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Orchestration des pénuries économiques et de l’inflation spéculative en Occident

dimanche 18 septembre 2022, par Khider Mesloub

Orchestration des pénuries économiques et de l’inflation spéculative en Occident

L’hypocrisie des dirigeants occidentaux est sans limites. Hier, ces gouvernants confinaient leurs populations sous prétexte de les protéger de la mort liée au Covid-19. Aujourd’hui, ils invitent ces mêmes populations à sacrifier leur vie pour défendre la lointaine Ukraine, cette petite Russie, berceau de l’Église orthodoxe russe. Donc, pays (L’Ukraine) situé en dehors de l’Union Européenne.
Avec la bourgeoisie occidentale la plus bête du monde, l’imposture sanitaire aura été démasquée plus précocement.

Une chose est sûre : en Occident, aujourd’hui la guerre sociale, entamée à la faveur de la pandémie, menée par la classe dominante contre le prolétariat se poursuit par l’orchestration des pénuries des produits essentiels, et surtout le renchérissement des tarifs des matières énergétiques, ces inflations spéculatives infamantes et affamantes.

En réalité, la pandémie de covid-19, politiquement instrumentalisée à des fins contre insurrectionnelles par la militarisation de la société, avait servi de paravent sanitaire pour impulser la première phase de l’orientation de la production vers l’économie de guerre, matérialisée par l’imposition de la production exclusive des biens dits essentiels, autrement dit indispensables à la défense nationale dans la perspective de la préparation à la guerre généralisée. La gestion sécuritaire de la pandémie constitua la répétition générale de l’économie de guerre. Ce fut la préfiguration de la militarisation de la société et de la caporalisation des mentalités. Au cours de la prétendue crise sanitaire, les États occidentaux jetèrent les premières bases de la centralisation étatique de la production, de l’organisation et de la planification de l’économie pour l’orienter vers la fabrication exclusive des biens dits essentiels, indispensables à l’instauration d’une économie de guerre. « Nous allons durablement devoir nous organiser dans une économie de guerre », vient de déclarer, sur un ton martial, le président français, Macron.

Ce faisant, dans le prolongement de la crise sanitaire, orchestrée par les États occidentaux, durant laquelle l’économie fut délibérément mise à l’arrêt ou, plutôt, réorientée vers la production des biens essentiels, entraînant une désorganisation de la production mondiale et un infléchissement vers la « relocalisation », la guerre en Ukraine (provoquée et attisée par l’OTAN) accentue et accélère ce processus de « démondialisation » et de découpage induit par l’économie de guerre et le militarisme. En effet, avec l’exacerbation des tensions commerciales et militaires, le monde s’achemine vers la fragmentation de la mondialisation avec la constitution de blocs de pays aux fondements idéologiques irréconciliables, dont les échanges commerciaux seront fortement réduits, voire rompus.
Nul doute, la guerre entre l’Ukraine et la Russie s’inscrit dans un conflit plus ample qui oppose, au vrai, la première puissance occidentale, les États-Unis, à son concurrent économique actuel, la Chine.
À cet égard, depuis l’apparition de la pandémie politiquement instrumentalisée et, surtout, le déclenchement de la guerre entre l’Ukraine et la Russie, on aura remarqué, au sein du bloc atlantiste, le battage médiatique réservé au discours chauviniste relatif à la politique de relocalisation prônée par la bourgeoisie et son État, et à l’indépendance énergétique.

Tous les médias occidentaux encensent cet agenda de rapatriement des entreprises, précédemment délocalisées, au bercail national ; vantent les mérites du projet d’indépendance et de sécurité énergétique.

Que révèle ce programme de relocalisation des entreprises multinationales vers la « mère patrie », prôné par les pays occidentaux ?

La première raison est d’ordre socioéconomique. À force de contractions salariales réelles, de pressions sur la productivité du travail salarié, d’intensification des cadences de travail, le capital des pays occidentaux est parvenu à égaler les dramatiques conditions d’exploitation de la force de travail des pays émergents et sous-développés. Assurément, conscient de la dégradation des conditions sociales et salariales de « ses » prolétaires autochtones, le capital occidental a commencé à mettre en adéquation le futur mode de vie des prolétaires désormais impécunieux, par l’élimination graduelle des secteurs dits non-essentiels. En effet, soumis à de telles misérables conditions de vie et de travail, le prolétaire « occidental », du fait de son impécuniosité et épuisement professionnel, n’aura plus ni les moyens financiers ni le temps de s’offrir des loisirs et des vacances, pour reconstituer sa force de travail surexploitée.

La seconde raison pour laquelle les pays occidentaux œuvrent à la relocalisation des entreprises est d’ordre impérialiste. Dans l’actuel contexte des préparatifs de guerre contre la Chine, comme l’avait déclaré lucidement Donald Trump devant l’assemblée parlementaire de l’OTAN : « un pays débiteur – importateur – et client dépendant – ne peut entrer en guerre contre un pays créditeur – exportateur – et fournisseur de biens stratégiques essentiels » (il visait la Chine et, indirectement, la Russie).

Actuellement, la guerre entre les pays pour l’approvisionnement des marchés occidentaux, dépendants des fournisseurs manufacturiers chinois, a pris des proportions alarmantes, sans oublier la dépendance vis-à-vis des matières énergétiques russes, du pétrole « arabe », des matières premières et provisions des pays du Sud. La dernière dépendance relevée par les pays occidentaux, paralysant de nombreuses entreprises, concerne les composants électroniques fabriqués exclusivement en Asie (les États-Unis et les pays atlantistes, notamment européens, ne produisent que 10% des semi-conducteurs sur leurs territoires), en particulier Taïwan, actuellement enjeu de tensions bellicistes entre les États-Unis et la Chine.
Aussi, pour se conformer aux recommandations de Trump qui préconise, comme on l’a rapporté plus haut, l’indépendance économique avant de mener une guerre contre un pays fournisseur, les pays occidentaux ont commencé à mettre en application ce programme d’économie auto-suffisante matérialisée par la « relocalisation » de la production manufacturière établie jusqu’à présent majoritairement en Chine, la réorganisation de la politique d’approvisionnement en matière des énergies fossiles.

Au vrai, les actuelles pénuries des produits manufacturés et énergétiques répandues en Occident sont délibérément planifiées pour acculer les pays atlantistes, c’est-à-dire le capital occidental, à réorganiser leur production et approvisionnement indépendamment des pays de l’Alliance de Shanghai et de la Russie, afin de pouvoir poursuivre leurs préparatifs de guerre en toute indépendance (notamment contre la Chine : cible principale). Mais, également, pour justifier la hausse des prix que les prolétaires devront supporter, induisant la baisse de leur pouvoir d’achat. Donc la dégradation de leurs conditions sociales, l’affaiblissement de leur résistance, facilitant ainsi leur soumission et leur enrôlement dans la future guerre généralisée en préparation par le grand capital. Un prolétariat affamé et atomisé devient plus aisément corvéable et exploitable, plus perméable à l’endoctrinement idéologique nationaliste belliqueux, et, par extension, à l’enrôlement militaire dans l’imminente guerre généralisée en préparation.

Nous sommes en guerre, ne cessent de marteler les gouvernants des pays européens. En période de guerre, la règle demeure la mobilisation générale pour assurer la souveraineté économique du pays, en vue de renforcer sa puissance et assurer avec succès sa croissance. Or, les pays européens, notamment la France, semblent organiser, à des fins stratégiques, délibérément leur « sabordage économique spéculatif ».

Le cas de la France est, à cet égard, exemplaire. Alors qu’elle est censée être confrontée à une crise énergétique nécessitant la mobilisation générale des structures étatiques et privées pour augmenter la production de l’énergie électrique en vue de renforcer les capacités productives du pays, d’assurer la pérennité de l’approvisionnement et la stabilité des tarifs, on apprend que, sur les 56 réacteurs nucléaires que compte la France, 32 sont curieusement à l’arrêt. Autrement dit, la majorité du parc nucléaire français est délibérément mis à l’arrêt, sous prétexte de réfection, entraînant par voie de conséquence la chute de la production d’électricité. Et, par effet mécanique, l’augmentation exponentielle des prix. De sorte que le prix de gros pour l’électricité est passé en un an de 85 euros le MWh à plus de 1000 euros aujourd’hui.

Ainsi, l’État français orchestre délibérément des pénuries dans de nombreux secteurs économiques vitaux, sources d’inflation spéculative. Ce sabordage nucléaire, à l’instar du sabotage sanitaire matérialisé par la destruction de millions de masques et l’orchestration de la pénurie des respirateurs au début de la pandémie, servira-il de prétexte pour instaurer un « confinement énergétique », couplé à un rationnement et des coupures de courant ?

Cette perspective de « confinement énergétique » fut déjà officiellement évoquée par le gouvernement irlandais, comme l’avait rapporté, début juin 2022, le journal Irish Independent. Ce quotidien avait indiqué qu’un « exercice de planification de haut niveau » a été arrêté, avec « trois scénarios possibles pour faire face au déficit d’approvisionnement en carburant ». Cet exercice aurait mobilisé « toutes les principales agences de l’État et le gouvernement ». Une série de mesures possibles avait fuité, notamment celle rapportant que « tous les travailleurs non essentiels recevront l’ordre de travailler à domicile », ainsi que la mise en place d’une limitation pour « tous les déplacements en voiture non essentiels », mais aussi un contrôle strict « de la quantité de carburant que les automobilistes peuvent acheter à tout moment ». Tout cela sur fond d’un « confinement énergétique » généralisé.

Par ailleurs, depuis le début de la pandémie, à plus forte raison depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine, du fait des multiples mesures restrictives et des successifs confinements imposés par les gouvernements, et en raison de l’hyperinflation induisant une érosion du pouvoir d’achat, la production dans les services subit une très forte baisse, notamment dans les secteurs de la culture (arts, spectacles et activités récréatives, en proie à une très forte baisse de fréquentation), les secteurs de l’hôtellerie et de la restauration, avec un recul particulièrement prononcé dans l’hébergement. Sans oublier le secteur du tourisme. Tout porte à croire que, dans ce contexte d’économie de guerre, ces secteurs du tertiaire « parasitaires » sont délibérément sacrifiés pour axer la production sur l’économie de la défense nationale.

De manière générale, toute l’élite bourgeoise, depuis les politiciens jusqu’aux économistes en passant par les médecins et autres prétendus experts scientifiques, avaient incriminé le coronavirus d’être responsable de la crise économique. Actuellement, c’est la lointaine guerre locale d’Ukraine qui est incriminée. Le Covid-19 a bon dos. En vérité, le coronavirus constitue un simple symptôme visible du capitalisme occidental en déclin. Et nullement la cause de la crise du capitalisme moribond. En effet, depuis des années, sur le fondement de rapports alarmistes, les scientifiques alertaient sans cesse les pouvoirs publics sur la menace d’une pandémie provoquée par les coronavirus. Les gouvernants occidentaux ignorèrent délibérément les alertes des scientifiques. Pour quel motif ? Car, du point de vue du capital, hors de question pour l’État d’investir dans les politiques de prévoyance, de logistiques anticipatoires (notamment dans l’achat des canadairs pour parler d’un thème d’une brulante actualité : les feux de forêt). Pour le capitalisme, la prévention est une dépense superflue, inutile. Surtout elle ne rapporte aucun profit. Aussi, la prévention n’est jamais intégrée dans la logique comptable capitalistique. Mais elle est amplement intégrée dans sa stratégie d’instrumentalisation politique.
Certes la pandémie du coronavirus aura contribué à l’éclatement foudroyant du système économique occidental. Mais la chute avait entamé sa dégringolade depuis des années. En réalité le coronavirus n’aura joué qu’un rôle d’accélérateur d’une tendance économique récessive à l’œuvre depuis plusieurs années. Déjà, les premiers signes alarmants s’étaient manifestés lors de la crise 2007-2008, devant laquelle la crise actuelle est autrement plus foudroyante et dévastatrice. Si la crise de 2007-2008 affecta principalement le secteur financier, illustrée par l’effondrement de plusieurs banques, la crise présente est protéiforme, elle frappe le poumon de l’économie occidentale, en l’espèce la production. L’effondrement est général.
Au-delà du ralentissement de l’économie, de la chute du secteur touristique, des compagnies aériennes, se profile la débâcle du commerce des pays occidentaux, et surtout la chute de la production. Dans la majorité des pays occidentaux les usines tournent au ralenti en raison de la déstabilisation des chaînes d’approvisionnement, des pénuries des composants électroniques, des matières premières. Et surtout du renchérissement du prix des matières premières et énergétiques.

Aucun pays du bloc atlantiste n’échappe à l’effondrement de son économie. C’est tout le système capitaliste occidental qui menace de s’écrouler. En dépit de l’injection de milliers de milliards de dollars et de l’étatisation de l’économie, le déclassement des pays occidentaux est inéluctable. L’économie du bloc occidental est au bord de l’implosion, accentuée par les sanctions économiques instaurées contre la Russie, sous l’instigation des États-Unis.

Assurément, la pandémie du coronavirus se manifesta-elle à point nommé pour servir de couverture politique et d’argumentation explicative à l’effondrement de l’économie occidentale depuis longtemps prévisible. De même, le déclenchement de la guerre en Ukraine arrive-t-elle à point nommé pour occulter les véritables mobiles économiques de la récession actuelle.

Ces explications idéologiques incriminant, d’abord un microscopique virus, puis la guerre locale ukrainienne, d’être responsables de la débâcle de l’économie occidentale (mondiale) est aberrante. Elles visent à exonérer le capitalisme. La bourgeoisie occidentale ne peut admettre son incapacité notoire à faire fonctionner son système capitaliste devenu chaotique et irrationnel.

Face à chaque catastrophe économique provoquée par les contradictions du capital (surproduction, baisse du taux de profit, saturation des marchés, exacerbation des tensions commerciales), la bourgeoisie occidentale brandit chaque fois des explications fantaisistes aux fins de disculper sa responsabilité dans la débâcle de son système capitaliste. Déjà, lors de la crise de 1973, responsable de la flambée du chômage endémique et de l’inflation galopante, la bourgeoisie occidentale avait invoqué la hausse du prix du pétrole pour expliquer ces deux phénomènes, inhérents en vrai au mode de production capitaliste. Tout se passe comme si la hausse du pétrole serait extérieure au système, et non constitutive du fonctionnement normatif du commerce capitaliste marqué par les oscillations des prix, les fluctuations de la conjoncture économique soumise en permanence aux pressions et tensions de la concurrence.

Actuellement, la bourgeoisie occidentale, en proie au déclassement économique, invoque la guerre en Ukraine pour expliquer l’effondrement de son économie. Mieux : elle accuse la Russie d’être responsable de la récession. La guerre en Ukraine devient « la faute de la Russie totalitaire », et non pas du capitalisme en récession. Comme si la Russie n’était pas partie intégrante du capitalisme mondial, aujourd’hui en plein déclin.

Aussi, la bourgeoisie occidentale, pour justifier l’austérité économique imposée aux prolétaires, ces sacrifices présentés comme de regrettables dommages collatéraux induits par les nécessaires mesures de rétorsion contre la totalitaire Russie qu’il convient impérativement d’affaiblir, recommande-t-elle (pour ne pas dire exige-t-elle), sous couvert de solidarité avec le peuple ukrainien et de défense des libertés, la réduction de la consommation des produits essentiels, notamment des matière énergétiques, matérialisée par la diminution de la consommation du chauffage.

Pour autant, les sanctions pénalisent principalement les pays européens. À preuve. Les mesures de rétorsion économique contre la Russie qui entraînent des pénuries de matières premières dans tous les pays européens. De même, ces sanctions induisent la perte de marchés en Russie pour les entreprises européennes. Les prix des matières premières flambent, impactant celui de nombreuses marchandises.

Aujourd’hui, les peuples européens, toujours tétanisés par la gestion criminelle de la pandémie, assistent, impuissants, à l’amplification de la crise économique, à l’aggravation de leur misère, à l’accentuation de l’exploitation de la classe ouvrière. Le grand capital occidental fait payer l’effondrement économique de son système aux classes populaires, aux classes moyennes et petites couches entrepreneuriales devenues économiquement « inutiles », réduites au chômage et précipitées dans la paupérisation absolue.
Globalement, le monde entier assiste à la déconfiture du système économique occidental. À la débâcle de l’ordre social occidental dominant. À l’échec historique de la classe bourgeoise occidentale sénile. À la militarisation de la société occidentale impulsée par les classes dominantes apeurées, aux fins de tenter de sauver leur système en pleine décomposition. À la fuite en avant belliciste et guerrière de pays occidentaux en putréfaction morale et politique.

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