Accueil > 02 - Livre Deux : SCIENCES > Pour qu’on ne critique pas le nucléaire en France, les ministres mentent (...)

Pour qu’on ne critique pas le nucléaire en France, les ministres mentent sur l’ampleur de la catastrophe nucléaire au Japon mais aussi pour cacher la responsabilité de tout le système capitaliste dans un crime contre l’humanité

jeudi 17 mars 2011

Oui ! Un crime contre l’humanité !

« Chaque être humain a le droit de savoir tout ce qui a trait à sa santé, à la santé de ses enfants et de ses proches, ce qu’il faut éviter et pourquoi ».

John W. Gofman – Chernobyl accident, Radiation consequences for this and future generations. 1993

« … Une tragédie avec des acteurs en petit nombre qui, jour après jour, décident du sort de millions de personnes. »

Yves Lenoir, « Tchernobyl, l’optimisation d’une tragédie », 1996. (Bulle Bleue, Amis de la Terre, CEDI, Environnement sans frontière.)

Le 8 octobre 1986, Le Monde écrit : « L’accident de Tchernobyl a renforcé l’audience et la crédibilité de l’AIEA », et souligne […] « Dans les jours qui ont suivi l’accident de la centrale ukrainienne, l’AIEA – par l’intermédiaire de son directeur général – a clairement montré sa volonté de maîtriser la situation. […] Il ne fait nul doute que l’accent sera désormais mis, plus encore qu’auparavant, sur toutes les activités relatives à la sûreté nucléaire. ”.


Le ministre de l’Industrie et de l’Energie, Eric Besson, a évoqué de son côté "un accident grave mais pas une catastrophe nucléaire" au Japon.

"Le nucléaire n’est qu’une petite partie et certainement pas la plus importante de ce drame national qui a frappé le Japon", a-t-il déclaré à la presse.

Il ne faut pas "sonner un tocsin qui n’existe pas. A ce stade, nous ne sommes pas dans une configuration de Tchernobyl", en Ukraine en 1986, a-t-il insisté.

Selon Eric Besson, il faut "dire et redire à nos concitoyens que toutes les centrales (françaises) ont été conçues en intégrant les risques sismiques et d’inondation".

"Il y a des révisions régulières", a-t-il ajouté.

Le président de l’Autorité de sûreté du nucléaire (ASN), André-Claude Lacoste, a précisé qu’il n’y avait pas lieu, notamment, de renforcer la sécurité de la centrale de Fessenheim, située dans une zone à risque sismique en Alsace.

De nouvelles mesures ne sont "pas du tout" nécessaires, a-t-il dit aux journalistes.

"Ça n’a rien à voir avec Tchernobyl", lance Eric Besson au lendemain du tremblement de terre suivi d’un tsunami qui a frappé le Japon et mis à mal la sécurité des installations nucléaires nippones, avec une première explosion signalée à la centrale de Fukushima Dai-Ichi. Il précise qu’à "ce stade et selon les informations dont on dispose, [on est en présence] d’un accident grave mais pas une catastrophe nucléaire".

Plus tard, lors d’une conférence de presse à laquelle assistent des dirigeants d’Areva et d’EDF, ainsi que la secrétaire d’Etat à l’écologie, Nathalie Kosciusko-Morizet, il appelle "à ne pas sonner un tocsin qui n’existe pas à l’heure où l’on parle", dans une allusion aux écologistes. "La question nucléaire n’est qu’une petite partie, certainement pas la plus importante de ce drame qui a frappé le Japon", ajoute Eric Besson.

Il insiste aussi sur la sûreté du nucléaire français : "Toutes les centrales françaises ont été conçues en intégrant le risque sismique et le risque inondation", dit-il. Excluant un risque pour les populations des territoires d’outre-mer, Nathalie Kosciusko-Morizet estime que la France va s’efforcer de "comprendre, évaluer ce qui est en train de se passer au Japon".

Les premières sorties d’Eric Besson déclenchent une salve de riposte chez les écologistes et les socialistes. "Oser dire que les accidents nucléaires ont été pensés, intégrés dans la construction de nos centrales nucléaires françaises est scandaleux, c’est insultant", lance Eva Joly dimanche, soulignant le fait que le personnel japonais est "hautement qualifié". "Dénoncer, comme vient de le faire, le ’catastrophisme’ de ceux qui s’inquiètent des conséquences des accidents nucléaires au Japon n’est pas responsable de la part d’un ministre", juge le PS.

DIMANCHE : "POUR L’INSTANT, LE RISQUE MAJEUR (...) EST MAÎTRISÉ"

"Le risque majeur, [c’est celui d’] une explosion du cœur du réacteur, et là ce serait une catastrophe nucléaire ; pour l’instant, ce risque n’existe pas ou plus exactement il est maîtrisé par les autorités japonaises et par l’opérateur japonais", explique Eric Besson sur Europe 1, dimanche. "Pour l’heure, il faut rester prudent, le cœur du réacteur et son enveloppe n’ont pas cédé", ajoute-t-il. Sur BFM-TV, il regrette de n’avoir que des "informations fragmentaires".

Eric Besson évoque les dégazages faits par les Japonais, précisant : "Ils acceptent de laisser partir dans l’atmosphère (...) de la vapeur faiblement radioactive pour protéger ce qui est le plus sensible, le cœur du réacteur." Déjà, le ministre doit répondre de ses propos jugés trop rassurants la veille : il affirme qu’il n’est "pas là pour atténuer quoi que ce soit". "Si c’était très inquiétant, je le dirais de la même façon, assure-t-il. Si aujourd’hui se produisait la catastrophe nucléaire que tout le monde redoute, il faudrait le dire". Il martèle cependant à l’attention de ses détracteurs : "Je ne suis pas pour sonner le tocsin avant que quelque chose de très important se soit produit."

Plus tôt dimanche, le premier ministre, François Fillon, est intervenu pour faire savoir que la France allait "tirer les enseignements utiles des événements japonais". Tout en précisant que la France avait toujours "privilégié le maximum de sécurité pour ses centrales". Nathalie Kosciusko-Morizet affirme, elle, dans un débat sur BFM TV, que "l’électricité nucléaire bien maîtrisée reste une bonne énergie".

Le grand mot d’ordre est que cet accident est très différent de l’accident de Tchernobyl "par rapport à ce que j’ai entendu ou vu sur beaucoup télévisions ou de radios, ça n’a strictement rien à voir, à ce stade, avec Tchernobyl, ni dans les explications, ni dans l’enchainement des faits, ni à fortiori, au moment où nous nous parlons, dans les conséquences.", "Nous ne sommes pas dans une configuration de Tchernobyl". Tchernobyl est bien entendu l’horreur absolue, l’épouvantail du nucléaire civile. Pas question que l’on commence à comparer cet accident avec Tchernobyl. Pourtant, les conséquences risquent d’être les même. L’accident, d’un point de vu technique serait beaucoup plus comparable à celui de "Three Mile island". Une fuite de réfrigérant avait conduit le cœur à commencer à fondre. Finalement, l’explosion a été évitée de justesse. C’est cet accident qui avait fait geler les constructions de nouvelles centrales aux États-Unis durant 30 ans !

Messages

  • On nous a beaucoup parlé ces derniers temps de l’échelle de gravité des incidents nucléaires, avec déjà des contradictions entre les chiffres des authorités Japonnaises 4 puis 5 (l’équivalant de Three milles Island) et les authorités Françaises qui donnent plutôt un 6, répétant que le 7 équivalent à Tchernobyl est le niveau maximum possible, mais pourquoi serait-il si évident que rien de pire que Tchernobyl ne puisse arriver ? Je me rappelles qu’à l’époque on parlait du sacrifice des faussoyeurs du site pour éviter un catastrophe plus grande encore : Celà prouve bien que l’utilisation de cette échelle dans les média et les gouvernements est en soit déjà une manière de minimiser les choses. Avoir 6 réacteurs incontrôlable en surchauffe voir en fusion sur le même site dont au moins trois ressemblent à des amas de féraille, les trois autres menaçant de sauter et le tout à deux pas de la capitale, ça me semble déjà dépasser largement la gravité de Tchernobyl. En plus, on nous refait le coup du nuage trop dillué pour présenter un quelconque danger pour la santé : en effet le danger n’est pas quelconque...

  • Les sols du parc national du Mercantour, dans les Alpes du Sud, présentent encore une radioactivité supérieure à la normale, due à la catastrophe de Tchernobyl, en Ukraine, il y a 29 ans, selon une nouvelle étude de la Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité (Criirad).

    Les mesures réalisées début juillet, dans le secteur du col de la Bonette-Restefond à la limite entre les Alpes-Maritimes et les Alpes-de-Haute-Provence, montre que « le niveau de radiation est toujours plus de deux fois supérieur à la normale » à « un mètre du sol ».

    « Ces forts niveaux de rayonnement sont dus à la contamination résiduelle des sols par le césium 137 imputable principalement aux retombées de la catastrophe de Tchernobyl (en 1986) », assure la Criirad. « Les retombées avaient été particulièrement intenses dans le sud-est de la France », rappelle l’organisme indépendant, qui souligne avoir « mis en évidence entre 1996 et 1998, de très fortes contaminations des sols dans le Mercantour ».

    Sur certaines zones, des valeurs 100 fois supérieures au niveau naturel !

    « Le fait de bivouaquer deux heures sur certaines de ces zones induit toujours en 2015 une exposition non négligeable », avec un « débit de dose » de 5 microsievert par heure au contact du sol. « Les niveaux de radiation au contact du sol dépassent toujours, sur les zones d’accumulation, des valeurs plusieurs dizaines de fois voire plus de 100 fois supérieures au niveau naturel », a-t-elle constaté.

    L’organisme indépendant rappelle avoir interpellé à plusieurs reprises les autorités sanitaires françaises « pour que les secteurs les plus radioactifs soient dépollués, ou tout au moins balisés, pour éviter des expositions inutiles ». « Force est de constater que la situation n’a guère évolué sur le terrain », déplore-t-elle.

  • Réalisée par le groupement Ospedali Galliera, à Gênes, cette "Enquête épidémiologique rétroactive concernant les conséquences du nuage de Tchernobyl sur les populations de Corse" a été remise à la Collectivité territoriale de Corse (CTC), qui l’avait commandée.

    L’équipe de vingt-cinq chercheurs, dirigée par le Pr Paolo Cremonesi, de l’hôpital Galliera, avait emporté l’appel d’offres européen lancé en 2011 par la CTC. Inédite au plan européen, selon ses auteurs, l’étude a été effectuée sur la base de 14 000 dossiers médicaux archivés et plus particulièrement sur 5 500 dossiers "complets" concernant des patients ayant consulté avant et après l’accident de la centrale nucléaire ukrainienne du 26 avril 1986.

    Alors que les autorités françaises avaient nié tout effet du passage du nuage radioactif sur la France en 1986, cette enquête va notamment permettre à des associations de patients de demander réparation en justice, a indiqué la présidente de la commission Tchernobyl de l’Assemblée de Corse, Josette Risterucci.

    Mme Risterucci a souhaité que d’autres régions puissent s’inspirer du travail des chercheurs italiens pour dénoncer le "mensonge d’Etat" qui avait suivi en France la catastrophe et obtenir réparation.

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.