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La Grèce en 1944

mardi 11 août 2015, par Robert Paris

Lire ici le point de vue de Barta sur l’impérialisme britannique face au peuple grec en 1944

Grèce 1944

Dans certains pays occidentaux, l’après-guerre ne fut pas facile pour l’impérialisme et aurait été grosse de situations dangereuses pour lui sans la politique des dirigeants staliniens du mouvement ouvrier, en particulier en Grèce où la résistance communiste chercha à pactiser avec la résistance de droite et ne recueillit comme fruit de cette politique qu’une guerre civile violente qui dura des années contre les troupes anglaises puis américaines et dans laquelle le parti communiste eut toujours une politique criminelle même si les militants ont combattu courageusement.

Churchill donnait comme consigne au commandement britannique des forces armées occupant la Grèce : « N’hésitez pas à ouvrir le feu sur tout homme armé qui, à Athènes, s’attaque à l’autorité britannique ou à l’autorité grecque avec laquelle nous travaillons. N’hésitez pas à agir comme si vous vous trouviez dans une ville conquise où se développe une rébellion locale. »

L’activité économique de la Grèce était toujours fonction de sa position de pays transitaire et du trafic maritime. Déjà l’occupation allemande devait gravement attenter aux sources de sa vie économique, d’où la situation de misère de la Grèce pendant l’occupation et la résistance de la bourgeoisie nationale. L’occupation anglaise n’a fait qu’aggraver cette situation, n’offrant aucune activité économique de remplacement, et accule toute l’économie grecque au bord de l’abîme. Le mécontentement est général dans toutes les classes du pays et particulièrement aigu chez les ouvriers réduits à la famine. Se présentant comme le porte-parole de l’intérêt général, la bourgeoisie grecque a canalisé ce mécontentement des masses afin d’obtenir certaines concessions économiques de la part de l’occupant anglais et le masquant, pour mieux duper les masses, sous les phrases de l’« indépendance » et du « droit du peuple à disposer de lui-même.
Le mécontentement des masses trompées par la bourgeoisie permet à cette dernière de se servir du sang des prolétaires comme monnaie d’échange et moyen de pression auprès de l’impérialisme étranger pour l’obtention de quelques concessions économiques.
Les événements en Grèce se sont trouvés, en plus, attisés par les intrigues impérialistes du gouvernement de Staline et exploités contre l’antagonisme auquel il se heurte dans les Balkans : l’impérialisme anglais.

Le KKE, première force politique du pays à la libération, ne prit pas officiellement le pouvoir en décembre 1944, mais l’EAM-ELAS refusa de se dissoudre, et se tourna contre les troupes Alliées (grecques royalistes et britanniques) venues du Caire. L’accord de Várkiza (février 1945) proclama un cessez-le-feu et des élections, ainsi que la promesse d’un référendum sur la nature politique du régime. Mais ces élections se tinrent dans un climat de terreur mené par les milices d’extrême droite et d’extrême gauche, au point que les partis démocrates boycottèrent cette consultation. C’est ainsi que le commandant Márkos Vafiádis, dit Márkos, partit se réfugier avec ses troupes dans la montagne. Il bénéficia en outre du soutien du gouvernement de Tito, qui lui fournit des armes et du ravitaillement.

Acculées dans la montagne par les milices de droite, celles de gauche créèrent en décembre 1947 une Armée démocratique de la Grèce, conduite par d’anciens résistants de l’EAM, avec un Gouvernement Révolutionnaire communiste. Bientôt l’armée royaliste fusionna avec les milices de droite (recrutant même d’anciens collaborateurs sortis des prisons pour faire nombre) et la guerre civile prit une dimension internationale avec l’intervention américaine et les enjeux de la guerre froide. C’est à ce moment que Truman marqua sa volonté d’« aider la Grèce à sauvegarder son régime démocratique », en prenant le relais des Britanniques.

Pendant près de trois ans, l’Épire (sauf la côte) et la majeure partie de la Macédoine-Occidentale, ainsi que des zones de la Thessalie et de la Macédoine centrale, furent le territoire de la République (communiste) de Konitza, tandis que le reste de la Grèce forma un Royaume (avec toutefois des poches de résistance communiste dans les quartiers modestes des grandes villes). Dans les zones frontalières de la République de Konitza, un véritable front se mit en place, avec bombardements (y compris aériens du côté royaliste), offensives et contre-offensives, tandis qu’attentats et répression ensanglantaient les villes. Seules les îles furent épargnées. Des dizaines de villages changèrent de mains plusieurs fois et furent finalement abandonnés par leurs habitants, sommés de choisir un camp et accusés de trahison par l’autre. Le rapport de force fut tout d’abord favorable à l’ELAS, du fait de la connaissance du terrain et de l’expérience de ses 50 000 hommes. D’autre part, les troupes royalistes étaient mal formées et très peu motivées à combattre la résistance communiste. Les tentatives pour reprendre le contrôle des régions du Nord se soldèrent par des échecs.

Le sang des ouvriers grecs trompés est versé à flot pour les intérêts de la bourgeoisie grecque et ceux de la bureaucratie russe. Pour le moment, le prolétariat grec n’a pas réussi à rompre avec sa bourgeoisie, à se mettre sur son terrain de classe en opposition à la bourgeoisie nationale et aux impérialismes étrangers. Et c’est cette situation tragique du prolétariat, se faisant massacrer pour les intérêts de son ennemi de classe, que les trotskistes français représentent comme la Révolution prolétarienne. Il montre l’exemple à tous les opprimés, etc. Naturellement quand on représente la tragédie du prolétariat grec comme la révolution, on doit aussi la considérer comme "la première entrée" et passer sous silence "la transformation de la guerre impérialiste en guerre civile" commencée par le prolétariat italien en juillet 1943. Il n’y a rien de commun entre la position de classe du prolétariat italien luttant contre la guerre impérialiste - contre les deux occupants impérialistes, allemands et anglais, contre l’Etat capitaliste aussi bien sous sa forme fasciste que démocratique – et la position du prolétariat grec se faisant massacrer sur le terrain de classe du capitalisme.

Le trotskysme en Grèce

Les trotskystes grecs pendant la seconde guerre mondiale

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