausse des prix des carburants s’est poursuivie jeudi malgré la baisse du prix des carburants. Les syndicats, à l’origine de cette grève, estiment en effet, que la baisse n’a pas été appliquée dans plusieurs grandes villes du pays dont la capitale Lagos.
Samedi 12 juin 2004 : Les syndicats ont annoncé jeudi la fin de la grève générale, débutée mercredi, qui a totalement paralysée l’économie du pays, à la suite d’une augmentation de 25 % des prix du carburant. Ils ont toutefois donné 7 jours au gouvernement "pour s’assurer que les distributeurs appliquent la baisse dans tout le pays" ajoutant que "si une pénurie artificielle était créée, ils se réservaient le droit de reprendre la grève".
Jeudi 8 juillet 2004 : La filiale du groupe pétrolier Total, Elf Petroleum Nigeria (EPN), qui produit plus de 200 000 barils par jour de pétrole brut et du gaz naturel, a dû suspendre vendredi sa production de pétrole à la suite d’un mouvement de grève de ses employés qui réclament "des améliorations de leurs conditions de travail et des augmentations de salaires". Des négociations étaient en cours mercredi entre la direction et les syndicats. La filiale du groupe américain ExxonMobil au Nigeria, Mobil Producing Nigeria (MPN), a annoncé mardi à l’AFP que ses employés avaient déposé un préavis de grève. ExxonMobil est le deuxième plus grand groupe pétrolier du Nigeria, premier exportateur d’Afrique de pétrole brut et 6è de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole OPEP (en anglais OPEC), avec 2,5 millions de barils par jour. Total occupe le 5è rang des principales entreprises implantées au Nigeria en partenariat avec la compagnie nationale des pétroles, la Nigerian National Petroleum Corporation, NNPC. Rappelons que le Nigeria est le premier exportateur de brut d’Afrique et le 6è du monde. Le Nigeria, qui compte 125 millions d’habitants, reste l’un des 20 pays plus pauvres du monde. 72 % de ses habitants sont considérés comme pauvres, et 35 % ne vivent qu’avec un dollar par jour.
Vendredi 9 juillet 2004 : Après 6 jours d’interruption, la production de pétrole et de gaz a repris dans la nuit de mercredi à jeudi après un accord signé entre la direction de la filiale du groupe pétrolier Total, Elf Petroleum Nigeria (EPN) et
Mardi 12 octobre 2004 : Après le début de la grève de 4 jours en protestation à la hausse de 25 % des prix des carburants, le président Olusegun Obasanjo a convoqué une réunion d’urgence des syndicats, certains membres de l’opposition, des représentants de la société civile et les distributeurs de carburants afin de tenter de résoudre la crise. Voir notre édition du 11 octobre 2004
Jeudi 14 octobre 2004 : 2 femmes coupables d’adultère ont été condamnées par des tribunaux islamiques à la peine capitale par lapidation dans l’Etat de Bauchi, au Nigeria, tandis que les 2 amants présumés ont été acquittés par manque de preuves. Les peines prononcées contre les 2 femmes n’ont pas encore été confirmées par le gouverneur de l’Etat. Les 2 condamnées peuvent faire appel du jugement.
Vendredi 15 octobre 2004 : La plus importante centrale syndicale du pays, Congrès national du Travail (NLC, National Labour Congress), qui avait lancé lundi un mot d’ordre de grève de 4 jours suite à une augmentation de 25 % des produits pétroliers, a annoncé jeudi qu’elle suspendait son mouvement pour 15 jours. Voir notre édition du 11 octobre 2004.
Mercredi 20 octobre 2004 : L’armée a été déployée dans la ville de Kaduna, dans le nord du pays, à la suite de violentes manifestations pour protester contre la mort de 10 manifestants qui auraient été tués après leur arrestation, lors de la grève générale contre la hausse des carburants, selon les témoins. La police indique qu’il s’agit de "bandits" tués lors d’affrontements avec leurs hommes.
Vendredi 12 novembre 2004 : Alors que les principaux syndicats du secteur pétrolier ont appelé à une grève générale et illimitée à partir du mardi 16 novembre 2004 pour protester contre la hausse de 25 % des prix des carburants et du pétrole décidée le 23 septembre 2004, la cour d’Appel d’Abuja a déclaré la grève générale illégale. Le Nigeria Labour Congress (NLC) a répondu immédiatement à cette décision de justice en réaffirmant que la grève aura bien lieu le 16 novembre.

Nigeria : la grève générale de juillet confirme la combativité de la classe ouvrière

15 novembre 2003

Le Nigeria, pays le plus peuplé d’Afrique avec 130 millions d’habitants, a vu le retour officiel de la démocratie en 1999. Le premier président civil après 15 ans de dictature militaire, Olusegun Obasanjo, est lui-même un ancien général, qui exerça le pouvoir à la fin des années 1970. En avril 2003, les élections présidentielle, législative et des gouverneurs d’États (le Nigeria est une République fédérale) ont conforté Obasanjo et son parti, le PDP (Parti Démocratique du Peuple), à la tête du pays. Ces élections n’offraient aucune perspective aux masses pauvres nigerianes, qui ne sont pas allées voter à plus de 50%. Les principaux candidats en lice représentaient en effet différentes factions de la classe dominante, souvent issus de la hiérarchie militaire — comme l’ancien général Muhammadu Buhari, à la tête de la dictature entre 1983 et 1985 —, en concurrence pour s’accaparer les subsides de l’exploitation des travailleurs nigerians par l’impérialisme. Après une campagne marquée par l’instrumentalisation des différences « ethniques » et religieuses par les candidats pour assurer leur domination dans leur fief (Buhari dans le nord musulman, Obasanjo dans le sud chrétien, Ojukwu, l’ex-chef de la sécession biafraise...), et des élections entachées de fraudes (bourrages d’urnes, achats de votes), la clique en place a pu se maintenir au pouvoir.

Une classe ouvrière combative

La composition des classes laborieuses au Nigeria est fortement marquée par les ressources naturelles du pays. Avec 40% du PIB provenant de l’industrie (dont seulement 5% pour l’industrie manufacturière, qui reste sous-développée), la classe ouvrière industrielle représente 10% des 66 millions qui constituent la population active. Elle est organisée dans des syndicats qui demeurent généralement combatifs, malgré la répression et les intimidations. La principale centrale syndicale est le NLC (Congrès Ouvrier Nigerian) ; son action, comme toute organisation ouvrière réformiste, est marquée par l’opposition entre la volonté de combattre de la base et l’attitude collaborationniste de la direction : d’un côté, des actions efficaces contre le travail précaire, avec par exemple des piquets de grève pour faire appliquer par les multinationales les lois du travail arrachées par la classe ouvrière nigeriane sur le travail temporaire ; de l’autre côté, les liens de certains dirigeants de la centrale syndicale avec les ennemis de la classe ouvrière, les membres du pouvoir, ou encore la participation du président du NLC au Conseil National pour la Privatisation, la centrale ne s’opposant pas par principe aux privatisations.

La dernière grande mobilisation des classes laborieuses nigerianes date de juillet dernier. Quelques semaines seulement après sa réélection, le président Obasanjo a décidé une nouvelle attaque contre les masses, avec une hausse du prix du carburant de 26 nairas à 40 nairas le litre. La volonté d’augmenter ces prix est une constante depuis 15 ans, avec une première mesure prise en ce sens par la junte militaire au pouvoir en 1986, en application du Plan d’Ajustement Structurel du FMI, jusqu’aux deux dernières hausses en 2000 et 2002 par, déjà, le gouvernement Obasanjo, avec une relative passivité du NLC. Il s’agit d’une volonté du pouvoir de supprimer les « subventions » qui permettent de conserver des prix de carburant relativement bas, les économies ainsi faites dans le budget de l’État étant censées servir à l’amélioration des services sociaux (en fait sans aucune garantie, puisque le budget de l’État est en fait massivement consacré au remboursement de la dette). Le Nigeria, bien que sixième producteur mondial de pétrole, doit importer son carburant : les prix « trop bas » ne permettent pas aux multinationales pétrolières de dégager des bénéfices en raffinant le pétrole pour une utilisation locale, et les raffineries étatiques sont largement délaissées, causant ainsi des pénuries de carburant. Cette « mise à niveau » des prix des carburants pour l’exploitation du marché par les multinationales aura bien entendu des répercussions sur les prix des transports et donc sur le reste des produits pour la population.
La violence de cette attaque a suscité une riposte en conséquence : le 30 juin, le NLC a appelé à une grève générale illimitée contre cette mesure et, pendant huit jours, l’économie du pays a été paralysée par cette grève, une des plus massives de l’histoire du Nigeria. Le 9 juillet, après une concession mineure du gouvernement (34 nairas au lieu de 40 nairas le litre), la direction du NLC a finalement annoncé la suspension de la grève, contre l’avis de certains des 29 syndicats affiliés, arguant de la démobilisation des masses non-organisées ainsi que du début de la répression sanglante (avec quatre manifestants tués par la police).
Ce mouvement n’en a pas moins été exemplaire : les masses laborieuses du Nigeria et leur avant-garde ouvrière ont montré leur combativité face à un gouvernement corrompu, multipliant les attaques au profit des intérêts impérialistes. Mais sans perspective communiste révolutionnaire incarnée par un parti ouvrier de masse, sans alternative au pouvoir en place autre qu’une nouvelle dictature militaire, la puissance du mouvement et la capacité de mobilisation des organisations ouvrières, NLC en tête, n’ont pu déboucher que sur une concession minime et temporaire de la part du gouvernement.
Pour réaliser les tâches de rupture avec l’impérialisme, en particulier pour le non-paiement de la dette qui maintient la population nigeriane dans la plus grande misère, il est donc indispensable pour les forces communistes révolutionnaires au Nigeria de populariser la perspective d’un gouvernement ouvrier et paysan, au service des masses laborieuses, qui seul sera en mesure de réaliser leurs revendications démocratiques, économiques et sociales ; et pour cela, de se tourner résolument vers les masses ouvrières, et d’aider ses secteurs les plus combatifs, en particulier dans le NLC, à chasser leurs directions traîtres.

Nigeria : résistances et contradictions face à l’offensive néolibérale

Danielle OBONO – 21 mars 2006
Annoncée en août 2005 par le gouvernement après plusieurs semaines d’intense préparation médiatique de l’opinion, la hausse de plus de 20 % des prix des produits pétroliers a une fois encore suscité colère et mobilisations populaires dans le pays. Cette neuvième augmentation en six ans, depuis le retour à un régime civil qui devait pourtant signifier une nouvelle ère pour le pays, s’inscrit dans la droite ligne des politiques néolibérales menées depuis par les deux gouvernements Obasanjo successifs, et qui s’ajoutent aux années d’ajustement structurel que subit ce pays depuis deux décennies.
Ces attaques ont aussi provoqué des résistances de la part du mouvement social, et plus particulièrement des syndicats. Ces derniers se retrouvent aujourd’hui au cœur d’une bataille sociale et politique qui est à la fois porteuse d’espoir et source de nombreux questionnements quant aux anciens modèles et aux nouvelles stratégies dont le mouvement a besoin aujourd’hui.
Les syndicats et le projet nationaliste
Pour saisir pleinement le type d’environnement général dans lequel s’est construit le mouvement syndical nigerian, il importe de faire un rapide retour sur l’histoire politique du pays qui éclaire les problématiques de la situation actuelle. Le Nigeria en ce sens n’est pas une exception, mais plutôt un exemple typique de la crise de l’État postcolonial africain (8). Ses particularités résident plus dans les formes extrêmes que prirent les clivages intra- et inter-classistes. Ayant hérité d’un État construit par la puissance coloniale dans le seul but d’exploiter le pays et de contrôler les populations, les élites africaines (ici nigerianes) l’ont investi sans en remettre en cause les fondements. En fait une classe dirigeante (noire, postcoloniale) en remplace une autre (blanche, coloniale). Mais les contradictions d’un État colonial construit artificiellement sur l’unification arbitraire de territoires et de populations aussi diverses que variées va compliquer le projet nationaliste de la nouvelle classe dirigeante nigeriane, d’autant qu’elle ne saura maintenir en son sein le consensus de départ. Ses différentes sections vont en effet s’opposer jusqu’au déchirement pour le contrôle de l’appareil d’État, principal instrument du pouvoir politique et économique qui détermine le partage des moyens de l’accumulation primitive.
Cette guerre intestine de la classe dirigeante mène quasiment à l’effondrement de l’objet du conflit, à savoir, l’entité nigeriane, à travers l’expérience d’une longue et coûteuse guerre civile. A cette occasion un nouvel acteur dirigeant fait son apparition : l’armée, et plus particulièrement la haute (d’abord moyenne) hiérarchie militaire. Dans un processus de type bonapartiste, ce nouvel acteur va « réconcilier » les classes dirigeantes en conflit en refondant le projet nationaliste. Se posant en arbitre et se ralliant le soutien d’une majorité des groupements sociaux, politiques et communautaires du pays, les militaires vont mener et gagner la guerre contre la sécession biafraise et reconstruire l’État sur la base d’un consensus qui consacre l’hégémonie du centre (le gouvernement fédéral et l’ensemble de l’appareil d’État centralisé) et son contrôle sur la ressource pétrolière qui devient le carburant essentiel et indispensable du développement étatique et national. Mais à partir du milieu des années 1980, la machine se grippe. La crise mondiale frappe plus durement les pays dépendants du Sud et sape les bases économiques du projet nationaliste, déjà fortement entamé par la rapacité des classes dirigeantes nigerianes. Un temps contenue par l’arbitrage des militaires (qui vont d’ailleurs très vite se prendre au jeu également) la course à l’accumulation va se traduire par un niveau formidable de corruption qui gangrène tout le système. Le modèle nationaliste a échoué.
Cette situation se traduit par une mainmise accrue des institutions internationales qui justement à cette période changent complètement d’orientation avec le début de la « révolution conservatrice » néolibérale. C’est le début de mise en place des premiers plans d’ajustements structurels, version locale, en 1986. Le mouvement syndical est frappé de plein fouet par ce retournement. Si au niveau politique l’alliance avec les dirigeants nationaliste a très vite tourné court une fois les indépendances obtenues, les syndicats ont néanmoins pris part d’une certaine manière au projet nationaliste en défendant les perspectives idéologiques sous-jacente du développement et de « l’intérêt » national. Cela n’a pas empêché des conflits de classe avec la classe dirigeante nigeriane. Au contraire, les heurts et malheurs du modèle de développement nationaliste adopté après l’indépendance n’ont fait qu’exacerber les tensions. Mais à quelques exceptions près, elles ont le plus souvent été détournées en clivages ethniques ou religieux par les élites. Deux tendances principales se sont traditionnellement disputées la direction de ce mouvement : un syndicalisme de consensus/collaboration affilié aux organismes internationaux du bloc capitalisme, et un syndicalisme plus radical et de confrontation, mais influencé par le stalinisme. Aucune de ces deux orientations ne questionne la nature fondamentale du projet nationaliste, se contentant soit de l’accompagner tout simplement, soit de ne s’opposer qu’aux effets et aux conséquences de ses dysfonctionnements sur les conditions de vie et de travail des travailleurs.
Engagement démocratique
Dans les années 1980 on assiste au sein du mouvement syndical à deux tendances contradictoires. D’une part la collaboration assumée des directions syndicales, symbolisées par la personne de Pascal Bafyau, considéré certainement comme un des plus vils président du NLC.
D’autre part, en même temps, il y a persistance et renforcement dans certains secteurs d’un syndicalisme très actif à la base, à travers l’exemple de l’Academic Staff Union of Universities (ASUU). Ce syndicat du personnel enseignant des universités va en effet émerger à partir du milieu des années 1980 comme le fer de lance de la radicalité syndicale, s’opposant pied à pied aux réductions budgétaires, aux attaques contre l’autonomie des universités et, plus globalement, à la privatisation de l’enseignement supérieur. Affichant un attachement principiel à la classe ouvrière dont il se considère comme faisant intégralement partie en tant qu’organisation de travailleurs intellectuels (9), l’ASUU va devenir la bête noire des régimes nigerians.
C’est après la chute du deuxième gouvernement civil et le retour des militaires au pouvoir, que le nouveau chef du régime, Ibrahim Babangida, tente de faire avaliser par la population le plan d’ajustement structurel exigé par le FMI et la Banque mondiale en organisant une sorte de grand débat national. L’ASUU va activement mener campagne contre le projet de plan d’ajustement structurel, en diffusant largement un ensemble d’analyses contrecarrant en tous points la propagande officielle. Il va également soutenir le mouvement étudiant contre les attaques du gouvernement. L’organisation syndicale va alors être l’objet d’une répression féroce, en même temps que de tentatives de déstabilisations internes par le soutien à des factions dissidentes. Elle est interdite une première fois en 1986 et désaffiliée de force du NLC à cause notamment, de l’influence radicale intellectuelle qu’exerce le syndicat sur la centrale.
De manière générale, à l’égard du mouvement syndical dans son ensemble, la réponse des régimes militaires qui vont se succéder dans les pays va être un cocktail de cooptation et de répression sauvage, notamment sous le régime militaire de Sani Abacha (10). Les conflits avec les militaires conduisent par deux fois, en 1988 et en 1994, à la dissolution du NLC, qui est alors l’unique centrale syndicale officielle. De nombreux dirigeants syndicaux sont arrêtés et continuellement harcelés ; les réunions syndicales systématiques attaquées ou interdites.
Cette stratégie très dure de l’État n’empêche pourtant pas le mouvement syndical de prendre une part importante dans les mouvements démocratiques qui émergent à partir des années 1990. C’est là que va se forger l’alliance des syndicats avec la « société civile » (principalement associations de défense des droits de l’homme et des libertés civiques et démocratiques). Au sein des coalitions larges (ou en collaboration avec) comme Campaign for Democracy (CD) ou National Democratic Coalition (NADECO) des syndicats comme ASUU ou le Nigerian Union of Journalists (NUJ) vont se mobiliser pour la mise en place et l’exécution d’un véritable programme de transition démocratique ; puis, après l’annulation du processus électoral en 1993, pour l’actualisation des résultats et la fin du régime militaire.
C’est ainsi qu’en juillet 1994 les syndicats du secteur pétrolier (NUPENG et PENGASSAN) vont organiser une des grèves les plus dures de la période contre le régime militaire. Le mouvement, alliant explicitement des revendications économiques et des mots d’ordre politiques pour le retrait des militaires du pouvoir, va se généraliser à tous les secteurs et provoquer pendant plus d’un mois la paralysie du pays. Le régime va s’abattre de toute sa force contre les syndicats. Les présidents du NUPENG et du PENGASSAN sont emprisonnés et leurs organisations, tout comme le NLC, mises sous contrôle d’administrateurs uniques nommés par le gouvernement. Un ensemble de mesures draconiennes sont prises pour déstructurer totalement les appareils de direction syndicaux et pour empêcher une coordination des actions entreprises à la base. Finalement, le gouvernement parvient à défaire le mouvement, en s’appuyant notamment sur les ambiguïtés et les faiblesses de la direction du NLC. Les syndicats vont alors mettre un certain temps à se remettre de cette attaque, ne reprenant vraiment de la voix, malgré des actions et mouvement ici et là dans les années qui suivent, qu’à partir de 1998, avec la mort de Sani Abacha et la mise en place de la transition.
Nouvelles résistances et perspectives
La transition « démocratique » achevée de 1999 a finalement rendu aux syndicats leur liberté d’action (au moins formellement), suite à la levée de la plupart des décrets militaires antisyndicaux et à la libération des dirigeants emprisonnés. Cette année-là, en même temps que le nouveau régime civil, les syndicats nigerians accueillirent une nouvelle direction à la tête du NLC. Le nouveau président syndical Adams Oshiomole avait fait campagne sur le thème « Renaissance 99 », et les travailleurs nigerians, comme leurs millions de compatriotes, espéraient vraiment voir s’ouvrir devant eux une nouvelle ère où ils profiteraient des dividendes de la démocratie.
Malheureusement la transition démocratique n’a réellement permis qu’une continuation des mêmes politiques néolibérales et antisociales sous l’habit démocratique (11). Et les travailleurs ont très vite retrouvé le chemin des mobilisations. Les mouvements qui ont suivi la transition ont porté sur un large éventail de revendications, allant des revalorisations salariales aux luttes contre les licenciements. Mais le point focal de ces mouvements a véritablement été la bataille contre l’augmentation des prix du pétrole qui commence dès 1999. Elle reconstitue l’alliance des syndicats avec d’autres forces du mouvement social et fait émerger Adams Oshiomole, le dirigeant du NLC sur la scène publique et nationale. Pourtant le personnage et la politique syndicale qu’il mène n’est pas sans ambiguïtés et contradictions qui peuvent finir par constituer des obstacles pour le mouvement.
Élu en 1999 et réélu en 2002 à la tête de la centrale syndicale, Adams Oshiomole est souvent présenté comme le leader non officiel de l’opposition surtout depuis les campagnes contre les hausses des prix du carburant. Leader charismatique du mouvement syndical, Oshiomole a grimpé les échelons de la hiérarchie syndicale pendant les années troubles de la décennie 1990. Sa force réside dans l’alliage constant d’une rhétorique parfois très radicale et d’une attitude réelle beaucoup plus conciliatrice. Il entretient ainsi des relations ambiguës avec le gouvernement et Obasanjo. En 1999 il tempère les ardeurs des travailleurs pour « préserver » la transition et finit par négocier avec Obasanjo l’augmentation de 25 % des salaires des travailleurs du public. En 2002 il soutient ce même Obasanjo pour sa réélection. Mais le mécontentement syndical et populaire face aux contre-réformes du gouvernement le mène aussi à la confrontation avec le pouvoir, qui n’est pas sans risques. Et s’il s’est positionné comme leader de la campagne contre les hausses des prix du pétrole, il participe au Conseil national pour les privatisations, organe chargé notamment de superviser un certain nombre de mesures économiques... dont l’augmentation des prix du pétrole contre laquelle se battent les syndicats est une des conséquences logiques.
Toutes ces ambiguïtés et contradictions à la direction des syndicats, qu’on retrouve typiquement dans la politique syndicale d’un Adam Oshiomole, font que face à un gouvernement totalement dédié à l’avancement de son agressive politique néolibérale le mouvement n’a pas de véritable stratégie. Au cours des dernières années il s’est souvent borné à protester contre les hausses des prix, les dérégulations et les privatisations sans remettre en cause la logique globale de cette politique.
La campagne de 2005 a peut être marqué un tournant. En effet, plutôt que d’appeler à une nouvelle grève (qui risquait de ne pas pouvoir se maintenir très longtemps à cause notamment de la difficulté du petit peuple de l’informel de survivre sans liquidités), les syndicats et leurs alliés au sein de la Labour and Civil Society Coalition (LASCO) se sont engagés dans une nouvelle démarche. Il s’agissait d’appeler à des manifestations et à la tenue de grandes réunions publiques sur le thème de l’opposition à une hausse des prix à la pompe, mais également contre la politique générale du gouvernement Obasanjo comme facteur principal de l’appauvrissement de la population. Ces manifestations, organisées aux quatre coins du pays, ont rassemblé à chaque fois des milliers de travailleurs autour de mots d’ordre forts et politiques. Elles ont permis d’exprimer et de donner forme à la politisation d’une large couche des travailleurs organisés, et participent en ce sens à la radicalisation de l’opposition au gouvernement.
Si les suites concrètes du mouvement se font malheureusement encore attendre, du fait de l’apathie des directions syndicales qui semblent se contenter de cette première phase, le processus, patiemment et politiquement construit, pourrait déboucher sur de véritables perspectives d’alternatives. D’autant qu’il y a urgence : la crise structurelle de l’État nigerian ne s’est pas résolue avec l’ouverture des institutions. Elle semble au contraire se poursuivre, alimentée par les transformations que tentent de produire les politiques néolibérales (démantèlement de l’État qui était jusque-là le moyen et le lieu de l’accumulation primitive). Les tensions et clivages forts qui en découlent risquent d’aller grandissant notamment avec la perspective des élections présidentielles de 2007. Les batailles au sein de la classes dirigeantes risquent de s’exacerber pour le contrôle de ce qui reste des appareils étatiques, tout comme les attaques pour tirer encore plus de profits du reste de la population. En l’absence de perspectives du mouvement, ces développements se cristallisent déjà sur d’autres clivages - régionaux, ethniques et/ou religieux - qui sont source de violence et de division entre les exploités et les opprimés. Les organisations du mouvement ouvrier nigerian ont ainsi la lourde responsabilité, mais aussi les moyens, d’éviter de nouvelles tragédies à l’ensemble de la classe, et d’offrir de vraies perspectives d’émancipation.
* Danielle Obono, chercheuse en science politique, spécialiste des études africaines et militante à la Ligue communiste révolutionnaire (LCR, section française de la IVe Internationale).
1. Le Nigeria peut également se targuer d’être le seul pays du monde disposant de ressources pétrolières à présenter un déficit budgétaire.
2. Voir sur ce point “The Strangling of Africa”, International Socialism, n° 107, été 2005.
3. Voir notamment l’article de Jean Nanga, « Nigeria : grèves générales en série », Solidarités n° 39 du 19 janvier 2004.
4. La population active du pays était estimée en 2004 à 55,66 millions de personnes dont près de 70 % dans l’agriculture, 10 % dans l’industrie et 20 % dans les services.
5. L’économie nigeriane est largement dépendante de l’exploitation pétrolière qui génère près de 95 % des exportations, 70 % des revenus fiscaux et un tiers du PIB du pays. Le pays est le premier pays africain producteur de pétrole brut, cinquième fournisseur des États-Unis.
6. La part de l’économie informelle au Nigeria est l’une des plus élevées d’Afrique, et représenterait près de 75 % du PNB non-pétrolier en 2003 (à titre de comparaison, cette part n’est que de 11 % aux États-Unis et 16 % en France). Ce secteur a connu une véritable explosion au cours des dernières décennies, parallèlement au développement de la crise et à la mise en œuvre des politiques d’ajustement structurel qui ont conduit à des licenciements massifs notamment dans le secteur public. La majeure partie des travailleurs licenciés, mais aussi de nombreux travailleurs salariés, ont recours à cette économie de survie et de « débrouille ».
7. Il s’agit du People’s Democratic Party (PDP) du président Obasanjo, majoritaire à l’assemblée et au sénat, du All Nigerian People’s Party (ANPP) et de l’Alliance for Democracy (AD).
8. Sur la crise du projet nationaliste nigerian cf. Cyril I. Obi, “No longer at ease : Intellectuals and the crisis of nation-statism in Nigeria in the 1990s”, Revue Africaine de sociologie, vol. 8, n° 2, 2004, pp.1-14
9. C’est ainsi que bien qu’étant une organisation de « cadres », ASUU va s’affilier au NLC et maintenir des liens constants avec la confédération syndicale qui organise principalement les cols bleus.
10. Cf. Jimi O. Adesina, “Relations État/syndicats au Nigeria : néolibéralisme, autocratie et dilemme de la démocratie”, in Lebeau Yann, Boubacar Niane, Piriou Anne, De Saint Martin Monique (dir.), État et acteurs émergents en Afrique, IFRA/Karthala, 2003, pp. 57-85.
11. Cf. Béatrice Humarau, “D’une transition à l’autre : classe politique et régimes militaires au Nigeria”, in L’Afrique politique 1999. Entre transition et conflits, Karthala/CEAN, 1999, pp. 61-83.

Le Nigeria en grève

Lancée à l’appel du Nigerian Labour Congress (NLC) puissante confédération syndicale, mais aussi d’associations civiles, la grève générale s’est déroulée du 11 au 14 octobre. Un mouvement massivement suivi contre l’augmentation de 25 % des prix de l’essence à la pompe décrétée le 23 septembre par le gouvernement. Il s’agit de la sixième grève générale sur ce même motif depuis l’accession d’Olusegun Obasanjo à la tête de l’état le plus peuplé d’Afrique.
Sixième exportateur mondial de pétrole et cinquième fournisseur des états-Unis (15 %), le Nigeria a enregistré une hausse du prix de l’essence qui a créé une situation difficilement supportable pour les 130 millions de Nigerians, dont 80 % vivent selon l’Onu avec moins d’un dollar par jour. Le baril de pétrole flirta alors avec la barre des 50 dollars sur les marchés internationaux : un envol des prix du brut qui aurait dû profiter à la population. Or, il se traduisit une nouvelle fois par une hausse de l’essence qui affecta les transports de vivres, de matériels, entraînant l’inflation des prix des denrées et suscitant une incompréhension légitime de la population. Durant les trois jours de grève d’octobre, le secteur pétrolier fut épargné. S’en suivirent des négociations et des polémiques qui décidèrent les leaders syndicalistes, Adams Oshiomhole en tête, à poser un préavis de grève pour la mi-novembre. Le mot d’ordre fut retiré au dernier moment, le gouvernement jugeant la grève illégale. On peut penser toutefois que la question juridique ne fut pas au centre de ce mouvement. Le syndicat Pengassang, qui représente les cadres du secteur, et le syndicat des ouvriers du pétrole, le Nupeng, avaient en effet annoncé quelques jours avant son déclenchement qu’ils se joignaient à l’appel à la grève générale et illimitée du NLC, à partir du mardi 16 novembre. Ces deux structures auraient par conséquent touché l’un des secteurs clés du pays. Le président Obasanjo a finalement abaissé le prix de l’essence de 10 % et a créé un comité chargé de prendre des mesures afin d’amortir l’augmentation des prix des carburants. Selon lui, la croissance prévue pour 2005 mais aussi le niveau élevé du prix du baril de pétrole brut permettraient de résoudre la crise. Une cagnotte de 4,6 milliards de dollars serait mise de côté en cas de chute des cours. Des dispositions que les syndicats ont accueilli avec prudence, voire défiance. Il faut dire que le gouvernement a tout de même arrêté à plusieurs reprises des militants syndicaux et étudiants1. Les organisations de la société civile, dont le Lasco2, ont également dénoncé la mort d’un jeune manifestant à Kaduna (nord du pays) durant la grève d’octobre. Sans compter le fameux projet dénommé Trade union bill qui vise, selon la NLC et le Lasco, à restreindre l’activité syndicale sous couvert, selon le gouvernement, de respect de la démocratie ! Cette « démocratie » s’est d’ailleurs exprimée une fois de plus récemment pour réprimer les populations au Nigeria. Début décembre, neuf personnes ont trouvé la mort lors de violents affrontements avec les forces de l’ordre dans le delta du Niger, la principale zone de production du pétrole du pays. Les manifestants ont une nouvelle fois dénoncé les conditions d’extraction de l’or noir et ses ravages sur des indigènes qui ne profitent guère de cette exploitation. Le 7 décembre, près de 300 villageois du delta ont évacué des plates-formes pétrolières de Shell3 et de Chevron-Texaco qu’ils occupaient depuis trois jours. Des ravages terribles, donc, pour les populations... et des pertes d’argent momentanées pour les compagnies pétrolières qui ne les empêchent pas de se maintenir voire de se développer au Nigeria, comme l’atteste la signature récente d’un nouveau contrat entre Chevron-Texaco et l’état nigerian.
David, Afrique XX1
1. Le secrétaire général du NLC, fut arrêté au début du mois de novembre « par erreur », disent les autorités. 2. Le Labour and Civil Society Coalition (Lasco) est un rassemblement d’organisations, de tendances allant de l’extrême gauche au centre gauche, qui a appelé à la grève générale d’octobre. Elle organise par ailleurs une campagne pour l’amélioration des droits syndicaux et démocratiques. Voir le site : www.nigeriasolidarity.org 3. Shell exporte près de la moitié de la production de pétrole du Nigeria.

Zimbabwe

Zimbabwe : Retour de la répression antisyndicale 16/8/2006

Bruxelles, le 16 août 2006 (CISL En Ligne) : La Confédération internationale des syndicats libres condamne avec force l’arrestation le 15 août 2006 de M. Wellington Chibebe, secrétaire général du ZCTU (Congrès des syndicats du Zimbabwe) affilié à la CISL. La CISL a fait rapport à l’Organisation internationale du travail afin que celle-ci prenne les mesures qui s’imposent.

M. Chibebe a été arrêté à un barrage routier et placé en garde à vue au poste de police de Waterfalls. Au moment de son arrestation, il se rendait à Masvingo, en voiture, en compagnie de sa famille. Il reçut l’ordre de s’arrêter à un barrage routier à proximité de la localité de Waterfalls où la police a demandé à fouiller son véhicule. La police aurait, soi disant, été à la recherche d’argent liquide. Le gouvernement mène actuellement une campagne contre la spéculation financière et procède, parallèlement, à une réforme monétaire d’envergure qui aurait pour objectif d’enrayer l’hyper-inflation, actuellement supérieure à 1000%.

M. Chibebe a tout d’abord été accusé de résister à la fouille policière. D’après les sources juridiques du ZCTU, la police aurait par la suite délibérément transformé les faits en l’accusant de coups et blessures contre un agent de police. Une démarche qui viserait, selon toute vraisemblance, à aggraver son cas étant donné son profil de dirigeant syndical.

La CISL condamne sans ambages cette arrestation arbitraire qui met en lumière, une fois de plus, le harcèlement et la répression systématiques que subit le mouvement syndical indépendant au Zimbabwe. D’autre part, la CISL déplore les méthodes auxquelles a recours le gouvernement pour s’attaquer à la crise financière du pays, méthodes qui prennent pour victimes les travailleurs et les citoyens en confisquant leurs biens personnels au lieu de s’attaquer aux causes réelles de la conjoncture économique désastreuse du Zimbabwe. De telles confiscations sont, bien entendu, illégales et feront prochainement l’objet de procédures en appel.

Dans une lettre adressée au Président Robert Mugabe, la CISL a demandé au gouvernement zimbabwéen d’intervenir pour obtenir la libération immédiate et inconditionnelle de Wellington Chibebe et le retrait de tous les chefs d’accusation portés à son encontre. Elle a également appelé les autorités du Zimbabwe à ordonner la cessation immédiate de toutes mesures répressives à l’encontre du ZCTU, ainsi qu’à l’encontre des membres, activistes et sympathisants de cette organisation.
La CISL a écrit au directeur général de l’Organisation internationale du travail (OIT) demandant à ce dernier d’intervenir personnellement auprès du gouvernement zimbabwéen pour tenter d’obtenir la libération de M. Chibebe.
La CISL représente 155 millions de travailleurs dans 241 organisations affiliées dans 156 pays et territoires. La CISL est également partenaire des Global Unions : http://www.global-unions.org

Crackdown continues as police interrogate ZCTU officials
By Tererai Karimakwenda
08 August 2006
Quelques jours après que la police aie interrogé les chefs religieux de l’Alliance Chrétienne, ce sont plusieurs fonctionnaires du Congrès des syndicats du Zimbabwe qui ont été visé à Harare et Chinhoyi. Mardi matin, le secrétaire général du ZCTU Wellington Chibebea été convoqué dans la section des fraudes graves du département de recherches criminelles. Il a subi un interrogatoire et peut être accusé au nom de la loi de contrôle des changes extérieurs à cause d’un compte en banque du ZCTU qui selon la police aurait présenté des opérations illégales avec des monnaies étrangères. Le porte parole du ZCTU Mlamleli Sibanda nous a dit qu’un cas analogue avait été acquitté par les tribunaux par manque de preuve et qu’il n’était pas sûr que de nouvelles preuves aient été avancées. D’après Sibanda, les interrogatoires ont pu être motivés par la récente publication d’une enquête sur le ZCTU menée par le ministère du travail.
A Chinhoyi, deux membres du ZCTU ont aussi été interrogés mardi par la police au sujet de tracts dérobés à leur local la semaine dernière. D’après Sibanda, ces tracts contenaient des informations à l’usage des travailleurs pour savoir comment faire avec des impôts qui sont maintenant trop élevés. Mais la police a dit que ces informations sont subversives et de nature à troubler l’ordre public. On a dit à ces deux personnalités, Michael Kandukutu zr Wilson Kambanje, qu’ils allaient être accusés au nom de la loi criminelle Act No. 23 de 2004. Sibanda a dit que le ZCTU a envoyé des tracts dans tous les départements dans le cadre d’une campagne d’information des travailleurs par rapport aux impôts.
Comme dans le cas de Chibebe, Sibanda dit que le secrétaire général du ZCTU a signé le compte en banque d’un projet initié par le conseil syndical des travailleurs du commerce. Lui et deux autres signataires co-accusés ont autorisé la banque à faire quelques opérations monétaires sur le marché parallèle pour ce projet. Sibanda dit que le compte a trois sources de financements qui d’après le gouverneur de la Reserve Bank enfreignent le règlement du contrôle des changes extérieurs.

Le Zimbabwe ignore la grève générale.
La plupart des commerces sont ouverts normalement dans la capitale, Harare, en ce second jour de grève de protestation contre la démolition des constructions illégales.
Nos correspondants disent que la grève a été mal organisée et qu’il était difficile d’en faire de la publicité dans un pays où l’Etat contrôle la plupart des média.
Jeudi, le Président Robert Mugabe a défendu les démolitions dont les Nations Unies disent qu’elles vont faire 200 000 sans-abris.
Il a dit que ce raid-éclair de trois semaines était nécessaire pour « restaurer la salubrité » des villes.
Partie prenante de la grève, l’opposition MP a boycotté le discours de Mugabe alors que le parlement venait de se tenir officiellement après les élections de mars.
Rumeur
La circulation dans Harare est un peu moins dense que d’ordinaire. Il y a eu une importante présence policière dans les quartiers pauvres pendant la grève à laquelle avait appelé conjointement les partis d’opposition et les syndicats.
Le principal parti d’opposition, le Mouvement pour le Changement Démocratique, a annoncé son retrait de la grève même pas un jour après son déclenchement.
La plupart des Zimbabwéens ont pensé que la grève n’était qu’une rumeur, parce qu’elle n’avait pas été annoncée par la radio d’état, la télé ou les journaux.
Des travailleurs qui ont encore un travail formel soit ont eu peur de la répression policière soit n’ont pas voulu pas perdre deux jours de salaire.
La police a averti qu’elle serait impitoyable avec les manifestations de rues.
Pendant ces trois semaines, des buldozers ont rasé les bidonvilles et des marchés dans Harare et d’autres villes, et des policiers armés sont venus mettre dehors des habitants de leurs propres maisons.
Nouvel apartheid
Le gouvernement dit que les démolitions étaient nécessaires pour nettoyer les zones urbaines du Zimbabwe et que la démolition des commerces vise ceux qui sont impliqués dans du commerce illégal de monnaies étrangères et de denrées de base comme le sucre.
« On ne pouvait pas tolérer plus longtemps cette situation chaotique où les petites et moyennes entreprises opèrent en dehors du cadre légal dans des activités criminelles » a dit Mugabe.
Près de 30000 personnes ont été arrêtées.
Des églises et des partis d’opposition, critiques vis à vis de l’action gouvernementale se sont concertées pour consituer un “Front Elargi” et appeler à la grève.
Ils disent que les démolitions ont pour but d’exiler les partisans de l’opposition à la campagne où ils ont moins d’influence.
Les Nations Unies ont demandé à Mugabe d’arrêter l’opération d’expulsion, qualifiée de nouvelle forme « d’apartheid ».
La commission des droits de l’homme des Nations Unies a estimé que l’opération a fait 200 000 sans abri de plus.


La police écrase des manifestations à Harare
Mercredi 13 septembre 2006, The Guardian
La police du Zimbabwe a encerclé des manifestants à Harare après que le gouvernement a déclaré illégales plusieurs manifestations prévues contre la crise économique.
Des policiers avec des casques anti-émeutes, des matraques et des gaz lacrymo ont réprimé une manifestation antigouvernementale dans la capitale aujourd’hui. Au moins 15 manifestants, dont des dirigeants du ZCTU ont été arrêtés dans des affrontements entre les autorités et les manifestants à Harare, selon l’agence Reuters.
Plus tôt dans la journée, la grève nationale qui était censée coïncider avec la manifestation semblait avoir été décommandée, car les banques, les commerces et les usines fonctionnaient normalement à Harare.
Beaucoup de travailleurs ont fait preuve de peu d’enthousiasme après que le gouvernement ait décrété que la grève et les manifestations étaient illégales.
De la Conférence du TUC à Brighton, le vice-président du congrès, Tabitha Khumalo, a dit qu’elle n’avait pas pu contacté ses camarades à Harare aujourd’hui. Elle a dit que les Zimbabwéens protestaient contre les bas salaires et l’impossibilité de se fournir en médicaments contre le sida. « Chaque semaines, ce sont 3000 personnes qui meurent du sida, nous essayons de sauver des vies mais comment faire si nous ne pouvons pas nous payer les médicaments ? ».
Au Zimbabwe, les travailleurs sont si mal payés que beaucoup ne peuvent pas manger au petit déjeuner et au déjeuner et se contentent d’un léger souper pour survivre. « Le salaire minimum est de 12$ (27£) par jour, or l’huile et la farine, sans parler de viande de bœuf, revient 10$.
Mardi, la police a dit que les manifestations prévues ont été interdites en vertu des lois nationales de sécurité qui exigent une autorisation préalable pour les meetings politiques et les rassemblements.
D’après le porte parole de la police, Wayne Bvudzijena, les manifestations “n’allaient pas être pacifiques si on en juge par l’expérience récente.
La semaine dernière, le ministre de la sécurité, Didymus Mutasa, disait que les forces de l’ordre étaient en alerte pour étouffer toute forme de manifestation.
La fédération du travail alliée à l’opposition revendique une hausse de salaire, l’indexation des salaires minimum sur le niveau de vie, la suppression des impôts pour les faibles revenus et l’indexation des pris pour contre-balancer l’effet de l’inflation record de 1000%.
Elle demande aussi que la police arrête de harceler les vendeurs à la sauvette qui perdure depuis que le gouvernement a lancé l’année dernière une opération brutale de nettoyage des bidonvilles, dont les Nations Unies a dit qu’elle a expulsé 700 000 personnes de leur demeure.
Les organisations de la société civile ont exigé des employeurs de permettre au moins aux travailleurs la possibilité de se joindre aux manifestations prévues entre midi et deux heures et de permettre à leurs employés de débattre sur leur lieu de travail des raisons de la crise économique nationale, la plus grave depuis l’indépendance en 1980.
September 9 : Le gouvernement a construit seulement 3300 maisons pour les 700000 personnes qu’il a mis à la rue avec l’opération de démolitions engagée il y a un an, d’après un rapport de Amnesty International.

Gabon

Les syndicats gabonais organisent une grève générale pour les salaires 15 août 2006
Libreville –
Au Gabon, les syndicats appelaient lundi à une grève générale de six jours le mois prochain pour protester contre le blocage du salaire national minium depuis des décennies dans ce pays producteur de pétrole d’Afrique de l’Ouest. Les hôtels de bord de mer et les boutiques chic de la capitale Libreville contrastent avec la misère noire qui touche la population gabonaise, dont un tiers survit avec moins d’1$ par jour malgré la bonné santé des profits pétroliers.
« Cette grève générale va s’étendre au pays entier et à tous les secteurs et a été organisée pour demander une hausse du salaire minimum » a dit la confédération des syndicats gabonais (COSYGA) dans un communiqué.
Il dit que le salaire minimum instauré en 1967 Omar Bongo, le président africain qui est resté en poste le plus longtemps, a été bloqué à 44 000 CFA (85$) depuis plusieurs décennies.
Bongo a gagné l’élection présidentielle en novembre avec 80% des voix mais l’opposition qui avait essayé de s’appuyer sur le mécontentement populaire face à la pauvreté et au chômage dans cette ancienne colonie française, a dit que les élections ont été truquées.
Le gouvernement a interdit les manifestations après que des émeutes aient éclaté à l’annonce des résultats et il a dit que les forces de sécurité tireraient sans sommation pour disperser les manifestations. D’après l’opposition, cinq personnes ont été tuées dans les jours qui ont suivi les résultats.
Le pétrole compte pour 80% des exportations du Gabon et bien que les caisse publiques aient bénéficié de la hausse générale du prix du brut, les économistes estiment que le pays est trop dépendant de ce secteur et devrait se diversifier avant les réserves ne s’épuisent.

Paris, le 10 octobre 2005
Les employés de Gabon Poste reprennent partiellement le travail GABON - 7 décembre 2006 - XINHUA Les agents de Gabon Poste étant en grève depuis plus d’un mois, ont annoncé mercredi soir dans un communiqué la reprise partielle du travail.
"Les guichets des chèques postaux seront ouverts dès ce jeudi matin jusqu’à 11 heures", ont annoncé les grévistes dans une déclaration à la presse.
"Nous demandons au chef de l’Etat, homme de paix et de dialogue, de nous aider à trouver une solution", ont-ils ajouté.
Les postiers réclament une indemnité équivalent à 40 mois de salaire par chaque employé. Ceci pour compenser la perte de l’emploi auquel ils vont faire face dès la fin de cette année, suite à la liquidation de Gabon Poste par le gouvernement gabonais.
A la demande du gouvernement, les postiers ont réduit leurs exigences à 36 mois au lieu de 40, mais le gouvernement estime que la barre est encore très élevée. Les pourparlers sont ainsi bloqués sur cette question.
Depuis dimanche dernier dans la soirée, le gouvernement a réquisitionné plusieurs postiers pour rouvrir les guichets et permettre aux épargnants d’accéder à leurs avoirs et aux détenteurs de comptes bancaires au Centre des chèques postaux (CCP) d’effectuer les opérations souhaitées.
Dès le licenciement des 850 agents de Gabon poste en fin décembre, le gouvernement créera une nouvelle société publique dénommée "La Poste" .

RDC Congo

Le Potentiel (Kinshasa)
12 Août 2006
Tshiala David
Kinshasa
Le gouverneur de la province du Kasaï Occidental, Gilbert Tshiongo Tshibinkubula wa Ntumba, s’est impliqué personnellement dans la recherche des voies et moyens pour résoudre efficacement et d’une manière durable, les problèmes liés à la situation critique que traverse actuellement la Société nationale des chemins de fer du Congo (SNCC) et son personnel, dans cette partie du pays.
Pour ce faire, le gouverneur vient d’exhorter la population ainsi que le personnel de cette entreprise publique au calme, à la sérénité et à la compréhension mutuelle, en dépit de la manipulation politicienne de la part de quelques compatriotes. Le gouverneur, rappelle-t-on, a déjà posé des actes allant dans le sens d’une solution acceptable tant auprès des hautes instances du pays, des ministères de tutelle que du comité de gestion de la SNCC.
A signaler que l’initiative de la convocation de la réunion quadripartite ayant regroupé du 10 au 12 mai 2006 à Lubumbashi (chef-lieu de la province du Katanga) les gouverneurs du Maniema, du Katanga et des deux Kasaï, entités traversées par la voie ferrée, en est l’exemple.
D’autres contacts très suivis ont été menés dans le même contexte pour examiner la problématique de la rareté artificielle du maïs dans les grands centres urbains, le dysfonctionnement structurel de la Sncc, ainsi que l’accumulation de vingt-deux mois d’arriérés de salaire du personnel de cette unité de production. Pour Gilbert Tshiongo, ces actions précèdent tout un plan opérationnel devant permettre la reprise normale des activités de cette société dans les délais raisonnables. Et ce, grâce aux efforts conjugués tant localement que par le comité de gestion de cette entreprise et le gouvernement.

Mouvement ouvrier en Afrique

La répression antisyndicale s’intensifie en Afrique
http://www.liberationafrique.org/auteur.php3?id_auteur=CISL - ICFTU - 7 juin 2006

Le rapport 2006 de la CISL sur les violations des droits syndicaux démontre que l’Afrique est le théâtre d’une répression antisyndicale de plus en plus agressive. Parmi les traits les plus significatifs de cette répression qui touche les plus pauvres du continent, le rapport démontre l’échec de la plupart des gouvernements à respecter les droits de leurs propres employés concernant le droit d’organisation, de grève ou de convention collective. Les restrictions au droit de grève imposées par les secteurs privé et public obligent en pratique les travailleurs à agir dans l’illégalité lorsqu’ils ont recours à ce mode d’action et la répression qui s’en suit est des plus violentes avec des issues parfois fatales.
D’après le rapport, en Ethiopie, les employés du secteur public n’ont tout simplement pas le droit de former un syndicat. Alors que l’éducation est une clef essentielle pour sortir de la pauvreté, le corps enseignant a particulièrement été touché par la répression en 2005. L’Association éthiopienne des enseignants est toujours une cible de choix, elle qui voit ses membres arrêtés, détenus et accusés de haute trahison. Ce secteur n’est pas touché qu’en Ethiopie. En Algérie, une grève des professeurs d’université a été déclarée illégale à trois reprises et des dirigeants syndicaux enseignants du Cameroun ont fait l’objet d’intimidations.
Les violations des droits des employés des services publics n’ont pas touché que l’enseignement. De nombreux autres secteurs ont également souffert de ce qui semble être devenu la norme sur le continent africain. Au Botswana, plusieurs dirigeants d’une association d‘employés d’un gouvernement local ont été victimes de surveillance rapprochée des forces de sécurité, leur téléphone étant mis sur table d’écoute. Dans le même ordre d’idée, le Président du syndicat des enseignants a reçu une visite musclée de membres de l’armée.
Le rapport de la CISL fait état de nombreuses atteintes au droit de grève. Au Ghana, au moins trois mineurs ont été blessés par balles lorsque la police a ouvert le feu pour arrêter une action de protestation. En Afrique du Sud, il n’est pas rare que la police utilise du gaz lacrymogène ou des balles de caoutchouc pour « régler » les incidents que pourraient causer des travailleurs en grève. Les exemples de tels excès abondent en 2005. Quinze conducteurs de bus en ont subi les frais lors d’une manifestation réunissant 3.000 d’entre eux, organisée pour obtenir une augmentation salariale. Egalement lors d’une grève, sept membres du syndicat des métallurgistes ont été blessés et l’un d’eux a dû être hospitalisé.
La répression contre le droit de grève s’exerce trop souvent au péril de la vie des travailleurs. Toujours en Afrique du sud, deux personnes ont été tuées et une troisième blessée en avril 2005 à l’entreprise MCE engineering lorsque l’employeur décida d’ouvrir le feu lors d’une discussion sur le traitement des salaires. En septembre, on dénombra un mort et plusieurs blessés graves après que les gardes de sécurité de l’entreprise Kenhym Estates eurent pris des travailleurs agricoles en grève pour cibles.
Selon le rapport, Djibouti a également été touché par des drames similaires. Au moins un membre du syndicat des conducteurs a perdu la vie et plusieurs autres ont été sérieusement blessés au cours d’une action menée par la police lors d’une manifestation organisée en septembre. Les conducteurs ne sont pas les seuls à connaître les affres de la répression antisyndicale. Les dockers se souviendront longtemps de la grève qu’ils ont organisée et qui a débouché sur 170 arrestations et 70 licenciements. Autre secteur touché : la poste. Un nouvel article dans le code du travail prévoit la suppression du contrat de travail pour celui qui forme ou rejoint un syndicat de la poste.
Autre pays où le sentiment antisyndical est puissant, le Nigeria a adopté une nouvelle législation qui restreint fortement le droit de grève et qui le bannit complètement pour toute une série de services essentiels. Des centaines d’employés du milieu hospitalier ont été licenciés après avoir pris part à une action de grève, ce qui a eu des conséquences désastreuses pour les hôpitaux qui n’atteignaient plus le nombre minimum d’employés pour bien fonctionner. Dans l’industrie du pétrole, près de 170 travailleurs ont été licenciés alors qu’ils demandaient de meilleures conditions de travail. Autre fait grave, la direction d’une entreprise de forage a eu recours à la police armée pour réprimer une grève organisée par ses employés. Les dirigeants du Nigeria Labour Congress, organisation affiliée à la CISL, subissent une pression continue de la part des autorités du pays, ce qui les empêche de mener à bien leur mission de défense des travailleurs.
Au Zimbabwe, le ZCTU (Zimbabwe Confederation of Trade Unions), affilié à la CISL, est toujours victime d’un harcèlement systématique. Les dirigeants de cette organisation syndicale, y compris le président et le secrétaire général, ont reçu des menaces de mort, ont fait face à des brutalités et bon nombre d’entre eux ont été arrêtés pour le simple fait d’être membre du syndicat. En 2005, Le Zimbabwe fut également le théâtre de brutalités comme la torture d’un dirigeant du syndicat des enseignants et le passage à tabac d’employés du secteur des télécommunications qui protestaient contre un licenciement abusif.
De nombreux pays en Afrique, comme le Soudan, l’Egypte ou la Lybie ne permettent pas la création de syndicats autonomes et démocratiques. Seules les centrales nationales contrôlées par les gouvernements y sont autorisées.

Rapport annuel de la CISL : inventaire mondial de la répression antisyndicale
Droits syndicaux en Afrique : les pouvoirs en place toujours aussi agressifs
http://www.liberationafrique.org/auteur.php3?id_auteur=CISL - ICFTU - 18 octobre 2005
Aux jougs de la pauvreté et du sous-développement qui accablent le continent africain, s’ajoute celui de la répression anti-syndicale. Alors que les travailleurs africains se débattent pour survivre, la plupart du temps sans la moindre protection sociale, les pouvoirs en place se montrent toujours très agressifs vis-à-vis des syndicats, à coup d’intimidation trop souvent violente, d’arrestations et de licenciements. La négociation collective reste très faible sur le continent et les zones franches qui bourgeonnent dans le sillage de la mondialisation ajoutent leur lot d’exploitation.
Au Zimbabwe, syndicalisme a continué à rimer avec harcèlement, intimidations, arrestations, licenciements et poursuites en justice. La longue litanie des violations des droits syndicaux enregistrée sous le régime du Président Mugabe au cours de l’année dernière confirme en effet sa triste réputation de champion du continent en matière de violations des droits humains et syndicaux. Plusieurs hauts dirigeants syndicaux en ont fait les frais, comme Wellington Chibebe, secrétaire général du ZCTU, arrêté avec quatre autres collègues pour avoir organisé un atelier syndical. Comme Raymond Majongwe, secrétaire général du syndicat des enseignants, victime d’un attentat à sa vie heureusement manqué. Ou encore comme Lovemore Matombo, président du ZCTU, licencié avec plusieurs autres collègues du syndicat des travailleurs des communications.
Au Nigeria, le gouvernement, non content de harceler continuellement les syndicats, a en outre introduit un projet de lui visant notamment à supprimer le NLC, centrale syndicale réputée pour son activisme. Trois personnes au moins sont décédées du fait de la répression policière lors de manifestation organisée par le NLC, tandis que plus d’une centaine d’autres ont été arrêtées en raison de leurs activités syndicales.
Liberté syndicale et droit de grève bafoués
Au Soudan, en Egypte, ou en Libye, la liberté syndicale est tout simplement inexistante, seul le syndicat unique inféodé au pouvoir est autorisé. En Guinée équatoriale, même si elle existe dans les textes, le gouvernement refuse dans les faits de reconnaître les syndicats indépendants. À Djibouti et au Sénégal, un syndicat ne peut être légalement enregistré sans l’approbation du gouvernement tandis qu’au Cameroun et en République du Congo, le gouvernement ne traite qu’avec les syndicats qui sont sous sa coupe.
Le droit de grève n’est guère mieux respecté sur le continent africain. Au Botswana, 444 mineurs qui faisaient grève contre une révision salariale discriminatoire ont été licenciés et un grand nombre expulsés de force de leur logement, propriété de l’entreprise. Au Kenya, 188 travailleurs des plantations de thé ont été licenciés pour avoir fait grève à la suite du non-respect par leur employeur d’un accord salarial. En Afrique du Sud, 150 porteurs de bagages ont perdu leur emploi au bout d’une grève de trois semaines. La Banque financière du Bénin a licencié 40 membres syndicaux, dont dix cadres, ayant participé à une grève de protestation. Des dirigeants syndicaux ont également été licenciés au Sénégal à la suite d’une grève dans une cimenterie.
Des violences policières ont ensanglanté le Cameroun, quand une trentaine de policiers armés de matraques ont agressé des ouvriers forestiers en grève à Yaoundé. Au Malawi, la police a tiré en l’air mais à balles réelles et a utilisé du gaz lacrymogène pour disperser des travailleurs en grève de plantations de thé, lesquels réclamaient le paiement de leur indemnité de licenciement. Le rapport relève un incident similaire au Mozambique à l’encontre d’anciens cheminots qui s’étaient rassemblés pour discuter du paiement de leur indemnité de licenciement.
Zones franches, zones d’abus
Dans les zones franches d’exportation, symbole par excellence de la compétition débridée qui dirige le marché mondial au détriment des droits sociaux et syndicaux, les employeurs continuent d’empêcher ou de s’opposer fermement à toute tentative d’organisation ou d’activité syndicale, en particulier au Malawi, à Maurice et au Nigeria. Dans de nombreuses zones, du Maroc à Madagascar, les abus sont monnaie courante. Au Kenya, un délégué syndical d’une fabrique textile dans la zone franche d’exportation d’Athi River a été licencié et inscrit sur une liste noire pour avoir demandé à l’entreprise le paiement d’augmentations salariales telles que prévues par une convention collective signée l’année précédente.
En Namibie, dans une usine textile à capitaux malaisiens, réputée pour ses pratiques antisyndicales, une travailleuse immigrée chinoise s’est retrouvée à l’hôpital après avoir été attaquée par un chien utilisé par les gardes de sécurité lors d’une protestation des travailleurs chinois contre les conditions de travail, la nourriture immangeable et le coût à leur charge des examens médicaux. 400 travailleurs bangladais ont quant à eux été expulsés et leur permis de travail confisqué après qu’ils se soient révoltés contre leurs effroyables conditions de vie. Fin septembre, le tribunal a décrété que l’entreprise devait payer à 66 de ces travailleurs 10 mois de salaire, leur vol de retour chez eux et une partie de leurs frais judiciaires. Une enquête, menée par le Syndicat national des travailleurs namibiens (NUNW) dans le cadre d’un procès opposant des travailleurs migrants venus du Bangladesh à leur employeur, a révélé que des travailleurs bangladais auraient payé à des agences de recrutement des commissions illégales pour un total de 21 millions de dollars. Selon le NUNW, ces pratiques ouvrent la porte à de sérieuses suspicions sur l’existence d’un organisation mafieuse internationale impliquée à grande échelle dans le trafic d’êtres humains.
Rapport annuel de la CISL : inventaire mondial de la répression antisyndicale

Les syndicats africains s’attellent au défi posé par les ports de complaisance
http://www.liberationafrique.org/auteur.php3?id_auteur=ITF - 26 août 2005
Les syndicats africains des dockers se sont engagés à établir un réseau régional dans le cadre des efforts déployés pour relever les défis posés par la privatisation et la mondialisation du secteur.
Des syndicats des dockers représentant 12 pays d’Afrique sub-saharienne - dont l’Afrique du Sud, le Cameroun, la Gambie, le Ghana, le Kenya, la Namibie, le Nigeria, la République démocratique du Congo et la Tanzanie - se sont rencontrés lors d’un Séminaire sur les techniques de campagne pour lutter contre les ports de complaisance organisé par l’ITF à Nairobi, au Kenya, du 15 au 19 août. A cette occasion, ils se sont penchés sur leurs problèmes communs, dont la privatisation, la précarisation et l’influence croissante des opérateurs de terminaux mondiaux dans les ports africains.
Les syndicats ont présenté leurs activités : en Afrique du Sud et en Namibie, les campagnes ont permis d’écarter les propositions de privatisation des ports, tandis qu’au Ghana, les syndicats tentent d’organiser les travailleurs des nouvelles sociétés d’arrimage. Ils ont aussi accueilli des travailleurs portuaires du Sierra Leone, venus dans le pays pour s’informer sur leurs expériences.
Durant le séminaire, le groupe a créé un réseau régional de syndicats portuaires, qui coordonnera leur participation à l’élaboration d’une campagne sur les ports de complaisance. Cette initiative sera coordonnée conjointement par les bureaux sous-régionaux et régionaux de l’ITF et la section des dockers à Londres, au Royaume-Uni.
Ben Udogwu, Secrétaire régional africain de l’ITF, a déclaré : « Cette semaine de séminaire s’est concentrée sur certaines questions fondamentales pour les syndicats des dockers de la région, dont le besoin d’unité, de leadership et de bonnes relations sociales dans nos ports, qui sont la voie vers notre réussite économique. Les syndicats ont un rôle essentiel à jouer dans l’essor du secteur et le développement de la région. »
19 August 2004

Déclaration commune du Congrès du travail du Nigeria (NLC), de la Confédération des syndicats sud-africains (COSATU) et du Congrès des syndicats du Ghana (TUC)
23 octobre 2004
Au terme de la rencontre consultative courante tenue à Abuja, au Nigeria, les 22 et 23 octobre 2004
Nous, dirigeants du NLC, de la COSATU et du TUC (Ghana), sommes réunis ces 22 et 23 octobre 2004 à Abuja, au Nigeria, dans le cadre de nos rencontres régulières visant à dynamiser le mouvement syndical africain et à chercher une issue constructive aux problématiques contemporaines. Cette rencontre donnait suite à celle tenue à Johannesburg, le 18 août 2004.
La rencontre d’Abuja s’est penchée sur les questions et les problématiques suivantes :
Projets de résolutions en vue du Congrès mondial de la CISL
Nous avons étudié les documents préparatoires au Congrès mondial de la CISL, notamment le Rapport thématique.
Nous avons trouvé rafraîchissante l’approche progressiste et englobante des projets de résolutions, car ceux-ci intègrent bien l’impératif et les aléas du développement durable, en mettant bien en lumière toute la diversité d’intérêts chez les populations et les nations appauvries.
Nous saluons la critique sans équivoque qu’on y fait des forces dominantes de la mondialisation en ce qu’elles viennent subvertir l’atteinte des Objectifs du Millénaire pour le développement, une question maintes fois soulevée par les éléments progressistes au sein de la CISL. La plus haute attention prêtée aux Objectifs se double d’un questionnement critique des principes réducteurs de l’orthodoxie néo-libérale, qui servent à miner la capacité des pouvoirs publics d’appliquer des stratégies de développement axées sur les besoins de la population.
Nous accueillons avec satisfaction l’argumentaire solide en faveur d’une nouvelle mondialisation, centrée cette fois sur les impératifs, notamment, de travail décent, de répartition équitable des revenus à tous les échelons, de respect des droits des travailleurs et d’un développement durable accéléré solidement arrimé aux Objectifs.
Nous nous engageons à finaliser les projets de résolutions par voie d’amendements judicieux, à faire campagne pour qu’on les appuie et à veiller enfin à leur mise en œuvre intégrale.
Dans ce contexte, nous maintenons qu’il est nécessaire de faire des approches au Japon en vue d’élargir la base de soutien progressiste autour de ces résolutions et des autres questions qui seront déterminantes du succès du Congrès et d’une transformation progressiste de la CISL.
Par ailleurs, nous avons exprimé de sérieuses réserves quant aux propositions du secrétaire général pour l’élimination des congrès régionaux et la nomination des secrétaires généraux, plutôt que leur élection par les congrès régionaux.
Nous estimons que ces propositions risquent fort de mener à une centralisation excessive, ce qui entraverait l’essor si nécessaire d’organisations régionales solides et proactives, capables de relever les défis propres à leur région.
Nous partageons l’objectif de renforcer le droit de regard du secrétariat de la CISL sur les régions pour assurer la transparence en matière de finances et de programmation. Dans l’intérêt de la démocratie et du pouvoir des affiliés, nous croyons toutefois à la nécessité d’établir un équilibre constructif et mutuellement profitable entre le droit de regard du secrétariat et une plus grande autonomie des organisations régionales.
Réunion de Lusaka tenue du 11 au 14 octobre 2004
Nous prenons acte des conclusions sur le Congrès mondial de la CISL issues de la rencontre de Lusaka convoquée par l’ORAF-CISL.
Il nous faut toutefois faire part de notre inquiétude de voir des tribunes comme des séminaires et des ateliers de formation servir à l’adoption de résolutions qui relèvent des instances appropriées de l’ORAF-CISL, étant donné notamment la faible représentativité de telles tribunes et l’absence de débats préalables sur ces questions au sein des centrales syndicales nationales.
Nous reconnaissons et nous partageons la préoccupation des participantes et participants à la réunion de Lusaka de bien articuler et de renforcer toute la diversité des intérêts africains dans le cadre du Congrès mondial. Nous réitérons notre engagement à mener un tel débat et à emprunter les instances de l’ORAF-CISL pour le faire avancer et l’approfondir.
Le Congrès de l’ORAF-CISL
Nous craignons qu’à moins de six mois du Congrès de l’ORAF-CISL, beaucoup reste encore à faire pour éviter que l’organisation ne répète les erreurs du passé.
À cet égard, nous croyons fermement que le Comité exécutif doit donner la priorité à la tenue d’un débat sérieux sur le Congrès et y allouer plus de temps.
Nous croyons qu’un congrès bien organisé est essentiel à notre démarche globale pour le repositionnement de l’ORAF-CISL. Un congrès comme celui-là doit absolument contribuer à porter plus loin notre vision collective d’un organisme continental capable d’amplifier la voix des travailleuses et travailleurs de l’Afrique au sein des structures continentales des gouvernements africains, de servir de plate-forme utile à la promotion d’approches alternatives et d’inspiration populaire au développement, de stimuler une solidarité véritable et d’élaborer un programme pour le renforcement du syndicalisme.
L’impératif d’une plate-forme syndicale unique pour le continent
Nous croyons que le débat élargi entourant la fusion de la CISL et de la CMT mérite d’être réexaminé par le mouvement africain, à la lumière de sa propre expérience.
Par conséquent, nous nous engageons à favoriser le débat sur la nécessité pour les travailleuses et les travailleurs d’une organisation syndicale continentale unique qui soit démocratique, efficace et solide.
L’élargissement de l’alliance progressiste en Afrique
Nous nous engageons à interpeller nos camarades à travers le continent en vue de l’élaboration d’une plate-forme syndicale plus solide et plus large en faveur d’un discours et de pratiques progressistes.
En ce sens, nous convenons de consolider notre capacité à tisser des réseaux internationaux, notamment en renforçant nos services internationaux respectifs.
La situation au Nigeria
Nous nous sommes penchés sur les difficultés que connaît actuellement le NLC, vu la détermination de l’autorité exécutive du gouvernement nigerian à lui retirer son accréditation.
Les autres partenaires de l’alliance s’engagent à suivre de près la situation et à œuvrer activement à l’effort de mobilisation de la solidarité internationale.
Adams Aliyu Oshiomhole - Président - Congrès du travail du Nigeria (NLC)
Zwelinzima Vavi - Secrétaire général - Confédération des syndicats sud-africains (COSATU)
Kwasi Adu-Amankwah - Secrétaire général - Congrès des syndicats du Ghana (TUC)

2006-2007 : grève générale et révolte en Guinée (Conakry)

La grève de mars 2006 en Guinée
Gouvernement et syndicats : terrain d’accord à Conakry
Vendredi soir, syndicalistes et représentants du gouvernement (les ministres des Transports, de l’Economie et des Finances, du Commerce, de l’Education, et des Mines) se sont réunis pour trouver un accord sur des questions cruciales concernant la survie quotidienne des Guinéens. Les deux camps affichaient leur satisfaction : le gouvernement, pour avoir gagné la suspension de la grève et les dirigeants des syndicats, parce que leur mouvement a été particulièrement suivi et qu’ils ont obtenu un certains nombre d’avancées.

De notre envoyé spécial à Conakry
Curieuse ambiance vendredi soir au palais du peuple de Conakry. Alors que syndicalistes et représentants du gouvernement (les ministres des Transports, de l’Economie et des Finances, du Commerce, de l’Education, et des Mines) s’enfermaient dans une pièce pour trouver un accord sur des questions cruciales pour la survie quotidienne des guinéens, le bâtiment résonnait de sonorités salsa de la célèbre formation cubaine Orchestra Aragon, en concert dans la grande salle.
Quoi qu’il en soit, les deux camps affichent leur satisfaction : le gouvernement, parce qu’il a gagné la suspension de la grève, et les dirigeants des syndicats, parce que leur mouvement a été particulièrement suivi et qu’ils ont obtenu un certain nombre d’avancées.
Certes, pour les salaires de la fonction publique, on est loin de la revendication initiale d’une multiplication par quatre. Et les négociateurs des syndicats n’ont pas non plus formellement obtenu d’accord sur leur deuxième proposition, révisée à la baisse, de doublement des traitements. Mais, selon le secrétaire général de l’Union syndicale des travailleurs de Guinée, Ibrahima Fofana, « une combinaison d’augmentations de points d’indice et de différentes mesures fiscales devraient permettre une revalorisation progressive d’ici avril 2007 ».
Quant à la stabilisation des prix …
Ensuite, l’accord comporte une série d’autres mesures, dont la création d’une commission mixte syndicats, gouvernement et patronat sur la stabilisation des prix. Ils ne cessent de flamber depuis de longs mois. Et cela ruine littéralement des Guinéens dont les salaires étaient déjà misérables. « Un sac de riz, par exemple, coûte à Conakry environ 115 000 francs guinéens alors que beaucoup ici gagnent moins de 100 000 FG », se désole Mamadou petit vendeur de pneus dans la capitale. Et cela alors que la Guinée est, potentiellement, l’un des pays les plus riches de la région, en raison notamment de ses formidables richesses minières.
Et c’est la raison pour laquelle le mouvement de protestation a pris une telle ampleur. « De mémoire de Guinéens, on n’a pas vu un mouvement de désobéissance civile aussi massif depuis des décennies », jubile un syndicaliste. La grève a effectivement largement suivie sur tout le territoire. De plus, elle a mobilisé toutes les catégories de la population, y compris les commerçants qui, vendredi encore, ont en majorité gardé porte close.
Reste maintenant a savoir, si l’accord signé va permettre une accalmie durable sur le front social. Ce samedi matin, les dirigeants syndicaux ont soumis le protocole à leurs militants qui ont avalisé sans vote la décision de leurs leaders. « C’est vrai que nous n’avons pas obtenu les augmentations que nous souhaitions, confie un employé de banque. Mais nous avons démontré notre capacité de mobilisation et celle de peser sur les décisions du gouvernement ». Mais au cours de cette réunion, les leaders des centrales syndicales ont réaffirmé avoir seulement suspendu leur mouvement en attendant de voir si le gouvernement va tenir ses promesses, ce qui a sans doute pesé sur le ralliement des militants.
par Christophe Champin
Article publié le 04/03/2006

Vive tension en Guinée Forestière
GUINÉE - 27 octobre 2006 - PANAPRESS
La Coordination des associations et groupements de N’Zérékoré, chef-lieu de la Guinée Forestière, dans le sud du pays, a organisé, jeudi, une marche pacifique au cours de laquelle les manifestants ont exigé des pouvoirs publics l’amélioration de leurs conditions socio-économiques.
Selon la Radio nationale guinéenne (RTG), la coordination a remis aux autorités locales une plate-forme revendicative s’articulant sur dix points, dont la réhabilitation "immédiate" de la Route nationale Sérédou-Kissidougou et de la voirie urbaine de N’Zérékoré, ainsi que la régularisation de la vente des produits pétroliers dans les stations service.
Les manifestants ont aussi demandé la suppression de la tarification éclatée des soins dans les hôpitaux, la réfection du Stade du 3 avril de N’zérékoré, l’alimentation de la ville en courant électrique, la construction d’une université, la normalisation du réseau téléphonique dans la région.
Les populations exigent aussi la révision des prix de l’essence, dont le litre est vendu à 17.000 Francs guinéens (1 dollar US = 7.000 FG) dans leur localité contre 5.500 FG à Conakry, du sac de riz vendu à 200.000 FG contre 85.000 à 120.000 FG dans la capitale.
Les manifestants ont décidé de procéder au blocage de toutes les voies de communication terrestres et aériennes et à la suspension de tout paiement d’impôt ou taxe, "si leurs revendications ne sont pas prises en compte dans les 72 heures".

Guinée : Alcoa / CBG, vers la rupture ?
Le 23 octobre 2006, des femmes(travailleuses et épouses des travailleurs de la Compagnie des Bauxites de Guinée, CBG) vêtues de tenues rouges, se sont massivement mobilisées protestant contre des décisions de la Direction du Groupe Ressources Humaines, dirigé par M.Mamadi Oularé.
Ces évènements ont perturbé la vie sociale à Kamsar et le fonctionnement de la CBG. Ce qui explique le déplacement d’une délégation guidée par le Ministre d’Etat, Elhadj Moussa Solano, pour décrier au cours d’un meeting au stade de Kamsar, la décision qui réduisait les avantages sociaux des travailleurs et de leurs familles, en ce qui concerne l’accès aux soins de santé et au ravitaillement.
La plate-forme revendicative des manifestantes a été acceptée et solutionnée par l’équipe Solano. Mais, voilà que toutes en rajoutent « l’exigence du départ souhaité dans les 72 heures de six (6) cadres dont M.Mouctar Yoro Diarra de la compagnie » qu’elles considèrent comme responsables des préjudices.
En lieu et place, M.Solano les rassurait que toutes les revendications seront prises en compte par le Gouvernement, notamment le départ imminent de « M.Mamadi Oularé contre qui pesait l’essentiel des revendications sociales ».
Le 24 octobre, la suite des décisions de la délégation Gouvernementale, le Préfet de Boké, Dr. Ousmane Bangoura a diffusé par la radio CBG un communiqué invitant les cadres incriminés à quitter le territoire de toute la juridiction. Mais tout ceci n’évitera les prises d’otages par les femmes.
Le 31 octobre, le ministre des Mines et de la Géologie, Dr. Ousmane Sylla, effectue un déplacement « pour confirmer aux manifestantes que M.Mamadi Oularé ne travaillera plus à Kamsar ». Même si les prises d’otages s’opéraient encore, alors que le Ministre Sylla nourrissait le sentiment d’être la clef de la désamorce d’une crise...
Le1er novembre, M.Malick Kane, surintendant des Relations industrielles, qui figurait sur la liste noire des femmes, lui,a failli se faire lyncher. Le 3 novembre, les manifestantes franchirent les nombreux barrages pour prendre en otage le surintendant du Groupe Energétique, M.Alsény Kéïta. D’une rare fermeté, elles lui firent comprendre presque, « nous ne voulons plus de délestages, compris ! ». Le Directeur du Groupe Administratif, M. Momo Yansané autrefois donneur d’ordres, recevra des femmes les mêmes instructions, avec un ton à l’impératif comme, « résous notre problème où tu seras bon à être moulu »...
Ainsi, le Directeur Général de la CBG, M. Nicolas Clift (Nic) pris de peur, décide d’évacuer les épouses et les enfants des expatriés vers les pays voisins, au Sénégal et en Gambie. Le Gouverneur de Boké, M.Dansa Kanté, analysant l’enlisement de la situation intercédera par conviction des dispositions prises pour la sécurité des expatriés. Rappelant que, « même pendant la lutte pour la décolonisation, les étrangers n’ont jamais fait objet de menaces. Par contre, ils ont toujours bénéficié de l’hospitalité populaire, légendaire des Guinéens ».
Le 6 novembre, le ministre des Mines et son homologue de la Pêche, Ibrahima Sory Touré, tentent « une nouvelle offensive ». Le Ministre Touré s’était engagé par ces propos : « le gouvernement ne va pas abandonner les braves femmes de Kamsar, quel que soit le prix à payer ». M.Nic revient sur la décision de faire « évacuer les expatriés sur engagement du Ministre Sylla ».
Pour tirer les leçons des (fâcheux évènements du soulèvement) ; le 7 décembre M. Dansa Kanté convoque un meeting de sensibilisation élargi aux surintendants, chefs services défense et de Sécurité, syndicats et autorités communautaires. Les partenaires ont fait comprendre « la décision de faire quitter les cadres comme une violation par le Gouvernement vide l’Accord Gestion par Alcoa » avant de menacer « de se retirer de la CBG si des cadres formés à grands frais par la compagnie devaient être chassés par la seule volonté de la rue ».
Le ministre des Mines a repris les tractations en vue d’une conciliation. En convoquant une réunion à Conakry, le 22 novembre, « M.Sylla prenait l’initiative de faire convoquer via le conseiller militaire de liaison de la CBG, les 5 femmes responsables du mouvement, pour entretien. Il n’obtiendra pas satisfaction, en ce qui concerne le retour des cadres ».
Le Préfet et le Gouverneur de Boké tenteront de calmer le jeu avec les femmes, mais en vain ! Nombre de ces femmes sont restées intraitables, irréductibles, à la sensibilisation quant à l’obligation de respecter les engagements. « Ces deux autorités poursuivront néanmoins les négociations, dans le but d’aboutir à un apaisement de la tension sociale. Toutes leurs démarches ont été vaines et les femmes sont restées hermétiques à tout raisonnement ».
Les principales revendications commencent par la formation d’« une poignée de femmes Bagas Autochtones qui s’en désolidarisent » tandis que le groupe des irréductibles durcissait sa position sous l’effet de quelque manipulation entretenue par des cadres de la CBG espérant remplacer les autres au cas où le départ serait effectif ».
Toutefois, les autorités régionales ont signifié au Gouvernement, « la nécessité de faire quitter M.Oularé, à cause des actes successifs qu’il a signés et qui sont à l’origine du mécontentement populaire ». Avec pour suggestions : « négocier avec les femmes pour le retour de cinq autres Persona Non Grata, mettant ainsi d’accord toutes les parties ».Le Préfet, Docteur Ousmane Bangoura a fait diffuser deux communiqués, invitant les femmes aux négociations pour le retour des cadres. Elles lui opposent un refus catégorique. Hein !

Un après Noël Sanglant

Sous l’autorité intérimaire de M.Richardson Lawrence, précédemment directeur du Groupe Finances, en remplacement du Directeur Général, en congé annuel depuis le 21 décembre 2006, fera un mort et trois « blessées » suite au bras de fer du 25 décembre, opposant les femmes leaders de Kamsar et l’autorité publique qui décida de rétablir l’ordre au sein de la Compagnie des Bauxites de Guinée (CBG) en ramenant cinq cadres à leurs postes.
Le comité de défense et de sécurité a décidé par l’administration Publique, à appliquer la décision du Gouvernement de « ramener » les persona non grata, tout en exigeant la mutation de M.Mamadi Oularé, supposé être un grand symbole de Alcoa en Guinée. C’est ainsi que le 25 décembre 2006, sur promesse ferme des « Femmes Bagas qui en avaient marre de la mauvaise réputation de la contrée », MM.Tahirou Diallo, Mouctar Yoro Diarra, Malick Kane et autres atterrissent aussitôt à Boké, sur recommandation du ministère des Mines et de la Géologie qui appliquait l’une des recommandations du Conseil d’Etat.
Les autorités Régionales et Préfectorales conduiront dans une sécurité garantie les concernés à leurs domiciles respectifs à Kamsar. Des femmes avaient haussé le ton au ministère des Mines, le 22 novembre dernier, et ont vite fait à se mobiliser contre la décision du Gouvernement. Des activistes entre autres Mama, Balath Fatou, Elène et Yindin Fatou, ont rejeté ce jour toutes les propositions du ministre Ousmane Sylla, visant un probable retour des « indésirables ». Le ministre Sylla tentait ainsi de sauver le contrat de gestion, liant la Guinée et la firme Alcoa.
Les femmes qui n’ont pu accéder aux domiciles des cadres concernés, le 25 décembre, avaient érigé des barrages le lendemain, empêchant l’accès à l’usine et à la maison blanche où siège la Direction Générale de la CBG. La riposte de l’autorité a fait trois blessées parmi les manifestantes. « Des blessées graves » précise notre contact.
L’Administration Régionale change de tactique et engage de nouvelles négociations avec les manifestantes, en attendant le renfort de 50 gendarmes dépêchés de Conakry. L’intervention de la Présidente des Femmes militantes du Parti de l’Unité et du Progrès (PUP) de Kamsar, Madame Ami Cissé est appelée au secours par le Gouvernorat.
Une réunion de crise élargie aux Directeurs de Services de la CBG et à l’Administration locale a été convoquée. Tandis que les manifestantes observaient le sit-in obstruant les voies d’accès à l’usine et à la Direction Générale. La délégation syndicale de CBG recourt à la Fédération Syndicale Professionnelle des Mines, Carrières, Industries chimiques et Assimilées. Cette Fédération avait déjà tenté vainement de rétablir l’ordre à la CBG, en suppliantles femmes d’accepter le retour du personnel de la société, et qu’ en compensation le Gouvernement se battrait pour le départ du Directeur Général, M.Nic Clift en fin de contrat et M.Mamadi Oularé en mission à l’extérieur. Selon un membre de la Fédération, c’est peine perdue ! »
Le 27 décembre, un groupe de près de 100 femmes indiquait encore aux autorités administratives et à la Secrétaire Générale de la CNTGque « l’heure n’est pas de renoncer à la manifestation ». Cependant, Hadja Rabiatou Sérah Diallo jurait de se battre sur tous les fronts pour que « l’Etat ne soit à terre. » Et la nuit tomba, hélas ! Tard, l’assaut opéré par les agents de sécurité aboutira à une arrestation massive d’activistes.

Les millions sataniques

Pendant la crise, Hadja Aïssata Conté, soeur du Président de la République, avait tenté aussi d’apporter « son grain de sel ». Et avait décidé de se rendre à Kamsar dans le but de « sensibiliser les femmes Bagas, afin qu’elles oeuvrent à faire de Kamsar, un havre de paix ».
Accédant « aux prières, les femmes Bagas ont souhaité obtenir de Hadja Conté un sacrifice pour implorer la grâce divine pour le retour de la paix à Kamsar, devenu lieu de l’anarchie où l’on érige des barricades pour la moindre revendication ». Un taureau et la somme de 500 000 Gnf ont été mis à leur disposition. A la suite de ce sacrifice, une marche pacifique a été organisée avec pancartes et banderoles appelant à la réconciliation par les femmes autochtones.
La réplique ne s’est pas faite attendre. « Les réfractaires ont fait courir la rumeur selon laquelle plus de 150 millions Gnf ont été distribués par les autorités à toutes celles qui ont accepté de faire la paix ». Elles ont insisté sur le fait que « le soulèvement des femmes Bagas en 2005 avait abouti au départ du Sous/préfet Ousmane King Bangoura et du Commissaire de Police, Ousmane Bangoura. Pourquoi, alors l’Autorité refuse t-elle d’accéder à l’exigence de chasser de la Compagnie, les six cadres ciblés ? »
Voyant l’échec à l’horizon, « il a été décidé le renforcement du dispositif de sécurité pour assurer le retour des cadres après deux mois d’absence préjudiciable à la Compagnie ». Le 25 décembre, ces cadres ont été accompagnés du Directeur de la Commission Nationale de la Sécurité Minière, M.Mamy Cé Kewanye, de l’Inspecteur Régional des Mines, M.Fodé Bérété et dispositif de sécurité important. Au même moment, un tract des meneuses appelait « les femmes à s’opposer par tous les moyens à la reprise des cadres. Le lendemain, très tôt ces femmes prirent d’assaut la Direction Générale, l’entrée de l’usine et quelques autres points stratégiques, empêchant ainsi toute activité normale de la CBG ».
Mais avant de passer à l’acte, une délégation de la Confédération Nationale des Travailleurs de Guinée (CNTG) conduite par sa secrétaire générale, Hadja Rabiatou Sérah Diallo, a tenté en vain, malgré ses talents de négociateurs. Impossible de trouver une solution négociée, « je suis syndicaliste chargée de la défense du travail et des intérêts des travailleurs, mais je suis aussi citoyenne qui n’acceptera à aucun prix que l’Etat soit traîné dans la boue. Par conséquent, je laisse le soin à l’administration de poursuivre la recherche de la solution appropriée à la reprise normale du travail au niveau de la CBG. J’invite par ailleurs le syndicat de la CBG à s’investir activement dans la mise en place des mesures rigoureuses en vue de la reprise effective du travail à la CBG à compter du 28 décembre », dixte Rabiatou Sérah Diallo.
Le 27 décembre, le Comité de Défense et de Sécurité installé à la case du 3 avril, prit alors la décision « d’utiliser les moyens requis pour libérer les lieux, à partir de 4 heures du matin ». Levant ainsi les barricades, les forces de l’ordre ont procédé à des arrestations de femmes et de jeunes. Une opération qui n’a pas connu de blessés.
Le 28 décembre « tout semblait normal, le travail avait repris lorsqu’une alerte fait état d’une mobilisation de manifestants à Minel. Qui s’apprêtaient à saccager des installations de la CBG. Les jeunes dans leur furie cassent des fenêtres vitrées des bureaux de la logistique, saccagent deux voitures avant de se diriger vers le logement du conseiller Militaire, Commandant Touré qu’ils prennent pour cible. L’intervention des forces de l’ordre les a dispersés. Des arrestations ont été faites pour ceux qui ont opposé une résistance aux forces de l’ordre. Ceux-ci ont été mis à la disposition du Procureur de la République, saisi d’une plainte de la CBG contre X. Aux fins d’enquêtes. Et la foule des curieux dispersée à coups de grenades lacrymogènes. Attention les risques demeurent.

Un mort et plusieurs arrestations
Le Commandant Souleymane Touré est le conseiller militaire de la Compagnie des Bauxites de Guinée. C’est lui qui a toujours calmé les femmes. Dal s’est mis à leur disposition, pour faciliter des rencontres avec le ministre des Mines et de la Géologie. Entre le Gouverneur, le Préfet et les manifestantes. Commandant Touré a tellement joué au sapeur pompier que les femmes finiront par l’accuser d’imposteur. « Non ! je ne le suis pas, tout simplement, je veux qu’il y ait compréhension et que chacun obéit à ses devoirs et jouisse de ses droits. C’est pourquoi je porte cette tenue ».
La seconde tactique de femmes consistera à l’accuser « d’avoir reçu de l’argent pour acheter la conscience de certaines manifestantes ». Peine perdue, car le Commandant ne se laissera distraire. En vertu de la mission sacrée « de défense des intérêts de la Nation ». Le commandant a rassuré, « je n’ai reçu aucun copeck de la part de qui que ce soit pour une sale besogne. Je suis un militaire assermenté et j’obéirai à ma mission sacrée. Celle de défendre même au prix de ma vie, les intérêts de la Nation. C’est cela ma raison d’être ».
Le Commandant a reçu l’ordre de « sécuriser les 5 cadres » à savoir Elhadj Amadou Oury Diallo, Tahirou Diallo, Mouctar Yoro Diarra, Malick Kane et la secrétaire Madame Joséphine Tounkara. « Si mon pêché est d’avoir assuré la sécurité des cadres dont le départ avait fini par violer les engagements de l’Etat, vis à vis d’une unité industrielle qui constitue les poumons de l’économie nationale, ces femmes sont libres de m’accuser de tous les maux, cela ne fera que me réconforter et renforcer ma foi ».
Suite aux menaces de casse, les autorités régionales et locales, ont sollicité les agents de la CMIS pour renforcer la brigade mobile de la Gendarmerie nationale. Les échauffourées ont abouti à la mort du jeune élève Facinet Sylla. « C’est un jeune qui a reçu le coup d’un objet métallique violemment sur la tête, le 28 décembre. La cervelle a été atteinte. Malheureusement, il a rendu l’âme à l’hôpital ANAIM de Kamsar où il recevait des soins intenses ».
Les parents de feu Sylla conditionnent alors l’enterrement par la libération « de tous ceux qui ont été arrêtés et déferrés devant le Procureur de la République. Il a fallu l’intervention de la Ligue Islamique Préfectorale et Sous/préfectorale pour que la dépouille regagne sa dernière demeure, le 31 décembre ».
Le rapport annuel d’activités du Secrétariat Général de la Commission Nationale de la Sécurité Minière note qu’ « il s’est avéré nécessaire de mettre à contribution le service chargé de la sécurité minière et le conseiller militaire de liaison de la CBG ».
Le travail a repris à Kamsar et les cadres sur lesquels pesaient des menaces ont repris, excepté M.Mamadi Oularé, leurs bureaux sous la protection d’agents de sécurité. Somme toute, la tension demeure !

Les circonstances...
Jeudi 28 décembre 2006, l’élèveFacinet Sylla reçoit une balle qui fait éclater sa cervelle, « dans le salon de la maison familiale, à Minel », témoigne sa grande soeur Nana Camara, couturière de son état. L’auteur de la fusillade serait un policier de la CMIS « celui qui a tiré sur lui portait une tenue noire. Il vient de Boké. Il fait partie du dernier renfort venu de la Préfecture », se rappelle Dame Nana.
Sur les circonstances du drame, Dame Nana Camara explique, « l’agent est venu se jeter sur notre Maman qui se trouvait devant la maison. Il lui demandait de quitter la devanture.Ce qu’elle a réfusé de faire sous aucun prétexte. Alors il commence à la battre. C’est ainsi que tous les enfants sortiront de la maison pour secourir la vieille. Pour disperser les gens, l’agent choisit l’option de tirer. C’est alors que Facinet sans doute pris de panique dans la maison a été atteint par cette balle dont nous gardons toujours la douille. Tout le monde a vu le sang et les traces des balles dans le salon. Mais aujourd’hui, 5 janvier 2007, nous avons décidé de nettoyer la maison ».
Agé de 14 ans, Facinet Sylla était en 5ème année à l’école primaire « Syndicat ». son père Salifou Sylla en service à la CBG, service « Incendie » n’arrive pas à se remettre de sa peine. Tout comme sa Mère Mariama Siré Soumah encore traumatisée par la violence et l’arrogance de cet agent.
Les autorités reconnaissent « il a été porté à notre connaissance qu’au cours des opérations, des échauffourées ont opposé dans le quartier Minel, les forces de l’ordre et un groupe de jeunes excités. L’un des jeunes a été blessé par balles et admis à l’hôpital ANAIM de Kamsar pour y recevoir des soins ».
Côté Public, la mort de Facinet n’arrête pas d’irriter et alimente encore la chronique des discussions à caractère vindicatif.
Auteur : L’Aurore (Conakry) - Saliou Dalein
Date : 2007-02-06 10:29:58
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Catégorie : ECONOMIQUE

La grève générale de 2007 en Guinée
Conakry le 10 janvier 2007-01-10
La troisième grève générale illimitée a démarré à l’appel de deux syndicats et de l’opposition au régime de Lansana Conté, pour une augmentation des salaires et contre la dictature de la présidence sur la justice.
Les deux principales centrales syndicales de Guinée, la Confédération nationale des travailleurs de Guinée (CNTG) et lUnion syndicale des travailleurs de Guinée (USTG) ont menacé, mercredi dernier, de déclencher une grève générale illimitée à partir du 10 janvier prochain, pour protester contre "limmixtion du président Lansana Conté dans les affaires judiciaires".
Le chef de lEtat guinéen sétait rendu personnellement, le 10 décembre dernier, à la Maison darrêt de Conakry pour libérer son ami Mamadou Sylla, PDG du Groupe Futurelec et lex-ministre de la Jeunesse et des Sports, Fodé Soumah, tous deux emprisonnés pour détournement et complicité de détournement présumés de deniers publics.
Les deux centrales syndicales protestent également contre "les décrets interminables" pris au cours des derniers jours de lannée pour remanier partiellement léquipe gouvernementale.
Un proche du président Conté avait ainsi perdu son portefeuille pour le retrouver quatre jours plus tard, lors de ces "réaménagements techniques".
On rappelle que les syndicats guinéens avaient observé, en juin dernier, une grève générale pour des revendications salariales.

Les syndicats guinéens prêts pour la grève générale illimitée
Ils critiquent la gestion de l’Etat
mardi 9 janvier 2007, par Panapress Les principales centrales syndicales de Guinée sont en réunion depuis les premières heures de la matinée. Ils peaufinent les stratégies devant conduire à la grève générale illimitée prévue, mercredi, dans tout le pays. Ils dénoncent "la gestion chaotique" de l’Etat et "le pillage systématique de l’économie nationale".
Le coordonnateur de programme de la Confédération nationale des travailleurs de Guinée (CNTG), Oumar Bah, a déclaré à la PANA que rien ne peut empêcher la grève générale, lancée à l’appel de sa centrale, en collaboration avec l’Union syndicale des travailleurs de Guinée (USTG) et de l’Organisaton nationale des travailleurs de Guinée (ONTG).
M. Bah s’est dit confiant pour la réussite du mouvement et fait observer que ni menace ni intimidation ne viendront à bout de la détermination de ses camarades : "Nous ne craignons ni intimidation, ni menaces à l’encontre de nos dirigeants que nous soutenons entièrement". La grève n’a aucun caractère politique, a-t-il tenu à ajouter.
La "gestion chaotique" de l’appareil gouvernemental fustigée
Cependant dans leur préavis de grève, remis au gouvernement le 2 janvier dernier, les centrales syndicales fustigent "la gestion chaotique de l’appareil gouvernemental (et) la valse des décrets présidentiels", tout en estimant que la Guinée est gérée par de simples humeurs de familles et de clans. La Loi fondamentale du pays, poursuivent les syndicalistes, est violée par le premier magistrat qui ne fait rien contre le pillage systématique de l’économie nationale.
Les deux centrales veulent, en particulier, manifester leur désaccord avec le président Lansana Conté qui est allé, le 10 décembre dernier, sortir de prison Mamadou Sylla, président du patronat et l’ex-ministre des Sports, Fodé Soumah, poursuivis pour "détournement et complicité de détournement de fonds publics".
Prenant au sérieux la menace des deux centrales, le général Conté a convoqué jeudi dernier au Camp Samory Touré, un de ses lieux de résidences, les principaux chefs des forces de l’ordre pour leur demander de se tenir prêts, mais pas dans la violence, a confié à la PANA une source militaire présente sur les lieux.
Les militaires promptes à tirer à balles réelles lors des manifestations
Le général Conté, selon la même source, a indiqué qu’il ne souhaitait pas voir les militaires dans les rues en cas de grève à cause de leur "promptitude" à tirer à balles réelles sur les populations comme ce fut le cas en juin dernier lors de la grève générale des deux centrales, ce qui avait fait une vingtaine de morts parmi les élèves et de simples passants.
Il a aussi demandé aux policiers et gendarmes, réputés "plus conciliants", d’encadrer les manifestants au cas où ceux-ci seraient dans les rues.
"Conté reconnaît que des officiers soutiennent de tels mouvements depuis sa récente décision de mettre fin, au sein de l’armée, à la dotation en carburant, coûtant plus de 2 millions de Francs guinéens par mois (1 dollar US = 6.000 FG) et pour chaque bénéficiaire (...)", a encore dit la même source.
La vie quotidienne est déjà affectée par la grève à venir
A noter que les efforts de la Ligue islamique ont été couronnés de succès auprès des syndicalistes, qui ont accepté les atterrissages des avions ramenant de La Mecque les quelque 6.000 pèlerins guinéens qui ont effectué cette année le hadj aux lieux saints de l’Islam.
Le transport interurbain devient de plus en difficile à Conakry où plusieurs taximen ont garé leurs véhicules. De gros regroupements sont perceptibles aux différents arrêts, tandis que plusieurs stations d’essence ne vendent plus de carburant depuis lundi de peur d’être victimes des vandales comme ce fut le cas lors des grèves de février et juin derniers. Les marchés sont pris d’assaut par les femmes qui s’approvisionnent en denrées de première nécessité, mais de nombreux commerçants ont baissé les rideaux.
Grève du 10 janvier : C’est le moment ou jamais
S’il y a un défi imminent que les Guinéens doivent relever cette année, c’est la grève prévue le 10 janvier. Longtemps trimballée dans la boue, coupée du reste du monde, la guinée travers actuellement l’un des moments décisifs de son histoire. Reste à savoir si ses enfants sauront prendre la bonne décision.
La Guinée depuis un certain nombre d’années, connaît une situation politique, économique et sociale difficile. Le pays souffre de la mauvaise gestion et de la mauvaise gouvernance. Des cadres malhonnêtes issus du clan conté gèrent impitoyablement depuis plus de deux décennies, l’économie nationale en particulier et tous les domaines de la vie du pays d’une manière générale.
Résultat, la monnaie nationale a fait une chute libre sans précédant. Sa valeur est réduite à néant. L’inflation a dépassé le seuil de tolérance. La lutte contre la corruption dont le président conté et son équipe ont tenté d’en faire une préoccupation n’a abouti à rien. Au contraire. Le mal n’a fait que se porter bien. L’économie est tombée dans les mains des voraces qui ne l’ont fait que piller et agenouiller. Pour tromper la vigilance des guinéens, ils ont crée un ministère chargé du contrôle économique et social. Un département fantôme dont les fruits de ses « efforts » échappent au peuple de Guinée affamé, sans eaux ni électricité.
Ironie de l’histoire, la jeunesse à laquelle le fameux septennat a été dédié croupit dans le chômage. Le laxisme qui caractérise ce régime oblige aujourd’hui certains diplômés des universités à attendre 1414 travailleurs de l’administration mais pourtant retraités.
La région forestière au sud-est du pays comme d’ailleurs la plus part une ville de la Moyenne et de la Haute Guinée du pays ne dispose pas d’infrastructures routières adéquates. L’on se souvient l’hivernage dernier, cette région est restée coupée du reste de la Guinée.
Une seule chose est sûre. Dans le gouffre depuis belle lurette les Guinéens ont devant eux une occasion en or de se « faire entendre » pour la troisième fois en moins d’un an. Arriveront-ils au bout du mot d’ordre de grève lancé par l’intersyndicale CNTG et USTG ?
Les heures qui viennent nous le diront avec précision.
Auteur : Ousmane Camara correspondant Kabanews Date:2007-01-09 17:21:04

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Grève générale : risques de paralysie en Guinée By APA
APA-Conakry, (Guinée) Les magistrats et les pharmaciens guinéens, réunis au sein d’associations distinctes, ont décidé de se joindre au mouvement de grève générale prévu mercredi dans tout le pays à l’appel de la Confédération Nationale des Travailleurs de Guinée (CNTG), a appris APA vendredi de sources concordantes à Conakry.
La décision a été prise au cours d’une assemblée générale extraordinaire de l’Inter centrale CNTG-USTG tenue vendredi à la Bourse du travail et la secrétaire générale de la CNTG, Mme Rabiatou Sera Diallo a annoncé l’adhésion de deux centrales syndicales ainsi que de l’association des Magistrats et celle des Pharmaciens de Guinée à leur mouvement de grève qui sera déclenché à compter du 10 Janvier 2007.
Les deux centrales syndicales dont il s’agit, à savoir l’Organisation Nationale des Syndicats Libres de Guinée (ONSLG) et l’Union des Travailleurs de Guinée (UDTG) étaient représentées à cette rencontre, qui a enregistré également la présence des élus syndicaux de Conakry et des préfectures environnantes.
Les syndicalistes ont mis à profit cette occasion pour rappeler les raisons qui ont motivé leur décision d’aller en grève, à savoir : « la gestion chaotique de l’appareil gouvernemental, la valse des décrets présidentiels indiquant que la Guinée est gérée par de simples humeurs de familles et de clans, la violation de la Loi Fondamentale du pays par le premier Magistrat, le pillage de l’économie nationale et surtout l’indifférence des institutions républicaines » face à ce sombre tableau.
« Nous ne faisons pas de politique, et nous ne soutenons aucun parti politique », a déclaré Mme Diallo qui a réfuté les allégations selon lesquelles l’avis de grève lancé par les centrales syndicales aurait une coloration politique.
L’Inter centrale et ses alliés ont fait état de manipulation de certains jeunes gens et de certains groupes sociaux par des partis politiques afin de casser le mouvement de grève. A cet effet, ils appellent à un devoir de vigilance à l’endroit de leurs adhérents.
Du côté du gouvernement, aucune réaction n’a encore été enregistrée, alors que l’échéance approche. L’année 2006 a été marquée par deux mouvements de grève, aux mois de février et de juin, qui ont failli ébranler le régime, le second mouvement s’étant même soldé par la mort d’une vingtaine de jeunes lycéens à Conakry et dans certaines préfectures de l’intérieur.

Source : APA
Les grévistes projettent de manifester lundi à Conakry
GUINÉE - 13 janvier 2007 - PANAPRESS
En dépit d’une mesure d’interdiction de manifestation prises mardi dernier par les pouvoirs publics peu avant le déclenchement d’une grève générale en Guinée, les centrales syndicales manifesteront lundi prochain dans les rues de Conakry, a confié, samedi à la PANA, un syndicaliste membre de l’Inter Centrale.
"La détermination de manifester dans les rangs des grévistes est très forte", a déclaré, sous couvert de l’anonymat, le responsable syndical, qui a précisé que la manifestation prévue n’a pas pour but de commettre des actes de vandalisme.
Lors d’un récent entretien avec la presse, le leader de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG-opposition), Mamadou Bhoye Bah, a indiqué que les militants de 14 partis politiques manifesteront lundi sur l’esplanade du Palais du peuple (Assemblée nationale).
Le gouvernement n’a pas encore réagi à ce mot d’ordre de manifestation des syndicats et des partis d’opposition, mais des patrouilles constantes des forces de l’ordre retiennent l’attention dans les rues de Conakry depuis le début de la grève.
Les premiers incidents ont eu lieu, vendredi, dans les quartiers de Bambéto et Hamdallaye, en haute banlieue, surnommés "Le Golfe Persique" en raison de la promptitude des habitants, en majorité des peuls, à utiliser la manière forte en toutes occasions.
La Confédération nationale des travailleurs de Guinée (CNTG) et l’Union des syndicats des travailleurs de Guinée (USTG) ont appelé à la grève générale en vue de dénoncer "l’ingérence" du président Lansana Conté dans les affaires judiciaires.
Le général Conté s’était rendu personnellement le 16 décembre dernier à la Maison d’arrêt de Conakry pour faire libérer ses amis, Mamadou Sylla, PDG du Groupe Futurelec, et Fodé Soumah, ex- ministre des Sports, poursuivis pour "complicité de détournement" et "détournement de deniers publics".
"C’est moi la justice", avait-il déclaré à plusieurs de ses proches après la libération de ses amis. Il a, en outre, réintégré son beau-frère, Alpha Ibrahima Kéira, dans l’équipe gouvernementale quelques jours après son limogeage. Ce revirement est condamné par les syndicats.

GREVE JOUR 7 : Le pouvoir est coincé 16.01.2007 11:58:32 | Un article de Momo Soumah A Conakry, le pouvoir joue vraiment serré. En effet, depuis le déclenchement de la grève illimitée par l’interentrale CNTG-USTG, le pays qui était déjà bloqué, asphyxié par une crise économique sans précédent, est désormais ’’cadavérique’’. On le sait, le président Lansana Conté a reçu hier la lettre officielle des syndicats, celle dans laquelle, ils détaillent les motifs, largement connus,... de leurs légitimes revendications et les conditions objectives de la fin de la reprise.
Cette lettre dont notre rédaction a reçu une copie exige grosso modo les éléments suivants : la nomination d’un premier ministre, le respect du principe constitutionnel de la séparation des pouvoirs (avec la poursuite régulière des dossiers de Mamadou Sylla et Fodé Soumah), le sou du pouvoir d’achat des populations en général, la réduction du prix du carburant à la pompe à 3500 francs guinéens, l’arrêt immédiat des exportations des denrées alimentaires, le relèvement de la pension de retraite sur la base de 80 pour cent, la réduction du prix du riz à 70 000 francs le sac de 50 kg, etc.
Comme on le voit, ces choses-là, sont bien connues de tous les Guinéens, et de Lansana Conté lui-même au premier chef. Le pouvoir est coincé et veut gagner manifestement du temps. Mais, le subterfuge est connu.
Cependant, il est admirable de constater que les syndicats guinéens en bons légalistes, ont bien voulu respecter la volonté du président qui a avait souhaité recevoir de leur part des propositions écrites. Désormais, Conté ne pourra plus jouer ’’à celui qui ne sait rien ou qui dort du sommeil du vieux crocodile.’’
Désormais, mieux que par le passé, la balle est dans le camp présidentiel. Et personne ne devrait reprocher les syndicats de se meler de politique, quand leurs droits sont bafoués et les travailleurs ’’chosifiés’’.
On a vite oublié que la Guinée est un pays, où le phénomène de grève est ancré dans le subconscient socio-politicohistorique de la nation. Sékou Touré en son temps, en fit une arme efficace pour abattre le système colonial français, avec la fameuse grève des 72 jours.
Aujourd’hui, plus que jamais, les forces de l’ordre et le gouvernement devraient conseiller au président Conté d’entendre les clameurs du peuple, au lieu de se livrer aux arrestations qui reprennent et à la répression qui continue...

Momo Soumah pour GuineeConakry.info
samedi, 13. janvier 2007 19:30 (CET)
Violente intervention de la police dans les locaux de la Société civile, à Conakry
APA -Conakry (Guinée) Des éléments de la police guinéenne ont saccagé samedi, le siège du Conseil national de la société civile de Guinée (CNOSG) et arrêté douze de ses membres, a appris APA de source bien informée, à Conakry.
Selon des témoins, des agents des forces de l’ordre (police anti - gang) sont entrés en grand nombre dans le bâtiment abritant les bureaux du CNOSG qu’ils ont saccagés, emportant tous les documents trouvés sur place, a rapporté la même source.
"Au nombre des personnes arrêtés, figurent des médecins, des cadres de banque et des avocats, selon la source.
Ces personnes travaillaient sur le mouvement "bakha" que nous comptons entamer lundi 15 janvier 2007 avec les communautés religieuses du pays" a expliqué de son côté Ben Sékou Sylla, Président du CNOSG, joint au téléphone.
La société civile guinéenne, accompagnée des confessions religieuses, projetaient d’organiser lundi prochain, une cérémonie de prière sur l’esplanade du palais du peuple pour "une transition apaisée en Guinée".
M. Ben Sékou Touré Sylla qui accuse les pouvoirs publics, a déclaré que lui-même et les autres membres de la société civile étaient "en route vers la Sûreté urbaine de Conakry, lieu de détentions des interpellés, pour y tenir un sit-in".
Informés des arrestations opérées à la CNOSG et de la mise à sac du siège du Conseil des organisations de la Société civile guinéenne, des syndicalistes en grève depuis quatre jours pour exiger du président Lansana Conté "le rétablissement de l’ordre républicain", ont eux-aussi décidé de se joindre au sit-in devant la prison civile de Conakry.

APA
Les syndicats décident de durcir leur grève
GUINÉE - 15 janvier 2007 - PANAPRESS Les centrales syndicales guinéennes ont décidé lundi, au sixième jour de leur grève générale, de durcir le ton après un bref entretien entre leurs responsables avec le président Lansana Conté auquel ils ont présenté leurs doléances.
"Nous sommes sur le pied de guerre contre le pouvoir parce que nous estimons que Conté nous donnera difficilement satisfaction", a déclaré l’un des responsables syndicaux, Ibrahima Fofana.
Lors d’une assemblée générale d’information organisée à la Bourse du travail de Conakry, les syndicalistes estiment que le président Conté les a "nargués" en les recevant devant son ministre des Transports, par ailleurs son beau-frère, dont il réclament le limogeage.
Le président Conté avait reçu vendredi dernier les responsables syndicaux, leur demandant de lui faire des propositions écrites.
La grève a été lancée mercredi dernier par une intersyndicale regroupant la Confédération nationale des travailleurs de Guinée (CNTG) et l’Union syndicale des travailleurs de Guinée (USTG) pour une durée illimitée.
Dans leurs doléances remises à Conté, les syndicalistes demandent entre autres, la mise en place d’un gouvernement de large consensus dirigé par un Premier ministre qui devra relancer l’économie, restructurer l’administration et améliorer l’image du pays.
L’intersyndicale exige également le respect du principe constitutionnel de la séparation des pouvoirs et demandent la poursuite de la procédure judiciaire contre l’homme d’affaires Mamadou Sylla et l’ancien ministre des Sports, Fodé Soumah, accusé de détournement de deniers publics.
Les deux accusés ont été récemment remis en liberté par le président Conté qui s’était personnellement rendu à la prison centrale de Conakry.
Par ailleurs, plusieurs incidents ont éclaté lundi dans plusieurs quartiers de la banlieue de Conakry entre les forces de l’ordre et de jeunes manifestants.
Selon des témoins, la police a procédé à plusieurs interpellations musclées parmi les manifestants qui voulaient se rendre au siège de l’Assemblée nationale où le Conseil national des organisations de la société civile (CNOSC) avait prévu "une prière collective pour la paix, le développement de la Guinée".

Les grévistes projettent de manifester lundi à Conakry
GUINÉE - 13 janvier 2007 - PANAPRESS
En dépit d’une mesure d’interdiction de manifestation prises mardi dernier par les pouvoirs publics peu avant le déclenchement d’une grève générale en Guinée, les centrales syndicales manifesteront lundi prochain dans les rues de Conakry, a confié, samedi à la PANA, un syndicaliste membre de l’Inter Centrale.
"La détermination de manifester dans les rangs des grévistes est très forte", a déclaré, sous couvert de l’anonymat, le responsable syndical, qui a précisé que la manifestation prévue n’a pas pour but de commettre des actes de vandalisme.
Lors d’un récent entretien avec la presse, le leader de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG-opposition), Mamadou Bhoye Bah, a indiqué que les militants de 14 partis politiques manifesteront lundi sur l’esplanade du Palais du peuple (Assemblée nationale).
Le gouvernement n’a pas encore réagi à ce mot d’ordre de manifestation des syndicats et des partis d’opposition, mais des patrouilles constantes des forces de l’ordre retiennent l’attention dans les rues de Conakry depuis le début de la grève.
Les premiers incidents ont eu lieu, vendredi, dans les quartiers de Bambéto et Hamdallaye, en haute banlieue, surnommés "Le Golfe Persique" en raison de la promptitude des habitants, en majorité des peuls, à utiliser la manière forte en toutes occasions.
La Confédération nationale des travailleurs de Guinée (CNTG) et l’Union des syndicats des travailleurs de Guinée (USTG) ont appelé à la grève générale en vue de dénoncer "l’ingérence" du président Lansana Conté dans les affaires judiciaires.
Le général Conté s’était rendu personnellement le 16 décembre dernier à la Maison d’arrêt de Conakry pour faire libérer ses amis, Mamadou Sylla, PDG du Groupe Futurelec, et Fodé Soumah, ex- ministre des Sports, poursuivis pour "complicité de détournement" et "détournement de deniers publics".
"C’est moi la justice", avait-il déclaré à plusieurs de ses proches après la libération de ses amis. Il a, en outre, réintégré son beau-frère, Alpha Ibrahima Kéira, dans l’équipe gouvernementale quelques jours après son limogeage. Ce revirement est condamné par les syndicats.

Arrestation d’éléments de la Société civile
GUINÉE - 14 janvier 2007 - PANAPRESS Des éléments de la brigade antigang ont arrêté ce week-end une dizaine de jeunes sympathisants de la Société civile guinéenne, au siège du Conseil national des organisations de la Société civile (CNOSC), dans le quartier populaire de Dixinn, a appris la PANA de source autorisée.
Les sympathisants arrêtés, qui étaient sur les lieux en vue de prendre part à une réunion d’information sur les stratégies de la marche du CNOSC, lundi prochain, ont été emmenés de force dans un endroit inconnu.
Le CNOSC avait indiqué bien avant le déclenchement de la grève générale illimitée, mercredi dernier, son intention de faire sortir les populations dans les rues de Conakry, le 15 janvier, en vue de manifester leur ras-le-bol face à "la situation économique préoccupante" que traverse le pays.
La Confédération nationale des travailleurs de Guinée (CNTG) et l’Union syndicale des travailleurs de Guinée (USTG), qui ont appelé à la grève générale pour dénoncer "l’ingérence" du président Lansana Conté dans les affaires judiciaires, maintiennent, "en dépit des menaces", la participation de ses militants aux manifestations de lundi.
Plusieurs partis politiques d’opposition ont également appelé leurs militants à se joindre au sit-in, prévu le même jour à l’esplanade du Palais du peuple (Assemblée nationale), jusqu’à rétablissement de l’ordre républicain.
En revanche, le leader du Rassemblement du peuple de Guinée (RPG- principal parti d’opposition), le Pr Alpha Condé, a indiqué à la PANA que ses militants ne participeront pas à une telle manifestation "parce que la Société civile roule pour Conté depuis belle lurette".
Le leader du RPG estime que la Société civile n’a jamais accepté de se joindre aux initiatives de l’opposition, notamment à ses journées de réflexion de 2006, qui ont abouti à la mise en place d’un Gouvernement d’union nationale de transition.
Le président Conté, qui a reçu, vendredi, les centrales syndicales, a demandé à ces dernières de lui faire des propositions concrètes dans les 24 heures, en vue de trouver des solutions à la crise.
Les grévistes, qui ont une dizaine de points de revendications, exigent avant toute négociation, le retour en prison du richissime homme d’affaires Mamadou Sylla, PDG du Groupe Futurelec, ainsi que de l’ex-ministre des Sports, Fodé Soumah, tous deux libérés le 16 décembre dernier par Conté qui s’est rendu personnellemment à la Maison d’arrêt de Conakry pour les ramener avec lui dans ses bureaux du petit Palais.
Outre le retour en prison des amis de Conté, poursuivis pour "complicité de détournement et détournement de deniers publics", les grévistes exigent également le retrait du gouvernement, de Alpha Ibrahima Kéira, beau-frère du président et ministre des Transports, limogé lors du dernier remaniement partiel du gouvernement avant de retrouver son fauteuil.

mardi, 16. janvier 2007 01:11 (CET)
Grève et crise - Des coups de feu entendus lundi après-midi à Conakry.
By APA
APA Conakry (Guinée) Des militaires guinéens ont tiré lundi des coups de feu entendus dans plusieurs quartiers de Conakry, au sixième jour de la grève ’’illimitée’’ déclenchée par l’intersyndicale constituée par la Confédération nationale des travailleurs de Guinée (CNTG) et l’Union syndicale des travailleurs de Guinée (USTG), a constaté APA. (Cliquer sur la photo pour l’agrandir)
Dans les quartiers de Cosa, Minière, Kenien, Sangoyah, Enta, Bambéto, Matoto, Enco5, Koloma, Hamdallaye et Concasseur, des tirs soutenus ont été entendus, suivis de jets de gaz lacrymogènes, ont rapporté des témoins joints au téléphone par APA.
Selon les mêmes sources, ces tirs sont une riposte aux attaques de jeunes manifestants contre des militaires en patrouille.
Des jeunes gens sont sortis tôt le matin pour empêchant la circulation, même des personnes. Ils ont brûlé des pneus et s’en sont pris à des automobilistes. Tous les agents en uniforme ont été pris pour cible », a rapporté Aliou Sow, un habitant de Bambéto.
De source policière, une dizaine de personnes ont été interpellées.
Conakry a vécu la journée la plus agitée depuis le déclenchement de la grève. La circulation routière qui avait repris peu à peu a considérablement baissé d’intensité dans l’après-midi, lundi.
Depuis les premières heures de la matinée, le stade du "28 septembre" (le plus grand de la capitale guinéenne) a été encerclé par des forces de l’ordre, alors que les organisations de la Société civile avaient prévu de s’y retrouver pour une cérémonie de prières, « en vue d’une transition apaisée »,
Différents points et carrefours de Conakry étaient occupés, lundi, par les militaires, a-t-on constaté.
Il s’agit pont du "Cinéma 8 novembre", le Carrefour de la statue de Samory et les carrefours de Bambéto, Gbessia rond-point, menant à l’aéroport.

APA
NFO GCI :
Lansana Conté et les syndicalistes, la version des Syndicats
13.01.2007 11:52:16 | Un article de Maïmouna Fofana C’est aux environs de 16 heures vendredi 12 janvier 2007, au 3ème jour de la grève générale déclenchée par l’inter centrale CNTG-USTG que le Chef de l’Etat a accordé aux leaders syndicalistes une audience sous le fromager du Palais des Nations. Une rencontre qui a permis à ceux-ci de "vider leur sac" devant le Président de la République. Un Lansana Conté, aux dires des témoins, qui aurait écouté très attentivement ses vis-à-vis...
Ceux-ci ont exposé aux Chef de l’Etat leurs exigences.
Voici un extrait de ce que les syndicalistes ont dit au « vieux » général : « Monsieur le Président, vous avez beaucoup fait pour le pays. Mais, il faut avoir le courage de vous le dire, vous êtes maintenant fatigué. Rien ne va plus dans le pays. Acceptez de passer la main à un homme de confiance qui puisse parachever vos actions. Rien n’est pas encore tard... »
Après les avoir remercié pour la franchise de leurs propos, le Général leur a surtout reproché d’être, eux-aussi, « à la base du pourrissement de la situation » parce que lui n’ayant pas remonté l’information à temps. Il estime « que depuis la dernière grève le gouvernement a fait beaucoup de choses » du moins, ce qui était en son pouvoir. Il a reconnu cependant que « la situation est loin d’être satisfaisante, vu que l’Etat n’a pas assez de moyens ». Invite a été faite aux syndicalistes de se retrouver et de « coucher sur papier vos revendications en tenant compte des maigres ressources de l’Etat. Montrez-vous patriotes, même s’il est de votre droit de revendiquer l’amélioration des conditions de vie des travailleurs. Ne vous laissez surtout pas manipuler ! »
Au même moment le Ministre d’Etat aux affaires présidentielles Fodé Bangoura était en conclave avec certains Ministres au 4ème étage de l’immeuble abritant ses bureaux.
Une déclaration du gouvernement serait attendue les tout prochains jours.
Et de source proche de la Présidence, un vaste remaniement (façon coup de balai) n’est pas exclu. Et même des arrestations à des niveaux "insoupçonnables" pourraient avoir lieu.
Au terme de la rencontre du Chef de l’Etat avec les syndicalistes, GuineeConakry.Info a rencontré certains parmi eux. L’un d’eux dira ceci : « Vous savez, tout est clair chez nous. On lui a exposé nos principales revendications qu’il connaît déjà. Même s’il nous écouté religieusement. Il veut peut-être jouer à la prolongation... Mais nous on est loin de désarmer ou de nous laisser distraire. Par respect, on va lui remettre demain ledit document. En attendant, la grève se poursuit et de fort belle manière... »

Maïmouna Fofana pour Guineeconakry.Info
Guinée : La paralysie totale
Le 12/01/2007 à 0 h 00 - par Alexis Meyran
Une grève générale illimitée, une situation économique délabrée, un président moribond qui assiste impuissant à la course à sa succession… La situation en Guinée se dégrade de jour en jour.
Le « vieux gâteux » n’hésitait pas à titrer Le Messager de Douala (Cameroun) dans son édition du 9 janvier en évoquant le président guinéen Lansana Conté. Au pouvoir depuis 22 ans, atteint de diabète et d’une leucémie, la santé du président vacille à l’image de la situation économique et sociale désastreuse du pays.
La moitié de la population vit sous le seuil de pauvreté, alors que le sous-sol guinéen est très riche. Dans la capitale Conakry, l’eau et l’électricité sont rationnées. Les épidémies de choléra ou de méningite perdurent et le pays encaisse les répercussions des crises qui ont secoué ses voisins (Sierra-Léone, Libéria) et qui touchent aujourd’hui la Côte d’Ivoire, avec leur lot de réfugiés, de trafics en tout genre et de tensions communautaires. L’inflation galopante, la corruption et l’évasion fiscale qui minent le pays ont fini par convaincre le FMI de ne pas lui accorder de réduction de la dette au titre de l’initiative PPTE (pays pauvres très endettés).
Un constat qui, au printemps dernier, avait amené les principales organisations syndicales et lycéennes à lancer un mot d’ordre de grève ; des manifestations durement réprimées qui s’étaient soldées par une vingtaine de morts. Comme si la situation n’était pas assez délétère, une récente initiative du président a provoqué un tollé et conduit des partis d’opposition et des syndicats à déclarer une grève générale illimitée qui paralyse totalement le pays. Irrité que deux de ses proches, accusés de détournements de fonds publics, aient été incarcérés, Lansana Conté s’est lui-même rendu à la prison de Conakry pour les faire libérer. Une intervention qui « porte dangereusement atteinte au principe constitutionnel de la séparation des pouvoirs », selon une déclaration de l’Association des magistrats de Guinée reprise par le journal sénégalais Le Quotidien. L’un des deux inculpés El Hadj Mamadou Sylla, première fortune du pays et ancien patron des patrons guinéens, est un des prétendants à la succession de Lansana Conté. Certains voient dans son arrestation la patte de Fodé Bangoura, le ministre d’Etat aux Affaires présidentielles et coordonnateur des activités gouvernementales, Premier ministre de fait ; un épisode de plus dans la guerre de succession que se livrent les deux hommes.

Arrestation de travailleurs : L’inter-centrale monte au créneau !
Dans sa 26ème déclaration intitulée ‘’le ridicule ne tue pas !’’, en date du 13 janvier, l’inter-centrale CNTG-USTG élargie à l’ONSLG et à l’UDTG ne caresse pas le pouvoir dans le sens du poil. L’inter-centrale est longuement revenue sur la qu’elle a eue avec le chef de l’Etat dans la soirée du vendredi 12 janvier. Avant de protester contre les arrestations des travailleurs et citoyens guinéens à Conakry et l’intérieur du pays.
« Au cours de cette rencontre, les leaders des différentes centrales syndicales ont développé les raisons qui ont conduit au déclenchement du mouvement de grève le 10 janvier 2007 en insistant sur la gestion catastrophique de notre pays dans tous les domaines », lit-on dans ladite déclaration. Et d’ajouter : « Il ont, en outre, mis en évidence que la dégradation de son état de santé et le poids de l’âge ne lui permettent plus d’assumer pleinement et efficacement les importantes charges liées à sa fonction. Ils lui ont alors suggéré de bien vouloir se retirer pour ménager sa santé et aller se reposer. »

La réponse du chef de l’Etat conforte les leaders dans leur position. « Alors que le mouvement de grève en était à son troisième jour et est largement suivi, le président de la République a curieusement manifesté à ses interlocuteurs son ignorance totale par rapport à l’existence d’une grève dans son pays. Ce qui démontre on peut plus clairement que le chef de l’Etat est soit totalement déconnecté des réalités de son pays, soit devenu amnésique. »

A la recherche de meilleures solutions de sortie de crise, les leaders syndicaux ont été reçus par les chefs religieux musulmans. Contre toute entente, « la police harcèle et procède à des arrestations de leaders d’association de jeunesse et de citoyens dans les localités de Bambéto, Koloma et Wanindara dans la commune de Ratoma. » Les leaders syndicaux rapportent également que dans les préfectures de Kankan et de Mandiana, gouverneurs et préfets se livrent à d’autres exactions.

« L’inter-centrale CNTG-USTG élargie à l’ONSLG et à l’UDTG, condamne fermement ces pratiques anti-démocratiques et se tient prête à réagir avec la plus grande énergie si dans les heures qui suivent ces travailleurs et citoyens ne recouvrent pas leur liberté. Pour terminer, elle invite l’ensemble des travailleurs et retraités de tous les secteurs à resserrer les rangs jusqu’à l’aboutissement de leurs revendications, toutes leurs revendication. Sans commentaire !
Auteur : Marie Touré correspondante Kabanews Conakry Date:2007-01-15 09:32:17 prison.jpg

Grève et crise - Des coups de feu entendus lundi après-midi à Conakry.
By APA
APA Conakry (Guinée) Des militaires guinéens ont tiré lundi des coups de feu entendus dans plusieurs quartiers de Conakry, au sixième jour de la grève ’’illimitée’’ déclenchée par l’intersyndicale constituée par la Confédération nationale des travailleurs de Guinée (CNTG) et l’Union syndicale des travailleurs de Guinée (USTG), a constaté APA. (Cliquer sur la photo pour l’agrandir)
Dans les quartiers de Cosa, Minière, Kenien, Sangoyah, Enta, Bambéto, Matoto, Enco5, Koloma, Hamdallaye et Concasseur, des tirs soutenus ont été entendus, suivis de jets de gaz lacrymogènes, ont rapporté des témoins joints au téléphone par APA.
Selon les mêmes sources, ces tirs sont une riposte aux attaques de jeunes manifestants contre des militaires en patrouille.
« Des jeunes gens sont sortis tôt le matin pour empêchant la circulation, même des personnes. Ils ont brûlé des pneus et s’en sont pris à des automobilistes. Tous les agents en uniforme ont été pris pour cible », a rapporté Aliou Sow, un habitant de Bambéto.
De source policière, une dizaine de personnes ont été interpellées.
Conakry a vécu la journée la plus agitée depuis le déclenchement de la grève. La circulation routière qui avait repris peu à peu a considérablement baissé d’intensité dans l’après-midi, lundi.
Depuis les premières heures de la matinée, le stade du "28 septembre" (le plus grand de la capitale guinéenne) a été encerclé par des forces de l’ordre, alors que les organisations de la Société civile avaient prévu de s’y retrouver pour une cérémonie de prières, « en vue d’une transition apaisée »,
Différents points et carrefours de Conakry étaient occupés, lundi, par les militaires, a-t-on constaté.
Il s’agit pont du "Cinéma 8 novembre", le Carrefour de la statue de Samory et les carrefours de Bambéto, Gbessia rond-point, menant à l’aéroport.

APA
Grève en Guinée : Même acculé, Conté refuse de cracher au bassinet
jeudi 18 janvier 2007.
Lansana Conté est un chef d’Etat africain qui démarre l’année 2007 sur de très mauvais auspices. Il ne peut en être autrement avec cet embêtant cadeau de nouvel an, une grève générale illimitée, que les syndicats guinéens lui ont refourgué, en déposant un préavis de grève dès le 2 janvier.
Ainsi, depuis le 10 janvier, la Guinée-Conakry vit au ralenti, et nul ne saurait dire jusqu’à quand ni quelle sera l’issue de ce nouveau débrayage.
En entamant cette fronde, la société civile entend aller en guerre contre « le vol des deniers publics, la corruption, la violence politique, la délinquance économique et l’arrogance d’un pouvoir usurpé et usé par les outrages du temps », mais également contre la vie chère.
Et c’est le chef de l’Etat qui a lui-même mis le feu aux poudres en allant libérer le 16 décembre dernier de la prison son ami d’homme d’affaires El Hadj Mamadou Sylla, PDG de Futurelec, et Fodé Soumah, ancien ministre et ancien gouverneur de la Banque centrale de Guinée. Les deux croupissaient dans les geôles pour une affaire de détournement de deniers publics.
Si on en vient à condamner un ami du président de la République et un ancien ministre en Guinée actuelle, où la bonne gouvernance n’est pas la chose la mieux partagée, c’est que ces deux lascars se sont remplis les poches plus que de besoin au vu et au su de tout le monde, ce qui signifie que ne pas tenter de les raisonner en les jetant pour quelque temps en prison serait synonyme de négation de la notion d’Etat dans ce pays.
Depuis, les différentes couches socioprofessionnelles s’insurgent contre cette immixtion du politique dans la sphère judiciaire. C’est donc en voulant sauver un ami que Conté s’est mis à dos tout le pays.
Et à dire vrai, cette grève n’est pas près de s’estomper malgré les tracasseries, les intimidations, les achats de conscience et les autres violences policières sur les manifestants.
Quant aux tractations entre syndicats et gouvernement, il n’est pas évident que pour l’heure, elles aboutissent à une résolution de la crise. Surtout que d’autres revendications d’ordre politique sont venues se greffer à la plate-forme des syndicats.
Face à l’ampleur du mouvement, le grabataire homme d’Etat guinéen a fini par céder et ce, de manière on ne plus folklorique, sur certains points à ses vis-à-vis.
Ainsi, dans le message présidentiel, mardi dernier, lu par Aboubacar Somparé, le président de l’Assemblée nationale, Lansana Conté cède sur sept points de revendications dont la réduction du prix des produits pétroliers ; l’arrêt immédiat des exportations des denrées alimentaires, les produits halieutiques et forestiers ; la domiciliation en Guinée des avoirs en devises des sociétés minières et des promoteurs économiques ; la signature des textes d’application du statut particulier de l’éducation ; l’accélération de la migration des contractuels enseignants au fichier général de l’administration ; l’arrêt des tracasseries policières à l’endroit des transporteurs ; la promotion et l’emploi des jeunes diplômés.
Seulement, nulle part, il n’est question de sujets majeurs objet du ras-le-bol des syndicats comme le renvoi de Sylla et de Fodé en prison, la formation d’un gouvernement de large ouverture, le relèvement des salaires, la lutte contre la corruption et l’avènement d’une démocratie véritable en Guinée, etc.
Pour une fois, les syndicats et la société civile de ce pays tiennent le bon bout au point d’acculer Conté dans ses derniers retranchements afin qu’il cesse de s’amuser avec l’avenir du pays. C’est pour cela que leurs responsables doivent savoir bien négocier et capitaliser cette lutte de sorte à arracher des acquis déterminants pour le peuple.
S’ils baissent tout de suite la garde, il leur sera très difficile de réussir prochainement un tel coup, une telle mobilisation. Les syndicats vont-ils rester intraitables jusqu’au bout ou plieront-ils l’échine de si tôt ? Difficile de le prédire pour l’heure.
Mais une chose est sûre, ce malheureux feuilleton, cette funeste télé réalité qui se joue à Conakry illustre parfaitement comment certains dirigeants africains sont accrochés au pouvoir et tiennent à l’exercer vaille que vaille. Ailleurs, le président Conté aurait rendu sa démission depuis longtemps et cela, au nom des intérêts supérieurs de la Guinée.
Mais, a-t-il seulement un brin de cette vertu qu’est l’humilité et le sens de l’intérêt supérieur de la nation, pour accepter de se remettre en cause, de faire le bilan de ses 22 ans de gestion chaotique du pouvoir et accepter de se mettre de côté pour que d’autres compatriotes continuent le combat ? Conté a suffisamment démontré qu’on ne peut pas attendre de lui un tel sursaut.
On a souvent tourné le regard vers la grande muette en espérant que le salut viendrait de là. Mais rien ne peut venir de ce côté, car, malgré sa maladie, le général maîtrise encore son armée.
En attendant donc, c’est la Guinée qui trinque et la grève va se poursuivre de plus belle puisque les syndicats persistent et signent : « Tant que le Président de la République n’aura pas répondu favorablement à nos propositions, le mot d’ordre de grève ne sera pas levé ».
En disant qu’il est lui aussi en grève parce qu’en tant que président il est un fonctionnaire de l’Etat, Lansana Conté apporte de l’eau au moulin des frondeurs pour qui, il importe que suite à son exemple, tout le pays suive le mot d’ordre de grève. Ce bras de fer entre syndicats et autorités apportera-t-il quelque chose de positif à ce grand pays ? Rien n’est sûr.
Mais ce qui ne souffre pas l’ombre d’un doute, c’est qu’avec l’endémique maladie de Conté, la Guinée aussi est malade, même très malade. Et peut-être que l’éclaircie viendra d’où on l’attend le moins et l’intérêt supérieur de la nation serait sauf.
San Evariste Barro
Observateur Paalga

Grève générale en Guinée : Lansana Conté a répondu aux syndicalistes,
By APA
APA - Le Général Lansana Conté de Guinée a répondu mardi au mémorandum des syndicats portant « propositions de sortie de crise », pour faire remarquer que le principal point relatif à la nomination d’un « premier ministre de large consensus » nécessite une période de réflexion, dans le cadre de la concertation et le dialogue.
Dans un message lu à la radio, le Chef de l’Etat guinéen promet que « toutes les revendications » des syndicalistes trouveront leur solution dans une action à laquelle seront associés les institutions républicaines, le gouvernement, le secteur privé, les partis politiques, la société civile « y compris les syndicats », en vue de ’’trouver des solutions adéquates aux attentes exprimées’’.
Pour certains points, le président Conté a indiqué que la solution sera fonction de « l’applicabilité par le gouvernement et par le patronat », de la solution préconisée ; cette solution fera l’objet d’études », ajouté Conté.
Ces points portent, entre autres, sur l’arrêt des exportations des denrées alimentaires, des produits halieutiques et forestiers ; la réduction des prix des produits pétroliers ; la domiciliation en Guinée, des devises des sociétés minières et des promoteurs économiques.
L’institution d’un « statut particulier des enseignants » et l’arrêt des « tracasseries policières » à l’encontre des transporteurs sont au nombre des points à faire l’objet d’études, de même que « la promotion de l’emploi des jeunes ».
Le Chef de l’Etat a saisi l’occasion pour inviter les syndicats à reprendre le travail, après une semaine d’une grève qui a paralysé le pays et occasionné des manifestations violelntes, dans la capitale Conakry notamment.
’’Le temps est à la mobilisation générale et non aux mises en garde qui sèment le doute dans les esprits et divisent les rangs’’, souligne Lansana Conté, estimant que ’’l’heure n’est pas à la confrontation’’.
Conté a enfin lancé aux syndicalistes : ’’l’amour de la nation que nous avons en commun nous commande à l’unité de réflexions et d’actions’’ ; Il a toutefois affirmé fermement que en affirmant toutefois que ses résolutions étaient « immuables’’.
Les syndicalistes, regroupés à leur QG de la Bourse du travail mardi soir, après la réponse du chef de l’Etat, se sont dits ’’outragés’’ par les propositions de Lansana Conté qui seraient loin de les convaincre de suspendre la grève.
En assemblée générale mardi, se disant ’’déçus’’ par la réponse du chef de l’Etat, ils ont promis de radicaliser leur mouvement de grève, et de réfléchir à la nouvelle stratégie qui consistera à demander aux populations guinéennes de se joindre à eux en occupant les rues.

APA
La grogne prend d’autres proportions
mercredi 17 janvier 2007.
Des Guinéens n’acceptent pas que le président Lansana Conté libère l’ancien président du patronat Mamadou Sylla et un ex-ministre, Fodé Soumah, tous emprisonnés pour détournement de deniers publics. Les syndicats ont lancé une grève illimitée pour contester la mesure.
Quatorze partis politiques soutiennent l’action et revendiquent un gouvernement de large ouverture. A Paris, les Guinéens de France préparent une manifestation devant leur ambassade.
Lundi dernier, la police guinéenne a procédé à l’arrestation d’une soixantaine de personnes suite à une manifestation liée à la grève générale. Cette grève a été lancée par la Confédération nationale des travailleurs de Guinée (CNTG) et l’Union syndicale des travailleurs de Guinée (USTG). Pour cause, l’ancien président du patronat guinéen, Mamadou Sylla et un ex-ministre, Fodé Soumah, inculpés de « détournement de deniers publics » et incarcérés en décembre à Conakry, ont été libérés, le 16 décembre, sur ordre du président Lansana Conté.
Cette grève des syndicats, la troisième depuis le début de l’année 2006, vise à dénoncer « l’ingérence » du chef de l’Etat dans les affaires judiciaires. Pour les syndicats, les deux hommes poursuivis doivent être condamnés ou libérés par la loi et non par le président. Le général Lansana Conté a demandé aux responsables syndicaux qu’il a rencontrés la semaine dernière, de lui faire une proposition écrite en vue de trouver des solutions durables à la grève générale.
L’entretien entre les responsables syndicaux et le chef d’Etat-major général des armées, ainsi que le président de l’Assemblée nationale quant à lui, n’a abouti à aucune solution. Pour les syndicats, il n’existe pas d’autres solutions que le retour de Mamadou Sylla et Fodé Soumah en prison. Les grévistes exigent également le retrait de l’équipe gouvernementale de Alpha Ibrahima, beau-frère de Conté. Ce dernier, ministre des Transports, a été limogé récemment, avant de retrouver son fauteuil 72 heures plus tard.
Par ailleurs, les grévistes réclament la baisse du prix de l’essence à la pompe dont le litre coûte 5 500 F guinéens (1 dollar US). Cette grève illimitée fait aussi l’affaire d’une certaine classe politique. Quatorze partis d’opposition soutiennent l’action des syndicats. Ils ont appelé « à la désobéissance civile jusqu’au rétablissement total de l’ordre républicain ». Sur la liste des doléances est inclue la formation d’un gouvernement de large ouverture.
Ce qui donne une connotation politique à une action qui se veut être au départ, syndicale. La réaction du parti au pouvoir est donc conséquente. Elle verra dorénavant dans la grève, une tentative de récupération politique. Ainsi, cette grève, comme dans bon nombre de pays africains, va perdre ses lettres de noblesse. Tout simplement parce que l’opposition ne prend jamais les devants. Elle ne s’affirme pas en dénonçant. Mais attend toujours l’action des syndicats pour s’affirmer. Alors que, tant que l’action syndicale est assimilée à celle de l’opposition, les revendications auront du mal à passer.
Toutefois, l’arbre ne doit pas cacher la forêt. Les autorités guinéennes doivent faire la part des choses entre l’exécutif, le législatif et le judiciaire. Sinon les institutions républicaines perdent leur raison d’être. Force est à la loi et il serait plus sage de remettre les deux inculpés à la justice. Histoire de faire comprendre que la justice est la même pour tous. La grève du samedi prochain prévu devant l’ambassade de Guinée à Paris afin d’exiger le respect de l’Etat de droit, doit permettre aux autorités guinéennes de prendre la mesure de la préoccupation des Guinéens tant de l’extérieur que de l’intérieur.
Hamadou TOURE
Sidwaya

Conakry le 10 janvier 2007
La troisième grève générale illimitée a démarré à l’appel de deux syndicats et de l’opposition au régime de Lansana Conté, pour une augmentation des salaires et contre la dictature de la présidence sur la justice.
Les deux principales centrales syndicales de Guinée, la Confédération nationale des travailleurs de Guinée (CNTG) et lUnion syndicale des travailleurs de Guinée (USTG) ont menacé, mercredi dernier, de déclencher une grève générale illimitée à partir du 10 janvier prochain, pour protester contre "limmixtion du président Lansana Conté dans les affaires judiciaires".
Le chef de lEtat guinéen sétait rendu personnellement, le 10 décembre dernier, à la Maison darrêt de Conakry pour libérer son ami Mamadou Sylla, PDG du Groupe Futurelec et lex-ministre de la Jeunesse et des Sports, Fodé Soumah, tous deux emprisonnés pour détournement et complicité de détournement présumés de deniers publics. On rappelle que les syndicats guinéens avaient observé, en juin dernier, une grève générale pour des revendications salariales.

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L’option suicidaire du ministre d’Etat Fodé Bangoura
Fodé Bangoura alors ministre d’Etat chargé de la coordination des Actions gouvernementales, se fait très discret et effacé. Tous les regards se tournent du côté du locataire du palais sékoutouréya, d’où rien ne sort. Du moins dans l’immédiat. Le 12 janvier, il finit par recevoir une délégation de la classe ouvrière conduite par les quatre principaux leaders syndicaux qui ont lancé le mot d’ordre de grève. L’ambiance était détendue sous le grand fromager du petit palais entre le président de la République et les syndicalistes, mais cela ne suffira guère pour faire revenir à de meilleurs sentiments les quatre centrales. A la fin des entretiens, le chef de l’Etat leur demande de noter les différents points de revendication et de les lui apporter. En attendant, les syndicats de leur coté appellent le peuple à poursuivre la grève jusqu’à la satisfaction totale de leurs revendications. Nous sommes en fin de semaine. Le Conseil National des Organisations de la Société Civile Guinéenne, à son tour menace, pour les mêmes raisons, de se mêler au mouvement le lundi 15 janvier à Conakry comme à l’intérieur du pays. Les Guinéens retiennent leur souffle. Le pire est à craindre.

Le gouvernement décide de répondre à la grève par la violence
Mais cette tension n’était pas de nature à empêcher la population de prendre la rue. Les forces de l’ordre sont sur le qui-vive dans le pays. Ce lundi, dès les premières heures de la matinée, les forces anti- émeutes, les escadrons de la gendarmerie mobile sont réquisitionnées. Ils campent sur les axes stratégiques de la ville pour dissuader et contenir les manifestants. A Ratoma, quartier de la haute banlieue communément appelée Bagdad à cause des tensions permanentes qui y règnent, des manifestants déterminés descendent dans la rue. Les éléments des forces de l’ordre, affolés, font usage de leurs armes, tirant à balles réelles et lançant des gaz lacrymogènes. Des morts sont enregistrés. Les échauffourées opposent des policiers à la population à Matoto, faisant des blessés et des arrestations parmi les manifestants.

La propagation du mouvement à l’intérieur du pays
Dans certaines villes de province telles que Labé, Mamou, Pita, Kankan, des accrochages violents ont été signalés entre population et forces de l’ordre. Ce jour tant redouté a tenu malheureusement toute sa promesse. Malgré les affrontements qui ont éclaté toute la journée, les responsables syndicaux poursuivront des entretiens, à leur quartier général de la Bourse du travail comme ailleurs. Ils rencontrent les chefs religieux, notamment les imams, les conseillers régionaux de la ligue islamique et du conseil épiscopal de Guinée qui apportent leur soutien à la grève. Dans l’après midi, conformément à sa demande, Lansana Conté a reçu une nouvelle fois la délégation syndicale qui venait lui déposer sa proposition écrite de sortie de crise.

Versatile et toujours imprévisible, le chef de l’Etat répond étrangement à ses hôtes qu’il est lui aussi en grève et qu’il pourra examiner cette proposition dès que le mot d’ordre de grève des centrales syndicales sera levé. Cette attitude pour le moins incongrue ne plaira pas à ses interlocuteurs. Déçus, ils retournent bredouilles et abasourdis à leur base de la Bourse du travail pour répercuter l’étonnant message présidentiel à leurs mandants. Quelques minutes après, le président Conté dépêche son chef de protocole auprès des syndicalistes pour récupérer ledit document avec promesse de leur répondre, au plus tard dans la nuit. Les syndicats acceptent ce mea-culpa du président. Pour le reste de la journée, la promesse présidentielle ne viendra pas. Mardi 16 janvier, le général Conté décide enfin de réagir à la feuille de route des syndicats pour une sortie de crise. Pendant que sa proposition personnelle de sortie de crise est lue par Aboubacar Somparé, président de l’Assemblée nationale, Michel Kamano, président du Conseil Economique et Social est reçu à la Bourse du travail par les responsables syndicaux. Ils s’enferment dans le bureau de Rabiatou Sérah Diallo, mais l’entretien sera de courte durée. Les leaders des quatre centrales en sortent assez amers et très nerveux. Leur premier mot devant la presse est ceci : "cette proposition est inadmissible, nulle et sans effet pour le peuple. Nous ne nous sentons pas concernés par ces mesures. Demain 17 janvier nous passerons à l’étape supérieure de notre plan. Nous descendrons dans la rue et donnerons l’assaut final au régime." En signe de protestation, dans la matinée du 17, des responsables en tête d’une centaine de militants syndicalistes lancent le début d’une marche à partir de la Bourse en direction du palais du Peuple où siège l’Assemblée nationale. Ils étaient porteurs d’une lettre ouverte adressée au premier président de cette institution. Au fur et à mesure que progressait le mouvement, il grossissait, rejoint qu’il était par les habitants des quartiers traversés. La marche sera stoppée dans son élan au niveau du carrefour du marché Nyènguéma qui débouche au camp Samory Touré. Les forces de l’ordre font usage de gaz lacrymogènes et tirent à balles réelles pour disperser la foule de marcheurs. Une femme qui sortait du marché prend une balle perdue en pleine tête et des nombreux responsables syndicaux seront brièvement interpellés avant d’être libérés.

Embrasement total à Conakry et dans certaines villes de province
Au même moment, les banlieues de Conakry bouillaient au rythme des coups de cross, de matraques, des balles réelles des policiers contre des pierres et des gourdins des manifestants. A l’instar de la capitale, des villes de l’intérieur à l’image de Labé, Mamou, Pita, Dabola, Kindia, Kankan, Siguiri ou N’zérékoré sont ébranlées par des vagues de protestation. On y déplore des morts et des blessés. A la tombée de la nuit, une nouvelle rencontre est organisée en catastrophe entre les syndicats et le président de la République au camp Samory, principale caserne militaire de la capitale. Mais elle tourne au vinaigre. Lansana Conté digère mal l’intransigeance des meneurs de la grève qu’il assimile à une défiance. Sa colère est sans commune mesure contre les syndicalistes. Il les menace en ces termes : "Je vais vous tuer tant que vous êtes. Je suis militaire…j’ai déjà tué des gens" Devant ce dialogue de sourds et la menace de mort présidentielle, les syndicalistes décident de ne plus aller à des "parodies" de négociation.

Le limogeage inattendu de Fodé Bangoura par le président de la République
Le 19 janvier à 19 h 30, pendant que le peuple s’attendait au miracle par une réponse positive du chef de l’Etat pour désamorcer la grève, le général décide de se débarrasser de son plus proche collaborateur parmi tous les ministres. C’est le limogeage de Fodé Bangoura, le tout puissant ministre d’Etat chargé des Affaires présidentielles et coordinateur des actions gouvernementales. Ce décret quoique noyé et relégué au second plan à cause de l’ampleur de la grève, marque la fin d’une histoire, celle de la lutte de clans au sommet de l’Etat. Selon certaines affirmations, l’ex-ministre sera fortement, même s’il n’y a aucune preuve tangible reconnue contre lui, soupçonné d’être en intelligence avec le mouvement de grève. Quoiqu’il en soit, cela ne changera en rien la suite de la grève, et contribuera plutôt à radicaliser la fronde. Les centrales syndicales projettent d’organiser lundi 22 janvier une marche gigantesque en l’honneur des victimes tombées sous les balles des forces de l’ordre à Conakry comme à l’intérieur du pays. Ce lundi s’annonce comme le jour de tous les dangers au regard des farouches répressions que les autorités ont réservées aux grévistes lors des précédentes journées de manifestation.

Un lundi noir en Guinée
Lundi 22 janvier 2007. Dès les premières heures, des manifestants à travers tout Conakry s’affairent chacun dans son secteur à ériger des barricades et enflammer des pneus sur les voies de la circulation routière. Des face-à-face éclatent partout et au même moment. Visiblement, pour une fois, les forces anti-émeutes subissent la loi de la pression populaire. 11 heures. Une marée humaine prend d’assaut l’autoroute Fidel Castro en direction de Kaloum. Les agents tous corps confondus sont mis à contribution, mais se retrouvent vite débordés. On a l’impression que le pouvoir allait s’écrouler d’un instant à un autre. Il vacille mais ne tombe pas car toute la famille de police, gendarmerie, des éléments du BASP, lourdement armés campent puissamment au niveau du pont 8 novembre à l’entrée de la presqu’île de Kaloum où en réalité la survie du pouvoir était en jeu entre population insurgée et militaires restés loyaux à leur commandant en chef. Nez à nez, les hommes en uniforme tirent sans hésiter sur la masse déferlante. Sur place des manifestants s’effondrent, atteints par des balles. Cela va durer des heures. L’autoroute est jonchée de sang et de cadavres à différents endroits. D’épaisses fumées s’échappant de caoutchouc brûlé et de gaz couvrent la ville et rendent la respiration difficile. A Kissidougou, Kankan, Labé, Mamou, Télimélé, Pita, Dabola, les foules réclament le changement et le départ du général Lansana Conté. La répression est excessive et féroce. Pourchassant des manifestants, les forces de l’ordre ont même lancé des gaz lacrymogènes dans l’enceinte de l’hôpital Donka où étaient amenés des blessés. Les premiers bilans provisoires disponibles publiés par les stations de radio étrangères font état d’une trentaine de morts et de 60 blessés graves. Ces statistiques au fil du temps ne feront que croître.

Les habitants de Kaloum s’associent à la vague de protestation
Kaloum, jadis bastion imprenable du pouvoir, lâche à son tour des manifestants dans les rues pour réclamer le changement. Le siège de la CNTG qui sert de quartier général des grévistes connaîtra par deux fois la visite musclée des forces de l’ordre. En début de matinée un groupe de bérets rouges conduit, selon des syndicalistes par le capitaine Ousmane Conté, l’un des fils du président Conté fait irruption dans les bureaux, arrête quelques syndicaliste et les conduit à Koundara avant de les relâcher plus tard. Aux environs de 17 heures, un détachement de la CMIS débarque et déploie tous ses muscles contre les grévistes qu’il malmène. Des téléphones, des postes radios, des ordinateurs, des imprimantes, stabilisateurs ont été emportés ou saccagés. Même des chaises appartenant à la femme qui y vendait du riz n’ont pas été épargnées. Les leaders syndicaux ont été brutalisés, à telle enseigne que Dr. Fofana avait reçu un sérieux coup dans l’œil, le blessant gravement. Les centrales syndicales indexent le directeur général de la police comme le seul instigateur de cette deuxième opération. La Guinée vit une situation insurrectionnelle au soir du 22 janvier. Une journée rouge de sang, une journée particulièrement endeuillée.

L’implication personnelle de la première dame.
Au lendemain de ces carnages perpétrés par les forces de l’ordre et les bérets rouges de la garde présidentielle sur les protestataires, la première dame de la République décide de s’impliquer dans les négociations –qui sont au point mort – pour sauver à la fois la nation et le fauteuil de son mari. Elle est épaulée par les chefs religieux (catholiques et musulmans du pays) ainsi que les présidents très controversés des institutions républicaines. Après deux jours de négociation et de nombreuses victimes, le président de la République accède enfin à la principale revendication des syndicats : la mise en place d’un gouvernement de large consensus dirigé par un Premier ministre doté de pouvoirs élargis.
Ce pas important franchi, les syndicats et les représentants du chef de l’Etat travailleront sur le profil et les missions du futur Premier ministre.

Les syndicats décident de la suspension de la grève
L’ensemble des détails techniques a été réglé le samedi 27 janvier 2007. Devant la bonne volonté affichée des interlocuteurs, l’inter centrale CNTG-USTG élargie à l’ONLSG et à l’UDTG annonce dans la soirée par la voix de Dr. Ibrahima Fofana la suspension de son mot d’ordre de grève générale et illimitée, à partir de ce jour sur toute l’étendue du territoire national. En attendant la promulgation du poste de Premier ministre sous forme d’un décret loi, précise-t-il.

Une nouvelle ère a l’air de s’ouvrir en Guinée
Par cette décision la classe ouvrière vient d’écrire une nouvelle page de l’histoire de la Guinée. Elle n’a concédé aucun point sur ses revendications initiales. Pour une fois, le général cède à la pression populaire. Même si le choix du Premier ministre tarde encore à se dévoiler, il faut reconnaître que le fait de prendre le décret reconnaissant désormais l’existence en Guinée d’un Premier ministre chef de gouvernement est en soit un progrès inestimable.

Quelles sont les conséquences ?
Cela nous amène à présent à parler des conséquences de ce mouvement social historique dans notre pays. Cette grève de 18 jours a été un détonateur qui est venu réveiller le peuple de Guinée de sa longue torpeur héritée des deux régimes totalitaires que le pays a connu depuis bientôt un demi- siècle d’indépendance.

Les délices de l’unité nationale retrouvée
La grève a été un vecteur inouï pour la consolidation du tissu social qui avait pris un sérieux coup à cause du comportement de certains démons de la division ethnique, régionaliste ou religieux. L’unité nationale en est sortie renforcée. Elle a aussi permis d’instaurer la culture de la revendication des droits civiques. Egalement, un autre avantage de la grève a été le fait que plus jamais quelque soit le régime, l’actuel ou un autre, celui-ci sait qu’il existe maintenant un contrepouvoir plus redoutable que l’Assemblée nationale ou la Cour suprême. Grâce à ce mouvement, le peuple réalise enfin que son salut ne dépend ni de la fameuse communauté internationale, ni de l’intervention parfois brutale de l’armée, encore moins de ses élus du parlement, mais de lui, de sa réelle volonté d’avancer. Le mythe qui faisait de l’armée le dernier rempart pour le changement dans ce pays est tombé avec cette grève.

Une aubaine pour les partis politiques
Elle a été une bouffée d’oxygène pour les partis politiques qui étaient presque devenus agonisants et qui étaient en manque total de repère pour trouver un nouveau souffle. Tels sont les avantages immatériels de la grève. Comme avantages matériels échelonnés à court, moyen et long terme, il convient de citer l’augmentation générale des points d’indices salariaux aussi bien pour les travailleurs en activité que pour ceux en retraite, les diverses réductions obtenues sur la vente des produits pétroliers et des denrées alimentaires, l’interdiction de l’exportation des produits agricoles et halieutiques, le respect du principe de la séparation des pouvoirs, une justice équitable pour les citoyens. Elle va consacrer la fin de l’indiscipline financière et économique ainsi que le rétablissement de la notion de la chose publique.

Les grands perdants de la grève
Si le peuple sort grand vainqueur de ce bras de fer, en revanche, le président Conté en restera le grand perdant. Affaibli par la maladie, il est obligé, à l’issue de la grève, de partager l’essentiel de son pouvoir avec le nouveau Premier ministre qui est chef de gouvernement. Ce qui n’était pas le cas depuis 23 ans. Au nombre de ces perdants, il faut mentionner les présidents des institutions républicaines qui, en déficit de confiance populaire, ne sont plus crédibles aux yeux de la population. A coté de ceux-ci, il y a la grande muette et la police dont certains quidams apprendront bientôt à leurs dépens qu’on ne peut plus tuer ou tirer à balles réelles sur des mains nues dans des manifestations pacifiques et populaires.

Les rescapés qui peuvent se frotter les mains
Dans ce lot de personnalités proches du président, les seules qui ont pu sauver la face sont, (ce qui n’est pas très surprenant) la première dame de la République et les leaders religieux.
En filigrane, on retiendra que cette grève aura permis de remettre sur les rails une Guinée toute nouvelle.
La banlieue de Conakry accueille très mal la nomination d’Eugène Camara au poste de Premier ministre, chef du gouvernement. Des groupes de jeunes adolescents scandent à 23 heures 30, à Hamdallaye, quartier réputé "chaud" de la banlieue Conakry : " On veut un homme neuf, on veut le changement".
D’autres jettent, à tue- tête, des pierres et autres projectiles contre les passants et les automobilistes. Il est difficile d’établir un bilan mais des bris de pare-brise ont été constatés sur la Transversale 1.
Ces émeutes nocturnes font suite au décret publié ce soir, nommant un homme très proche de Lansana Conté comme Premier ministre. A cette allure, tout présage que ces émeutes seront diurnes dès demain.
Ce samedi matin, lors du passage du cortège présidentiel devant le Lycée Matam, les élèves ont colère ont lancé des pierres sur le véhicule présidentiel, où le président Conté, habillé en tenue militaire était assis. La vitre de la voiture de Conté a été cassée, obligeant le président à changer de véhicule. Mais, la garde rapprochée a violemment riposté en tirant à balles réelles sur la foule. Bilan, deux morts sur place. Telle est l’information que Guinéenews© a constatée sur la place.
A l’université de Sonfoniyah (Lycée portant le nom du président Conté, ndlr), les étudiants ont enlevé la pancarte sur laquelle est écrit le nom de Conté pour manifester leur désarroi envers le régime de Conakry, nous rapportent des témoins.
Au moment où nous publions cette dépêche, toute la ville de Conakry est paralysée.
Depuis la nomination d’Eugène Camara comme Premier ministre par suite d’un décret présidentiel hier 9 février 2007, la population a commencé à manifester à travers toute la capitale en scandant des propos hostiles à l’égard du régime de Lansana Conté. La population et l’inter centrale estiment que ce décret est contre les accords que les différentes parties ont signés, pour une sortie de crise il y a10 jours.

Onzième Journée de grève : Des morts et des blessés à N’zérékoré

"Les populations ont commencé à marcher tôt ce matin. Arrivés au niveau de la Préfecture les manifestants voulaient aller voir le Préfet. Les militaires ont refusé et ont commencé à tirer. Il paraît qu’il y a eu deux morts sur le coup. D’autres parlent d’un bilan plus lourd de quatre morts et de nombreux blessés", déclare à aminata.com, Sory Haba, Président de la Coordination des Groupements des Associations de la Ville de N’zérékoré.

"Le gens se sont repliés, beaucoup sont rentrés chez eux. Mais, toujours, les militaires sont en train de tirer partout dans la ville. Il y a eu des morts et beaucoup de blessés", explique Sory Haba.

Est-ce que c’est en rapport avec votre mouvement ou avec la grève générale et illimitée ? Sory Haba répond : "C’est la CNTG qui a pris l’initiative de la marche. Mais, depuis le matin ils ne m’ont pas appelé".

On parle de confusion totale à N’zérékoré. Pouvez-vous nous le confirmer ? "La confusion est totale ici à N’zérékoré. Les militaires sont partout dans la ville. Ils tirent partout", précise t-il.

Quelle est votre opinion sur la situation chaotique que vit N’zérékoré en ce moment ?
"Mais qu’on laisse les gens marcher et manifester. Les autorités veulent toujours que leur volonté soit faite, et non celle de la population. Les gens veulent le changement. Et le pouvoir veut coûte que coûte diriger avec force. Ce qui les pousse à faire ça", conclut Sory Haba, le jeune leader du collectif des associations de N’zérékoré.
Au onzième jour de la grève générale et illimitée déclenchée par l’Inter-Centrale, les Guinéens, plus que jamais déterminés partout, et ce, dans les quatre régions naturelles du pays, continuent à manifester, avec un fond de revendication commun : le changement. Le départ de Lansana Conté. Bravant les tirs des forces de sécurité à la gâchette facile.
Des répressions meurtrières dénoncées par les Organisations nationales et internationales de la défense des droits humains notamment Human Right Watch, La Fédération Internationale des Ligues des droits de l’Homme et l’Organisation Guinéenne des droits de l’Homme, qui, toutes, considèrent ces actes comme des atteintes graves à l’intégrité physique des manifestants, des délits condamnés par les traités internationaux, pourtant tous ratifiés par la Guinée.
Nous y reviendrons
Une dépêche de Paul Moussa DIAWARA

Table ronde Parlement-Conseil Economique-Cour Suprême-Patronat-Inter-Centrale :

Les négociations ouvertes Samedi 20 Janvier entre l’Inter-Centrale et les Institutions Républicaines (Parlement, Conseil Economique et Social, Cour Suprême, toutes présentes au palais du peuple) n’ont pas débouché sur un résultat concluant. Dimanche 20 Janvier, à 12h30, rendez-vous est pris à nouveau au siège du parlement guinéen pour continuer les discussions autour des propositions concrètes et écrites, exigées du Gouvernement par les Organisations syndicales sur le volet économique de la plate-forme revendicative.
En effet, c’est hier Samedi soir, après avoir reçu des propositions écrites du Gouvernement, déposées par le Président du Conseil Economique et Social, Michel Kamano à l’Inter-Centrale, qui a jusqu’à la rencontre de cet après midi pour examiner le document et se prononcer dessus.
Si le suspense est total, la fin ou la poursuite de la grève générale s’expliquerait par rapport à l’offre du Gouvernement guinéen. Mais aussi, en tenant compte du point focal de revendication, pour parler du volet politique axé sur la nomination d’un Gouvernement d’Union Nationale, dirigé par un Premier Ministre de large consensus, disposant du pouvoir discrétionnaire.
A l’analyse, si le Gouvernement et les médiateurs désignés par Lansana Conté sont à mesure de fournir les réponses adéquates à l’aspect économique de la revendication syndicale, personne par contre ne s’aventurerait, faute de courage politique, à persuader le Président guinéen d’accéder au volet politique de la plate-forme revendicative de l’Inter-Centrale. Et pourtant, c’est bien là, tout le problème actuel qui déstabilise le pays. A cette allure, rien n’indique, du moins pour l’instant, que l’orage se dissiperait.
C’est compte tenu de la gravité de cette situation, que le Vendredi 19 Janvier, dans le communiqué final sanctionnant la rencontre des Chefs d’Etat de la CEDEAO, réunis à Ouagadougou (Burkina Faso), ils ont exprimé leur inquiétude face à l’aggravation de la crise en Guinée. En effet, une délégation de l’Organisation Sous-régionale est attendue dans les prochains jours à Conakry, en vue d’engager la concertation et le dialogue entre les forces vives du pays et le Président Lansana Conté.
Au douzième jour de la grogne sociale qui paralyse toujours le pays, la grève se poursuit, l’Inter-Centrale étant déterminée à faire aboutir l’ensemble de sa plate-forme revendicative, dans laquelle, tout le peuple de Guinée se retrouve (Partis politiques, société, collectif des Imams…). Une occasion rarissime, d’autant plus qu’elle bénéficie d’un soutien populaire sans précédent.
Quelle sera l’issue de la table ronde de ce dimanche 21 Janvier ? Attendons de voir.
Nous y reviendrons
Une dépêche de Paul Moussa DIAWARA
Dernière mise à jour : ( 21-01-2007 )

Nous vous livrons en intégralité, le contenu d’un communiqué du Conseil national des organisations de la société civile (CNOSCG) invitant l’ensemble des citoyens de Guinée à faire une marche pacifique ce lundi 22 janvier 2007. Sur la photo Ben Sekou Sylla, le coordinateur du CNOSCG.

Le Conseil National des Organisations de la Société Civile (CNOSCG) a appris par la voie des médias l’initiative prise par la CEDEAO lors de sa rencontre à Ouagadougou le 19 Janvier 2007 de s’impliquer dans la résolution de la crise que traverse la Guinée.

Le CNOSCG soutient cette initiative de la CEDEAO et estime qu’elle a une obligation d’amener le Chef de l’Etat à dialoguer avec toutes les composantes de la société guinéenne en vue d’épargner des vies humaines et de promouvoir le développement socioéconomique du pays.

La situation de conflit potentiel actuel de la Guinée peut être à la base d’une déstabilisation de l’ensemble de la sous région.

Le CNOSCG réaffirme son engagement à participer à toute initiative qui vise à trouver une solution durable pour une sortie de crise apaisée en Guinée.

C’est à cet égard que le CNOSCG trouve inopportun et irréfléchi le décret de limogeage de Fodé BANGOURA et la nomination de Eugène CAMARA. La résolution de la crise ne réside pas sur le changement d’individu mais sur une rupture avec un système pour créer les bases d’un véritable changement.

Le CNOSCG appelle l’ensemble des citoyens sur l’étendue du territoire national à se mobiliser pour la marche du Lundi 22 Janvier 2007.

Conakry le 20 janvier 2007
« MOBILISONS NOUS POUR LE CHANGEMENT DANS LA PAIX »
LE CONSEIL NATIONAL DES ORGANISATIONS DE LA SOCIETE CIVILE GUINEENNE

Comme Cellou Dalein Diallo, Fodé Bangoura a été renvoyé du gouvernement. Les deux derniers ex- hommes forts, bien que se sentant lâchés, n’ont pas eu "l’audace" de rendre le tablier comme l’avait fait François Lonsény Fall. Malgré tout, ils gardent une opinion favorable, compte tenu des efforts fournis à leurs postes. Mieux, tous les deux semblent avoir été "victimes" de leur entêtement à poursuivre des dossiers "sensibles". Privilégiant l’intérêt général au risque d’aller à contre courant du seul dépositaire des décrets en République de Guinée.

"Ce décret ne peut-être qu’un petit règlement de compte entre eux", pense Boubacar Biro Barry, responsable des négociations de la Confédération nationale des travailleurs de Guinée.

Pour Sy Savané, syndicaliste "le chef de l’Etat est libre de faire ses décrets. Il est libre de nommer qui il veut. La grève n’a rien à voir avec Fodé Bangoura. On n’a pas fait la grève pour ou contre Fodé Bangoura. Donc, il n’y a même pas lieu de se demander si la grève continue...".

Selon Ben Sékou Sylla, président du Conseil national des organisations de la société civile, "Ces décrets ne peuvent résoudre les problèmes de la Guinée. La nomination là est purement interne".

De même, l’opposition politique affiche une incompréhension totale. Comme les responsables syndicaux et de la société civile. Nous avons pu joindre au téléphone deux leaders de l’opposition.

Pour le doyen Bâ Mamadou, président de l’Union des forces démocratiques de Guinée, UFDG, "Ce décret prouve que le général Lansana Conté est complètement désemparé. Il ne sait plus ce qu’il fait..."

Le secrétaire général de l’Union pour le progrès de la Guinée, UPG, n’est pas loin de cet avis. Jean Marie Doré : "Eugène Camara est de la région de N’Zérékoré, préfecture de Yomou, sous préfecture de Bowé. Donc, sur le plan personnel, c’est un parent ; je ne peux que me féliciter de voir un frère à un niveau aussi élevé de l’Etat.

Mais, pour notre pays, on ne connaît pas les raisons profondes pour lesquelles le président de la République a lâché un homme aussi proche, qui l’a autant soutenu ! Certains pensent que c’est à cause de Mamadou Sylla (NDR : président du groupe Futurelec) ; parce que Fodé Bangoura a refusé la violation des principes qui régissent la République ! Si cette hypothèse se confirme, il y a vraiment un problème chez M. Lansana Conté. Et, ce problème a besoin d’une thérapie radicale".

Politique : Les syndicats appellent à une marche demain vendredi 19 janvier : Risque d’embrasement de la Guinée à l’horizon !
Posté le 18, Jan à 12:17:32 lu 8237 fois Mis à jour à 4:28:43

© « Rejoignons le cortège syndical. Tous au palais vendredi 19 janvier 2007. Départ des quartiers à 7h du matin ». Tel est le message qui circulait à Conakry ce soir par SMS dans le réseau téléphonique Areeba, 4ème opérateur de téléphonie en Guinée.

Mais les autorités viennent de couper le service SMS. C’est la 2ème fois que le service SMS est coupé chez tous les opérateurs notamment Areeba et Sotelgui, affirme un spécialiste des télécommunications ayant requis l’anonymat.

Déjà, depuis mardi le SMS Sotelgui est coupé alors que Areeba avait été remis. Mais ce début de soirée, le SMS Areeba vient d’être coupé pour la seconde fois parce que le message appelant à la marche pour demain circulait sur ce réseau.

Donc, on s’attend à une journée encore plus meurtrière demain. La peur et l’inquiétude ont envahi les gens...Il y a aussi un risque de guerre civile qui est à craindre, selon les informations que nous possédons.

Par ailleurs, la télévision nationale a montré ce soir dans le journal, des femmes mareyeuses de Yarie Biriki se disant de Kaloum en train de marcher pour soutenir le régime. Elles se sont réunies au siège du PUP avant d’aller voir le chef de l’Etat.

Il y avait aussi une marche d’une dizaine de personnes conduite par le responsable de la jeunesse du PUP, député à l’assemblée nationale, Soryba Sorel Camara. Ce dernier lance un appel à tous les jeunes de la Guinée à la mobilisation pour dit-il contrecarrer la volonté de renversement du régime par les syndicalistes qui sont manipulés. Il déclare que ces derniers ont dépassé le cadre syndical et qu’il s’agit d’une tentative de renversement du régime.

A suivre…

DAKAR : SOUTIEN A LA GREVE
Voici le compte rendu de la conférence de Presse de l’AJGADEP en partenariat avec la RADDHO à Dakar-
LA REPUBLIQUE DE GUINEE : UN PAYS ENTRE DICTATURE ET MISÈRE -
ET SI ON EVITAIT LE PIRE ?

La situation sociopolitique et économique explosive que traverse actuellement la République de Guinée résulte de la combinaison de deux facteurs essentiels : la mauvaise gouvernance et la dictature féroce.
Depuis 1899, date à laquelle, la Guinée est devenue une colonie française jusqu’à nos jours, le Peuple guinéen n’a jamais connu un instant de bonheur ou de liberté. Soit 108 ans de traversée d’un désert et d’enfer dans un pays pourtant censé être un paradis terrestre au regard des potentialités économiques, des ressources humaines et naturelles dont il dispose.
Après 60 ans de colonisation et 48 ans de dictature féroce ont fini par plonger le Peuple de Guinée dans l’extrême misère et la désolation. Aujourd’hui, cette situation peu reluisante ne fait que s’empirer au risque de déboucher sur une guerre civile, si la communauté africaine et internationale n’agit pas vite pour mettre un terme à la conspiration du silence sur la Guinée.
Au lendemain de la prise du pouvoir par l’armée guinéenne, le peuple de Guinée pensait déjà découdre avec la dictature du régime de Sékou TOURE, caractérisé par la répression sanglante, la torture, les pendaisons publiques, les arrestations arbitraires, etc.. Ce régime a causé la mort de plus 1 600 cadres et intellectuels guinéens.
Hélas ! C’était alors mal connaître ces nouveaux maîtres en uniformes dont le chef file n’était autre que le Général Lansana Conté. En 23 ans de règne sans partage, Lansana Conté n’a semé que souffrance et désolation, désordre et division.
Combien de familles guinéennes sont endeuillées suite à des assassinats orchestrés par le régime de Lansana Conté ? Combien de personnes sont victimes de la répression au cours des événements du 12 juin 2006 ? Selon les estimations, il y en aurait eu plus de 20 morts et des centaines de blessés graves.
Au crépuscule de son régime, l’homme de Wawa veut installer le pays dans un chaos, et donc ingouvernable après lui.
C’est pourquoi, en dépit de la maladie qui le fragilise, le Général Lansana Conté veut toujours s’agripper au pouvoir jusqu’à sa mort. Pourtant, il est établi qu’il a des troubles de mémoire, donc inapte à conduire les affaires de l’Etat. Ce qui explique même la signature des décrets controversés comme celui de Mai 2006. Aussi, la nomination d’un fameux Ministre chargé de coordonner les activités gouvernementales et les affaires présidentielles, en l’occurrence El hadj Fodé Bangoura qui fait la pluie et le beau temps au sommet de l’Etat au lendemain du limogeage du premier Ministre Cellou Dalein Diallo.
La situation d’aujourd’hui est très critique, car on assiste à un véritable combat de titans entre les hommes proches du pouvoir dont le but est de se partager le reste du butin. Quand un peuple qui vit sans eau, ni électricité, c’est la décente aux enfers, au fond du gouffre.
Le feuilleton Mamadou Sylla Futurelec-Etat-Banque Centrale a fini par montrer le vrai visage d’un affamé des deniers publics qui n’est autre que le Président de la République comme en atteste sa présence dans la prison centrale de Conakry pour libérer El hadj Mamadou Sylla et Fodé Bangoura, tous deux supposés avoir détourné les fonds de la République.
Le Président Conté a trahi son sermon et doit être démis de ses fonctions pour haute trahison. Voilà la nature d’un régime guinéen qui a instauré à son tour le mépris des lois de la République, la répression aveugle, les assassinats, la cherté de la vie comme mode de gestion gabégique.
Le peuple de Guinée appelle au secours, car il est plus que fatigué. Les travailleurs guinéens sont aussi plus que fatigués. La jeunesse guinéenne est fatiguée de supporter le sort qu’on lui impose. C’est pourquoi, L’Action de la Jeunesse Guinéenne pour l’Alternance Démocratique et la Prospérité, dans sa recherche de solution de sortie de crise, soutient inlassablement les actions syndicales que mènent actuellement l’Inter-Centrale Syndicale CNFG et USTG depuis le 10 décembre 2007, suite à l’ingérence du Chef de l’Etat guinéen dans les affaires judiciaires.
Nous pensons que seule la voie suivie par l’Inter-Centrale Syndicale et la mobilisation de l’ensemble des forces vives de la Guinée, ainsi que les partis politiques peuvent aider ce peuple à se débarrasser définitivement de ce régime d’un autre temps sans effusion de sang.
Depuis le déclenchement de la grève, plus de 60 jeunes militants des droits humains sont arrêtés par les militaires et incarcérés dans des prisons secrètes. Les militaires tirent actuellement à balles réelles partout à Conakry sur des manifestants non armés, ce qui a déjà causé des blessés graves non encore dénombrés et le désordre continue dans les rangs des forces de l’ordre.
Pour qui connaît le régime de Lansana Conté, nous craignons le pire pour la vie des citoyens arrêtés.
L’Action de la Jeunesse Guinéenne pour l’Alternance Démocratique et la Prospérité condamne les agissements inqualifiables des militaires contre de paisibles citoyens guinéens dont le seul tort est de revendiquer leurs droits.
Elle demande :
• la libération immédiate et sans condition des jeunes manifestants arrêtés ;
• l’arrêt immédiat de toutes les menaces qui pèsent sur les leaders syndicaux ;
• le départ du Général Lansana Conté du pouvoir pour l’intérêt supérieur de la Nation.
Au regard de la situation actuelle, nous avons le droit de nous inquiéter car si aucune mesure n’est prise dans l’immédiat, la Guinée risque de basculer vers une guerre civile qui sera préjudiciable à la stabilité des pays de la sous-région. Prions pour que Dieu nous en garde !
En outre, la Guinée est classée selon le dernier rapport de Transparency International comme le pays le plus corrompu en Afrique. Un pays où sévit l’impunité totale et légitimée par son Chef d’Etat.
La question que nous nous posons aujourd’hui est de savoir pourquoi la communauté africaine et internationale reste indifférente à la situation critique que traverse actuellement la Guinée, étant donné que tous les clignotants sont au rouge. Veut-elle jouer aux sapeurs pompiers ? En tout cas, Mieux vaut prévenir que guérir, selon l’expression consacrée des thérapeutes.
Fait à Dakar, le 18 Janvier 2007
Le Bureau Exécutif
M. Abdoulaye Binta DIALLO, Président de l’AJGADEP, Tél. : 537 32 71
M. Ansoumane CAMARA, Porte-parole de l’AJGADEP, Tél. : 527 66 23

Guinée : Les syndicats suspendent à nouveau leur mouvement de grève

UN Integrated Regional Information Networks
30 Janvier 2007
Publié sur le web le 30 Janvier 2007
Conakry
Les magasins ont rouvert et les Guinéens ont repris le travail lundi, suite à la décision du Président Lansana Conté d’accepter de partager le pouvoir avec un Premier ministre et à la suspension de la grève générale illimitée décrétée le 10 janvier par les puissantes centrales syndicales de Guinée.
Après trois jours de négociations avec les syndicalistes et les représentants de la société civile, le Président Conté a accepté samedi dernier de partager le pouvoir avec un Premier ministre de consensus qui devra être choisi par les représentants des forces vives de la nation, ont indiqué les responsables syndicaux.
Selon le texte de la déclaration finale signée par les syndicalistes et M. Conté, le chef de l’Etat guinéen a également accepté de mettre fin aux exportations de denrées alimentaires et de lutter contre la corruption.
Le Président Conté s’est par ailleurs engagé à réduire le prix du riz et du carburant, des engagements qu’il avait déjà pris pour mettre fin aux précédentes grèves de février et juin 2006.
La nomination d’un nouveau Premier ministre et chef du gouvernement, figurait parmi les principales revendications des syndicats pour qui la déliquescence de la Guinée s’explique par la mauvaise santé du Président Conté et son incapacité à gérer les affaires de l’Etat.
Le nouveau Premier ministre doit être un haut cadre civil, intègre « et n’être ni de près ni de loin impliqué dans les malversations qui ont conduit le pays au chaos », a expliqué Ibrahima Fofana, le secrétaire général de l’Union syndicale des travailleurs de Guinée (USTG). Selon M. Fofana, la grève a été un « succès éclatant », parce que le mouvement syndicaliste a démontré que « sa force sociale est capable de changer un régime ».
La plate-forme revendicative des syndicats a bénéficié d’un soutien bien au-delà de leurs bases habituelles. En parlant de problèmes qui touchent les Guinéens moyens dont la plupart vit dans la pauvreté - malgré les vastes ressources naturelles du pays - les syndicalistes ont obtenu un soutien populaire dont ne jouit aucun parti politique de l’opposition traditionnelle.
Selon le ministre guinéen de la Santé, les manifestations ont fait au moins 59 morts parmi les manifestants, plus de la moitié des victimes ayant été tuée par les forces de l’ordre pendant de la grande marche organisée le 22 janvier dans les différentes villes du pays.
Les observateurs politiques dans la région accordent une certaine importance à l’ampleur des manifestations contre le pouvoir de M. Conté, et pensent que l’histoire souvent très violente de la période post-indépendance du pays a dissuadé beaucoup de Guinéens de participer à des manifestations de masse.
Toutefois, avec 30 000 manifestants maximum à Conakry, une ville de six millions d’habitants, et la loyauté constante de l’armée envers son chef, le régime du Président Conté n’a jamais été sérieusement menacé pendant cette période de troubles.
Guinée : L’Etat providentiel ?

L’Observateur Paalga (Ouagadougou)

OPINION
30 Janvier 2007
Publié sur le web le 30 Janvier 2007

Adama OuédraogoDamiss

On croit rêver. Le triste spectacle dont Conakry est le centre de gravité n’honore ni la Guinée ni l’Afrique. Et sous d’autres cieux, Lansana Conté, le grabataire de Wawa, serait depuis renvoyé dans son village.

On se souvient encore avec quelle maestria le colonel Zine Abedine Ben Ali a pris le pouvoir en Tunisie des mains de l’octogénaire Habib Bourguiba qui, malgré les outrages du temps et la maladie, tentait désespérément de s’y maintenir. C’est vrai qu’hormis quelques rares cas, sous nos tropiques nos dirigeants quittent rarement d’eux-mêmes le pouvoir. Dans le berceau de l’humanité, où la bonne gouvernance n’est pas la chose la mieux partagée, on ne se fatigue pas de voler les maigres deniers du Trésor public, de tordre le cou à la Constitution et de faire en sorte de s’éterniser au pouvoir voire y mourir.

Lorsque de temps à autre, le ras-le-bol vient de la rue, nos dirigeants se dépêchent de promettre une meilleure démocratisation en concoctant des élections de façade pour mieux se skotcher sur leur trône avec la bénédiction ou la complicité de certains dirigeants occidentaux qui, on le sait, n’ont pas "d’amis mais des intérêts" comme l’a signifié clairement le président français Charles de Gaulle parlant de son pays. Pendant ce temps, le peuple croupit dans la misère noire et ses conditions de vie se dégradent chaque jour un peu plus.

C’est exactement le scénario que l’on vit "in live" présentement à Conakry. Indépendante depuis le 2 octobre 1958, la Guinée a connu une dictature féroce sous Sékou Touré (on se rappelle le tristement célèbre camp Boiro). En avril 1984, un changement intervient à la suite d’un coup d’Etat qui fait accéder Lansana Conté au pouvoir. L’espoir des Guinéens de voir des lendemains meilleurs semblait poindre à l’horizon.

On pensait que Conté ferait mieux que son prédécesseur. Mais, rien du tout et la Guinée, baptisée le château d’eau de l’Afrique Occidentale et qui regorge de potentialités minières et de ressources humaines appréciables, sombre inexorablement dans les profondeurs du classement selon l’indice du développement humain durable du PNUD.

Et désormais, vivre en Guinée est synonyme de calvaire tant les conditions d’existence y sont pénibles.

Ainsi, le salaire du Guinéen moyen suffit à peine à acheter un sac de riz, la monnaie se déprécie, et le peuple trime. Pendant ce temps, le pouvoir organise une oligarchie, "dîne" impunément les fonds publics.

C’est ainsi que dans l’entourage du diabétique Lansana Conté, les faucons se livrent une bataille sans pitié. Cette rivalité farouche entre les dignitaires du régime a valu à Mamadou Sylla, milliardaire et patron des patrons Guinéens, de connaître la prison pour détournement de deniers publics.

Sublime quand on sait que ce richissime homme d’affaires, par ailleurs l’ami personnel de Lansana Conté, pouvait jouir de l’impunité. Mais, c’était sans compter avec les retournements spectaculaires de l’enfant de Wawa, qui est allé en personne à la prison de Coronthe libérer, le 16 décembre 2006, son protégé en clamant haut et fort qu’il est lui-même la justice. C’est justement ce comportement qui a mis le feu aux poudres. Les syndicats se sont mobilisés et ont déclenché une grève illimitée contre la corruption, les détournements de fonds publics, l’ingérence du premier magistrat du pays dans les affaires judiciaires et pour de meilleures conditions de vie et de travail.

Ce mouvement a paralysé le pays pendant plus de deux semaines et provoqué la mort d’au moins 59 personnes.

Une répression barbare des forces de sécurité, qui n’a pas fait reculer l’Intersyndicale des travailleurs, contraignant le président à recevoir ses leaders par l’entremise de son épouse. Les revendications ont d’ailleurs pris une coloration politique puisque les grévistes ont demandé la mise en place d’un nouveau gouvernement. L’accord de "cessez-le-feu" prévoit ainsi "un gouvernement de large consensus, dirigé par un Premier ministre chef du gouvernement... qui soit un haut cadre civil, compétent et intègre, n’ayant été impliqué ni de près ni de loin dans les malversations".

Qui sera ce pompier de service ? Les jours à venir nous situeront davantage. Mais en attendant, l’on pourrait légitimement se demander si la nomination d’un PM à la tête d’un gouvernement de consensus est la solution à l’équation guinéenne. Car, le problème de la Guinée, c’est son président, Lansana Conté, dont seul le départ de la tête de l’Etat pourrait sauver ce pays qui, inexorablement, s’engouffre dans le fin fond des ténèbres. Mais, là aussi, une question reste posée : comment se ferait cette transition sans trop de casses ?

Messages

  • Education au Mali :
    Après avoir longtemps tiré sur la corde, le collectif des syndicats de l’Education (Mali) a finalement accepté les propositions du gouvernement par rapport à une indemnité spéciale de responsabilité au lieu d’une indemnité de logement demandée par ses membres. Et les deux parties ont signé un accord le 14 juillet dernier dans ce sens. Du coup, c’est la guerre des tranchées entre les responsables du collectif et leurs militants sous les regards attentifs du SNEC qui se frotte les mains. Pourquoi les négociations se sont soldées par la signature de deux procès verbaux ? Que disent les deux textes ? Pourquoi les militants du collectif en veulent tant à leurs responsables ?

  • SALUT BIL SI TU PEUX FAIRE EN SORTE DE METRE LE SITE ET MALI WEB EN CONNECTION SA SERAI GEGIAL LA FEMME DU SIBER PEU TE LE MONTRE OU QUELQUN D’AUTRE. PORTE TOI BIEN JE TE DONNERAI MON AVIE SUR TES PROBLEME .

  • Lors de la visite du président français, Nicolas Sarkozy à Niamey, Mamadou Tandia disait ceci : " Mon mandat prend fin en décembre et je vous dirai merci et au revoir." Les nigeriens croyaient à la sincerité de ses propos. Mais peu après, poussé par les caciques de son parti, le président Tandia changeait de language. Sans honte, ni vergogne, il décide de changer la constitutionpour briguer un troisième mandat. Tandia pretend achever son oeuvre comme s’il est le seul nigérien valable ! Malgré l’opposition du peuple, il entend organiser son referendum le 04 août prochain. Mais qui est derrière lui ? Areva ? Wait and see.
    Bill

  • Salut MOSHE, je viens juste de voir votre message et je vous assure que ça m’a réellement fasciné. La connexion entre Matière et Révolution et Maliweb est un bon projet à entreprendre. Par contre avec les droits d’auteurs il faut en préambule avoir l’autorisation de Maliweb. Ce qui porte à dire qu’il faut d’abord les contacter pour pouvoir mettre leurs articles sur le site. C’est en tout une très bonne idée pour l’épanouissement du site en question.

  • sur une table ronde avec des amis il fut question de savoir si le retard de l’Afrique est dû à l’occident ou à l’Afrique elle même !! Pourquoi cette question ? Une polémique ? Parce que vu nos grands père et ancêtres qui n’ont rien foutu pourr l’afrique si je peux me permettre de l"époque médiévale à maintenant !! Rien foutu que se battre entre eux ! s’entretuer ! On assistait plutôt à une guerre de samory toué versus soundiata kéita ! au lieu se s’entraider pour refuter l’opinion de la métropole ils choisissent plutôt la guerre fratricide et parricide !! cependant est ce l’occident n’a pas son sel la-dans ? l’intervention de Mittérand au Rwanda ? encore la conivence derrière laquelle sankara fut assassiné mais noublions pas qu’il fut aidé par Houphouet Boigny ! Ou se trouve le fautif ?
    Bill

    • Cher lecteur,

      la question du retard de l’Afrique doit-elle être traitée sur le mode moralisateur du type "la faute à qui ?" ou sur le mode scientifique "quel fonctionnement a mené à la domination de telle ou telle région du monde ?"

      Je comprend que cela étonne que le continent le plus riche en matières premières agricoles et minières soir aujourd’hui le plus pauvre.

      Cela montre qu’en régime capitaliste, ce qui compte n’est pas d’avoir un pays qui possède des richesses naturelles.

      Alors qu’est-ce qui enrichit la bourgeoisie ?

      C’est de dominer le monde.

      Cela tourne en rond... Les pays occidentaux dominent... parce qu’ils dominent ?

      Non, ils dominent parce que la classe capitaliste les a dominé en premier.

      Ils ne sont pas les premiers où une classe capitaliste soit apparue.

      Elle est apparue en Amérique du sud, en Egypte, en Turquie, en Inde et en Chine.

      Partout elle a plus ou moins essayé de prendre le pouvoir au travers de révolutions.

      Partout où il y avait une féodalité militaire et religieuse forte, ces bourgeoisies ont échoué.

      L’échec le plus inattendu est celui de la bourgeoisie chinoise.

      Des bourgeoisies sont apparues en Afrique aussi. Mais elles n’ont pas pris le pouvoir.

      C’est en Europe de l’Ouest où le pouvoir féodal était affaibli par des guerres internes que la bourgeoisie a commencé à prendre le pouvoir en France, en Angleterre, aux Pays-Bas....

      C’est pour cela que l’Europe a dominé.

      Elle n’était pas plus forte militairement, en termes de richesses ni intellectuellement. Elle avait à faire à une classe féodale et un pouvoir central plus faible.

      Et elle trouvé en son sein, dans les villes, des couches pauvres sur lesquelles s’appuyer, les fameux sans-culottes de la révolution française notamment et les niveleurs anglais.

      Comme tu le vois, cela n’a rien à voir avec des invectives contre des ancêtres qui n’auraient pas fait je ne sais quoi ...

    • Suite du messsage précédent :

      ça c’était quand la bourgeoisie pouvait être révolutionnaire et changer le monde en renversant la féodalité.

      Maintenant c’est fait pour une partie du monde et cette partie domine le monde entier empêchant le reste du monde d’évoluer.

      Ce n’est plus la bourgeoisie, ni des pays riches ni des pays dits pauvres, qui peut faire avancer le train. Parce que la bourgeoisie des pays dits pauvres est trop liée au système qui domine le monde.

      Ce sont les opprimés, les travailleurs, les femmes, les jeunes qui le peuvent.

      A condition de ne pas suivre des politiciens bourgeois, des militaires ou des religieux prétendument radicaux et de ne pas se limiter à une réforme d’un société complètement pourrie. Il faut en finir avec le capitalisme à l’échelle mondiale.

    • cher bil l’idée d’organisé une discutions autour d’une table ronde pour discuté est bonne mais le contenu de vos discutions avec des amis sur l’Afrique et son retard est une discussion vide de sens profondément trompeurs, mensongers et raciste. 1 pourquoi discuté sur l’Afrique comme ça dans le vide mais quelle classe sociale d’Afrique ? Dissocier le prolétariat ou les riche tirants d’Afrique du reste du monde je trouve ça profondément raciste. Tous les guerres de samori, soundiata, et d’autre chefs féodaux était des luttes de classe implacable et je suis sûr que tu peux démontré ce que j’ai écrit et je te laisse démontré les lutes de classe sous le féodalisme en Afrique donc tu ment, tu invente et tu dit n’importe quoi je pense que tu contribue énormément sur l’approfondissements de la misère des travailleurs et des sans travails Africains en expliquant que samori ou soundiata se faisait la guerre <>de toute façon ta phrase set incompréhensible. C’est trompeur d’expliquer le monde en niant les classe sociales qui là compose. sankara était un nationaliste réformiste, Houphouët un tirant sanguinaire. J’espère de tout cœur que les réponses qui t’on était faites hier tu les liras pour peut être comprendre qu’il ya pas mille monde. Tu a le bonjour de tout le monde.Ce n’est plus la bourgeoisie, ni des pays riches ni des pays dits pauvres, qui peut faire avancer le train. Parce que la bourgeoisie des pays dits pauvres est trop liée au système qui domine le monde. Ce sont les opprimés, les travailleurs, les femmes, les jeunes qui le peuvent. A condition de ne pas suivre des politiciens bourgeois, des (...)je continu demain Amicalement. Moshé

    • Bonjour
      Selon moi l’Etat tel qu’on le voit aujourd’hui n’est autre qu’un appareil de dictature oppressant la majorité ! Autrement dit c’est la dictature de la minorité sur la majorité !

  • Votre analyse de la situation a CBG durant la period du fin décembre 2006 est en erreur. Ca ne faisait pas partie d’un "lutte ouvrieres"/ "La lutte" tournait autours d’un vol systematique de medicaments de l’hopital de Kamsar, d’un valeur de $2million/annee, que MM. Oulare, Clift, et les autres directeurs ont essayé de mettre a fin. Les interessees a Kamsar et a Conakry, se sont reunis afin d’essayer a empecher la direction de la CBG de regler la situation. En grand partie, les femmes de Kamsar etaient impliques dans la demarche que consistait d’entrer dans l’hopital et de prendre des medicaments (avec bien sur le complicite des medcins). Une fois sortie de l’hopital, les medicaments se trouve dans les mains des "pharmacies pirates" pour eventuel vente a Conakry. A un moment, quelques des femmes, pendent les protestations, portait des paneaux qvec affiche "Qu’est que vous voulez dire que je ne suis pas malade, donner mois les medicaments". La meme direction de la CBG a aussi lutter contre le vol de carburant, qui se passait surtout a la mine de Sangaredi. Cette carburant volé faisait objet d’un traffic d’un valeur de vers $10million/annee. La direction de CBG a bien reussi a fortement reduit ce vol de carburant, avec les effets tres important sur la region, surtout a l’armee qui transportait le carburant. Generalement c’etait les femmes de la region qui faisait des petits entreprise de traffique de carburant vole du CBG. La meme armee et les memes femmes qui ont cooperes pour mettre le CBG sous pression en Octobre-Decembre 2006, et qui chercher le depart de M. Oulare, M. Clift, et les autres directeurs qui ont efficacement fortement reduit ces vols et ces traffiques. C’est un honte de presenter les activites des voleurs et un tel escrocerie comme si cetait un "lutte ouvrieres". En plus, le ministre des mines de la period, Ousmanne Sylla, cherchait a changer l’ethnie de la direction de la CBG en faveurs des Sousous.

    • Faire passer des femmes pour des voleuses c’est aussi un peu rapide : avez vous des preuves, y a t il eu un jugement même si on sait que la justice dans "nos démocraties" est exempte d’erreur...et que celle ci n’est pas du côté des riches, des bourgeois et des dirigeants comme ceux de la CBC..biensur.

      Pour ma part sauf plus de précision par rapport au sujet "des luttes ouvrières en Afrique" et non pas "les traffics liés à la misère et à la corruption ", je pense qu’il vaut mieux s’en tenir aux infos répertoriées dans cet article :

      "Le 23 octobre 2006, des femmes(travailleuses et épouses des travailleurs de la Compagnie des Bauxites de Guinée, CBG) vêtues de tenues rouges, se sont massivement mobilisées protestant contre des décisions de la Direction du Groupe Ressources Humaines, dirigé par M.Mamadi Oularé.
      Ces évènements ont perturbé la vie sociale à Kamsar et le fonctionnement de la CBG. Ce qui explique le déplacement d’une délégation guidée par le Ministre d’Etat, Elhadj Moussa Solano, pour décrier au cours d’un meeting au stade de Kamsar, la décision qui réduisait les avantages sociaux des travailleurs et de leurs familles, en ce qui concerne l’accès aux soins de santé et au ravitaillement. La plate-forme revendicative des manifestantes a été acceptée et solutionnée par l’équipe Solano. "

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