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Vous appelez encore ça le capitalisme ou la transition vers le chaos ?

vendredi 7 décembre 2012, par Robert Paris

Vous appelez encore ça le capitalisme ou la transition vers le chaos ?

Depuis l’effondrement de 2007-2008, le capitalisme a radicalement changé ses conceptions et méthodes, renonçant à ses dogmes précédents de libre entreprise, de libre exploitation et libre risques des investissements. Bien entendu, nous n’allons pas regretter ici les chutes du système ni ses renoncements à ses propres principes mais seulement essayer d’en comprendre le sens...

Voilà en tout cas ce que nous constatons et qui nous semble parfaitement en contradiction avec tout ce qui a fait jusque là le capitalisme :

Des capitaux institutionnels ou étatiques qui envahissent toute l’économie, à tous les niveaux, des banques aux trusts, des assurances aux sociétés de crédit, des bourses aux financiers.

Des sociétés et des banques en faillite qui ne chutent pas grâce à ces interventions financières massives des institutions centrales.

La suppression des résolutions de crise par la "sélection des plus aptes" par les "lois du marché".

La suppression des risques des investissements par des garanties centrales.

La suppression des régulations par l’interdit de la chute de tout ce qui est « trop grand pour chuter » car cela risquerait d’entraîner la chute générale.

La suppression des investissements avec risques fondées sur les lois du marchés, sur la concurrence privée, sur la loi de l’offre et de la demande, sur la recherche de l’investissement le plus productif, les Etats supprimant les risques, la suppression des mécanismes automatiques des marchés fondés sur la régulation par la crise, la suppression des relances entraînées par le mécanisme précédent réglant les problèmes de surinvestissement dans un secteur, la suppression des clauses de confiance entre banques remplacées par l’ouverture permanente aux banques privées des coffres des banques centrales, la distribution de milliers de milliards de plus-value aux capitaux privés prêteurs par toutes les banques centrales sans création correspondante de plus-value réelle issue du travail humain.

La part de la plus value mondiale de moins en moins fondée sur l’investissement productif car l’investissement spéculatif est de plus en plus rentable, en cash, à court terme et que les Etats s’engagent à garantir tous les risques.

La plupart des trusts industriels, assurances, grandes enseignes commerciales transformées en banques, organismes de crédit qui s’adonnent massivement à la spéculation.

Les dettes des Etats titrisées c’est-à-dire l’endettement des Etats transformé en moyen massif de spéculation contre l’économie des pays et les ressources des Etats.

L’accroissement du désinvestissement productif lié à ces spéculations. Des emprunts des Etats aux banques privées à des intérêts de plus en plus élevés (même quand ils disent le contraire car ils « oublient » les intérêts des emprunts réalisés par les institutions nationales, les services publics, les régions, les communes,…).

Et cela alors que les banques, elles, empruntent à volonté dans les banques centrales et que les Etats n’ont pas le droit de le faire…

Des Etats de plus en plus en faillite et qui sortent cependant de plus en plus fréquemment des sommes de plus en plus colossales pour « soutenir l’économie », pour « sauver les banques », pour créer des chantiers, irriguer d’argent l’économie réelle abandonnée par les capitaux privés, pour irriguer aussi les circuits financiers, bancaires, boursiers, etc….

Donc une économie quasi entièrement nationalisée dans son fonctionnement, dans la prise en charge de ses pertes, de ses dettes, de ses faillites, des conséquences sociales de ses catastrophes tout en restant totalement privatisée pour ses profits. Au point qu’on demande de moins en moins au capital privé de participer à l’impôt malgré tous les discours en sens inverse (Hollande qui discourt pour faire payer l’impôt au capital a baissé le niveau de l’impôt sur la fortune réel !).

Cela signifie qu’il n’y a plus d’économie privée à part en termes financiers, à part pour ponctionner toute la société. Le rôle positif du capital privé est complètement supprimé. Il n’est plus que prédateur et sangsue de la richesse.

En effet, les capitalistes privés continuent de s’enrichir mais en se désinvestissant du secteur productif, sans créer de richesses, sans accumuler de la plus-value issue de la production, sans faire réellement fonctionner l’économie, réticents même de prêter aux petits patrons, aux acheteurs, supprimant massivement des emplois, détruisant par leurs actions toutes les économies en misant à la chute, à la dette, à la perte, à la faillite, supprimant aussi du coup des services publics, détruisant des sociétés, des pays, des peuples et détruisant violemment la vie des gens avant de transformer le monde en une guerre entre peuples, entre ethnies, entre religions, entre régions, en une guerre des classes dirigeantes contre les classes ouvrières et les peuples par la dictature et le fascisme…

Et vous voulez encore appeler cela un capitalisme vivant, dynamique, capable de repartir de l’avant ?

Quand le capitalisme était vivant en tant que système, il ne rechignait pas à voir des branches mortes disparaître, des entreprises faillies tomber, car il estimait que cela renforcerait au contraire l’ensemble de l’arbre !

C’est le contraire. On ne peut plus laisser la crise se développer normalement et assainir les marchés et aucun retour en arrière vers le capitalisme régulé par les crises n’est possible.

Bien sûr, on constate que l’effondrement brutal de 2007-2008 a été retardé mais cet effondrement ne pourra pas être éternellement remis au lendemain dans la mesure où le fonctionnement n’est pas reparti. Un véhicule à moteur qui est poussé à la main ne mérite plus d’être appelé véhicule à moteur. Le capitalisme dont le carburant est le capital privé se renforçant sans cesse de la plus value extraite du travail n’est pas un système étatique de profits factices issus de fausse monnaie émise par les institutions financières centrales… Il suffit d’un accident, d’une perte de confiance locale pour que tout le château de cartes se révèle pour ce qu’il est…

Bien sûr, avec ces interventions massives et arbitraires des Etats dans l’économie on pourrait croire qu’il n’y a plus de loi économique, plus de loi du marché, plus de véritable marché des capitaux, plus d’investissement productif privé, plus de création de véritable plus-value, que les Etats peuvent faire ce qu’ils veulent, sauver les banques et les trusts quand ils le veulent, sauver le système quand cela leur chante, en injectant autant qu’ils veulent de milliers de milliards et tout cela sans conséquence…

Mais justement le fait de prétendre cela c’est justement dire que nous ne sommes plus dans le système capitaliste mais en transition vers le chaos…

Et aucun retour en arrière n’est plus possible car jamais les Etats qui ont injecté ces sommes colossales à contre-courant de l’effondrement ne pourront les récupérer et ils le savent bien. Ces milliers de milliards qui n’ont fait que se révéler incapables de relancer quoique ce soit d’un mécanisme véritablement économique sont perdus à jamais et ils ne sont même pas remboursables vraiment par des sacrifices des peuples, même des sacrifices catastrophiques.

Jamais l’exploitation du travail humain ne redeviendra rentable pour le capital privé même avec toutes les aides étatiques du monde…

Jamais le trop plein de capitaux privés mondiaux ne pourra être réduit et permettre de dégonfler l’attraction mortifère du tout-spéculatif.

Jamais les capitaux ne retrouveront le chemin de l’investissement productif et de l’embauche de salariés, et ne dégonfleront la spirale ascendante du chômage et la destruction de toutes les relations de la société rendue à la violence…

Le mort ne retrouvera pas la vie, même intubé de partout. Le ressort cassé ne peut pas être recollé…

Certes le capitalisme n’a jamais été indifférent aux Etats et n’a jamais été de la pure et libre concurrence. Les Etats ont toujours joué un rôle dans l’aide au développement du profit privé. Mais jamais, en dehors des pays sous-développés, ils ne sont massivement en encore moins mondialement substitué au capital privé.

Même dans le plus dirigiste des Etats des pays capitalistes, même sous le fascisme allemand ou japonais, sous le nex deal américain, la libre entreprise n’a pas cessé de fonctionner, se concrétisant par la chute d’entreprises, de banques ou de secteurs économiques ruinés, sans que l’Etat les sauve.

Jamais, dans aucune crise économiques capitaliste – et pourtant des crises il y a en a eu des dizaines de toutes les sortes -, il n’y a eu des sauvetages massifs et systématiques des banques, des trusts, de toutes les grandes sociétés.

L’argument du type « trop gros pour chuter » n’a jamais été employé par aucun Etat dans aucune crise précédente ! On n’a jamais fait valoir qu’une faillite pouvait entraîner tout le système. En 1929, dans le monde entier, les banques et les trusts ont chuté par milliers et les Etats n’ont pas levé le petit doigt pour les sauver. Le système a continué à fonctionner. Même le New Deal n’a pas consisté à se substituer au capital productif privé.

Jamais, dans les crises précédentes, on n’a vu les trusts industriels désinvestis de leur capital, celui-ci allant massivement se porter vers des sociétés bancaires fondées par ces trust, comme c’est massivement le cas actuellement…

Aujourd’hui banques et trusts sont non seulement entièrement sauvées par les Etats mais, même dans ce cas, elles ne sont pas nationalisées. L’Etat peut bien donner treize milliards au trust automobile PSA pour « sauver » sa banque, il considère que la société PSA reste une entreprise entièrement privée !!! C’est même un gouvernement de gauche qui le décide.

Jamais dans aucune crise on n’a vu de telles sommes colossales s’investir dans l’économie sans être capables de faire redécoller l’économie !!!

La liberté de capitaliser, c’était la liberté d’exploiter le travail humain, la liberté aussi de prendre le risque de perdre et de le payer. Tout cela n’existe plus. En d’autres termes, nous sommes sortis du capitalisme et nous ne pourrons pas y retourner même si nous le souhaitions, même si nous étions prêts pour cela à tous les sacrifices du monde…
Bien sûr, nous ne sommes pas aveugles : la classe qui est au pouvoir ne va pas pour autant céder la place. D’ailleurs, c’est justement pour cela qu’elle a pris les mesures que nous avons décrites plus haut et qui n’ont aucun caractère véritablement économique. Ces mesures sont politiques et sociales. Elle visent à donner du temps aux classes dirigeantes pour orienter politiquement les peuples et éviter qu’ils s’orientent eux-mêmes vers la révolution socialiste internationale.
Ils ont remplacé la chute libre de 2007-2008 par un vol plané momentané qui leur permet de pousser les peuples les uns contre les autres. Leur solution politique, c’est la montée de la barbarie !

Les artifices des gouvernants cachent très mal que le système a cessé de marcher et que les travailleurs sont devant la tâche : offrir un avenir à l’humanité ou le laisser sombrer dans l’horreur…

la suite

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