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Des romans de Balzac

vendredi 26 juin 2020, par Robert Paris

Des romans de Balzac

Lafargue :

Balzac se réclame de Geoffroy Saint-Hilaire, l’élève et le successeur de Lamarck, le représentant génial de la théorie du milieu, théorie qui met en lumière l’action du monde extérieur sur les êtres qui se développent dans son sein ; il est partisan de la loi de corrélation des organes, à laquelle se ralliait également Goethe. Chaque changement du monde extérieur trouve pour ainsi dire un écho dans une modification correspondante chez les animaux et les plantes et toute modification survenue dans l’organe d’un animal agit nécessairement sur ses autres organes. S’il était possible, par exemple, de modifier la forme des dents du lion, cela entraînerait un changement dans la forme de ses mâchoires, en même temps que se modifieraient ses autres organes et les particularités de son caractère, comme le courage, la cruauté, etc. Les mêmes phénomènes se reproduisent quand on transporte des animaux de leur milieu naturel dans un milieu artificiel, comme cela se produit, par exemple, pour les animaux domestiques. Le changement entraîne nécessairement une modification des organes, de l’esprit et du caractère de l’animal.

Balzac, qui était pénétré de la justesse de cette théorie, s’est appliqué, avec un soin infini, à décrire les conditions dans lesquelles vivaient et agissaient ses personnages.

Il n’a pas esquivé l’analyse des " mille causes complexes " qui effraient Zola, et qui pourtant déterminent les actes des hommes et influent sur leurs passions. Bien plus, Balzac les a analysées avec tant de plaisir qu’il semble parfois ennuyeux au lecteur qui cherche dans la lecture du roman une distraction et non un enseignement. Flaubert, Zola, les Goncourt, la plupart des romanciers qui prétendent jouer un rôle important dans la littérature, se plaisent à des descriptions brillantes qui rappellent les prouesses des virtuoses au piano. Ce sont la plupart du temps des tableaux de genre, travaillés souvent à l’avance et conservés soigneusement dans un tiroir pour un usage éventuel. Ces descriptions sont introduites dans le roman comme des images ou des vignettes à la fin des chapitres. Elles prouvent le grand art d’exposition de l’auteur, elles ne sont en elles-mêmes qu’un accessoire laborieux et inutile qui nuit à l’intérêt du livre. Si l’on saute ces descriptions, les œuvres n’en souffrent pas, au contraire, souvent elles y gagnent.

Par contre, les descriptions magistrales et profondes de Balzac nous font mieux comprendre le caractère et l’action qu’il décrit ; parce que ses héros et ses héroïnes vivent dans telles ou telles conditions, ils doivent développer en eux des passions déterminées, qui correspondent à ces conditions, et agir en conséquence.

Les personnages de Balzac sont, sans exception, dominés par une passion qui devient pour eux un destin physiologique. Même quand ils ont apporté en venant au monde le germe de cette passion, elle ne se développe que lentement, sous l’influence du milieu. Mais sitôt qu’elle a atteint son apogée, comme l’amour chez Goriot, l’avarice chez Grandet, la recherche scientifique chez Balthazar Claës, la vanité chez Crevel, la sexualité chez le baron Hulot, elle devient souveraine, elle écrase et étouffe, tour à tour, les autres sentiments et fait de sa victime un monomane. Les romans de Balzac sont des épopées de la passion triomphante : l’homme y est le jouet d’une passion qui le domine et le martyrise comme il était, dans la tragédie grecque, le jouet d’une divinité qui le poussait tantôt au crime, tantôt à l’action héroïque. Depuis Eschyle et Shakespeare, – ce dernier fait aussi de ses héros les victimes d’une passion et les laisse déchirer par elle, – aucun écrivain n’a montré, comme Balzac, avec cette rigueur inexorable et cette puissance dans la description, les passions poussées jusqu’à leur paroxysme, jusqu’à la folie.

Zola prétend continuer Balzac, mais il diffère de lui en tout : par sa philosophie, sa langue, la manière dont il fait ses observations, travaille ses romans, introduit et fait agir ses héros, décrit leurs passions. Il en diffère encore par un trait nouveau, caractéristique pour son œuvre et qu’il a le premier introduit dans le roman, ce qui lui donne une indéniable supériorité sur les autres romanciers modernes, bien qu’il le cède parfois à quelques-uns, à Daudet dans l’art de la description et à Halévy pour l’esprit et la finesse. L’originalité de Zola réside en ce qu’il montre comment l’homme est jeté à terre et broyé par une force sociale. Balzac avait eu, pour parler comme Zola,

la grande originalité de donner à l’argent en littérature son terrible rôle moderne [6] ;

mais Zola est le seul écrivain moderne qui ait osé consciemment montrer comment l’homme est dominé et anéanti par une nécessité sociale.

Du temps de Balzac (il mourut en 1850), la colossale concentration des capitaux qui caractérise notre époque n’en était encore en France qu’à ses débuts. On ne connaissait pas les magasins géants dont les couloirs se prolongent sur des kilomètres, dont les vendeurs et les vendeuses se chiffrent par milliers, ces magasins géants où les marchandises les plus diverses sont centralisées et exposées, par rayons, de sorte qu’on y trouve des garnitures de bureau et de la parfumerie, des ustensiles de ménage, des chapeaux, des costumes, des gants, des bottines, du linge et des articles de sellerie. Il n’y avait pas de filatures, de tissages, d’usines métallurgiques, de hauts fourneaux occupant un peuple entier d’ouvriers et d’ouvrières. On ne connaissait pas ces sociétés financières qui manipulent des dizaines et des centaines de millions. Certes, la lutte pour la vie existait alors comme elle a toujours existé, – bien qu’elle n’eût pas encore ni sa théorie ni son nom, – mais cette lutte présentait d’autres formes, d’autres aspects que de nos jours, où les organismes économiques géants dont il vient d’être question l’ont essentiellement modifiée. La lutte pour la vie n’était pas démoralisante, elle ne dégradait pas l’homme, mais développait en lui certaines qualités, le courage, la ténacité, l’intelligence, l’attention et la prévoyance, l’esprit d’ordre, etc. Balzac observait et par conséquent décrivait des hommes qui luttaient les uns contre les autres, n’ayant recours qu’à leurs forces, physiques ou spirituelles. La lutte pour la vie que les hommes menaient alors ressemblait beaucoup à la lutte pour la vie entre les fauves qui cherchent à vaincre avec leurs griffes et leurs dents, par agilité et par ruse.

De nos jours, la lutte pour la vie a pris un autre caractère, plus âpre et plus accusé à mesure que la civilisation capitaliste se développait. La lutte des individus entre eux est remplacée par la lutte des organismes économiques (banques, usines, mines, magasins géants). La force et l’intelligence de l’individu disparaissent devant leur puissance irrésistible, aveugle comme une force de la nature. L’homme est pris dans leur engrenage, projeté, secoué, lancé de tous côtés comme une balle, aujourd’hui au sommet du bonheur, demain au fond de l’abîme, emporté comme un fétu de paille, sans qu’il puisse offrir la moindre résistance, malgré son intelligence et son énergie. La nécessité économique l’écrase. Les efforts qui permettaient aux hommes, du temps de Balzac, de parvenir – en grimpant sur les épaules de leurs concurrents et en enjambant leurs cadavres, – ne leur servent qu’à végéter misérablement. L’ancien caractère de la lutte pour la vie a changé, et avec lui s’est modifiée la nature humaine, elle est devenue plus vile, plus mesquine.

L’homme n’est plus qu’un estropié et tin nain, et cela se reflète dans le roman moderne. Le roman n’est plus rempli de folles aventures dans lesquelles le héros se précipite, comme un animal furieux dans l’arène, pour affronter en vainqueur les événements les plus merveilleux et les plus extraordinaires ; le lecteur ravi admire alors le courage audacieux, l’ardeur passionnée des personnages magiquement évoqués devant lui : rien ne les effraie, aucune des difficultés en apparence insurmontables, semées à dessein sur leur route. Quand les romanciers modernes veulent satisfaire l’intérêt que les lecteurs de certaines classes portent aux péripéties de la lutte d’un individu, ils choisissent leurs héros dans le monde des escrocs et des filous, où, par les conditions du milieu, l’homme civilisé est obligé de lutter pour sa vie avec toute la ruse, le courage et la cruauté du sauvage. Ailleurs, la lutte est à ce point grise et uniforme qu’elle manque de tout intérêt. Les romanciers qui écrivent pour les classes soi-disant supérieures et cultivées, sont obligés de bannir de leurs œuvres toute situation dramatique ; le dernier mot de l’art pour la nouvelle école est de renoncer à l’action, et comme ses représentants n’ont ni sens critique, ni sens philosophique, leurs œuvres ne sont que des exercices d’acrobatie verbale et eux-mêmes ne sont que des élèves de rhétorique

Balzac, dans « Eugénie Grandet », 1833 :

« Les avares ne croient point à une vie à venir, le présent est tout pour eux. Cette réflexion jette une horrible clarté sur l’époque actuelle, où, plus qu’en aucun autre temps, l’argent domine les lois, la politique et les mœurs. Institutions, livres, hommes et doctrines, tout conspire à miner la croyance d’une vie future sur laquelle l’édifice social est appuyé depuis dix-huit cents ans. Maintenant le cercueil est une transition peu redoutée. L’avenir, qui nous attendait par delà le requiem, a été transposé dans le présent. Arriver per fas et nefas au paradis terrestre du luxe et des jouissances vaniteuses, pétrifier son cœur et se macérer le corps en vue de possessions passagères, comme on souffrait jadis le martyre de la vie en vue de biens éternels, est la pensée générale ! pensée d’ailleurs écrite partout, jusque dans les lois, qui demandent au législateur : Que payes-tu ? au lieu de lui dire : Que penses-tu ? Quand cette doctrine aura passé de la bourgeoisie au peuple, que deviendra le pays ? »

Balzac dans « Béatrix », 1839 :

« Quand l’avarice se propose un but, elle cesse d’être un vice, elle est un moyen d’une vertu, ses privations excessives deviennent de continuelles offrandes, elle a enfin la grandeur de l’intention cachée sous ses petitesses. »

La galerie des bourgeois est sans fin dans l’oeuvre de Balzac :

L’exemple-type est le baron de Nucingen dans la Maison Nucingen. Pitoyable en amour, il appartient au cercle de la Haute Banque qui fait la pluie et le beau temps dans le monde de la finance. On peut citer aussi Keller frères dans César Birotteau et dans le Cabinet des Antiques.

Sans doute inspiré par les aventures du banquier Beer Léon Fould, père d’Achille Fould, qui évita le déshonneur et se tira haut la main d’une situation douteuse, Balzac a composé un type de banquier, qui réunit aussi les aspects de grandes figures de la finance de son époque : Jacques Laffitte, Georges Humann et les Rothschild. Il existe d’ailleurs une étrange similitude entre Beer Léon Fould et baron de Nucingen, démontré par les minutieuses recherches aux archives nationales d’Anne-Marie Meininger Il évoque leurs exploits notamment dans : la Maison Nucingen, Une fille d’Ève, Eugénie Grandet, la Duchesse de Langeais. L’auteur a aussi dévoilé au lecteur néophyte les calculs et les extravagances d’un milieu dont on retrouve les caractéristiques presque identiques moins de deux siècles plus tard...

Jean-Joachim Goriot dans le Père Goriot, profiteur de guerre, roué en affaire, aveuglé par son amour paternel, ruiné par ses filles, il est le seul exemplaire de ce type dans la Comédie humaine.

Le docteur Rouget dans la Rabouilleuse-Un ménage de garçon. Malin et tyrannique, il a su profiter de la Révolution française pour s’enrichir. Il a, de plus, épousé l’aînée de la famille Descoings, négociants qui se sont enrichis grâce à l’achat de biens nationaux, comme de nombreux personnages de la Comédie humaine, qui ont spéculé pendant les troubles sociaux, (Le père Grandet dans Eugénie Grandet).

Monsieur Guillaume, marchand drapier de Paris dans la Maison du chat-qui-pelote, César Birotteau et Félix Gaudissart dans Histoire de la Grandeur et de la décadence de César Birotteau. Ils ont en commun le bon sens et une vision réaliste des choses. Mais, tandis que Monsieur Guillaume reste à sa place de drapier prospère et se méfie de toute manifestation de l’imagination, César Birotteau, qui est aussi un inventeur et possède un certain génie, sombre dans des chimères spéculatives et se ruine parce qu’il a voulu se hausser au dessus de sa condition. Birotteau est le type-même du négociant probe, qui déclaré en faillite, tiendra à rembourser intégralement sa dette intérêts et capital.Il sera pour cette raison applaudi par ses pairs en bourse. Il en meurt, devenant une sorte de saint martyr du négoce. César Birotteau n’est pas unique en son genre dans La Comédie humaine. Nombreux sont les inventifs qui rêvent de découvertes fulgurantes et qui laissent leur fortune dans l’aventure, tel Balthazar Claës dans La Recherche de l’absolu qui a plutôt sa place dans les scientifiques.

Balzac, La Comédie humaine, Avant-propos :

« La société ne fait-elle pas de l’homme, suivant les milieux où son action se déploie, autant d’hommes différents qu’il y a de variétés en zoologie ? [...] Il a donc existé, il existera de tout temps des espèces sociales comme il y a des espèces zoologiques. »

Balzac, La messe de l’Athée :

« A Paris, quand certaines gens vous voient mettre le pied à l’étrier, les uns vous tirent par le pan de votre habit, les autres lâchent la boucle de la sous-ventrière pour que vous vous cassiez la tête en tombant ; celui-ci vous deferre le cheval, celui-là vous vole le fouet : le moins traître est celui que vous voyez venir pour vous tirer un coup de pistolet à bout portant. »

Balzac, La Rabouilleuse :

« L’épicier est entraîné vers son commerce par une force attractive égale a la force de répulsion qui en éloigne les artistes… Ses malheurs au Texas, son séjour à New-York, pays où la spéculation et l’individualisme sont portés au plus haut degré, où la brutalité des intérêts arrive au cynisme, où l’homme, essentiellement isolé, se voit contraint de marcher dans sa force et de se faire à chaque instant juge dans sa propre cause, où la politesse n’existe pas. »

Balzac, Les comédiens sans le savoir :

« A Paris, un nom devient une propriété commerciale, et finit par constituer une sorte de noblesse d’enseigne. »

Balzac, Illusions perdues :

« Les gens généreux font de mauvais commerçants. »

Balzac, La maison Nucingen :

« Les lois sont des toiles d’araignées à travers lesquelles passent les grosses mouches et où restent les petites. »

Balzac, Melmoth réconcilié :

« Notre civilisation [...] a remplacé le principe honneur par le principe argent. »

Balzac, Scènes de la vie parisienne :

« L’usurier des pauvres, semblable aux égoutiers, trouvait enfin des diamants dans la fange où il barbottait depuis quatre ans en y épiant un de ces hasards qui, dit-on, se rencontrent au milieu de ces faubourgs d’où sortent quelques héritières en sabots. Tel était le secret de sa mansuétude avec l’homme de qui la ruine était jurée. On peut imaginer en quelle anxiété il fut en attendant le retour de la veuve Cardinal, à qui ce profond ourdisseur de trames ténébreuses avait donné les moyens de vérifier ses soupçons sur l’existence du trésor, et à qui sa dernière phrase avait promis tout, si elle voulait s’en remettre à lui du soin de recueillir cette moisson. Il n’était pas homme à reculer devant un crime, surtout quand il voyait chance à le faire commettre par autrui, tout en s’en appliquant les bénéfices. Et il achetait alors la maison de la rue Geoffroy-Marie et il se voyait enfin bourgeois de Paris, capitaliste en état d’entreprendre de belles affaires ! »

« - Assurément, disait le jeune homme, je suis loin d’appartenir à l’opinion dynastique, et je suis loin d’approuver l’avènement de la Bourgeoisie au pouvoir. La Bourgeoisie ne doit pas plus qu’autrefois l’aristocratie être tout l’Etat. Mais enfin, la Bourgeoisie française a pris sur elle de faire une dynastie nouvelle, une royauté pour elle, et voilà comment elle la traite ! Quand le peuple a laissé Napoléon s’élever, il en a créé quelque chose de splendide, de monumental, il était fier de sa grandeur, et il a noblement donné son sang et ses sueurs pour construire l’édifice de l’Empire. Entre les magnificences du Trône aristocratique et celles de la pourpre impériale, entre les grands et le peuple, la Bourgeoisie est mesquine, elle ravale le pouvoir jusqu’à elle au lieu de s’élever jusqu’à lui. Les économies de bout de chandelle de ses comptoirs, elle les exerce sur ses princes. Ce qui est vertu dans ses magasins est faute et crime là-haut. J’aurais voulu bien des choses pour le peuple, mais je n’aurais pas retranché six millions à la nouvelle liste civile. En devenant presque tout, en France, la Bourgeoisie nous devait le bonheur du peuple, de la splendeur sans faste, et de la grandeur sans privilège…

 Vous avez raison, monsieur, dit le jeune magistrat. Mais avant de parader, la Bourgeoisie a des devoirs à remplir envers la France. Le luxe dont vous parlez passe après les devoirs. Ce qui vous semble si fort reprochable a été la nécessité du moment. La Chambre est loin d’avoir sa part dans les affaires, les ministres sont moins à la France qu’à la Couronne, et le parlement a voulu que le ministère eût, comme en Angleterre, une force qui lui fût propre et non pas une force d’emprunt. Le jour où le ministère agira par lui-même et représentera dans le pouvoir exécutif la chambre comme la chambre représente le pays, le parlement sera très-libéral envers la Couronne. Là se trouve la question, je l’expose sans dire mon opinion, car les devoirs de mon ministère emportent, en politique, une espèce de féauté à la Couronne. »

Friedrich Engels propose, dans une célèbre lettre à une écrivaine anglaise, Miss Harkness, en avril 1888, l’analyse suivante :

« Balzac, que j’estime être un maître du réalisme infiniment plus grand que tous les Zolas, passés, présents et à venir, nous donne dans sa Comédie humaine l’histoire la plus merveilleusement réaliste de la société française, en décrivant […] la pression de plus en plus grande que la bourgeoise ascendante a exercé sur la noblesse qui s’était reconstitué après 1815 […]. Il décrit comment les derniers restes de cette société, exemplaire pour lui, ont peu à peu succombé devant l’intrusion du parvenu vulgaire de la finance ou furent corrompus par lui […]. J’ai plus appris [chez Balzac], même en ce qui concerne les détails économiques (par exemple la redistribution de la propriété réelle et personnelle après la révolution), que dans tous les livres des historiens, économistes, statisticiens professionnels de l’époque, pris ensemble. Sans doute, en politique, Balzac était légitimiste ; sa grande oeuvre est une élégie perpétuelle qui déplore la décomposition irrémédiable de la haute société ; ses sympathies sont du côté de la classe condamnée à mourir. Mais malgré tout cela, sa satire n’est jamais plus tranchante, son ironie plus amère que quand il fait agir ces aristocrates […] ».

Karl Marx, Le Capital, Livre III :

« Dans une société capitaliste, tout producteur, même s’il n’est pas producteur capitaliste, est dominé par les idées de l’organisation sociale au sein de laquelle il vit. Balzac, qui se distingue par une observation pénétrante de la vie réelle, montre avec une grande vérité, dans son dernier roman « Les Paysans », que pour s’assurer la bienveillance de l’usurier, le petit paysan lui rend gratuitement quantité de services, se figurant qu’il ne lui donne rien, parce que son travail ne représente pour lui aucune dépense d’argent. L’usurier fait ainsi d’une pierre deux coups : il réalise une économie de salaire et il se rend maitre du paysan, qui se ruine de plus en plus à mesure qu’il ne travaille plus sur son propre champ, et qui s’empêtre tous les jours davantage dans la toile de l’araignée qui le guette. »

Lafargue :

« Marx plaçait Cervantès et Balzac au-dessus de tous les autres romanciers. Et il avait une telle admiration pour Balzac qu’il se proposait d’écrire un ouvrage critique sur la Comédie humaine dès qu’il aurait terminé son œuvre économique. Balzac, l’historien de la société de son temps, fut aussi le créateur de types qui, à l’époque de Louis-Philippe, n’existaient encore qu’à l’état embryonnaire et ne se développèrent complètement que sous Napoléon III, après la mort de l’écrivain. »

Les employés

César Birotteau

Les petits bourgeois

Un épisode sous la terreur

La Peau de chagrin

Une rue de Paris et son habitant

La Femme de trente ans

Eugénie Grandet

Les illusions perdues

L’Illustre Gaudissart

Le cousin Pons

Une ténébreuse affaire

Esquisse d’homme d’affaires

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Les autres

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