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Au pays du nucléaire rayonnant... et des matins morts...

mardi 31 janvier 2012, par Robert Paris

Au pays du nucléaire rayonnant... et des matins morts... On peut lire sur le net :

Loin des feux de l’actualité - on se demande bien pourquoi d’ailleurs - le complexe nucléaire de TEPCO à Fukushima continue de fuir de plus belle. On ne parle pas ici des premiers écoulements mais bien de ceux qui n’ont jamais arrêté de leur succéder.

Quatorze fuites d’eau ont été découvertes dans la centrale nucléaire endommagée de Fukushima (nord-est du Japon), obligeant l’opérateur de suspendre les opérations de refroidissement au réacteur N : 4 pour deux heures, a annoncé lundi Tokyo Electric Power Co (TEPCO).

Ces fuites pourraient être causées par la vague de froid qui frappe la région, a indiqué l’exploitant de la centrale, ajoutant que le niveau de contamination est faible. La température dans la préfecture de Fukushima a atteint récemment à moins 8 degrés Celsius.

Selon TEPCO, la température de l’eau dans le bassin de refroidissement du réacteur 4 est restée quasiment stable à 21 degrés Celsius.

Le nord-est de l’Archipel a été secoué le 11 mars dernier par un violent séisme, suivi d’un tsunami dévastateur, qui ont fait 20.000 morts et disparus et provoqué la crise nucléaire à la centrale de Fukushima.

La crise, la pire depuis celle de Tchernobyl (Ukraine) en 1986, a entraîné également l’évacuation de plus de 80.000 personnes qui vivent autour de la centrale et a suscité une vague de panique dans le monde.

Notons au passage que les premières fuites étaient quasi-systématiquement pointées par la presse nippone quand elles étaient le fait de l’appareil de refroidissement construit en catastrophe par l’entreprise française AREVA et l’entreprise américaine Kurion, alors que depuis que ce génial pis-aller a été remplacé par une machinerie japonaise (Toshiba) il n’est jamais fait mention du nom de son fabriquant. Comme c’est curieux...

En tout cas, dès le début de l’année 2012, on a trouvé des fuites et du côté de la machine, et d’origine inconnue : 300 tonnes au total d’une eau hautement radioactive, dont 220 dans des tunnels dans lesquels l’eau en question s’était répandue... sans que l’on sache ni d’où, ni comment. Les technologies modernes, c’est mieux que le paranormal...

Et depuis, il y a encore eu de "petites éjections" et encore d’autres, et encore d’autres...

Les dernières en date viennent à peine d’être reconnues, d’ailleurs, par TEPCO qui semble complètement dépassé par les évènements. Un peu comme le Popeye d’un des premiers jeux à cristaux liquides de Nintendo, qui était supposé rattraper au vol des boîtes d’épinards que lui lançait en vrac son copain Brutus. Au début, c’était pépère, mais rapidement, Popeye commençait à paniquer car la pluie de projectiles commençait à atteindre ses limites... On en est là, et même las.

Pas étonnant, dès lors, que le principal opérateur électrique du Pays du soleil levant ait été élu "seconde entreprise la plus irresponsable du monde" cru 2011. Un essai douteux qui pourrait fort bien se confirmer en 2012, voire se transformer car il y a encore hélas un cran de marge de progression vers le sommet du classement.

Cela n’empêche cependant pas - et au contraire, justifie même à ses yeux - TEPCO de prétendre à appliquer des augmentations de tarifs pour se financer : 10% pour les particuliers, 17% pour les professionnels sont à venir mais ce n’est pas tout. Gagnant sur les deux tableaux, TEPCO pourra ainsi se refinancer d’une part au moyen de ses tarifs privés, mais aussi par une injection massive de capitaux publics à hauteur de... 13 billions de yens (13 000 000 000 000 de yens) ! Faites donc vous-même la conversion en euros si votre calculette dispose d’assez de zéros...

Et cerise sur le gâteau, l’AIEA songe même sur demande du gouvernent japonais à ouvrir un bureau de liaison permanent à Fukushima ce qui ferait d’ailleurs deux bureaux de cette organisation au seul Japon. C’est peut-être qu’il y a comme de l’affinité dans l’air... En effet, n’oublions surtout pas qu’un mois après le début du drame, le 14 avril 2011, l’AIEA déclarait "Fukushima n’est pas un nouveau Tchernobyl" et que le même organisme, deux mois après, rendait un "rapport accablant".

Note : deux journalistes français ont été arrêtés tout récemment par la police japonaise pour avoir tenté de rapporter des informations des "zones interdites" radioactives. Ils ont été détenus pour effraction et contrefaçon de documents d’identification. Qui en a parlé, en France ?

Il n’y a pas de journée sans tremblement de terre au Japon. Celui du 23 janvier 2012 a été particulièrement ressenti, avec une magnitude de 5,1 / 5.3.

Quasi simultanément, à 40 km au nord-est de Tokyo, le KEK de Tsukuba a enregistré une montée rapide de la radioactivité mesurée dans l’air. D’habitude, le capteur mesure une radioactivité moyenne de 0,09 µSv/h. En moins de 3 heures, le taux a doublé puisqu’il est passé à 0,18 µSv/h vers 22h30. Vous remarquerez que le graphique général atténue ce pic puisqu’il réduit 0,18 à 0,15.

Or, il est impossible d’attribuer cette augmentation simultanée à un effet du tremblement de terre à Fukushima qui se trouve à 200 km au nord.

De la même manière le site http://guregoro.sakura.ne.jp/radioa... a indiqué une augmentation de la radioactivité à partir de 15 heures pour Tokyo, c’est-à-dire à partir du moment où il a commencé à pleuvoir. Le phénomène est observable durant une dizaine d’heures.

D’où venait cette radioactivité ?

De quelle nature était-elle ?

Venait-elle d’un relâchement de Fukushima Daiichi il y a quelques jours, porté par le vent ?

D’une incinération de déchets radioactifs ?

D’habitude, c’est le mauvais temps qui explique ce genre de pics de radioactivité, la pluie apportant son lot de radionucléides. Et d’après ce relevé, il pleuvait-neigeait à ce moment là sur la région de Tokyo.

Il est probable ainsi qu’il s’agisse d’une coïncidence, c’est-à-dire d’un épisode pluvio-neigeux se produisant au même moment que le tremblement de terre.

Cette nouvelle pluie radioactive semble montrer que la pollution de la centrale de Fukushima n’a pas de répit. Selon l’aveu même de l’opérateur, elle aurait été en augmentation en janvier.

Difficilement mesurables à ce stade, les conséquences à long terme de cette catastrophe nucléaire seront sans doute observables au-delà de l’archipel nippon. Au-delà du nuage radioactif, d’importantes quantités d’eau contaminée ont été rejetée en mer et ont conduit à des interdictions de pêche au Japon.

Et c’est cette pollution qui pourrait être à l’origine de l’échouage de nombre de phoques annelés sur les côtes d’Alaska depuis le mois de juillet. Retrouvés morts ou blessés, ces phoques présentent des lésions sur leurs membres inférieurs, une peau irritée autour des yeux et des narines et des pertes de fourrure par plaque. Les scientifiques ont en premier lieu cherché en vain à identifier un virus qui pourrait être responsables de ces symptômes. Leurs investigations portent maintenant sur une éventuelle irradiation liée à la catastrophe japonaise.

« Nous avons récemment reçus des échantillons de tissus de phoques provenant d’animaux présentant ces symptômes et ayant été capturés à proximité de l’île Saint Laurent et nous allons étudier leur éventuelle radioactivité » a indiqué John Kelley, professeur émérite à l’institut de science marine de l’Université de Fairbanks (Alaska).

Les résultats ne sont pas attendus avant plusieurs semaines et ne devraient pas apporter une réponse définitive quant à l’origine de la radioactivité car les relevés effectués dans les eaux territoriales américaines depuis me mois de mars n’ont pas indiqué une hausse de la radioactivité marine. Si il s’agit bien d’une contamination radioactive, c’est l’ensemble de la chaîne alimentaire qui pourrait être en cause et les répercussions seraient alors ressenties à plus grande échelle.

Haruko Sakaguchi, professeur de français près de Fukushima, témoignait hier sur son vécu du nucléaire à Saint-Gervais, invitée par Europe écologie les Verts.

Vous êtes partie dès la catastrophe de Fukushima le 11 mars dernier, pourquoi ?

« J’étais au courant des risques nucléaires, puisque je militais timidement contre. En octobre 2010, nous avions manifesté devant la mairie de Fukushima contre l’arrivée du mox, mais nous n’étions que six à nous relayer ! Notre maison était à Miharu, à 45 km de Fukushima ; nous sommes immédiatement partis dans la région de Tokyo mais nous étions conscients que les dangers des radiations allaient jusque-là. Mon mari étant français, nous avons fait le choix très douloureux de partir, pour notre petite fille de 4 ans. Ma fille a une grande nostalgie du Japon, nous avons laissé nos amis, ma famille. Et surtout nous savons que nous ne pourrons plus jamais y retourner, c’est ça le risque nucléaire. L’eau, tout ce qu’on mange est contaminé. Mais la plupart des Japonais ne se rendent pas compte du danger. »

Vous vivez depuis en France qui est aussi un grand pays nucléaire, cela ne vous effraie pas ?

« Ici il n’y a pas le risque sismique qui est réel au Japon. Mais les Français ont tout à fait raison de se mobiliser contre le nucléaire. C’est une menace générale, il y a déjà eu trois catastrophes majeures à travers le monde, et beaucoup d’autres moins importantes. Et pourtant la même obstination des gouvernants à dire que ce n’est pas dangereux. J’ai l’intime conviction qu’au Japon, on arrivera à en sortir. Nombre de réacteurs ne sont désormais plus en fonction et en avril, tous les réacteurs seront provisoirement arrêtés. En septembre dernier il y a eu 60.000 manifestants à Tokyo ce qui est énorme pour le Japon. Et je pense que la colère due à Fukushima va grandir quand les conséquences vont commencer à apparaître. Je serais heureuse que la France se désengage, et si ce n’est pas le cas, j’envisagerais peut-être avec ma famille d’aller vivre ailleurs. »

Êtes-vous retournée au Japon depuis ?

« Oui cet été. C’est terrible, on se pose des questions énormes avant de boire un verre d’eau. C’est une très belle région que nous avons quittée, où nous faisions partie d’une communauté très sympathique. Mais quand des voisins nous ont accueillis avec la pastèque qu’ils venaient de cueillir dans leur jardin, on ne savait plus quoi faire. Les radiations sont partout et je ne retournerais vivre nulle part au Japon. C’était un départ sans retour possible. »

la suite...

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