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L’un des pays les plus frappés par la crise : le Japon

dimanche 17 mai 2009, par Robert Paris

L’un des pays piliers de l’impérialisme, le Japon, est en train de s’effondrer de manière impressionnante, non seulement au plan économique mais surtout, et c’est moins facile à mesurer mais tout aussi important, au plan de la stabilité sociale....

Les espoirs de millions de petits bourgeois s’effondrent. Ils pourraient se toruner vers la classe ouvrière. Pour celle-ci, la radicalisation consiste à se tourner vers un parti communiste et vers les syndicats qui lui sont associés. Mais ce parti n’a plus rien de communiste ni de révolutionnaire. Depuis belle lurette, il est intégré au système....

Toute l’industrie japonaise vacille. Ainsi le géant de l’électronique Toshiba a annoncé ce vendredi qu’il était contraint de procéder à une augmentation de capital pouvant aller jusqu’à 493 milliards de yens (3,7 milliards d’euros) à l’occasion de la publication de sa deuxième perte trimestrielle consécutive. Le groupe d’électronique japonais a accusé une perte opérationnelle de 74 milliards de yens (556 millions d’euros) sur les trois derniers mois de l’exercice 2008-2009, contre un bénéfice de 115,7 milliards de yens il y a un an. Il a par ailleurs enregistré une perte nette de 343 milliards de yens (2,6 milliards d’euros) pour l’année budgétaire 2008-2009 et dit s’attendre à finir l’exercice en cours sur un déficit net de 50 milliards.

Plan de réduction des coûts

D’avril 2008 à mars 2009, le chiffre d’affaires de Toshiba s’est établi à 6 654 milliards de yens (51,2 milliards d’euros), en chute de 13% sur un an, et son déficit d’exploitation a atteint 250 milliards de yens contre un bénéfice quasi équivalent encaissé l’année précédente. Toshiba, qui fabrique également des micro-ordinateurs, des télévisions et des réfrigérateurs, anticipe toutefois encore un retour aux bénéfices en 2009-2010, à la faveur notamment d’un plan de réduction des coûts de 2,2 milliards d’euros.

La vague qui a balayé, ce vendredi, sur le marché automobile des marques comme Toyota n’a pas non plus épargné Fuji Heavy Industries. Ce groupe, qui fabrique notamment les voitures Subaru, a annoncé être tombé dans le rouge lors de l’exercice 2008-2009. Sur les 12 mois, d’avril 2008 à mars 2009, Fuji Heavy a enregistré un résultat net négatif de 69,93 milliards de yens (540 millions d’euros) contre un bénéfice net de 18,48 milliards un an plus tôt.

Le chiffre d’affaires de la division aérospatiale de FHI a pour sa part diminué de 18,9% en raison d’une longue grève chez l’avionneur américain Boeing. Enfin, la première maison de commerce japonaise, Mitsubishi Corporation, a vu ses profits fondre de 21,4% lors de l’exercice 2008-2009 à 369,94 milliards de yens (2,85 milliards d’euros), manquant ses propres prévisions. Mitsubishi Corporation, la deuxième plus grosse entreprise du Japon, avait tablé sur un bénéfice net annuel de 420 milliards. Entre avril 2008 et mars 2009, le chiffre d’affaires du groupe a reculé de 3,1%.

Autant d’annonces qui n’ont pas empêché pour autant la Bourse de Tokyo de terminer la séance en petite hausse, de 0,5%, à son plus haut niveau depuis six mois.

Le Japon s’enfonce. Le gouvernement prédit une contraction de 3% du PNB en 2009. Le FMI redoute une croissance négative deux fois plus grave. Le chômage reste faible (4.1%). Le nombre de sans-emploi apparaît modéré. Mais c’est pour plusieurs raisons ; une est démographique. Depuis 2005, la population japonaise diminue à cause d’un taux de natalité qui ne permet pas le renouvellement des générations. L’autre raison est statistique : un bon nombre de demandeurs d’emplois, en particulier les temporaires, échappe au recensement.

Le nombre des sans emplois devrait augmenter rapidement. La majorité des grands groupes annoncent des pertes records, et en conséquence des licenciements massifs. Ce n’est plus seulement les intérimaires (un tiers des salariés) qui sont touchés. Toyota, dans le rouge pour la première fois depuis 1951, envisage sérieusement si la situation perdure de réduire son personnel fixe. Ce serait un premier pour ce groupe qui a élevé l’emploi à vie en dogme.

Le Japon est touché par la chute de la demande mondiale. Ses exportations sont en chute libre (- 48% pour l’année 2008). Mais le « choc des subprimes américains » comme la presse japonaise a surnommé la crise, frappe une économie fragilisée par une « décennie perdue », la stagnation qu’elle connaît depuis l’éclatement de la « bulle » en 1992.

Depuis 1992, le gouvernement s’est lancé dans une politique d’offre, d’investissements publics dans les infrastructures accompagnés de baisses importantes de l’impôt direct dont ont bénéficié les contribuables les plus riches. Cette politique est suicidaire pour les finances publiques. De 85% du PNB en 1992, la dette publique déjà très lourde, atteint aujourd’hui le seuil insupportable de 180% du PNB. Pour relancer la machine, le gouvernement a tricoté un nouveau plan de relance (2% du PIB) basé sur les grands travaux. Cet argent public limitera la casse sans doute à court terme. A sur la durée cette décision, dans la continuité des injections massifs des quinze derniers années pousse l’Etat japonais vers la banqueroute.

Le gouvernement japonais a approuvé mercredi le plus gros budget de l’Etat de l’histoire du pays, dans le but de financer des "mesures sans précédent" pour combattre une récession qui devrait s’aggraver.

Ce budget de 88.548 milliards de yens (720 milliards d’euros) pour l’exercice 2009-2010, qui démarre le 1er avril, a été adopté mercredi en conseil des ministres et sera débattu au parlement en janvier.

En hausse de 6,6% par rapport à 2008-2009, il prévoit réductions d’impôts et aides directes en numéraire pour les ménages, tout en diminuant les crédits de la défense et de l’aide au développement et en alourdissant la dette publique.

"Face à une situation économique extraordinaire, nous devons prendre des mesures sans précédent", a déclaré lors d’une conférence de presse le Premier ministre Taro Aso, un fervent partisan de la relance par la dépense publique.

Ces derniers mois, M. Aso a annoncé une série de plans de relance totalisant 44.000 milliards de yens (350 milliards d’euros), alors que la deuxième économie mondiale est entrée en récession au troisième trimestre.

"Il faut s’attendre à ce que la situation mondiale empire l’an prochain", a prédit M. Aso. "Le Japon ne peut échapper au tsunami de la récession mondiale. Mais en prenant des mesures radicales, nous avons l’ambition d’être les premiers à en sortir", a-t-il promis.

Les émissions de bons du Trésor pour financer ce budget record vont bondir de 31,3% à 33.290 milliards de yens. Le Japon alourdira ainsi considérablement sa dette publique, déjà la plus élevée de tous les pays développés. Le montant des bons du Trésor en circulation atteindra, fin mars 2010, un record de 581.000 milliards de yens. Parallèlement, les crédits de l’aide au développement chuteront de 4,0%, et ceux de la défense de 0,1%.

Les recettes fiscales devraient, quant à elles, dégringoler de 13,9% par rapport à 2008-2009, à 46.103 milliards de yens, en raison d’une chute des impôts sur les sociétés du fait du ralentissement économique.

Officiellement, le gouvernement table sur une croissance économique zéro en 2009-2010. Les institutions internationales sont beaucoup plus pessimistes : tant le Fonds monétaire international (FMI) que l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) prévoient une contraction de l’économie japonaise, frappée de plein fouet par le recul des exportations.

Arrivé au pouvoir en septembre, M. Aso, critiqué pour son grand train de vie et son goût pour les restaurants de luxe, a vu sa popularité chuter à grande vitesse au fur et à mesure que les problèmes économiques s’aggravaient.

Il a cependant exclu d’accélérer la convocation des élections législatives, normalement prévues en septembre 2009. "Alors que nous traversons la crise du siècle, ce n’est pas le moment de parler de ça", a-t-il affirmé.

Rompant avec les habitudes de ses prédécesseurs, M. Aso n’a pas parlé à la presse du haut d’une chaire, mais a expliqué les mesures économiques du gouvernement micro en main et à l’aide de tableaux et d’un pointeur.

Ces dernières semaines, le gouvernement a distribué au public des prospectus multicolores décrivant ces mesures, avec des bandes dessinées montrant des citoyens joyeux d’en bénéficier.

Les mesures d’urgence adoptées ces derniers mois par le gouvernement Aso comprennent notamment des réductions d’impôts pour les propriétaires de maisons, des prêts pour les petites entreprises et les chômeurs, et d’éventuelles injections de fonds publics dans le capital des banques.

M. Aso prévoit également de distribuer 2.000 milliards de yens (16,3 milliards d’euros) directement à la population, sous la forme d’une allocation unique en argent liquide qui atteindra par exemple 64.000 yens (520 euros) pour un couple avec deux enfants à charge.

.Le nouveau plan de relance de 90 milliards de dollars (68,3 milliards d’euros), annoncé lundi 6 avril par le premier ministre japonais Taro Aso, n’y changera pas grand-chose : c’est un véritable effondrement que connaît le Japon, première économie asiatique.

Les experts de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), qui sont les plus pessimistes sur son sort, lui prédisent un recul de son produit intérieur brut (PIB) de - 6,6 %. La banque HSBC parie, elle, sur - 6,5 %. L’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) escompte - 5,9 %. A titre de comparaison, le PIB des Etats-Unis, par lesquels la crise mondiale est arrivée, devrait régresser de - 4,4 %, selon l’OCDE. L’archipel nippon est donc confronté à la récession la plus sévère des pays industrialisés.

La chute se révèle "monumentale", selon l’expression de Danielle Schweisguth, économiste à l’OFCE, dans les domaines de la production industrielle et des exportations. "Le Japon a enregistré une baisse de 40 % de la production industrielle en février, commente Mme Schweisguth. Une baisse qui n’avait jamais été atteinte, ni durant la crise de 1990 où elle avait plafonné à - 10 %, ni au moment de l’éclatement de la bulle Internet où elle avait atteint - 14 %, au pire moment."

Les exportations ont suivi la même pente extraordinaire. "En glissement annuel en janvier, elles ont chuté de 50 %, ajoute-t-elle. Au mois d’août 2008, le Japon a donc connu un premier déficit inédit de sa balance commerciale et, depuis le mois de novembre, celle-ci demeure déficitaire."

"J’ai du mal à être optimiste pour l’avenir proche, conclut Mme Schweisguth. Le Japon ne dispose pas des ressources internes nécessaires pour repartir par ses propres forces. "

Messages

  • Dans le cadre de son plan de réduction de la dette qui a dépassé les 200% du PIB, le Japon pourrait augmenter sa TVA de 5% à 8% en avril prochain, puis à 10% en octobre 2015. Reste que cette mesure, encouragée par le FMI et la plupart des économistes, pourrait lourdement peser sur la consommation des ménages...

    Selon les analystes interrogés par Reuters, le PIB devrait avoir atteint + 3,6% en rythme annualisé sur avril-juin, après + 4,1% au premier trimestre. Shinzo Abe aurait par ailleurs commandé une série d’études afin de mesurer l’impact d’une telle mesure et aurait demandé à ses services d’étudier d’autres alternatives.

  • La croissance du Japon a ralenti entre avril et juin mais a atteint quand même 0,6% en rythme trimestriel, ce que le gouvernement a voulu voir comme un encouragement à sa politique de réforme.

    En récession au printemps et à l’été 2012, la troisième puissance économique mondiale avait commencé à rebondir en fin d’année, avant que son produit intérieur brut (PIB) ne décolle au premier trimestre (de 0,9% d’après de nouvelles données révisées).

  • Finalisant actuellement les contours de son budget pour l’année fiscale qui débutera le 1er avril 2014, le gouvernement de Shinzo Abe va devoir, malgré ses promesses de vigilance fiscale, émettre un montant record de bons du Trésor pour réussir à boucler son financement. Selon le Nikkei, le pays devrait ainsi émettre, au fil de la prochaine année fiscale, un montant total de 180.000 milliards de yens, soit l’équivalent de 1.270 milliards d’euros. A titre de comparaison, le gouvernement français estime, lui, qu’il devra lever 174 milliards d’euros sur l’année 2014. Malgré une amorce de réorganisation de ses recettes et de ses revenus fiscaux, Tokyo ne parvient désormais plus à financer par l’impôt qu’environ 50% de ses dépenses annuelles et se voit contraint de s’endetter en permanence. La dette publique totale de l’archipel dépasse ainsi le montant irréel de 1 million de milliards de yens, soit 250% du PIB du pays. Tokyo continue toutefois d’emprunter à des taux très faibles puisque les investisseurs institutionnels japonais achètent les yeux fermés les titres de leur Etat. Ils possèdent plus de 90% de la dette du pays. Ayant enclenché, en avril dernier, un vaste programme d’assouplissement quantitatif, la Banque du Japon achète ainsi, à elle seule, les trois quarts des titres publics émis chaque mois. A long terme, ce modèle de financement est toutefois jugé malsain par les experts qui pressent Tokyo de revoir en profondeur sa politique budgétaire. Le premier ministre Shinzo Abe a promis de s’attaquer à ce très complexe chantier mais il continue, pour le moment, d’annoncer de nouveau programme de dépenses publiques pour alimenter la croissance du pays.

  • Lundi, la publication des statistiques du PIB du troisième trimestre a créé un choc. La richesse du pays a diminué deux trimestres de suite, de 0,4 % au troisième trimestre, après 1,9 % au trimestre précédent. Autrement dit, selon la définition des économistes, le Japon est retombé en récession. Un échec cinglant pour Shinzo Abe, arrivé au pouvoir il y a deux ans, et de ses Abenomics.

  • La célébration bruyante des “Abenomics”, la stratégie de relance économique du premier ministre japonais Shinzo Abe, devient de plus en plus compliquée pour l’exécutif nippon et ses thuriféraires dans les maisons de courtage. Après avoir assisté impuissant à une brutale chute de la Bourse de Tokyo la semaine dernière et à la reprise d’un mouvement haussier du yen qui risque d’entamer les profits des entreprises, le gouvernement a révélé, ce lundi matin, que l’économie du pays s’était contractée à un rythme beaucoup plus brutal que prévu sur les derniers mois de 2015.

    Selon les dernières données, le PIB a baissé de 1,4% en rythme annualisé sur la période allant d’octobre à décembre, quand les analystes consultés par Bloomberg anticipaient, en moyenne, une contraction de 0,8%. Par rapport au troisième trimestre, ce recul atteint 0,4%, et ne permet au pays de ne générer qu’une croissance de 0,4% sur l’ensemble de 2015, qui avait pourtant été annoncée par Tokyo comme l’année du grand rebond après une récession en 2014. Au cours des trois années qu’il a passé à la tête du pays, depuis son retour fin 2012, Shinzo Abe aura vu l’économie japonaise vivre cinq trimestres en contraction.

  • A l’international, les multinationales nippones sont aussi malmenées par le ralentissement des grands pays émergents, tels que le Brésil ou la Chine, où ils ont massivement investi, mais aussi par une baisse aux Etats-Unis des commandes de produits “Made in Japan” notamment d’équipements destinés au secteur minier. Sur le dernier trimestre de 2015, les exportations nippones ont ainsi reculé de 0,9% en valeur, et à un rythme plus fort encore en volumes.

  • La crise s’aggrave au Japon

    La dette publique du Japon, sous le gouvernement Abe, a atteint son sommet : 234,7% !!! A comparer aux malheureux 96,5% de la France et aux 106,6% des USA… Même la Grèce n’en est qu’à 181% !!!

    5,2 % de croissance en 1990, 4,4 % en 1991 et seulement 1,8 % l’an dernier. Quant à l’année en cours, les prévisions évoluent entre 1 % et 2 %.

    Aide massive aux capitalistes : deux plans en ce sens, en août dernier, puis en mars 1993 (un total de 23. 500 milliards de yens, soit ...1.150 milliards de francs).

    Tout cela pour n’enclencher aucune relance économique !!!!

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