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Nouveaux crimes de guerre d’Israël contre les Palestiniens

jeudi 20 mai 2021, par Robert Paris

Une fois de plus, Israël répond à une révolte spontanée causée par une provocation israélienne (cette fois l’expulsion des Palestiniens de Jérusalem-Est) par une guerre !!!

Articles de WSWS :

Israël poursuit ses attaques « avec une force maximale » contre Gaza, soutenu par les États-Unis et plusieurs États arabes

Le premier ministre Benjamin Netanyahu a autorisé lundi les frappes aériennes les plus lourdes d’Israël sur la ville de Gaza. Il a insisté pour dire que la guerre se poursuivrait « aussi longtemps que ce sera nécessaire » et que les attaques sur Gaza se poursuivront « à force maximale ». Israël « veut faire payer un lourd tribut » au Hamas, le groupe des Frères musulmans qui dirige Gaza, a-t-il ajouté.

Netanyahou poursuit sa guerre criminelle contre un peuple en grande partie sans défense avec le soutien total du président américain Joe Biden, qui a déclaré à plusieurs reprises « le droit d’Israël à se défendre ». Dimanche, les États-Unis, pour la troisième fois en une semaine, ont empêché les Nations unies de lancer un appel inoffensif à un cessez-le-feu.
Un homme palestinien réagit devant le corps de son père alors que d’autres le transportent à la morgue après qu’il ait été tué lors d’une frappe israélienne. Celle-ci a détruit les étages supérieurs d’un bâtiment commercial et causé des dommages au ministère de la Santé et à la clinique de soins de santé primaire situés à proximité, dans la ville de Gaza, lundi 17 mai 2021. (AP Photo/Khalil Hamra)

Le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, avait pourtant averti les puissances impérialistes que le conflit israélo-palestinien menaçait de devenir incontrôlable, favorisant l’extrémisme et la violence communautaire, non seulement dans les territoires palestiniens occupés et en Israël, mais aussi dans toute la région. Dimanche soir, Biden a déclaré qu’il téléphonait à Netanyahu mais il a refusé d’appeler à un cessez-le-feu.

Les quatre États arabes qui ont signé les accords d’Abraham et normalisé leurs relations avec le gouvernement Netanyahou – les Émirats arabes unis, le Bahreïn, le Maroc et le Soudan – se sont joints aux États-Unis pour la première fois, prenant ouvertement parti pour Israël. Dans ce qui semble être une réponse soutenue par l’État, le hashtag « La Palestine n’est pas ma cause » a circulé aux Émirats arabes unis, à Bahreïn et au Koweït au cours du week-end », rapporte le Guardian.

Les attaques contre Gaza dans la nuit de dimanche à lundi ont été plus intenses, couvrant une zone plus large et durant plus longtemps que le bombardement de la nuit précédente au cours duquel 42 Palestiniens avaient été tués. Quelque 54 avions de chasse ont largué 110 bombes de précision sur 35 cibles en 20 minutes.

Le nombre de victimes s’élève déjà à plus de 200, dont deux médecins, au moins 35 femmes et 58 enfants, et à environ 1.300 blessés depuis qu’Israël a commencé à bombarder cette enclave assiégée lundi dernier. Plus de 700 maisons et 80 bâtiments ont été détruits, entraînant le déplacement de 34.000 personnes qui manquent désormais des produits de première nécessité, notamment de nourriture. On dénombre 10 morts en Israël, dont deux enfants et un soldat, tués par quelque 3.100 projectiles lancés depuis Gaza.

Ce sont les civils qui ont le plus souffert des attaques israéliennes. L’agence de presse palestinienne Wafa a indiqué que les raids avaient visé des maisons et des bâtiments publics, notamment une maison de quatre étages près de l’hôpital al-Shifa, le principal établissement médical de Gaza. Selon d’autres médias locaux, les frappes aériennes ont également touché la principale route côtière à l’ouest de la ville, des enceintes de sécurité et des espaces ouverts. La compagnie de distribution d’électricité de Gaza a déclaré que les frappes aériennes avaient endommagé une ligne d’alimentation de l’unique centrale électrique qui dessert une grande partie du sud de la ville de Gaza.

Le brigadier-général Hidai Zilberman, porte-parole des forces de défense israéliennes (FDI), a indiqué que les avions de combat des FDI avaient frappé pour la troisième fois 15 kilomètres du réseau de tunnels souterrains du Hamas, ainsi que neuf habitations appartenant, selon les FDI, à des commandants de haut rang du Hamas. Cela fait suite à la destruction des maisons du chef du Hamas Yahya Sinwar et de son frère Muhammed, ainsi que de plusieurs autres maisons de responsables et commandants du Hamas.

Le Jihad islamique a indiqué qu’une frappe aérienne israélienne avait tué Hussam Abu Harbeed, l’un des dirigeants du groupe. Le Hamas avait précédemment confirmé qu’Israël avait assassiné 20 de ses dirigeants, bien que les FDI affirment que le total des hauts responsables militants est bien plus élevé.

Le ministre palestinien des Affaires étrangères Riyad al-Maliki et B’tselem, l’association israélienne de défense des droits de l’homme, ont accusé Israël de commettre à Gaza des crimes de guerre contre des civils ; ils ont cité le bombardement d’une maison dans un camp de réfugiés, qui a tué 10 personnes, ne laissant en vie de toute une famille qu’un bébé, d’un bâtiment qui abritait des organismes de médias, dont l’Associated Press et Al Jazeera, et d’un immeuble de bureaux et d’appartements de 13 étages. Les FDI ont publié des photos avant-après, se vantant de leurs crimes.

Les FDI ciblent des sites soi-disant « militaires » sachant pertinemment que la mort de civils est inévitable. Le Guardian cite le bureau du porte-parole de l’armée israélienne déclarant que lundi, Israël avait frappé « l’infrastructure militaire souterraine » du Hamas. Le bureau avait révélé qu’à la suite de cette frappe, « l’installation souterraine s’est effondrée, entraînant l’effondrement des fondations des maisons civiles situées au-dessus, ce qui a fait des victimes involontaires ».

Les forces de sécurité israéliennes ont également intensifié leur campagne de terreur contre les Palestiniens de Cisjordanie occupée. Selon le ministère de la Santé de l’Autorité palestinienne (AP), 21 Palestiniens ont été tués depuis le 7 mai, et 3.728 blessés, dont au moins 441 par des tirs à balles réelles. La plupart ont été tués ou blessés au cours des manifestations ayant déferlé sur le territoire occupé et culminé avec le Jour de la Nakba [la Catastrophe] ; ce qui en fait la journée la plus meurtrière depuis avril 2002.

Les Palestiniens sont descendus dans la rue pour protester contre l’assaut israélien de la mosquée al Aqsa pendant le ramadan et contre l’expulsion prévue de familles palestiniennes des quartiers de Sheikh Jarrah et de Silwan, adjacents à la vieille ville de Jérusalem-Est occupée. Ces mesures font partie du vaste programme israélien de nettoyage ethnique, visant à en éliminer les Palestiniens.

Les villageois palestiniens sont eux aussi confrontés à une escalade de violence de la part des colons armés. Ces derniers ont monté des attaques sous la protection de soldats qui tirent sur ceux qui s’opposent à ces pogroms avec des balles en caoutchouc ou des balles réelles. Les FDI ont maintenant déployé 24 bataillons en Cisjordanie, soit près du double du nombre habituel, en remplacement de la police des frontières envoyée pour écraser l’agitation palestinienne croissante en Israël.

Netanyahou et les dirigeants politiques israéliens ont donné le feu vert à leurs alliés fascistes pour envoyer des bandes de colons armés, des hooligans de droite et des bigots ultra-nationalistes dans les villes où vivent des citoyens palestiniens.

Les violences se sont poursuivies au cours du week-end dans toutes les villes du pays, y compris à Jérusalem-Est. Elles ont entraîné la mort d’une douzaine et l’arrestation de près d’un millier de personnes, dont 850 Palestiniens. À Lod, les autorités ont déclaré l’état d’urgence, imposé un couvre-feu nocturne et interdit aux non-résidents d’entrer dans la ville après le meurtre d’un Palestinien par un suprémaciste juif.

Le Haut comité de suivi des citoyens palestiniens d’Israël a appelé à une grève générale mardi à propos du conflit à la mosquée d’Al-Aqsa et de la violence des colons dans les villes à population mixte ; la grève fut très largement suivie.

Jusqu’à présent, les procureurs de l’État n’ont engagé des poursuites que contre les Palestiniens. Sur 116 inculpations, la plupart concernent des agressions contre des policiers. Ils ont informé le journal Ha’aretz qu’ils prévoyaient d’autres inculpations « bientôt », y compris, prétendument contre des citoyens juifs impliqués dans la violence anti-palestinienne.

Vendredi, la police a arrêté le cheikh Kamal Al-Khatib, chef adjoint de la branche nord du Mouvement islamique en Israël, dans la ville de Kfar Kana, dans le nord du pays, au motif d’inciter à la violence ; cela a provoqué des affrontements violents au cours desquels 28 personnes ont été blessées, dont quatre grièvement.

Selon Ha’aretz, la police a confié les cas de violence les plus graves à l’agence d’espionnage intérieure israélienne Shin Bet. Cela fait suite à la promesse de Netanyahu que la police ne devait craindre aucune enquête sur ses actions de répression des émeutes et des affrontements.

Les crimes de guerre d’Israël et l’hypocrisie de l’impérialisme des droits de l’homme

La sortie du secrétaire d’État américain Antony Blinken, mercredi, lors d’une conférence de presse du département d’État, a démontré clairement le cynisme absolu de l’impérialisme des « droits de l’homme » auquel il est identifié.

Blinken a profité de l’événement, qui visait ostensiblement à présenter un rapport sur la « liberté religieuse internationale », pour dénoncer la Chine et l’accuser de commettre des « crimes contre l’humanité et un génocide contre les Ouïghours musulmans ».
De la fumée s’élève après des frappes aériennes israéliennes sur un immeuble résidentiel dans la ville de Gaza, jeudi 13 mai 2021. (AP Photo/Hatem Moussa)

Il a été imité par le responsable du département d’État pour la « liberté religieuse », Daniel Nadel, qui a déclaré : « Les horreurs qui se déroulent au Xinjiang, perpétrées par le gouvernement de la RPC, sont absolument claires. Et nous continuerons à les dénoncer parce que nous le devons ».

Ces deux représentants de l’impérialisme américain se sont exprimés alors que les frappes aériennes à Gaza faisaient des dizaines de victimes, dont 17 enfants, tout en terrorisant l’ensemble de la population du territoire occupé appauvri en renversant des tours d’habitation avec des missiles.

En Israël même, le gouvernement de droite corrompu et instable du premier ministre Benjamin Netanyahu déclenche le type de répression auparavant réservé aux territoires occupés de Gaza et de Cisjordanie contre une révolte sans précédent des citoyens israéliens palestiniens. Plusieurs centaines de manifestants ont été blessés par la police antiémeute et les unités montées. Le gouvernement envoie des troupes frontalières et peut-être même des unités de l’armée régulière pour réprimer la résistance interne, tandis que Netanyahu a déclaré jeudi qu’il était prêt à instituer la « détention administrative » contre les « émeutiers », ce qui permet un emprisonnement indéfini sans inculpation ni procès.

Personne au département d’État n’est particulièrement troublé par ces crimes de guerre et ces « horreurs » ni porté à les dénoncer.

Au contraire, Blinken et d’autres porte-parole américains répètent inlassablement le refrain qu’« Israël a le droit de se défendre », tout en insistant sur le fait qu’il ne peut y avoir de comparaison entre l’État sioniste qui « cible les terroristes » et le groupe « terroriste » Hamas qui « fait pleuvoir des roquettes sans discernement » sur Israël.

Le président Joe Biden a déclaré jeudi qu’« il n’y a pas eu de réaction excessive » de la part d’Israël. Il a ainsi donné un feu vert sans équivoque à l’escalade du massacre des Palestiniens, et signalé que le flux d’armes et d’argent américains qui le rend possible va se poursuivre sans interruption.

En effet, il n’y a aucune comparaison entre les roquettes primitives de Gaza et la machine à tuer « high-tech » des forces de défense israéliennes. Comme dans la quasi-totalité des affrontements de ce type au cours des 15 dernières années, le nombre de morts parmi les Palestiniens de Gaza dépasse celui des Israéliens dans une proportion de plus de 10 pour 1. Une fois encore, les infrastructures de base de ce qui a été décrit à juste titre comme la plus grande prison à ciel ouvert du monde sont réduites en miettes, condamnant la population à une pauvreté encore plus abjecte.

Le secrétaire d’État Blinken et son adjoint ont ajouté à leur défense des frappes aériennes d’Israël une déclaration pour la forme selon laquelle les Palestiniens ont droit à la « sûreté et à la sécurité ». Pourtant, ce droit est systématiquement nié par la force d’occupation israélienne, qui tire, tue et mutile régulièrement des Palestiniens, les emprisonne – y compris des enfants – sans procédure régulière, leur refuse la liberté de mouvement, s’empare de leurs terres et détruit leurs maisons au bulldozer pour faire place à l’expansion maligne des colonies sionistes.

Les États-Unis ont utilisé leur droit de veto au Conseil de sécurité des Nations unies cette semaine pour bloquer même une résolution non contraignante soutenue par le reste des membres de l’organe parce qu’elle suggérait qu’il fallait limiter les crimes les plus flagrants pour empêcher la guerre.

Peut-on douter de la réaction de Blinken et de ses cohortes du département d’État si Pékin exerçait au Xinjiang ne serait-ce qu’une fraction de la violence exercée par l’État israélien ? Washington a déjà insisté sur le fait que la politique de la Chine à l’égard des Ouïghours constitue un « génocide », une allégation délibérément incendiaire.

S’il ne fait aucun doute que Pékin emploie des méthodes de répression étatique au Xinjiang comme ailleurs en Chine, aucune preuve n’existe pour étayer l’accusation de génocide. Et Washington, dont les victimes au cours de 20 années de guerres ininterrompues en Afghanistan et au Moyen-Orient se comptent par millions, est mal placé pour pointer du doigt.

Mais le département d’État poursuit la stratégie décrite par le chef de la propagande nazie Joseph Goebbels : « Si vous dites un mensonge suffisamment gros et que vous le répétez sans cesse, les gens finiront par le croire ».

Cette campagne de propagande contre la Chine reçoit un soutien sans faille des grands médias, qui en rajoutent. En témoigne l’article de novembre 2019 écrit par Fred Hiatt, rédacteur en chef de la page éditoriale du Washington Post, intitulé « En Chine, chaque jour est une Nuit de cristal ».

La référence est aux événements sanglants des 9 et 10 novembre 1938, au cours desquels les troupes de choc nazies ont lancé un pogrom vicieux contre les Juifs à travers l’Allemagne. Au total, 1.400 synagogues ont été incendiées. Des milliers d’entreprises juives ont été détruites, des maisons pillées, des personnes attaquées et des cimetières profanés. Environ 30.000 Juifs ont été enfermés dans des camps de concentration et près de 1.500 ont été assassinés, lançant ainsi un processus qui allait aboutir à l’extermination de millions de personnes.

Le mieux que Hiatt ait pu trouver pour étayer l’accusation selon laquelle quelque chose de similaire se produit « tous les jours » au Xinjiang est le témoignage d’un certain Bahram Sintash selon lequel des mosquées ont été démolies et des cimetières détruits au bulldozer.

Sintash est un agent du Projet des droits de l’homme ouïghour, qui forme une branche du Congrès ouïghour mondial et de l’Association ouïghoure américaine. Ce sont deux organismes financés par la « Dotation nationale pour la démocratie » (National Endowment for Democracy – NED), une agence créée pour mener des opérations publiques de financement faites auparavant en secret par la CIA. La NED s’est vantée en 2020 d’avoir fourni près de 9 millions de dollars à des groupes séparatistes ouïghours depuis 2004. Liés aux forces d’extrême droite aux États-Unis et à l’international, ces groupes cherchent à se tailler un ethno-État dans le Xinjiang et appellent ouvertement à la « chute de la Chine ».

En d’autres termes, les preuves du « génocide » sont fournies par des éléments directement financés par Washington, une opération de propagande d’État circulaire dans laquelle des journaux comme le Post et le New York Times servent de relais volontaires.

Pendant ce temps, ceux qui dénoncent les crimes d’Israël se trouvent qualifiés d’« antisémites » dans un exercice qui déforme ce terme au-delà de toute reconnaissance, en faisant une calomnie contre quiconque exprime le dégoût et la colère ressentis par les gens du monde entier, y compris des millions de Juifs, face aux crimes de guerre en cours à Gaza. En fait, cette définition est elle-même antisémite, en associant les Juifs du monde entier aux politiques criminelles d’un État qui gouverne dans l’intérêt d’une petite oligarchie financière et industrielle en Israël.

Le vaste fossé qui sépare l’indifférence de l’impérialisme américain à l’égard de tels crimes de l’« horreur » qu’il exprime et son invocation des « droits de l’homme » par rapport au Xinjiang prouve une fois de plus que toute morale est une morale de classe. L’indignation morale des agents impérialistes comme Blinken n’est activée que lorsqu’elle est nécessaire pour justifier les guerres d’agression et de pillage et faire avancer les intérêts de l’oligarchie financière américaine.

La bannière immonde des « droits de l’homme », précédemment brandie pour justifier les guerres dans les Balkans, au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, est maintenant déployée pour préparer un conflit de « grande puissance » avec la Chine et la Russie. Cela donne la mesure des tensions et des dangers extrêmes de la situation mondiale. Les événements à Gaza et la crise de plus en plus incontrôlable en Israël même ont le potentiel de mettre le feu aux poudres, ouvrant la voie à une guerre catastrophique.

Stop à la guerre d’Israël contre Gaza et au nettoyage ethnique à Jérusalem

Le World Socialist Web Site condamne catégoriquement l’assaut israélien contre la population de Gaza, ainsi que l’opération de nettoyage ethnique à Jérusalem qui a précédé le conflit et lui a donné le ton. Les travailleurs du monde entier, y compris la classe ouvrière israélienne, doivent s’opposer à l’agression en cours contre le peuple palestinien.

Des dizaines de Palestiniens ont été tués par les bombes et les missiles israéliens qui se sont abattus sur au moins 500 sites dans une zone qui n’est pas plus grande que les villes de Detroit ou de Philadelphie, avec une population de plus de deux millions d’habitants.
Cette frappe aérienne israélienne est la dernière d’une série d’assauts sur des cibles dans la bande de Gaza après les frappes aériennes israéliennes sur la ville de Gaza, mercredi 12 mai 2021. (AP Photo/Khalil Hamra)

Certains dirigeants des groupes militants palestiniens du Hamas et du Jihad islamique ont été tués, dans des circonstances qui restent floues. Mais il semble s’agir d’une combinaison d’assassinats délibérés à l’aide de missiles et d’une campagne de bombardement plus généralisée qui vise à détruire les bâtiments utilisés par le Hamas, qui dirige Gaza depuis 2007.

La victime la plus connue est Bassem Issa, commandant de la brigade de la ville de Gaza de la force militaire du Hamas. Le premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a jubilé : « Nous avons éliminé des commandants supérieurs du Hamas et ce n’est que le début… Nous allons leur infliger des coups dont ils ne pourraient même pas rêver ».

Les Forces de défense israéliennes (FDI) ont mobilisé 5.000 réservistes, dont des unités blindées et des parachutistes, les déployant le long de la frontière de Gaza, en position d’envahir l’enclave si le cabinet de sécurité israélien, qui était sur le pied de guerre mercredi, en donne l’ordre. Il s’agit de la plus grande démonstration de force depuis l’invasion israélienne de Gaza en 2014 qui a tué des milliers de Palestiniens au cours d’un mois de massacre.

Le ministre de la Défense, Benny Gantz, en visite dans la ville d’Ashkelon, dans le sud du pays, près de Gaza, qui a été la cible de tirs de roquettes grossiers et largement inefficaces du Hamas, a indiqué que l’opération israélienne se poursuivrait pendant un certain temps. L’armée « continuera à frapper et apportera un calme complet sur le long terme », a-t-il déclaré. « Actuellement, aucune date de fin n’est fixée ».

Le porte-parole des FDI, Hidai Zilberman, a reconnu que des civils palestiniens étaient susceptibles d’être blessés ou tués par les attaques israéliennes, mais a affirmé que le Hamas utilisait délibérément des civils comme « boucliers humains » pour ses opérations, une justification bidon utilisée d’innombrables fois par l’impérialisme américain et l’État sioniste pour le massacre de civils.

Plus significatifs sur le plan politique : l’appel à huit bataillons de réserve de la police des frontières pour un déploiement à l’intérieur d’Israël contre des villes comptant une importante population arabe israélienne, plutôt que les cibles habituelles en Cisjordanie. Les Palestiniens israéliens ont largement protesté contre les efforts israéliens qui visaient à expulser les résidents palestiniens du quartier de Sheikh Jarrah à Jérusalem-Est, ainsi que contre les attaques israéliennes dirigées contre les Palestiniens participant à des services religieux à la mosquée Al-Aqsa à Jérusalem. La police des frontières a été envoyée à Lod, dans le centre d’Israël, où l’état d’urgence a été déclaré, et à Acre, sur la côte nord.

Les menaces d’expulsions israéliennes à Sheikh Jarrah ont un caractère particulièrement provocateur, étant accompagnées de manifestations dans les quartiers ciblés par des sionistes d’extrême droite scandant « Mort aux Arabes ». Comme l’indique une tribune publiée dans le New York Times par la militante et cinéaste Rula Salameh, « les familles de Sheikh Jarrah menacées d’expulsion sont des réfugiés palestiniens qui ont été chassés de leurs maisons à Haïfa et Jaffa pendant la guerre de 1948 ». Ils ont ensuite été réinstallés à Jérusalem-Est par le gouvernement de Jordanie, qui a contrôlé la zone jusqu’à la guerre de 1967.

Sheikh Jarrah jouxte directement la porte de Damas, l’entrée principale du quartier arabe de la vieille ville, la partie historique fortifiée de Jérusalem qui comprend le mur des Lamentations et la mosquée Al-Aqsa, le troisième lieu saint de l’islam. Les autorités israéliennes ont fermé la porte de Damas le mois dernier et expulsent à présent des familles palestiniennes du quartier situé à l’extérieur de cette porte, ce qui pourrait être bien une préparation au nettoyage complet du quartier arabe.

Le gouvernement Netanyahou est tout à fait capable de prendre des mesures aussi radicales et pourrait considérer une telle provocation comme une nécessité politique, étant donné la lutte de Netanyahou pour former un gouvernement – et ainsi échapper personnellement à une condamnation dans son procès en cours pour corruption criminelle. Après l’échec initial du premier ministre à obtenir une majorité au sein du parlement israélien fracturé, le président israélien Ruben Rivlin a donné au chef de l’opposition Yair Lapid une chance de former un gouvernement de coalition.

Un responsable de l’ONU, le coordinateur spécial pour le processus de paix au Moyen-Orient, Tor Wennesland, a averti que la crise à Gaza « s’aggrave en direction d’une guerre à grande échelle ». Ses appels à la « désescalade » sont toutefois restés lettre morte, tant au sein du cabinet de guerre israélien qu’à Washington, principal soutien d’Israël sur la scène internationale.

Mercredi, Wennesland a présenté un rapport sur la crise au Conseil de sécurité de l’ONU, qui s’est vu empêcher par les États-Unis d’adopter une résolution, rédigée par la Norvège et la Tunisie, qui condamnait les expulsions israéliennes dans les quartiers de Sheikh Jarrah et de Silwan à Jérusalem-Est, et appelant Israël à « cesser les activités de colonisation, les démolitions et les expulsions ».

Cela est typique du rôle des Nations unies, un salon de discussion politique qui n’est capable d’agir que lorsque les puissances impérialistes le considèrent comme un écran approprié pour leur propre agression. Les rares fois où le Conseil de sécurité a adopté des résolutions sur le Moyen-Orient, Israël les a tout simplement ignorées en toute impunité.

Depuis que la crise a éclaté, le gouvernement Biden s’est engagé dans une frénésie d’activités pro-israéliennes. Le secrétaire d’État Antony Blinken, le secrétaire à la défense Lloyd Austin et le conseiller à la sécurité nationale Jake Sullivan ont passé des appels téléphoniques répétés à leurs homologues israéliens, offrant le soutien de l’impérialisme américain à son principal client au Moyen-Orient.

Blinken a déclaré : « Il y a, tout d’abord, une distinction très claire et absolue entre une organisation terroriste, le Hamas – qui fait pleuvoir des roquettes sans discernement, en fait, en visant des civils – et la réponse d’Israël, qui se défend, qui vise les terroristes qui font pleuvoir des roquettes sur Israël. »

Austin a appelé Gantz pour lui faire part du « soutien indéfectible » des États-Unis, déclarant « qu’il condamnait fermement les tirs de roquettes du Hamas et d’autres groupes terroristes qui visaient des civils israéliens ».

Il y a un aspect encore plus dangereux au conflit qui a explosé à Gaza. La guerre est le mode d’existence de l’État israélien, la seule condition dans laquelle les contradictions sociales qui déchirent l’entreprise sioniste peuvent être contenues. Sept ans après la dernière guerre de ce type – l’invasion de Gaza en juillet 2014 –, une opération militaire contre les Palestiniens est probablement discutée et considérée par les dirigeants israéliens comme une nécessité qui n’a que trop tardé, et pas nécessairement limitée aux Palestiniens.

Particulièrement inquiétante est la chronique parue mardi dans le Jerusalem Post, l’une des principales voix de presse de la droite israélienne, sous le titre : « L’attaque massive du Hamas contre Israël est-elle l’assaut que l’Iran avait laissé planer ? » L’auteur suggère que le barrage de roquettes du Hamas n’est pas vraiment une réponse aux actions israéliennes à Jérusalem, mais qu’il est instigué par l’Iran, coordonné par le Jihad islamique et le groupe libanais Hezbollah, en réponse aux attaques israéliennes contre le programme nucléaire iranien.

L’objectif de ces commentaires, sans la moindre base factuelle ou preuve, est de préparer l’opinion publique à une attaque militaire israélienne contre l’Iran, qui vise probablement son installation nucléaire de Natanz, déjà attaquée par une opération israélienne le mois dernier, impliquant la détonation télécommandée d’un engin explosif introduit clandestinement dans l’usine.

Seulement, un jour avant la parution de ce commentaire, un navire des garde-côtes américains a tiré des « coups de semonce » sur des bateaux iraniens dans le détroit d’Ormuz, la troisième rencontre de ce type en cinq semaines. Le navire des garde-côtes escortait un sous-marin de la Navy armé de missiles guidés, qui traversait le détroit en surface.

La crise au Moyen-Orient est sur le fil du rasoir. Les États-Unis sont le principal sponsor du régime sioniste, tandis que l’Iran a développé des liens économiques, diplomatiques et militaires avec la Russie et surtout la Chine. Une frappe israélienne contre l’Iran pourrait entraîner toutes les grandes puissances dans le tourbillon de la guerre, ce qui aurait des conséquences incalculables.

Une nouvelle guerre au Moyen-Orient, et la menace qu’elle dégénère en une conflagration mondiale, ne peut être contrée que par le développement d’un mouvement antiguerre de masse basé sur la classe ouvrière internationale.

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