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A la fin de la seconde guerre mondiale, le stalinisme a sauvé le capitalisme

jeudi 22 mai 2008, par Robert Paris

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Une des images de l’entente contre la révolution prolétarienne

Le 18 mars 1946, le président Ho Chi Minh reçoit, à la résidence du gouverneur, le général Leclerc, en présence du commissaire de la République du Tonkin, Jean Sainteny.


Dans certains pays occidentaux, l’après-guerre ne fut pas facile pour l’impérialisme et aurait été grosse de situations dangereuses pour lui sans la politique des dirigeants du mouvement ouvrier staliniens, en particulier en Grèce où la résistance communiste chercha à pactiser avec la résistance de droite et ne recueillit comme fruit de cette politique qu’une guerre civile violente qui dura des années contre les troupes anglaises puis américaines et dans laquelle le parti communiste eut toujours une politique criminelle même si les militants ont combattu courageusement. Churchill donnait comme consigne au commandement britannique des forces armées occupant la Grèce : « N’hésitez pas à ouvrir le feu sur tout homme armé qui, à Athènes, s’attaque à l’autorité britannique ou à l’autorité grecque avec laquelle nous travaillons. N’hésitez pas à agir comme si vous vous trouviez dans une ville conquise où se développe une rébellion locale. » Il y a eu des mouvements de grève des travailleurs dans la plupart des pays occidentaux, comme, en novembre 1943, la grève de 40.000 ouvriers dans Turin occupé par les troupes allemandes, les grèves de décembre 1943 à Milan et à Gènes, la grève d’un million et demi de travailleurs dans toute l’Italie en mars 1944, les grèves des travailleurs anglais en avril 1944, la grève générale de Copenhague de juillet 1944 et également en Belgique et en France. Il y eut des incidents moins graves en Belgique avec des résistants qui refusaient de rendre leurs armes mais en Belgique comme en France il y eut une situation sociale explosive de 1945 à 48 avec des grèves dures. Le PCF au gouvernement joua le même rôle qu’en Italie de briseur de grève. A peine de retour d’URSS, Togliatti déclare que le PCI apporte son soutien au gouvernement du roi, de Bonomi et du maréchal fasciste Badoglio : « un gouvernement fort qui a été capable d’organiser l’effort de guerre. » Les anciens fascistes se ruent vers le Parti communiste italien pour y adhérer. La montée du Parti communiste italien est loin de faire peur à l’impérialisme. Un reportage du New York Times de septembre 1944, cité par Andy Anderson dans « Hongrie 1956 », rapporte : « Les communistes rendent moins brusque la transition au nouvel état des choses. »

La « libération » a été précédée en Italie, en France, en Belgique, en Allemagne par des bombardements massifs dont les plus intenses et les plus meurtriers se sont déroulés les deux derniers mois de la guerre contre l’Allemagne, lorsque les Alliés ont choisi de faire traîner un peu la guerre contre Hitler. En effet, à ce stade, ils craignaient plutôt de ne pas pouvoir maîtriser les sentiments populaires à la fin de la guerre et ne voulaient surtout pas d’un sentiment populaire massif anti-impérialiste qui risquait de se tourner non seulement contre le fascisme mais contre le capitalisme. Les troupes russes comme américaines ou anglaises vont donc stopper leur offensive terrestre pendant trois mois qui sont ceux d’un véritable massacre dans les grandes villes d’Europe de l’ouest. L’ouvrage « 8 mai 1945, la victoire en Europe » sous la direction de Maurice Vaisse rapporte : « C’est seulement le 20 janvier 1945 que les armées russes ont atteint la frontière allemande, le 2 février qu’elles ont franchi l’Oder, dernier obstacle géographique avant Berlin. Même après cela, elles ont attendu deux mois pour souffler avant de pousser plus avant. (…) Ainsi fut prolongée l’agonie de l’Allemagne. Pendant ces trois derniers mois d’une guerre devenue objectivement futile, le pays a souffert le tiers, en poids, de toutes les bombes qui l’ont frappé pendant toute la guerre, et le tiers des civils tués et blessés. (…) En France, dans ce rude hiver de la guerre, l’opinion s’exaspère de la vcitoire qui n’arrive pas et des difficultés économiques. Le général de Gaulle réaffirme alors qu’il n’y a pas de prestidigitateur et qu’il faut « un très long, très dur et pénible effort. » (…) Dans les régions, les commissaires de la République tentent de faire passer le même message. A la fin de décembre 1944, à Bordeaux, Gaston Cusin déclare « J’ai le devoir de vous répéter que nous allons souffrir encore et qu’il nous faudra serrer les dents. (….) S’il ne restait qu’un seul wagon, il faudrait l’envoyer aux armées (…) »

La crainte du mécontentement populaire caractérise toutes les mesures gouvernementales prises dans les pays d’Europe à la fin de la guerre. Loin de se presser d’informer que les chefs militaires allemands ont signé l’armistice, les média de l’époque tiennent d’abord l’information secrète. Voilà qui va à l’encontre de l’image que l’on a bien voulu diffuser par la suite : celle d’une unité parfaite entre les dirigeants d’Angleterre ou de France avec les peuples. Les dirigeants craignaient les ractions des peuples et les peuples étaient très loins d’exploser de joie. L’ouvrage « 8 mai 1945 », précédemment cité, rapporte que les réactions populaires sont plutôt celles du mécontentement social que de l’explosion de libération : « Le Times du 9 mai compare le jour de l’armistice et le jour V : « Hier, les Londoniens, dans le centre de Londres, n’ont pas eu le sentiment soudain de délivrance. Ni là ni ailleurs, il n’y avaut qu’un parallèle formel avec des journées de l’armistice de 1918. En ce temps là, les espérances s’accomplirent subitement en provoquant de véritables saturnales. » Comment expliquer ce caractère mesuré des fêtes ? Plusieurs facteirs entrent en jeu. Après presque six ans de guerre totale, les Britanniques se sentaient épuisés, tristes et inquiets. Bien des familles pleuraient leurs morts, beaucoup de mobilisés luttaient encore contre le Japon. Le souvenir des espérances et des illusions de la Grande Guerre inspirait du scepticisme et de l’inquiétude pour l’avenir. (…) Il n’y a pas de doute à propos du sentiment de désenchantement. (…) Cela se démontre facilement en citant les manchettes du journal Daily Express : mardi 1er mai « au revoir », mercredi 2 mai « Hitler mort », jeudi 3 mai « une armée de 10.000 hommes se rend », vendredi 4 mai « les Britanniques entrent au Danemark », samedi 5 mai « les Allemands se rendent dans la tente de Monty » (le maréchal Montgomery), dimanche 6 mai « les dernières heures ». (…)
Le 12 avril, les ministres furent d’accord que le jour V devait être présenté « non pas comme un relachement générald’efforts mais comme marquant un point significatif dans le progrès de la guerre. » (…) Pour parer au danger d’un relachement, Churchill insista dans son discours du 8 mai : « Nous pouvons nous permettre une brève période de réjouissances. (…) Nous ne devons pas diviser nos forces et nos ressources pour mener à bien notre tâche aussi bien chez nous qu’à l’étranger. » (…) Le 13 mai, le Premier britannique dans un autre discours radiodiffusé enfonce le clou : « Il y a encore beaucoup à faire et vous devez être préparés à de nouveaux efforts, spirituels et matériels et de nouveaux sacrifices. » (…) En fait, il y eut peu d’euphorie, peu d’agitation. Le cœur n’y était pas. (…) L’opinion publique se rend compte tout simplement des horreurs de la guerre en Europe et aussi de la guerre qui continue en Extrême-Orient. »
Les Français n’étaient pas plus exubérants que les Anglais comme le rapporte le même ouvrage et contrairement à une mythologie bien entretenue. Il y avait eu les bombardements alliés sur les villes françaises, avec leur cortège de victimes civiles, justifiés avec peine par une aviation qui aurait mal vu les objectifs et aurait tiré par erreur sur les quartiers populaires des villes. Et d’abord, les Français constatent que l’on a fait durer la fin de la guerre et qu’elle se termine par des horreurs : « Combat du 8 mai nous révèle la profondeur et le trouble de « cette immense joie pleine de larmes ». « Ce jour est venu. Nous le reconnaissons mal encore, pour l’avoir tant attendu. » Elle fut en effet fort attendue cette victoire du printemps, après un dur et interminable hiver de guerre. Les Français se sont résignés nous disent les sondages de l’IFOP. Le 11 septembre 1944, ils l’attendent en moyenne au plus tard pour le 15 novembre ; le 18 octobre, avec le piétinement des fronts, ils repoussent la délivrance jusqu’au 15 mars 1945 ; en janvier puis en mars 1945, ils se résignent à la fêter le 15 août ou le 15 septembre. Mais en avril 1945, le Rhin franchi et l’offensive soviétique remise au galop, ils ont viré : la moitié d’entre eux espèrent pour la fin mai, la quasi-totalité au plus tard pour le mois d’août. (…) Dans une atmosphère aussi tendue, on ne s’étonnera pas que l’annonce même de la capitulation allemande, signée à Reims le 7 mai à 2h41, ait fait problème (…) L’événement de Reims ne pouvait pas demeurer longtemps secret, malgré les sèches consignes de « release » imposées par le grand quartier général d’Eisenhower. (…) Henri Queffelec dans « Esprit » commente (…) : « On allait distribuer la paix, come une denrée, dans l’ordre. » (…) L’impératif de l’ordre juque dans la fête a troublé d’avantage les grandes villes (…)
Tous les rapports officels confirment : « (…) l’enthousiasme n’a pas été débordant dans l’Allier, il n’a pas calmé le mécontentement dans l’Ain ou dans l’Indre, la Corrèze et le Jura sont toujours ausis nerveux et même « on n’a pas assisté à l’explosion de joie qui aurait pu accueillir cette heureuse nouvelle », en particulier dans les zones les plus sinistrées comme la Normandie ou les plus à vif comme l’Alsace. »
Francis-Louis Closcon, commissaire de la République à Lille : « L’impression d’unanimité et de cohésion était parfaite et le lendemain la population était aussi divisée et aussi instable que l’avant-veille. (…) Il eut été vain d’attendre de la fin des hotilités un choc psychologique qui pût amener un changement profond dans l’atmosphère générale. L’instabilité est aussi grande qu’elle était avant le 8 mai ; elle est même peu être accrue, la retenue que pouvait imposer la continuation du combat devenant désormais inutile. » (…) Raymond Aron contemple « un Paris mortellement triste », Léon Blum parle de « convalescence fatiguée » du pays, Simone de Beauvoir médite sur « cette fin qui resemblait à une mort » et Sartre détaille « un mélange d’indifférence et d’angoisse »
« La fin de la guerre, renchérit le commissaire de la République de Chalons-sur-Marne, permet d’affirmer plus nettement qu’il n’est plus nécessaire de se sacrifier pour les besoins militaires. »
« L’angoisse des lendemains matériels s’exprime depuis l’automne 1944. (…) C’est bien de ravitaillement insuffisant, de salaires faibles et de prix forts, de marché noir envahissant et obligatoire que sont emplis en mai 1945 les rapports des préfets et des commissaires de la République. La population, dit-on pour les Bouches-du-Rhône, « souhaite en sortir de ces années d’inquiétude et de misère, la sécurité et la msie en ordre des traitements et des prix qui lui permettrait une vie décente et paisible. » « Nous en vaons assez des disours dit-on en Creuse. Le « malaise général », « la lassitude », « le mécontentement » visibles dans tous les départements deviennent ça et là « énervement » (…) Les défilés du 1er mai avaient été forts revendicatifs. Le 15 et 16, dans certaines grandes villes, fonctionnaires et employés municipaux sont en grève : à Lyon, la préfecture est envahie. (…)
« la situation économique actuelle est attribuée à une insuffisante fermeté du gouvernement pour imposer la solutions nécessaires. » note le Préfet de l’Ain ; « le crédit du gouvernement est sur le point de s’épuiser » confirme le commissaire de la République de Châlons-sur-Marne.
La réalité du système conctratinnaire nazi est enfin connue. (…) La France apprend l’image de l’horreur au long du deuxième semestre 1945. Avec toutefois un voile, dont l’historien ne peut manquer de dire rétrospectivement qu’il fut épais. Les 2570 déportés juifs survivants de l’holocauste (sur 75.721) ne sont l’objet d’aucune attention qui les distinguerait des autres victimes du nazisme. L’extermination raciale n’est pas à la « une » de la presse française de mai 1945. »

Ce n’est pas la vérité sur les exactions commises par Vichy et tout l’Etat français qui préoccupe hommes d’Etat et classes dirigeantes sur l’avenir de la France de l’après-guerre mais le fait que le peuple ne veut plus se sacrifier, ne croit plus au baratin des politiciens, ne fait plus confiance à la classe dirigeante. Or, la reconstruction du capitalisme suppose, et des dirigeants le savent bien, des sacrifices accrus. En décembre 1944, Pierre Mendès-France tient le discours qui sera celui des sacrifices : « On oublie trop souvent que la France n’est plus cet opulent pays, regorgeant de denrées, de marchandises, de stocks où il pouvait puiser sans limite, riche en or, en devises, en avoirs à l’étranger – énorme capital grâce auquel ce qui lui manquait il pouvait le puiser au dehors. Aujourd’hui, ce qui nous reste de marchandises, d’or et de devises suffira tout juste à satisfaire quelques besoins immédiats et à amorcer la reconstruction. Ainsi, nous voilà pauvres, je veux dire réduits aux seules ressources de notre travail. »
Il y a là un des grands risques de la « libération » : que les peuples veuillent se débarrasser de ce qui les opprime et définitivement. Mécontentement, méfiance vis-à-vis des classes dirigeantes, des tromperies politiques, tension, situation sociale et politique instables, tous les ingrédients y sont pour que les dirigeants ne tiennent pas à déclencher un relachement qui pourrait être synonyme d’explosion populaire. Tout doit se passer dans l’ordre et être canalisé. Sur ce point, l’aide du Parti communiste français va être de première importance pour remettre en selle l’ordre bourgeois.

Le pacte entre la bureaucratie russe et l’impérialisme, contre la révolution prolétarienne, qui ne se termine pas avec la chute d’Hitler ou la défaite japonaise, s’applique en Europe comme dans le monde entier. Il est même devenu vital pour les deux signataires du moment que la fin de la guerre ouvre une période où tout vide du pouvoir, toute contestation ouvrière incontrôlée représente un risque mortel pour l’ordre mondial auquel adhèrent autant impérialisme et bureaucratie russe.
La politique du PCF en France en est un éclatant exemple. L’effondrement du régime de Pétain entraîne un vide du pouvoir dans bien des villes et régions. Le rôle du PCF va être d’occuper ce vide et de le faire occuper par ses alliés, c’est-à-dire assentiellement De Gaulle. C’est essentiellement une action contre la classe ouvrière et les risques qu’elle représentait pour l’ordre social dans cette période de destabilisation, de discrédit des classes dirigeantes et de misère accrue. Citons l’ancien ministre stalinien André Marty, dans son ouvrage « L’affaire Marty » :
« Le 27 octobre 1944, Duclos déclarait dans son rapport à l’Assemblée des régions parisiennes du Parti communiste : « La milice patriotique doit rester la gardienne vigilante de l’ordre républicain en même temps qu’elle doit s’occuper activement de l’éducation militaire des masses populaires (…) Elle doit, dans chaque localité, englober des milliers et des milliers de soldats-citoyens dévoués au bien public. La garde républicaine placée sous l’autorité du Comité national de la Libération et de la municipalité, pourvue d’un armement et dotée d’un stock d’armes et de munitions, doit constituer dans chaque localité l’élément de sauvegarde des institutions républicaines. » (…) Thorez peu après son arrivée, le 2 septembre 1944, déclarait : « Un seul Etat, une seule police, une seule armée. » Cela voulait dire suppression des comités de libération, transformation des comités d’usine (ou comités de gestion) en comités d’entreprise (ou de collaboration de classe). (…) Dans cette même période, lorsqu’une grève éclatait, on s’efforçait de l’arrêter parce que « gênant les ministres communistes au gouvernement ». Il est bien évident, cependant, que la majorité de ces grèves, comme celles de la SNCF, celle du métro, surgissaient du mécontentement des ouvriers devant la situation qui leur était faite. Il aurait fallu s’appuyer sur elles pour faire céder le gouvernement dont l’orientation devenait de plus en plus réactionnaire. (…) La participation ministérielle fut le prétexte à freiner continuellement l’action des masses populaires. (…) Cependant, l’occasion était unique en 1944-46 pour que la classe ouvrière s’assure des positions décisives en vue d’aller de l’avant. C’est le contraire qui fut fait. » Le 21 janvier 1945, Maurice Thorez, à peine revenu de Moscou pour reprendre la tête du Parti communiste français, déclare : « La sécurité devra être assurée par une force de police régulière. Les Comités de Libération ne doivent pas se substituer aux administrations locales. » Et il déclarait également que « la grève est l’arme des trusts. », prétendant que les ouvriers qui gagnaient à peine de quoi ne pas mourir de faim ne revendiquaient que parce qu’ils étaient pro-fascistes ou pro-patrons ! Le 17 novembre, Maurice Thorez devient ministre d’Etat du gouvernement français, qui comprend cinq ministres communistes sur 22. le Parti communiste français est le principal sauveur des intérêts de la bourgeoisie dans cette après guerre où la principale crainte est la révolte ouvrière dans la métropole et la seconde la révolution coloniale.

Dans les colonies françaises, la politique du PCF au pouvoir consiste à aider au rétablissement de l’empire colonial français. Comme en témoignent, par exemple, ces extraits du « Programme d’action gouvernementale » présenté par le PCF (édité par les Cahiers du communisme de novembre 1946) :
« Mais on commettrait une lourde erreur en ne discernant pas, parmi les puissances capitalistes, celles qui, les plus avancées dans la voie de la démocratie, permettront aux peuples coloniaux d’aller, dans les conditions les plus favorables, vers la liberté et le progrès. (…) La question de la reconnaissance du droit à la séparation ne doit pas être confondue avec l’utilité de la séparation dans de telles conditions (…) et cela se comprend puisque le mouvement national est intimement lié au mouvement démocratique en général. (…) A l’heure actuelle, face aux visées impérialistes, l’intérêt commun des peuples d’Outre-mer et du peuple français sont de rester unis. (…) Toute tentative de sortie de l’Union française ne pourrait qu’amener, avec une pseudo-indépendance, illusoire et momentanée, le renforcement de l’impérialisme. »

DOCUMENT

D’après Andy Anderson
Dans « Hongrie 1956 »
« Avec la défait de l’Allemagne nazie, l’Europe entière était en ébullition et souhaitait un changement révolutionnaire. Rien de tel n’avait été ressenti depuis 1917. Les dirigeants russes assurèrent le « maintien de l’ordre » dans leur propre sphère d’influence, face au prolétariat qui menaçait leur pouvoir. A l’Ouest, les partis communistes (et, dans certains cas, les partis sociaux-démocrates) aidèrent les classes dominantes à maintenir « leur » ordre. En France, les groupes de la résistance, dominés par les « communistes » et les « socialistes », détenaient un pouvoir considérable. En fait, tout ce qu’il y avait entre les travailleurs français et le pouvoir effectif, c’étaient quelques baïonnettes qui tremblaient aux mains des soldats anglais et américains lesquels, pour la plupart, ne désiraient qu’une chose : rentrer chez eux. Suivant en cela les instructions des dirigeants communistes, les groupes de la résistance remirent leurs armes au prétendu Gouvernement de Libération Nationale dirigé par le Général De Gaulle. Le 21 janvier 1945, Maurice Thorez, secrétaire général du Parti Communiste Français, déclara (…) : « La sécurité publique devra être assurée par une force de police régulière. Les Comités de Libération locaux ne devront pas se substituer aux administrations locales. »

Extraits de textes des œuvres de Maurice Thorez rédigées par le Parti Communiste Français et éditées par les Editions Sociales :
« En janvier 1943, le délégué du Comité central arrivait à Londres, au Quarier général du général De Gaulle. Au mois de mars, un Conseil national de la Résistance, était constitué en France. En firent partie les représentants des « mouvements de la Résistance » : « Combat », « Libération », « Francs-tireurs et Partisans », « Front Natinal », ceux de la CGT réunifiée et de la CFTC chrétienne, ceux, enfin, des six partis suivants : communiste, socialiste, radical, Parti démocrate populaire (catholique), Alliance démocratique et Fédération républicaine. (…) Le Comité national français de Londres avait été tenu dans l’ignorance du débarquement allié ; il restait en dehors des négociations et des accords. (…) En novembre 1943, un an après le débarquement anglo-américain en Afrique du nord, le Comité français de la Libération nationale fut réorganisé. De Gaulle, seul, en fut président. (…) Lors de la réorganisation du CFLN, la question de la participation des communistes fut posée. Le Comité central du Parti communiste français en accepta le principe. (…) On doit noter une certaine tendance à bavarder beaucoup trop sur la France de demain, sur la place que notre pays devra tenir dans le monde (…) Le programme à appliquer n’est pas le programme communiste. Nous n’avons pas à demander actuellement l’application du programme communiste, puisque nous sommes unis dans le CNR avec d’autres partis non communistes. Nous faisons honneur à la signature que nous avons apposée au bas du programme du CNR au mois de mars 1944. (…) Il y a un gouvernement, il doit y avoir une armée, une seule ; il doit y avoir une police, une seule. (…) Tous les groupes armés doivent disparaître. (…) Les nationalisations, nous l’avons dit à Ivry, et nous le répéterons, ne sont nullement du socialisme ou du communisme : ce sont des mesures de caractère démocratique figurant au programme du Parti radical depuis plus d’un demi siècle. Elles ne sont nullement une mesure d’expropriation. (…) Le Parti a connu un grand succès aux dernières élections municipales. En moyenne, un Français ou une Française sur quatre a voté pour les listes présentées ou soutenues par notre Parti communiste. A Paris, la proportion est d’un sur trois. Dans la banlieue parisienne, les listes communistes ou soutenues par les communistes ont obtenu dès le premier tour près de 60% des suffrages exrpimés. Nos militants administrent 60 des 80 communes du département de la Seine. Pour la première fois, des villes de plus de 100.000 habitants (Nantes, Reims, Toulon) ont un maire communiste. De même pour une dizaine de préfectures (dont Limoges, Nimes, Périgueux, Ajaccio, Tarbes) et une vingtaine de sous-préfectures. La statistique officielle a dû reconnaître que nous étions devenus le premier parti dans l’administration des villes de plus de 4.000 habitants. (…) Le chiffre de nos adhérents est en progression constante. En février 1934, nous étions 45.000 ; en janvier 1936 80.000 ; en décembre 1937 340.000 ; à ce jour notre trésorier a délivré 986.727 cartes. Nous allons vers le million. (…) Notre conclusion, c’est que, tous ensemble Français et Françaises, nous devons nous atteler résolument à la tâche, tous ensemble et sans tarder, nous devons entreprendre un effort tenace et prolongé afin de :
Relever notre économie nationale ;
Produire et rétablir nos échnages avec l’extérieur ;
Acheter et vendre ;
Refaire effectivement la grandeur de la France (…) »

Extraits du discours de Maurice Thorez à Waziers, aux mineurs de charbon, le 21 juillet 1945 :
« C’est en 1934, que nous avons proposé, lancé et fait triompher l’idée du Front populaire pour la liberté. (…) Nous avons proposé le Front français, l’union de tous les Français. (…) Les deux cent familles, les trusts (…) se mirent à saboter l’économie nationale, à provoquer les grèves comme le rappelait tout à l’heure Martel. C’est vrai que nous seuls, les communistes, avons eu assez d’autorité pour pouvoir, en juin 1936, mettre en terme aux grèves, que nous seuls pouvions avoir assez d’autorité pour dire, il y a cinq mois : il faut en finir avec jeux de guerre civile (…) La vérité sur 1939 : vous vous souvenez encore de ces journaux, chers camarades : la trahison de Staline, la trahison russe, la trahison des communistes ? (…) En vérité, c’est un traquenard que l’on tendait à l’Union soviétique. On prétendait engager la guerre, une guerre où la Pologne devait s’effondrer rapidement, comme ce fut le cas, et ainsi les armées hitlériennes pourraient déferler rapidement à travers toute l’Union soviétique. L’Armée rouge avait été mise dans l’impossibilité de préparer sa mobilisation, l’Armée rouge était dans l’impossibilité de faire face à l’agression. (…) De Londres, le général De Gaulle lançait son appel, organisait les « Forces françaises libres ». Nous menions la bataille de la Résistance à l’intérieur de notre pays (…) Aujourd’hui, chers camarades, de graves périls nous menacent dans le domaine de la production. On ne le sait pas assez. (…) Le problème décisif de l’heure, c’est le problème de la production. Vous le savez déjà, chers camarades, c’est ce qui m’a amené à Waziers, c’est pourquoi le Bureau politique m’a envoyé vous parler, à vous, les mineurs. J’aborde ici une partie importante de mon rapport, la question du charbon. (…) Je voudrais établir un fait pour montrer l’effort des mineurs. En janvier, la production brute s’était élevée à 2.700.000 tonnes contre, en 1936, une producion mensuelle de 3.400.000 tonnes, c’est-à-dire 80% de la production. (…) Il est vrai qu’il s’est produit un fléchissement à partir d’avril, fléchissement dans la production et fléchissement dans le rendement. Il y a diverses causes à cela : ravitaillement défectueux, manque de vêtements, et en raison d’un mécontentement plus ou moins justifié contre l’insuffisance de l’épuration. Il y a aussi des grèves, très peu justifiées. (…) Tout cela entraîne, dans un métier comme le métier de mineur, une certaine désorganisation. (…) Il faut donner aux ouvriers mineurs de fond un certain salaire (…) Le prix à la tâche. On a accordé la possibilité d’une majoration qui peut aller jusqu’à 60% (…) L’essentiel est d’obtenir du charbon et, pour obtenir du charbon, il faut payer les sommes fixées. (…) Il faut ici, chers camarades, saluer le sacrifice de vos camarades de la métallurgie qui viennent de renoncer à leurs vacances payées pour vous fabriquer des marteaux-piqueurs. Ce sont les mêmes camarades qui, l’hiver dernier, aux Forges et Ateliers de Meudon, manquant de courant électrique dans le jour, avaient demandé et obtenu de leur direction, de travailler la nuit par un froid rigoureux sans supplément de salaire pour pouvoir produire pour vous. (…) A propos de la coupe à terre, pourquoi ne pas généraliser les 3X8 : deux postes au charbon, le troisième au remblai ? (…) Nous savons que les avis des ouvriers peuvent bien souvent influencer d’une façon très favorable les décisions des ingénieurs. Je pense qu’en définitive la décision reste à l’ingénieur et qu’une décision doit être appliquée sur l’ordre de l’ingénieur et qu’une décision doit être appliquée sur l’ordre de l’ingénieur, autrement il n’y a pas
d’autorité possible, d’exploitation possible. (…) Il y a d’autres raisons de la crise du charbon sur lesquelles je voudrais m’expliquer aussi ouvertement et aussi franchement. Ce sont celles qui tiennent à l’effort insuffisant des mineurs eux-mêmes, à votre effort à vous. (…) Il y a des causes de mécontentement, mais ce n’est pas une raison pour ralentir l’effort. Il faut au contraire le développer et briser tous les obstacles. Vous croyez que les camarades de la Loire sont contents quand on leur envoie comme directeur l’ancien directeur épuré des Mines de Dourges ? Ils ne sont pas contents non plus et vous croyez qu’ils ont dit pour cela : nous faisons la grève ? Non. Martel a eu raison tout à l’heure de stigmatiser de telles attitudes. Ils n’ont pas cédé au courant public de démagogie et de vaine popularité. Comme disait le camarade Staline, nous ne craignons pas les difficultés, nous sommes faits pour surmonter les difficultés et nous les surmonterons. (…) Il y a pas mal d’exemples de mineurs qui prétendent ne pas forcer à la production, ne pas pousser à la production et pas seulement parce qu’ils ont crainte de voir baisser les prix à la tâche. (…) Ils ne veulent pas paraître pour des macas. (…) Les macas, chers camarades, c’étaient ceux qui forçaient à la production pour le profit du patron au détriment de leurs frères, les ouvriers mineurs. (…) Il y a des camarades qui disent : « Mais si je travaille davantage, je donne davantage aux actionnaires puisqu’il reste des actionnaires. » C’est une erreur, chers camarades. (…) Si vous produisez beaucoup, c’est seulement dans l’intérêt du pays, et c’est dans votre propre intérêt.
Et puis, je veux revenir sur la question des absences. On parle, on donne beaucoup de raisons, de prétextes, à ce propos. Je dois vous dire, chers camarades, que je ne suis pas tout à fait convaincu des raisons qu’on donne pour justifier les absences. (…) On s’absente trop facilement, pour un oui, pour un non et un mineur qui a le goût de son métier sait très bien que tant d’absences entraînent une désorganisation complète du travail. Les camarades présents sont les premiers à en souffrir. L’absence est justifiée ou n’est pas justifiée. Au lieu de produire, on désorganise la production, on fait tort à ses camarades et pour quelle raison ? Parfois pour un oui, pour un non, pour une égratignure. Je dis que c’est un scandale. Je ne peux pas comprendre, par exemple, que des délégués à la Caisse de secours puissent donner des billets de malade sans journée de malade. (…) Chers camarades, celui qui a le billet de malade sans journée de malade, il a aussi son ravitaillement ; il a aussi les litres de vin, il a aussi la viande ; il mange la part de ses camarades. Ce n’est pas possible, on ne peut pas continuer comme cela. Il faut avoir plus de conscience.
Je vais vous dire, mes chers camarades, que, dans le bassin de la Loire, la même question s’est posée pendant l’hiver, quand il y a eu tant de grippes, quand il y a eu tant de difficultés alimentaires. Le syndicat a réuni les délégués des Caisses de secours et leur a dit : « Epluchez les billets de malade et discutez avec les médecins » et on leur a dit : « Ces médecins, pour la plupart, ne sont pas vos amis. Ces médecins, ils donnent facilement les billets. (…) Ils poussent à la désorganisation. » Il va y avoir des élections à la Caisse de secours. Le syndicat doit demander que ces questions soient posées largement, et dire aux délégués des Caisses de secours que vous allez élire : « Il faut être intransigeant ; c’en est fini avec de telles méthodes, parce que c’est de l’anarchie, un encouragement à la paresse. »
Voici un autre cas. On m’a signalé l’autre jour que dans un puits, le puits de l’Escarpelle, une quinzaine de jeunes gens, des galibots, ont demandé de partir à six heures pour aller au bal. Je dis que c’est inadmissible. (…)
Ici, chers camarades, je le dis en toute responsabilité, au nom du Comité central, au nom des décisions du Congrès du Parti, je le dis franchement : il est impossible d’approuver la moindre grève, surtout lorsqu’elle éclate comme la semaine dernière, aux mines de Béthune, en dehors du syndicat et contre le syndicat. On a pris des sanctions. Sur quatre porions, on en a réintégré deux, en les rétrogradant d’ailleurs. (…)
Je le dis tout net : si nous n’appliquons pas les décisions de notre propre syndicat (…) nous allons à l’anarchie, nous faciliterons les provocations contre les mineurs, contre la classe ouvrière et contre la République.
Eh bien ! quelques camarades s’insurgent, ils déclenchent la grève au n°2 et dans toute la concession, si bien que nous avons perdu 30.000 tonnes de charbon au moins en une période où le pays a besoin de la moindre gaillette, à l’heure où nous fermons des usines, à l’heure où, dans la région parisienne, on arrête des entreprises faute de charbon et ces ouvriers dont on arrête les usines apprennent que dans un des trous essentiels du bassion minier du Pas-de-Calais, on fait grève parce que le nez du porion ne revient pas au délégué. C’est un scandale, c’est une honte, c’est une faute très grave contre le syndicat et l’intérêt des mineurs. Des sanctions ont été prises, peut-être pas dans les formes où elles devaient l’être contre le délégué mineur et son suppléant qui avaient couru les autres puits pour déclencher la grève. Je dis que le mal, ce n’est pas la sanction, le mal c’est que des communistes et des militants du syndicat des mineurs se soient exposés à de telles sanctions. Et, sous prétexte que l’on a sanctionné les délégué mineur, on recommence la grève jusqu’à jeudi soir et on aeu de la peine hier à faire reprendre le travail, bien que le ministre de la Production ait rapporté la sanction prise par le commissaire régional. Ce n’est pas ainsi qu’on travaille pour le pays. (…)
Chers camarades, alors on veut à chaque fois faire la grève pour épurer ou pour soutenir. On pourrait au fond en définir le seul but : faire grève, pourvu qu’on ait un prétexte. (…)
L’autre jour, on m’a parlé d’une grève possible des mécaniciens d’extraction. J’ai beaucoup de sympathie pour la mécanique d’extraction. C’est vraiment un travail qui comporte une lourde resposnabilité et on trouve chez les mécaniciens d’extraction une grande conscience professionnelle. Je pense qu’il faut leur assurer les meilleures conditions de salaire et de travail. Mais, là encore, pas par la grève. (…)
Je vourdrais que ce que nous pensons au Comité central puisse passer dans la tête,dans le cœur de chacun de vous d’abord puis chez tous les mineurs, que produire, produire et encore produire, faire du charbon, c’est aujourd’hui la forme la plus élevée de votre devoir de classe, de votre devoir de Français. (…)
La grande tâche des organisations communistes du Pas-de-Calais, c’est d’aller dans toutes les concessions de Béthune, il faut aller à Béthune, il faut réunir toutes les sections communistes, discuter avec chaque camarade et amener les délégués mineurs à reconnaître qu’ils ont commis une grande erreur, qu’ils doivent comprendre cette erreur et qu’ils ne doivent plus recommencer cette erreur. (…) Nous exigerons de chaque camarade le respect des décisions du 10e Congrès du Parti et le 10e Congrès du Parti a dit : « Il faut produire. »

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  • Dans certains pays occidentaux, l’après-guerre ne fut pas facile pour l’impérialisme et aurait été grosse de situations dangereuses pour lui sans la politique des dirigeants du mouvement ouvrier staliniens, en particulier en Grèce où la résistance communiste chercha à pactiser avec la résistance de droite et ne recueillit comme fruit de cette politique qu’une guerre civile violente qui dura des années contre les troupes anglaises puis américaines et dans laquelle le parti communiste eut toujours une politique criminelle même si les militants ont combattu courageusement. Churchill donnait comme consigne au commandement britannique des forces armées occupant la Grèce : « N’hésitez pas à ouvrir le feu sur tout homme armé qui, à Athènes, s’attaque à l’autorité britannique ou à l’autorité grecque avec laquelle nous travaillons. N’hésitez pas à agir comme si vous vous trouviez dans une ville conquise où se développe une rébellion locale. » Il y a eu des mouvements de grève des travailleurs dans la plupart des pays occidentaux, comme, en novembre 1943, la grève de 40.000 ouvriers dans Turin occupé par les troupes allemandes, les grèves de décembre 1943 à Milan et à Gènes, la grève d’un million et demi de travailleurs dans toute l’Italie en mars 1944, les grèves des travailleurs anglais en avril 1944, la grève générale de Copenhague de juillet 1944 et également en Belgique et en France. Il y eut des incidents moins graves en Belgique avec des résistants qui refusaient de rendre leurs armes mais en Belgique comme en France il y eut une situation sociale explosive de 1945 à 48 avec des grèves dures. Le PCF au gouvernement joua le même rôle qu’en Italie de briseur de grève.

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