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En Egypte, une équation à hauts risques pour les classes dirigeantes : Une crise économique doublée d’une crise sociale et unifiée par une crise de la domination politique égale les conditions possibles d’une révolution
mercredi 26 janvier 2011, par
En Egypte une équation à hauts risques pour les classes dirigeantes :
Une crise économique doublée d’une crise sociale et unifiée par une crise de la domination politique égale les conditions possibles d’une révolution
L’insurrection actuelle est la combinaison de toutes ces crises qui peuvent se terminer en crise de la domination de la bourgeoisie...
A la crise de l’eau, à la crise du riz, à la crise des prix notamment de l’huile et du sucre, à la crise du logement, à la crise du chômage des jeunes, à la misère généralisée et à la paupérisation d’une fraction croissante de la population, aux risques liés au terrorisme pour le tourisme, il a fallu rajouter la crise mondiale et, bien entendu, les risques liés à l’ambiance de fin de régime de la domination de Moubarak...
Depuis le second semestre de 2008, le taux de croissance de l’économie égyptienne a connu des difficultés à cause de l’impact négatif prolongé de la crise financière mondiale sur l’économie du pays le plus peuplé du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord.
Née de la tourmente du secteur financier américain, la crise financière s’est répandue à peu près dans tous les secteurs dans le monde entier, dont l’Egypte.
Au cours du second semestre de 2008, les conséquences négatives de la crise financière ont commencé à toucher l’économie égyptienne dans plusieurs domaines, notamment les principaux secteurs qui contribuent aux revenus du pays.
Au début de la crise financière, le Premier ministre Ahmed Nazef avait indiqué que la crise mondiale en cours pourrait affecter son pays sur trois volets, à savoir le secteur bancaire, le marché boursier et le taux de croissance économique.
L’Egypte est convaincue que le système bancaire, qui a été réformé ces dernières années, est assez fort pour résister à la crise.
Pourtant, les effets de la crise ont touché les principales sources de revenus du pays, dont l’industrie touristique, les exportations d’énergie, les péages au Canal de Suez et les envois de fonds des travailleurs expatriés.
L’industrie touristique a toujours été l’une des principales industries de l’Egypte. En 2008, quelque 12,8 millions de personnes venues des quatre coins du monde ont visité l’Egypte et apporté quelque 11 milliards de dollars aux revenus du pays, soit près de 8,5% du produit intérieur brut de l’Egypte.
Mais les statistiques indiquent que le taux de croissance de fréquentation des touristes étrangers est en baisse depuis le mois d’octobre 2008. Le taux de réservation hôtelières n’étant que de 40% environ.
Selon l’association des Agences de voyage égyptienne, on estime à seulement 6% la hausse de l’afflux de touristes étrangers pour les quatre prochaines années, par rapport à quelque 16,6% au cours des quatre dernières années.
Durant l’année fiscale 2007-2008 (juin 2008), les envois de fonds des travailleurs expatriés ont atteint 8,56 milliards de dollars. Mais la plupart des travailleurs migrants égyptiens vivent dans les pays du Golfe, qui luttent également contre les effets négatifs de la crise financière.
Les revenus du Canal de Suez, qui ont atteint un record de 5,2 milliards de dollars en 2008, demeurent l’une des sources les plus stables du revenu égyptien. Ce revenu a aussi chuté récemment en raison de la diminution du nombre de navires qui empruntent les voies navigables internationales à cause de la crise mondiale et de la menace des pirates au large de la Somalie proche des eaux de la mer Rouge.
Selon l’agence de presse MENA, Les revenus du Canal Suez se sont élevés à 301,8 millions de dollars en février, soit une baisse de 25% par rapport au revenu de 408 millions de dollars enregistré pour la même période en 2008.
L’économie égyptienne a connu une croissance de 7,2% au cours de l’année fiscale 2007-2008 et une hausse de 7,1 % durant l’année fiscale 2006-2007.
On estime que la crise financière pourrait ralentir le taux de croissance économique de l’Egypte de moins de 6% à plus de 7%.
Messages
1. En Egypte, une équation à hauts risques pour les classes dirigeantes : Une crise économique doublée d’une crise sociale et unifiée par une crise de la domination politique égale les conditions possibles d’une révolution, 26 janvier 2011, 20:24, par Mourad
L’Egypte, comme de nombreux pays en Afrique et dans le monde, est confrontée à une hausse folle des prix du carburant et des denrées alimentaires telles que le pain ou le riz. Le prix de la farine a doublé, sinon triplé en quelques mois. Cette hausse, qui s’est répercutée sur le prix du pain, explique l’allongement des files d’attente devant les fours à pain « baladi », subventionnés par l’Etat mais de basse qualité. Un symptôme parmi d’autres de la crise économique qui touche le pays : montée en flèche continue des prix, stagnation des salaires.
Les 30 millions d’Egyptiens qui survivent avec moins de 1,5 euro par jour sont particulièrement touchés par la flambée des prix. Pour lutter contre celle-ci, le gouvernement a récemment annulé les droits de douane sur l’importation de certains produits, et augmenté les subventions publiques sur la farine de blé et l’huile de cuisine. Il a par ailleurs promis de fixer « prochainement » le salaire minimum à 450 livres (environ 55 euros).
2. En Egypte, une équation à hauts risques pour les classes dirigeantes : Une crise économique doublée d’une crise sociale et unifiée par une crise de la domination politique égale les conditions possibles d’une révolution, 29 janvier 2011, 06:46, par Ali
S’étant longtemps appuyé sur les puissances occidentales, le pouvoir égyptien chavire. Lui qui a maintenu, durant au moins trois décennies, une chape de plomb sur un peuple de plus en plus pauvre, mais exigeant, est à présent assiégé par des manifestations gigantesques qui demandent non seulement des réformes économiques et politiques, mais également le départ du raïs.La dictature ne date pas de Hosni Moubarak. Depuis l’indépendance de l’Egypte, le pays est soumis à des pouvoirs omnipotents. D’abord gérés par des régimes monarchiques, les Egyptiens goûteront, des années durant, aux pires dictatures. A commencer par celle de Jamal Abdel Nasser qui succéda, en 1952, au roi Farouk. Sauf que l’ancien président avait une qualité que ceux qui sont venus après n’avaient pas : il avait un charisme extraordinaire qui faisait de lui non seulement un chef en Egypte, mais le leader incontesté d’une nation arabe en quête d’un symbole. Ce charisme s’est automatiquement reporté sur l’Egypte devenue, un moment, le chef de file des pays arabes. Anouar Sadate, qui a consenti un acte de paix avec les Israéliens - ce qu’il paiera de sa vie en 198 - n’en a pas été moins un chef charismatique. Mais malgré une pauvreté écrasante, le peuple d’Egypte ne s’était jamais soulevé. D’autant plus que, sur le plan politique, la menace d’une succession dynastique n’a jamais été abordée.Hosni Moubarak a profité de son pouvoir. Il a poussé son autoritarisme jusqu’à résister au courant islamiste qui n’a pas pu arriver aux commandes dans le pays ayant vu naître le mouvement le plus dangereux des courants islamistes, à savoir les Frères musulmans. Le vieux raïs égyptien a donc poussé le bouchon plus loin. Sentant sa fin arriver, Moubarak a mis en scène le scénario fou de proposer son fils aîné, Gamal, pour lui succéder à la présidence de la République. Le Parti national démocratique (PND) a démenti. Mais la balle est partie, d’autant que Gamal Moubarak est propulsé, par la grâce de son papa, dans le bureau exécutif du parti au pouvoir. Hosni Moubarak a cru soudoyer une partie de l’Egypte. En organisant, en 2005, la première élection présidentielle multiple, il a pensé pouvoir calmer les esprits d’un peuple qui recherche de plus en plus sa liberté. Les différentes fraudes organisées à chaque élection législative ont fini par ôter tout crédit au pouvoir du Caire.Laminer les islamistes, qui restent présents dans les milieux populaires très pauvres, n’est pas pour autant arriver à bout d’une classe politique qui s’est renouvelée au fil des années. L’emprisonnement à répétition de l’avocat Aymen Nour et de sa garde rapprochée n’a pas fait taire ceux, parmi la jeunesse de ce grand pays (80 millions d’habitants), qui demandent plus de liberté et de droits. C’est d’ailleurs un groupe de jeunes sans attache partisane particulière, qui a déclenché les hostilités. Une jeunesse qui, non seulement n’a peur de rien, mais maîtrise un outil que le pouvoir et ses détenteurs ne connaissent pas très bien : les technologies de l’information et de la communication.Il n’y a pas que la politique qui motive les Egyptiens. Il était écrit quelque part que les opprimés et les pauvres s’associent pour réclamer leurs droits. Ce sont donc des millions de citoyens égyptiens qui ne profitent pas des richesses de leur pays. Des millions de citoyens vivent dans d’immenses bidonvilles qui ceinturent le Caire, une des villes les plus peuplées au monde (plus de 17 millions d’habitants). Chômage, précarité, manque d’infrastructures et salaires très bas sont le lot des Egyptiens depuis des années, alors qu’autour du Nil s’érigent de belles tours en verre qui ne profitent, en réalité, qu’à une caste de dirigeants.