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Comment expliquer et comment répondre aux violences policières ?

jeudi 3 décembre 2020, par Robert Paris

Comment expliquer et comment répondre aux violences policières ?

Il est notable que le niveau des violences policières a considérablement augmenté en France et tout particulièrement depuis la répression du mouvement des gilets jaunes. L’illustration vient encore d’en être donnée par le tabassage d’un producteur et les violences contre un photographe, mais surtout par les violences contre les migrants et les manifestants contre les violences policières à Paris, sans compter les violences contre les manifestations contre les violences faites aux femmes et autres manifestations sociales comme les Gilets jaunes.

On essaie de nous faire croire que cette hausse spectaculaire des violences policières viendrait de quelques bavures provoquées par des canards boiteux au sein de la police mais ce sont des balivernes. L’augmentation de la violence ne vient pas que de la police elle-même mais du pouvoir, des préfets, des chefs de la police et de la gendarmerie, et surtout du pouvoir politique, notamment de la présidence et du premier ministre, et derrière eux, des classes possédantes. Ce sont elles qui ont besoin de répression violente. Ce sont elles qui veulent couvrir leur rôle contre-révolutionnaire par des prétendus objectifs sécuritaires comme la lutte contre la pandémie, la lutte contre le terrorisme, la lutte contre le banditisme et autres… Ce sont elles qui veulent faire croire que ce qui menace la sécurité des gens menace aussi bien les riches que les pauvres et que l’Etat serait là pour les protéger !! C’est faux : la principale menace pour la sécurité devient de plus en plus le risque de se trouver là, par hasard ou pas, quand la police charge, quand la police matraque, quand la police tire, quand la police arrête en masse, quand la police punit même les passants, les journalistes, et bien sûr les manifestants.

Ceux qui s’étonnent de la hausse des violences policières l’attribuent à des individus, qu’il s’agisse d’un préfet, d’un ministre, d’un premier ministre ou d’un président, ou encore d’un exécutant, policier ou gendarme, ou même, pour ceux qui incriminent les victimes, d’un manifestant, d’un jeune, d’un journaliste, etc. La réalité est tout autre : la hausse de la violence sociale est inévitable quand les classes possédantes doivent nécessairement écraser économiquement et socialement l’essentiel de la population, y compris les classes moyennes, à commencer par les étudiants auxquels on va retirer la possibilité d’étudier, par les commerçants, artisans, professions libérales qu’on étrangle et dont les économies vont être ponctionnées et volées, et bien sûr les travailleurs, les milieux populaires, les précaires, les pauvres… C’est pour les choquer, les démoraliser, les provoquer que le pouvoir aggrave sa violence avant même que la montée des luttes ne le nécessite.

Ce n’est nullement la violence des jeunes, des travailleurs, des gilets jaunes, des femmes, des petits commerçants, des étudiants, des lycéens, des chômeurs, des précaires, des habitants des banlieues, des manifestants qui justifie la hausse énorme des violences policières.

Ce qui la justifie, la rend absolument nécessaire, c’est le fait que les classes possédantes savent que les mois et les années qui viennent vont nécessiter, dans l’intérêt des possesseurs de capitaux, cette infime minorité de la population pour laquelle cette société fonctionne, de frapper l’immense majorité de la population sur le terrain économique, social et politique, et donc aussi sur le terrain de la répression policière qui est un moyen de maintien de l’ordre social en période de crise.

Les réformistes, politiciens de gauche ou dirigeants syndicaux par exemple, prétendent que tout est dû à un individu, le président en l’occurrence, et qu’il suffit d’en changer aux prochaines élections présidentielles en se contentant d’ici là de discréditer son camp politique et de le contester tout au plus dans des journées d’action et des manifestations. Par contre, si l’on comprend que le fondement de ces violences provient de la chute du capitalisme qui ne peut que mener à des fermetures et des licenciements en masse, et un appauvrissement comme jamais connu jusque là, on comprend qu’il ne suffit nullement de changer de président. Les élections américaines ont donné une majorité au camp Biden opposé au camp Trump et pourtant rien n’aura réellement changé dans l’effondrement du capitalisme qui touche tout autant les USA que la France et le reste du monde. C’est tout le système capitaliste qui a atteint ses limites, qui n’est plus capable de capitaliser davantage en investissant dans la production, et qui ne parvient, même seulement pour se maintenir, qu’à ponctionner les fonds publics des Etats et des banques centrales.

Se contenter de critiquer les violences policières sans expliquer leur cause permet à tous les réformistes politiques, syndicaux, associatifs, sociaux, médiatiques de ne pas montrer que la situation va nécessiter une intervention politique directe des masses travailleuses, leur organisation par eux-mêmes, dépassant définitivement le mode d’organisation des réformistes, les buts des réformistes, les perspectives des réformistes, c’est-à-dire incompatible avec la société capitaliste devenue définitivement non viable.

Il faut non seulement lever le voile sur l’effondrement du capitalisme, occulté par la pandémie, occulté aussi par la prétendue lutte contre le terrorisme et l’islamisme, mais il faut aussi combattre les propagandes soi-disant démocratiques de ceux qui prétendent qu’on peut en rester au monde d’hier. Alors que personne ne fera revivre le capitalisme comme il le faisait hier, que personne n’est capable de permettre au système de continuer à accumuler du capital tiré de l’investissement productif c’est-à-dire de la plus-value extraite du travail humain, ce qui est pourtant la base même de son existence, personne ne peut donc permettre aux salariés de conserver leur emploi, ni aux classes moyennes de continuer leur activité et conserver leur pécule, il est illusoire de prétendre que l’Etat ne va pas devenir un instrument d’une violence au service des possédants. Ce n’est pas en changeant de gouvernants qu’une telle chose est possible, mais en renversant l’Etat capitaliste, en mettant en place le pouvoir des exploités et des opprimés, en ôtant les armes des mains des exploiteurs et les donnant aux exploités.

Il convient de remarquer que, même dans un pays comme les USA où chacun détient une arme ou plusieurs, où des milices fascistes pullulent et agissent ouvertement, les exploités sont complètement désarmés !!! Et il convient de faire cesser le désarmement politique du prolétariat qui est encore un cadeau de nos faux amis réformistes !!!

Le seul moyen d’en finir avec les violences de la police et de la gendarmerie, c’est d’en finir avec ces forces de… l’ordre du grand capital et de mettre en place un nouvel ordre, celui des travailleurs organisés dans leurs comités révolutionnaires !

Messages

  • Un des objectifs de l’Etat français ces deux dernières années a consisté à durcir sa police en la confrontant sciemment aux manifestants, en envoyant quelques groupes particulièrement agressifs pour cimenter la haine entre policiers et manifestants, pour sélectionner les policier les plus capables d’affronter la population et durcir les autres.

  • « Ne parlez pas de répression ou de violences policières, ces mots sont inacceptables dans un État de droit. » Par cette déclaration, le président de la République avait déjà affirmé, le 7 mars 2019…

  • Pays des droits ...des propriétaires d’usines, des licencieurs, des dictateurs, des profiteurs, des patrons empoisonneurs avec l’argent de la Secu, des exploiteurs et des barbouzes impérialistes, des planificateurs de génocides et d’hypocrites politiques biensûr qui font semblant de défendre une position d’arbitre prétendument au dessus des classes sociales.
    Revenons juste un instant en 2011 en pleine révolution tunisienne contre la dictature et surtout contre l’ordre social qui pousse les chômeurs à la survie et la lutte de classes à s’auto organiser depuis 2008.
    La ministre des Affaires étrangères propose officiellement l’assistance de la France à la police tunisienne au moment où celle-ci réprime des manifestations, quelques jours seulement avant la chute et l’exil du président tunisien :

    Extrait des débats à l’assemblée nationale 12 janvier 2011 :

    Mme Michèle Alliot-Marie, ministre d’État. "Le deuxième problème est effectivement celui des décès et des violences constatées à l’occasion de ces manifestations."

    M. Maxime Gremetz. "Cinquante-deux morts !"

    Mme Michèle Alliot-Marie, ministre d’État." On ne peut que déplorer des violences concernant des peuples amis.
    Pour autant, je rappelle que cela montre le bien-fondé de la politique que nous voulons mener quand nous proposons que le savoir-faire de nos forces de sécurité, qui est reconnu dans le monde entier, permette de régler des situations sécuritaires de ce type."

    M. Roland Muzeau. "Quelle honte !"

    M. Pierre Gosnat. "Et Ben Ali ? Répondez à la question !"

    Mme Michèle Alliot-Marie, ministre d’État. "C’est la raison pour laquelle nous proposons aux deux pays de permettre, dans le cadre de la coopération, d’agir dans ce sens, afin que le droit de manifester soit assuré de même que la sécurité. (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.)"

    Voilà c’est donc un état de droit qui se propose de sauver un autre état de droit...capitaliste .

  • Réunis le 4 juin pour une veillée funéraire, plusieurs
    habitants de ce quartier de Saint-Denis, dont des
    enfants, ont été la cible de tirs de grenades
    lacrymogènes et de LBD par des policiers. Une femme
    enceinte a dû être hospitalisée. La préfecture de police
    de Paris refuse de répondre sur ces violences.
    Le 4 juin, la veillée funéraire organisée par les
    habitants du quartier de La Plaine Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) en mémoire de Hicham#
    , un jeune de 20
    ans décédé le jour précédent, a tourné au cauchemar,
    à la suite de l’intervention de plusieurs patrouilles de
    police, faisant un usage massif et disproportionné de
    grenades lacrymogènes et de LBD.
    « Maman, tu es où ? » Avant de faireun malaise,
    sous les fumées de gaz lacrymogène, c’est le dernier
    appel que Magalie a entendu de son fils de 17 ans. À
    quelques mètres de là, une femme enceinte, prise de
    contractions, s’effondre, tandis qu’une autre cherche
    désespérément son enfant de deux ans, hurlant : « 
    J’ai perdu mon fils. » Aucun des policiers présents ne
    viendra leur porter secours.
    Mediapart a pu recueillir le témoignage de parents
    et de jeunes relatant tous une soirée traumatisante
    avec toujours la même question : pourquoi les
    policiers sont-ils intervenus si violemment, dans un
    moment de recueillement pour des familles en deuil,
    accompagnées pour certaines d’enfants en bas âge ?
    article issue de Médiapart.

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