Accueil > 04 - Livre Quatre : HISTOIRE CONTEMPORAINE > 25- Guerres impérialistes > Irak 1991 : une guerre de classe
Irak 1991 : une guerre de classe
lundi 23 mai 2016, par
Avertissement : nous diffusons ici l’article de TŘÍDNÍ VÁLKA
Guerre de classe et encadrement bourgeois
C’était il y a un quart de siècle, le 7 mars 1991 : le soulèvement prolétarien en Irak contre la guerre a montré au prolétariat du monde entier la seule voie à suivre pour éliminer à jamais les guerres. Comme toujours, de l’autre côté de la barricade sociale, toutes les forces mondiales du Capital ont agi comme un seul corps pour liquider l’autonomie de notre classe. Aujourd’hui, vingt-cinq ans plus tard, la guerre continue de faire rage dans la région (Irak, Syrie, Kurdistan, etc.), et plus que jamais toutes les forces bourgeoises et étatiques peu ou prou coalisées (Turquie, Iran, monarchies du Golfe, USA, Russie, Union Européenne, Etat Islamique, organisations nationalistes…) se mobilisent pour écraser notre classe, soit directement et très prosaïquement sous un déluge de bombes, soit plus indirectement en réduisant sa lutte contre la misère et l’exploitation en une énième réforme des rapports sociaux capitalistes.
Nous profitons de cet anniversaire pour republier deux textes qui font le bilan des luttes extraordinaires qui embrasèrent l’Irak et qui mirent fin à ladite « Guerre du Golfe ». Le texte « Dix jours qui ébranlèrent l’Irak » a été publié en 1991 et constitua une des premières sources d’information en anglais sur les soulèvements en Irak du sud et au Kurdistan. Il fut plus tard publié dans le magazine du défunt groupe Wildcat. Le second texte « Notes additionnelles à propos de l’insurrection de mars 1991 en Irak », publié par le Groupe Communiste Internationaliste (GCI), tente de tirer quelques enseignements de ces luttes. Nous recommandons au passage la lecture des innombrables textes publiés par le GCI tant avant, pendant et après la « Guerre du Golfe », textes qui recèlent et révèlent toute la richesse des luttes de classe dans la région.
Nous insistons spécialement sur les leçons de l’insurrection à Soulaymania dont l’enjeu a été, comme toujours, comment développer la révolution dans tous les aspects de la vie sociale une fois cette insurrection accomplie, comment éviter la confiscation de la révolution sociale par sa transformation en une simple « révolution » politique, un simple changement de gouvernement. Ce qui s’est passé en Irak ne montre pas seulement l’actualité de la contradiction capitalisme vs. communisme, mais son futur. Partout se développe l’inhumanité capitaliste, partout se joue la guerre comme alternative à la crise capitaliste actuelle, et partout inévitablement devra se dessiner et se développer la réponse communiste à la dictature permanente des rapports sociaux capitalistes.
Soulignons que ces luttes en Irak en 1991, tant au nord qu’au sud, ont été immédiatement taxés par tous les moyens de propagande de l’Etat capitaliste, y compris son important secteur social-démocrate, de luttes nationalistes (« kurdes ») et religieuses (« chiites »). Il n’y a rien de nouveau dans ce processus de négation… En effet, beaucoup des luttes des exploités ont été historiquement, sont encore aujourd’hui et continueront d’être aisément cataloguées comme des « luttes de libération nationale » ou des luttes « pour des réformes » sur base non pas du terreau profond qui les animent (la lutte contre la misère et l’exploitation, contre la répression), mais bien sur base de la capacité de certaines fractions bourgeoises à les instrumentaliser, à encadrer les faiblesses et le manque de perspective de ces luttes, ainsi que leur isolement, afin de les ramener dans le cadre d’un aménagement du mode de production et d’exploitation par le biais, ici en l’occurrence, de « la libération du peuple et de la nation ».
En Irak hier comme dans les luttes actuelles en Syrie ou au Rojava, une fois de plus, nous voulons mettre l’accent sur la dénonciation des idolâtres qui confondent révolution sociale, destruction de la propriété privée et de l’économie, lutte anticapitaliste et antiétatique (même à un niveau minoritaire et embryonnaire) d’un côté, et de l’autre tout le ramassis de sociaux-démocrates, réformateurs du vieux monde qui repeignent en rouge (et noir) la vile et infecte exploitation de notre classe et qui prétendent ainsi faire œuvre de révolution alors qu’ils ne font que vider notre lutte de sa substance subversive pour mieux en prendre la tête.
Pour notre part, nous continuons à dénoncer le soutien inconditionnel apporté par le gauchisme international (dont d’importants secteurs de « l’anarchisme » ainsi que toutes les chapelles marxistes-léninistes qui se situent sur la même ligne) à des groupes, des organisations, des structures réformistes qu’ils présentent effrontément et faussement comme étant révolutionnaires, antiétatiques, anticapitalistes. Nous ne pouvons qu’afficher notre profond mépris à tous ces charlatans de la lutte de classe et leurs innombrables impostures. Mais nous adressons également toute notre solidarité militante aux prolétaires en lutte à contre-courant, que ce soit au Rojava en particulier, au Kurdistan et au Moyen-Orient en général, et partout ailleurs dans ce monde infâme de l’exploitation. Nous voulons aussi développer la critique communiste avec eux. Car nous savons que derrière les analyses sociologiques et les étiquettes politiques que nos ennemis collent sur nos luttes, c’est encore et toujours la lutte de classe, la guerre de classe qui se matérialise.
Guerre de Classe – Mars 2016
Dix jours qui ébranlèrent l’Irak
(Wildcat – 1991)
La guerre du Golfe ne prit pas fin par la victoire de l’Amérique et des alliés. Elle prit fin par la désertion en masse de milliers de soldats irakiens. Le refus de combattre pour l’Etat irakien de la part des conscrits était si écrasant que, contrairement à toutes les prévisions, pas un seul soldat allié ne fut tué par des tirs hostiles lors de la phase finale de l’assaut terrestre pour reconquérir le Koweït. En effet, l’ampleur absolue de cette mutinerie est peut-être sans précédent dans l’histoire militaire moderne.
Mais ces troupes mutinées ne firent pas que s’enfuir vers l’Irak. Sur leur retour, beaucoup d’entre elles tournèrent leurs armes contre l’Etat irakien, allumant un soulèvement simultané à la fois dans le sud de l’Irak et dans le Kurdistan au nord. Seule la région centrale demeura fermement dans les mains de l’Etat dans les deux semaines qui suivirent la fin de la guerre.
Depuis le tout début, les médias occidentaux ont grossièrement déformé ces soulèvements. Le soulèvement dans le sud, centré à Bassorah, fut montré comme une révolte des musulmans chiites tandis que l’insurrection dans le nord était relatée exclusivement comme un soulèvement nationaliste kurde qui ne demandait rien de plus qu’une région kurde autonome au sein de l’Irak.
La vérité est que ces soulèvements au nord comme au sud de l’Irak étaient des insurrections prolétariennes.
Bassorah est une des zones les plus sécularisée du Moyen Orient. Presque personne ne va dans les mosquées à Bassorah. Les traditions radicales dans cette zone ne sont pas celles du fondamentalisme islamique mais plutôt celles du nationalisme arabe et du stalinisme. Le Parti Communiste Irakien est le seul parti bourgeois avec une influence signifiante dans la région. Les villes de Bassorah, Nasiriyah et Hillah sont connues depuis longtemps comme la région du parti communiste et ont une longue histoire de rébellion à la fois contre la religion et l’Etat. La classe ouvrière « irakienne » a toujours été une des plus remuantes dans cette région explosive.
Dans le nord, il y a peu de sympathie pour les partis nationalistes, le PDK et l’UPK, et leurs peshmergas (mouvements de guérilla) à cause des échecs répétés de leurs compromis avec l’Etat irakien. Cela est particulièrement vrai dans la zone de Sulaymaniyah. Les habitants de cette zone ont été spécialement hostiles aux nationalistes depuis le massacre de Halabja. Avant l’attaque chimique par l’aviation irakienne contre les déserteurs et les civils de la ville de Halabja en 1988, les peshmergas avaient d’abord dissuadé les gens de fuir et, ensuite, ils vinrent piller et violer ceux qui avaient survécu au massacre. En conséquence, de nombreux villageois ont depuis lors refusé de nourrir et d’abriter les peshmergas nationalistes. Comme dans le sud, le Parti Communiste et ses peshmergas sont plus populaires.
Le soulèvement dans le nord n’était pas nationaliste. A son début, les officiels baasistes et les membres de la police secrète furent exécutés, les dossiers de la police furent détruits et les prisons ravagées. Les gens étaient ouvertement hostiles aux politiques bourgeoises des nationalistes kurdes. A Sulaymaniyah, les peshmergas nationalistes furent exclus de la ville et le leader en exil de l’Union Patriotique du Kurdistan, Jalal Talabani, fut dissuadé de revenir dans sa ville natale. Quand le dirigeant du Parti Démocratique kurde, Massoud Barzani, vint à Chamcharnal, près de Sulaymaniyah, il fut attaqué et deux de ses gardes du corps furent tués. Quand les nationalistes diffusèrent le slogan : « Il est temps de tuer les baasistes ! », le peuple de Sulaymaniyah répondit avec le slogan : « Il est temps pour les nationalistes de piller les Porsches ! », signifiant que les nationalistes étaient uniquement intéressés par le pillage.
Un groupe révolutionnaire, « Perspective Communiste », joua un rôle majeur dans l’insurrection. Dans leur publication, « Prolétariat », ils défendirent la mise en place de conseils ouvriers. Cela provoqua la peur et la colère parmi les nationalistes aussi bien que parmi le Parti Communiste et ses groupes scissionnistes.
Confrontés à ces soulèvements prolétariens, les divers intérêts bourgeois dans la région durent suspendre les hostilités et s’unir pour les supprimer. Il est bien connu que l’Occident, mené par les USA, a longtemps soutenu le régime brutal de Saddam Hussein. Ils l’ont soutenu durant la guerre contre l’Iran.
En soutenant Saddam, la classe dirigeante occidentale reconnaissait aussi que le parti Baas, en tant que parti fasciste de masse, était la seule force en Irak capable de réprimer de manière impitoyable le prolétariat de la production pétrolière.
Toutefois, l’ultime stratégie de Saddam pour maintenir la paix sociale en Irak était une campagne de guerre permanente et la militarisation de la société. Mais une telle stratégie pouvait seulement mener à une ruine économique plus importante et à l’intensification des antagonismes de classe. Au printemps 1990, la contradiction était devenue explosive. L’économie irakienne était anéantie après huit ans de guerre avec l’Iran. La production pétrolière, la principale source de devises fortes, était réduite tandis que les prix du pétrole étaient relativement bas. Les seules options, une fois la paix revenue, pour tenir les promesses de prospérité faites en temps de guerre étaient une hausse du prix du pétrole ou une nouvelle guerre. Le dernier choix était bloqué par le Koweït et l’Arabie Saoudite. Le saut audacieux de Saddam pour sortir de l’impasse fut d’annexer le Koweït et ses riches champs de pétrole.
Cela donna à l’Amérique l’opportunité de réaffirmer son hégémonie politique, pas seulement au Moyen Orient, mais aussi dans le monde entier. Avec l’espoir d’exorciser le spectre de la guerre du Vietnam, le régime de Bush prépara la guerre totale. L’administration Bush espérait une victoire rapide et décisive qui expulserait l’Irak du Koweït tout en laissant le régime irakien intact. Toutefois, afin de mobiliser le front intérieur pour la guerre, Bush devait assimiler Saddam à Hitler et il s’engagea ainsi de plus en plus publiquement en faveur du renversement du leader irakien.
Avec cet engagement le gouvernement américain cherchait maintenant à imposer une telle défaite militaire au parti baasiste qu’il serait obligé de remplacer Saddam par quelqu’un d’autre. En effet, le régime de Bush invitait ouvertement les cercles dirigeants en Irak à remplacer Saddam Hussein à l’approche de la guerre terrestre en mars. Toutefois la désertion en masse des conscrits irakiens et les soulèvements ultérieurs volèrent le gouvernement américain d’une telle victoire commode. Au lieu de cela, il devait faire face à la perspective d’un soulèvement tournant à la révolution prolétarienne de grande envergure, avec toutes les conséquences terribles que cela pouvait avoir pour l’accumulation du capital au Moyen Orient.
La dernière chose que le gouvernement américain voulait, c’était être embarqué dans une occupation militaire prolongée de l’Irak dans le but d’en finir avec les soulèvements. Il était beaucoup plus efficace de soutenir l’Etat en place. Mais il n’était alors plus temps d’insister sur le renversement de Saddam Hussein. Il pouvait difficilement se permettre la perturbation que cela causerait. De là, l’hostilité de Bush au boucher de Bagdad s’évapora, presque du jour au lendemain. Les deux bouchers rivaux devinrent partenaires.
Leur première tâche fut d’écraser le soulèvement dans le sud qui était grossi par les énormes colonnes de déserteurs remontant en flots vers le nord depuis le Koweït. Même si ces conscrits irakiens en fuite ne constituaient pas une menace militaire pour les troupes alliées, ni pour l’objectif de « libérer » le Koweït, la guerre fut prolongée suffisamment longtemps pour qu’ils puissent être écrasés sous un tapis de bombe par la RAF et l’USAF sur la route de Bassorah. Ce massacre de sang-froid ne servait pas d’autre but que préserver l’Etat irakien des déserteurs mutinés et en armes.
Après ce massacre, les forces terrestres alliées, qui s’étaient emparées du sud de l’Irak pour encercler le Koweït, stoppèrent près de Bassorah et lâchèrent la bride aux Gardes Républicains, les troupes d’élite loyales au régime irakien, qui écrasèrent les insurgés. Toutes les propositions d’infliger une défaite décisive aux Gardes Nationaux ou à avancer vers Bagdad pour renverser Saddam furent vite oubliées. Lors des négociations de cessez le feu, les forces alliées insistèrent sur le maintien au sol de tous les avions mais l’utilisation des hélicoptères, vitaux pour la contre-insurrection, fut autorisée pour des « buts administratifs ». Cette « concession » fit la preuve de son importance dès lors que le soulèvement dans le sud fut écrasé et que l’Etat irakien put tourner son attention sur l’insurrection qui avançait dans le nord.
Alors que le soulèvement à Bassorah fut écrasé presque à ses débuts, le soulèvement au nord eut plus de temps pour se développer. Il commença à Raniah et s’étendit à Sulaymaniyah et Kût, et à son apogée, il menaça de s’étendre au-delà du Kurdistan vers la capitale. Le but originel du soulèvement était exprimé par le slogan : « Nous célèbrerons notre nouvel an avec les arabes à Bagdad ! ». La défaite de cette rébellion est due autant aux nationalistes kurdes qu’aux pouvoirs occidentaux et à l’Etat irakien.
Comme tous les mouvements nationalistes, les nationalistes kurdes défendent les intérêts des classes possédantes contre la classe ouvrière. La plupart des leaders nationalistes kurdes viennent de très riches familles. Par exemple, Talabani vient d’une dynastie mise en place à l’origine par les anglais et ses parents possèdent des hôtels de luxe en Angleterre. Le PDK fut créé par de riches exilés chassés du Kurdistan par les soulèvements de masse de la classe ouvrière en 1958 lorsque des centaines de propriétaires terriens et de capitalistes furent pendus. Ces évènements agités eurent comme conséquence une rencontre de bourgeois exilés à Rezaieh, en Iran, qui organisèrent des escadrons de la mort pour tuer des militants de la lutte des classes au Kurdistan irakien. Plus tard, ils se livrèrent à des meurtres racistes d’arabes. Durant la guerre Irak-Iran, très peu de déserteurs rejoignirent les nationalistes et l’UPK reçut une amnistie de la part de l’Etat irakien pour avoir réprimé les déserteurs.
Ces nationalistes kurdes, comme la bourgeoisie internationale, reconnaissaient l’importance d’un État irakien fort dans le but de maintenir l’accumulation du capital contre une classe ouvrière militante. Et ce à un tel point, en fait, qu’ils demandaient simplement le statut de région autonome à l’intérieur d’un Irak uni.
Durant le soulèvement, ils firent de leur mieux pour défendre l’Etat irakien. Ils sont activement intervenus pour empêcher la destruction des dossiers de la police et des propriétés d’Etat, y compris les bases militaires. Les nationalistes empêchèrent les déserteurs arabes de se joindre au soulèvement « kurde », ils les désarmèrent et les renvoyèrent vers Bagdad pour y être arrêtés. Ils firent tout ce qu’ils pouvaient pour éviter que le soulèvement ne s’étende au-delà des « frontières » du Kurdistan, ce qui constituait son unique espoir de succès. Quand l’Etat irakien commença à s’occuper du soulèvement au Kurdistan, les stations de radios nationalistes n’encouragèrent pas, ni ne coordonnèrent la résistance. Au contraire, elles exagérèrent la menace représentée par les troupes irakiennes démoralisées qui étaient encore loyales au gouvernement et conseillèrent aux gens de fuir dans les montagnes. Ce qu’ils firent finalement. Rien de tout cela n’est surprenant si l’on analyse l’histoire des nationalistes.
Bien qu’il y ait beaucoup d’hostilité envers les nationalistes kurdes, comme nous l’avons vu, ils furent capables de prendre le contrôle et de stopper l’insurrection au Kurdistan grâce à leur organisation et à leurs ressources matérielles importantes. Ayant été longtemps soutenus par l’occident, le PDK par les USA et l’UPK par la Grande-Bretagne, les partis nationalistes kurdes étaient en mesure de contrôler l’approvisionnement en nourriture et l’information. Cela était vital car après des années de privations, exacerbées par la guerre, la recherche de nourriture était un souci primordial. De nombreuses personnes furent satisfaites principalement par les pillages de nourriture plutôt que par le maintien d’une organisation révolutionnaire et le développement de l’insurrection. Cette faiblesse permit aux organisations nationalistes d’intervenir avec leurs importants approvisionnements en nourriture et leurs stations de radio bien établies.
La guerre dans le Golfe prit fin du fait du refus de combattre de la classe ouvrière irakienne et par les soulèvements qui en découlèrent en Irak. Mais ces actions prolétariennes furent écrasées par les efforts combinés de nombreuses et diverses forces bourgeoises nationales et internationales. Une fois de plus le nationalisme a constitué la pierre d’achoppement de l’insurrection prolétarienne. Il est important de souligner que la politique au Moyen Orient n’est pas dominée par le fondamentalisme islamique et le nationalisme arabe, comme cela est d’ordinaire affirmé par la presse bourgeoise, mais qu’elle repose sur le conflit de classe. Il faut dire également que les perspectives immédiates concernant le développement de la lutte de la classe ouvrière en Irak sont, pour l’heure, lugubres.
La guerre n’eut pas pour seul résultat la défaite de la classe ouvrière irakienne, elle révéla aussi l’état de défaite de la classe ouvrière aux USA et, à un moindre degré, en Europe. Le mouvement anti-guerre occidental ne se transforma jamais en une opposition massive de la classe ouvrière à la guerre. Il demeura opposé par une orientation pacifiste qui « s’opposa » à la guerre dans les termes d’un intérêt national alternatif : « La paix est patriotique ». Bien qu’il exprima de l’horreur pour l’holocauste des alliés, il n’y opposa rien qui puisse l’amener à une confrontation avec l’Etat. Au lieu de cela il se concentra sur de futiles protestations symboliques qui favorisèrent le sentiment d’impuissance face à la machine de guerre étatique.
A la suite de la défaite de l’insurrection, la déformation des faits par les médias occidentaux continua. Le prolétariat fut représenté par des victimes sans ressources, mûres pour la condescendance et la charité, reconnaissantes pour les spectacles de pop stars enfourchant une nouvelle fois le cheval du Live Aid. Pour ceux qui se souvenaient du soulèvement, un tee-shirt « Let It Be… Kurdistan » constitua la réponse évidente. Pendant que le soulèvement était défait, nous ne pûmes éviter que ses objectifs et la manière utilisée pour l’écraser soient déformés sans coup férir, d’où ce texte.
L’incapacité de la classe ouvrière à reconnaître ses propres intérêts de classe comme étant différents de « l’intérêt national » et à saboter l’effort de guerre peut seulement aboutir à approfondir, au sein de notre classe internationale, les divisions le long de lignes nationales. Nos dirigeants seront désormais beaucoup plus confiants dans la conduite, sans opposition, de guerres meurtrières ailleurs dans le monde, une confiance qui leur faisait défaut depuis que la classe ouvrière avait mis fin à la guerre du Vietnam par des mutineries, des désertions, des grèves et des émeutes.
L’opposition à la guerre en Irak
Il y a eu une longue tradition de lutte de classe en Irak, particulièrement depuis la révolution de 1958. Avec la stratégie de Saddam de mener une politique guerrière permanente en vue de maintenir la paix sociale, cette lutte a souvent pris la forme d’une désertion en masse de l’armée. Durant la guerre Irak-Iran, des dizaines de milliers de soldats ont déserté l’armée. Cela a grossi l’opposition de masse de la classe ouvrière à la guerre. Avec le manque de fiabilité de l’armée, il devint progressivement difficile pour l’Etat irakien d’écraser ces rébellions de la classe ouvrière. C’est pour cette raison que Saddam Hussein utilisa des armes chimiques contre la ville d’Halabja en 1988.
A la suite de l’invasion du Koweït, il y eut beaucoup de manifestations contre la poursuite de son occupation. Même le parti Baas dirigeant fut obligé d’organiser de telles manifestations sous le slogan : « Non au Koweït : nous voulons seulement Saddam et l’Irak ! », et ce dans le but de prendre la tête du sentiment anti-guerre. Avec la hausse dramatique du prix des produits de première nécessité – rien que les prix de la nourriture augmentèrent de 20 fois par rapport à leurs niveaux d’avant l’invasion – il y avait peu d’enthousiasme pour la guerre. L’attitude commune à travers l’Irak était le défaitisme.
Malgré une augmentation de 200% de la solde, la désertion de l’armée devint commune. Rien que dans la ville de Sulaymaniyah, on estimait à 30.000 le nombre de déserteurs. A Kût, ils étaient 20.000. La désertion était si répandue qu’il devint relativement aisé pour les soldats de soudoyer leurs officiers pour quitter l’armée. Mais ces conscrits de la classe ouvrière ne faisaient pas que déserter, ils s’organisaient. A Kût, des milliers d’entre eux marchèrent sur le commissariat local et forcèrent la police à mettre fin au harcèlement des déserteurs.
Deux jours après le début du conflit, des émeutes anti-guerre éclataient à Raniah et plus tard à Sulaymaniyah.
Notes additionnelles à propos de l’insurrection de mars 1991 en Irak
(Groupe Communiste Internationaliste – 1996)
Quelques notes sur les shoras : associationnisme prolétarien et récupération bourgeoise
Les shoras en Irak, comme tout type de regroupement élémentaire du prolétariat, sont une forme nécessaire du processus de centralisation de la force du prolétariat, et souffrent de toutes les contradictions que notre classe contient elle-même en tant que classe, en tant que force antagonique au Capital dominée idéologiquement par la bourgeoisie. Ainsi par exemple, les soviets en Russie. En 1905 comme en 1917, ils constituèrent des structures de lutte prolétarienne contribuant à l’insurrection sans opérer, ni en 1905 ni 12 ans plus tard les nécessaires ruptures avec le terrain du socialisme démocratique bourgeois et sans prendre leur indépendance vis à vis des organisations politiques qui les dirigeaient. Cela leur valu, en dernière instance, d’être totalement récupérées par l’organisation capitaliste et démocratique de l’Etat, sous le règne du léninisme et du post-léninisme. Lorsqu’on fait l’apologie des soviets, on oublie toujours, comme par enchantement, que le Congrès des Soviets approuva et outilla tous les niveaux de la politique stalinienne. La même chose se produit en Allemagne avec les conseils ouvriers entre 1918 et 1921. Effectivement surgis comme structures de la lutte en dehors et contre les syndicats, les conseils n’en finirent pas moins dominés par la démocratie bourgeoise incarnée par les différentes forces sociale-démocrates, et ils se transformèrent en structures de l’organisation de l’Etat bourgeois contre le prolétariat.
En Irak également (tout comme en Iran entre 1979 et 1982), les shoras, surgis du feu de la lutte, contiennent d’énormes contradictions, et les oppositions de classe entre révolution et contre-révolution se délimitent en leur sein même. C’est pourquoi, contrairement aux conseillistes, aux soviétistes,… qui font l’apologie acritique des shoras, nous avons tenté de saisir, dans ce processus, les forces et les faiblesses du prolétariat, en soutenant et en agissant ouvertement dans le sens de l’affirmation du pôle révolutionnaire.
Comme on a pu le constater au travers de leurs consignes et drapeaux, les shoras concentrent le même type de forces et de faiblesses que les conseils, les soviets et autres organisations prolétariennes caractéristiques des moments insurrectionnels. A côté d’un ensemble de demandes démocratiques, nationalistes et même parfois ouvertement conservatrices, on trouve un ensemble de consignes exprimant la combativité, la force et la détermination classiste des prolétaires en lutte.
Les shoras se structurent dans et pour la lutte. Néanmoins cela ne veut pas dire qu’ils aient surgis de façon spontanée, comme le prétendent toujours les tenants du spontanéisme ou du conseillisme. La nécessité historique spontanée, comme dans le cas des soviets de Russie ou des conseils dans d’autres pays, se concrétise toujours dans des hommes et des femmes de chair et de sang qui, de façon consciente et volontaire, organisent ces structures. Comme nous le verrons plus loin, le surgissement des shoras fut précédé par une « ligue » ou comité formé d’une minorité insurrectionnaliste organisée pour la préparation insurrectionnelle.
De quelques éléments de la conspiration révolutionnaire et de l’insurrection à Soulaymania
Lors que dans les différents quartiers de Soulaymania les prolétaires se préparent, s’arment, un ensemble de militants regroupés dès avant la lutte ouverte en une « Ligue du soulèvement insurrectionnel » appellent à la création de shoras dans les quartiers et les usines. On arrive ainsi à la constitution d’un véritable comité insurrectionnel grâce auquel s’unifie la décision du déclenchement de l’insurrection pour un moment précis. Ce comité est composé d’un ensemble d’organisations politiques existantes ainsi que de militants indépendants. Il planifie l’éclatement simultané de l’insurrection en 53 points névralgiques de la ville (carrefours clés, rotondes, points centraux des quartiers,…) qui constitueront par la suite la base des shoras. Pour le moment, les nationalistes ne participent pas en tant que tel au comité et ne s’affichent pas dans les différents centres des quartiers de l’insurrection.
Seule une minorité de prolétaires est armée et organisée, et c’est pourquoi le comité lance un ensemble d’appels et de directives pour récupérer les armes là où elles se trouvent. En même temps, un ensemble d’organisations révolutionnaires assument l’indispensable rôle de s’armer et d’armer le prolétariat. « Perspective Communiste », par exemple, se charge de répartir quelques grenades, armes et munitions aux points névralgiques, ainsi que d’armer certains membres du comité. D’autres groupes, comme le « Groupe d’Action Communiste » (G.A.C.), qui participent au comité ainsi qu’aux différentes structures de quartiers et aux shoras, se donnent pour tâche d’exproprier les chefs de clans de leurs maisons et de leurs centres armés pour récupérer les armes et armer le prolétariat. Sans la préalable action conspiratrice et cette action d’avant-garde organisée, il n’aurait pas été possible de gagner la bataille insurrectionnelle de mars 1991 à Soulaymania.
Voici ce que nous en dit un camarade :
« Le prolétariat cherchait désespérément des armes mais seules les forces communistes, marxistes armèrent le prolétariat et décidèrent l’insurrection. Les nationalistes n’y participèrent pas. Nous, nous nous sommes organisés par groupes pour attaquer les maisons des chefs de clans. En général chaque détachement ne possédait qu’un seul bazooka et des armes légères. L’attaque commença au bazooka et on chercha à atteindre le plus vite possible les dépôts d’armes. Il y avait déjà pas mal de temps que nous en avions fait l’inventaire et c’est pourquoi nous savions où se trouvaient les armes. Un autre aspect important de la préparation effectuée par les groupes révolutionnaires fut la mise à disposition de l’insurrection d’un ensemble « d’hôpitaux » de campagne pour soigner les blessés. »
Mais, malgré tout cela, l’organisation et l’armement restent nettement insuffisant, ce qui, dans certain cas, se paye du côté du prolétariat par des morts et des blessés et par des défaites partielles.
Un autre camarade nous donne sa version :
« Je ne me suis rendu compte de la préparation de l’action insurrectionnelle que deux jours avant, lorsqu’un camarade révolutionnaire me donna différentes consignes précises : je devais aller le 7 à 8h du matin à tel endroit armé comme je le pouvais. Quand je suis arrivé à la concentration, nous n’étions que 7. A ce moment-là, je me suis dit qu’on ne pourrait pas gagner ; plus tard, j’ai su que la majorité du comité avait lâché l’insurrection, pensant, elle aussi, qu’on ne pourrait pas triompher, mais que de toute façon ce serait un pas important dans la lutte et l’autonomie du prolétariat. Un instant plus tard apparurent deux camarades de Rawti (« Perspective Communiste »), nous appelant et nous encourageant à nous rassembler pour l’insurrection. Ils distribuèrent des grenades. Tous ensemble nous avons parcouru les rues proches de cet endroit en appelant à la lutte et nous avons réuni en un instant quelques 50 à 60 personnes. C’est alors qu’arrivèrent deux peshmerghas bien armés. Les insurgés les appelèrent et leur crièrent de se joindre au mouvement mais ils ne le firent pas. Bien que nous étions un petit groupe et en infériorité totale point de vue armement, nous attaquâmes la caserne du quartier. Mais elle était trop bien protégée. Nous avons fui, repoussés et pourchassés ensuite. Notre camarade Bakiry Kassab, militant de « Perspective Communiste », mourut au cours de cette attaque. Nous nous sommes dispersés de manière tout à fait désordonnée et on a couru aussi vite qu’on pouvait. L’ennemi, mieux armé, nous poursuivait et nous fûmes encerclés jusqu’à ce que nous arrivions sur le grand boulevard. Une fois arrivés là, une grande surprise nous attendait : l’insurrection gagnait du terrain et c’étaient les baasistes qui reculaient. »
Ces faits comme tant d’autres que nous ont rapportés différents camarades ou structures de lutte, nous permettent d’affirmer que, malgré l’existence de ce comité insurrectionnel, d’abord dynamisateur de la structure des shoras, puis centralisateur de ces derniers, malgré l’existence de ce comité, la centralisation réelle reste très relative. Il y a énormément d’aspects chaotiques et beaucoup de combattants prolétariens sortent dans les rues avec ce qu’ils ont sous la main, sans autre structure de centralisation que celle rencontrée « spontanément » dans la rue, sans autre consigne que celle donnée par un ami d’aller à tel endroit. Les détachements de prolétaires armés se constituent très rapidement pour faire telle ou telle action et puis se dispersent ; souvent les camarades qui se trouvent du même côté de la tranchée sans se connaître au préalable tissent des liens profonds et, après l’insurrection, se structurent en organisation politique. C’est précisément l’existence de tous ces groupes d’action hétérogènes participant à des actions tellement différentes, qui empêche de se faire une idée globale du mouvement : il n’y a pas deux protagonistes qui aient vécu la même situation et encore bien moins qui aient perçu politiquement la même chose.
Messages
1. Irak 1991 : une guerre de classe, 23 août 2018, 07:28, par TŘÍDNÍ VÁLKA - Guerre de classe
Devant l’expansion de la guerre au Moyen-Orient et les nouvelles vagues révolutionnaires en Iran-Irak :
Vers une rencontre internationale au Kurdistan
Camarades,
Au cours des dernières décennies, la société capitaliste dans son ensemble se divise de plus en plus en deux grandes armées ennemies se faisant directement face : la bourgeoisie et le prolétariat. Notre époque, l’époque de l’approfondissement de la crise industrielle et commerciale mondiale et donc de l’intensification de la lutte des classes dans le monde a déjà franchi diverses étapes de développement, à travers lesquelles le prolétariat a dépassé sa première phase des phénomènes isolés et sporadiques. La croissance de la guerre de classe prendra de plus en plus une forme toujours plus internationale. Et malgré la guerre capitaliste au Moyen-Orient, et les nouvelles tentatives du capitalisme mondial pour élargir le cercle de la guerre sous prétexte de démanteler les armes nucléaires de l’Iran, le prolétariat de cette région s’est engagé dans l’actuelle vague internationale de lutte des classes. Les grèves et les manifestations en Iran se sont étendues à plus de 249 villes dans l’ensemble des 31 provinces iraniennes. Ces vagues révolutionnaires n’avaient pas pris fin en Iran que le prolétariat en Irak entrait à son tour dans cette arène de lutte historique.
En juillet 2018, une nouvelle vague de lutte de classe s’est déclenchée en Irak, avec 30 victimes tuées et 700 blessées au cours des 10 derniers jours, plus de 50 policiers et agents de sécurité ont été blessés – le prolétariat en Irak a également commencé à se déplacer vers la scène universelle de la lutte des classes. Au cours de la même semaine, des manifestations ont éclaté dans toutes les villes du centre et du sud de l’Irak, où des dizaines de manifestants ont été blessés et des centaines arrêtés. Des manifestants ont attaqué un palais de justice, le quartier général du gouvernorat, le quartier général du Hezbollah irakien à Nadjaf, incendiant leur bureau et provoquant la suspension du trafic aérien. Les manifestants de Nadjaf ont occupé l’aéroport international et incendié les bâtiments de la municipalité. Le gouvernement a coupé l’Internet et bloqué les médias sociaux et il a lancé un ordre national aux forces de sécurité d’être en alerte maximale afin d’endiguer le mouvement révolutionnaire. Et au contraire, la ville de Bagdad a rejoint le mouvement. Enfin, le mouvement a montré son développement dans des tentatives répétées de mise en place de comités à Bagdad qui est une tentative de coordonner les manifestations dans tout le pays.
Tous ces événements témoignent de la montée en puissance du prolétariat, non seulement en nombre, mais en concentration dans des masses plus grandes. C’est une preuve que le mouvement a une capacité intérieure tendant à l’auto-organisation et l’auto-armement du prolétariat. Et tandis que des manifestants partout en Irak criaient : « Révolution de la faim », et confirmaient ce qu’une agence de l’ONU affirmait en avril 2017 en disant que plus de la moitié des familles irakiennes risquaient d’avoir faim à cause de la guerre contre Daech ; aux yeux des différentes écoles du socialisme et du communisme bourgeois, ces événements ne sont rien de plus que des conflits entre l’Islam et la Démocratie, les Chiites et les Sunnites, les Arabes et les Kurdes. Ils sont donc à la recherche d’une nouvelle doctrine politique, une philosophie ou une science pour créer les conditions du mouvement et, partant, de la société qu’ils imaginent. Main dans la main avec les différentes catégories de bourgeois, ils s’efforcent constamment de faire reculer le mouvement prolétarien et de réconcilier les classes sociales en transformant la forme religieuse de l’Etat en un Etat véritablement laïque, accompagné de la protection de la liberté et l’établissement d’un Etat laïc en Irak et en Iran et d’un Etat démocratique indépendant pour le peuple kurde où le pouvoir politique est autorisé et contrôlé par le peuple à travers ses partis politiques élus, et en transformant ainsi l’antagonisme de classe en conflits nationaux et en conflits entre la démocratie et le fascisme ou entre la laïcité et la religion, alors que la tâche des socialistes et des communistes est de rejeter tout ce qui dans leur littérature atténue le conflit entre les classes sociales. Ces différentes écoles du gauchisme ne voient rien d’autre que la contradiction entre l’Etat politique et la société civile, entre l’Etat et les droits de l’homme de sa citoyenneté, même si une telle société exempte d’antagonisme de classe n’existe que dans l’imagination. L’antagonisme social reflète l’existence de deux classes sociales antagonistes : la bourgeoisie et le prolétariat. Dans cet antagonisme, la bourgeoisie représente partout le parti conservateur et le prolétariat représente le parti destructeur de la société. Ainsi, le mouvement spontané et l’organisation graduelle du prolétariat partout dans le monde n’est rien de plus que l’identification de la structure de classe similaire des différents pays qui crée une base internationale pour les actions communes du prolétariat.
De ce point de vue, des militants au Kurdistan proposent une rencontre internationale dans notre région. En l’honneur des progrès constants du mouvement prolétarien, nous invitons tous les socialistes, communistes et anarchistes internationaux désireux de développer des liens entre des individus et des groupes révolutionnaires. Cette avancée est une base réelle pour des activités internationales communes et de telles réunions peuvent constituer une base pour une grande conférence internationale dans un proche avenir. Le but de cette réunion est d’établir premièrement un comité international pour l’échange d’informations sur les questions intéressant les prolétaires de tous les pays et de discuter des tâches pratiques liées à la lutte des classes, d’organiser des réunions périodiques, de créer un site web commun, de collecter des fonds pour accomplir des tâches spécifiques, etc. La réunion peut au moins briser l’isolement entre les internationalistes et sera une expression des intérêts communs du prolétariat mondial. Elle peut déterminer un centre pour ces tâches communes et faire un programme commun pour tous les groupes internationalistes. Ce sera au moins une réponse commune internationale à l’alliance capitaliste qui exorcise le spectre de la révolution sociale. La seule réponse à cette alliance capitaliste, surtout pour étendre la guerre, c’est la guerre révolutionnaire du prolétariat. De la militarisation capitaliste permanente, qui est le plus grand fait fondamental de notre époque, découle indubitablement l’armement du prolétariat. Ce phénomène, le phénomène de l’armement prolétarien, qui a été une réalité en Irak/Kurdistan, même s’il n’en est qu’à ses prémisses, repose sur tout le développement du militarisme capitaliste de notre époque. C’est l’accomplissement de la condition matérialiste historique de la révolution prolétarienne.
Salutations,
Des militants au Kurdistan, Irak
24 juillet 2018
Source :
http://www.myinternetpages.com/meetingfrench.html
https://www.autistici.org/tridnivalka/towards-an-international-meeting-in-kurdistan/
2. Irak 1991 : une guerre de classe, 8 octobre 2019, 14:26, par Max
"Toutefois, l’ultime stratégie de Saddam pour maintenir la paix sociale en Irak était une campagne de guerre permanente et la militarisation de la société. Mais une telle stratégie pouvait seulement mener à une ruine économique plus importante et à l’intensification des antagonismes de classe. Au printemps 1990, la contradiction était devenue explosive. L’économie irakienne était anéantie après huit ans de guerre avec l’Iran. La production pétrolière, la principale source de devises fortes, était réduite tandis que les prix du pétrole étaient relativement bas. Les seules options, une fois la paix revenue, pour tenir les promesses de prospérité faites en temps de guerre étaient une hausse du prix du pétrole ou une nouvelle guerre. Le dernier choix était bloqué par le Koweït et l’Arabie Saoudite. Le saut audacieux de Saddam pour sortir de l’impasse fut d’annexer le Koweït et ses riches champs de pétrole."