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Où en est la crise mondiale en novembre 2021 ?

vendredi 19 novembre 2021, par Robert Paris

Où en est la crise mondiale en novembre 2021 ?

Tout en accusant la pandémie de cette chute, l’OTAN reconnaît « la plus forte baisse synchronisée du PIB mondial dans l’histoire moderne » y compris par rapport à la chute de 2007-2008…

Source : https://www.nato-pa.int/fr/document/2021-crise-economique-mondiale-implications-et-perspectives-rapport-oztrak-018-escter-18-f

Quelles perspectives pour l’OTAN : « Les défauts de paiement de la dette, précipités par la hausse des taux d’intérêt pourraient semer sur les places financières une panique qui se répandrait comme une traînée de poudre en raison des charges de la dette que les gouvernements ont assumées. Des économies paralysées par la récession ont dû composer avec des recettes fiscales en chute libre et de nouveaux impératifs d’emprunt. »

Le seul espoir : faire durer un petit peu le système à coups d’intervention étatiques et institutitionnelles : « S’ils restent peu élevés, les taux d’intérêt et d’inflation pourraient prolonger l’état de grâce qui permet aux gouvernements de poursuivre leur politique monétaire et budgétaire à l’appui de leur économie pendant le processus de relance. »

Au niveau européen, les gouvernants déclarent : « Nous continuerons de soutenir la reprise en évitant de supprimer prématurément les mesures de soutien, tout en préservant la stabilité financière et la soutenabilité budgétaire de long terme et en nous protégeant contre les risques baissiers et les retombées négatives. »

Source : https://www.vie-publique.fr/discours/282284-presidence-de-la-republique-01112021-sommet-du-g20

Ils affirment tout faire pour maintenir le château de cartes du capitalisme : « Nous réaffirmons notre détermination à renforcer la résilience financière à long terme et à contribuer à une croissance solidaire, notamment en promouvant des flux de capitaux durables, en développant les marchés de capitaux en devise locale et en préservant un filet de sécurité financière mondial solide et efficace articulé autour d’un FMI fort, fondé sur les quotes-parts et doté des ressources adéquates. Nous attendons avec intérêt le futur examen de la Position institutionnelle du FMI sur la libéralisation et la gestion des flux de capitaux, qui s’appuie notamment sur le cadre d’action intégré de l’organisation. »

Un banquier communique :

Depuis plusieurs jours, des informations en provenance des banques centrales envoient un message qui constitue une prise de conscience, bien que tardive, des risques systémiques que leur politique monétaire pourrait entraîner.
Sur fond d’un endettement record, la politique budgétaire des Etats représente une menace économique beaucoup plus grave que la COVID-19, selon l’OCDE. Les principales banques centrales ont engrangé 9.000 milliards de dollars d’emprunts souverains.

https://www.lemonde.fr/blog/finance/2021/11/

On y voit que BCE, FED et banque du Japon interviennent chacune à hauteur vertigineuse de quatre milliards et demi de dollars, record historique pour chacune qui provient d’interventions folles dans l’économie…

Des problèmes croissants dans l’économie mondiale et le système financier par Nick Beams (WSWS)

S’il y a un mot qui résume les évaluations de l’état de l’économie mondiale et la question connexe de l’état des marchés financiers, ce serait celui de la confusion.

Personne n’a d’estimation claire de la direction que prend la croissance mondiale, de la durée de la flambée actuelle d’inflation ou de son impact, ni de quand les problèmes de chaînes d’approvisionnement s’atténueront. Malgré l’insistance tant vantée des banques centrales qu’elles fournissent des « orientations prospectives », on ne sait pas où elles vont sur des aspects cruciaux de la politique monétaire, entraînant des turbulences sur les marchés obligataires.

En plus de cela, il y a l’impact de la récente vague d’infections à la COVID-19 en Europe de l’Est, l’Organisation mondiale de la santé avertissant qu’il pourrait y avoir 500 000 autres décès dû au coronavirus en Europe d’ici février, en plus des 1,4 million de gens déjà décédés.

Un article du Wall Street Journal leweek-end dernier souligne la perplexité des milieux dirigeants. Il déclare que le « retour » de l’économie mondiale après la profonde contraction de l’année dernière « approche d’un moment délicat, alors que les marchés, la politique et les dirigeants de l’économie se débattent avec la transition cahoteuse de la réouverture post-pandémique à un rythme de croissance plus normalisé ».

Les banques centrales, déclare-t-il, tentent de tracer une voie qui freinerait l’inflation sans étouffer la croissance alors qu’elles « naviguent dans le processus de sevrage des économies des mesures extraordinaires – comprenant des taux d’intérêt au plus bas et d’énormes programmes d’achat d’obligations – déployées pour soutenir leurs économies ».

Le plan des banques centrales et des autorités gouvernementales – dans la mesure où elles en avaient un – était qu’après une première poussée d’inflation, la hausse des prix s’avérerait « transitoire » et que l’économie reprendrait une évolution « normale ».

Ce scénario en rose a volé en éclats. L’inflation est de 5 pour cent aux États-Unis, avec peu de signes de ralentissement ; au Royaume-Uni, la Banque d’Angleterre prévoit qu’elle atteindra 5 pour cent l’année prochaine ; et elle est en hausse dans la zone euro.

S’adressant aux journalistes après la réunion de la Réserve fédérale mercredi dernier, son président, Jerome Powell, a déclaré qu’il était « très, très difficile de prévoir et pas facile de définir une politique ».

« L’inflation a été plus élevée que prévu et les goulots d’étranglement ont été plus persistants et plus répandus. Nous voyons maintenant que cela est bien parti pour persister jusqu’à l’année prochaine et au-delà. On ne s’y attendait pas, et d’autres macro-prévisionnistes n’ont pas fait mieux. »

Le taux de croissance américain a nettement ralenti au troisième trimestre, connaissant son plus bas niveau depuis le début de la reprise après la récession pandémique.

En Chine, deuxième économie mondiale, les inquiétudes concernant son taux de croissance augmentent alors que les problèmes du secteur immobilier, l’un des principaux moteurs de l’économie, se poursuivent.

On a annoncé vendredi que les actions du promoteur immobilier Kaisa Group Holdings avaient été suspendues à Hong Kong après que la société eut annoncé qu’elle avait manqué l’échéance sur ses dettes. Cela indiquait « une pression sans précédent sur ses liquidités » – le même problème que celui ayant amené le géant immobilier Evergrande à manquer les paiements sur la dette offshore.

La société financière japonaise Nomura a prévenu que la croissance chinoise ralentirait à un taux annuel de 3 à 4 pour cent au cours des prochains trimestres. Kevin Lai, économiste en chef chez Daiwa Capital Markets, a déclaré au Wall Street Journal que le ralentissement chinois allait « être plus important et plus long qu’on ne l’a jamais observé au cours des 10 dernières années ».

L’Allemagne, la plus grande économie d’Europe et la quatrième au monde, « devrait stagner au cours des prochains mois alors que les goulots d’étranglement de l’approvisionnement pèsent sur le puissant secteur manufacturier du pays, en particulier dans l’industrie automobile ». La production manufacturière était inférieure de 10 pour cent en septembre par rapport aux niveaux d’avant la pandémie.

Les perspectives très incertaines pour l’Europe expliquent en grande partie pourquoi la présidente de la Banque centrale européenne, Christine Lagarde, a tellement insisté sur le fait que, malgré les pressions pour resserrer la politique monétaire en raison de la hausse de l’inflation, une hausse des taux en 2022 était « hors de considération ».

Le commentaire de Lagarde pointe le dilemme auquel sont confrontées toutes les banques centrales. D’une part, l’inflation les pousse à resserrer les taux. D’autre part, ils craignent que cette option impliquant une plus faible croissance et des niveaux d’endettement élevés – la conséquence des politiques d’assouplissement quantitatif de la dernière décennie au moins qui ont vu 23 000 milliards de dollars injectés dans le système financier – n’entraîne des turbulences économiques et financières et même une crise.

Cependant, les messages contradictoires et la hausse de l’inflation posent des problèmes majeurs. Initialement, les grands investisseurs ont accepté le scénario des banques centrales selon lequel les hausses de prix seraient de courte durée et ont fait leurs paris spéculatifs en conséquence. Mais la persistance de l’inflation a fait grimper les rendements à court terme du marché et baisser le prix des obligations – les deux ont une relation inverse.

Cette tendance a été alimentée par les commentaires du gouverneur de la Banque d’Angleterre (BoE), Andrew Bailey, en octobre, selon lesquels la banque centrale « devrait agir » si l’inflation s’avérait obstinément élevée. En l’occurrence, la BoE a décidé la semaine dernière de ne pas relever son taux, provoquant de violents mouvements en sens inverse.
Certains grands fonds spéculatifs ont perdu d’importantes sommes d’argent, atteignant des milliards de dollars. Le mouvement des taux est peut être relativement faible, mais les pertes peuvent être élevées parce que les fonds spéculatifs empruntent de grosses sommes d’argent pour faire leurs paris.

Selon des informations parues dans la presse financière, le fonds spéculatif Rokos Capital basé à Londres, qui gère 12,5 milliards de dollars d’actifs et a été en quelque sorte un leader du marché en raison de ses succès passés, a perdu 27 pour cent jusqu’à présent cette année et 18% pour cent le mois dernier.

Au milieu des turbulences sur le marché obligataire à court terme le mois dernier – le Financial Times (FT) l’a décrit comme un « enfer » – il y a un problème à plus long terme. Cela concerne le fonctionnement des titres du Trésor de 22 000 milliards de dollars et l’effondrement qu’il a subi en mars 2020 au début de la pandémie.

Ce marché, qui constitue la base du système financier mondial, serait le plus liquide et le plus sûr au monde. Cependant, au début de la pandémie, il s’est pratiquement figé lorsque les obligations du gouvernement américain n’ont plus trouvé aucun acheteur. Plutôt que de chercher un « refuge » dans les achats de dette publique, il y eut une « ruée sur l’argent liquide ».

L’opinion universelle dans les milieux de la politique financière est qu’un tel événement, qui avait le potentiel de déclencher une crise allant au-delà de celle de 2008, ne devait plus jamais se reproduire.

Il y eut une série d’enquêtes sur les sources de la crise. Elle ne s’est terminée que grâce à l’intervention massive de la Fed, qui a doublé ses avoirs en actifs financiers de 4 000 milliards à plus de 8 000 milliards de dollars pratiquement du jour au lendemain. Mais aucun diagnostic définitif n’a émergé, encore moins une solution possible.

Un article du chroniqueur du FT John Dizard le week-end dernier fait remarquer que le marché du Trésor américain était « mal doté pour financer » les dépenses budgétaires finalement adoptées par le Congrès. Cela était connu du gouvernement et des régulateurs du marché, et ils avaient travaillé au développement d’une nouvelle structure de marché.

« Le Trésor, la Fed et les régulateurs comme [Gary] Gensler [président de l’Autorité des marchés financiers, AMF] sont hantés par la paralysie du marché du Trésor en mars de l’an dernier, qui a secoué les marchés mondiaux », écrit-il.

Mais jusqu’à présent, aucun plan n’a été élaboré. L’un des problèmes est l’engagement accru des fonds spéculatifs.

Un document de recherche publié par la Fed en octobre notait que « les fonds spéculatifs jouent un rôle de plus en plus important sur le marché du Trésor américain ». Il révélait que l’exposition financière des grands fonds spéculatifs sur le marché du Trésor américain avait « doublé de début 2018 à février 2020, atteignant 1,450 milliards de dollars et 940 milliards de dollars d’exposition longue et courte, respectivement ».

Il indiquait que le doublement était dû à des opérations d’arbitrage relatives soutenues par des augmentations correspondantes des emprunts à court terme de fonds d’État.

L’arbitrage fait référence à des investisseurs, principalement des fonds spéculatifs, profitant de différences faibles et passagères dans diverses parties du marché pour gagner de l’argent ; les paris financiers sont financés par des emprunts à très court terme, soit auprès de la Fed, soit d’autres banques et sociétés de financement.

En temps normal, de telles opérations peuvent contribuer au bon fonctionnement du marché, mais dans des conditions de choc soudain, comme le début de la pandémie, elles peuvent devenir la source d’une crise.

Dizard indique que l’un des plans à l’étude était un mécanisme de chambre de compensation qui agirait simultanément en tant que vendeur pour tous les acheteurs et acheteur pour tous les vendeurs. Mais il cite un rapport de la Securities and Financial Markets Association qui met en doute son efficacité.

Dans une note publiée en mars dernier, ce rapport indiquait : « Même avec la plupart des transactions du Trésor compensées de manière centralisée, il est très peu probable qu’une capacité suffisante ait été libérée pour absorber ‘la ruée vers l’argent liquide’ des investisseurs survenu l’an dernier. »

Les récentes turbulences sur les marchés obligataires, dans des conditions de problèmes totalement imprévus, tels que l’inflation, les difficultés de chaînes d’approvisionnement et la poursuite de la pandémie, indiquent que la crise qui a éclaté il y a 20 mois pourrait refaire surface.

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