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Le rôle actif, militant et dirigeant de l’Eglise catholique dans le génocide rwandais

samedi 10 novembre 2018, par Robert Paris

1 Mgr Thaddée Ntihinyurwa Evêque de Cyangugu en 1994

2 Mgr Joseph Sibomana Evêque Kibungo

3 Mgr Jean-Baptiste Morandini Nonce Apostolique du Rwanda en 1994

4 Mgr Thaddée Nsengiyumva Evêque de Kabgayi

5 Mgr André Perraudin Archevêque –Evêque émerite de Kabgayi

6 Mgr Joseph Ruzindana Evêque de Byumba M

7 Mgr Vincent Nsengiyumva Archevêque de Kigali

8 Mgr Jean-Baptiste Gahamanyi Evêque de Butare

9 Mgr Wenceslas Karibushi Evêque de Nyundo

10 Mgr Phocas Nikwigize Evêque de Ruhengeri

11 Mgr Augustin Misago Evêque de Gikongoro

Les pères Blancs du Rwanda sont rouges de sang ainsi que l’Eglise catholique qui continue de les couvrir, de les défendre et de les protéger...

Le rôle actif, militant et dirigeant de l’Eglise catholique dans le génocide rwandais

Lue dans plusieurs églises du pays, la déclaration symbolique des neuf évêques catholiques rwandais apparaît en effet plus circonscrite que les apparences ne le laissaient supposer. « Nous demandons pardon au nom de tous les chrétiens pour toute forme de péché commis. Nous regrettons que des membres de l’Église aient violé leurs vœux d’allégeance aux commandements de Dieu », écrivent les prélats.

L’annonce d’excuses officielles de l’Église catholique concernant le génocide des Tutsis était exagérée : il ne s’agissait pas de reconnaître les responsabilités de l’institution, encore moins le Vatican, mais de dénoncer « des individus » qui auraient failli en 1994.

Mgr Philippe Rukamba, le président de la Conférence épiscopale, a tenu à clarifier : « L’Église n’a pas participé au génocide », et elle ne l’a « jamais commandité ».

Eh bien, c’est un pur mensonge : l’Eglise a participé et elle a commandité le massacre !!

Au Rwanda, l’Eglise catholique est la seconde puissance instituée après l’État. En position privilégiée elle a joué un rôle non négligeable dans le génocide des Tutsi en 1994 et elle s’est compromise ouvertement avec le régime hutiste qui organisa et exécuta le crime. Et l’Eglise catholique mondiale a participé à l’effort qui a suivi le génocide, pour le nier et pour protéger les criminels pères blancs réfugiés dans les églises du monde entier pour échapper à la justice !

Le Vatican, lui aussi, n’a pas ménagé ses efforts pour protéger les criminels en organisant leur exfiltration vers l’Europe et en soutenant ceux, restés sur place, confrontés à la justice rwandaise comme ce fut le cas pour Mgr Misago finalement acquitté suite aux pressions du Vatican.

Des prêtres notoirement compromis dans le génocide rwandais vivaient au Vatican ou ailleurs dans le monde et continuaient à exercer leurs responsabilités de pasteurs catholiques. L’Osservatore Romano s’est fait l’écho au moins une fois très ouvertement de la théorie du double génocide, thèse des génocidaires justement, pour justifier cette impunité.

Mais d’abord, l’Eglise catholique a été responsable de la mise en place du régime ethnique et raciste hutu du Rwanda…

Les autorités de l’Église catholique au Rwanda développeront à la fin des années 1950 une prédication de libération du peuple Hutu opprimé par les Tutsi, à l’instar des discours contre la noblesse française à la fin du XVIIIe siècle. On rappelle fréquemment la Lettre pastorale du 11 février 1959 de Monseigneur Perraudin, qui sera perçue comme une justification morale de la chasse aux Tutsi qui débutera quelques semaines plus tard. Monseigneur Perraudin insiste sur la distinction raciale et conteste l’analyse de classe, pour barrer la route aux sensibilités communistes qui auraient pu s’éveiller alors dans les milieux populaires.

Christian Terras et Mehdi Ba - Rwanda, l’honneur perdu de l’Église – Golias :

« Cette intronisation du premier roi chrétien modifia la situation : il s’ensuivit une vague de conversions restée dans les mémoires sous le nom de Tornade. Signe éclatant de l’implantation du catholicisme au Rwanda : en vingt ans, plus de 90 % des Rwandais devinrent catholiques. Le français demeura la langue officielle, car, la plupart des missionnaires étaient francophones. Cependant, une nouvelle génération de prêtres flamands, d’origine plus modeste que leurs collègues francophones, s’identifia davantage aux Hutus et entreprit de former une contre-élite hutue, et leur apprit le néerlandais. Ces Hutus devinrent les leaders de la « nation hutue » et s’impliquèrent dans la politique active. »

On ne peut pas passer sous silence le rôle de l’Église catholique au Rwanda. Avec l’arrivée des Belges, elle fonctionna pratiquement comme une institution religieuse étatique. Cela est vrai pour l’époque coloniale comme pour l’époque du génocide ; nous sommes contraints de constater que c’est là un rôle que l’Église ne peut pas effacer.

L’essentiel de l’idéologie raciste hamitique a tout simplement été inventé par les Pères Blancs, des missionnaires catholiques qui écrivirent ce qui devint la version officielle de l’histoire du Rwanda, conforme à leurs points de vue essentiellement racistes. Dans la mesure où ils contrôlaient tout le système scolaire de la colonie à la satisfaction des Belges, les Pères Blancs purent, avec l’approbation des Belges, endoctriner des générations entières d’écoliers Hutu et Tutsi et leur inculquer la théorie hamitique.

Avec l’appui total de l’Église catholique, une interprétation fantaisiste de la démocratie commença à faire circuler la notion de rubanda nyamwinshi qui signifiait « le peuple majoritaire ». Même si Kayibanda régnait en dictateur sur un pays qui n’avait jamais connu la démocratie, comme les Hutu formaient une grande majorité de la population rwandaise, il allait de soi que, pour l’Eglise catholique, la domination Hutu était démocratique.

Dans le début de guerre civile intertehnique qui commença à la fin de 1959, l’Eglise catholique était déjà l’un des acteurs militants et extrémistes du Hutu power ! Belges et catholiques étaient les partisans de l’ethnisme hutu et des méthodes les plus violentes pour l’imposer…

Sous la direction de Grégoire Kayibanda, diplômé du séminaire catholique et cosignataire du Manifeste des Bahutu, un parti à prédominance Hutu apparut, le Mouvement démocratique rwandais/Parti du Mouvement de l’Émancipation Hutu, ou encore Parmehutu. À la fois les Belges et les dirigeants ecclésiastiques prirent ouvertement le parti de leurs nouveaux amis Hutu. Les Pères Blancs donnèrent quelques conseils stratégiques aux dirigeants Hutu et en général soutinrent leur cause. En parallèle, le plus haut gradé militaire belge sur le terrain dirigeait les opérations au nom des Hutu et ses propres troupes, lorsqu’elles se décidaient à intervenir, encourageaient les attaques des Hutu contre les Tutsi.

Par la suite, l’Eglise a maintenu son alliance avec le pouvoir Hutu…

Plus de 60 pour cent des Rwandais étaient de religion catholique et l’Église catholique est restée un allié et un rempart sûr pour le régime Habyarimana, lui conférant légitimité et liberté d’action jusqu’à la fin. Tout comme les gouvernements des pays étrangers et les organismes d’aide présents au Rwanda, la hiérarchie catholique a rarement contesté les fondements ethniques de la vie publique ou la dictature militaire de parti unique de Habyarimana.

La hiérarchie de l’Église catholique demeura un rempart solide sur lequel la république de
Habyarimana put compter presque jusqu’à la fin. Plus de 60 pour cent des Rwandais étaient Catholiques. La séparation entre l’Église et l’État n’existait pratiquement pas. Bien que les Tutsi aient depuis toujours constitué la majorité du clergé catholique, sept des neuf évêques en place au début du génocide étaient Hutu, et les chefs de l’Église étaient actifs dans les structures de l’État et du parti à tous les niveaux, jusqu’au sommet. Comme l’ont noté presque toutes les études sur cette période, l’archevêque de Kigali, Monseigneur Vincent Nsengiyumva, était un proche et un homme de confiance du Président. Nsengiyumva, qui était le confesseur personnel d’Agathe, la femme du Président, et qui était reconnu pour porter l’insigne du portrait d’Habyarimana épinglé sur sa soutane, avait été un membre actif du comité central du MRND jusqu’à ce que Rome l’oblige à démissionner du comité en 1989. L’Église et l’État ont traditionnellement entretenu des relations de travail mutuellement profitables, un phénomène qui s’est renforcé sous le long règne d’Habyarimana. L’Église procurait une légitimité symbolique additionnelle à l’État qui, en retour, en facilitait les activités. Les deux insistaient sur le principe d’obéissance et sur une dépendance accrue vis-à-vis les structures de pouvoir. Ensemble, ils coopéraient à « étendre leur contrôle sur la population, la conformer et l’intégrer à l’économie et à la politique. » Ils avaient en commun d’importantes valeurs sociales : bien que le Rwanda ait été décrit partout comme un pays qui avait trop peu de terres pour sa population, la régulation des naissances était un anathème tant sur le plan public que privé. Le moment venu, Habyarimana put prendre pour excuse la croissance constante de la population du pays pour refuser d’autoriser le retour des réfugiés qui avaient fui durant les massacres des Tutsi organisés par le gouvernement précédent. Vers la fin seulement, il sembla montrer un peu moins de fermeté sur la question, mais il était déjà trop tard. Près de 20 pour cent de la population était affiliée à diverses dénominations protestantes, dont aucune n’avait de position institutionnelle dans le régime. La hiérarchie anglicane et les Baptistes étaient toutefois généralement favorables au régime, et le président de l’Église Presbytérienne du pays était membre du comité MRND dans sa préfecture.

Après l’assassinat de Habyarymana, l’Eglise a participé activement au massace ethnique…

« Ensemble, les chefs militaires et le nouveau gouvernement intérimaire des partisans du « Hutu
Power »pouvoir hutu, assermenté suite à l’écrasement de l’avion, prenaient toutes les décisions, tandis que la structure complexe du régime rwandais exécutait le génocide avec une effroyable efficacité. Tous ont bénéficié d’un soutien indispensable de la part des leaders Hutu des Églises catholique et anglicane. Cette position a été facilement interprétée par les Chrétiens ordinaires comme un appui implicite aux tueries, comme l’a été la proche association des leaders religieux avec les leaders du génocide. C’est peut-être là ce qui permet d’expliquer le plus grand mystère du génocide : la terrible facilité avec laquelle le « Hutu Power »pouvoir hutu a pu rendre autant de citoyens ordinaires complices du génocide. Il est impossible d’expliquer autrement pourquoi tant de personnes ont pu être assassinées si vite. »
explique le rapport de l’OUA sur le génocide au Rwanda.

Dans les années qui ont suivi, les dirigeants des Nations Unies, des États-Unis, de la Belgique et de l’Église anglicane ont tous présenté des excuses pour n’avoir pas su stopper le génocide, pour n’avoir pas pu mettre un terme au génocide. Aucun n’a reconnu un rôle actif, pourtant évident. Ni le gouvernement français ni l’Église catholique n’en ont encore présenté. Aucun gouvernement ni aucune institution responsable n’a non plus suggéré que l’on doive au Rwanda une quelconque compensation pour cet échec ; pendant cette période, jamais aucun responsable n’a démissionné en signe de protestation ni n’a été amené à répondre de ses actes.

Il faut préciser que l’église catholique et ses hautes sphères s’investirent de toute leur énergie pour soustraire les prêtres génocidaires à la justice rwandaise et lancèrent leurs réseaux -opus dei en tête- dans une campagne d’intoxication et de falsification des faits véridiques relatant le génocide rwandais. Cette institution avait dès la période coloniale soutenu, préformé la constitution d’une élite hutu exterminationiste antitutsi, et le premier président du Rwanda indépendant, l’extrémiste hutu Kayibanda qui a organisé des massacres et persécutions de masses de Tutsi, est un ancien séminariste, ancien secrétaire particulier de l’archevêque de Kigali. L’église aura suscité une part significative de son action criminelle.

Au mois de juin 2001, deux religieuses Hutu du couvent de Sovu, Consolata Mukangango (Sœur Gertrude, supérieure du couvent) et Julienne Mukabutera (Sœur Kizito), ont été condamnées par la justice belge à respectivement quinze et douze ans de réclusion pour avoir livré aux milices Interahamwe les familles tutsies qui s’étaient réfugiées dans l’enceinte du couvent.

Bon nombre de génocidaires notoires, condamnés par le TPIR (1) sont, aujourd’hui encore, protégés, hébergés et nourris par l’Eglise. D’autres, ne sont ni poursuivis ni jugés, car des indices sérieux attestent que certaines personnalités belges proches de l’ancien régime du Président Habyarimana, proches aussi du Mouvement Catholique Charismatique et de "l’Opus Dei" utilisent leurs pouvoirs et leurs relations pour empêcher que la justice fasse son travail normalement et surtout que la lumière se fasse sur la pire tragédie jamais advenue en Afrique.

Le mémorial du génocide Gisozi, à Kigali, pointe sans hésiter l’archevêque suisse, Mgr. Perraudin, Père Blanc, originaire de Bagnes en Valais . Missionnaire en Afrique durant des années et consacré, le 25 mars 1956, évêque du Vicariat apostolique de Kabgayi. On continue à s’interroger sur son rôle précis dans le génocide rwandais et comment cet homme de foi, croyant, pratiquant dont le digne but était d’évangéliser les Africains se retrouve sur la liste des génocidaires, du moins fiché comme un des principaux idéologue ? Par la suite, on le verra proche de Grégoire Kayibanda dont il sera le conseiller et l’ami, son implication et son influence sur les dirigeants du Rwanda ne fait aucun doute, il se défendra face aux accusateurs en lançant à la cantonade que "les Tutsi sont la cause de leur propre génocide. »

Le père blanc italien Bérôme Carlisquia, dit aussi Carlo Bellomi, a été accusé par de nombreux témoins et les autorités rwandaises actuelles d’avoir été le cerveau de la préparation et l’exécution du génocide contre les Tutsis dans la région de Rusumo. Il prêchait, selon de nombreux témoignages, la haine et la violence envers les Tutsis, il fut régulièrement vu à différentes barrières, fusil à la main, accompagné de tueurs Hutus ! Il est réfugié aujourd’hui à Brescia en Italie où il mène une vie tranquille.

Très certainement une des grandes figures missionnaires de l’Eglise Catholique au Rwanda fut le prêtre blanc Gabriel Maindron. Il a résidé au Rwanda plus de trente ans ! Il fut au Rwanda responsable de la paroisse Crête-Congo-Nil. Il faut noter que dès que ce personnage est arrivé dans cette région du Rwanda en 1985, tout y a changé, plus rien n’était comme avant. Dès son arrivée il a commencé à y créer la zizanie entre Hutus et Tutsis. Alors, que les deux ethnies y vivaient en harmonie jusque là. Pour réaliser sa mission le prêtre blanc Maindron, s’est appuyé sur quatre prêtres Hutus extrémistes. Il était en permanence escorté par des miliciens extrémistes Hutus qui furent ses garde-corps. Maindron assistera maintes fois directement à des mises à mort durant le génocide. Maindron était un grand ami du lieutenant-colonel Chollet, un tout-puissant conseiller militaire français du Président Habyarimana, des documents prouvent que Maindron aurait fait du renseignement militaire dans la préparation du génocide, et même pendant le génocide ! Il aurait participé à pratiquement toutes les réunions politiques de l’extrémisme Hutu.

L’Archevêque de Kigali [ la capitale du Rwanda ], ‘‘Monseigneur’’ Vincent Nsengiyumva, était membre du parti unique du régime Hutu de Habyarimana, il fut escorté par la garde présidentielle, il était un informateur-conseiller du Président et de ses colonels les plus durs et les plus extrémistes, tel que le colonel Elie Sagatwa et un document, retrouvé plus tard dans la résidence présidentielle, démontre que l’Archevêque jouait même les intermédiaires pour des promotions d’officiers et qu’il faisait du renseignement !

Des personnes rescapées du génocide témoignent à son sujet de la sorte : « après les massacres dans l’église de Kibuye, je vois, du haut de ma cache dans le clocher, le Père Maindron et plusieurs personnes qui se dirigent vers l’église, parmi celles-ci il y avait le bourgmestre et le préfet Kahishema, le grand organisateur du génocide dans la région… ».

Le père Johan Pristill, un ancien professeur allemand de dogmatique du Grand Séminaire de Nyakibanda au Rwanda, va traduire le ‘‘Mein Kamf’’ de Hitler en kinyarwanda, non seulement pour le diffuser sur les ondes de sa radio comme dit plus haut, mais aussi à l’attention des cadres extrémistes hutus co-architectes du génocide, transformant au passage l’œuvre maîtresse d’Hitler pour qu’elle ne vise plus le ‘‘juif’’, mais le ‘‘Tutsi’’ cette fois ! A la fin du génocide, ce même Père Pristill aurait été mandaté par des réseaux proches de Caritas internationalis pour exfiltrer des prêtres, des religieux et religieuses rwandais et rwandaises ayant participé au génocide.

Ainsi, les terres propices à l’accueil d’ecclésiastiques responsables de participation, d’incitation au génocide, sont l’Italie, la France, la Belgique et la Suisse. Il semblerait que pour faire ce qu’il a fait le Père Pristill aurait collaboré étroitement avec le Père dominicain canadien Yvon Romerlau, qui fut un proche de l’ancien président Hutu Habyarimana ; ce Père canadien serait aujourd’hui à Rome. Coïncidence ou non ( ?) le fait est que la paroisse de Nyumba, celle du Père Pristill, fut un des lieux les plus touchés par les massacres, après le génocide on va y découvrir environ 30.000 cadavres. Bien avant le génocide, au moment de sa préparation… et c’est bien le cas de le dire, la fondation Adenauer en Allemagne, qui participe activement à des projets appuyés par l’Internationale démocrate-chrétienne, va financer la station de radio RTLM (radio-télé des Mille Collines) qui sera appelée après le génocide ‘‘radio télé de la Mort’’. Effectivement tous les jours et pendant des mois, cette radio a incité à tuer des séries entières de personnes dont les noms et adresses étaient journellement citées !

On peut ainsi citer comme exemples de génocidaires notoires cachés et protégés dans des couvents, des monastères, etc., le père Wenceslas Munyeshyaka, l’abbé Gabriel Maindron à Fontenay-le-Comte, l’abbé Martin Kabalera à Luchon (tous les trois en France) et l’abbé Daniel Nahimana (en Italie).

Le père Wenceslas, exerce aujourd’hui en France les fonctions de prêtre coopérateur et aumônier des Scouts de France à Gisors en Normandie. Il a été accusé de génocide et crime contre l’humanité (viol, assassinat, extermination). L’affaire a été transmise aux autorités françaises le 20 novembre 2007 où elle est demeurée sans suites malgré une condamnation de la Cours Européenne des Droits de l’Homme dénonçant la lenteur de la procédure. Des témoins ont relaté avec précision des exécutions massives survenues les 17 et 22 avril 1994 à la paroisse de la Sainte-Famille à Kigali, où Munyeshyaka officiait.

Entre avril et mai 1994, l’abbé Wenceslas Munyeshyaka aurait en effet contribué au génocide mené contre les tutsis par les milices hutus et des membres des forces armées rwandaises. Il aurait à plusieurs reprises participé à la sélection de réfugiés tutsis choisis pour être massacrés, les aurait laissés mourir de soif, aurait dénoncé aux autorités les personnes essayant de les aider, et aurait violé plusieurs femmes. Il tirait son pouvoir des rapports qu’il a entretenus avec les responsables militaires et les chefs politiques tels que le colonel Tharcisse Renzaho. Au Rwanda, le 26 novembre 2006, devant un tribunal militaire, il a été condamné par contumace à la prison à vie pour ces crimes de guerre dénoncés par de nombreux témoins.

L’abbé Gabriel Maindron, alias Munderere, vient en tête d’une liste de suspects de génocide en fuite établie par les autorités rwandaises. Il était curé de la Paroisse Crête Congo-Nil, dans la province de Kibuye à l’ouest du Rwanda. A la chute du régime génocidaire en 1994, le missionnaire revient en France et s’entretient avec le journaliste Nicolas Poincaré qui publie en 1995 ’’Gabriel Maindron, un prètre dans la tourmente’’. Dans ce livre, les tutsis sont une nouvelle fois accusés d’être une minorité qui tient la majorité hutue à l’écart du pouvoir depuis quelque quatre siècles de régime monarchique. Il s’agit d’un mensonge basé sur aucune réalité historique et semblable à celui que l’Eglise répendait il n’y a que quelques décennies à propos des juifs qui, comparés à une pieuvre aux longues tentacules, étaient accusés de règner sans partage. Ce mensonge est le fondement idéologique de la révolution sociale de novembre 1959, soutenue par l’Eglise et l’administration coloniale belge, qui renverse "les cruels féodaux hamites" pour fonder le pouvoir hutu "un peuple de Bantou très croyants, simples mais honnêtes et travailleurs". Comme l’antisémitisme, l’antitutsisme se nourrit de fantasmes racistes. En effet, avant l’arrivée des premiers colons au début du XXème siècle, il n’existait au Rwanda ni ethnie hutue, ni ethnie tutsie, ni structure gouvernementale centralisée que l’on puisse qualifier de monarchie malgré ce que continue à affirmer le curé français.

L’Abbé Martin Kabalera, réfugié à Luchon dans l’archidiocèse de Toulouse, déclare : "Je suis content que les gens qui m’accusent soient en vie. J’en suis fier." Ce prêtre feint d’oublier qu’on l’accuse de complicité dans l’assassinat de femmes, d’enfants et de militaires tutsis dont il avait la charge. Qui d’autres peut témoigner contre lui si ce n’est les survivants ?

Seuls deux génocidaires réfugiés en France, ont été arrêtés le 26 Novembre 1999 et le 15 février 2000 et transférés devant le Tribunal international de l’Onu : Jean de Dieu Kamuhanda, ministre de la Culture et de l’Enseignement Supérieur au moment des faits, condamné à "la prison à vie pour le restant de ses jours" et François-Xavier Nzuwonemeye, commandant du 42 ème Bataillon de Reconnaissance de l’Armée Rwandaise génocidaire, actuellement en jugement.

La France, cette soeur aînée de l’Eglise, sait donc se faire terre d’asile pour des criminels génocidaires qui échappent ainsi à la justice internationale. C’est pourtant cette même France qui matraque (parfois à la hache) les sans papiers en grève de la faim... Deux poids, deux mesures : la fameuse "immigration choisie" de Sarkozy-Pasqua-Debré-Chevènement se fait selon un choix des plus curieux !

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Messages

  • Ce 20 août 20 1999, la Chambre Spécialisée du Tribunal de Première Instance de Kigali a commencé le procès de S.E.
    Mgr Augustin MISAGO détenu à la Prison Centrale de Kigali depuis avril 1999. Il lui a été lu l’acte d’accusations dont voici le contenu :

    1 Le crime de génocide des massacres et d’autres crimes contre l’humanité qu’il aurait commis à Gikongoro (commune Nyamagabe ), à Kaduha (commune Karambo), à Murambi (Préfecture Gitarama) et à Gisenyi, conjointement ou par complicité avec l’ancien Préfet de Gikongoro Laurent BUCYIBARUTA et le Major BIZIMANA.

    2 Participation dans la mort des Abbé Irénée NYAMWASA, Canisius MURINZI, Aloys
    MUSONI et celle des enfants qu’il aurait pris dans les camps de Kibeho
    et de Kaduha

    3.Le fait qu’il aurait collaboré à la formation des bandes de malfaiteurs.

    4 La Non - Assistance à personnes en danger.

  • Le Père Wenceslas Munyeshyaka, ancien curé de l’église de la Sainte-Famille est, à sa façon, un champion de la chose judiciaire : il est le premier Rwandais résidant en France contre lequel une plainte a été déposée, en juillet 1995, pour son implication présumée dans le génocide des Tutsi. Il est aussi le seul, avec son compatriote Laurent Bucybaruta, ancien préfet de la région de Gikongoro, à avoir été formellement accusé par le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR).

    En septembre 2007, un mandat d’arrêt était lancé par le TPIR contre lui. Sans plus d’effet que celui délivré, fin 2005, par les autorités judiciaires rwandaises - qui ont condamné Wenceslas Munyeshyaka par contumace, en 2006, à la prison à perpétuité. En France, bien qu’incarcéré brièvement à deux reprises, en 1995, puis en 2007, le curé de Kigali n’a toujours pas été jugé. La Cour européenne des droits de l’homme a d’ailleurs condamné la France, en 2004, pour sa "méconnaissance du principe du délai raisonnable" dans l’instruction de l’affaire. En clair : pour son exceptionnelle inertie.

    A Gisors (Eure), bourgade du Vexin normand, municipalité communiste, le prêtre rwandais Wenceslas Munyeshyaka est installé depuis juin 2001.

  • A Murambi, dans la préfecture de Gikongoro, l’évêque de Gikongoro, Augustin Misago, a été publiquement mis en cause pour son rôle au cours du génocide.

  • La haute hiérarchie catholique hutu a souvent justifié après coup de génocide : l’évêque catholique de Ruhengeri, Phocas Nikwigize, ou encore ceux de l’évêque méthodiste Aaron Ruhumuliza en sont des exemples frappants.

  • « Une centaine de religieux ont agit passivement ou activement. Certains ont laissé les miliciens entrer dans les églises et tuer, parfois par peur de représailles s’ils venaient à être surpris à protéger des Tutsis. Il y a aussi des cas de religieux qui n’ont pas ouvert la porte de leur église, sachant pertinemment le sort qui attendait dehors les Tutsis. Mais d’autres ont apporté une aide directe, comme les deux sœurs (sœur Gertrude et sœur Maria Kisito, ndlr) jugées et condamnées en Belgique. Le monastère qu’elles dirigeaient devait accueillir des réfugiés, mais elles ont fourni les bidons d’essence aux miliciens pour qu’ils mettent le feu au garage et à l’infirmerie où 2 000 personnes s’étaient regroupées. Elles ont donc été des complices actives. L’église catholique du Rwanda a failli dans son devoir de protection », commente Christian Terras, rédacteur en chef de la revue catholique Golias Magazine, qui a longuement enquêté sur le rôle de l’église rwandaise dans le génocide.

  • L’attitude de l’Eglise n’a pas été plus claire après le génocide.

    Le Vatican a fortement incité les témoins à taire ce qu’ils avaient vu pour protéger de nombreux génocidaires.

    Lorsque la justice occidentale a relâché des hauts responsables catholiques pourtant accusés par de nombreux témoins, les réactions des responsables de l’Eglise ont été claires : « L’absolution du prélat est un événement heureux pour l’Eglise, non seulement en Afrique, mais au niveau universel », a déclaré le cardinal Jozef Tomko, à l’époque préfet de la congrégation vaticane pour l’évangélisation.

    Jean Damascène Bizimana, dans son ouvrage L’Eglise et le génocide au Rwanda, les Pères blancs et le négationnisme, explique par ailleurs que le Vatican a aidé des religieux ayant commis des atrocités et qui souhaitaient quitter leur pays pour échapper à la justice. Des exfiltrations soigneusement préparées qui auraient permis à plusieurs présumés coupables de couler des jours heureux en Europe et même de continuer à exercer leur profession.

  • Le mémorial du génocide Gisozi, à Kigali, pointe sans hésiter l’archevêque suisse, Mgr. Perraudin, Père Blanc, originaire de Bagnes en Valais. Missionnaire en Afrique durant des années et consacré, le 25 mars 1956, évêque du Vicariat apostolique de Kabgayi. On continue à s’interroger sur son rôle précis dans le génocide rwandais et comment cet homme de foi, croyant, pratiquant dont le digne but était d’évangéliser les Africains se retrouve sur la liste des génocidaires, du moins fiché comme un des principaux idéologue ?
    Avant de partir au Rwanda, j’avais visionné le film sur Hannah Arendt et le procès d’Eichmann, projeté aux Scala. En me retrouvant devant la photo de l’archevêque Perraudin, j’ai tenté d’imaginer comment la philosophe aurait analysé ce cas où la banalité du mal prend une autre forme , celle de la justification faite par André Perraudin que ce sont les victimes qui l’ont cherché, que ce qui est arrivé aux Tutsi était à prévoir, c’est ainsi que André Perraudin effacera toute responsabilité dans ce qui sera un des génocides les plus effroyables du XXème siècle et qui fera dire à Bertrand Russell dès 1964 : » « le massacre le plus systématique depuis l’extermination des Juifs par les nazis ».
    L’histoire de Perraudin est surprenante car l’homme part d’un bon sentiment, du moins d’un sentiment religieux ; c’est au nom de la charité chrétienne et de la justice sociale qu’il prend une position ambiguë dans sa lettre pastorale « Super Omnia Caritas » (par-dessus tout la charité) , du 11 février 1959 et qui confortera l’intégrisme ethnique. Le religieux n’a pas compris que cette lettre ferait office d’appui de l’Eglise et tiendrait de justification morale des revendications hutues contre la minorité tutsie qui se déployeront dans une violence sans précédent. Dès le mois de novembre 1956, quelque mois à peine après sa lettre, on verra dans la région de Kabgayie, fief de son archevêché , apparaître les prémices du génocide de 1993.
    La lettre apostolique du Père blanc sera lue dans toutes les paroisses et fera de lui un des principaux idéologue et inspirateur de la Révolution sociale qui lui fait écrire : « Dans notre Rwanda les différences et les inégalités sociales sont pour une grande part liées aux différences de race, en ce sens que les richesses d’une part et le pouvoir politique et même judiciaire d’autre part, sont en réalité entre les mains d’une même race ». C’est au nom de l’égalité entre les races et de la charité que Mgr Perraudin soutient de tout son poids cette « révolution sociale » d’où émergent les leaders du mouvement hutu alors que les Pères blancs avaient au préalable et pendant des années éduquée et soutenue l’élite tutsie.
    Comment ce religieux nourri spirituellement du « Aimez-vous les uns, les autres « a pu être pareillement impliqué en qualité de théoricien du génocide rwandais dans une idéologie totalitaire qui entraînera l’extermination perpétré par les Hutus contre les Tutsis et Hutus opposés au génocide, comment ce mandement de Carême qui a marqué un tournant au Rwanda participera à le présenter comme une personne-clé au cœur d’un génocide ?
    Par la suite, on le verra proche de Grégoire Kayibanda dont il sera le conseiller et l’ami, son implication et son influence sur les dirigeants du Rwanda ne fait aucun doute, il se défendra face aux accusateurs en lançant à la cantonade que "les Tutsi sont la cause de leur propre génocide. « 
    Une question sans doute qui aurait passionné Hannah Arendt et « sa banalité du mal » revisitée par le rôle de l’archevêque suisse. Un mal banal et atroce qui prend des allures de bien- pensance, de morale, de vertu, par souci de devoir, la nécessité absolue d’en finir au nom du Bien et qui nous rappelle l’adage « les chemins de l’enfer sont pavés de bonnes intentions ». Au nom de cette compassion, le Père Blanc a alimenté l’intégrisme ethnique né et issu du colonialisme dont lui-même n’en était que le prolongement, dans cette posture de l’étranger qui érige des dogmes selon un point de vue entièrement post-colonial, avec une construction propre et vue par des Européens, loin de la réalité historique de ce peuple. C’est bien lui qui conseillait tous les jours le Président Kayibanda qui ne manquait jamais de faire un saut par l’archevêché de Kabgayie pour écouter les recommandations du religieux et surtout les appliquer à la lettre.
    Quel a été le rôle précis de la Confédération qui enverra ses cinq conseillers personnels du Président dont les derniers Frei et Charles Jeanneret rappelé en 1993 et payés par la DDC ? Ni l’Eglise catholique ni le Vatican, ni la Suisse ne pouvaient ignorer l’escalade de violence et d’extermination systématique des Tutsi par les Hutu. La Suisse a bel et bien soutenu et encouragé la « démocratie ethnique « du régime Habyarimana.
    Mais la Suisse comme pour le Tampon J se montre très discrète sur son rôle et son soutien dans son implication auprès des génocidaires. Dans le rapport Voyame, on la voit exécuter un exercice périlleux de contorsionniste, or, il ne fait aucun doute qu’ elle a bien collaboré étroitement avec le régime politique rwandais Habyarimana, qui s’est avéré criminel et responsable du génocide tout en s’excusant de n’avoir rien remarqué de particulier tout concentrés qu’étaient les fonctionnaires suisses à s’occuper de leurs affaires et qui lui fera dire : « les responsables de projets étaient presque exclusivement fixés sur leur tâche locale et qu’ils n’avaient guère, ou pas assez, perçu la dégradation de la situation sociale, l’inquiétude de la population et les abus de l’ethnicisation ». Un rapport Voyame qui banalise le mal et esquive les responsabilités.

  • Lire aussi :

    L’Eglise catholique du Rwanda a refusé d’ôter les titres religieux des prêtres soupçonnés d’avoir pris part au génocide de 1994.

    cliquer ici

  • Le Vatican a fait semblant de ne pas mouiller ses pattes dans le sang... Mais il y a eu des fuites...

    Des prêtres notoirement compromis dans le génocide vivaient au Vatican ou ailleurs dans le monde et continuaient à exercer leurs responsabilités de pasteurs. L’Osservatore Romano se serait fait l’écho au moins une fois très ouvertement de la théorie du double génocide pour justifier cette impunité. Cette théorie du « double génocide » est du reste la thèse des défenseurs des génocidaires.

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